Les Précurseurs (Rolland)/Pour l’Internationale de l’Esprit

Les PrécurseursÉditions de l’Humanité (p. 196-206).

XXII

Pour l’Internationale de l’Esprit[1]

Le généreux appel de M. Gerhard Gran ne peut rester sans écho. Je l’ai lu avec une vive sympathie. Il a une vertu bien rare, à notre époque : sa modestie. En un temps où toutes les nations affichent orgueilleusement une mission supérieure d’ordre ou de justice, d’organisation ou de liberté, qui les autorise à imposer aux autres leur personnalité sacrée — (chacune se croit le peuple élu !) — on soupire, de soulagement, à entendre l’une d’elles, par la voix de M. Gerhard Gran, parler non pas de ses droits, mais de ses « dettes ». Et avec quel noble accent de franchise et de gratitude !


« … Nous sommes parmi toutes les nations peut-être celle qui a le plus grand devoir, puisque c’est nous qui avons le plus de dettes envers les autres. Ce que nous avons reçu de la science internationale est incalculable… Nos dettes surgissent de toutes parts… Notre bilan scientifique vis-à-vis du monde ne vaut pas grand’chose ; sous ce rapport, on peut surtout parler de notre passif, et notre modestie nous interdit de rappeler notre actif… »


Que cette modestie fait donc de bien ! Qu’elle est rafraîchissante, en cette crise mondiale de vanité délirante des nations ! — Pourtant, le peuple d’Ibsen a le droit de tenir la tête haute parmi ses frères d’Europe ; et plus qu’aucun autre écrivain, le grand solitaire norvégien a marqué de son sceau le théâtre et la pensée moderne. Vers lui se tournaient les regards de la jeunesse de France ; et celui qui écrit ces lignes lui demanda conseil.

Nous sommes tous, — tous les peuples, — débiteurs les uns des autres. Mettons donc en commun nos dettes et notre avoir.

S’il est des hommes aujourd’hui à qui siérait la modestie, ce sont les intellectuels. Leur rôle dans cette guerre a été affreux : on ne saurait le pardonner. Non seulement ils n’ont rien fait pour diminuer l’incompréhension mutuelle, pour limiter la haine ; mais, à bien peu d’exceptions près, ils ont tout fait pour l’étendre et pour l’envenimer. Cette guerre a été, pour une part, leur guerre. Ils ont empoisonné de leurs idéologies meurtrières des milliers de cerveaux. Sûrs de leur vérité, orgueilleux, implacables, ils ont sacrifié au triomphe des fantômes de leur esprit des millions de jeunes vies. L’histoire ne l’oubliera point.

M. Gerhard Gran exprime la crainte qu’une coopération personnelle ne soit impossible avant bien des années, entre intellectuels des pays belligérants. S’il s’agit de la génération qui a passé la cinquantaine, de celle qui est à l’arrière et fait la guerre, en paroles, dans les Académies, les Universités et les salles de rédaction, je crois que M. Gerhard Gran ne se trompe pas. Il y a peu de chances que ces intellectuels se rapprochent jamais. Je dirais qu’il n’y en a aucune, si je ne connaissais l’étonnante faculté d’oubli du cerveau humain, cette faiblesse pitoyable et salutaire, dont l’esprit n’est pas dupe, et dont il a besoin pour continuer sa vie. Mais dans le cas présent, l’oubli sera difficile : les intellectuels ont brûlé leurs vaisseaux. Au début de la guerre, on pouvait encore espérer qu’une partie de ceux qu’avaient emportés les aveugles passions des premiers jours, au bout de quelques mois reconnaîtraient loyalement leur erreur. Ils ne l’ont pas voulu. Ni de l’un, ni de l’autre côté, aucun n’y a consenti. On peut même observer qu’à mesure que se déroulent les conséquences désastreuses pour la civilisation européenne, ceux qui avaient la garde de cette civilisation et qui sentent peser sur eux une part de la responsabilité, plutôt que de se reconnaître en faute, font tout pour s’enfoncer dans leur aveuglement. Comment donc espérer, quand, la guerre finie, la preuve sera faite des désastres auxquels il a conduit, que l’orgueil intellectuel se résoudra à dire : « Je me suis trompé » ? — Ce serait trop demander. Cette génération est, je le crains, condamnée à traîner, jusqu’à sa fin, sa maladie d’esprit et son obstination. De ce côté, peu d’espoir : attendre qu’elle finisse.

