Les Races de chèvres de la Suisse/Moyens d’Améliorations
VI.
Moyens d’Améliorations.
I. Le Croisement.
Le croisement ne constitue pas un moyen plus efficace d’amélioration pour l’espèce caprine que pour l’espèce bovine, l’expérience nous l’a prouvé. Nous ne pourrions ici que répéter ce qu’a dit Baudement « Le croisement n’améliore pas les races, il les détruit. »
Après l’exposition du petit bétail à Soleure en 1885, quelques éleveurs avaient manifesté l’intention d’introduire en Suisse des races étrangères comme celles des Pyrénées ou de la Nubie, pour améliorer nos races indigènes. La première ressemble beaucoup à nos chèvres suisses et possède les mêmes qualités ; quand à la chèvre de Nubie qui est un animal des pays chauds, elle ne pourrait absolument pas supporter le climat de nos Alpes.
Nous possédons en Suisse des races aux aptitudes diverses qui peuvent convenir à tous les besoins du cultivateur, sans qu’il ait avantage à l’importation de races étrangères. Nous devons donc au contraire travailler à conserver nos races dans toute leur pureté.
II. La Sélection.
La sélection constitue certainement la meilleure méthode d’amélioration pour les animaux de ferme. Elle est peut-être longue, il est vrai, mais elle est sûre. Tous les éleveurs peuvent la pratiquer, et nous ajouterons que tous doivent le faire, c’est le devoir de l’agriculteur intelligent. Pour l’espèce caprine, l’amélioration par sélection est facile et plus rapide que pour les autres animaux. Il est essentiel de choisir avec beaucoup de soin les sujets descendant d’animaux bien développés et possédant les qualités laitières. C’est dans les grands troupeaux que la sélection se fait toujours le mieux ; là, souvent indépendamment de la volonté de l’homme, elle est en quelque sorte naturelle à condition que celui-ci n’élimine pas lui-même les bons reproducteurs devenus forts. Voici comment : Dans un grand troupeau de chèvres où plusieurs mâles jeunes et vieux sont appelés à reproduire il arrive souvent que le gros bouc, grâce à son autorité qui est la loi du plus fort, cherche à se débarasser des jeunes. Mais plus tard, juste retour des choses, les jeunes devenus hardis et vigoureux se liguent pour chasser le vieux despote de la bergerie. Le fait se présente fréquemment et contribue indirectement à l’amélioration d’un troupeau.
Il semble que l’éleveur pour peu qu’il soit observateur aurait dû comprendre depuis longtemps qu’il y a un immense avantage à conserver des reproducteurs forts et bien développés.
Du reste, chez le bouquetin des Alpes et chez l’Aegagre qui atteignent un poids fabuleux relativement à l’espèce, les choses se passent ainsi.
Dans quelques cantons où les concours de menu bétail existent depuis quelques années, on peut constater les bons effets obtenus avec des reproducteurs ayant atteint tout leur développement. Avant l’institution de primes, l’éleveur n’ayant aucun intérêt à conserver un reproducteur qui avait atteint sa croissance normale, s’en dessaisissait à la première occasion, tandis qu’aujourd’hui, c’est le contraire qui a lieu.