Traduction par Geo Adam.
Société d’Édition et de Publications - Librairie Félix Juven (p. 154-168).

CHAPITRE VII

LE ROI REÇOIT

Mlle Nanon, la confidente de Mme de Maintenon, sut-elle quelque chose de cette entrevue, ou bien le père La Chaise, avec cet esprit de ruse qui caractérise son ordre, jugea-t-il que le meilleur moyen d’empêcher que le roi ne changeât de résolution était de propager la nouvelle ? Il est bien difficile de le savoir ; quoi qu’il en soit, dès le lendemain toute la cour en était informée, et il ne fut question que de la disgrâce de l’ancienne favorite et du mariage projeté entre le roi et la gouvernante de ses enfants. Le bruit en courut d’abord à voix basse au petit lever ; il fut confirmé à la grande entrée, et c’était le sujet de toutes les conversations lorsque le roi sortit de la chapelle. Les soies voyantes et les panaches des chapeaux furent de nouveau réintégrés au fond des garde-robes et des tiroirs, et les habits sévères et les toilettes sombres reparurent. Scudéry et La Calprenède cédèrent la place au Missel et à Saint-Thomas d’Aquin, tandis que Bourdaloue après avoir prêché durant toute une semaine devant les bancs vides, vit sa chapelle bondée de seigneurs à l’air ennuyé et de dames dévotement plongées dans leurs livres d’heures. À midi il n’y avait pas une âme à la cour qui ne connût la nouvelle, à la seule exception de Mme de Montespan qui, alarmée de l’absence de son amant, s’était orgueilleusement confinée dans ses appartements.

Louis, dans son égoïsme inné, s’était tellement habitué à regarder chaque événement par le seul côté qui fût capable de l’affecter personnellement, qu’il ne lui était jamais venu à l’idée que sa famille pût s’opposer à sa résolution. Ne lui avait-elle pas toujours marqué cette obéissance absolue qu’il exigeait d’elle comme son droit ? Aussi fut-il surpris quand son frère lui fit demander une audience particulière dans l’après-midi, et se présenta sans ce sourire complaisant, et cet air humble avec lesquels il avait coutume de paraître en sa présence.

Monsieur était une curieuse parodie de son frère aîné. Il était plus petit, mais il portait de très hauts talons qui le grandissaient. Il n’avait dans son aspect général, ni cette grâce qui distinguait le roi, ni cette main et ce pied élégants qui faisaient les délices des sculpteurs. Assez corpulent, il se dandinait en marchant, et portait une énorme perruque noire dont les boucles lui couvraient les épaules. Son teint était plus beau que celui du roi et son nez plus proéminent, quoiqu’il eût de commun avec son frère les grands yeux gris qu’ils avaient hérités l’un et l’autre d’Anne d’Autriche. Son habit était surchargé de flots de rubans qui bruissaient quand il marchait, et ses pieds disparaissaient sous les larges rosettes étalées sur ses souliers. Sa poitrine était couverte de croix, de plaques, de bijoux et d’insignes, dont une partie était cachée par le large ruban bleu de l’Ordre du Saint-Esprit posé en sautoir par-dessus son habit, et dont les deux bouts étaient réunis en un gros nœud retenant une épée à poignée enrichie de diamants.

— Eh bien, Monsieur, vous semblez moins gai qu’à l’ordinaire, aujourd’hui, dit le roi avec un sourire. Votre habit est radieux, mais votre front est sombre. J’espère que Madame et le duc de Chartres sont en bonne santé.

— Ils sont en très bonne santé, Sire, mais ils sont tristes comme moi, et pour la même raison.

— Vraiment ! Et pour quelle raison ?

— Ai-je jamais manqué à mes devoirs de frère cadet, Sire ?

— Jamais, Philippe, jamais, dit le roi en posant affectueusement sa main sur l’épaule de son frère.

— Alors pourquoi me manquer ainsi d’égards ?

— Philippe !

