Les Opalines/Je porte ma sensibilité…

L. Vanier (p. 74).

JE PORTE MA SENSIBILITÉ…

Je porte ma sensibilité, car farouche,
Comme une femme porte, caché, son corps. Oui :
Je ne la découvre jamais et n’en jouis
Qu’en des heures d’offrande ainsi qu’en ont les bouches.

Hors ces moments d’extase aux imprévus d’averse,
Je suis celui qu’on voit qui s’agite et qui vit :
C’est le chemin de l’action que j’ai suivi,
Aride, mais semé de jardins qu’on traverse.

En ces moments-là donc je me devêts. Tout nu,
Vibrant comme une femme entre des mains adroites,
Sous les émotions qui de gauche et de droite
Se posent sur moi, j’ai des bonheurs ingénus.