Les Quarante Médaillons de l’Académie/16

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XVI

M. DE BARANTE

Arrivé dans la troupe des grues comme M. Vitet, en raison de toutes les commodités d’un temps jeune (le siècle commençait) et facile au talent, comme les jeunes gens le sont aux femmes ! Un manche à balai, habillé en femme, peut enflammer de très-petits jeunes gens. C’est l’histoire de M. de Barante. Il s’est fait toute une réputation avec un petit volume intitulé : Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle. C’était un tableautin très-sec, — bordé d’une critique pincée, nabote et pédante. Cela fut trouvé exquis et parut distingué et le paraît encore… en province. N’ayant pas de couleur, M. de Barante prit celle des autres. Il pilla Froissart. Il monta en croupe sur la mule de ce chanoine, et refit, en la modernisant, sa chronique. C’était essayer de démarquer ce beau linge flamand, ce beau surtout de table, en haute lisse, et ce fit l’effet d’une originalité aux ignorants. M. de Barante fut envoyé en Russie, ministre plénipotentiaire, quand Nicolas défendait à Louis-Philippe d’y envoyer un ambassadeur. Bien choisi pour être le plénipotentiaire de l’Impuissance ! Depuis le malheur et le fiacre de Louis-Philippe, M. de Barante s’est remis à écrire. Il a fait une Histoire de la Convention que ce grand nom de Convention ne peut tirer de l’obscurité. Plénipotentiaire en histoire, comme en Russie !