Les Oiseaux de proie (Braddon)/Livre 05/Chapitre 03

Traduction par Charles Bernard-Derosne.
Hachette (tome IIp. 23-34).

CHAPITRE III

LA CHASSE AUX JUDSON

« 10 octobre. — Hier et avant-hier, je n’ai rien fait. Samedi, après un long déjeuner, j’ai relu une seconde fois les lettres de Mme Rebecca, et employé ma matinée à rechercher les parcelles d’informations qui auraient pu m’échapper à la première lecture ; mais je n’ai rien trouvé d’important. Si estimable que m’ait toujours paru le fondateur de la fraternité wesleyenne, j’avais par-dessus la tête de ses vertus, de ses discours, de ses voyages, de ses assemblées religieuses, et de ses prières en commun avant d’en avoir fini avec la correspondance de Mme Haygarth. Dans l’après-midi, je suis allé flâner dans la ville. Je me suis adressé à plusieurs hôtels, à l’effet de découvrir si par hasard le capitaine n’y était pas logé. Je suis allé à la gare ; j’ai assisté au départ d’un train. J’ai passé une demi-heure dans la boutique du meilleur marchand de tabac de la ville, dans l’espoir d’y rencontrer mon élégant patron, qui a l’habitude de s’offrir tous les jours deux cigares extras. S’il est encore à Ullerton ou non, je ne saurais le dire ; mais il ne vint pas chez le marchand de tabac, et je dus me replier sur mon hôtel après avoir perdu ma journée. Cependant je ne pense pas que George ait à se plaindre de moi ; car j’ai rudement travaillé pour vingt-cinq shillings par semaine et je me suis voué à cette affaire avec une somme d’enthousiasme dont je ne me serais jamais cru capable, excepté pour…

« Je suis allé à la messe dimanche matin, et je me suis plus pieusement incliné que je n’ai coutume ; car, bien qu’un homme vivant des ressources de son esprit ne soit pas fatalement un païen ou un athée, il lui est fort difficile d’être tout à fait bon chrétien ; même ma piété d’hier n’a pas été très-édifiante, car pendant le sermon, mes pensées vagabondaient à qui mieux mieux du côté de Charlotte.

« Dans l’après-midi, j’ai lu les journaux et j’ai sommeillé au coin de la cheminée de la salle à manger, pensant toujours à Charlotte. Le soir, tard, j’ai été me promener dans les rues, songeant quel pauvre être abandonné j’étais !

« Allons ! voilà que je me plains encore !

« Cette après-midi, nouvelle lettre de Sheldon : elle m’ouvre un nouveau champ d’exploration dans le territoire souterrain du passé. Cet homme a une merveilleuse aptitude pour ce genre de travail ; il a, ce qui est plus encore que de l’aptitude, une expérience acquise par dix années d’insuccès. Un pareil homme doit réussir tôt ou tard. Sera-ce pendant que je suis son allié ? Je suis disposé à en douter. Je me regarde comme un être dépourvu de chance qui porte malheur aux autres comme à lui-même. C’est une folle superstition peut-être que de s’imaginer que l’on est particulièrement voué à une mauvaise destinée. Cependant les Euménides ont été très-sévères pour moi. Ces aimables déesses ont mis leur méchante main sur moi depuis mon berceau. A-t-il jamais été payé, mon berceau ? Je ne le crois pas. Peut-être existe-t-il une déesse vengeresse, dont la mission spéciale est de poursuivre les insolvables, une Némésis attachée à la Cour des Banqueroutiers.

« La lettre de Sheldon révèle une grande subtilité d’esprit. Elle est plus longue que la précédente. Je la transcris ici en entier, voulant faire de ce rapport un résumé complet de tous les faits relatifs à l’affaire Haygarth.

« Gray’s Inn, dimanche soir.
« Cher Haukehurst,

« J’ai reçu vos copies de lettres et elles me paraissent choisies avec beaucoup de discernement, en supposant, toutefois, que rien ne vous ait échappé dans l’examen des autres. Il sera bien, du reste, de m’envoyer le surplus. Vous pourrez prendre note de tout ce qui vous pourra servir à vous-même, mais il vaut autant que les originaux soient entre mes mains.

