CHAPITRE II
OBSERVATIONS GÉNÉRALES

Le sujet de ce chapitre est une définition négative de Dieu. Jean avait dit : quand vous serez purifiés en esprit, Dieu sera dans le monde. Jésus se rendit dans le désert, et là, ayant compris la force de l’esprit, il retourna dans le monde et annonça que Dieu était dans le monde et que son règne était venu.

Le sens du royaume de Dieu dans le monde, Jésus l’exprimait par les paroles du prophète Ésaïe : Le royaume de Dieu, c’est le bonheur pour les malheureux, la guérison pour les malades, la lumière pour les aveugles, la liberté pour les captifs. À ses disciples, Jésus disait que le royaume du ciel, cela signifiait que, désormais, Dieu ne serait plus ce Dieu inaccessible d’auparavant, mais que Dieu serait dans le monde et en communion avec les hommes. Si Dieu est dans le monde et en communion avec les hommes, quel Dieu est-ce donc ? Est-ce Dieu créateur qui est assis au ciel, qui apparut aux Patriarches et donna sa loi à Moïse, ce Dieu vengeur, cruel et terrible, que les hommes connaissaient et respectaient, ou est-ce un autre Dieu ?

Dans ce deuxième chapitre, Jésus définit ce que Dieu n’est pas.

Pour que ce soit tout à fait compréhensible, il est nécessaire de rétablir la véritable signification des paroles de Jésus-Christ, que toutes les Églises obscurcissent soigneusement.

La signification des paroles et des actes de Jésus-Christ, cités dans ce chapitre, est que Jésus-Christ nie toute la doctrine des Hébreux. En réalité c’est clair et indiscutable à un tel point qu’il est stupide de le prouver. Il fallait que nos Églises fussent atteintes par cet étrange sort historique qui les a forcées, contrairement à tout bon sens, à unir en un tout indivisible les doctrines tout à fait contraires : la doctrine chrétienne et la doctrine juive ; il fallait cela pour qu’elles pussent affirmer une ineptie pareille et masquer l’évidence. Il suffit non de lire mais de parcourir les cinq livres de la Bible, dans lesquels sont définis, jusque dans les moindres détails, tous les actes de l’homme, par des milliers de raisons des plus diverses, pour voir clairement qu’avec une pareille définition détaillée de tous les actes de l’homme, il ne peut y avoir place pour un supplément quelconque de la doctrine de la loi, comme l’affirment les Églises. Il pourrait s’y trouver encore une place pour la nouvelle loi, s’il était dit que toutes ces lois sont humaines. Mais non, il est dit nettement et clairement que tout cela — quand et comment on fait ou l’on ne fait pas la circoncision ; quand et comment on tue les femmes et les enfants ; quels hommes on récompensera, et comment, pour un taureau tué par hasard — que tout cela, dis-je, est parole de Dieu lui-même. Quel supplément pouvait-on apporter à une loi pareille ? On ne peut qu’y ajouter certains détails sur la circoncision, sur la manière de tuer, etc. Mais en acceptant cette loi comme inspirée de Dieu, on ne peut plus non seulement propager la doctrine du Christ, mais même la doctrine la plus inférieure ; il n’y a rien à propager. Pour le premier mot d’une prédication quelconque, il faut détruire les cinq livres ; il faut détruire la loi de la Bible, tandis que l’Église doit affirmer que la Bible vient de Dieu ainsi que l’Évangile. Que peut-elle donc faire, sinon fermer les yeux à l’évidence et tendre toutes les forces de son esprit à unir ce qu’on ne peut unir. Cela se fit grâce à la doctrine fausse de Paul, qui précéda la connaissance de la doctrine du Christ, selon laquelle la doctrine du Christ, non comprise, était présentée comme la suite de la doctrine des Juifs. Une fois cela fait, et quand le but fut non de comprendre le sens de la doctrine du Christ mais d’unir des choses incompatibles entre elles, alors que pouvait-on faire sinon tergiverser, et n’user que de paroles vagues, incohérentes, pompeuses, comme l’Épître de Paul aux Hébreux, et tout ce galimatias du même genre que les Pères de l’Église et les Théologiens propagèrent pendant dix-huit siècles. Imaginons-nous que des hommes ayant reconnu la véracité absolue de deux œuvres, jusqu’à la dernière ligne, se proposent de les réunir, par exemple le premier tome du recueil des lois et les œuvres de Proudhon. Mais il serait plus facile de réunir ces deux ouvrages que d’associer la Bible à l’Évangile. En effet, il n’existe entre eux aucun lien.

Dans l’Évangile, non seulement il est interdit de tuer quelqu’un, mais même de se mettre en colère contre quelqu’un. Dans la Bible, tuer, toujours tuer, tuer femmes, enfants, animaux.

Dans l’Évangile, la richesse est un mal ; dans la Bible, c’est le bonheur et la récompense suprêmes. Dans l’Évangile, la pureté corporelle : n’aie qu’une femme ; dans la Bible, prends autant de femmes qu’il te plaît.

Dans l’Évangile, tous les hommes sont frères ; dans la Bible tous sont des ennemis, seuls les Juifs sont frères. Dans l’Évangile aucune adoration extérieure de Dieu, dans la Bible, la plupart des livres définissent les détails du culte extérieur de Dieu.

Et c’est cette doctrine évangélique qu’on affirme être le complément, la continuation de la Bible ! Nous parlerons en son lieu de ce mensonge et de la compréhension fausse de la doctrine du Christ qui découle de cette affirmation inepte. Maintenant nous ne parlerons que de l’adoration extérieure, contre laquelle s’érigeait le Christ.

Tous les passages de ce deuxième chapitre — la négation des libations et de tout ce qui est considéré comme impur ; la négation du commandement le plus important des Hébreux, le sabbat ; la négation de tous les sacrifices, de la nécessité d’ériger un temple ; la négation même du lieu sacré des Juifs, Jérusalem, et enfin, la négation de Dieu lui-même comme quelque être extérieur, et la reconnaissance de Dieu esprit, qu’il faut servir en esprit — tout cela, selon l’interprétation de l’Église, n’est qu’attaques inventées par des Pharisiens quelconques.

S’il ne faut voir là que chicanes de Pharisiens, alors c’est complètement inutile, attendu que pour quiconque peut lire la Bible et réfléchir, l’affirmation que Jésus luttait non contre la loi de Moïse, mais contre les Pharisiens, est évidemment mensongère.

Jésus luttait contre toutes les lois de la Bible à l’exception sans doute des quelques vérités qui devaient se trouver dans cet amas de stupidités et d’absurdités. Il comprenait aussi les commandements d’aimer son père et sa mère, d’aimer son prochain. Du fait que dans la Bible se trouvaient deux ou trois phrases que Jésus pouvait accepter, il ne résulte pas qu’il l’ait continuée et suppléée ; pas plus qu’un homme ne se range à l’opinion de son adversaire parce que, dans une discussion, il lui emprunte quelques paroles pour confirmer sa thèse. Jésus discutait non avec les Pharisiens mais avec toute la loi. Du culte extérieur qu’il dénonçait, il a dégagé et analysé tout ce qui constituait le dogme de foi des Juifs. Voici, selon le Deutéronome, comment était définie l’adoration de Dieu chez les Juifs.

Lévitique, xvii, 7, 8, 9. Et qu’ils n’offrent plus leurs sacrifices aux démons auxquels ils se sont prostitués. Que ce leur soit une ordonnance perpétuelle dans leurs âges.

Tu leur diras donc : Quiconque des enfants d’Israël, ou des étrangers qui font leur séjour parmi eux, aura offert un holocauste ou un sacrifice,

Et ne l’aura point amené pour le sacrifier à l’Éternel à l’entrée du tabernacle d’assignation, cet homme-là sera retranché d’entre ses peuples.

Nombres, xix, 13, 22. Tout homme qui aura touché le cadavre de quelque personne qui sera morte, et qui ne se sera point purifié, a souillé le pavillon de l’Éternel ; aussi un tel homme sera retranché d’Israël, car il sera souillé, parce que l’eau d’aspersion n’aura pas été répandue sur lui : sa souillure demeure encore sur lui.

C’est ici la loi : Quand un homme sera mort, dans quelque tente, quiconque entrera dans la tente, et tout ce qui sera dans la tente, sera souillé sept jours.

Et tout vaisseau découvert, sur lequel il n’y a point de couvercle attaché, sera souillé.

Et quiconque touchera dans les champs un homme qui aura été tué par l’épée, ou quelque mort, ou quelques os d’homme, ou un sépulcre, sera souillé sept jours.

Et on prendra pour celui qui sera souillé de la poudre de la jeune vache brûlée pour le péché, et on la mettra dans un vaisseau, et de l’eau vive par-dessus.

Et un homme qui sera pur prendra de l’hysope, et l’ayant trempée dans l’eau, il en fera aspersion sur la tente, sur tous les vaisseaux, sur toutes les personnes qui auront été là, et sur celui qui aura touché l’os, ou l’homme tué, ou le mort, ou le sépulcre.

Cet homme donc, qui sera pur en fera aspersion sur celui qui sera souillé, au troisième jour et au septième, et il le purifiera le septième ; puis il lavera ses vêtements et il se lavera avec de l’eau ; et le soir il sera pur.

Mais l’homme qui sera souillé, et qui ne se purifiera point, cet homme sera retranché du milieu de l’assemblée, parce qu’il aura souillé le sanctuaire de l’Éternel : l’eau d’aspersion n’ayant pas été répandue sur lui, il est souillé.

Et ceci leur sera une ordonnance perpétuelle ; et celui qui aura fait aspersion de l’eau lavera ses vêtements ; et quiconque aura touché l’eau d’aspersion sera souillé jusqu’au soir.

Et tout ce que l’homme souillé touchera, sera souillé ; et l’homme qui le touchera, sera souillé jusqu’au soir.

Lévitique, xvi, 29. Et ceci vous sera pour une ordonnance perpétuelle : Le dixième jour du septième mois, vous affligerez vos âmes, et vous ne ferez aucune œuvre, ni celui qui est du pays, ni l’étranger qui fait son séjour parmi vous :

Lévitique, xxiii, 27. Dans ce même mois, qui est le septième, le deuxième jour sera le jour des propitiations, vous aurez une sainte convocation, et vous jeûnerez, et vous offrirez à l’Éternel des sacrifices faits par le feu.

Exode, xxxi, 13. Tu diras encore aux enfants d’Israël : Outre cela, vous garderez mes sabbats ; car c’est un signe entre moi et vous dans vos âges, afin que vous sachiez que je suis l’Éternel qui vous sanctifie.

Pour les sacrifices, il est inutile de citer, car toute la Bible est presque entièrement pleine de coutumes établies par Dieu lui-même au sujet des sacrifices à lui faire, et de la forme sous laquelle les faire.

On peut dire la même chose de Jérusalem. Jérusalem c’est la ville de Dieu. Dieu y vit. De tous les passages où il est question de Dieu, on voit que Dieu n’est pas un esprit, mais un être extérieur, avec des mains, des yeux, des pieds. C’est pourquoi, en niant la purification, les jeûnes, le sabbat, les sacrifices, et le temple du dieu charnel, Jésus, non seulement n’a pas continué la religion de Moïse, mais l’a niée dans sa base même.


LA NÉGATION DU SABBAT

Ἐγένετο δὲ ἐν σαββάτῳ δευτεροπρώτω διαπορεύεσθαι αὐτὸν διά τῶν σπορίμων· ϰαὶ ἔτιλλον οἱ μαθηταί αὐτοῦ τοὺς στάχυας, ϰαὶ ἤσθιον ψώχοντες ταῖς χερσί.

Τινὲς δὲ τῶν Φαρισαίων εἰπον αὐτοῖς· Τι ποιεῖτε ὁ οὐϰ ἔξεστι ποιεῖν ἐν τοῖς σάββασι ;


Luc, vi, 1. (Matth., xii, 1 ; Marc, ii, 23.) Il arriva au jour du sabbat appelé second-premier, que Jésus, passant par des blés, ses disciples arrachaient des épis, et les froissant entre leurs mains, ils en mangeaient. Il lui arriva de traverser des blés, un jour de sabbat ; et ses disciples arrachèrent des épis, les frottèrent entre leurs mains et mangèrent.
Luc, vi, 2. (Matthieu, xii, 2 ; Marc, ii, 24.) Et quelques-uns des Pharisiens leur dirent : Pourquoi faites-vous ce qu’il n’est pas permis de faire les jours de sabbat ? Quelques-uns des orthodoxes 1) s’en aperçurent et leur dirent : Pourquoi faites-vous ce qu’il n’est pas permis de faire les jours de sabbat ?

Remarques.

1) Je traduis « Pharisiens » par « orthodoxes », me basant sur ce que, de toutes les études, il résulte que ce mot a exactement la même signification que chez nous « orthodoxe ».

Ce mot vient du mot hébreu « parach » et s’emploie dans le même sens, « interprète » — ἔξηγετὴς τοῦ νόμου, pour qui se donnaient les Pharisiens, selon Josèphe Flavius ; ou dans le sens de « parouch », c’est-à-dire celui qui se sépare des infidèles et croit avoir raison — l’orthodoxe. Les Pharisiens, (d’après toutes les études, d’accord entre elles) 1o reconnaissaient, outre la tradition sainte, la tradition verbale παράδοξις, la tradition sacrée qui exige certains rites extérieurs qu’ils tenaient pour particulièrement importants ; 2o interprétaient l’Écriture sainte littéralement et pour eux l’accomplissement des rites était plus important que l’exécution de la loi morale ; 3o reconnaissaient que l’homme dépend de Dieu sans toutefois exclure tout à fait la liberté de la volonté. En quoi donc différaient-ils de nos orthodoxes ?

Sans doute les Pharisiens n’étaient pas exactement nos orthodoxes, mais ils occupaient alors la place que ceux-ci occupent aujourd’hui.


Matthieu, xii, 3-5 ; Marc, ii, 25, 26 ; Luc, vi, 3, 4. Ces versets contiennent les raisons pour lesquelles David a mangé le pain rituel et enseignent comment les prêtres violaient le sabbat. Ces raisons n’étaient convaincantes que pour les Hébreux. Pour nous elles sont d’autant plus inutiles que la dernière : Dieu se réjouit de l’amour et non des sacrifices, détruit les précédentes. De ces versets, il ne reste d’important que la doctrine du Christ qui se rapporte à nous.


Δέγω δὲ ὑμῖν, ὅτι τοῦ ἱεροῦ μειζων ἐστίν ὦδε.


Matthieu, xii, 6. Or je vous dis qu’il y a ici quelqu’un qui est plus grand que le temple. Et je vous dis qu’il y a ici ce qui est plus important que le culte extérieur 1).

Remarques.

1) Je traduis ὅτι τοῦ ἱεροῦ μειζων ἐστίν ὦδε par : Il y a ici ce qui est plus important que le culte extérieur parce que ἱερον signifie : la demeure de Dieu sur la terre, c’est-à-dire la chose sacrée. Ici, il ne pouvait être question du temple parce que ces paroles, en général, se rapportent à la chose sacrée extérieure.


Εἰ δὲ ἐγνώϰειτε τί ἐστιν· Ἔλεον θέλω ϰαὶ οὐ θυσίαν, οὐϰ ἄν ϰατεδιϰάσατε τοὺς ἀναιτιους.

Καὶ ἔλεγεν αὐτοῖς· Τὸ σάββατον διά ἄνθτωπον ἐγένετο, οὐχ ὁ ἀνθρωπος διά τὸ σάββατον.

Ὥστε ϰύριός ἐστιν ὁ υἱός τοῦ ἀνθρώπου ϰαὶ τοῦ σαββάτου.


Matthieu, xii, 7. Que si vous saviez ce que signifie ceci : Je veux la miséricorde et non pas le sacrifice, vous n’auriez pas condamné ceux qui ne sont point coupables. Il leur dit : Si vous saviez ce que signifie : je veux l’amour pour les hommes et non le sacrifice, alors vous ne condamneriez point les innocents.
Marc, ii, 27. Puis il leur dit : Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat. Et il leur dit : Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat.
28. Ainsi le Fils de l’homme est maître du sabbat. C’est pourquoi l’homme 1) est le maître du sabbat.

Remarques.

1) Le Fils de l’homme ne peut être pris ici au sens de divinité, puisqu’il est dit que le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. La conclusion ne peut donc se rapporter à un nouveau personnage — le Fils de l’homme, Dieu. Fils de l’homme a ici le sens qu’il a partout ; celui de l’homme en général.

Tout ce discours, qui avait une énorme importance, quand il était prononcé, est également important pour nous, si nous voulons comprendre la doctrine de Jésus. Grâce à cette fausse représentation des interprètes : que Jésus ne fit que continuer la loi de Moïse, il ne reste rien d’elle, sauf une querelle inutile avec des Pharisiens quelconques. Pour le lecteur non prévenu ce passage a une énorme importance. Il en résulte que Jésus, dès sa première rencontre avec la loi de l’adoration extérieure de Dieu, la nie de toutes ses forces. Le sabbat est l’engagement principal de Dieu avec son peuple. L’inobservance du sabbat est punie de mort. La moitié du Talmud est consacrée au sabbat. L’observance du sabbat était pour les Juifs ce qu’est la communion pour les Églises. De même que celui qui n’observe pas le sabbat n’est pas un juif, de même celui qui ne communie pas n’est pas orthodoxe ou catholique. Blasphémer le sabbat ou la communion, est également terrible. Et voilà que Jésus déclare que le sabbat n’est rien de plus qu’une invention humaine, que l’homme est bien plus important que toutes les cérémonies extérieures, que pour le comprendre il faut comprendre ce que signifient les paroles : « Je veux la grâce et non le sacrifice, » et qu’il n’est point nécessaire d’observer le sabbat, c’est-à-dire l’adoration extérieure de Dieu, regardée comme la chose la plus importante.

