Armand Collin (p. 9-33).



Chapitre premier


LES PREMIÈRES MANIFESTATIONS DU CAPITALISME AU MOYEN AGE


1. Le capitalisme dans le monde antique. — Le capitalisme existait-il dans le monde antique ? Les documents sont trop peu précis pour que l’on puisse donner une réponse ferme.

En tout cas, un fait apparaît nettement : dans l’Empire romain, comme en Grèce et dans les États hellénistiques[1], c’est la propriété foncière qui joue le rôle prédominant. L’économie domestique et l’esclavage rendent impossible la grande industrie.

Sans doute, l’antiquité n’a pas ignoré le grand commerce et, en particulier, le commerce maritime ; mais l’on ne sait pas exactement jusqu’à quel point il était important. L’accumulation des capitaux mobiliers était surtout le résultat de la ferme des impôts, du commerce des biens et de l’usure que pratiquaient les publicains. Sans doute, dans le monde romain, il existait des sociétés financières, des banques, des changeurs de monnaie, qui opéraient de grosses opérations financières. Mais les argentarii ne peuvent se comparer aux banquiers modernes, dont les capitaux immenses alimentent l’industrie, le commerce, « contrôlent » tout le mouvement économique. Comme le montre fort bien l’excellent ouvrage de Salvioli sur Le capitalisme dans le monde antique, les Romains n’ont pas connu l’organisation du crédit, les lettres de change, les valeurs mobilières. En admettant même que le capitalisme se soit manifesté dans quelques grands centres commerciaux, l’immense majorité de l’Empire a échappé à son emprise. La vie urbaine n’a qu’assez peu d’importance ; les classes riches habitent surtout leurs domaines ruraux. On ne saurait parler d’ouvriers salariés, car leur fonction est surtout remplie par la main-d’œuvre servile. En somme, c’est l’économie naturelle, qui prédomine, et, lorsque l’Empire s’effondre, c’est la propriété foncière qui, seule, reste debout.


2. Le régime féodal et les progrès de l’individualisme. — Pendant la période du pré-Moyen âge, tout au moins à partir du règne de Charlemagne, la vie économique se restreint presque uniquement aux grands domaines ruraux ; la vie urbaine est réduite presque à rien. L’industrie et le commerce n’ont qu’une importance très limitée et, comme le montre M. L. Halphen dans ses Études critiques sur le règne de Charlemagne, il ne faut pas se faire trop d’illusions sur la renaissance économique de l’époque de Charlemagne. Il est même possible, comme, le croit M. Pirenne, que celle-ci marque une régression, que, par suite des conquêtes arabes, se soit manifestée, à ce moment, une interruption presque complète de l’activité commerciale, qui s’était maintenue partiellement depuis l’antiquité romaine[2]. Quoi qu’il en soit, la société s’est immobilisée « dans les cadres locaux où se développent ensemble le système domanial et le système féodal ». Dans cette vie rétrécie, des formes nouvelles d’activité économique ne pouvaient prendre naissance.

Cependant, l’établissement du régime féodal, la constitution d’une noblesse militaire ont pu, dans une certaine mesure, briser ce qu’avaient de trop rigide les cadres anciens, leur donner plus d’élasticité et contribuer, par le fait même, aux futures transformations économiques et sociales, qui marqueront le triomphe de l’individualisme.

Qu’est-ce, en effet, que le chevalier (le miles) ? C’est l’homme libre, capable de s’équiper et de servir à l’armée en combattant à cheval. Pour cela, la fortune, la possession d’une terre ne sont nullement indispensables. Le vassus, c’est souvent l’homme robuste, énergique, brave et audacieux, capable de suivre à la guerre un chef militaire ; il peut être d’humble origine, il peut même être né serf. L’habitude s’introduit de payer les services du vassal par la concession d’un fief ; mais, à l’origine, cette concession du fief n’implique que des rapport strictement personnels. Il est vrai que, de bonne heure, l’hérédité du fief s’établit : pour les fils des nobles, la possession du fief suffit pour déterminer leur condition noble. Mais cela ne veut pas dire que la classe noble soit fermée : les roturiers, possesseurs de fiefs et admis à l’hommage, deviennent nobles.

La disparition de l’esclavage, — au sens antique du mot —, son remplacement par le servage ont contribué aussi à rendre la société plus mobile. Caractérisé surtout par des obligations juridiques comme le chevage, le formariage et la mainmorte, le servage disparaît peu à peu, grâce aux affranchissements. Ces affranchissements ont surtout pour origine des phénomènes économiques, les défrichements, qui s’opèrent, de plus en plus nombreux, à partir du XIIe siècle : les seigneurs, laïques ou ecclésiastiques, appellent sur leurs terres des hôtes (qui sont souvent des serfs déserteurs), pour les mettre en valeur ; et, afin de retenir leurs propres serfs, ils doivent leur accorder des conditions meilleures. Ainsi, le servage ne constitue pas, comme l’esclavage, une condition immuable. Les affranchissements, si nombreux au XIIIe siècle, ont brisé réellement les cadres de la société féodale. Les classes rurales ne forment plus une masse compacte et uniforme : il y a, parmi elles, bien des catégories distinctes. Puis, les différences de conditions économiques font sortir encore des cadres bien des individus ; déjà, parmi les serfs, il en est d’assez riches, il en est d’assez entreprenants ou que les circonstances ont servis assez fortement pour qu’il leur soit possible de pénétrer dans les rangs des classes supérieures[3].


