Les Poètes du terroir T I/Cl. de Pontoux

Les Poètes du terroir du XVe au XXe siècleLibrairie Ch. Delagrave Tome premier (p. 259-260).

CLAUDE DE PONTOUX

(1530-1579)

Claude de Pontoux, médecin et poète, naquit à Chalon-sur-Saône en 1530. Il prit son grade de docteur a Dôle et consacra « presque tout ce qu’il avait de veine poétique » à célébrer, sous le nom de l’Idée, une jeune personne qu’il avait connue dans cette ville. Ses œuvres, publiées d’abord sous ce titre, la Gelodacrie, recueil de rires et de larmes (Paris, Nicolas Bonfons, 1576, in-12), ont été réunies après sa mort. Voyez les Œuvres de Claude de Pontoux, gentilhomme chalonnois, docteur en médecine, dont l’Idée contenant environ trois cens sonnets n’a esté par cy devant imprimée (Lyon, Benoît Rigaud, 1579, in-8o).

Bibliographie. — Abbé Goujet, Bibliothèque française, VII, p. 322.

SONNETS
I


Bourgongne, France, et l’amour et la muse
Me feit, me tint, me ravit, m’amusa,
Petit, grandet, jouvenceau, puis usa
Mes plus beaux ans auprès d’une Méduse.

Jà quelque peu de doctrine confuse
Ornoit mon chef quand l’amour s’opposa
Devant mes yeux et par eux embrasa
Mon pauvre cœur, qui dedans le feu s’use.

France me print encor plein de vergongne
Entre le sein de ma merc Bourgongne,
Puis, me sevrant, me monstre à l’univers.
 
Amour me veit d’un trop libre courage.
Me print, et puis, me mettant en servage,
M’apprint la danse et la Muse des vers.

II


D’avoir passé les monts pour courir l’Italie,
Turin, il te doit estre ores un grand tourment.
Ores il me doit estre un grand soulagement.
Tu avais à Dijon une parfaite amye,

Et j’avois dedans Dole une fière ennemie ;
La tienne d’un doux œil te traitoit doucement,
La mienne d’un rude œil me traitoit durement,
Ne me paissant jamais que de mélancolie.

Tu as laissé ton heur pour estre malheureux,
J’ay laissé mon malheur pour estre bien heureux :
Je plorois dans Bourgongne, et je ris dans Padoue,

Tu riois dans Bourgongne, et dans Padoue estant
Tu vas chez Bartholin tes amours regrettant.
Yoylà comment de nous ce petit dieu se joue.

(Œuvres, etc. ; 1579.)