Mais les interprètes ont caché cette signification. Ils disent :

Moïse a ordonné de travailler six jours par semaine, et a interdit de s’occuper des affaires ordinaires, sauf des plus nécessaires, le septième jour (le samedi). (Exode, xx, 9, 10 ; xxxv, 2, 3. Nombres, xv, 32, 36.)

La tradition des Patriarches a augmenté encore la sévérité du repos du samedi, si bien que même les bonnes œuvres, même les œuvres pieuses, étaient parfois interdites ce jour-là. D’ailleurs les Pharisiens, qui étaient hostiles au Sauveur, pouvaient exagérer, précisément envers lui et envers ses disciples, la sévérité de l’observance du sabbat, et se montrer plus indulgents envers eux et envers les autres. Les disciples de Jésus ayant cueilli des épis pour satisfaire leur faim, c’est-à-dire par nécessité, ils virent là l’inobservance du sabbat, un blasphème du sabbat, et ne manquèrent pas l’occasion d’attirer l’attention de Jésus sur ce fait, lui reprochant de permettre à ses disciples une pareille violation, évidente et pernicieuse, des lois sur le sabbat[1].

Ainsi toute la signification de ce passage est défigurée. Le clergé ne pouvait faire autrement. Les paroles contre le sabbat ne se rapportent qu’à l’adoration extérieure de Dieu que l’Église a établie. Tant qu’aux paroles : Il y a ici ce qui est plus important que le temple, l’Église défigurant le texte dit : Il y a quelqu’un. Quelqu’un signifie tout de même « l’homme », d’après le sens de tout ce qui suit ; mais les interprètes affirment que Jésus parle ici de soi-même comme Dieu.

Il y a ici quelqu’un qui est plus grand que le temple. Par ces paroles, le Seigneur a démontré la grandeur de son personnage comme Dieu. Le temple, avec ses rites, ses cérémonies, ses sacrifices, n’était que l’image de la vérité, et Christ c’est la vérité même. Alors, il est plus important que le temple, de même que la vérité est plus importante que l’image. Si donc aux prêtres du temple, aux serviteurs de l’image, il est permis de faire du commerce le jour du sabbat, sans enfreindre par là le repos du samedi prescrit par la loi, alors les serviteurs de la vérité même, ceux qui ont le pouvoir de supprimer les lois mêmes du sabbat, ne sont-ils pas d’autant plus innocents, quand, par nécessité, pour apaiser la faim, ces serviteurs de la vérité arrachent des épis et mangent à la gloire de Dieu[2].

Le sens de cette interprétation est que Jésus est lui-même le temple, c’est pourquoi les disciples peuvent manger le jour du sabbat. C’est par une interprétation ainsi défigurée qu’est remplacé le sens profond des paroles du Christ.

Si vous saviez, etc. Ayant justifié ainsi l’acte de ses disciples, le Sauveur apprend ensuite aux Pharisiens que leur condamnation injuste des disciples tient à l’incompréhension ou à une fausse compréhension des exigences morales supérieures. Les Pharisiens n’ont pas cet amour miséricordieux envers le prochain que Dieu exige (Osée, vi, 6). Ils ne sont attentifs qu’aux rites, aux cérémonies, aux coutumes traditionnelles, qui éloignent d’eux la source de l’amour pur. S’ils comprenaient que l’amour miséricordieux est supérieur aux traditions et coutumes, même supérieur aux sacrifices, ils ne condamneraient pas des innocents qui, pour calmer leur faim, arrachèrent des épis de blé.

Maître du sabbat. Celui qui est plus grand que le temple est aussi supérieur à la loi, concentrée sur le temple et dans le temple ; supérieur aux lois du sabbat, maître du sabbat même. Lui qui peut supprimer le sabbat peut aussi ordonner à ses disciples de renoncer désormais à la doctrine ancienne[3].

Il résulte de ce qui précède que cette formule importante : le fils de l’humanité est le maître du sabbat, que le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat, comme il est dit chez Marc, est complètement supprimée, et que le sabbat est abrogé non par l’homme mais par Dieu.


Ἦν δὲ διδάσϰων ἐν μιᾷ τῶν συναγωγῶν ἐν τοῖς σάββασι.

Καὶ ἰδοὺ, γυνὴ ἦν πνεῦμα ἔχουσα ἀσθενείας ἕτη δέϰα ϰαὶ ὀϰτώ, ϰαὶ ἦν συγϰύπτουσα, ϰαὶ μὴ δοναμένη ἀναϰύψαι εἰς το παντελές.

Ἰδών δέ αὐτὴν ὁ Ἰησοῦς προσφώνησε, ϰαὶ εἶπεν αὐτῇ· Γύναι, ἀπολέλυσαι τῆς ἀσθενείας σου.

Καὶ ἐπέθηϰεν αὐτῇ τάς χεῖρας ; ϰαὶ παραχρῇμα ἀνορθώθη, ϰαὶ ἐδόξαζεν τὸν θεόν.

Ἀποϰριθεις δέ ὁ ἀρχισυνάγωγος, ἀγαναϰτῶν ὅτι τῷ σαββάτῷ ἐθεράπευσεν ὁ Ἰησοῦς, ἔλεγε τῷ ὅχλῳ· Ἔξ ἡμέραι ἐισιν ἐν αἶς δεῖ ἐργάζεσθαι· ἐν ταύταις οὖν ἐρχομενοι θεραπεύθε, ϰαὶ μὴ τῇ ἡμέρᾳ τοῦ σαββάτου·

Καὶ ἀποϰριθέις ὁ Ἰησοῦς εἰπε πρὸς τοὺς νομιϰούς ϰαὶ Φαφισαίους λέγων· Εἰ ἔξεστι τῷ σαββάτῳ θεραπεύειν ; οἱ δὲ ἡσύχασαν.

Ἀπερίθη οὖν αὐτῷ ὁ Κύριος, ϰαὶ εἶπεν· Ὑποϰριτὰ, ἔϰαστος ὑηῶν τῷ σαββάτῷ οὐ λύει τὸν βοὺν αὐτοῦ ἤ τὸν ὄνον ἀπὸ τῆς φατνης, ϰαὶ ἀπαγαγών ποτιζει ;

Ταύτην δὲ, θυγατέρα Ἀβραάμ, ἤν ἔδησεν ὁ Σατανᾶς ἰδού δέϰα ϰαὶ ὀϰτώ ἔτη, οὐϰ ἔδει λυθῇναι ἀπὸ τοῦ δεσμοῦ τούτου τῇ ἡμέρᾳ τοῦ σαββάτου ;


Καὶ οὐϰ ἴσχυσαν ἀνταποϰριθῆναι αὐτῷ πρὸς ταῦτα.

Καὶ ἀποϰριθεις πρὸς αὐτοὺς εἶπε· Τινος ὑμῶν ὄνος ἤ βοῦς εἰς φρέαρ ἐμπεσεῖται, ϰαὶ οὐϰ εὐθεως ἀνασπάσει αὐτόν τῇ ἑμέρᾳ τοῦ σαββάτου ;

Πόσῳ οὖν διαφέρει ἄνθρωπος προβάτου ; ὥστε ἔξεστι τοῖς σάββασι ϰαλῶς ποιεῖν.


Luc, xiii, 10. Comme Jésus enseignait dans une synagogue un jour de sabbat, Il arriva à Jésus d’enseigner dans une réunion, un jour de sabbat.
11. il se trouva là une femme possédée d’un esprit qui la rendait malade depuis dix-huit ans, et qui était courbée, en sorte qu’elle ne pouvait point du tout se redresser. Il se trouva là une femme, atteinte de faiblesse depuis dix-huit ans.
12. Jésus, la voyant, l’appela, et lui dit : Femme, tu es délivrée de ta maladie. Jésus, la voyant, l’appela et lui dit : Femme, tu es délivrée de ta maladie.
13. Et il lui imposa les mains ; et à l’instant elle fut redressée, et elle en donna gloire à Dieu. Et il lui imposa les mains, et aussitôt, elle se redressa, et glorifia Dieu.
14. Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus avait fait cette guérison un jour de sabbat, prit la parole, et dit au peuple : Il y a six jours pour travailler : venez donc ces jours-là pour être guéris et non pas le jour du sabbat. L’ancien de la réunion s’indigna de ce que Jésus eût fait cela un jour de sabbat, et il dit au peuple : Il y a six jours dans la semaine pour travailler, profitez de ces six jours et non du jour du sabbat.
Luc, xiv, 3. Et Jésus, prenant la parole, dit aux docteurs de la loi et aux Pharisiens : Est-il permis de guérir au jour du sabbat ? Et Jésus s’adressant aux savants orthodoxes, demanda : N’est-il pas permis de secourir les hommes le jour du sabbat ?
4. Et ils demeurèrent dans le silence. Et ils ne surent que répondre.

Luc, xiii, 15. Mais le seigneur lui répondit : Hypocrite ! Chacun de vous ne détache-t-il pas son bœuf ou son âne de la crèche le jour du sabbat, et ne le mène-t-il pas abreuver ? Et Jésus, lui dit : Hypocrite ! Chacun de vous ne détache-t-il pas son bœuf ou son âne le jour du sabbat, et ne le mène-t-il pas à l’abreuvoir ?
16. Et ne fallait-il point, quoique en un jour de sabbat, délier de ce lien cette fille d’Abraham, que Satan tenait liée depuis dix-huit ans ? Ne fallait-il point secourir cette malheureuse ?
Luc, xiv, 6. Et ils ne pouvaient rien répondre à cela. Et à cela, ils ne pouvaient lui répondre.
Luc, xiv, 5. Puis il leur dit : Qui est celui d’entre vous qui, voyant son âne ou son bœuf tombé dans un puits, ne l’en retire aussitôt le jour du sabbat ? Il dit encore : Qui de vous ne retirera pas la brebis tombée dans le puits, bien que ce soit le jour du sabbat ?
Matthieu, xii, 12. Et combien un homme ne vaut-il pas mieux qu’une brebis ! Il est donc permis de faire du bien dans les jours de sabbat. Et l’homme vaut bien mieux qu’une brebis. Il dit : C’est pourquoi il faut faire le bien, même les jours de sabbat.

Remarques.

S’il pouvait exister le moindre doute en ce que Jésus-Christ nia l’observance du sabbat, ce passage suffirait à le dissiper. Ce n’est pas à cause de sa divinité personnelle que Jésus nie le sabbat, c’est-à-dire l’adoration extérieure de Dieu, c’est au nom du bon sens, de l’entendement, qui est devenu la base de tout.

Il dit : On peut retirer une brebis du puits, l’on ne peut pas secourir un homme. C’est stupide. Le plus important c’est l’homme et les bonnes œuvres. Tout culte extérieur ne peut qu’entraver l’accomplissement de l’œuvre de la vie. De sorte que le culte extérieur non seulement n’est pas nécessaire, mais il est nuisible. Christ prend l’acte regardé comme le plus important : l’adoration de Dieu, et, par des exemples, il le montre contraire à l’œuvre du bien, et le nie.

Il semble impossible de ne point comprendre cela. Mais non, l’Église a son interprétation.

Le Seigneur donne un démenti formel à la soi-disant tradition des anciens, qui interdit même les œuvres de miséricorde le jour du sabbat. Quelqu’un voit son unique brebis tomber dans un puits, il y a danger de la perdre, ne tâchera-t-il pas de la tirer de là ? Il le fera sans doute, par pitié pour l’animal, et pour sauver son bien. L’homme est plus important que la brebis. Si vous agissez de façon miséricordieuse le samedi, envers un animal, à plus forte raison vous faut-il agir de même envers l’homme, image de Dieu, l’homme pour le salut duquel est venu le Saint Sauveur.

Il est permis de faire le bien le jour du sabbat. Les Pharisiens ne pouvaient l’ignorer, mais telle est la force des préjugés, des coutumes, de la tradition, qu’une chose abstraitement reconnue juste, mise en pratique est blâmée. Le Seigneur dénonce cette inconséquence[4].

« Le Seigneur dénonce cette inconséquence ». C’est bien, mais cela ne se rapporte pas uniquement au sabbat. Cela se rapporte à toute adoration extérieure de Dieu, dont l’expression la plus frappante était alors le sabbat. Jésus ne pouvait pas parler de nos églises, messes, images, sacrements qui n’existaient pas alors. Mais c’est précisément de quoi il parle.

Est ce que le dimanche n’est pas la même chose que le sabbat ? Et l’argent dépensé pour les cierges, pour les prêtres ? Et ces richesses des églises, ces rites, cette adoration extérieure de Dieu, qui sont toujours en contradiction avec les actes de l’amour, et ne peuvent point ne pas l’être pour cette simple raison que les actes de l’adoration de Dieu ne concernent jamais les hommes mais des choses inanimées, tandis que les actes de l’amour ne peuvent que concerner l’homme ?

On ne peut pas dire, ce qu’on m’objecte toujours : les messes, la communion, les prières, n’empêchent pas de faire le bien aux hommes. Comment, ils ne l’empêchent pas quand ils dirigent toute l’activité sur autre chose que l’homme ?

Il ne faut pas oublier que la doctrine de Jésus consiste à diriger chaque pas de la vie vers les actes du bien pour les hommes. Comment donc peut y aider l’activité qui n’a pas pour but les hommes ? C’est la même chose que de dire qu’il est très utile de fumer la pipe pour labourer les champs. Cela ne gêne sans doute pas beaucoup, cela prend peu de temps, et même donne peut-être du repos et du plaisir, mais cet acte en soi-même n’aide pas à labourer les champs.

Καὶ παράγων ὁ Ἰησοῦς ἐϰείθεν, εἶδεν ἄνθρωπον ϰαθήμενον ἐπί τὸ τελώνιον, Ματθαῖον λεγόμενον, ϰαὶ λέγει ἀὐτω. Ἀϰολούθει μοῖ· Καὶ ἀναστάς ἡϰολούθησεν αὐτῷ·

Καὶ ἐγένετο, αὐτοῦ ἀναϰειμένου ἐν τῇ οἰϰίᾳ, ϰαὶ ἰδοῦ, πολλοί τελῶναι ϰαὶ ἀμαρτωλοι ἐλθόντες συνανέϰειντο τῷ Ἰησοῦ ϰαὶ τοις μαθηταῖς αὐτοῦ.


Matthieu, ix, 9. (Marc, ii, 14 : Luc, v, 27, 28.) Et Jésus, étant parti de là, vit un homme nommé Matthieu, assis au bureau des impôts, et il lui dit : Suis-moi. Et lui, se levant, le suivit. Une fois, sur son chemin, Jésus vit un homme assis qui recevait les impôts. Cet homme s’appelait Matthieu. Jésus lui dit : Suis-moi. Et l’homme, se levant, le suivit.
10. (Marc, ii, 15 ; Luc, v, 29). Et au jour, Jésus étant à table dans la maison de cet homme, beaucoup de péagers et de gens de mauvaise vie y vinrent, et se mirent à table avec Jésus et ses disciples. Et Matthieu donna un festin à Jésus. Or, pendant que Jésus était dans la maison, il y vint des percepteurs d’impôts et des mécréants 1), et ils s’assirent avec Jésus et ses disciples.

Remarques.

1) ἀμαρτωλοί — Je traduis par mécréants au lieu de pécheurs, ce dernier mot, ayant déjà reçu une autre signification. Ici ἀμαρτωλοί est opposé aux Pharisiens, c’est-à-dire aux orthodoxes, aux gens qui croient avoir raison. C’est pourquoi je choisis le mot « mécréants » qui correspond à ἀμαρτωλοί et qui est le contraire du mot « orthodoxe ».


Καὶ ἰδόντες οἱ Φαρίσαῖοι, εἶπον τοῖς μαθηταῖς αὐτοῦ· Διατί μετὰ τῶν τελωνῶν ϰαὶ ἀμαρτωλῶν ἐσθίει ὁ διδάσϰαλος ὑμῶν ;

Καὶ ἀϰοῦσας ὁ Ἰησοῦς, λέγει αὐτοῖς. Οὐ χρείαν ἔχουσιν οἱ ἰσχύοντες ἰατροῦ, ἀλλ' οἱ ϰαϰῶς ἔχοντες. Οὐϰ ἦλθον ϰαλέσαι διϰαιους, ἀλλ’ ἀμαρτωλούς εἰς μετανοιαν, Πορευθέντες δέ μάθετε τι ἐστιν· Ἕλεον θέλω, ϰαὶ οὐ θυσίαν.


Matthieu, ix, 11. (Marc. ii, 16.) Les Pharisiens, voyant cela, dirent à ses disciples : Pourquoi votre maître mange-t-il avec des péagers et des gens de mauvaise vie ? Les savants orthodoxes voyant cela dirent à ses disciples : Comment votre maître mange-t-il avec les percepteurs et les mécréants ?
Marc, ii, 17. (Matth. ix, 12 ; Luc, v, 31.) Et Jésus, ayant ouï cela, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin, mais ce sont ceux qui se portent mal : je suis venu appeler à la repentance non les justes, mais les pécheurs. Jésus entendant cela, leur dit : Ce n’est pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades 1). Ce ne sont pas les orthodoxes que j’exhorte à se corriger, mais les mécréants.
Matthieu, ix, 13. Mais allez et apprenez ce que signifie cette parole : Je veux la miséricorde et non pas le sacrifice.

Remarques.