3. Les manifestations du capitalisme à Florence. — Cependant, c’est la vie urbaine qui va permettre les premières manifestations du capitalisme au Moyen âge, du moins sous sa forme purement commerciale. On les voit apparaître principalement dans deux régions favorisées au point de vue économique, dans les républiques municipales de l’Italie et aux Pays-Bas. Pourquoi ces deux régions ont-elles été les premiers champs d’élection du capitalisme ? C’est que le commerce maritime avec l’Orient, — à la suite des Croisades —, a doté les républiques italiennes d’une grande masse de capitaux. C’est que les Pays-Bas ont été l’un des principaux entrepôts entre l’Orient et le nord de l’Europe. Dès le Moyen âge, semble-t-il, c’est le grand commerce qui est la source essentielle du capitalisme.

D’ailleurs, si l’on veut voir comment le capitalisme a pris naissance et s’est développé en Italie, on peut prendre comme exemple la grande cité de Florence.

À Florence, les métiers se divisent en trois catégories les Arts majeurs, les Arts moyens et le, Arts mineurs. Or, les premiers se composent surtout de marchands : l’arte di Calimala (vendeurs et finisseurs de draps d’outre-monts) ; l’arte della lana (fabricants de draps) ; l’arte di Por Santa Maria (marchands de nouveautés et de soieries). Le grand commerce florentin, qui sert d’intermédiaire entre l’Occident et l’Orient, a pris de bonne heure un caractère capitaliste, et en particulier l’arte di Calimala. Les maîtres du métier opèrent les ventes en gros ; ils ont des comptoirs dans le Levant et fréquentent aussi les foires européennes, notamment celles de Brie et de Champagne, où ils achètent des draps de France, de Flandre et d’Angleterre. Ils tiennent dans leur dépendance une quantité considérable de sottoposti (comptables, commis et artisans, tels que teinturiers, apprêteurs et tondeurs). Réglant leurs comptes par lettres de change, ils se livrent naturellement à des opérations de banque.

Toutefois, de bonne heure, on trouve à Florence des changeurs et des banquiers, qui sont spécialisés dans cette sorte d’affaires. Ils s’occupent, tout à la fois, de transactions commerciales, du change et de l’envoi des métaux précieux, reçoivent des dépôts, effectuent des prêts sur gages et hypothèques, émettent des lettres de change et de crédit, commanditent des entreprises, assurent des navires. Mais ce sont surtout les opérations relatives aux finances publiques qui enrichissent les banques. Considérons que le Saint-Siège a des revenus dans tous les pays de la chrétienté : des dîmes, le denier de Saint Pierre, en Angleterre ; qu’il reçoit partout des legs et des donations. Les banques, grâce à leurs succursales, peuvent percevoir aisément ces revenus et avancer de l’argent à la cour pontificale. Celle-ci s’adresse à diverses banques, dans diverses villes, à des maisons de Sienne, de Lucques, de Pistoie, puis de Florence, quand les Florentins, en 1263, arrivent à supplanter les Siennois, sous le pontificat d’Urbain IV.

Les banquiers florentins exercent aussi leur champ d’action dans le royaume de Naples : Charles d’Anjou, qui a contracté auprès d’eux de gros emprunts, leur accorde d’importants privilèges commerciaux, des monopoles d’État, portant sur l’exportation du blé et du vin, sur les mines de fer, les gabelles, etc.[4]. On ne s’étonnera donc pas que les sociétaires de la banque Peruzzi aient touché des dividendes de 40 %, et ces gros dividendes s’expliquent d’autant mieux que le taux d’intérêt, qui était couramment de 14 à 25 %, s’élevait assez souvent à 45 ou 50 %, par an, quand les prêts n’étaient pas contractés au mois ou à la semaine. La chute des Templiers accroît encore l’importance de la banque florentine, au XIV siècle. Au XVe siècle, les Médicis, qui ont pris le pas sur les Spini, les Spigliati, les Bardi, les Pulci, les Alfani, deviennent si puissants qu’ils finissent par se faire donner un pouvoir princier.

La puissance financière des capitalistes italiens devient si grande qu’ils exercent leur emprise sur tout l’Occident chrétien, en France, en Espagne, en Portugal, en Angleterre. Seigneurs, prélats, villes et rois, partout, ont recours aux banquiers florentins et lombards ; Biche (Biccio) et Mouche (Musciatto) ont été les hommes à tout faire de Philippe le Bel. On inquiète parfois ces financiers florentins comme usuriers, on les traite parfois comme on le fait des Cahorsins et des Juifs, mais on ne peut se passer d’eux. Les Italiens, en réalité, ont été les premiers détenteurs du capitalisme financier.

Ils ont été aussi les premiers, avec les gens des Pays-Bas, à soumettre l’industrie à la domination du capitalisme. Les fabricants drapiers, qui, à Florence, constituent l’arte della lana, après avoir acheté la laine à l’étranger, la font travailler par de nombreux artisans de la, ville et de la campagne : tisserands, foulons, teinturiers, qui se trouvent sous leur complète dépendance, C’est que l’industrie lainière travaille en gros pour l’exportation. Voilà un premier exemplaire de l’industrie domestique, qui, partout, doit jouer un si grand rôle dans l’évolution du capitalisme. Lorsque l’arte di Calimala tombe en décadence, au XIVe siècle, c’est l’arle della lana qui la supplante et qui restera florissante jusqu’au milieu du XVe siècle ; puis, c’est l’arte della seta, l’industrie de la soie, qui passera au premier plan, jusque vers la fin du XVIe siècle, jusqu’au moment où la France lui fera une redoutable concurrence. La vie économique s’affaiblit, en effet, en Italie, dès cette époque ; ce sont les puissances maritimes de l’Occident qui déjà tiennent le premier rang.