— Oui, Sire, je dis que c’est un manque d’égards. Nous sommes de sang royal et nos femmes sont aussi de sang royal. Vous avez épousé l’Infante d’Espagne, j’ai épousé la princesse de Bavière ; je l’ai fait par condescendance, mais je l’ai fait. Ma première femme était une princesse d’Angleterre. Comment pouvons-nous admettre dans une maison qui a formé de belles alliances, la veuve d’un méchant écrivailleur bossu, d’un auteur de pasquinades dont le nom est la risée de toute l’Europe ?

Le roi était resté stupéfait au premier moment, mais sa colère éclata tout d’un coup.

— Ma parole ! s’écria-t-il, ma parole ! je disais tout à l’heure que vous aviez été un excellent frère, mais je crains bien de m’être trop hâté de parler. Ainsi vous prenez sur vous-même de ne pas être satisfait de mon choix.

— Oui, Sire.

— Et de quel droit ?

— Du droit que j’ai de veiller à l’honneur de notre famille, lequel m’appartient autant qu’à vous.

— Eh quoi, cria le roi en fureur, n’avez-vous pas encore appris que je suis dans ce royaume la source de l’honneur et que quiconque il me plaît d’honorer, devient par ce fait même honorable ? Si je jugeais à propos de prendre une chiffonnière de la rue Poissonnière et de l’élever jusqu’à moi, les plus hauts personnages de France seraient heureux et fiers de s’incliner devant elle. Ne savez-vous pas cela ?

— Non, je ne le sais pas, s’écria son frère avec tout l’entêtement d’un homme faible et timide que l’on pousse à bout. C’est un manque d’égards envers moi-même et envers ma femme.

— Votre femme ! J’ai le plus grand respect pour Élisabeth de Bavière, mais en quoi est-elle supérieure à une dame dont le grand-père était le meilleur ami et le compagnon d’armes de Henri le Grand ?

— Quoi qu’il en soit, jamais ma femme ne la reconnaîtra, dit Monsieur ; et comme son frère faisait un pas vers lui, il pivota et sortit de la chambre aussi vite que le lui permettaient sa démarche lourde et ses hauts talons.

Mais le roi ne devait pas goûter de repos ce jour-là. Si hier les amis de Mme de Montespan s’étaient ralliés autour d’elle, aujourd’hui ses ennemis n’étaient pas restés inactifs. Monsieur avait à peine disparu qu’un jeune homme se précipita dans la chambre ; la poussière qui couvrait son riche habit indiquait qu’il venait de faire une longue course. Il avait un teint pâle et des cheveux châtain clair, et ses traits offraient une ressemblance frappante avec ceux du roi, abstraction faite du nez qui avait été défiguré dans sa jeunesse. La figure du roi s’était éclairée à sa vue, mais elle s’assombrit de nouveau lorsque le jeune homme se jeta à ses pieds en s’écriant :

— Oh ! Sire, épargnez-nous cette peine, épargnez-nous cette humiliation. Je vous supplie de réfléchir avant de donner suite à un projet qui apportera le déshonneur sur vous-mêmes et sur nous.

Le roi se recula et se mit à arpenter la chambre de long en large.

— Ceci est intolérable, criait-il. Mon fils aussi ! Ce n’était pas assez de mon frère ! Vous vous êtes ligué avec lui, Monsieur vous a dicté votre rôle ?

Le Dauphin se releva et regarda bravement son père.

— Je n’ai pas vu mon oncle, dit-il. J’étais à Meudon quand j’ai appris cette nouvelle, cette terrible nouvelle. Je suis monté à cheval, Sire, et je suis venu ici d’une traite pour vous supplier de réfléchir encore avant de traîner si bas notre royale maison.

— Vous êtes insolent, Louis.

— Ce n’est pas mon intention de l’être, Sire, mais considérez que ma mère était reine, et qu’il serait étrange, vraiment que j’eusse pour belle-mère une…

Le roi fit de la main un geste d’autorité qui arrêta le mot sur ses lèvres.

