Les Quarante Médaillons de l’Académie/17

XVII

M. AMPÈRE

Il s’est donné la peine de naître. Fils d’un homme de génie, de ce fakir de la Science dans les cheveux duquel les hirondelles faisaient leur nid sans que son immense cerveau s’en aperçût, M. Ampère s’est trouvé aisément célèbre, ayant de toutes parts ces relations qui poussent plus un homme que le talent. Avant d’être M. Ampère par ses ouvrages, il était le fils de M. Ampère. Cela valait mieux.


Il portait mieux son nom en étant plus obscur !


Ce qui perd les fils des hommes de génie, c’est qu’ils veulent être quelque chose par eux-mêmes. Idée de femme ! Être aimées pour elles-mêmes ! On voit mieux cependant la médiocrité aux rayons de la gloire paternelle. M. Ampère avait, dit-on, des aptitudes diverses. On a de lui des vers que M. Sainte-Beuve a vantés. Pourquoi pas ? Il vante bien ceux de M. Littré. Politesse de bel esprit à bel esprit du salon de madame Récamier ! C’est en effet par ce salon que M. Ampère est entré à l’Académie, dont il est digne, du reste, par la haine qu’il porte à l’Empire. Excepté cette Histoire romaine, pamphlet à allusions, qui a paru en ces derniers temps, et dont certainement M. de Mars n’est point capable, il est impossible de se rappeler nettement les divers ouvrages de M. Ampère. C’est comme une masse d’articles de la Revue des Deux Mondes. Tout le monde, dans les deux mondes, est capable de ça !… Quant à l’Histoire romaine, insérée dans cette revue orléaniste, c’est bien malheureux que le talent n’y soit pas au niveau de la haine… L’Empire aurait été perdu. À présent, M. Ampère n’a plus qu’un moyen d’être Tacite, c’est de se taire.