Les Petits poèmes grecs/Anacréon/Ode XXXI

XXXI.

Sur son délire

Au nom des dieux, permets-moi de boire, de boire à pleins bords : je veux, je veux un doux délire. Ils furent en délire après le meurtre de leur mère, Alcméon et Oreste aux pieds d’albâtre. Moi qui n’ai tué personne, m’enivrant d’un vin généreux, je veux, je veux un doux délire. Il était en délire, Hercule, quand il eut enlevé le terrible carquois et l’arc d’Iphytus ; il était en délire Ajax, qui heurtait l’épée d’Hector sur son bouclier. Moi, ma coupe en main, la tête couronnée de fleurs, sans arc et sans épée, je veux, je veux un doux délire.