4. Le capitalisme aux Pays-Bas — On saisit aussi aux Pays-Bas, dès le Moyen âge, les premières manifestations du capitalisme, du capitalisme commercial, fout au moins. Rien ne le montre mieux que les travaux si remarquables du grand historien belge, M. Henri Pirenne.

Au lendemain des invasions normandes, on voit se produire aux Pays-Bas un actif mouvement commercial, qui s’y développe plus tôt que dans la plupart des contrées situées au nord des Alpes. Il est favorisé, en effet, par leur situation géographique, car les Pays-Bas se trouvent au débouché de la vallée du Rhin, l’une des grandes voies naturelles entre la région méditerranéenne et les pays du Nord[5]. C’est alors que se créent des entrepôts de commerce, des portus ou poorts, comme Bruges, Liège, Gand, Bruxelles, Douai, Ypres.

La ville commerçante est « un endroit permanent d’échanges, le centre d’une activité, économique nouvelle ». Elle est peuplée surtout d’immigrants, dont beaucoup sans doute sont fils de serfs. La plupart exercent le métier de marchands (negociatores). Ce sont des aventuriers, des hommes en marge de la société, singulièrement énergiques, avisés et entreprenants, qui, par la piraterie d’abord, puis par des opérations commerciales hardies, accumulent des capitaux. Les marchands du XIIesiècle ne sont pas spécialisés ; ils vendent des marchandises de toutes sortes. La ville n’est aussi pour eux qu’une « base d’opération » ; ils courent de pays en pays et transportent leurs marchandises de place en place. Comme les routes sont peu sûres, ils se groupent en guildes et en hanses, achetant et vendant en commun, se partageant les bénéfices « au prorata de leur mise de fonds ». On voit apparaître des instruments de crédit comme la lettre de foire et la lettre de change.

Le commerce accroît le stock monétaire, ce qui produit une hausse des prix, qui a de graves conséquences, même en ce qui concerne le régime agraire, qui favorise notamment l’affranchissement des paysans.

Aux Pays-Bas, comme en Italie, le capitalisme commence à s’appliquer à l’industrie, tout en gardant sa forme commerciale. Dans toutes les villes, on trouve des artisans, comme les boulangers, tailleurs, menuisiers, qui travaillent pour le marché local. Mais il est aussi des industries, comme la fabrication des draps et du laiton, qui travaillent pour des marchés lointains. Les artisans, dans ces métiers, ne se trouvent pas en contact avec le public. Ils subissent la domination du négociant exportateur, du drapier, qui souvent achète lui-même la laine, la fait travailler, se charge en tout cas du finissage, puis vend le drap fabriqué. Ce drapier est un capitaliste, et les artisans ne sont que des salariés, fort nombreux dans les centres de l’industrie de la laine ; ainsi, à Gand, on en compte 4 000 sur une population totale de 50 000 habitants. C’est là une organisation économique vraiment nouvelle, reposant sur ce que l’on a appelé l’industrie domestique, et qui annonce la grande industrie moderne. Toutefois, même aux Pays-Bas, les industries à forme capitaliste ne se sont développées que dans un nombre assez restreint de villes et elles n’ont pas donné naissance à de grandes agglomérations  : Ypres, au XVe siècle, n’a pas une population supérieure à 10 000 âmes, Gand et Bruges, à 50 000 et 40 000 ; Louvain, Bruxelles et Liège n’ont pas plus de 20 à 30 000 habitants. Ce ne sont que des îlots clairsemés et peu denses.

La conséquence de cette forme nouvelle d’organisation du travail, c’est que, comme le montre M. G. des Marez dans son Étude sur la propriété foncière dans les villes au Moyen âge, la population urbaine se différencie en plusieurs classes économiques, nettement tranchées : il y a opposition des riches et des pauvres ; il se constitue un patriciat urbain composé de marchands enrichis et de rentiers, possédant des biens-fonds et des maisons.

Toutefois, dans les villes des Pays-Bas, l’expansion du capitalisme est gênée, à la fin du Moyen âge, par les révoltes des « gens du commun » contre l’exclusivisme de plus en plus étroit du patriarcat urbain, qui gouvernait les villes. N’empêche que, dès le Moyen âge, on voit s’y former une économie industrielle, qui ne se développera pleinement ailleurs qu’au XVIIIe siècle.

Quant aux cités épiscopales des Pays-Bas, leur situation économique se distingue par un caractère particulier, que M. Pirenne a admirablement mis en lumière. On n’y trouve pas de gros marchands exportateurs ; mais, comme l’évêque est entouré d’une cour nombreuse, il y a là une clientèle toute trouvée pour de nombreux fournisseurs, artisans et marchands. En outre, les besoins financiers, — souvent considérables -, des établissements ecclésiastiques déterminent la formation d’une classe de changeurs, d’hommes de finance, qui créent un véritable capitalisme financier.

À considérer les Pays-Bas du Nord (Hollande et Zélande), on peut prévoir, dès le Moyen âge, qu’ils deviendront la terre élue du capitalisme commercial. Le grand commerce s’y est développé de bonne heure, précisément parce que la nature ne leur fournissait pas tout ce qui était nécessaire à leur vie économique. De bonne heure, la pêche (surtout la pêche du hareng) y avait été très florissante et leur permettait une importante exportation. Mais la Hollande et la Zélande, pays de pâturages et de petite culture maraîchère, ne produisent pas la quantité de grains nécessaire à leur subsistance ; elles doivent les faire venir d’abord des riches plaines picardes, puis des pays de la Baltique, et c’est ainsi qu’ils constitueront un entrepôt, où se fourniront plusieurs pays de l’Europe. Les Pays-Bas du Nord ne possèdent aussi ni assez de bois pour leurs constructions maritimes, ni les métaux dont ils ont besoin. Ainsi naît un puissant mouvement d’échanges, qui ne fera que se développer au cours du XVe et du XVIe siècle, pour s’épanouir merveilleusement au XVIIe siècle. La vie urbaine y a joué, de bonne heure, un rôle prépondérant : c’est à Middelbourg, à Dordrecht, à Rotterdam, puis à Amsterdam que s’est concentrée toute la vie économique du pays[6].


