Les Quatre Saisons (Merrill)/Impression de printemps

Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 22-23).

IMPRESSION DE PRINTEMPS

Le village, frileux sous ses toits de vieux chaume,
S’ouvre, ce bleu matin, aux désirs du printemps.
Cœurs et fleurs vont éclore au ciel qui s’en embaume.
C’est un jour où partout les hommes sont contents.

Le blé vert a percé sous la dernière neige,
La violette est née au fond des bois anciens,
Le lilas va fleurir sous le doux sortilège
Des soupirs d’amoureux que le vent mêle aux siens.


L’on a mis des rubans à l’arbre de l’auberge
Qui résonne gaiement du rire des buveurs.
Les enfants sont partis prier la Sainte Vierge
En ce bon renouveau qui rend leurs yeux rêveurs.

Et des cages d’oiseaux, de fenêtre à fenêtre,
Amusent les vieillards qui goûtent le soleil,
En écoutant, béats de ce tiède bien-être,
Ronronner à leurs pieds les chats lourds de sommeil.