Les Opalines/Sur des mains de femme

L. Vanier (p. 67-68).

SUR DES MAINS DE FEMME

Blanches dans l’ombre qui tombait,
J’ai vu vos deux mains immobiles,
Qui s’adoraient d’être inutiles
Et de n’avoir jamais rien fait.

Elles ne portaient qu’une opale,
Trop superbes pour en avoir plus,
Et voulant que soit toujours nu
Leur long alanguissement pâle.

Blanches dans l’ombre qui tombait,
J’ai vu vos mains qui se reposent,
Vos mains frêles aux ongles roses,
Que des éclats enrichissaient.


Mais… — qu’est-ce ?… — voici que s’allongent
Leurs formes comme en un lointain ;
Vos doigts veules sont incertains
Et de ce vague qu’ont les songes.

C’est que dans l’ombre elles ont fui,
Vos deux mains ivres de paresse,
C’est que, prises dans sa caresse,
Vos mains ont épousé la nuit.