« Je trouve un point très-important dans la première lettre que vous avez choisie, c’est l’allusion à une maison dans John Street. Il est clair que Matthieu a habité cette maison. Nous retrouverons peut-être quelque chose de son existence dans le voisinage. Je commencerai mes investigations aux alentours, et si j’ai la bonne fortune de tomber sur un centenaire qui ait encore sa tête, je puis arriver à quelque découverte utile.

« Il y a près de la prison pour dettes plusieurs hospices dont les pensionnaires atteignent à des âges qui rappellent ceux du Pentateuque. Peut-être pourrai-je rencontrer là quelque citoyen qui se rappelle quelque contemporain de Matthieu. Londres était à cette époque aussi grand qu’aujourd’hui, et les hommes passaient leur vie entière dans un ministère, ce qui leur donnait tout le loisir nécessaire pour s’occuper des affaires de leurs voisins. Ayant maintenant une sorte de guide pour me diriger dans mes recherches sur la jeunesse déréglée de Matthieu, j’en suivrai la trace avec le plus grand soin. Je poursuivrai mon enquête métropolitaine pendant que vous continuerez vos investigations provinciales, et, agissant simultanément, nous pouvons espérer aboutir avant peu. Pour ce qui vous concerne, je suis d’avis que vous alliez de l’avant sur la piste de la branche des Judson. Vous devez vous rappeler que l’unique sœur de Matthieu était une Mme Judson, de Ullerton. Je préférerais trouver un héritier légal venant en ligne directe de Matthieu, et ma théorie sur ce point vous est connue. Mais si nous échouons dans cette direction, nous serons bien obligés de nous retourner vers les Judson, qui forment une ligne désespérément compliquée, laquelle exigera peut-être la moitié d’une vie d’homme pour être démêlée, sans compter que d’autres que nous peuvent avoir entrepris la même affaire et dans le même sens, à savoir la branche féminine de l’arbre des Haygarth.

« Il faut que vous tentiez de découvrir quelques descendants des Judson, afin de mettre la main sur des preuves nouvelles : anciennes lettres, inscriptions sur des vieux livres, etc. Que Matthieu eût un secret, cela est certain, et qu’il ait été disposé à le révéler à ses derniers moments, cela est non moins certain. Qui peut savoir s’il ne l’a pas confié à sa sœur unique, bien qu’il n’ait pas osé le dire à sa femme ?

« Vous avez agi avec tant de perspicacité jusqu’à ce moment que je ne crois pas utile de vous fatiguer par d’autres suggestions. Lorsque l’argent sera nécessaire j’y pourvoirai ; mais je dois vous demander d’en être très-économe, car je ne puis emprunter qu’avec de grands sacrifices, et si cette affaire venait à ne pas réussir, je serais inévitablement ruiné.

« Votre, etc.,

« G. S. »

« Mon ami Sheldon est un homme qui n’est jamais plus que Votre, etc., pour le reste de l’humanité. Je suppose que ce qu’il appelle ruine serait simplement un tranquille passage devant la Cour des Faillites et le transport de son cabinet sous d’autres cieux. Je ne puis supposer que cette ruine soit une catastrophe effrayante pour un homme qui a pour tout bien une demi-douzaine de mauvaises chaises de crin, deux vieux pupitres, et un pauvre tapis de Turquie en loques.

« La chasse aux Judson est une chose très-facile, si je la compare à la tâche de fouiller le passé pour y retrouver la trace effacée des pas de feu Haygarth. Si la famille Haygarth paraît être une race éteinte, la branche des Judson a crû et multiplié, et dès le début j’ai été arrêté par un encombrement de richesses, sous la forme d’une demi-page de Judson dans le dictionnaire des adresses de Ullerton.

« Savoir si je devais m’adresser à Théodore Judson, avocat, ou au Révérend James Judson, curé de Saint-Gamaliel, ou me diriger en premier chez Judson et Cie, merciers et marchands de draps, ou chez Judson et Grinder, filateurs de bourre de soie, c’était là la grande question. En m’informant auprès de mon hôte au sujet des antécédents de ces Judson, je trouvai qu’ils paraissaient sortir d’une source commune et avoir tous dans les veines du sang du vieux Jonathan Haygarth.

