Les Rêves morts (Montreuil, deuxième édition)/La déesse

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MA DÉESSE

Je voudrais devant toi, ma superbe déesse,
Dérouler un tapis de soie et de velours.
En s’y posant tes pieds, doux comme une caresse,
Traceraient un chemin qui défierait les jours ;
Sur tes cheveux, parés de lys et de bruyère,
Je voudrais un rayon qui montât jusqu’aux cieux
Et dans ta blanche main, une simple bannière,
Où j’écrirais, en or, un nom délicieux.
Elle aurait trois couleurs et le nom serait France,
Haut tu le porterais partout dans l’univers,
Les peuples opprimés le liraient : espérance
Et l’écho le dirait jusqu’aux confins des mers.
Pour chanter le printemps tout rayonnant de vie,
Pour exalter l’amour et clamer la douleur,
Pour exprimer du Beau toute la poésie,
Pour dire des héros la sublime grandeur,
Pour défendre le faible et louer le mérite,
Je voudrais qu’on apprît les accents que tu sais.
Une noble action, pour être bien décrite
Doit, dans tous les pays, être dite en français.
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