Les Plantes potagères/Patate douce

Vilmorin-Andrieux
Vilmorin-Andrieux & Cie (p. 400-402).


PATATE DOUCE
Convolvulus Batatas L.
Fam. des Convolvulacées.


Synonymes : Batate, Artichaut des Indes, Truffe douce.
Noms étrangers : angl. Sweet potato ; (Am.) Spanish P., Carolina P. ital. Patata. esp. et port. Batata.


Amérique méridionale. — Vivace, mais annuelle dans la culture. — Tiges rampantes, longues souvent de 2 à 3 mètres et au delà, garnies de feuilles nombreuses, cordiformes, d’un vert foncé et parfois luisant. Fleurs axillaires, ressemblant à celles d’un liseron, mais se montrant rarement sous le climat de Paris. Racines abondantes, très ramifiées, produisant des tubercules de forme plus ou moins arrondie ou allongée, suivant les variétés ; à chair tendre, farineuse, sucrée et, dans la plupart, assez parfumée. Ces racines renflées en tubercules constituent la partie comestible de la plante ; elles sont produites en très grande abondance dans les pays chauds, où la patate joue en une certaine mesure, dans l’alimentation, le rôle qui appartient chez nous à la pomme de terre.

Culture. — La végétation de la patate, occupant une période assez longue, peut difficilement se faire sous le climat de Paris sans la chaleur artificielle ; et comme, d’autre part, la conservation des tubercules est assez difficile dans les pays du Nord, la plupart des jardiniers ont l’habitude d’en mettre quelques-uns en végétation, dès le milieu ou la fin de l’hiver, soit en serre, soit sur une couche chaude. Quand les pousses ont pris un peu de force, on les détache du tubercule et on les plante chacune dans un godet où elles attendent le moment d’être mises en place. La plantation se fait depuis le mois de mars jusqu’à la fin de mai, selon qu’on a l’intention de hâter plus ou moins la végétation des patates. Les plantations faites en mars ou en avril sur couches doivent être protégées par des châssis. Au mois de mai. ceux-ci deviennent inutiles, et l’on peut, à cette époque, planter simplement sur des couches de feuilles sèches recouvertes de 0m,12 à 0m,15 de terre légère ou de terreau. Des arrosements abondants sont nécessaires dès que la température commence à devenir chaude, et les liges ont bientôt couvert toute la couche et s’étendent même souvent au delà. Dans le Midi seulement, on peut planter les patates en pleine terre, sur des ados de bonne terre riche et meuble, et on les arrose au moyen de rigoles établies dans l’intervalle des ados, qui doivent être distants d’au moins 2 mètres l’un de l’autre.

Les tubercules sont bien développés au bout de quatre à cinq mois. La récolte s’en fait le plus tard possible sous le climat de Paris ; mais il faut avoir soin de les arracher aussitôt que les tiges et les feuilles ont été atteintes par la gelée, parce que la terre n’étant plus recouverte par les fanes de la plante, la gelée pourrait pénétrer facilement jusqu’aux tubercules, qui se trouvent souvent à fleur de terre et sont très sensibles au froid. La conservation des tubercules est extrêmement difficile : le froid et l’humidité leur sont également nuisibles ; il faut donc les tenir dans un endroit très sain, dont la température soit aussi égale que possible et ne descende pas au-dessous de 5 ou 6 degrés au-dessus de zéro. On se trouve bien quelquefois de les déposer dans des caisses qu’on remplit ensuite de sable sec, de terre de bruyère ou de sciure de bois. Il faut éviter que les tubercules soient en contact les uns avec les autres, et examiner de temps en temps les caisses pour enlever ceux qui commenceraient à se gâter. Comme la pomme de terre, la patate peut se multiplier de graines, mais le semis ne reproduit pas les variétés avec leurs caractères, et l'on n’en fait guère usage que quand on cherche à en obtenir de nouvelles. Du reste, la plante na produit jamais de graines sous le climat de Paris.

Usage. — On mange les tubercules comme les pommes de terre, accommodés de différentes façons. La chair en est sucrée, très tendre, et possède, dans la plupart des variétés, un parfum qui rappelle un peu celui de la violette.

On cultive un nombre presque infini de variétés de patates ; nous citerons ici seulement les plus hâtives, et celles qui réussissent le mieux en France :

La P. igname, à tubercules très gros, ovales ou obronds, obtus aux extrémités, souvent cannelés ; à peau d’un blanc grisâtre ; à chair blanche, peu fine, assez farineuse et médiocrement sucrée. Cette variété est une des plus productives. Le poids de ses tubercules atteint quelquefois 4 kilogrammes.

La P. jaune, appelée aussi jaune de Malaga ou jaune des Indes, est un peu tardive, mais d’une qualité excellente ; les tubercules en sont longs et minces, très effilés, atteignant 0m,40 de long sur 0m,04 à 0m,05 de diamètre. La peau en est jaune, lisse ; la chair, d’un beau jaune, très fine et très sucrée.

Patate rose de Malaga.
réd. au huitième.
Patate violette ou rouge.
réd. au huitième.


La P. rose de Malaga a les tubercules oblongs, de forme un peu variable, souvent marqués de sillons longitudinaux et plus renflés à une extrémité qu’à l’autre. La peau en est d’un rose un peu grisâtre ; la chair, jaune, très fine et modérément sucrée. C’est une des variétés les plus hâtives et les plus productives.

La P. violette ou rouge est la plus sucrée, la plus parfumée et la moins farineuse de toutes. Les tubercules en sont très longs et très minces, atteignant 0m,50 de longueur sur 0m,04 à 0m,05 de diamètre dans leur portion la plus épaisse, mais beaucoup plus effilés aux deux extrémités ; ils sont presque toujours sinueux ou ondulés. La peau en est lisse, d’un rouge un peu violacé, la chair blanche à l’intérieur, légèrement rosée sous la peau. Cette variété est celle que cultivent le plus généralement les jardiniers des environs de Paris.

On cultive bien d’autres variétés de patates en Algérie, aux colonies et même aux États-Unis, où ce légume fait l’objet d’un commerce important.


PATIENCE. — Voy. Oseille épinard.

PATISSON. — Voy. Courge patisson.