Ayant nié la forme principale de l’adoration de Dieu par les Juifs, le sabbat, et montré qu’elle n’est pas compatible avec les actes du bien, Jésus montre qu’elle est encore nuisible parce que les hommes qui accomplissent les rites extérieurs, croient par cela même qu’ils agissent bien et ne tâchent pas à se corriger de leurs défauts. Et il répète de nouveau que ce ne sont pas les sacrifices qui sont nécessaires mais l’amour du prochain.


Καὶ συνάγονται πρὸς αὐτὸν οἱ Φαρισαῖοι, ϰαὶ τινες τῶν Γραμματέων, ἐλθόντες ἀπὸ Ἰεροσολύμων.

Καὶ ἰδόντες τινὰς τῶν μαθητῶν αὐτοῦ ϰοιναῖς χερσί, τοῦτ’ ἔστιν, ἁνιπτοις ἐσθιοντας ἀρτους, ἐμέμψαντο.

Οἱ γὰρ Φαρισαῖοι ϰαὶ πάντες οἱ Ἰουδαῖοι, ἐάν μὴ πυρμῇ νιψονται τὰς χεῖρας, οὐϰ ἐσθιουσι, ϰρατοῦντες τὴν παράδοσιν τῶν πρεσβυτέρων,

Καὶ ἀπό ἀγορᾶς, ἐὰν μή βαπτίσωνται, οὐϰ ἐσθιουσι· ϰαὶ ἄλλα πολλὰ ἐστιν ἄ παρέλαβον ϰρατεῖν βαπτισμοὺς πατηρίων, ϰαὶ ξεστῶν, ϰαὶ χαλϰίων, ϰαὶ ϰλινῶν.

Ἔπειτα ἐπερωτῶσιν αὐτόν οἱ Φαρισαῖοι ϰαὶ οἱ Γραμαστεῖς· Διατί οἱ μαθηταὶ σου οὐ περιπατοῦσι ϰατὰ τὴν παράδοσιν τῶν πρεσβυτέρων, ἀλλά ἀνιπτοις χερσίν ἐσθίουσι τὸν ἄρτον ;

Ὁ δὲ ἀποϰριθείς, εἶπεν αὐτοῖς· Ὅτι ϰαλῶς προεφήτευσεν Ἠσαιας περὶ ὑμῶν τῶν ὑποϰριτῶν· ὡς γέγραπται· Οὖτος ὁ λαός τοῖς χείλεσι με τιμᾷ, ἡ δέ ϰαρδια αὐτῶν πόῤῥω ἀπέχει ἀπ' ἐμοῦ.

Μάτην δέ σέβονταί με, διδάσϰοντες διδασϰαλιας, ἑντάλματα ἀνθρώπων.

Ἀφέντες γὰρ τὴν ἐντολήν τοῦ θεοῦ, ϰρατεῖτε τὴν παράδοσιν τῶν ἀνθρώπων, βαπτισηοὺς ξεστῶν ϰαὶ ποτηρνων, ϰαὶ ἄλλα παρόμοια τοιαῦτα πολλὰ ποιεῖτε.

Καὶ ἔλεγεν αὐτοῖς· Καλῶς ἀθετεῖτε τὴν ἐντολήν τοῦ θεοῦ, ἴνα τὴν παράδοσιν ὑμῶν τηρήσητε.

Μωσῇς γὰρ εἰπε· Τίμα τόν πατέρα σου ϰαὶ τὴν μητέρα σου ϰαὶ Ὁ ϰαϰολογῶν πατέρα ἤ μητέρα, θανάτῳ τελευτάτω.

Ὑμεῖς δέ λέγετε· Ἐὰν εἴπῃ ἄνθρωπος τῷ πατρι ἢ τῇ μητρι· Κορβᾶν (ὅ ἐστι, Δῶρον), ὃ ἐὰν ἐξ ἐμοῦ ὠφεληθῇς.

Καὶ οὐϰέτι ἀφίετε αὐτὸν οὐδέν ποιῆσαι τῷ πατρι αὐτοῦ ἤ τῇ μητρι αὐτοῦ.

Ἀϰυροῦντες τὸν λόγον τοῦ θεοῦ τῇ παραδόσει ὑμῶν ἤ παρεδῶϰατε· ϰαὶ παρόμοια τουαῦτα πολλὰ ποιεῖτε.

Καὶ προσϰαλεσάμενος πάντα τὸν ὄχλον, ἔλεγεν αὐτοῖς· Ἀϰούετε μου πάντες ϰαὶ συνίετε.

Οὐδέν ἐστιν ἔξῶθεν τοῦ {{|ἀνθδώπου|ἀνθρώπου}} εἴσπορευόμενον εἰς αὐτὸν, ὅ δύναται αὐτόν ϰοινῶσαι· ἀλλά τὰ ἐϰπορευόμενο ἀπ’ αὐτοῦ, ἐϰείνα ἐστι τὰ ϰοινοῦντα τόν ἄνθρωπον.

Εἰ τις ἔχει ὦτα ἀϰούειν, ἀϰουέτω.

Καὶ ὅτε εισῆλθεν εἰς οἶϰον ἀπὸ τοῦ ὄχλου, ἐπηρώτων αὐτὸν οἱ μαθηται αὐτοῦ περὶ τῆς παραβολῆς.

Καὶ λέγει αὐ τοῖς· Οὔτω ϰαὶ ὑμεῖς ασύνετοι ἐστε ; οὐ νοεῖτε, ὅτι πᾶν τὸ ἔξωθεν εἰσπορευόμενον εἰς τὸν ἄνθρωπον, οὐ δύναται αὐτόν ϰοινῶσαι ;

Ὅτι οὐϰ εἰσπορεύεται αὐτοῦ εἰς την ϰαρδίαν, ἀλλ’ εἰς τὴν ϰοιλιαν· ϰαὶ εἰς τὸν ἀφεδρῶνα ἐϰπορεύεται, ϰαθαριξον πάντα τὰ βρώματα.

Ἔλεγε δέ· Ὅτι τὸ ἐϰ τοῦ ἀνθρώπου ἐϰπορευόμενον, ἐϰεινο ϰοινοῖ τὸν ἄνθρωπον.

Ἔσωθεν γὰρ, ἐϰ τὴς ϰαρδίας τῶν ἀνθρώπων, οἱ διαλογισμοι οἱ ϰαϰοὶ ἐϰπορεύονται, μοιχεῖαι, πορνεῖαι, φόνοι.

Χλοπαι, πλεονεξιαι, πονηριαι, δόλος, ἀσέλγεια, ὀφθαλμός πονηρός, βλασφημία, ὑπερηφανία, ἀφροσύνη.

Πάντα ταῦτα τὰ πονηρὰ ἔσωθεν ἐϰπορεύεται, ϰαὶ ϰοινοῖ τόν ἄνθρωπον.


Marc, viii, 1. (Matthieu, xv, 1.) Alors des Pharisiens et quelques scribes, qui étaient venus de Jérusalem, s’assemblèrent vers Jésus ; Et les orthodoxes se sont réunis chez lui, et parmi eux étaient des savants venus de Jérusalem.
2. et voyant que quelques-uns de ses disciples prenaient leur repas avec des mains souillées, c’est-à-dire qui n’avaient pas été lavées, ils les en blâmaient. Voyant que ses disciples et lui-même prenaient le pain avec des mains non lavées et impures ils se mirent à l’en blâmer.
3. Car les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans se laver les mains jusqu’au coude, gardant en cela la tradition des anciens ; Car si on ne se lave pas les mains, selon l’ancienne tradition, on ne peut se servir des mains pour manger.

4. et lorsqu’ils reviennent des places publiques, ils ne mangent point non plus sans s’être lavés. Il y a aussi beaucoup d’autres choses qu’ils ont reçues pour les observer, comme de laver les coupes, les pots, les vaisseaux d’airain et les lits. De même on ne peut manger sans les laver les provisions rapportées du marché. Et il y a encore beaucoup de coutumes : comment laver les coupes, les pots, les vaisseaux.
5. (Matthieu, xv, 2.) Là-dessus les Pharisiens et les scribes lui demandèrent : D’où vient que tes disciples ne suivent pas la tradition des anciens, et qu’ils prennent leur repas sans se laver les mains ? C’est pourquoi les savants orthodoxes lui demandèrent : D’où vient que tes disciples ne suivent pas la tradition des anciens, et prennent le pain sans se laver les mains ?
6. (Matthieu, xv, 3, 7.) Il leur répondit : Hypocrites ! c’est de vous qu’Ésaïe a prophétisé, quand il a dit : le peuple m’honore des lèvres ; mais leur cœur est bien éloigné de moi. Il leur répondit : C’est bien de vous qu’Ésaïe a dit : Hypocrites ! Ces gens m’honorent des lèvres, mais leur cœur est loin de moi.
7. (Matthieu xvii, 9.) Mais c’est en vain qu’ils m’honorent, enseignant des doctrines qui ne sont que des commandements d’hommes. Ils m’honorent mal en enseignant comme doctrines les coutumes humaines.
8. Car en abandonnant le commandement du Dieu, vous observez la tradition des hommes, lavant les pots et les coupes, et faisant beaucoup d’autres choses semblables. Vous abandonnez les commandements de Dieu, et vous observez les coutumes humaines du lavage des coupes et de la vaisselle, et plusieurs autres choses semblables.
9. Il leur dit aussi : Vous annulez fort bien le commandement de Dieu pour garder votre tradition. Et Jésus leur dit : Vous avez habilement supprimé le commandement de Dieu pour observer votre tradition.

10. Matthieu, xv, 4.) Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère, et : Que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort. (Exode xx, 12 ; xxi, 16.) Moïse vous a dit : Honore ton père et ta mère, et la mort à celui qui insultera son père ou sa mère.
11. Mais vous, vous dites : Si quelqu’un dit à son père ou à sa mère : Tout ce dont je pourrais l’assister est corvan, c’est-à-dire un don consacré à Dieu, Et vous avez inventé que si un homme dit corvan (c’est-à-dire un don fait à Dieu, il paraît qu’il a déjà profité de moi.
12. vous ne lui permettez plus de rien faire pour son père ou sa mère ; À celui-ci vous permettez déjà de ne rien faire pour son père ou sa mère.
13. et vous anéantissez ainsi la parole de Dieu par votre tradition que vous avez établie, et vous faites beaucoup d’autres choses semblables. Vous anéantissez la parole de Dieu par votre tradition que vous avez établie. Et vous faites plusieurs choses semblables.
14. (Matthieu, xv, 10.) Alors, ayant appelé toute la multitude il leur dit : Et ayant appelé tout le peuple, Jésus dit : Écoutez-moi tous et comprenez.
15. (Matthieu, xv, 11). Rien de ce qui est hors de l’homme et qui entre dans lui, ne le peut souiller ; mais ce qui sort de lui, voilà, ce qui souille l’homme. Il n’est rien qui, entrant dans l’homme, puisse le souiller. Mais ce qui sort de lui, voilà ce qui souille l’homme.
16. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il comprenne.
17. Quand il fut entré dans la maison, après s’être retiré d’avec la multitude, ses disciples l’interrogèrent sur cette parabole, Quand il eut quitté le peuple et fut dans la maison, ses disciples l’interrogèrent sur cette parabole.

18. (Matthieu, xv, 17.) et il leur dit : Êtes-vous aussi sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui entre du dehors dans l’homme ne le peut souiller ? Et il leur dit : Est-ce que vous non plus n’avez pas compris ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui entre du dehors dans l’homme ne peut le souiller ?
19. Parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais qu’il va au ventre, et qu’il sort aux lieux secrets avec ce que les aliments ont d’impur. Parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, et après en sort avec les impuretés des aliments.
20. (Matthieu, xv, 18.) Il leur disait donc : Ce qui sort de l’homme c’est ce qui souille l’homme. Mais ce qui sort de l’homme c’est ce qui souille l’homme.
21. (Matthieu, xv, 19.) Car du dedans, c’est-à-dire du cœur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres,
22. les larcins, les mauvais moyens pour avoir le bien d’autrui, les méchancetés, la fraude, l’impudicité, l’œil envieux, la médisance, la fierté, la folie.
Car du cœur de l’homme sortent les mauvaises pensées, la lubricité, le meurtre, le vol, le lucre, la colère, le mensonge, l’impudence, l’envie, la calomnie, l’orgueil, la sottise.
23. Tous ces vices sortent du dedans et souillent l’homme. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et souillent l’homme.


L’EXPULSION DU TEMPLE, ET LA NÉGATION DE L’ADORATION EXTÉRIEURE DE DIEU

Καὶ ἐγγύς ἦν τὸ πάσχα τῶν Ἰουδαίων, ϰαὶ ἀνέβη εἰς Ἱεροσόλυμα ὁ Ἰησοῦς.

Καὶ εὖρεν ἐν τῷ ἱερῷ τοὺς πωλοῦντας βόας ϰαὶ προβατα ϰαὶ περιστεράς, ϰαὶ τούς ϰερματιστάς ϰαθημένους.

Καὶ ποιήσας φραγέλλιον ἐϰ σχοινίων, πάντας ἐξέβαλεν ἐϰ τοῦ ἱεροῦ, τὰ τε πρόβατα ϰαὶ τοῦς βόας· ϰαὶ τῶν ϰολλυβιστῶν ἐξέχεε τὸ ϰέρμα, ϰαὶ τάς τραπέξας ἐνέστρεψε.

Καὶ τοῖς τὰς περιστεράς πωλοῦσιν εἶπεν· Ἅρατε ταῦτα ἐντεῦθεν· μὴ ποιεῖτε τὸν οἶϰον τοῦ πατρός μου οἶϰον ἐμπορίου.


Jean, ii, 13. Car la Pâque des Juifs était proche ; et Jésus monta à Jérusalem. La Pâque des Juifs était proche. Et Jésus alla à Jérusalem.
14. Il trouva dans le temple des gens qui vendaient des taureaux, des brebis et des pigeons, avec des changeurs qui y étaient assis. Et dans le temple il vit qu’on vendait des taureaux, des brebis et des pigeons, et que des changeurs y faisaient le change de l’argent.
15. Et ayant fait un fouet de petites cordes, il les chassa tous du temple, et les brebis et les taureaux ; il répandit la monnaie des changeurs, et renversa leurs tables ; Ayant fait un fouet de cordes il chassa du temple les brebis et les taureaux, et répandit la monnaie des changeurs, et renversa les tables des vendeurs de pigeons 1).
16. et il dit à ceux qui vendaient les pigeons : Ôtez tout cela d’ici et ne faites pas de la maison de mon père une maison de marché. Et il dit : Emportez tout cela d’ici et ne pensez pas qu’un marché remplace la maison de mon père 2).

Remarques.

1) Le point doit être mis après le mot πωλοῦσιν, et ensuite il faut ajouter ϰαὶ εἶπεν. Dans le cas contraire on ne comprendrait pas pourquoi Jésus n’a dit qu’aux vendeurs de pigeons, « emportez tout cela d’ici ». Il est évident que ces paroles s’adressent à tous ceux qu’il a chassés et concerne tout ce qu’il a renversé.

2) Μὴ ποιεῖτε ne doit pas être traduit ici par « ne faites pas » mais par « ne pensez pas, ne supposez pas » qu’un marché puisse devenir la maison de mon père. Il serait difficile de s’expliquer comment Jésus, qui, dans le même discours, a nié la nécessité du temple, pût appeler la maison de son père le temple. Il dit : « le marché ne s’appelle pas la maison de Dieu ».


Καὶ οὐϰ ἤφιεν ἴνα τὶς διενέγϰῃ σϰεῦος διά τοῦ ἱερους,

Καὶ ἐδίδασϰε, λέγων αὑτοῖς· Οὐ γέγραπαται· Ὅτι ὁ οἶϰός μου, οἶϰός προσευχῆς ϰληθήσεται, πᾶσι τοῖς ἕθνεσιν ; ὑμεῖς δὲ ἐποιήσατε αὐτόν σπήλαιον λῃστῶν.


Marc, xi, 16. Et il ne permettait pas que personne portât aucun vaisseau par le temple. Et il défendit que des objets quelconques fussent portés par le temple.
17. Et il les instruisait, en leur disant : N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée par toutes les nations une maison de prière ? mais vous en avez fait une caverne de voleurs. Il commandait et disait : Ignorez-vous qu’il est écrit : ma maison est la maison de la prière, et elle s’appellera ainsi pour tout le peuple (Ésaïe, lvi, 7 1). Et vous prenez une caverne de brigands pour ma maison. (Jérémie, vii, 4-11 2).

Remarques.

1) Les paroles du prophète Ésaïe sont employées ici dans le même sens que les paroles de la Samaritaine dans le chapitre suivant : Emportez tout cela parce que ma maison n’est pas celle où l’on fait les sacrifices, mais ma maison est partout où les hommes connaissent le Dieu véritable. 2) Le passage suivant de Jérémie confirme cette signification. Jérémie, vii, 4-11 :

Ne vous fiez point sur des paroles trompeuses en disant : c’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel.

Mais amendez sérieusement vos voies et vos actions et appliquez-vous à rendre la justice à ceux qui plaident l’un contre l’autre.

Et ne faites point de tort à l’étranger ni à l’orphelin, ni à la veuve et ne répandez point en ce lieu le sang innocent, et ne marchez point à votre ruine après les dieux étrangers.

Alors je vous ferai habiter, depuis un siècle jusqu’à l’autre siècle, en ce lieu, au pays que j’ai donné à vos pères.

Voici, vous vous liez sur des paroles trompeuses, sans aucun profit.

Ne dérobez-vous pas ? Ne tuez-vous pas ? Ne commettez-vous pas adultère ? Ne jurez-vous pas faussement ? Ne faites-vous pas des encensements à Baal ? N’allez-vous pas auprès des dieux étrangers que vous ne connaissez point ?

