Librairie académique Perrin (p. 121-122).

XVIII

L’ÉVANGILE ANNONCÉ AUX MORTS

Dans sa première épître, postérieure presque à toutes celles de saint Paul, l’apôtre Pierre, bien peu d’années avant son martyre, adresse à des fidèles étrangers, dispersés et persécutés en Asie-Mineure, des paroles de consolation et d’espoir, leur proposant l’exemple du Christ aux souffrances duquel leurs bourreaux les font participer, leur promettant l’héritage incorruptible, sans tache, inaltérable qui leur est réservé dans les cieux et que leur certifie la résurrection de leur Sauveur.

On a pu dire que si saint Paul était plus particulièrement l’apôtre de la foi, saint Jean, celui de l’amour, saint Pierre représentait l’espérance dans le collège apostolique. De cette espérance, il illumine jusqu’au séjour des morts, au sombre Schéol de l’Ancien Testament. Il nous montre le Christ pénétrant dans ce ténébreux domaine et allant prêcher son Evangile aux âmes qui y étaient emprisonnées, à celles que la théologie juive condamnait le plus impitoyablement, déclarant que même le Messie ne les sauverait pas, aux plus morts d’entre les morts, aux esprits des incrédules et rebelles noyés jadis dans le déluge. (I, Pierre, iii, 19, 20.)

Il semble que saint Pierre ne pouvait affirmer plus fortement l’universalité du salut apporté aux hommes par Jésus : « L’Évangile, dit-il, a été aussi annoncé aux morts. » (I, Pierre, iv, 6.)

Et ne convenait-il pas qu’il le fût pour que le règne du Christ s’étendant sur toutes les créatures humaines, quels que furent le temps et le lieu de leur naissance, fut établi et proclamé dans toute l’opulence de ses grâces, dans toute l’infinité de ses miséricordes ?

L’Évangile annoncé aux morts par le Christ lui-même, le Christ pour qui, comme pour Dieu, tous sont vivants ! Cette vérité, dévoilée par l’apôtre de l’espérance, ne renferme-t-elle pas, pour certains d’entre nous, une consolation efficace et merveilleuse ? Si le cœur de l’homme cache des gouffres de perversité, celui de Dieu contient des abîmes d’amour et de pardon.