Les Poètes du terroir T I/Anjou, Chansons populaires

Anjou, chansons populairesLibrairie Ch. Delagrave Tome premier (p. 34-36).

CHANSONS POPULAIRES


ISABEAU[1]
I


L’autre jour, à la veillée,
Comme j’allais vâr Isabiau,
Je cheyis sus ma pochée,
J’écrasis tous mes pruniaux.
Mais tout en mi relevant
Je m’jette au cou d’mon Isabiau ;
J’avais ein’ gran’ roupie au nez,
J’illi frenquis sus son musiau.

II


Son pèr’ qu’était à la f’nêt’e,
Il m’a traité de lourdiau :
« Crais-tu que ma fille est faite
Pour te torcher le musiau ?
Si tu reveins vâr ma fille,
Prends garde au pèr’ Bournigaut !
Jl prendra eine grouss’ trique,
T’en tap’ra des coups sus l’diau !


COMPLAINTE DE LA BARNETTE[2]

Quand Barnette se lève,
Matra, la, ladéritra, lala, lalala,
Matrala,

 
Quand Barnette se lève
Deux heures avant le jour. (ter)

Elle prend sa quenouillette.
Matra, la, ladéritra, lala, lalala,
Matrala,
Klle prend sa quenouillette
Et son fusiau d’amour. (ter)

Elle pleure son ami Pierre,
Matra, la, ladéritra, lala, lalala,
Matrala,
Elle pleure son ami Pierre
Qui est dans la prinzon. (ter)

Tu n’auras point gars Pierre
Matra, la, ladéritra, lala, lalala,
Matrala,
Tu n’auras point gars Pierre,
Nous le pendouillerons. (ter)

Si vous pendouillez Pierre,
Matra, la, ladéritra, la la, lalala,
Matrala,
Si vous pendouillez Pierre,
Pendouillez-moi-z-aussi ! (ter)

On mettra sur ma tombe
Matra, la, ladéritra, lala, lalala
Matrala,
On mettra sur ma tombe
Un beau rosier d’amour. {ter)

Tous les passants qui passent
Matra, la, ladéritra, lala, lalala,
Matrala,
Tous les passants qui passent
Y cueilleront-z-une fleur. (ter)

Disant : « C’est la Barnette
Matra, la, ladéritra, lala, lalala,
Matrala,
Disant : c’est la Barnette
Qu’est morte pour ses z’amours ! » (ter)

LA FILLE DU LABOUROUX

C’était la fill’ d’un labouroux. (bis)
On dit qu’ai est tant belle, et ho ! (bis)

On dit qu’ai a tant d’amouroux (bis)
Qu’ai’ ne sait lequel prendre, et ho ! (bis)

On dit que le biau maréchaux (bis)
En a fait la demande, et ho ! (bis)

« Venez nous voir après dîner, (bis)
On ira sur l’herbette, et ho ! » (bis)

Y sont là-bas dans ces verts prés (bis)
Où que’l’herbe al’ est si tendre, et ho ! (bis)

Y s’est assis tôt auprès d’lé, (bis)
Tôt auprès d’sa pochette, et ho ! (bis)

Y a volé son mouchoué d’nez, (bis)
Son mouchoué des dimanches, et ho ! (bis)

« Hé, rendez-moi mon mouchoué d’nez, (bis)
Mon mouchoué des dimanches ! et ho ! (bis)

« Si mon papa y lau savait, (bis)

Y me battrait sans rire ! et ho ! (bis)

« Mais si ma mère al’ lau savait, (bis)
All’ ne ferait qu’d’en rire, et ho ! (bis)

« Si mon frère Jean y lau savait, (bis)
Y t’chercherait querelle, et ho ! (bis)

— La qu’relle qu’i me chercherait (bis)
Serait de boir’  bouteille, et ho ! » (bis)


(Chanson recueillie par Mme G. Cormeray et publiée par M. Marc Leclerc dans le journal L’Angevin de Paris, 1707.)

  1. Cette chanson, très populaire dans une certaine partie de l’Anjou, a été recueillie par MM. A.-J. Verrier et René Onillon et publiée par le Petit Courrier et L’Angevin de Paris (1907).
  2. On dit aussi « la Farnette ». Cette chanson, très populaire dans les provinces de l’Ouest, mais plus particulièrement sur les bords de la Loire, a été publiée par M. Charles Talbère, dans L’Angevin de Paris du 3 mars 1907.