Toutefois vous venez et vous vous présentez devant moi dans cette maison-ci, sur laquelle mon nom est réclamé, et vous dites : Nous avons été délivrés pour faire toutes ces abominations-là.

Cette maison-ci, sur laquelle mon nom est réclamé devant vos yeux n’est-elle pas devenue une caverne de voleurs ?


Ἀπεϰρίθησαν οὖν οἱ Ἰουδαῖσοι, ϰαὶ εἶπον αὐτῷ· Τὶ σημείον δειϰνύεις ἡμῖν, ὅτι ταῦτα ποιεῖς ;


Jean, ii, 18. Les Juifs prenant la parole lui dirent : Par quel signe nous montres-tu que tu as le pouvoir de faire de telles choses ? Les Juifs lui dirent : Quels droits 1) as-tu à nous montrer pour commettre de tels actes ?
Remarques.

1) Σημεῖον signifie le signe, l’indice de la justice. Je traduis par droit, les droits.


Ἀπεϰρίθν ὁ Ἰησοῦς ϰαὶ εἶπεν αὐτοῖς. Αὐσατε τού ναόν τοῦτον, ϰαὶ ἐν τρισίν ἡμέραις ἐγερῶ αὐτόν.


Jean, i, 19. Jésus répondit et leur dit : Abattez ce temple et je le relèverai dans trois jours. Et Jésus leur répondit : Détruisez ce temple et en trois jours j’éveillerai 1) le temple vivant.

Remarques.

1) Ἐγείρειν ne signifie jamais et ne peut jamais signifier « construire », « relever », mais signifie « éveiller ». Et dans ce passage, il signifie précisément éveiller quelque chose de vivant. C’est pourquoi il faut traduire : j’éveillerai le temple vivant.

La signification de ce verset est expliquée par les versets 21 et 22, où il est dit que le temple veut dire le corps de Jésus, et que « trois jours » signifie le délai après lequel il ressuscitera. Et l’Église comprend justement ainsi ce passage. Cette explication ne saurait me satisfaire, tenant la résurrection comme l’invention la plus sacrilège, qui affaiblit la doctrine de Jésus-Christ, et dont il sera question en son lieu. Jésus-Christ ne pouvait pas comprendre sa résurrection corporelle, puisque cette conception détruit toute sa doctrine. Cette explication a été inventée plus tard par ceux qui croyaient à la fable de la résurrection. Mais les paroles qui ont donné prétexte à cette explication furent dites, et évidemment avaient une signification nette, tandis que celle-ci est fort peu satisfaisante.

Pourquoi en parlant de son corps, Jésus-Christ a-t-il dit le temple ? Pourquoi après l’expulsion des vendeurs du temple, a-t-il parlé de résurrection ? Qu’on oublie seulement l’explication fausse de l’Église, et le sens de ces paroles devient non seulement clair mais indispensable pour la compréhension de ce qui précède. Jésus chasse du temple tout ce qui est nécessaire pour les sacrifices, c’est-à-dire pour la prière selon la conception hébraïque, et, se souvenant des paroles de Jérémie, il dit qu’il faut faire le bien et non se réunir dans le temple pour y faire des sacrifices. Après quoi il dit, non conditionnellement comme on comprend d’ordinaire les paroles de Jésus, mais positivement : Détruisez le temple et moi je le ferai vivant, j’en établirai un nouveau. Il emploie les paroles de Jérémie, qui dit que la maison de Dieu est partout où les peuples reconnaissent Dieu, et non un repaire de voleurs. Et Jésus dit : Détruisez donc le temple, moi je vous ferai le temple nouveau, le temple vivant. Je vous enseignerai. Et ce temple vivant je le ferai très vite, car il ne me faut point le construire avec mes mains. En trois jours je ferai ce que vous avez fait en quarante-six ans.

Εἶπον οὖν οἱ Ἰουδαῖοι. Τεσσαράϰοντα ϰαὶ ἐξ ἔτεσιν ᾠϰοδομήθη ὁ ναός οὖτος ϰαὶ σύ ἐν τρισίν ἠμέραις ἐγερεῖς αὐτόν ;

Λέγω δὲ ὑμῖν, ὅτι τοῦ ἱεροῦ μείζων ἐστὶν ὦδε.

Εἰ δὲ ἐγνώϰειτε τὶ ἐστιν· Ἔλεον θέλω ϰαὶ οὐ θυσίαν.


Jean, ii, 20. Les Juifs lui dirent : On a été quarante-six ans à bâtir ce temple, et tu le relèveras dans trois jours ! Les Juifs lui dirent : On a mis quarante-six ans pour construire ce temple et toi, tu veux l’éveiller en trois jours !
Matthieu, xii, 6. Or je vous dis qu’il y a ici quelqu’un qui est plus grand que le temple. Et Jésus leur dit : Je vous parle de ce qui est plus important que le temple 1) ;
7. Que si vous saviez ce que signifie ceci : Je veux la miséricorde et non pas le sacrifice, vous n’auriez point condamné ceux qui ne sont pas coupables. à savoir : que vous compreniez ce que signifie : je veux la pitié 2) pour les hommes et non les sacrifices de l’Église.

Remarques.

1) Ce verset qui se trouve dans le chapitre où l’on reproche aux disciples d’arracher le blé, n’est pas à sa place, puisque là on ne parle aucunement du temple, tandis que Jésus dit : Voici ce qui est plus important que le temple. En tout cas, la pensée exprimée par ce verset est répétée chez Matthieu, ix, 13, et répond directement à l’objection des Juifs, en même temps qu’elle donne l’opinion de Jésus sur le temple.

2) ἔλεον — commisération. Je traduis : la pitié pour les hommes.


Les versets 21 et 22 du chapitre ii de Jean, qui suivent, contiennent la soi-disant explication de ce mot par l’évangéliste.

Ὅς δὲ ἦν ἐν Ἱεροσολύμοις ἐν τῷ πάσχα ἐν τῇ ἐορτῇ, πολλοὶ ἐπίστευσαν εἰς τὸ ὄνομα αὐτοῦ, θεωροῦντες αὐτοῦ τὰ σημεῖα ἅ ἐποίει.

Αὑτὸς δὲ ὁ Ἰησοῦς οὐϰ ἐπίστευεν ἑαυτὸν αὐτοῖς, διά τὸ αὐτόν γινώσϰειν πάντας.

Καὶ ὅτι οὐ χρείαν εἶχεν, ἴνα τίς μαρτυρήσῃ περὶ τοῦ ἀνθρώπου, αὐτὸς γὰρ ἐγίνωσϰε τί ἦν ἐν τῷ ἀνθροώπῳ.


Jean, ii, 23. Pendant qu’il était à Jérusalem, à la fête de Pâque, plusieurs crurent en lui, voyant les miracles qu’il faisait. Comme il était à Jérusalem, pendant la fête de Pâque, plusieurs crurent en sa doctrine, comprenant les preuves qu’il donnait.
24. Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous, Mais Jésus ne se fiait point à leur foi, car Lui, savait tout 1) ; par lui-même.
25. et qu’il n’avait pas besoin que personne lui rendît témoignage d’aucun homme ; car il connaissait par lui-même ce qui était dans l’homme. C’est pourquoi il ne fallait pas que quelqu’un lui parlât à propos d’un autre homme ; il savait lui-même ce qu’il y a en l’homme.

Remarques.

1) Dans plusieurs copies, au lieu de πάντας il y a πάντα, c’est-à-dire tout.


Καὶ ἔϰουσαν οἱ γραμματεῖς ϰαὶ οἱ ἀρχιερεῖς, ϰαὶ ἐξήτουν πῶς αὐτόν ἀπολέσουσιν· ἐφοβοῦντο γὰρ αὐτόν, ὅτι πᾶς ὁ ὄχλος ἐξεπλήσσετο ἐπί τῇ διδαχῇ αὐτοῦ.


Marc, xi, 18. Ce que les scribes et les principaux sacrificateurs ayant entendu, ils cherchaient les moyens de le faire périr : car ils le craignaient parce que tout le peuple était ravi de sa doctrine Les scribes et les principaux prêtres ayant entendu cela, cherchaient le moyen de le faire périr, car ils le craignaient parce que tout le peuple admirait sa doctrine.


Voici comment l’Église explique l’expulsion du temple[5].

Et il trouva que dans le temple, c’est-à-dire dans la cour du temple, qui s’appelait la cour des païens, on vendait, etc. (Voir Matthieu, xxi, 12.)

Un fouet de cordes : C’est le symbole de la colère de Dieu contre ceux qui profanent la sainteté du temple. C’est également le symbole de la puissance du Seigneur, qui veille à purifier la maison de son père céleste.

Emportez cela, etc. Les pigeons étaient dans des cages ou dans des paniers, c’est pourquoi le Seigneur, chassant les marchands de bestiaux, ordonne aux vendeurs de pigeons de les emporter dehors.

Ne faites pas de la maison de mon père une maison de marché. Quand le seigneur sortit du temple pour la dernière fois, il ne l’appela pas la maison de son père, mais « votre maison » (Matthieu, xxiii, 38), indiquant ainsi l’abandon de ce temple par Dieu. Et maintenant Christ appelle le temple la maison de son père, car la rébellion de ses serviteurs envers Christ et Dieu ne s’est pas encore manifestée, et il attend encore le repentir du peuple dans la personne de ses représentants.

La maison de marché. Expression moins forte que celle employée à la seconde purification du temple, quand le Seigneur dit que les Hébreux ont fait de la maison de son père une caverne de voleurs. (Matthieu, xxi, 13.) La première signifie que dans le saint service du temple, sont entrés en grande partie les intérêts impurs des laïques ; l’autre signifie que la sainte œuvre est complètement défigurée ; le fanatisme contre Dieu jusqu’auquel est arrivée et dans lequel s’exprimait cette laïcisation du culte. Si l’on se demande comment il se fit que les vendeurs obéirent si volontiers à la parole de Dieu, et, sur son ordre, abandonnèrent leurs commerces et quittèrent la cour du temple emportant les objets de leur négoce, alors il faut remarquer : 1o que leur conscience disait à chacun qu’il ne faisait pas une bonne action dans ce lieu saint. C’est pourquoi, quand le Seigneur le leur rappela avec force, leur conscience parlant encore plus fortement les força d’exécuter immédiatement son ordre. 2o La gloire extraordinaire de Jésus de Nazareth, comme prophète ou homme extraordinaire de ce temps, était probablement assez répandue dans le peuple. Les pêcheurs de Galilée avaient dû apporter à Jérusalem la nouvelle des miracles accomplis en Galilée, l’événement survenu pendant le baptême du Seigneur, et le témoignage qu’avait rendu de lui le prophète Jean ; et les gens de Jérusalem et des environs en avaient certainement gardé le souvenir. 3o Le Seigneur montra ici sa puissance divine à laquelle, dans ce cas, rien ne pouvait s’opposer.

À cela les Juifs dirent : C’était peut-être quelques-uns des commerçants à qui l’on avait ordonné de quitter la cour du temple avec les objets de leur négoce, mais il est plus probable qu’il s’agit ici des dignitaires du temple : prêtres et anciens, qui se sentaient offensés dans leurs prérogatives sur le temple par l’acte aussi extraordinaire d’un Galiléen, qui n’appartenait pas à l’Église. Par cet acte, le Seigneur, même pour eux, se montrait indiscutablement prophète, envoyé extraordinaire de Dieu, et les plus raisonnables d’entre eux, pouvaient comprendre par les paroles du Seigneur, qui appelait le temple la maison de son père, qu’il était plus qu’un prophète. En effet, Moïse, Élie, et autres envoyés extraordinaires de Dieu, prouvaient parfois leur mission prophétique par des actes surnaturels, par les miracles. Les Juifs qui entouraient maintenant le Seigneur, exigeaient de lui une action extraordinaire quelconque, un miracle, comme preuve qu’il avait le pouvoir d’agir ainsi dans le temple en prophète ou en fils de Dieu.

Dirent : Confirme-nous par un miracle quelconque que tu es le fils de Dieu, et que tu es envoyé par lui, car où voit-on que le Seigneur de ce temple est ton père ? L’acte même de la purification du temple était quelque chose d’extraordinaire, d’une influence considérable sur ceux mêmes qui profanaient le lieu sacré par le négoce. Mais cette manifestation, ils la négligèrent et exigèrent du Seigneur un miracle plus sensible à leur aveuglement spirituel.

Détruisez (l’impératif a parfois la signification du futur) ce temple, etc. L’Évangéliste lui-même explique plus loin ce que signifie cette parole de Dieu, quand il dit qu’il parlait du temple de son corps (verset 21). Cela signifie qu’il faisait allusion à sa mort violente. Conformément à cela, les paroles, en trois jours je le relèverai, signifient sa résurrection, trois jours après sa mort, comme l’ont interprété ses disciples après sa résurrection (verset 22). Aussi, aux Juifs exigeant de lui le miracle comme preuve qu’il a le pouvoir d’agir comme il l’a fait dans le temple, le Seigneur répond en indiquant le miracle le plus grand, qui témoigne de lui comme Messie : le miracle de sa résurrection !… Ainsi le Seigneur, dès le commencement de sa mission sociale, prédisait sa mort et sa résurrection.

Je le relèverai. Par ces paroles Dieu donne la preuve de sa toute puissance divine, car aucun mort ne pourrait par sa force et sa puissance ressusciter son corps. Il n’a pas dit : Mon père le relèvera… mais Je le relèverai, employant sa propre force et n’ayant besoin d’aucune autre.

Et voici ce que dit Reuss[6].

En face des disciples qui croient, se trouvent (ici, pour la première fois) les Juifs qui doutent, qui ne comprennent point, qui refusent de croire. Loin d’être convaincus par ce qu’ils viennent de voir, ils demandent un signe, c’est-à-dire un acte extraordinaire, un miracle, quelque chose enfin qui puisse prouver que Jésus était autorisé à agir comme il l’a fait. Son procédé avait bien eu quelque chose d’imposant, de messianique même (Mat., iii, 1 et suiv.), mais ils exigent une preuve plus palpable, une manifestation plus irrécusable. La réponse que Jésus leur fait a donné lieu à des discussions fort animées parmi les commentateurs.

D’après l’auteur lui-même, voici ce qu’il a voulu dire : Tuez-moi, et en trois jours je reprendrai la vie. En d’autres termes : la résurrection de Jésus sera la preuve la plus éclatante de sa dignité supérieure. Elle l’a été en effet, et toujours, dans l’enseignement apostolique, au point de vue duquel ce discours se comprend parfaitement (Comp. Matth., xii, 40). Si l’on objecte que Jésus n’a pas pu parler ainsi en ce moment, où aucun danger ne le menaçait, où aucun conflit sérieux ne s’était encore élevé entre lui et le parti pharisaïque, on oublie complètement que dans notre livre il ne s’agit pas d’une évolution lente et successive des rapports ou des situations, mais que d’un bout à l’autre nous avons sous les yeux l’antagonisme du monde et de Christ, de la lumière et des ténèbres, et que Jésus n’est représenté nulle part comme ayant besoin d’apprendre peu à peu et par divers incidents qu’il a des adversaires, qu’il court des dangers, qu’il pourra éventuellement être mis à mort. Au contraire, il connaît dès le début tout ce qui arrivera, parce que cela ne dépend pas du caprice des hommes, mais de l’ordre providentiel établi d’avance. Ainsi rien n’est plus conforme à l’esprit de cet évangile que le discours mis ici dans sa bouche. Il y a plus : ce discours est très bien placé là où nous le lisons. Les scènes relatives aux disciples sont terminées, l’action du révélateur sur le monde doit maintenant commencer ; l’auteur, indique ici d’avance, quelles chances, pour un succès définitif, il a devant lui, le monde, sera sollicité, mais non gagné, il sera vaincu, non par une soumission volontaire, mais par la condamnation qu’il se sera attirée. C’est le programme de l’histoire que nous allons lire.