« — Les Judson étaient autrefois une famille obscure, des gens du peuple, me dit mon hôte, jusqu’au moment où Joseph Judson, boutiquier et marchand de drap de bas étage, eut la chance de conquérir le cœur de Ruth Haygarth, fille unique du riche épicier, non conformiste, de la place du Marché. Ce mariage a été le point de départ de la prospérité de Joseph Judson. Le vieil Haygarth a soutenu son industrieux et honorable gendre dans le chemin pierreux qui mène à la fortune. Plus d’une fois sans doute il a dû lui venir en aide.

« Les renseignements de mon hôte étaient aussi vagues que le sont en général les renseignements ; mais il était facile néanmoins d’en conclure que les membres de la famille actuellement bien posée des Judson avaient presque tous profité dans une certaine mesure de la fortune laborieusement acquise par Jonathan Haygarth.

« — Presque tous ont trouvé moyen d’ajouter à leur nom celui de Haygarth, me dit mon hôte ; Judson, de la maison Judson et Grinder, s’appelle Thomas Haygarth Judson. Il est membre de notre Club du Commerce, et il est riche à cent mille livres.

« J’ai remarqué à propos de cela, que, dans les villes de province, un riche commerçant n’est jamais censé posséder moins de cent mille livres. Cela paraît être la mesure habituelle de l’ambition commune.

« — Il y a ensuite J. H. Judson, de Saint-Gamaliel, continua mon hôte, qui est James Haygarth Judson, puis le jeune Judson, le fils de l’avocat qui met sur ses cartes Haygarth Judson et permet volontiers qu’on l’appelle de ce nom, ce qu’on lui refuse généralement de faire, parce qu’il se donne des airs, fait l’important le soir sur la place. Le bruit court que son père est héritier légal d’un million en argent laissé par le dernier des Haygarth, et que lui et son fils ont intenté une action contre la Couronne pour réclamer cet héritage. Mais j’ai entendu le jeune Judson nier le fait, un jour qu’on lui en parlait dans ma salle à manger, et je ne pense pas que ce bruit soit bien fondé.

« Je suis fâché d’apprendre cela. M. Judson, l’avocat, ne serait pas un adversaire insignifiant. Je sentis que je devais me tenir à l’écart de Théodore Judson, l’avocat, et de son présomptueux fils, à moins que les circonstances ne m’obligeassent à marcher d’accord avec lui. En même temps, je pensais que tout ce que je ferais pour me rapprocher des autres Judson m’amènerait fatalement à connaître ces membres particuliers de la famille.

« — La famille Judson est très-unie ? demandai-je insidieusement.

« — Ma foi, oui et non. La plupart sont cousins au troisième ou quatrième degré, voyez-vous, et cela n’est pas une très-proche parenté dans une ville où il ne manque pas de concurrence et d’intérêts opposés qui nous divisent. Le jeune Théodore Haygarth Judson, comme il s’appelle lui-même, est intime avec Judson, de Saint-Gamaliel ; ils ont été au collège ensemble, voyez-vous, et ils se donnent de l’importance parce qu’ils ont passé une couple d’années ou à peu près à l’Université de Cambridge. Ces deux-là s’entendent très-bien, mais Judson, le filateur, ne parle ni à l’un, ni à l’autre, lorsqu’il les rencontre dans la rue, et il s’est souvent mal exprimé sur leur compte dans ma salle à manger. William Judson est de la religion dissidente, et il vit beaucoup en lui-même. Les autres Judson sont trop fiers pour lui. Cependant, je ne vois pas ce qu’il y a de compromettant à prendre un ou deux grogs avec des amis, ajouta mon hôte d’un air rêveur.

« Ce fut chez William Judson, le dissident, le solitaire, que je résolus de me présenter d’abord. Comme dissident, il aurait probablement plus de respect que tout autre pour la mémoire du non-conformiste Haygarth et aurait conservé les traditions qui se rapportaient à lui avec plus de soin que les autres membres anglicans et frivoles de la famille Judson ; de plus, vivant surtout avec lui-même, il serait moins bavard.

« Je ne perdis pas de temps pour me présenter à la maison de commerce, et, après avoir remis au domestique la carte de George, en m’annonçant comme venant pour une affaire qui concernait la famille Haygarth, je fus immédiatement introduit dans un comptoir très-propre.