5. Premiers symptômes en France — Du reste, — il ne faut pas se le dissimuler -, la situation économique des républiques italiennes et des villes des Pays-Bas apparaît comme vraiment exceptionnelle. Ailleurs, le capitalisme ne se manifeste que d’une façon très atténuée.

On se l’explique, si l’on songe que le commerce — le grand commerce tout au moins — n’a pas encore un caractère permanent, mais périodique. L’insuffisance des voies de communication, l’absence de sécurité, le petit nombre de centres urbains importants nous expliquent les raisons de cette périodicité. Voilà pourquoi le grand commerce se concentre presque entièrement dans les foires jusqu’à la fin du Moyen âge. Les foires les plus importantes se sont créées naturellement au carrefour des grandes voies de communication terrestre, comme la Champagne et Lyon, quelquefois à proximité des grands centres de production, comme les foires flamandes. Leur déclin sera déterminé, par les progrès de la poste, l’amélioration des routes, l’établissement d’une sérieuse police, l’accroissement des grands centres urbains. Elles seront peu à peu, on le verra, remplacées par les bourses, dont les progrès coïncideront avec ceux du commerce permanent[7].

Au Moyen âge, le développement économique de la France, tout au moins des régions qui composent alors le royaume, est beaucoup moins précoce que celui des villes italiennes et des Pays-Bas ; aussi l’industrie et le commerce sont-ils presque entièrement entre les mains d’artisans et de marchands, qui ne disposent que de ressources très limitées, qui ne sont, en aucune façon, des capitalistes. Cependant, peu à peu on voit se former une catégorie de marchands en gros, qui commencent à se différencier des gens de métier. C’est chez eux, et notamment chez les merciers, qu’on trouve les premières accumulations de capitaux. Un curieux règlement du XVe siècle, relatif aux prérogatives du « roi des merciers », nous montre la variété de marchandises que vendent les merciers et la prédominance économique qu’ils exercent sur nombre de métiers. Rien d’étonnant, par conséquent, qu’un privilège royal de 1413 affranchisse les merciers de l’inspection des jurés des métiers.

Toutefois, le grand commerce maritime, — l’une des grandes sources du capitalisme —, n’apparaît vraiment que dans des régions qui aujourd’hui font partie intégrante de la France, mais qui ne seront réunies au royaume que dans la seconde moitié du XVe siècle. C’est ainsi qu’à la suite des croisades, aux XIIe et XIIIe siècles, les Provençaux font un actif commerce avec nombre de ports du Levant. Bordeaux entretient aussi d’étroites relations commerciales avec l’Angleterre, à laquelle la Guyenne fut soumise jusqu’au milieu du XVe siècle. Les armateurs de Bayonne, dès 1213, forment une société d’assistance mutuelle et de partage de bénéfices. C’est à Marseille qu’on trouve d’assez nombreux exemples de sociétés en commandite, dès le XIIIe siècle. Mais, dans le royaume même, on ne voit guère apparaître d’importantes guildes marchandes, comme en ont connu les Pays-Bas ; on ne peut guère citer que les « marchands fréquentant la rivière de Loire ».

D’ailleurs, n’oublions pas que toute l’expansion économique du royaume de France fut entravée, paralysée par les ravages de la terrible guerre de Cent Ans. C’est seulement au lendemain de cette guerre, c’est-à-dire dans la seconde moitié, du XVe siècle, que les relations commerciales se développent à nouveau, comme le montre la création de nombreuses foires, que la richesse mobilière prend vraiment de l’extension.

Louis XI, beaucoup plus encore que ses prédécesseurs, s’efforce de favoriser le développement du commerce, d’introduire en France des industries de luxe. Il obéit déjà à une conception « mercantiliste », car il considère que l’achat d’étoffes précieuses à l’étranger diminue le stock monétaire du royaume ; c’est la raison essentielle pour laquelle il tenta d’implanter l’industrie de la soie à Lyon, malgré la répugnance des habitants, qui firent échouer son projet, puis à Tours, où elle prospéra dès son règne. On voit déjà que la grande industrie, en France, pendant longtemps, ne produira guère que des objets de luxe, qu’elle devra son existence à l’initiative et aux encouragements de l’État. C’est un fait significatif que Louis XI ait voulu créer une grande compagnie de commerce privilégiée, une « Compagnie du Levant », annonçant ainsi les créations de Colbert. En France, la formation du capitalisme commercial sera, en grande partie, une œuvre artificielle, comme la création de la grande industrie.


6. Le capitalisme en Angleterre. — Pendant la plus grande partie du Moyen âge, et encore au XIIIe et au XIVe siècle, l’Angleterre nous apparaît comme un pays exclusivement agricole, dont l’industrie est l’œuvre seulement de petits métiers urbains. Un fait significatif, c’est que, malgré sa situation insulaire, sa puissance maritime est très médiocre et que son commerce se trouve presque entièrement entre les mains des étrangers. C’est seulement au XIVe siècle que les marchands de l’Entrepôt (Staplers) commencent à se livrer au commerce international, qui a pour trafic essentiel l’exportation de la laine anglaise.