Ces réflexions écartent aussi l’objection que les paroles de Jésus, telles qu’elles sont relatées et expliquées ici, n’auraient pu être comprises par personne, par les disciples tout aussi peu que par les Juifs. À ce titre, on pourra faire des réserves à l’égard de la presque totalité des paroles mises dans la bouche du Seigneur dans tout le cours du livre, car à la fin les disciples n’en comprennent pas plus qu’au commencement. (Chap. xiv, 9). Jésus parle et l’auteur écrit pour les intelligences chrétiennes, et pas le moins du monde pour la plèbe juive qui l’entoure. Enfin il ne faut pas perdre de vue cette circonstance que l’auteur dit lui-même que les Juifs se méprirent complètement sur le sens des paroles prononcées, en les appliquant au temple dont la construction avait été commencée sous Hérode. Mais c’est un phénomène qui se reproduira désormais dans chaque scène, nous aurions presque dit à chaque ligne. C’est l’expression vivante et concrète de ce fait fondamental de la théologie de notre évangile, que le monde est incapable de saisir le sens des révélations célestes qui lui sont faites. (Chap. iii, 12,)

On parle de tout, même du but pour lequel le Christ a fait le fouet, mais pas un mot du sens de tout ce passage reproduit dans les quatre évangiles. Des interprétations de toutes les Églises, il résulte que tout le sens de ce passage est dans la double exécution par Christ des fonctions policières, pour la purification du temple, et dans les deux versets (21, 22) qui ne sont pas du Christ mais de l’un des évangélistes, et que j’omets. Le sens est celui que Jésus-Christ ressuscitera après trois jours. Qu’il ait ressuscité et prédit sa mort, soit, mais alors ne pouvait-il le faire plus clairement et plus à propos ? Il s’agit de tout autre chose. Il est venu dans le temple et a jeté dehors tout ce qui était nécessaire pour le culte. Cette action est semblable à celle que pourrait faire maintenant un homme qui viendrait dans notre église, et jetterait dehors le pain, le vin, les reliques, les croix, et autres objets employés pour la messe. On lui demande quel σημεῖον il montrera pour justifier son acte. σημεῖον, jamais, d’après aucun dictionnaire, ne signifie le miracle. Mais admettons que ce soit le miracle, que signifie alors la question des Juifs ? L’homme a jeté tout ce qui était nécessaire pour le culte, et on lui demande : « Par quel miracle nous montreras-tu que tu avais le droit de faire ce que tu as fait ? » Cette question est au moins incompréhensible. Les Juifs pouvaient lui demander pourquoi il avait fait cela ? par quoi il remplacerait ce qu’il avait détruit ? de quel droit il avait agi de la sorte ? Mais pourquoi, au lieu de le chasser, lui ont-ils dit : « Montre-nous un miracle ? » Chose non moins étonnante, pourquoi Jésus ne répond-il pas à cela : Je vous montrerai un miracle, ou : Je ne vous montrerai pas de miracle ; mais dit-il : « Détruisez ce temple, et, en trois jours, je vous en ferai un nouveau, vivant. » Selon l’Église, cette réponse signifie que le miracle qu’il fera se produira après sa mort, miracle auquel aucun des Juifs ne croira, même après la mort. Et ces paroles, dit-on, convainquirent tout le monde. Il suffit d’ôter les lunettes de l’Église pour voir que ce n’est pas là une conversation, mais le délire d’un fou. Jésus fait un acte incompréhensible, il chasse le bétail du temple. Les Juifs, au lieu de l’expulser, lui disent, on ne sait pourquoi : Montre-nous un miracle. Jésus, oubliant qu’il avait jeté dehors, pour un but quelconque, tout ce qui était nécessaire au service religieux, dit : Le miracle, je vous le montrerai quand je mourrai, mais de telle façon que vous ne le verrez pas. Et, après ces paroles, tous crurent à sa doctrine. Et le sens de tout cela, c’est que Christ ressuscitera après trois jours. Encore, n’est-ce pas Christ qui l’a dit, mais l’auteur de l’Évangile. Que seulement l’on se reprenne et se reporte pour un moment aux paroles de l’Évangile — la révélation divine selon la doctrine de l’Église — au moins avec le respect et l’attention que nous apportons à la lecture d’un vaudeville quelconque, c’est-à-dire sans supposer à l’avance que nous entendrons le délire d’un fou et ne comprendrons rien, mais en admettant que ce qui est écrit signifie quelque chose et qu’il nous est intéressant de le comprendre, et alors tout sera clair.

Selon la doctrine de Jean-Baptiste, pour connaître Dieu, il faut se purifier par l’esprit. Jésus, dans le désert, se purifie par l’esprit, et reconnaît la force de l’esprit et annonce le royaume de Dieu, c’est-à-dire Dieu en l’homme. Il dit aux disciples que Dieu est en communion avec les hommes.

Selon l’évangéliste Jean, le premier acte de Jésus est ce qu’on a nommé la purification du temple, et, en réalité, la destruction du temple, et non d’un temple quelconque, mais du temple de Jérusalem, de celui qui est considéré comme la maison de Dieu, le saint parmi les choses saintes. Jésus vient dans le temple et détruit tout ce qui est nécessaire pour le service religieux. Sans parler qu’il est dit dans l’introduction que personne n’a jamais vu Dieu et ne le verra pas, et que Jésus nous a institué la nouvelle adoration de Dieu au lieu de l’ancienne, Jésus lui-même, dans le temple, prononce la parole du prophète : que le temple de Dieu, c’est l’univers des hommes et non la caverne des voleurs. Expliquer cela, c’est la même chose qu’expliquer, de nos jours, l’acte de Doukhobors qui viendraient dans une église orthodoxe, jetteraient dehors tous les antemenses et diraient : Dieu, c’est l’esprit, et il faut le servir par l’esprit et par les actes. Or, les actes et les paroles de l’Écriture ont une signification si claire, qu’il n’y a rien ni à ajouter, ni à interpréter. Les actes et les paroles signifient clairement : Votre adoration de Dieu est un vil mensonge. Vous ne connaissez pas le vrai Dieu, et le mensonge de son adoration est nuisible, il faut la supprimer.

Voilà ce qu’expriment les actes et les paroles de Jésus dans le temple. Ils nient le service religieux et la conception du Dieu juif. À ces actes et à ces paroles, les Juifs objectent : Quel droit as-tu d’agir ainsi ? Et il répond : Mon droit, c’est que votre culte divin est mensonge, tandis que le mien est vivant, c’est la vérité. Mon culte de Dieu est un culte vivant, par les actes. Et plusieurs croient Jésus. Jésus, par le premier acte de sa propagande, nie le faux dieu juif, le dieu visible. Dans le chapitre suivant, il dit que Dieu est esprit et qu’il faut le servir par les actes. Pour que les hommes puissent croire à Dieu esprit, il faut évidemment détruire le dieu mensonger inventé, et son faux culte. C’est ce que fait Jésus. On ne peut ne le point comprendre. Si ce passage n’est pas compris par l’Église, ce n’est pas qu’elle soit sotte, c’est qu’elle est trop habile. On rencontrera beaucoup de pareilles interprétations intentionnellement stupides ; et cela, chaque fois que l’Église a adopté ce que rejetait Jésus. Ainsi, dans ce passage, Jésus nie, rejette, Dieu créateur, Dieu extérieur ; il repousse tout culte divin, sauf le culte par les actes ; tandis que l’Église a reconnu un Dieu extérieur, créateur, et n’existe que pour célébrer le culte et les sacrements. Ici, évidemment, il faut se faire stupide pour accepter cette interprétation.

Mais celui qui veut comprendre l’Évangile, doit se rappeler fermement que le premier acte de Jésus, avant sa propagande, fut la négation de Dieu extérieur, et de tout culte extérieur. L’expulsion du temple, répétée par tous les évangélistes (ce qui est très rare), c’est la purification du terrain pour les semailles. Ce n’est qu’après avoir mis à néant l’ancien Dieu qu’est possible la doctrine de Dieu-Jésus, et le culte divin qu’enseigne Jésus.

Tout ce passage est l’explication du verset : Personne n’a jamais vu et ne verra jamais Dieu.


L’ENTRETIEN AVEC LA SAMARITAINE

Ἀφῆϰε τὴν Ἰουδαίαν, ϰαὶ ἀπῆλθε πάλιν εἰς τὴν Γαλιλαίαν.

Ἔδει δὲ αὐτόν διέρχεσθαι διά τῆς Σαμαρείας.

Ἔρχεται οὖν εἶς πόλιν τῆς Σαμαρείας λεγομένην Συχάρ, πλησίον τοῦ χωρίον ὄ ἔδωϰεν Ἰαϰώβ Ἰοσήφ τῷ υἱῷ αὐτοῦ.

Ἦν δὲ ἐϰεῖ πηγή τοῦ Ἰαϰώβ. Ὁ οὖν Ἰησοῦς, ϰεϰοπεαϰώς ἐϰ τῆς ὁδοιποριας, ἐϰαθέζετο οὔτως ἐπὶ τῇ πηγῇ· ὤρα ἦν ὡσεί ἔϰτη.


Jean, iv, 3. Il quitta la Judée et s’en retourna en Galilée. Jésus quitta la Judée et s’en retourna en Galilée.
4. Or, il fallait qu’il passât par la Samarie. Et il lui fallait traverser la Samarie.
5. Il arriva donc à une ville de Samarie, nommée Sichar, qui est près de la possession que Jacob donna à Joseph, son fils. Il arriva donc à une ville de Samarie, Sichar, qui est près de l’endroit que Jacob donna à son fils Joseph.

6. C’était là qu’était le puits de Jacob. Jésus donc, étant fatigué du chemin, s’assit près du puits : c’était environ la sixième heure du jour. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus étant fatigué du chemin s’assit près du puits.

Remarques.

1) Les détails inutiles, par exemple, l’indication de l’heure à laquelle le fait se passa, ainsi que quelques paroles de la Samaritaine, qui n’expriment rien, peuvent être omis pour que le lecteur ne perde pas de vue ce qu’il y a d’essentiel dans ce chapitre.


Ἐρχεται γυνή ἐϰ τῆς Σαμαρείας ἀντλῆσαι ὑδωρ· λέγει αὐτῇ ὁ Ἰησοῦς· Δός μοι πιεῖν.

Οἱ γὰρ μαθηταὶ αὐτοῦ ἀπεληλύθεισαν εἰς τὴν πόλιν, ἴνα τροφὰς ἀγοράσωσι. Λέγει οὖν αὐτῳ ἡ γυνή Σαμαρεῖτις· Πῶς σὺ Ἰουδαῖος ὤν παρ’ ἐμοῦ πιεῖν αἰτεις, οὔσης γυναιϰός Σαμαρείτιδος ; οὐ γὰρ συγχρῶνται Ἰουδαῖοι Σαμαρείταις.

Ἀπεπρίθη Ἰησοῦς ϰαὶ εἶπεν αὐτῇ. Εἰ ᾔδεις τήν δωρεάν τοῦ θεοῦ, ϰαὶ τίς ἐστιν, ὁ λέγων σοι· Δός μοι πιεῖν, σύ ἄν ᾔτησας αὐτὸν, ϰαὶ ἔδωϰεν ἄν σοι ὕδωρ ζῶν.

Λέγει αὐτῷ ἡ γυνὴ· Κύριε, οὔτε ἄντλημα ἔχεις, ϰαὶ τὸ φρέαρ ἐστί βαθύ· πόθεν οὖν ἐχεις τὸ ὕδωρ τὸ ζῶν ;


Jean, iv, 7. Une femme samaritaine étant venue puiser de l’eau, Jésus lui dit : Donne-moi à boire ; Une femme de Samarie étant venue chercher de l’eau, Jésus lui dit : Donne-moi à boire !
8. (car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres). Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres.
9. Cette femme samaritaine lui répondit : Comment toi qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? car les Juifs n’ont point de communication avec les Samaritains. Et la Samaritaine lui répondit : Comment toi, qui es Juif demandes-tu à boire à une femme samaritaine ? les Juifs n’ont point de communication avec les Samaritains.

10. Jésus répondit, et lui dit : Si tu connaissais le don de Dieu, et celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui en aurais demandé toi-même, et il t’aurait donné une eau vive. Et Jésus lui répondit : Si tu connaissais le don de Dieu 1) et celui qui te dit : Donne-moi à boire, alors tu lui en demanderais toi-même et il te donnerait l’eau de source.
11. La femme lui dit : Seigneur ! tu n’as rien pour puiser et le puits est profond, d’où aurais-tu donc cette eau vive ? La femme lui dit : Tu n’as pas de seau et le puits est profond, d’où aurais-tu donc cette eau de source ?

Remarques.

1) Les paroles : « Si tu connaissais, etc… » εἰ ἤδεις τὴν δωῥεάν τοῦ Θεοῦ… peuvent se traduire ainsi : Si tu savais en quoi est le don de Dieu, et qu’est-ce que Dieu. Après ἐστιν, je mets une virgule, parce que, après cela, Jésus parle à la Samaritaine de ce Qu’est ce Dieu.


Μὴ σύ μείζων εἶ τοῦ παρὸς ἡμῶν Ἰαϰωβ, ὄς ἐδωϰεν ἡμῖν τὸ φρέαρ, ϰαὶ αὐτός ἐξ αὐτοῦ ἔπιε, ϰαὶ οἱ υἱοί αὐτοῦ ϰαὶ τὰ θρέμματα αὐτοῦ ;

Ἀπεϰριθη ὁ Ἰησοῦς ϰαὶ εἶπεν αὐτῇ· Πᾶς ὁ πίνων ἐϰ τοῦ ὕδατος τούτου διψήσει πάλιν.

Ὅς δ’ ἃν πίῃ ἐϰ τοῦ ὕδατος οὖ ἐγώ δώσω αὐτῷ, οὐ μή διψήσῃ εἰς τὸν αἰῶνα· ἀλλά τὸ ὕδρων ὄ δώσω αὐτῷ, γενῄσεται ἐν αὐτῷ πηγή ὕδατος ἀλλομένου εἰς ξωήν αἰώνιον.


Jean, iv, 12. Es-tu plus grand que Jacob, notre père, qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, aussi bien que ses enfants et ses troupeaux ? Es-tu plus grand que Jacob, notre père ? C’est lui qui nous a donné ce puits, et lui-même en a bu ainsi que ses fils et ses troupeaux.
13. Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; Et Jésus lui objecta : celui qui boit de cette eau voudra boire encore.
14. Mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif ; mais l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusqu’à la vie éternelle. Mais celui qui boira l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif. Et l’eau que je lui donnerai fera naître en lui une source d’eau qui coulera dans la vie éternelle, qui est en dehors du temps.

Les versets 15, 16, 17, 18, n’ont aucune importance. On y raconte que Christ devina que la femme avait eu cinq maris, et qu’elle vivait maintenant avec un homme qui n’était pas son mari. Ces détails inutiles et altérés, ne font que troubler le récit.


Λέγει αὐτῷ ἠ γυνή· Κύριε, θεωρῶ ὅτι προφήτης εἶ σὺ.

Οἱ πατέρες ἡμῶν ἐν τούτῳ τῷ ὄρει προσεϰύνήσαν· ϰαὶ ὑμεῖς λέγετε ὅτι ἐν Ἰεροσολύμοις ἐστὶν ὁ τόπος ὄπου δεῖ προσπυνεῖν. Λέγει αὐτῇ ὁ Ἰμσοῦς, Γύναι, πίστευσόν μοι, ὅτι ἔρχεται ὤρα, ὄτε οὐτε ἐν τῷ ὄρει τούτῳ οὔτε ἐν Ἰεροσολύμοις προσϰυνήσετε τῷ πατρὶ.

Ὑμεῖς προσϰυνεῖτε ὄ οὐϰ οἴδατε· ἡμεῖς προσϰυνοῦμεν ὄ οἴδαμεν· ὅτι ἡ σωτηριά ἐϰ τῶν Ἰουδαιων· ἐστιν.

Ἀλλὰ ἔρχεται ὤρα, ϰαὶ νῦν ἐστιν, ὄτε οἱ ἀλμθινοι προσϰυνηται προσϰυνήσουσι τῷ πατρί ἐν πνεύματι ϰαὶ ἀληθεία· ϰαὶ ἀληθεία· ϰαὶ γὰρ ὁ πατήρ τοιούτους ζυτεῖ τοῦς προσϰυνσῦντας αὐτόν.

Πνεῦμα ὁ θεός· ϰαὶ τοῦς παοσϰυνοῦντας αὐτόν ἐν πνεύματι ϰαὶ ἀλμθεῖα δεῖ προσϰυνεῖν.

Λέγει αὐτῷ ἡ γυνή. Οἶδα ὅτι Μεσσίας ἔρχεται, ὁ λεγόμενος χριστός ὅταν ἐλθῃ ἐϰεῖνος, ἀναγγελεῖ ᾑμῖν πάντα.


Jean, iv, 19. La femme lui dit : Seigneur ! je vois que tu es un prophète. La femme lui dit : Je vois, Seigneur, que tu es un prophète.
20. Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous dites, vous autres, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. Nos pères ont adoré Dieu sur cette montagne, et vous dites que Jérusalem est le lieu où il faut l’adorer.
21. Jésus lui dit : Femme, crois-moi ; le temps vient que vous n’adorerez plus le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem. Jésus lui dit : Femme, crois-moi, le temps vient que vous n’adorerez Dieu ni sur cette montagne, ni à Jérusalem.
22. Vous adorez ce que vous ne connaissez point ; pour nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Vous adorez celui que vous ne connaissez pas : nous, nous adorons celui que nous connaissons.
23. Mais le temps vient, et il est déjà venu, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car le Père demande de tels adorateurs. Mais le temps vient, et il est déjà venu, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et par les actes, car le Père demande de tels adorateurs.
24. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. Dieu est esprit, et il faut l’adorer en esprit et par les actes 1).
25. Cette femme lui répondit : Je sais que le Messie (c’est-à-dire le Christ) doit venir ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses. Et la femme lui dit : Je sais que viendra le Messie, appelé élu de Dieu ; quand il sera venu il nous annoncera tout.

Remarques.

1) Ἀληθεία, je traduis par les actes. En effet, dans plusieurs passages du Nouveau Testament il a cette signification, et ici il semble plutôt indiquer l’opposition de l’adoration extérieure aux actes. En outre « la vérité » et « l’esprit » serait un pléonasme.


Λέγει αὐτῄ ὁ Ἰησοῦς· Ἐγω εἰμι, ὁ λαλῶν σοι.


Jean, iv, 26. Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle. Et Jésus lui dit : Moi, qui te parle, je le suis.

Les versets 27-42, à l’exception des versets 32-38, qui seront cités en leur lieu, contiennent des détails oiseux, qui n’ont pas d’importance générale.


SENS GÉNÉRAL DE L’ENTRETIEN DE JÉSUS AVEC LA SAMARITAINE

Jésus, en prêchant le royaume de Dieu, qui consiste en l’amour des hommes les uns envers les autres parcourt les bourgs et les villages. Un jour, étant entré dans le pays de Samarie, hostile aux Juifs, il demande à boire à une femme samaritaine.

La femme, sous prétexte qu’il était Juif et elle Samaritaine, lui refuse le plus simple témoignage de l’amour.

