Les Pensées d’une reine/L’Amour
III
L’AMOUR
Les enfants de l’amour sont généralement beaux et intelligents. Quelle critique de nos ménages modèles !
Le soleil est le premier amoureux de la fleur. Pour les jeunes filles, le soleil est quelquefois une lampe à demi éteinte. Comment voulez-vous qu’elles s’épanouissent ?
Un amour malheureux est, pour l’homme, un prétexte de plaisir sans amour.
Le pardon est presque de l’indifférence : on ne pardonne pas quand on aime.
Vous haïssez une femme malheureuse que vous auriez voulu consoler.
L’amour est comme l’écureuil, hardi et timide à la fois.
L’amoureux ressemble à l’autruche : il croit qu’on ne le voit pas, lorsqu’il ne voit pas les autres.
On pardonne à l’adultère, quand son bâtard est un génie.
L’amour maternel est un instinct ; mais il y a des instincts qui ont un souffle de divinité.
On ne devient pas mère ; on l’est de naissance. La famille nombreuse satisfait la vocation ; elle ne la donne pas.
Une maison sans enfants est comme une cloche sans battant. Le son qui dort serait bien beau, s’il y avait quelque chose pour le réveiller !
La jalousie de celui qu’on aime est un hommage ; de votre mari, c’est une offense.
Le chant du rossignol et le miaulement des chats sont deux manières d’exprimer le même sentiment ; mais, entre eux, ils ne se comprennent guère.
Entre mari et femme on devrait toujours se faire un brin de cour.
Étant réellement humble, on ne saurait être jaloux ; on s’en prendrait toujours à soi-même d’être moins aimé.
L’indifférence est une fleur solitaire qui pousse sur un marais.