Cependant, dès la fin du Moyen âge, on voit se constituer en Angleterre les premiers éléments du capitalisme commercial. Certains métiers urbains se distinguent des autres par leur richesse ; ce sont presque uniquement des métiers marchands, comme les merciers, épiciers et drapiers. Les progrès du capitalisme commercial s’accentuent, au XVe siècle, grâce au développement de l’industrie drapière, auquel a fortement contribué l’arrivée en Angleterre de réfugiés flamands et brabançons. C’est alors qu’apparaît la classe des marchands de drap (drapers). L’Angleterre commence, en effet, à exporter les draps qu’elle fabrique. Ces progrès de l’industrie lainière ont contribué, dans une forte mesure, à battre en brèche le système manorial et à faire naître la pratique de l’enclosure, qui peu à peu éliminera la petite propriété paysanne.

Cependant, en ce qui concerne l’origine du capitalisme en Angleterre, le phénomène le plus important peut-être à signaler, c’est la création de ce qu’on appelle le régime de l’industrie domestique et rurale, qui prend une extension considérable, au cours du XVeet du XVIe siècle, lorsque l’industrie textile abandonne, en grande partie, les villes pour les campagnes. Dans ce système, l’on voit le capitalisme commercial, si fortement accru par l’exportation du drap, s’appliquer à l’industrie, la « contrôler », pour nous servir d’une expression moderne. Comme le dit à merveille sir William Ashley, « le clothier (fabricant de drap) achète la laine, la fait tisser, fouler et teindre ; il paie les artisans à chaque phase de la fabrication et il vend aux drapiers la marchandise fabriquée ». Il joue donc déjà le rôle d’un capitaliste par rapport aux artisans, quoique le capital de la plupart des fabricants soit encore peu important, et, en même temps, il se trouve, dans la dépendance économique des marchands exportateurs ; quand, par exemple, en 1527, lors de la rupture des relations diplomatiques entre le roi d’Angleterre et l’Empereur, les marchands ne peuvent plus vendre leurs draps au dehors, les fabricants se trouvent obligés de suspendre leur travail, et c’est le chômage pour les artisans qu’ils emploient. La seconde émigration des Flamands en Angleterre, à la suite des persécutions religieuses qui ont sévi dans la seconde moitié du XVIe siècle, vient encore accentuer toute cette évolution économique ; c’est alors que Norwich devient, pour l’industrie drapière, un centre si important. L’industrie rurale et domestique (on le verra plus loin) s’est, d’ailleurs, implantée partout en Europe, mais plus tardivement, semble-t-il, qu’en Angleterre.

En ce pays, c’est à cette phase de l’évolution économique que correspondent la création et les progrès des Merchant adventurers, qui, au lieu de se contenter, comme les Staplers, de marchés relativement restreints commencent à s’aventurer au loin, véritables précurseurs de la grande expansion maritime de l’Angleterre. Nous voyons là déjà un exemple frappant de l’influence réciproque qu’ont exercée l’une sur l’autre l’activité commerciale et l’activité industrielle.

Même dans un pays comme l’Espagne, qui semble, en dehors des grandes routes commerciales et où la vie économique est peu active, on voit apparaître, dès le Moyen âge, quelques manifestations du capitalisme naissant : tel est le cas de Séville, où le développement de l’organisation économique nouvelle a été favorisée surtout par l’action des Génois et des Juifs[8].


7. Le capitalisme financier ; son caractère. — Le capitalisme financier apparaît aussi dès le Moyen âge, mais comme succédané du capitalisme commercial. La plupart des hommes, qui se livrent au commerce de l’argent, sont des marchands adonnés au trafic d’autres marchandises : drapiers, épiciers, merciers. Tel est le cas, en Italie, des négociants de l’Arte di Calimala ; tel est le cas aussi, aux Pays-Bas, des financiers d’Arras, et notamment de la famille Crespin. Les lombards eux-mêmes, qui tiennent les « tables de prêt », si nombreuses aux Pays-Bas, ne sont pas spécialisés uniquement dans le commerce de l’argent.

Cependant, la pratique des emprunts contractés par les princes, par les villes, par les établissements ecclésiastiques (pour ne pas parler des simples seigneurs et bourgeois) contribue à accumuler des capitaux considérables entre les mains des marchands d’argent. N’oublions pas, en effet, que le taux de l’intérêt est très élevé : rarement inférieur à 20 ou 25 %, il s’élève parfois jusqu’à 50 ou 60 %. Une classe de financiers tend donc à se créer, que viennent grossir encore les fonctionnaires financiers des princes, laïques ou ecclésiastiques, dont beaucoup sont d’origine italienne, ce que l’on comprend, si l’on songe que les Italiens ont, à cet égard, une grande supériorité technique.

Le change, que nécessite la diversité des monnaies, même dans une seule région, est aussi l’une des grandes sources du capitalisme financier. On trouve partout un grand nombre de changeurs, surtout dans les places où se traite le commerce international. Aussi, nulle part, le change n’a-t-il été aussi important qu’aux grandes foires de Champagne, où se rendent des marchands de toute l’Europe. C’est dans ces foires qu’on use surtout, et de bonne heure, sûrement dès le XIIIe siècle, des lettres de foire et des lettres de change. Le règlement des comptes, après s’être fait au comptant, se fait aussi à terme. Puis on procède à l’extinction des dettes de change par voie de compensation ; c’est le virement de parties ou scontration, qui, après s’être développé aux foires de Lyon, se perfectionnera encore aux foires espagnoles et aux foires de Gênes. « C’est dans les foires, dit très justement M. Huvelin, que les marchandises et l’argent cessent d’être des objets de consommation pour devenir des capitaux. »

Le commerce maritime Joue un rôle analogue aux foires. Ainsi à Bruges se pratique, dès le XIIIe siècle, mais sur un moindre pied qu’aux foires de Champagne, le change international. À la fin du XVe siècle et, au XVIe, Anvers sera une grande place de change international ; c’est que cette ville et notamment sa bourse constitueront, comme on l’a dit, une foire permanente.