Ceux qui rêvent de renouer les relations entre les peuples doivent tourner leur espérance vers l’autre génération, celle qui saigne dans les armées. Puisse-t-elle être conservée ! Elle a été terriblement éclaircie par les coupes que la guerre y a faites. Elle risquerait d’être anéantie, si la guerre se prolonge et s’étend, comme il est possible : — tout est possible ! L’humanité se trouve, tel Hercule, au carrefour : Ercole in bivio ; et l’une des routes au seuil de laquelle il hésite, conduit (si l’Asie entre en jeu, et si s’accentue encore le caractère de destruction atroce, dont l’Allemagne a donné l’exemple, fatalement suivi par les autres) au hara-kiri européen. — Mais à l’heure qu’il est, nous avons encore le droit d’espérer que la jeunesse d’Europe qui est aux armées survivra en assez grand nombre pour accomplir sa mission d’après-guerre : réconcilier les pensées des nations ennemies. Je connais, dans les deux camps, nombre d’esprits indépendants, qui veulent réaliser, après la paix conclue, cette communion intellectuelle. Ils n’en exceptent d’avance que ceux qui, soit de leur camp, soit du camp ennemi, ont prostitué la pensée à des œuvres de haine. Quand je songe à ces jeunes hommes, j’ai la ferme conviction (et en ceci je diffère de M. Gerhard Gran) que les esprits de tous les pays se pénétreront mutuellement après la guerre, bien plus qu’auparavant. Les peuples qui s’ignoraient, ou qui ne se voyaient qu’au travers de caricatures méprisantes, ont appris depuis quatre ans, dans la boue des tranchées, sous la griffe de la mort, qu’ils ont la même chair qui souffre. L’épreuve est égale pour tous ; ils fraternisent en elle. Et ce sentiment n’a pas fini d’évoluer. Car lorsqu’on cherche à prévoir maintenant quels seront, après la guerre, les changements dans les rapports entre nations, on ne pense pas assez qu’après la guerre viendront d’autres bouleversements, qui pourraient bien modifier l’essence même des nations. L’exemple de la Russie nouvelle, quel qu’en soit le résultat immédiat, ne sera pas perdu pour les autres peuples. Une unité profonde se crée dans l’âme des peuples : ce sont comme des racines gigantesques qui s’étendent sous terre, sans souci des frontières. — Quant aux intellectuels, qui, séparés du peuple, ne sont pas directement touchés par ce courant social, ils le subissent pourtant, par intuition d’intelligence et de sympathie. Malgré les efforts qui ont été faits, depuis quatre ans, pour briser tout contact entre les écrivains des deux camps, je sais que, dans les deux camps, dès le lendemain de la paix, se fonderont des revues et des publications internationales. J’ai eu connaissance de tels de ces projets, dont les initiateurs (et les plus pénétrés de l’esprit européen), sont de jeunes écrivains, soldats du front. De ma génération, nous sommes quelques-uns qui donneront à leurs cadets leur concours absolu. Nous estimons servir ainsi non seulement la cause de l’humanité, mais celle de notre propre pays, plus efficacement que les mauvais conseillers qui prêchent l’isolement armé. Tout pays qui s’enferme aujourd’hui est condamné à mourir. Le temps est passé où les jeunes forces tumultueuses des peuples européens avaient besoin, pour se clarifier, de s’entourer de cloisons. — Qu’on me permette de rappeler quelques paroles de Jean-Christophe vieillissant :


