Les Opalines/Il est dans la forêt une étroite vallée

L. Vanier (p. 65-66).

IL EST DANS LA FORÊT UNE ÉTROITE VALLÉE

Il est dans la forêt une étroite vallée,
Où veillent, grandeur d’homme, en gardiens attentifs,
Près de rochers pareils à des tombeaux, des ifs.
Rêveuse, au milieu d’eux se promène une allée.

La combe est solitaire : elle est mystique, étrange.
Il semble, sans les voir, voir des ombres passer,
Et le ciel bleu, où court la brise, fait penser
Aux battements d’azur qu’auraient des ailes d’ange.

En cet endroit perdu, le temps lui-même semble,
Ravi par son séjour, s’être arrêté de fuir.
Un silence éternel qui vit de souvenirs
Y fige tout, hormis quelques feuilles qui tremblent.


Il est une vallée étrange, étroite et brève,
Où je m’en vais parfois. L’air est flottant, léger :
J’y marche d’un pas droit, qui m’est comme étranger,
D’un pas muet d’extase ainsi que dans les rêves.