Sans doute, le commerce de l’argent n’a pas encore pris, au Moyen âge, une existence pleinement indépendante. Mais on commence à percevoir l’importance qu’il prendra dans la vie économique. M. Bigwood[9] déclare que, dans les Pays-Bas tout au moins, les emprunts publics n’ont pas favorisé le commerce de l’argent. Néanmoins les progrès des États princiers ont contribué très fortement à développer le capitalisme financier, dès le Moyen âge. Les princes, pour leur administration, leur politique et surtout leurs guerres, ont besoin de recourir aux services des hommes d’argent, qui à l’occasion (une occasion qui se présente souvent) leur consentiront des prêts importants, auxquels aussi, moyennant finance, ils concèderont des monopoles, comme ceux des « tables de prêt ». Sans aucun doute, comme le montre, le professeur W. Sombart, il existe des liens assez étroits entre les progrès de l’État et ceux du capitalisme ; c’est ce que l’on constatera plus fortement encore dans les siècles suivants.

Le mécanisme des changes et aussi les emprunts des États princiers engendrent, forcément le, prêt à intérêt ; celui-ci, il est vrai, est condamné par l’Église, tout au moins quand il ne représente pas le bénéfice d’une commandite, ou quand il n’affecte pas la forme de la rente foncière, mais la force des choses finira par l’imposer à la législation des divers États. Or, le prêt à intérêt est, sinon la principale source, du moins la manifestation essentielle du capitalisme.

C’est aussi dès le Moyen âge, en Italie surtout, qu’on voit apparaître des sociétés commerciales, annonçant les futures sociétés par actions, qui joueront un si grand rôle, dans la genèse du capitalisme. Telle, la société en commandite, qui permet dû donner une plus grande envergure aux opérations commerciales. Telle aussi, la société en nom collectif, qui se rattache peut-être à la communauté familiale. Quant aux sociétés par actions, elles ne se développeront véritablement qu’à partir du XVIIe siècle.

C’est encore au Moyen âge, en Italie, qu’on voit naître le prêt à la grosse aventure et l’assurance maritime, qui se rattachent si étroitement à l’histoire du capitalisme. La pratique des assurances se développa ensuite, dès la fin du Moyen âge, dans les autres contrées maritimes de l’Europe, et les négociants portugais ont eu, semble-t-il, une grande part à ses progrès, comme à toute l’élaboration du droit commercial ; mais, sur cette question, les travaux sont encore peu nombreux. Il s’agit, d’ailleurs, seulement d’assurances « privées » ; les compagnies d’assurances ne naîtront qu’au XVIIe siècle, sous la pression de la nécessité, car il y avait grand avantage à partager les risques[10].


8. Caractères des puissances financières au Moyen âge. — On commence aujourd’hui à se rendre compte assez nettement de la nature des puissances financières au Moyen âge.

Il en est qui sont, en quelque sorte, confinées dans une ville ou dans un pays. Tel est le cas de ces « financiers d’Arras » (en Particulier, les Crespin et les Louchart), que récemment nous a décrits M. Bigwood[11]. Enrichis, semble-t-il, tout à la fois, par le commerce et par leurs propriétés et rentes foncières, ils disposent, au XIIIe siècle et au début du XIVe, d’assez de capitaux pour faire des prêts fort considérables à des princes, comme le comte de Saint-Pol et le comte d’Artois, à, des seigneurs laïques et ecclésiastiques, aux villes des Pays-Bas, comme Bruges. Fixés dans leur cité d’Arras, ils n’ont pas de représentants au dehors, ne se rendent aux foires que pour leur commerce, n’ont pas de relations internationales. Voici, d’autre part, un fonctionnaire, Guillaume de Duvenvoorde (1290-1353), conseiller du comte Guillaume de Hollande. Ce sont surtout des spéculations financières qui l’ont enrichi : les prêts d’argent consentis à des particuliers et surtout à des princes, la pratique des changes, l’achat de rentes foncières, des constitutions de lucratives hypothèques lui ont permis d’accumuler tant de richesses qu’il possède un revenu de 70 000 livres (5 millions de francs au cours de 1921), représentant un capital de 100 millions de francs. Il est curieux de noter que, sa petite-nièce ayant épousé, en 1404, Englebert de Nassau, c’est à ce « nouveau-riche » du XIVe siècle que la maison d’Orange-Nassau doit sa fortune pécuniaire, et partant sa fortune politique[12].

Toutefois, les puissances financières les plus importantes qui se sont constituées au Moyen âge, ce sont celles qui ont été favorisées par leurs relations internationales. Telles, ces puissantes banques italiennes, qui ont en tous pays des succursales ; tels, ces changeurs et ces Lombards qui sont répandus dans toute la chrétienté ; tels encore, les Hanséates, qui ont d’importants établissements dans tout le nord-ouest de l’Europe.

Les Juifs constituent aussi une puissance économique internationale. Dispersés un peu partout, unis à leurs congénères par les liens de leur religion, qui leur vaut humiliations et persécutions, ils se trouvent placés dans des conditions particulièrement favorables pour se livrer à d’importants échanges commerciaux et financiers. C’est à tort qu’on les a crus longtemps voués uniquement aux transactions financières ; jusqu’au XIIIe siècle surtout, ils font encore plus le commerce des marchandises que le commerce de l’argent, comme le démontre très fortement MM. Moses, Hofmann[13] et Kulischer.