Je ne crains pas le nationalisme de l’heure présente. Il s’écoule avec l’heure ; il passe, il est passé. Il est un degré de l’échelle. Monte au faîte !… Chaque peuple d’Europe sentait (avant la guerre) l’impérieux besoin de rassembler ses forces et d’en dresser le bilan. Car tous, depuis un siècle, ont été transformés par leur pénétration mutuelle et par l’immense apport de toutes les intelligences de l’univers, bâtissant la morale, la science, la foi nouvelles. Il fallait que chacun fît son examen de conscience et sût exactement qui il est et quel est son bien, avant d’entrer, avec les autres, dans un nouveau siècle. Un nouvel âge vient. L’humanité va signer un nouveau bail avec la vie. Sur de nouvelles lois, la société va revivre. C’est dimanche, demain. Chacun fait ses comptes de la semaine, chacun lave son logis et veut sa maison nette, avant de s’unir aux autres devant le Dieu commun, et de conclure avec lui le nouveau pacte d’alliance.


La guerre aura été (contre notre volonté même) l’enclume où se forge sous le marteau l’unité de l’âme européenne.

Je souhaite que cette communion intellectuelle ne reste pas limitée à la péninsule européenne, mais s’étende à l’Asie, aux deux Amériques et aux grands îlôts de civilisation, disséminés sur le reste du globe. Il est ridicule que les nations de l’Occident européen s’évertuent à trouver entre elles des différences profondes, à l’heure même où elles n’ont jamais été plus semblables les unes aux autres par leurs qualités et leurs défauts, — où leur pensée et leur littérature offrent le moins de caractères distinctifs, — où partout se fait sentir une égalisation monotone des intelligences, — partout, des personnalités peu tranchées, élimées, fatiguées. J’oserai dire que toutes, mises ensemble, ne suffiraient pas encore à nous donner l’espoir du renouveau d’esprit, auquel la terre a droit, après ce formidable ébranlement. Il faut aller jusqu’en Russie — ces grandes portes ouvertes sur le monde de l’Est, — pour recevoir sur sa face les souffles nouveaux qui viennent, — (dans tous les ordres de la pensée).

Élargissons l’humanisme, cher à nos pères, mais dont le sens a été rétréci à celui de manuels gréco-latins. De tous temps, les États, les Universités, les Académies, tous les pouvoirs conservateurs de l’esprit, ont tâché d’en faire une digue contre les assauts de l’âme nouvelle, en philosophie, en morale, en esthétique. — La digue est ébranlée. Les cadres d’une civilisation privilégiée sont désormais brisés. Nous devons prendre aujourd’hui l’humanisme dans sa pleine acception, qui embrasse toutes les forces spirituelles du monde entier : — Panhumanisme.

Que cet idéal, qui s’annonce çà et ià, dans quelques esprits d’avant-garde, ou dans la fondation, en pleine guerre, de centres d’études pour la culture mondiale, comme l’Institut für Kultur-Forschung, de Vienne,[2] soit hardiment arboré comme drapeau par l’Académie internationale, dont je souhaite, avec M. Gerhard Gran, que la Norvège prenne l’initiative !

Je note que M. Gerhard Gran semble, après M. le prof. Fredrik Stang, restreindre ses ambitions à la fondation d’un institut de recherches scientifiques : car la science lui paraît plus internationale, par essence, que les lettres et les arts.


En art, en littérature, écrit-il, on peut à la rigueur discuter des avantages et des inconvénients créés par l’isolement d’une nation ou par l’antagonisme de groupes humains. Dans la science, une discussion pareille est un non-sens. Le royaume de la science est le monde entier… L’atmosphère scientifique indispensable n’a rien à voir avec les conjonctures nationales.


