Les Races de chèvres de la Suisse/Race blanche suisse


Bouc. Race blanche Suisse (Gessenay)


Chèvre. Race blanche Suisse (Gessenay)


C. Race blanche suisse (Gessenay).

Weisse Schweizerziegen (Saanen).
(Pl. V et IV.)

1. Distribution Géographique.

Cette belle race de chèvres est originaire du Haut-Simmenthal ou mieux du Gessenay (Berne) comme l’indique au reste son nom ; elle forme actuellement en grande partie, la population caprine du canton de Berne. On la trouve aussi dans le canton d’Appenzell, où elle est connue sous le nom Appenzeller Thalziege, weiss, ungehörnt (Chèvre d’Appenzell, blanche, sans cornes), c’est absolument la même race, quoique parfois de moindre taille.

De même que la chèvre chamoisée, celle du Gessenay est répandue dans toute la Suisse. La vallée d’Illiez en nourrit des troupeaux entiers, tandis que dans d’autres cantons, elles sont plutôt disséminées par petits groupes. Cette race est aussi très appréciée chez nos voisins ; chaque année, des troupeaux partent de l’Oberland Bernois pour se rendre en France, en Allemagne et jusqu’en Hollande. La chèvre de Gessenay figurait déjà à l’exposition universelle de Paris en 1856 ; le rapport officiel en parle très avantageusement.[1]

2. Manteau, Taille, Formes et Proportions.

La chèvre du Gessenay est la plus grande de la Suisse avec celle de la Gruyère ; son développement est très rapide, et elle atteint de bonne heure une belle taille, 0,78 — 0,93 m, avec un poids de 70 — 90 Kg. ; les autres races variant de 55 — 75 Kg.

Elle est caractérisée par un manteau variant du blanc neige au blanc crème. Le mufle, la langue et les muqueuses de la bouche sont couleur chair ; les yeux ont une teinte jaunâtre ; les cils sont blancs ; les « onglons » jaunâtres.

Son poil est court, sauf sur le dos et les cuisses qui sont recouverts de poils demi-longs. Chez le bouc, ces poils sont plus longs et plus serrés, et cachent une partie de l’avant-train. Le bouc a la barbe plus fournie que la chèvre, et surtout plus abondante que son congénère de race chamoisée, qui est le moins favorisé sous ce rapport.

Cette race est bien faite, ses formes sont très harmonieuses et bien équilibrées ; la tête est moyennement longue, moins courte que chez les précédentes ; le front et le mufle sont larges, le regard est doux ; les oreilles sont fines, mais quelquefois légèrement pendantes, ce qui est la caractéristique des chèvres qui passent quelques étés à l’écurie ; ce défaut est assez souvent héréditaire.

L’encolure est plutôt mince et plus allongée que chez les deux autres. La poitrine est large et profonde, le dos droit, les reins sont également larges. La croupe est plus développée que chez les races que nous avons déjà citées ; mais elle est parfois trop inclinée, quoique ce soit encore la plus irréprochable. La tétine est aussi très développée ; les trayons sont moyens et réguliers chez les jeunes chèvres.

3. Tempérament et Aptitudes.

Sans être aussi robuste que les deux autres races à cornes, la chèvre du Gessenay vit très à l’aise sur les montagnes ; toutefois le séjour de la plaine lui convient mieux, et bien soignée elle donne abondamment du lait. L’absence de cornes sur son front et la douceur de son caractère permettent à l’éleveur de la laisser broûter en compagnie du jeune bétail, ce qui offre parfois du danger avec les chèvres à cornes.

Ces qualités laitières la font beaucoup rechercher soit en Suisse soit à l’étranger. Lorsqu’elle est âgée, ses trayons atteignent un fort volume. Dans ce cas la marche étant gênée par le pis, il arrive qu’elle ne convient plus aux pâturages élevés : La jeune chèvre du Gessenay s’engraisse aussi facilement. Si sa taille est plus grande, que chez les autres, c’est que d’habitude elle est mieux soignée ; et beaucoup d’éleveurs ne les font couvrir qu’à l’âge de dix-huit à vingt-quatre mois, tandisque, règle générale, cela a déjà lieu la première année. L’État de Berne fait de louables efforts pour perfectionner encore cette race, afin de lui donner une plus grande extension dans le canton où elle remplacera certainement les autres variétés qui vont diminuant chaque année.

  1. Il existe aussi une variété de chèvres blanches dont la conformation est la même, mais qui portent des cornes ; nous n’avons pas cru devoir les faire entrer dans notre monographie, car elles sont moins estimées que les premières, et ne sont pas recherchées à l’étranger.