— Silence, cria-t-il, ou vous pourriez prononcer des paroles qui creuseraient un gouffre entre nous. N’aurais-je donc pas le droit qu’a le plus humble de mes sujets, de suivre sa propre inclination dans ses affaires privées ?

— Ceci n’est pas votre affaire privée, Sire, tout ce que vous faites rejaillit sur votre famille. Les grandes actions de votre règne ont donné une gloire nouvelle au nom des Bourbons. Oh ! ne la ternissez pas maintenant, Sire. Je vous en conjure à genoux.

— Vous parlez comme un sot, s’écria son père d’une voix furieuse. Je me propose d’épouser une dame vertueuse et charmante appartenant à une des plus vieilles familles de la noblesse de France, et vous parlez comme si j’avais le projet de faire quelque chose d’avilissant et d’inouï. Que lui reprochez-vous, à cette dame ?

— D’être la fille d’un homme dont les vices étaient connus de tous, d’avoir un frère aussi mal famé que possible, d’avoir elle-même mené une vie d’aventurière, d’être la veuve d’un méchant écrivain contrefait, et d’occuper au palais une situation de domesticité.

Plusieurs fois déjà cette franchise avait fait trépigner le roi. À ces dernières paroles sa colère éclata.

— Vous osez appeler domestique la gouvernante de mes enfants ! Moi, je dis qu’il n’y a pas de charge plus haute dans le royaume. Retournez sur-le-champ à Meudon, monsieur, et ne vous risquez plus à ouvrir la bouche sur ce sujet. Partez, vous dis-je. Quand Dieu aura fixé le jour où vous serez souverain de ce pays, vous pourrez prétendre au droit d’agir selon votre bon plaisir, mais jusque-là je vous défends de vous mettre en travers des projets de celui qui est à la fois votre père et votre roi.

Le jeune homme s’inclina, et se dirigea avec dignité vers la porte ; au moment de l’ouvrir il se retourna.

— L’abbé Fénelon[1] est venu avec moi, Sire, est-ce votre plaisir de le voir ?

– Sortez, sortez ! cria le roi avec colère, arpentant toujours la chambre à pas précipités.

Le Dauphin sortit et fut aussitôt remplacé par un long et maigre ecclésiastique d’une trentaine d’années, avec un grand air de distinction, et cette allure pleine d’aisance et de déférence que donne l’habitude des cours. Le roi s’arrêta, et le toisa d’un œil interrogateur.

— Bonjour, abbé Fénelon, dit-il, puis-je vous demander quel est l’objet de cette entrevue ?

— Vous avez eu la condescendance, Sire, en plus d’une occasion, de me demander mon humble avis, et même de m’exprimer combien vous en aviez été satisfait.

— Eh bien ? eh bien ? dit le monarque d’un ton impatienté.

— Si la rumeur dit vrai, Sire, vous êtes en ce moment dans une crise où un conseil impartial peut vous être précieux. Ai-je besoin de dire que ce serait…

— C’est bien, c’est bien ; pourquoi tant de discours ? cria le roi. Vous avez été envoyé ici par d’autres pour essayer de m’influencer contre Mme de Maintenon.

— Sire, je n’ai reçu que des bontés de cette dame. Je l’estime et je l’honore plus qu’aucune dame en France.

— Dans ce cas, l’abbé, vous apprendrez j’en suis sûr, avec plaisir, que je me propose de l’épouser. Au revoir, l’abbé. Je regrette de n’avoir pas plus de temps à consacrer à cette intéressante conversation.

La colère du roi était maintenant tombée, laissant derrière elle une disposition d’esprit sarcastique qui était encore plus à craindre pour ses adversaires. L’abbé, malgré sa facilité de parole et sa fertilité de ressources, sentit la position désavantageuse et garda le silence. Il marcha à reculons en faisant trois profondes révérences, suivant l’étiquette de la cour, et sortit.

