Les Petits poèmes grecs/Pindare/Olympiques/XII
Les Petits poèmes grecs, Texte établi par Ernest Falconnet, Louis-Aimé Martin, Desrez, (p. 198).
XII (1).
À ERGOTÈLE (2) D’HIMÈRE,
Fille de Jupiter-Libérateur (4), Fortune (5) conservatrice des cités, accorde, je t’en conjure, la protection divine à la florissante Himère.
C’est toi qui fais voler sur les ondes les vaisseaux légers ; c’est toi qui présides aux combats sanglans et aux sages délibérations des mortels. Tu te joues de leurs espérances trompeuses : tantôt tu les portes au sommet de la roue, tantôt tu les en précipites.
Jamais aucun d’eux ne reçut des immortels un présage certain de son avenir : leur esprit, enveloppé de ténèbres, ne peut porter ses regards au delà du présent. Souvent des malheurs imprévus trompent leur attente et leurs désirs, tandis que d’autres, battus par la tempête, voient le bonheur tout à coup leur sourire, et leur destin changer en un instant.
Ainsi, toi-même, ô fils de Philanor ! si une sédition allumée parmi tes concitoyens ne t’eût pas arraché à Gnosse, ton ancienne patrie, réduit comme le coq belliqueux à des combats ignorés, tu aurais vu s’évanouir dans une honteuse inaction cette gloire que tu viens d’acquérir à la course.
Au lieu que maintenant, couronné à Olympie, deux fois vainqueur à Delphes et à l’Isthme, tu vas, ô Ergotèle ! rendre célèbres les bains chauds des Nymphes (6), près desquels tu as établi tes paisibles foyers.