Enfin, l’Église, dès le Moyen âge, apparaît comme une puissance financière internationale. Les évêques, les chapitres, les abbayes possédaient de grandes propriétés foncières ; il leur fallait s’occuper de la vente de leurs produits, de leurs grains et de leurs laines ; ils ont donc été amenés à faire du commerce, d’abord pour leur propre compte, puis pour le compte des autres, en dépit des décisions de conciles, qui le leur défendaient, et qui sont d’autant plus fréquentes que leurs canons étaient constamment violés. Le commerce des marchandises entraîna les puissances ecclésiastiques à faire le commerce de l’argent ; les monastères devinrent de véritables établissements de crédit[14]. Et ce fut surtout le cas des grands ordres militaires, qui, en tous pays, avaient des commanderies, et qui, par conséquent, avaient toute facilité pour se livrer aux lucratives pratiques des changes. C’est ainsi que l’Ordre Teutonique se préoccupe autant de ses transactions commerciales et financières que de l’évangélisation des Slaves, encore païens. Les Templiers, à qui les grands de ce monde confiaient des dépôts de métaux précieux et d’argent, qui prêtaient aussi des sommes considérables aux nobles, aux princes et aux rois, dont ils devinrent réellement les trésoriers, et qui se livraient à toutes les opérations de banque, accumulèrent tant de richesses qu’ils tentèrent la cupidité d’un souverain, toujours à court d’argent, de Philippe le Bel, ce qui explique leur scandaleux procès et la destruction de leur ordre[15].

L’aperçu qui précède peut suffire à montrer combien apparaissent diverses les sources du capitalisme au Moyen âge. C’est ne voir qu’une face de la question que de prétendre, comme le veut le professeur Sombart, que ce capitalisme est né, surtout de la propriété rurale des seigneurs, ainsi que de l’accroissement des propriétés urbaines et des rentes foncières, qui se trouvaient entre les mains du patriciat des villes[16]. Sans doute, c’est bien là une des sources du capitalisme, mais beaucoup moins féconde que le grand commerce international des marchandises et que le commerce de l’argent, qui en a été la conséquence. Le phénomène prépondérant, pour qui veut s’expliquer la cause première de l’accumulation des capitaux, ce sont les relations internationales, encore exceptionnelles au Moyen âge, mais qui cependant jouent déjà un rôle important.

Une dernière remarque. C’est surtout le commerce de l’argent qui donne naissance à la classe des nouveaux riches. Mais, à chaque génération, comme l’a si bien montré M. Pirenne, ce sont des hommes nouveaux qui apparaissent. Les descendants de ceux qui ont réalisé de grosses fortunes ne tardent pas à abandonner le monde des affaires ; achetant des seigneuries ou des propriétés urbaines, acquérant des rentes (rentes foncières et rentes émises par les princes et par les villes[17]), ils pénètrent dans les rangs de l’aristocratie foncière ou du patriciat des villes. En un mot, ils renoncent à l’activité économique, ils ne représentent plus que le passé ; et ce sont des nouveaux venus qui vont reprendre le flambeau et créer, à leur tour, des formes d’avenir qui précipiteront l’évolution du capitalisme moderne.

9. Il n’existe pas de capitalisme industriel, au sens moderne du mot. — Quant au capitalisme industriel, au sens moderne du mot, il n’existe en aucune façon au Moyen âge ; il n’apparaît, on l’a vu, que sous sa forme purement commerciale. Les artisans, surtout dans les métiers de l’alimentation, du vêtement, du bâtiment, de l’ameublement, disposent eux-mêmes de leurs moyens de production, moyens très limités d’ailleurs, en général, comme le montre, par exemple, le registre de la taille à Paris, en 1292, comme le montrent aussi les taxes d’impôts de Bâle au XVe siècle. Ils besognent seuls ou avec un ou deux compagnons. Ils ne travaillent pas pour des marchés lointains, ils vendent directement leurs produits aux consommateurs de la localité, ou même mettent en œuvre la matière première qui leur est fournie par leurs clients.

Le régime corporatif, l’organisation des communautés de métiers, telle qu’elle existe partout au Moyen âge, tend à maintenir l’artisan dans une situation assez humble, en s’opposant à la concurrence, en limitant le nombre des apprentis, en assurant à tous la main-d’œuvre qui leur est nécessaire, mais une main-d’œuvre, très restreinte.

Les corporations ouvrières, dans l’immense majorité des villes, ont maintenu le régime de la petite industrie, non seulement au Moyen âge, mais dans les temps modernes. C’est seulement dans les corporations marchandes que parfois une différenciation se produit entre les maîtres et que l’accumulation des capitaux peut se réaliser ; nous avons là un phénomène très significatif.


Ouvrages à consulter.


R. Davidsohn, Geschichte von Florenz, 4 vol. in-8o ; — Forschungen zur Geschichte von Florenz.

A. Doren, Das Florentiner Zunftwesen vom XIVten Jahrhundert zum XVIten ; — Studien ans der Florentiner Wirtschaftsgeschichte, Stuttgart, 1901.

Georges Renard, Histoire du travail à Florence, Paris, 1914, 2 vol., in-8.

Peruzzi, Storia del comercio e dei banchieri di Firenze in tutto el mundo conosciuto del 1200 al 1345, Firenze, 1868.

Piton, Les Lombards en France et à Paris, Paris, 1892.

Henri Pirenne, Histoire de Belgique, t. I et II ; — Les démocraties urbaines aux Pays-Bas, Paris, 1912 ; — Medieval cities, their origins and the revival of trade, Princeton University Press, 1025 ; — Les périodes de l'histoire sociale du capitalisme (Bull. de l'Académie de Belgique, 1914).