Mais le roi n’eut guère le temps de respirer, ses assaillants savaient qu’avec de la persistance, ils avaient eu raison de lui, et ils comptaient bien encore arriver à le faire changer d’avis. Cette fois ce fut Louvois qui entra avec sa démarche majestueuse, son air hautain, son énorme perruque et sa figure aristocratique.

— Eh bien, Louvois, qu’est-ce encore ? demanda-t-il d’un ton d’impatience. Une nouvelle affaire concernant l’État ?

— Il n’y a en ce moment qu’une seule affaire d’État, Sire, mais elle est d’une telle importance qu’elle bannit toutes les autres de notre pensée.

— Qu’est-ce donc ?

— Votre mariage, Sire.

— Vous le désapprouvez 7

— Oh ! Sire, comment pourrais-je faire autrement ?

— Hors d’ici, monsieur. Me laisserai-je tourmenter ainsi par vos importunités ? Quoi ! Vous osez encore demeurer là quand je vous ordonne de sortir !

Le roi s’avança avec colère sur le ministre, mais Louvois, d’un geste rapide, tira sa rapière du fourreau. Le roi fit un pas en arrière, l’alarme et la stupéfaction peintes sur le visage, mais c’était la poignée et non la pointe de l’arme qui lui était présentée.

— Passez-la-moi à travers le cœur, Sire, s’écria le ministre en tombant à genoux, son grand corps tout tremblant d’émotion. Je ne veux pas vivre pour voir votre gloire se ternir.

— Grand Dieu ! cria le roi en jetant l’arme à ses pieds et en portant ses mains à ses tempes. Je crois que c’est une conspiration pour me rendre fou ; y eut-il jamais un homme aussi tourmenté que je le suis ? Mais ce n’est qu’un mariage secret et qui ne touche en rien à l’État, m’entendez-vous ? M’avez-vous compris ? Que demandez-vous de plus ?

Louvois se releva et remit sa rapière dans son fourreau.

— Votre Majesté est bien résolue ? demanda-t-il.

— Absolument.

— Alors je ne dis plus rien. J’ai fait mon devoir.

Il sortit en baissant la tête d’un air attristé, mais en réalité son cœur était allégé, car il avait l’assurance du roi que la femme qu’il haïssait, bien que mariée avec lui, ne s’assoirait jamais sur le trône des reines de France.

Ces attaques répétées, si elles n’avaient pas ébranlé la résolution du roi, l’avaient du moins exaspéré au plus haut point. Un tel vent d’opposition était une chose nouvelle pour cet homme dont la volonté était l’unique loi du pays. Aussi était-il de fort mauvaise humeur quand l’huissier introduisit le vénérable Père La Chaise, son confesseur.

— Je viens vous présenter mes vœux de bonheur, Sire, dit le Jésuite, et vous féliciter du fond du cœur de la résolution que vous avez prise, et qui doit assurer votre tranquillité dans ce monde et dans l’autre.

— Elle ne m’a procuré ni bonheur ni tranquillité, répondit le roi d’un ton maussade. Je n’ai jamais été si harcelé de ma vie. Toute la cour est venue se jeter à genoux pour me supplier de changer mes intentions.

Le Jésuite le regarda avec une lueur d’inquiétude dans ses yeux gris.

— Heureusement Votre Majesté a une volonté ferme, et elle ne change pas d’avis aussi facilement qu’ils le croient.

— Non, non, je n’ai pas cédé. Mais pourtant il faut avouer que c’est très ennuyeux d’avoir tant de gens contre soi. Je crois que tout autre eût été ébranlé.

— C’est le moment de montrer de la fermeté, Sire. Satan enrage de voir que vous lui échappez et il met en mouvement tous ses lieutenants et vous dépêche tous ses émissaires pour essayer de vous retenir en son pouvoir.

— En vérité, mon père, vous ne semblez pas avoir beaucoup de respect pour ma famille. Mon frère et mon fils, l’abbé Fénelon et le ministre de la guerre, voilà les émissaires dont vous parlez.