Dans l’explication de ce passage, on oublie ordinairement le refus de la femme à donner de l’eau, c’est cependant ce qui permet de comprendre tout ce passage.

La femme dit que les Juifs ne peuvent pas avoir de communication avec les Samaritains, et que, par conséquent, elle ne lui donnera pas à boire. À cela, Jésus répond qu’en agissant ainsi elle se prive de l’eau vivante : la communion d’amour avec les hommes, cela même qui donne la vraie vie. Il lui dit que non seulement il ne lui répugne pas d’accepter à boire de sa part, mais qu’il est prêt à lui apprendre, comme à tous les hommes, cette rénovation qui donnera la véritable vie.

À cette objection qu’il ne peut faire cela, parce que les Juifs ont leur dieu, et que les Samaritains ont le leur, qu’ils adorent en un certain lieu, Jésus répond, comme s’il voulait expliquer la destruction du temple : « Le temps est venu d’adorer Dieu non ici ou là, mais partout, parce qu’il faut adorer non ce Dieu que nous ne connaissons pas, mais celui que nous connaissons comme le fils connaît son père. »

En un mot, il répète ce qui est dit dans l’Introduction : que personne n’a vu Dieu, que c’est le fils seulement qui le manifeste, et ce qui est dit dans l’entretien avec Nicodème : « Nous parlons de ce que nous connaissons et voyons, mais ce n’est que le fils, qui est descendu du ciel, qui a manifesté Dieu » ; et, en parlant de Dieu, il l’appelle Père. Exprimant la pensée de l’Introduction, où il est dit que la doctrine de Jésus est la doctrine du bien, il dit que le Père demande partout des adorateurs, qui l’adorent par leurs actes et en esprit, parce que Dieu est esprit.


SUR LA PURIFICATION PAR L’ESPRIT ET SUR LA VÉRITABLE ADORATION DE DIEU

Μετὰ ταῦτὰ ἦλθεν ὁ Ἰησοῦς ϰαὶ οἱ μαθηταί αὐτοῦ εἰς τῂν Ἰουδαῖας γῆν· ϰαὶ ἐϰεῖ διέτριβε μετ’ αὐτῶν, ϰαὶ ἐβάπτιζεν.

Ἦν δὲ ϰαὶ Ἰωάννης βαπτιζων ἐν Αἰνών ἐγγύς τοῦ Σαλείμ ὅτι ὕδατα πολλὰ ἦν ἐϰεῖ· ϰαὶ παρεγίνοντο, ϰαὶ ἐβαπτίζοντο·

Οὕπω γὰρ ἦν βεβλημένος εἰς τὴν φυλαϰήν ὁ Ἰωάννης.

Ἐγένετο οὖν ζήτεσις ἐϰ τῶν μαθητῶν Ἰωάννου μετὰ Ἰουδαίων περὶ ϰαθαρισμοῦ.

Καὶ ἦλθον πρὸς τὸν Ἰωάννην ϰαὶ εἶπον αὐτῷ· Ῥαββί, ὄς ἦν μετὰ σοῦ πέραν τοῦ Ἰορδάνου, ᾦ σὺ μεμαρτύρηϰας, ἴδε οὖτος βαπτίζει ϰαὶ πάντες ἔρχονται πρὸς αὐτόν Ἀπεϰρίθη Ἰωάννης ϰαὶ εἶπεν’ Οὐ δύναται ἄνθρωπος λαμβάνειν οὐδέν, ἐὰν μὴ ᾖ δεδομένον αὐτῷ ἐϰ τοῦ οὐρανοῦ.

Ὁ ἄνωθεν ἐρχόμενος, ἐπάνω πάντων ἐστὶν· ὁ ὢν ἐϰ τῆς γῆς, ἐϰ τῆς γῆς ἐστι. ϰαὶ ἐϰ τῆς γῆς λαλεῖ. ὁ ἐϰ τοῦ οὐρανοῦ ἐρχόμενος, ἐπάνω πάντων ἐστὶν.

Ὂν γὰρ ἀπέστειλεν ὁ θεὸς, τὰ ῥῄματα τοῦ θεοῦ λαλεῖ.

Καὶ ὄ ἔώρσϰε ϰαὶ ἤϰουσε, τοῦτο μαρτυρεῖ· ϰαὶ τὴν μαρτυρίαν· αὐτοῦ οὐδεὶς λαμβάνει.

Ὁ λαβών αὐτοῦ τὴν μαρτυρίαν, ἐσφράγισεν ὅτι ὁ θεός ἀληθής ἐστιν.

Οὐ γὰρ ἐϰ μέτρου δίδωσιν ὁ θεός τὸ πνεῦμα.


Jean, iii, 22. Après cela, Jésus s’en alla en Judée avec ses disciples ; et il y demeura avec eux et il y baptisait. Après cela Jésus s’en alla en terre judaïque, avec ses disciples, et là il demeura avec eux et y purifia.
23. Et Jean baptisait aussi à Énon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau, et on y allait pour être baptisé ; Jean purifiait aussi à Énon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau, et l’on y venait pour être purifié.
24. Car Jean n’avait pas encore été mis en prison. Car Jean n’avait pas encore été mis en prison.
25. Or, il y eut une dispute des disciples de Jean avec les Juifs touchant le baptême. Or, une dispute s’éleva entre les disciples de Jean et un Juif à propos de la purification.
26. Et ils vinrent à Jean, et lui dirent : Maître, celui qui était avec toi, au delà du Jourdain, auquel tu as rendu témoignage, le voici qui baptise, et tous vont à lui. Et ils vinrent à Jean et lui dirent : Maître ! Celui qui était avec toi au Jourdain, et auquel tu as rendu témoignage, lui aussi purifie, et tous vont à lui.
27. Jean leur répondit : Personne ne peut rien recevoir, s’il ne lui a été donné du ciel. Jean leur répondit : L’homme ne peut rien prendre sur soi s’il n’est instruit par Dieu.
31. Celui qui est venu d’en haut est au-dessus de tous ; celui qui est venu de la terre est de la terre ; celui qui est venu du ciel est au-dessus de tous. Celui qui est d’en haut est supérieur à tous ; celui qui est de la terre appartient à la terre et parle de la terre.
34. Car celui que Dieu a envoyé annonce les paroles de Dieu. Celui qui est inspiré par Dieu, prononce les paroles de Dieu.
32. Et il rend témoignage de ce qu’il a vu et entendu, mais personne ne reçoit son témoignage. Et ce qu’il a compris, il le prouve, mais personne n’accepte ses preuves.
33. Celui qui a reçu son témoignage a scellé que Dieu est véritable. Et celui qui accepte ses preuves, celui-là confirme que Dieu est la vérité.

34. Parce que Dieu ne lui donne pas l’esprit par mesure. Parce qu’on ne peut pas mesurer 1) l’esprit de Dieu.

Remarques.

1) Dans quelques manuscrits le verset 34 est ainsi rédigé : « Dieu est l’esprit ».


Ὁ πατήρ ἀγαπᾷ τὸν υἱόν, ϰαὶ πάντα δέδωϰεν ἐν τῇ χειρὶ αὐτοῦ.

Ὁ πιστεύων εἰς τὸν υἱόν, ἔχει ζωήν αἰώνιον· ὁ δὲ ἀπειθῶν τῷ υἱῷ, οὐϰ ὄψεται ξωήν, ἀλλ' ἡ ὀργή τοῦ θεοῦ μένει ἐπ' αὐτόν.


Jean, iii, 35. Le Père aime le fils et lui a donné toutes choses entre les mains. Parce que le Père aime son Fils et lui a tout donné en son pouvoir.
36. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; et celui qui ne croit pas au Fils est contre Dieu 1).

Remarques.

1) Ces deux versets sont la répétition de la pensée exprimée plus loin ; leur place n’est donc point ici.

Jean a déclaré auparavant que la vraie purification est la purification par l’esprit. Puis Jésus paraît, et détruit toutes les formes extérieures et purifie sans le temple et même sans eau. Alors naît le doute : quelle purification est la vraie ? Et les disciples de Jean discutent sur ce sujet avec un Juif et viennent trouver Jean pour l’interroger. Jean répète ce qu’il a dit auparavant : que la purification principale c’est la purification par l’esprit, et qu’elle ne peut être expliquée par les paroles. Jésus prononce-t-il vraiment les paroles de Dieu ? Jean dit que personne ne le peut définir, qu’il ne peut exister de preuves que ce sont les paroles de Dieu. La seule preuve c’est que l’homme les accepte, car on ne peut appliquer de mesure à la manifestation de l’esprit.


Καὶ φήμν ἐξῆλθε ϰαθ’ ὅλης τῇς περιχώρου περὶ αὐτοῦ.

Ἐν δὲ τῷ λαλῆσαι, ἠρωτᾷ αὐτόν Φαρισαῖός τις ὅπως ἀριστήση παρ’ αὐτῷ· εἰσελάων δὲ θνέπεσεν.

Ὁ δὲ Φαρισαῖος ἰδών ἐθαύμασεν ὅτι οὐ πρῶτον ἐβαπίσθη πρὸ τοῦ ἀρίστου.

Εἶπε δὲ ὁ Κύριος πρὸς αὐτόν· Νῦν ὑμεῖς οἱ Φαριαῖοι τὸ ἔξωθεν τοῦ ποτηρίου ϰαὶ τοῦ πίναϰος ϰαθαρίζετε, τὸ δὲ ἔσωθεν ὑμῶν γέμει ἀρπαγῆς ϰαὶ πονηρίας.

Ἄφρονες, οὐχ ὁ ποιήσας τὸ ἔξωδεν ϰαὶ τὸ ἐσωθεν ἐποίῃσε. Πλήν τὰ ἐνόντα δότε ἐλεημοσυνην· ϰαὶ ἰδού, πάντα ϰαθαρά ὑμῖν ἐστιν.

Οὐϰ ἐλήλυθα ϰαλέσαι διϰαίους, ἀλλά ἀμαρτωλούς εἰς μετάνοιαν.

Καὶ ἰδοῦ, γυνή ἐν τῇ πόλει, ἥτις ἦν ἀμαρτωλός, ἐπιγνοῦσα ὅτι ἀνάϰειται ἐν τῇ οἰϰία τοῦ Φαρισαῖου, ϰομισασα ἀλάβαστρον μύρου.

Καὶ πᾶσα παρά τούς πόδας αὐτοῦ ὀπίσω, ϰλαίουσα, ἤρξατο βρέχειν τοὺς πόδας αὐτοῦ τοῖς δάϰρυσι, ϰαὶ ταῖς θριξί τῆς ϰεφαλῆς αὐτῇς ἐξέμασσε, ϰαὶ ϰατεφίλει τοὺς πόδας αὐτοῦ, ϰαὶ ἤλειφε τῷ μύρῳ.

Ἰδών δὲ ὁ Φαρισαῖος ὁ ϰαλέσας αὐτὸν, εἶπεν ἐν ἑαυτῷ, λέγων· Οὖτος, εἰ ἦν προφήτης, ἐγίνωσϰεν ἄν τὶς ϰαὶ ποταπὴ ᾖ γυνή, ἤτις ἅπτεται αὐτοῦ· ὅτι ἀμαρτωλός ἐστι.

Καὶ ἀποϰριθείς ὁ Ἰησοῦς, εἶπε πρὸς αὐτόν· Σίμων, ἕχω σοὶ τι εἰπεῖν. Ὁ δὲ φησί.

Διδάσϰαλε, εἰπέ.

Δύο χρεωφιλέται ἦσαν δανεστῇ τινι· ὁ εἶς ὤφειλε δηνάρια πενταϰόσια, ὁ δὲ ἔτερος πεντήϰοντα.

Μὴ ἐχοντων δὲ αὐτῶν ἀποδοῦναι, ἀμφοτέροις ἐχαρίσατο· τὶς οὖν αὐτῶν, εἰπὲ, πλεῖον αὐτὸν ἀγαπήσει ;

Ἀποϰριθείς δὲ ὁ Σίμων, εἶπεν. Ὑπολαμβάνω, ὅτι ᾦ τὸ πλεῖον ἐχαρισατο. Ὁ δὲ εἶπεν αὐτῷ· Ὀρθῶς ἔϰρινας.

Καὶ στραφεὶς πρὸς τὴν γυναῖϰα, τῷ Σίμωνι ἐφη· Βλέπεις ταύτην τήν γυναῖϰα ; εἰσῆλθόν σου εἰς τὴς οἰϰιαν, ὕδωρ ἐπὶ τοὺς πόδας μου οὐϰ ἔδωϰας· αὔτη δὲ τοῖς δάϰρυσιν ἐβρεξέ μου τοὺς πόδας, καὶ ταῖς θριξὶ τῆς ϰεφαλῆς αὐτῆς ἐξέμαξε.

Φίλημά μοι οὐϰ ἔδωχας· αὒτη δὲ, ἀφ’ ἦς εἰσῆλθον, οὐ διέλεπε ϰαταφιλοῦσά μου τοὺς μόδας.

Ἐλαιῳ τὴν ϰεφαλήν μου οὐϰ ᾔλειψας· αὐτη δὲ μύρῳ ἤλειψέ μου τοὺς πόδας.

Οὖ χάριν, λέγω σοι, ἀρέωνται αἱ ἀμαρτίαι αὐτῆς αἱ πολλαὶ· ὅτι ἠγάπησε πολύ· ᾦ δὲ ὀλίγον ἀφίεται, ὀλίγον ἀγαπᾷ.

Εἶπε δὲ αὐτῇ· Ἀφέωνται σου αἱ ἀμαρτίαι.

Καὶ ἤρξαντο οἱ συνααϰείμενοι λέγειν ἐν ἑαυτοῖς· Τὶς οὖτός ἐστιν ὄς ϰαὶ ἀμαρτιάς ἀφίησιν ;

Εἰπὲ δὲ πρὸς τὴς γυναῖκα· Ἡ πίστις σου σέσωϰε σε· πορεύου εἰς εἰρήνην.


Luc, iv, 14. Et sa réputation courut par tout le pays d’alentour. … Et par tout le pays des bruits couraient sur lui.
Luc, xi, 37. Comme il parlait, un pharisien le pria à diner chez lui, et Jésus y entra et se mit à table. Après cela, un orthodoxe s’approcha de lui et l’invita à dîner chez lui.
38. Mais le pharisien s’étonna de ce qu’il vit qu’il ne s’était pas lavé les mains avant le dîner. Mais l’orthodoxe, ayant remarqué que Jésus ne se lavait pas avant le repas, s’en étonna.

39. (Matth., xxiii, 25). Et le Seigneur lui dit : Vous autres, pharisiens, tous nettoyez le dehors de la coupe et du plat ; mais au dedans vous êtes pleins de rapine et de méchanceté. Et Jésus lui dit : Vous autres, orthodoxes, vous lavez l’extérieur des coupes et des plats, mais au dedans de vous fermentent la rapine et le mensonge.
40. (Matth., xxiii, 26). Insensés ! Celui qui a fait le dehors n’a-t-il pas fait aussi le dedans ? Insensés que vous êtes ! Celui qui a fait le dehors a fait aussi le dedans.
41. Mais plutôt donnez en aumônes ce que vous avez, et toutes choses vous seront pures. Soyez miséricordieux à l’intérieur et vous verrez que tout, chez vous, sera pur.
Luc, v, 32. Je suis venu pour appeler à la repentance, non les justes, mais les pécheurs. Car je suis venu ici pour appeler à la rénovation non les justes mais les mécréants.
Luc, vii, 37. Et une femme de la ville, qui était de mauvaise vie, ayant su qu’il était à table dans la maison du pharisien, y apporta un vase d’albâtre plein d’une huile odoriférante. Et voici qu’une femme de la ville (elle était impie), ayant su que Jésus était dans la maison de l’orthodoxe, y vint apportant des vases d’huile.
38. Et se tenant derrière, aux pieds de Jésus, elle se mit à pleurer : elle lui arrosait les pieds de ses larmes, et les essuyait avec ses cheveux ; elle lui baisait les pieds, et elle les oignait avec cette huile. Et, se tenant derrière, aux pieds de Jésus, elle se mit à pleurer ; elle lui arrosait les pieds de ses larmes, les essuyait de ses cheveux et les oignait d’huile.
39. Le pharisien qui l’avait convié, voyant cela, dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il saurait sans doute qui est cette femme qui le touche, et qu’elle est de mauvaise vie. L’orthodoxe qui l’avait convié, voyant cela, pensa : S’il était un vrai maître, il saurait qui est cette femme qui le touche.

40. Alors Jésus, prenant la parole, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à te dire. Et il dit : Maître ! dis-le. Et se tournant vers lui, Jésus lui dit : Simon, veux-tu que je te dise quelque chose ? Celui-ci dit : Parle, maître.
41. Un créancier avait deux débiteurs, dont l’un lui devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante ; Un maître avait deux débiteurs ; l’un lui devait cinq cents deniers, l’autre cinquante.
42. Et comme il n’avait pas de quoi payer, il leur quitta à tous deux leur dette. Dis-moi donc lequel des deux l’aimera le plus. Et comme ni l’un ni l’autre n’avaient de quoi payer : le maître les en tint quittes tous les deux. Mais lequel des deux, dis-moi, aimera le plus le maître ?
43. Simon lui répondit : J’estime que c’est celui à qui il a le plus quitté. Jésus lui dit : Tu as fort bien jugé. Simon répondit : C’est évidemment celui à qui il a le plus abandonné. Jésus lui dit : Ton raisonnement est juste.
44. Alors, se tournant vers la femme, il dit à Simon : Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans la maison, et tu ne m’as point donné d’eau pour me laver les pieds ; mais elle a arrosé mes pieds de larmes, et les a essuyés avec ses cheveux. Alors, indiquant la femme, il dit à Simon : Eh bien, je suis venu chez toi, dans ta maison, et tu ne m’as point donné d’eau pour me laver les pieds ; et elle a arrosé mes pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux.
43. Tu ne m’as point donné de baiser ; mais, elle, depuis que je suis entré, n’a cessé de me baiser les pieds. Tu ne m’as point embrassé quand je suis entré, et elle n’a cessé de me baiser les pieds.
46. Tu n’as point oint ma tête d’huile ; mais elle a oint mes pieds d’une huile odoriférante. Tu ne m’as point donné d’huile pour oindre ma tête ; tandis qu’elle oint mes pieds d’une huile précieuse.
47. C’est pourquoi je te dis que ses péchés, qui sont en grand nombre, lui sont pardonnés ; et c’est à cause de cela qu’elle a beaucoup aimé ; mais celui à qui on pardonne moins aime moins. C’est pourquoi je te dis qu’elle s’est débarrassée de ses fautes, grandes et petites, parce qu’elle aime beaucoup ; et celui à qui il n’y a pas beaucoup à pardonner, celui-là aime peu 1).