Je crois que cette distinction n’est pas aussi fondée qu’elle semble généralement. Aucune province de l’esprit n’a été plus tristement mêlée à la guerre que la science. Si les lettres et les arts se sont faits trop souvent les excitateurs du crime, la science lui a fourni ses armes, elle s’est ingéniée à les rendre plus affreuses, à reculer les limites de la souffrance et de la cruauté. J’ajoute que, même en temps de paix, j’ai toujours été frappé de l’acuité du sentiment national entre savants, chaque nation accusant les autres de lui dérober ses meilleures inventions et d’en oublier volontairement la source. En fait, la science participe donc aux passions funestes qui rongent les lettres et les arts.

Et d’autre part, si la science a besoin de la collaboration de toutes les nations, les arts et les lettres n’ont pas moins d’avantages à sortir aujourd’hui du « splendide isolement ». Sans parler des modifications techniques qui ont amené, en peinture, en musique, au cours du dernier siècle et de celui qui a si mal commencé, de brusques et prodigieux enrichissements de la vision et de l’audition esthétique, — l’influence d’un philosophe, d’un penseur, d’un écrivain, peut avoir sa répercussion dans toute la littérature d’un temps, et aiguiller l’esprit sur une voie nouvelle de recherches psychologiques, morales, esthétiques et sociales. Qui veut s’isoler, qu’il s’isole ! Mais la république de l’esprit tend, de jour en jour, à s’élargir ; et les plus grands hommes sont ceux qui savent embrasser et fondre en une puissante personnalité les richesses dispersées ou latentes de l’Âme humaine.

Donc, ne limitons pas l’idée d’internationalisme à la science, et gardons au projet son ampleur, — sous la forme d’un Institut des Arts, des Lettres et des Sciences humaines.

Je ne pense pas d’ailleurs que cette fondation puisse rester isolée. L’internationalisme de la culture ne peut plus aujourd’hui demeurer un luxe pour quelques privilégiés. La valeur pratique d’un Institut des Nations serait faible, si les maîtres n’étaient pas reliés aux disciples par le même courant, si le même esprit ne pénétrait pas à tous les étages de l’enseignement.

C’est pourquoi je salue, comme une initiative féconde et un heureux symptôme, la fondation récente, à Zurich, d’une Association internationale des étudiants (Internationaler Studentenbund), par la jeunesse universitaire, — « Douloureusement atteinte par la grande épreuve de la guerre, cette jeunesse a pris conscience des responsabilités sociales toutes particulières que lui confère le privilège des études, et désire remédier aux causes profondes du mal » — (je cite les nobles termes de son programme). — Elle cherche à unir « tous ceux de tous pays qui tiennent de près à la vie universitaire, en une commune croyance aux bienfaits du libre développement de l’esprit ; elles les groupe pour lutter contre l’emprise croissante de la mécanisation et des procédés militaires dans toutes les manifestations de la vie ». Elle veut réaliser « l’idéal d’Universités qui restent des centres de culture supérieure, au service de la seule vérité, de purs foyers de recherches scientifiques, absolument indépendants d’opinion à l’égard de l’État, ignorant les buts particuliers et les intérêts de classe ».

Cette revendication de la liberté de recherche scientifique et de l’indépendance de la pensée, cette organisation de la jeunesse intellectuelle pour défendre ce droit essentiel et, jusqu’à nos jours, constamment violé, me semblent d’une nécessité primordiale. Si vous voulez que la coopération entre maîtres des différents pays ne reste pas purement spéculative, il ne suffit pas que les maîtres associent leurs efforts, il faut que leurs pensées puissent librement se répandre et fructifier dans la jeunesse intellectuelle de toutes les nations. Plus de barrières élevées par les États entre les deux classes, entre les deux âges de ceux qui cherchent la vérité : maîtres et étudiants !