— Alors Votre Majesté n’a que plus de mérite à leur avoir résisté. Vous avez agi noblement, Sire. Vous avez été digne des éloges et des bénédictions de la sainte Église.

— Je crois que ce que j’ai fait est bien, mon père, dit le roi gravement. Je serai heureux de vous voir plus tard dans la soirée, mais en ce moment je désire être laissé seul pour me recueillir.

Le Père La Chaise quitta la chambre du roi peu rassuré sur ses intentions. Il était évident que les appels pressants qui lui avaient été faits, s’ils n’avaient pas réussi à changer sa résolution, l’avaient tout au moins ébranlée. Qu’arriverait-il s’il allait être l’objet de nouvelles obsessions ? Il fallait à tout prix jouer une carte maîtresse qui décidât immédiatement le gain de la partie, car chaque jour de retard donnait une chance de plus à leurs adversaires.

L’évêque de Meaux était dans l’antichambre ; en quelques mots le Père La Chaise le mit au courant du danger de la situation, et étudia avec lui les moyens d’y parer. Ils se rendirent ensemble chez Mme de Maintenon. Celle-ci avait abandonné la sombre toilette de veuve qu’elle avait adoptée depuis son entrée à la cour et portait maintenant une robe simple de satin blanc garnie de dentelle d’argent, plus en harmonie avec ses hautes espérances. Un seul diamant étincelait dans les riches torsades de sa chevelure noire. Ce changement avait enlevé quelques années à un visage qui avait toujours paru plus jeune que son âge.

Elle s’était levée à leur entrée, et son expression montra qu’elle avait lu sur leurs visages l’anxiété qui remplissait leurs cœurs.

— Vous avez de mauvaises nouvelles ! s’écria-t-elle.

— Non, non, ma fille ! répondit l’évêque. Mais nous devons nous tenir sur nos gardes contre nos ennemis qui éloigneraient de vous le roi s’ils le pouvaient.

Sa figure s’éclaira en entendant prononcer le nom de son amant.

— Ah ! vous ne le connaissez pas, s’écria-t-elle. Il a juré ; je sais qu’il tiendra son serment.

Mais le Jésuite ne partageait pas la confiance de la femme.

— Nos adversaires sont nombreux et puissants, dit-il en secouant la tête. Même si le roi reste ferme il sera harcelé à chaque minute et au lieu de la tranquillité qu’il attendait, ce sera un tourment de tous les instants. Il faut en finir tout de suite.

— Et comment, mon père ?

— Le mariage doit se faire immédiatement.

— Oh ! mon père, vous demandez trop. Le roi ne consentira jamais.

— C’est lui qui le proposera.

— Et pourquoi ?

— Parce que nous l’y forcerons. C’est le seul moyen de faire cesser le système de l’opposition. Quand ce sera fait la Cour l’acceptera. Jusque-là ils s’y opposeront.

— Que faut-il donc que je fasse, mon père ?

— Que vous renonciez au roi.

— Que je renonce à lui ? dit-elle en pâlissant et en regardant le prêtre avec étonnement.

— C’est le meilleur parti à prendre, madame.

— Ah ! mon père, j’aurais pu faire cela il y a un mois, la semaine dernière, hier matin même. Mais maintenant, oh ! mon cœur serait brisé.

— Ne craignez rien, madame. Suivez nos conseils. Allez trouver le roi, maintenant, sur-le-champ. Dites-lui que vous avez appris qu’il avait éprouvé beaucoup d’ennuis à cause de vous, que vous ne pouvez supporter la pensée que vous êtes une cause de discussion dans sa famille, et que par conséquent vous lui rendez sa parole et vous retirez à jamais de la cour.

— Mais… s’il me prenait au mot ?

— Il ne vous prendra pas au mot.

— C’est un risque terrible que je cours.

— Mais un tel but ne peut être atteint sans risques. Allez, mon enfant, et que la bénédiction de Dieu soit avec vous.

  1. Fénelon, né en 1654, avait 32 ans, et il ne fut point précepteur du Grand Dauphin.