48. Puis il dit à la femme : Tes péchés te sont pardonnés. Et il lui dit : Oui, toutes tes erreurs sont rachetées.
49. Et ceux qui étaient à table avec lui se prirent à dire entre eux : Qui est celui-ci qui même pardonne les péchés ? Et ceux qui étaient assis avec lui commençaient à se dire entre eux : Mais qui est-il, qui délivre les erreurs ?
50. Mais il dit à la femme : Ta foi t’a sauvée ; va en paix. Et il dit à la femme : Ta foi t’a sauvée. Va et que la paix soit avec toi.

Remarques.

1) Selon moi le verset 47 doit être rédigé ainsi : ὅτι doit précéder non ἠγάπησε mais λέγω σοι. Et alors la traduction sera la suivante. C’est pourquoi je te dis, que beaucoup de péchés lui sont pardonnés, parce qu’elle aime beaucoup. Et celui à qui il y a peu à pardonner, celui-là aime peu.


Il ne plaît pas au pharisien que la femme adultère touche le maître. Jésus dit : Un maître avait deux débiteurs ; à l’un il a fait grâce de peu, à l’autre, de beaucoup ; comment donc celui à qui il a beaucoup remis n’exprimerait-il pas sa reconnaissance ? Ces débiteurs sont devant moi, et devant tous les hommes, devant Dieu — toi et cette femme adultère. Tu crois que tu n’as rien à te faire pardonner et tu ne montres pas un amour particulier. Elle, se juge coupable envers tous et envers moi et envers toi. Tu penses qu’on ne peut même admettre qu’elle me touche. Et moi je ne l’ai pas chassée ; et de même que tu ne m’as point répugné en entrant dans ta maison, de même, elle ne m’a pas répugné. C’est pourquoi elle m’exprime son amour. (Elle m’exprime son amour parce que je ne lui ai pas reproché ses péchés). Elle a beaucoup de péchés et elle exprime un grand amour. Toi, tu as peu de péchés et tu témoignes peu d’amour, et il te sera peu pardonné. Mais à elle, il sera pardonné ; parce qu’elle se croit pécheresse, elle est sauvée du péché.


Ἄνθρωποι δύο ἀνέβησαν εἰς τὸ ἱερόν προσεύξασθαι· ὁ εἶς Φαρισαῖος, ϰαὶ ὁ ἕτερος τελώνς.

Ὁ Φαρισαῖος σταθείς πρὸς ἑαυτόν ταῦτα προσηύχετο· Ὁ Θεὸς εὐχαριστῶ σοὶ, ὅτι οὐϰ εἰμὶ ὤσπερ οἱ λοιποὶ τῶν ἀνθρώπων ἄρπαγες, ἄδιϰοι, μοιχοί, ἤ ϰαὶ ὡς οὖτος ὁ τελώνης.

Νηστεύω δὶς τοῦ σαββάτου ἀποδεϰατῶ πάντα ὅσα ϰτῶμαι.

Καὶ ὁ τελώνης μαϰρόθεν ἐστώς οὐϰ ἥθελεν οὐδέ τοὺς ὀφθαλμοὺς εἰς τὸν οὐρανόν ἐπᾶραι· ἀλλ' ἔτυπτεν εἰς τὸ στῆθος αὐτοῦ, λέγων.

Ὁ Θεός, ἱλάσθητί μοι τῷ ἀμαρτωλῷ.

Λέγω ὑμῖν, ϰατέβη οὖτος δεδιϰαιωμένος εἰς τὸν οἶϰον αὐτοῦ, ἤ ἐϰεῖνος· ὅτι πᾶς ὁ ὑψῶν ἑαυτὸν ταπεινωθήσεται· ὁ δὲ ταπεινῶν ἑαυτόν ὑψωθήσεται.


Luc, xviii, 10. Deux hommes montèrent au temple pour prier : l’un était pharisien et l’autre péager. Et Jésus lui dit : Deux hommes entrèrent dans le temple pour prier : l’un orthodoxe, l’autre infidèle.
11. Le pharisien, se tenant debout, pensait ainsi en lui-même : Ô Dieu ! Je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ni même aussi comme ce péager. L’orthodoxe avait une haute opinion de soi, et il priait ainsi : Je te remercie, mon Dieu, de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, impie, fornicateur, que je ne suis pas tel que cet infidèle.

12. Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. Je jeûne deux fois la semaine et je donne la dîme de tout ce que je reçois.
13. Mais le péager, se tenant éloigné, n’osait pas même lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine en disant : Ô Dieu ! sois apaisé envers moi qui suis pécheur ! L’infidèle se tenait éloigné et n’osait pas même lever les yeux au ciel. Il se frappait la poitrine et disait : Seigneur, regarde moi, repentant.
14. Je vous déclare que celui-ci s’en retourna justifié dans sa maison, préférablement à l’autre ; car quiconque s’élève sera abaissé et quiconque s’abaisse sera élevé. Et je vous le dis : l’infidèle s’en retournera plus justifié que l’orthodoxe ; car celui qui s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé.


L’orthodoxe ne croyait pas qu’il eût besoin d’être délivré, c’est pourquoi il ne pouvait l’être. L’infidèle désirait se débarrasser de ses erreurs, il les reconnaissait, c’est pourquoi il en était débarrassé.


Τότε προσέρχονται αὐτῷ οἱ μαθηταί Ἰωάννου, λέγοντες· Διατί ἡμεῖς ϰαὶ οἱ Φαρισαῖοι νηστεύομεν πολλὰ, οἱ δὲ μαθηταί σου οὐ νηστεύουσις ;

Καὶ εἶπεν αὐτοῖς ὁ Ἰησοῦς· Μὴ δύνανται οἱ υἱοί τοῦ νυμφῶνος πενθεῖν, ἐφ’ ὅσον μετ’ αὐτῶν ἐστιν ὁ νυμφίος ; ἐλεύσονται δὲ ἡμέραι ὃταν ἀπαρθῇ αὐτῶν ἀπ’ αὐτῶν ὁ νυμφίος, ϰαὶ τότε νηστεύουσιν.


Matthieu, ix, 14. (Marc, ii, 18 ; Luc, v, 33). Alors les disciples de Jean vinrent à Jésus, et lui dirent : D’où vient que les Pharisiens et nous jeûnons souvent, et que tes disciples ne jeûnent point ? Alors les disciples de Jean vinrent le trouver et lui dirent : D’où vient que nous et les légistes jeûnons souvent, tandis que tes disciples ne jeûnent point ?

15. (Marc, ii, 19, 20 ; Luc, v, 34, 35). Et Jésus leur répondit : Les amis de l’époux peuvent-ils s’affliger pendant que l’époux est avec eux ?
Mais le temps viendra que l’époux leur sera ôté et alors ils jeûneront.
Et Jésus leur répondit : Les invités ne peuvent point s’affliger le jour de la noce, pendant que l’époux est avec eux. Quand l’époux ne sera plus là, c’est alors qu’ils jeûneront 1).

Remarques.

1) Les paroles sur l’époux sont obscures, car on n’explique pas ce qu’il faut entendre par « époux ». D’après la parabole des dix vierges, par le mot « époux » il faut entendre « la vie ». Si l’on attribue ici, au mot « époux » la signification de « vie », le sens du passage sera qu’il ne faut point s’attrister tant que la vie est en l’homme. On ne peut s’affliger et jeûner qu’alors qu’il n’y a plus de vie.


Ἔλεγε δὲ ϰαὶ παραβολὴν πρὸς αὐτοός· Ὅτι οὐδείς ἐπίβλημα ἱματίου ϰαινοῦ ἐπιβάλλει ἐπί ἱμάτιον παλαιόν· εἰ δὲ μήγε, ϰαὶ τὸ ϰαινὸν σχίμει, ϰαὶ τῷ παλαιῷ οὐ συμφωνεῖ τὸ ἐπιβλημα τὸ ἀπὸ τοῦ ϰαινοῦ.

Καὶ οὐδεὶς βάλλει οἶνον νέον εἰς ἀσϰούς παλαιούς· εἰ δὲ μήγε, ῥήξει ὁ νέος οἶνος τοὺς ἀσϰούς, ϰαὶ αὐτός ἐϰχυθήσεται, ϰαὶ οἱ ἀσϰοι ἀπολοῦνται.

Ἀλλά οἶνον νέον εἰς ἀσϰούς ϰαινούις βλητέον, ϰαὶ ἀμφότεροι συντηροῦνται.


Luc, v, 36. (Matthieu, ix, 16 ; Marc, ii, 21). Il leur dit aussi une similitude : Personne ne met une pièce d’un habit neuf à un vieil habit ; autrement ce qui est neuf déchirerait, et la pièce de drap neuf ne convient point au vieux. Personne ne déchirera un habit neuf pour mettre une pièce de l’habit neuf à un vieux ; car l’étoffe neuve serait trop forte et ne conviendrait pas au vieil habit.

37. (Matthieu, ix, 17 ; Marc, ii, 22). Personne aussi ne met le vin nouveau dans de vieux vaisseaux : autrement le vin nouveau romprait les vaisseaux et se répandrait, et les vaisseaux seraient perdus. De même on ne met pas le vin nouveau dans de vieux vaisseaux, autrement les vaisseaux se rompraient, le vin se répandrait et les vaisseaux seraient perdus.
38. (Matthieu, ix, 17 ; Marc, ii, 22). Mais le vin nouveau doit être mis dans des vaisseaux neufs ; et ainsi tous les deux se conservent. Mais le vin nouveau doit être mis dans des vaisseaux neufs et ainsi l’un et l’autre se conserveront.


Luc v, 39 n’est pas clair.

Luc iv, 33-37 ; Marc i, 23-28 ; Matthieu viii, 17-18 ; Marc i, 35-39 ; Luc iv, 42-44. Ces versets qui renferment la description de l’expulsion de l’esprit impur, les prédictions, la répétition de ce que Christ enseignait, et où il est dit que des bruits sur lui se répandaient, n’ont pas une grande signification et peuvent être omis.


LES BRUITS SUR CHRIST

Καὶ αὐτός ἐδίδασϰεν ἐν ταῖς συναγωγαῖς αὐτῶν, δοξαζόμενος ὑπὸ πάντων.

Καὶ ἦλθον ἔως αὐτοῦ, ϰαὶ ϰατεῖχον αὐτόν τοῦ μὴ πορεύεσθαι ἀπ’ αὐτῶν.

Ὁ δὲ εἶπε πρὸς αὐτούς. 'Ὁτι ϰαὶ ταῖς ἑτέραις πόλεσιν εὐαγγελίσασθαι με δεῖ τὴν βασιλείαν τοῦ θεοῦ· ὅτι εἰς τοῶτο ἀπέσταλμαι.

Ἴνα πληρωθῇ τὸ ῥηθέν διά Ἠσαῖου τοῦ προφήτου, λέγοντος·

Γῆ Ζαβουλών ϰαὶ γῆ Νεφθαλείμ, ὁδόν θαλάσσης πέραν τοῦ Ἰορδάνου, Γαλιλαία τῶν ἐθνῶν, ὁ λαὸς ὁ ϰαθήμενος ἐν σϰότει εἰδε φῶς μέγα, ϰαὶ τοῖς ϰαθημένοις ἐν χώρᾳ ϰαὶ σϰιᾷ θανάτου, φῶς ἀνέτειλεν αὐτοῖς.

Ὅπως πληρωθῇ τὸ ῥηθέν διά Ἡσαῖου τοῦ προφήτου, λέγοντος·

Ἰδοὺ ὁ παῖς μου, ὅν ᾑρέτισα· ὁ ἀγαπητός μου, εἰς ὄν εὐδόϰησεν ἡ ψυχή μου·

θήσω τὸ πνευμά μου ἐπ’ αὐτόν, ϰαὶ ϰρίσιν τοῖς ἔθνεσιν ἀπαγγέλεῖ.

Οὐϰ ἐρίσει, οὐδὲ ϰραυγάσει· οὐδὲ ἀϰούσει τις ἐν ταῖς πλατείαις τὴν φωνήν αὐτοῦ.

Κάλαμον συντετριμμένον οὐ ἀτεάξει, ϰαὶ λῖνον τυφόμενον οὐ σβέσει· ἔως ἀν ἐϰβάλῃ εἰς νῖϰος τὴν ϰρίσιν.

Καὶ ἐν τῷ ὀνόματι αὐτοῦ ἔθνη ἐλπιοῦσι.

Καὶ ὁ Ἰησοῦς ἀνεχώρησε μετὰ τῶν μαθητῶν αὐτοῦ πρὸς τὴν θάλασσαν· ϰαὶ πολὺ πλῆθος ἀπὸ τῆς Γαλιλαίας ἠϰολούθησαν αὐτῷ, ϰαὶ ἀπό τῆς Ἰουδαίας.

Καὶ ἀπὸ Ἱεροσολύμων, ϰαὶ ἀπὸ τῆς Ἰδομπαίας, ϰαὶ πέραν τοῦ Ἰορδάνου· ϰαὶ οἱ περὶ Τύρον ϰαὶ Σιδῶνα, πλῆθος πολὺ, ἀϰουσαντες ὄσα ἐποίει, ᾖλθον πρὸς αὐτὸν.

Καὶ πεσῆγεν ὁ Ἰησοῦς τὰς πόλεις πάσας ϰαὶ τὰς ϰώμας, διδάσϰων ἐν ταῖς συναγωγαῖς αὐτῶν, ϰαὶ ϰηρύσσων τὸ εὐαγγέλιον τῆς βασιλείας.


Luc, iv, 15. Car il enseignait dans leurs synagogues, et il était honoré de tout le monde. Et il enseignait dans les réunions et était honoré de tous.
42. Et une multitude de gens qui le cherchaient vinrent au lieu où il était, et ils voulaient le retenir afin qu’il ne les quittât pas. Le peuple le retenait pour qu’il ne s’en allât pas.
43. Mais il leur dit : Il faut que j’annonce aussi le règne de Dieu aux autres villes ; car c’est pour cela que j’ai été envoyé. Mais il leur dit : Il faut que j’annonce aussi le vrai bonheur aux autres : c’est à cela que je suis destiné.

Matthieu, iv, 14. En sorte que ce qui avait été dit par Ésaïe le prophète fut accompli. Et la parole du prophète Ésaïe s’est accomplie.
15. Le pays de Zabulon et de Nephthali, le pays qui est sur le chemin de la mer, au delà du Jourdain, la Galilée des gentils, Dans le pays païen le peuple marchait dans les ténèbres : et ce peuple a vu une grande lumière.
16. Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière ; et la lumière s’est élevée sur ceux qui étaient assis dans la région et dans l’ombre de la mort. (Ésaïe, ix, 1, 2.) Pour ceux qui vivaient dans les ténèbres de la mort, une nouvelle lumière brilla.
Matthieu, xii, 17. De sorte que ce qui avait été dit par Ésaïe le prophète fut accompli : De sorte que se réalisa une autre parole du prophète Ésaïe.
18. Voici mon serviteur que j’ai élu, mon bien-aimé en qui mon âme a mis toute son affection ; je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera la justice aux nations. Voici mon enfant que j’aime, mon bien-aimé, qui réjouit mon âme. J’ai mis en lui mon esprit pour qu’il annonce aux peuples la vérité.
19. Il ne contestera point, et ne criera point, et on n’entendra point sa voix dans les places. Il ne conteste point, ne crie pas ; on n’entend point sa voix sur les places.
20. Il ne rompra pas tout à fait le roseau froissé, et il n’éteindra pas le lumignon qui fume encore, jusqu’à ce qu’il ait rendu la justice victorieuse. Il ne rompra point le roseau froissé, et ne soufflera point la lumière mourante, pour que la vérité triomphe du mensonge.
21. Et les nations espéreront en son nom. C’est en lui qu’est tout l’espoir des hommes.
Marc, iii, 7. Alors Jésus se retira avec ses disciples vers la mer, et une grande multitude du peuple le suivait de la Galilée, de la Judée. Après, Jésus se retira vers la mer ; une grande multitude de peuple le suivait de la Galilée, de la Judée.

8. De Jérusalem, de l’Idumée, et de delà du Jourdain. Et ceux des environs de Tyr et de Sidon, ayant entendu parler des grandes choses qu’il faisait, vinrent à lui en grand nombre. De Jérusalem, de l’Idumée et du Jourdain. Les gens de Tyr et de Sidon le suivaient.
Matthieu, ix, 35. Et Jésus allait par toutes les villes et par toutes les bourgades, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’évangile du règne de Dieu. Et il traversait les villes et les bourgades, annonçant dans les réunions le vrai bien du royaume de Dieu.