Je rêve encore davantage. Je voudrais que les semences de la culture universelle fussent répandues, dès la première éducation, parmi l’enfance des gymnases et des écoles. J’exprimerais notamment le vœu qu’on établît, dans les écoles primaires de tous les pays d’Europe, l’enseignement obligatoire d’une langue internationale. Il en est d’à peu près parfaites (Espéranto, Ido), qu’avec un minimum d’efforts, tous les enfants du monde civilisé pourraient, devraient savoir. Cette langue ne leur serait pas seulement d’une aide pratique sans égale, pour la vie ; elle leur serait une introduction à la connaissance des langues nationales, et de la leur propre : car elle leur ferait sentir, mieux que tous les enseignements, les éléments communs des langues européennes et l’unité de leur pensée.

Je réclamerais de plus, dans l’enseignement primaire et secondaire, une esquisse de l’histoire de la pensée, de la littérature, de l’art universels. J’estime inadmissible que les programmes de l’enseignement s’enferment dans les limites d’une nation, — elle-même restreinte à une période de deux ou trois siècles. Malgré ce qu’on a fait pour le moderniser, l’esprit de l’enseignement reste essentiellement archaïque. Il prolonge parmi nous l’atmosphère morale d’époques qui ne sont plus. — Je ne voudrais pas que ma critique fût mal interprétée. Toute mon éducation a été classique. J’ai suivi tous les degrés de l’instruction universitaire. J’étais encore du temps où fleurissaient le discours latin et le vers latin. J’ai le culte de l’art et de la pensée antiques. Bien loin d’y porter atteinte, je voudrais que ces trésors fussent, comme notre Louvre, rendus accessibles à la grande masse des hommes. Mais je dois observer qu’il faut rester libre vis-à-vis de ce qu’on admire, et qu’on ne l’est pas resté vis-à-vis de la pensée classique, — que la forme d’esprit gréco-latine, qui nous demeure collée au corps, ne répond plus du tout aux problèmes modernes, — qu’elle impose aux hommes qui l’ont subie, dès l’enfance, des préjugés accablants, dont ils ne se dégagent pour la plupart, jamais, et qui pèsent cruellement sur la société d’aujourd’hui. J’ai l’impression qu’une des erreurs morales dont souffre le plus l’Europe d’à présent, l’Europe qui s’entre-déchire, c’est d’avoir conservé l’idole héroïque et oratoire de la patrie gréco-latine, qui ne correspond pas plus au sentiment naturel de la Patrie d’aujourd’hui, que ne correspondent aux vrais besoins religieux de notre temps les divinités d’Homère.

L’humanité vieillit, mais elle ne mûrit pas. Elle reste empêtrée dans ses leçons d’enfance. Son plus grand mal est sa paresse à se renouveler. Il le faut cependant. Se renouveler et s’étendre. L’humanité se condamne, depuis des siècles, à ne faire usage que d’une faible portion de ses ressources spirituelles. Elle est comme un colosse, à demi paralysé. Elle laisse s’atrophier une partie de ses organes. N’est-on point las de ces nations infirmes, de ces membres épars d’un grand corps, qui pourrait dominer notre monde planétaire !

« Membra sumus corporis magni. »

Que ces membres se rejoignent, et que l’Adam nouveau, l’Humanité se lève !


Villeneuve, 15 mars 1918.


(Revue politique Internationale, Lausanne, mars-avril 1918.)
  1. À propos d’un Institut des Nations, dont l’idée avait été émise dans un article de la Revue Politique Internationale, de Lausanne, par M. Gerhard Gran, professeur de l’Université de Christiania. Ma réponse a paru d’abord sous le titre : « Pour une culture universelle ».
  2. Cet Institut vient de fonder une Weltkulturgeselschaft, qui a pour organe le journal : Erde, « journal pour le travail spirituel de l’humanité entière ». Le premier numéro, qui m’en parvient, tandis que je revois les épreuves de ces pages, est tout entier une ardente profession de foi « panhumaniste ».