Les Races de chèvres de la Suisse/Choix des Reproducteurs

Muller & Trub (p. 27-28).


V.

Choix des Reproducteurs.


Le Bouc.

Dans l’élevage de l’espèce caprine comme des autres animaux domestiques, il est essentiel d’obtenir avant tout une bonne descendance. Un bouc appartenant a une souche laitière peut améliorer considérablement un troupeau de chèvres, parcequ’il peut servir à la reproduction pendant plusieurs années.

Les qualités essentielles du bouc sont une tête légère plutôt courte, le front et le mufle larges, les oreilles droites, l’œil vif et fier, la barbe longue et bien fournie. Voici un quatrain d’Olivier de Serres dans lequel l’illustre agronome, fait l’éloge du majestueux animal qui nous occupe :

« Si porter grand’barbe au menton
Nous fait philosophes austères
Un bouc barbassé pourrait estre
Par ce moyen quelque Platon. »

Les cornes du bouc doivent être bien écartées à leur naissance, très développées et plutôt aplaties qu’arrondies ; l’encolure sera courte et fortement musclée. Un cou trop mince est un défaut capital. Le dos est droit, les reins relativement larges, les cuisses bien musclées, le creux du flanc effacé. Il aura les membres forts et bien d’aplomb ; qualité essentielle pour les hauts alpages. Chez la chèvre les membres tiennent toujours à s’affiner.

Son poil sera bien fourni et soyeux, sa taille de préférence grande et surtout bien proportionnée.

Le bouc ne doit pas servir trop jeune à la reproduction ; on peut déjà l’utiliser à l’âge de 10 mois, mais il ne donne réellement de bons résultats qu’à partir de la troisième année jusqu’à l’âge de 8 ans. Pour améliorer rapidement une race, il importe de conserver les meilleurs reproducteurs aussi longtemps qu’ils sont propres à cet usage et d’éliminer au contraire les mauvais reproducteurs le plus tôt possible. Un bouc peut couvrir de 120 à 180 chèvres, selon l’âge et le développement atteints.

La Chèvre.

Comme pour le mâle, on exige de la femelle que les différentes parties du corps soient bien équilibrées entre elles, tête légère (la tête massive est un grand défaut), front et mufle larges, chanfrein bien découpé, oreilles fines et légères, la poitrine sera bien développée, large et profonde ; chez les chèvres qui restent quelques étés dans les écuries, la poitrine souffre beaucoup et ne tarde pas à se rétrécir.

L’encolure sera plutôt courte et bien musclée sans jamais être trop massive, cette partie du corps tend toujours à devenir grêle chez la chèvre, d’où l’expression « cou de chèvre » pour désigner un cheval ou une vache au cou trop mince. Il faut éviter autant que possible de laisser accentuer ce défaut.

Le dos doit être horizontal, les côtes arrondies, le creux du flanc peu apparent ; la croupe, surtout longue, large et peu inclinée, les cuisses relativement bien musclées ; poils fins et serrés, aplombs irréprochables. Les membres courts sont préférables pour les alpages.

La tétine sera bien développée avec des trayons réguliers et gros, sans être trop pendants. Si les tétines pendantes n’offrent pas d’inconvénients à l’écurie, elles sont par contre un embarras pour les chèvres qui doivent pâturer sur les hautes montagnes, et sont exposées, à de graves accidents.

Comme la tétine ne devient pendante qu’avec le temps, ce sont précisément les animaux âgés qu’on choisira pour la stabulation d’été.