Georges Espinas, L'industrie drapière dam la Flandre française au Moyen âge, 2 vol. in-8o, 1923.

G. des Marez, L'organisation du travail à Bruxelles au XVe siècle, Bruxelles, 1904 ; — La lettre de foire à Ypres au XIIIe siècle, Bruxelles, 1901.

G. Fagniez, L'industrie et la classe industrielle à Paris aux XIIIe siècle et XIVe siècles, Paris, 1877 (Bibl. de l'École des Hautes Études, fasc. 33) ; — Documents relatifs à l'histoire de l'industrie et du commerce en France au Moyen âge, Paris, 1898-1900, 2 vol., in-8o.

Henri Hauser, Les origines du capitalisme moderne en France (Revue d'Économie politique, an. 1902).

P. Huvelin, Essai historique sur le droit des marchés et des foires, Paris, 1897 ; — Le droit commercial (Revue de synthèse historique, 1904).

Martin Saint-Léon, Histoire des corporations de métiers, 3e éd., 1923.

H. Pigeonneau, Histoire du commerce de la France, t. I, Paris, 1885.

W. Ashley, Histoire et doctrines économiques de l'Angleterre, trad. fr., Paris, 1900, 2 vol. in-8o ; — L'évolution économique de l'Angleterre, trad. fr., Paris, 1925.

Georges Bigwood, Le régime juridique et économique du commerce de l'argent en Belgique au Moyen âge (Mém. de l'Académie de Belgique, 1921 et 1922).

R. Génestal, Rôle des monastères comme établissements de crédit, étudié en Normandie du xie à la fin du XIIIe siècle, Paris, 1901 (thèse de droit).

Georges Mayer, Essai sur les origines du crédit en France du XIIIe au XIVe siècle, Paris, 1902.

R. Ehrenberg, Das Zeitalter der Fugger, Iéna, 1897, t. I.

Werner Sombart, Der moderne Kapitalismus, 4e éd., 1922.

Josef Kulischer, Warenhœndler und Geldanleiher im Mittelalter (Zeitschrift für Volkswirtschaft, Sozialpolitik und Verwaltung, t. XVII).


  1. E. Cavaignac, Population et capital dans le monde méditerranéen antique, 1923, pp. 133-134.
  2. Voy. H. Pirenne, Un contraste économique : Mérovingiens et Carolingiens (Revue belge de philologie et d’histoire, avril 1923). Cf. A. Dopsch, Wirtschaftliche und soziale Grundlagen der europaeischen Kulturentwicklung, Vienne, 1918-1920, 2 vol.
  3. Voy. Guilhiermoz, Essai sur l’origine de la noblesse en France, Paris, 1902 ; Fustel de Coulanges, Les origines du régime féodal ; Olivier Martin, Histoire de la coutume de la vicomté et prévôté de Paris, Paris, 1922, p. 13 et suiv., 122 et suiv., 230 et suiv. ; H. Sée, Les classes rurales et le régime domanial en France au Moyen âge, 1901, p. 156 et suiv. ; Marc Bloch, Rois et serfs, Paris, 1920.
  4. G. Yver, Le commerce et les marchands dans l’Italie méridionale aux XIIIe et XIVe siècles, 1903.
  5. Sur les progrès économiques du nord-ouest de l’Europe, dès le Xe siècle, cf. aussi Paul Kletier, Nordwesteuropa’s Verkher, Handel und Gewerbe, Vienne, 1924.
  6. Voy. J. G. Van Dillen, Het economisch karakter der middeleeuwsche stad, Amsterdam, 1914 ; H. J. Smit, De opkomst van den handel van Amsterdam, Amsterdam, 1914 ; Z.-W. Sneiler, Le développement du commerce entre les Pays-Bas septentrionaux et la France jusqu’au milieu du XVe siècle (Revue du Nord, 1922).
  7. P. Huvelin, Histoire du droit des marchés et des foires ; André Allix, Les foires, étude géographique (La Géographie, 1923).
  8. Voy. Ramon Carande, Sevilla fortaleza y mercado (Anuario de historia del derecho espanol, t. II, 1925).
  9. Le régime juridique et économique du commerce de l’argent en Belgique au Moyen âge.
  10. Cf. Salvioli, L’assicurazione e il cambio maritimo nella storia del diritto italiano, 1884 ; Hamon, Histoire générale de l’assurance en France, 1897 ; P. Huvelin, Le droit commercial (Revue de synthèse historique, an. 1904).
  11. Les financiers d’Arras (Revue belge de philologie et d’histoire, an. 1924 et 1925).
  12. Voy. Joseph Cuvelier, Les origines de la fortune de la maison d’Orange-Nassau (Mémoires de l’Académie royale de Belgique, 1922).
  13. Der Geldhandel der deutschen Juden waehrend des Mittelalters (Forsehungen, de Schmoller, 1910).
  14. Notamment grâce à de nombreux achats de rentes foncières comme le montre M. Génestal pour la Normandie ; les abbayes jouent, au XIIIe siècle, le rôle de « banques agricoles ».
  15. Voy. Léopold Délisle, Les opérations financières des Templiers Mém. de l’Académie des Inscriptions, tome 33, 1889).
  16. Cf. G. VON BELOW, Die Entstehung des modernen Kapitalismus (Historische Zeitschrift, 1903, t. 91).
  17. Voy. G. Bigwood, Les émissions de rentes de la ville de Namur au XVe siècle (Annales de la Société archéologique de Namur, t. 36, an. 1925).