LE NOUVEAU CULTE DE DIEU PAR L’ESPRIT ET LES ACTES
LA NÉGATION DU DIEU JUIF
(Sens général du chapitre ii.)

Et à tous les hommes Jésus montrait que l’ancien culte de Dieu est mensonge et qu’il faut honorer Dieu par les actes et l’amour des hommes.

Il lui arriva de traverser les champs, avec ses disciples, un jour de sabbat. Chemin faisant ses disciples arrachèrent des épis de blé, les froissèrent entre leurs mains et mangèrent les grains.

Les pharisiens et les péagers, l’ayant vu, dirent : On ne peut faire cela le jour du sabbat. Le jour du sabbat on ne peut pas travailler, et vous arrachez des épis de blé. Jésus les ayant entendus leur dit : « Si vous compreniez ce que signifient les paroles de Dieu au prophète : « Je me réjouis de l’amour des hommes les uns pour les autres et non des sacrifices qu’ils m’apportent », vous ne condamneriez pas des innocents. Le sabbat a été institué non par Dieu mais par les hommes, donc l’homme est plus important que le sabbat. »

Une autre fois, également un jour de sabbat, comme Jésus enseignait dans une réunion, une femme malade s’approcha de lui et le pria de la guérir. Et Jésus la guérit. Alors un légiste, le chef de l’assemblée blâma Jésus pour cet acte et dit au peuple : « Dans la loi de Dieu il est dit : il y a six jours dans la semaine pour travailler, et le septième Dieu n’a pas ordonné de travailler. » À cela Jésus demande aux légistes et aux pharisiens : « Ainsi, selon vous, on ne peut pas même secourir un homme le jour du sabbat ? » Et ils ne savent que répondre. Alors Jésus leur dit : Chacun de vous ne détache-il pas le bétail et ne le mène-t-il pas à l’abreuvoir le jour du sabbat ? et si sa brebis tombe dans un puits, ne court-il pas et n’essaie-t-il pas de l’en tirer même le jour du sabbat ? Or l’homme vaut beaucoup mieux que les brebis. Et vous dites qu’on ne peut pas secourir un homme le jour du sabbat. Que vous faut-il donc faire le jour du sabbat : le mal ou le bien ? Sauver l'âme ou la perdre ? Il faut faire le bien toujours, même le jour du sabbat. »

Des pharisiens et des légistes vinrent de Jérusalem trouver Jésus, et ils virent que lui et ses disciples mangeaient sans s’être lavé les mains. Les légistes se mirent à l’en blâmer, car eux-mêmes se conformaient strictement aux prescriptions anciennes pour laver les coupes et les plats d’une certaine façon ; et si la vaisselle n’était pas lavée de cette façon ils ne mangeaient point, de même ils ne mangeaient pas après le travail sans s’être lavé les mains. Et les légistes lui demandèrent :

« Pourquoi ne suivez-vous pas les prescriptions anciennes, et prenez-vous votre repas sans vous être lavé les mains ? »

Et il leur répondit :

« C’est précisément de vous que Dieu a dit par la bouche du prophète Ésaïe : « Parce que ce peuple ne me sert que par les paroles et ne m’honore que de la langue tandis que son cœur est loin de moi, et parce que sa crainte devant moi ne s’exprime que dans l’exécution des lois humaines qu’il a apprises par cœur, à cause de cela je ferai sur ce peuple un acte extraordinaire et la sagesse de ses sages périra et la raison de ses savants s’obscurcira. Malheur à ceux qui n’ont souci que de cacher leurs désirs à l’Éternel et qui font leurs affaires sans l’Éternel. » Ainsi vous abandonnez ce qui est important dans la loi, ce qui est le commandement de Dieu, et ne gardez que vos prescriptions concernant le lavage des vaisselles. Moïse vous a dit : Honore ton père et ta mère ; celui qui ne respectera pas son père et sa mère sera puni de mort. Et vous avez pensé que chacun peut dire : Je donne à Dieu ce que j’aurais donné à mes parents, donc je puis ne pas nourrir mon père et ma mère. Ainsi, avec les institutions humaines, vous détruisez les commandements de Dieu, et faites encore beaucoup de choses pareilles. »

Et Jésus rassemblant tout le peuple dit : « Écoutez tous et comprenez : Il n’y a rien au monde qui, rentrant en l’homme, puisse le souiller. Mais ce qui sort de lui, voilà ce qui souille l’homme. Qu’en votre âme soient l’amour et la miséricorde et alors tout sera pur. Tâchez de le comprendre. »

De retour chez lui, ses disciples lui demandèrent ce que signifiaient ces paroles. Et il leur dit : « N’avez-vous donc pas compris ? Est-ce que vous ne comprenez pas que tout ce qui est extérieur, qui vient de la chair, ne peut souiller l’homme, parce que cela rentre non en son âme mais dans son corps, et en sort. C’est ce qui sort de l’homme, de son âme, qui peut souiller l’homme, car de l’âme de l’homme sort le mal : la fornication, la lubricité, le meurtre, le vol, le lucre, la colère, le mensonge, l’audace, l’envie, la calomnie, l’orgueil et toutes les choses mauvaises. Tout ce mal sort de l’âme et souille l’homme. »

Jésus enseigne au peuple que la nouvelle vie est commencée et que Dieu est dans le monde, sur la terre. Il le dit à tous ses disciples ; il dit qu’il y a toujours communion entre l’homme et Dieu. Il l’enseigne à tous, et tous sont ravis de sa doctrine, parce qu’il n’enseigne point comme les légistes. Les légistes enseignent aux hommes qu’ils doivent obéir aux lois de Dieu, et lui enseigne aux hommes qu’ils sont libres.

Ensuite, comme la Pâque approchait, Jésus vint à Jérusalem. Il entra dans le temple. Dans le vestibule du temple il y avait du bétail : taureaux, brebis, agneaux, et des pigeons. Devant des tables étaient assis des changeurs. Tout cela était nécessaire pour l’exercice du culte divin. On tuait les animaux et on les donnait au temple ; on apportait aussi de l’argent dans le temple. C’était en cela que consistait la prière chez les Juifs. Jésus entra dans le temple, s’arma d’un fouet, chassa tout le bétail, laissa partir tous les pigeons, dispersa tout l’argent, et ne permit pas de porter rien de tout cela dans le temple.

Il disait : « Le prophète Ésaïe vous a dit : La maison de Dieu ce n’est pas le temple de Jérusalem, c’est tout le monde des hommes de Dieu. Et le prophète Jérémie vous a dit aussi : Ne croyez pas aux paroles mensongères et qu’ici est le royaume de l’Éternel ; ne croyez pas cela, mais changez votre vie : Ne jugez pas faussement, n’opprimez pas le mendiant, la veuve et l’orphelin, ne versez pas le sang innocent et ne venez pas dans la maison, au nom de Dieu et ne dites pas : Maintenant nous pouvons, la conscience tranquille, commettre des vilénies. Ne faites pas de ma maison un repaire de brigands. »

Et les Juifs discutaient et disaient : « Si tu interdis notre prière et notre culte de Dieu, quelle autre prière nous donneras-tu ? » Et Jésus leur dit : « Abandonnez ce temple et en trois jours je vous donnerai un nouveau temple, un temple vivant, le temple de Dieu. »

Alors les Juifs lui dirent. « Comment pourras-tu faire si vite un nouveau temple, quand il a fallu quarante-six ans pour construire celui-ci ? » Jésus leur répondit : « Je vous parle de ce qui est plus important que le temple. Vous ne parleriez pas ainsi si vous compreniez ce que signifient les paroles du prophète : Je suis Dieu ; je ne me réjouis pas de vos sacrifices, mais je me réjouis de votre amour les uns pour les autres ? Le temple vivant c’est tout le monde des hommes de Dieu quand ils s’aiment les uns les autres. »

À Jérusalem plusieurs crurent en ses paroles. Et lui-même ne se fiait pas à rien d’extérieur parce qu’il connaissait tout ce qui est en l’homme. Il n’avait point besoin que quelqu’un le renseignât sur l’homme, parce qu’il savait qu’en l’homme est l’esprit de Dieu.

Et les légistes et les anciens écoutaient tout cela et cherchaient le moyen de le perdre. Mais ils le craignaient car tout le peuple admirait sa doctrine.

Jésus alla de nouveau en Judée et en Galilée. Il devait traverser la Samarie. Il passa devant une ville de Samarie, Sichar, près de l’endroit que Jacob avait donné à son fils Joseph. Il y avait là le puits de Jacob. Fatigué de la route, Jésus s’assit près du puits, tandis que ses disciples allaient à la ville chercher du pain. De Sichar, une femme vint puiser de l’eau. Jésus lui demanda à boire. La femme lui dit : « Comment se fait-il que tu me demandes à boire, alors que vous autres Juifs ne voulez point avoir communication avec les Samaritains ? » Il lui répondit : « Si tu me connaissais et savais ce que j’enseigne, tu ne parlerais pas ainsi, mais tu me donnerais à boire. Moi je te donnerai l’eau vivante. Celui qui boira cette eau aura encore soif, tandis que celui qui boira l’eau que je lui donnerai sera désaltéré pour toujours ; et cette eau le conduira à la vie éternelle. »

La femme comprit qu’il parlait des choses célestes ; elle lui dit : « Je vois que tu es un prophète et que tu veux m’enseigner. Mais comment peux-tu m’enseigner des choses divines alors que tu es Juif et moi Samaritaine ? Les nôtres prient Dieu sur cette montagne, tandis que vous, les Juifs, vous dites qu’il faut prier à Jérusalem. Tu ne peux point m’enseigner les choses divines parce que vous avez un Dieu et nous un autre. »

Et Jésus lui dit : « Crois-moi, femme, le temps approche qu’on ne priera Dieu ni sur cette montagne ni à Jérusalem. Vous priez celui que vous ne connaissez pas, tandis que nous prions le Père, celui que nous ne pouvons point ne pas connaître. Et le temps approche, il est venu, où les vrais adorateurs de Dieu honoreront le Père en esprit et par les actes. C’est d’adorateurs pareils que le Père a besoin. Dieu est esprit, et il faut l’honorer par les actes et en esprit. » La femme ne comprit point ces paroles et dit : « J’ai entendu que viendra l’envoyé de Dieu, celui qu’on appelle l’oint, et alors, il nous apprendra tout. »

Et Jésus dit : « Moi qui te parle, je le suis. N’attends pas d’avantage. »

Ensuite Jésus revint en terre juive. Il vécut là avec ses disciples, y enseignant.

Pendant ce temps, Jean purifiait les hommes près de Salim, dans la rivière Énon ; car Jean n’était pas encore emprisonné. Et entre les disciples de Jean et ceux de Jésus éclata une discussion au sujet de ce qui valait le mieux : la purification de Jean par l’eau ou la doctrine de Jésus ? Ils vinrent donc trouver Jean et lui dirent : « Toi tu purifies par l’eau, Jésus ne fait qu’enseigner et tous viennent à lui, que diras-tu de lui ? » Jean leur répondit : « L’homme par lui-même ne peut rien enseigner, si Dieu ne l’assiste. Celui qui parle de Dieu est de Dieu. On ne peut prouver par rien si les paroles prononcées sont de Dieu ou non. Dieu est esprit ; on ne peut ni le mesurer ni le prouver. Celui qui comprend la parole de Dieu prouve par là qu’il a compris Dieu. »

Une fois Jésus vit un percepteur en train de recueillir les impôts. Ce percepteur s’appelait Matthieu. Jésus se mit à causer avec lui. Matthieu le comprit, l’invita dans sa demeure et lui fit les honneurs du repas. Comme Jésus était chez Matthieu il y vit aussi des amis du percepteur, d’autres percepteurs et des gens débauchés. Jésus ne s’en indigna point. Il prit place à table avec ses disciples. Mais des légistes et des Pharisiens l’ayant vu dirent à ses disciples : « Comment votre maître peut-il manger avec des percepteurs et des débauchés ? » Jésus entendit cela et dit : « Celui qui se vante de sa santé n’a pas besoin de médecin ; mais celui qui est malade en a besoin. C’est pourquoi je ne veux pas convertir ceux qui se croient justes, j’enseigne ceux qui pensent qu’ils vivent dans le péché. »

Puis un Pharisien vint le trouver et l’emmena dîner chez lui. Il entra et se mit à table. Le Pharisien remarqua qu’il ne se lavait pas les mains avant le repas et s’en étonna. Jésus lui dit : « Vous autres, Pharisiens, vous lavez ce qui est extérieur, mais l’intérieur est-il propre ? Sois bienveillant aux hommes et tout sera pur. »

Tandis qu’il était dans la maison du Pharisien, une femme débauchée, de la ville, y entra. Elle avait appris que Jésus était chez le pharisien, et elle venait là, apportant des parfums. Elle s’agenouilla aux pieds de Jésus, lui arrosa les pieds de ses larmes, les essuya avec ses cheveux et les oignit de parfums. Le Pharisien, voyant cela, pensa : « Il ne doit pas être prophète, car s’il était vraiment prophète, il saurait quelle est cette femme qui lui lave ainsi les pieds ; il saurait que c’est une débauchée et ne lui permettrait pas de le toucher. »

Jésus devina sa pensée, et se tournant vers lui, lui dit : — Veux-tu, Simon, que je te dise ma pensée ?

— Parle, répondit Simon.

Et Jésus dit :

« Deux hommes étaient débiteurs d’un maître. L’un devait 500 deniers, l’autre 50. Ni l’un ni l’autre ne pouvaient payer. Le maître les tint quittes tous les deux. Et bien, selon toi, lequel de ces deux hommes aimera le plus le maître et le soignera ? »

Simon répondit :

« Naturellement celui qui devait le plus. »

Alors Jésus, montrant la femme, dit :

« C’est comme toi et cette femme. Tu te considères comme devant peu, et elle comme devant beaucoup. Je suis venu dans la maison, tu ne m’as pas donné d’eau pour me laver les pieds ; elle lave mes pieds avec ses larmes et les essuie avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé, et elle embrasse mes pieds. Tu ne m’as pas donné d’huile pour oindre ma tête, et elle répand sur mes pieds des parfums précieux. Celui qui considère qu’il n’y a rien à lui pardonner, celui-là aime peu. Celui qui se croit très coupable, celui-là aime beaucoup. Et pour l’amour tout sera pardonné. »

Et il dit à la femme :

« Tes péchés te sont pardonnés ».

Jésus dit :

« Le principal est de savoir comment se considère chacun. Celui qui se trouve bon n’est pas bon ; celui qui se croit mauvais est bon. »

Et il leur raconta une parabole.

Une fois, deux hommes, un pharisien et un impie, entrèrent dans le temple pour prier. Le pharisien priait ainsi. « Seigneur je te remercie de ce que je ne suis pas comme les autres, ni avare, ni menteur, ni débauché, ni fripon comme ce percepteur. Je jeûne deux fois par semaine et donne la dîme de mes biens. » L’impie s’était mis à l’écart et n’osait regarder le ciel. Il ne faisait que se frapper la poitrine en disant : « Seigneur daigne jeter tes regards sur un misérable pécheur. » En vérité, il sera pardonné plus à l’impie qu’au pharisien, car celui qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé.

Après cela, les disciples de Jean vinrent trouver Jésus et lui dirent : Comment se fait-il que nous et les légistes jeûnions souvent, tandis que toi et tes disciples ne jeûnez point ? Et Jésus leur dit : Tant que l’époux est avec ceux de la noce, personne ne peut s’attrister ; ce n’est qu’après le départ de l’époux qu’ils pourront être tristes. S’il y a la vie, il ne faut pas s’attrister.

Jésus dit encore : « Personne n’arrachera un morceau d’un habit neuf pour en raccommoder un vieux ; car l’habit neuf serait gâté, et le vieux ne serait pas réparé. Ainsi nous ne pouvons pas accepter vos jeûnes. De même on ne peut mettre le vin nouveau dans de vieux fûts, car les vieux fûts éclateraient et le vin se répandrait. Mais il faut mettre le vin nouveau dans des fûts neufs et l’un et l’autre seront intacts ».

Et des bruits couraient sur Jésus ; et il était respecté de tous, de sorte que le peuple le retenait pour qu’il ne s’en allât pas. Mais il disait que ce n’était pas à une ville mais à tous les hommes qu’il était venu annoncer le bonheur.

Et il partit plus loin, en longeant la mer. Et beaucoup de gens le suivaient, des différentes villes, et il faisait du bien à tous. Il traversait les villes et les bourgades, annonçant partout le royaume de Dieu et débarrassant les hommes de la souffrance et du vice.

De sorte qu’avec Jésus-Christ se réalisaient les prophéties d’Ésaïe : que le peuple, qui vivait dans les ténèbres de la mort, a aperçu la lumière de la vie. Et que celui qui a apporté cette lumière ne fera aucune violence ni aucun tort aux hommes, qu’il est doux et pacifique ; que pour apporter la vérité dans le monde, il ne discute pas, ne crie point, qu’on n’entend pas les éclats de sa voix, qu’il ne brise pas même un roseau, qu’il ne souffle point la flamme de la veilleuse, mais que tout l’espoir des hommes est en lui.

  1. Les interprétations des Évangiles, par l’archevêque Mikhaïl, pp. 206, 207.
  2. Ibid., p. 209.
  3. Ibid., pp. 209, 210.
  4. Les interprétations des Évangiles, par l’archevêque Mikhaïl, p. 211.
  5. Archiprêtre Mikhaïl. Évangile selon Saint-Jean p. 72-75.
  6. Reuss. Bible Nouv. Test. Vol. II, p. 137-38.