Les Quatre Saisons (Merrill)/Offrande

Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 9-10).

OFFRANDE

Les enfants de la France dansent et chantent des rondes
En la saison des neiges comme en la saison des fleurs.
Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il tonne par le monde,
Que les hommes soient en sang ou les femmes en pleurs,
Les enfants de la France dansent et chantent des rondes.

Sur le pont d’Avignon, chantent-ils, ou gai la Marguerite,
Au fond des maisons rouges dont le toit fume l’hiver
Et des blanches au seuil desquelles la cigale crépite.
Que la saison qui passe roule la flamme ou le fer,
Sur le pont d’Avignon, chantent-ils, ou gai la Marguerite.


Les pommes sont roses et les olives grises,
La Garonne rugit et la Seine sourit,
Mais la même chanson, au mistral comme aux brises,
S’envole de la France, du Nord comme du Midi.
Les pommes sont roses et les olives grises.

Cheveux blonds, cheveux noirs, sabots ou sandales,
Les bambins chantant haut la grâce du doux pays
Font sonner de leurs danses les mottes et les dalles,
À la ville ou aux champs, en tourbillons réjouis,
Cheveux blonds, cheveux noirs, sabots ou sandales.
 
Notre mère la France, acceptez cette offrande :
Notre amour du pauvre, notre haine du tyran,
L’épée pour qui commande, le pain pour qui demande,
Et pour mieux vous chanter, les rondes de vos enfants.
Notre mère la France, acceptez cette offrande !