Les Pensées d’une reine/L’Homme
I
L’HOMME
La tête humaine est une boîte à surprises. Elle enferme de bons et de mauvais esprits, servis et défendus par les yeux et les oreilles, trahis par la bouche.
Étudiez le corps humain ; l’âme n’est pas loin.
L’honneur de l’homme porte armure et massue ; l’honneur de la femme n’a que brises et parfums.
Les animaux peuvent être libres dans leur élément. Notre esclavage provient-il de ce que nous sommes rarement dans le nôtre ?
Il ne suffit pas d’observer les hommes ; il faut les ressentir dans son cœur.
L’homme est une énigme, de sa naissance jusqu’à sa mort. On croit qu’on va le comprendre en le déchirant.
L’enfant brise son joujou pour voir ce qu’il y a dedans.
Tout homme porte en lui un Prométhée, créateur, rebelle et martyr.
L’homme est un violon. Ce n’est que lorsque sa dernière corde se brise qu’il devient un morceau de bois.
Les femmes sont mauvaises, par la faute des hommes ; les hommes sont mauvais, par la faute des femmes.
Il y a des gens qui ont des cornes de taureau pour se défendre ; il y en a d’autres qui n’ont que des cornes de colimaçon.
Il faut très bien connaître les hommes, avant d’avoir le courage d’être seulement et simplement soi-même.
Si nous sommes créés à l’image de Dieu, nous devons être des créateurs.
Une réunion d’hommes est une réunion de clochettes éoliennes, dont les notes sont harmonieuses ou discordantes, selon le vent.
Pour la nature buffle, la fatigue est une jouissance ; pour la nature violon, elle ne peut être qu’une dissonance aiguë.
Méfiez-vous d’un homme qui a l’air de douter de votre bonheur en ménage.
Il y a des figures dans lesquelles on voit par moments des petits serpents sortir des yeux ; il y en a d’autres où les serpents sortent des coins de la bouche, et rampent vers les yeux.
Quand un homme aime avec un excès de passion ses enfants, soyez sûr qu’il n’est pas heureux.
L’homme aime surtout la femme ; la femme aime surtout les enfants.