« J’y vis un petit vieillard, très-vivant, très-actif, vêtu d’un habit de drap fin avec une cravate de batiste et un jabot blanc comme neige. Il me reçut avec une politesse un peu surannée. Je fus enchanté de voir qu’il avait au moins soixante-quinze ans ; je l’aurais été plus encore si je l’avais trouvé plus vieux.

« Je m’aperçus très-vite que M. Judson, le drapier, était un personnage tout autre que le Révérend Jonas. Il me questionna avec beaucoup d’attention sur les motifs qui me poussaient à vouloir être renseigné sur le défunt Haygarth. J’éprouvai quelque répugnance à faire de la diplomatie avec lui comme avec Goodge. Tromper le malin Jonas était un triomphe, mais tromper le confiant drapier était chose presque honteuse. Néanmoins, ainsi que je l’ai dit plus haut, en mettant tout au pis, je ne m’écartais pas plus de la vérité qu’un avocat ou un diplomate. Judson accepta mes explications avec une complète simplicité et parut fort satisfait d’avoir une occasion de parler des Haygarth.

« — Vous n’êtes pas engagé dans la tentative pour soutenir les prétentions de Théodore Judson à la réclamation de l’héritage du dernier John Haygarth, hein ? me demanda tout à coup le bonhomme, comme soudainement frappé d’un oubli.

« Je l’assurai que les intérêts de Théodore Judson et les miens n’avaient absolument rien de commun.

« — Je suis content, répondit le drapier, non pas que j’aie le moindrement à me plaindre de Théodore Judson, entendez-le bien, encore que ses principes et les miens diffèrent considérablement. Je me suis bien laissé dire que lui et son fils espèrent faire valoir une prétention à cet héritage ; mais ils n’y réussiront pas, monsieur, ils n’y réussiront pas. Il y avait ici autrefois un jeune homme qui est parti pour l’Inde en 1841 ; un libertin, un débauché, monsieur, qui cherchait toujours à emprunter de l’argent sous prétexte qu’il voulait se mettre dans les affaires et faire honneur à sa famille ; ou bien pour avoir de quoi se coucher ou dîner. Mais ce jeune homme était l’arrière-petit-fils de Ruth Haygarth, l’aîné survivant des petits-fils de Ruth Haygarth ; et si cet homme est encore vivant, c’est lui qui doit régulièrement hériter de la fortune de John Haygarth. S’il vit encore ou s’il est mort en ce moment, c’est plus que je ne puis dire, attendu qu’on n’a jamais entendu parler de lui à Ullerton, depuis qu’il l’a quitté. Mais, jusqu’à ce que Théodore Judson puisse fournir des preuves légales de la mort de cet homme, il n’a pas plus de chance d’avoir un sou de la fortune de Haygarth que je n’en ai d’hériter de la couronne d’Angleterre.

« Le petit vieillard s’était monté jusqu’à un léger ton de colère avant d’avoir achevé, et je pus voir que les Théodore Judson étaient aussi impopulaires dans le comptoir du drapier qu’ils l’étaient à l’hôtel du Cygne Noir.

« — Quel était le nom de baptême de cet homme ? demandai-je.

« — Peter. Il s’appelait Peter Judson, et était l’arrière-petit-fils de mon grand’père, Joseph Judson, qui habitait cette maison même, monsieur, il y a plus de cent ans. Attendez un peu ; Peter Judson devait avoir environ vingt-cinq ans lorsqu’il a quitté Ullerton ; de sorte que c’est à présent un homme entre deux âges, s’il ne s’est pas tué ou si le climat ne l’a pas tué il y a longtemps. Il est parti comme subrécargue sur un navire marchand ; c’était un garçon intelligent, capable de travailler quand il voulait s’en donner la peine, malgré sa vie dissipée. Théodore Judson est un très-bon avocat ; mais si habile qu’il puisse être, il n’avancera pas d’un pas vers la possession de la fortune laissée par John Haygarth, avant qu’il ait prouvé la mort de Peter Judson, et il n’ose pas publier d’annonces pour se procurer cette preuve dans la crainte de faire surgir d’autres réclamants.

« Quelque contrarié que je fusse d’apprendre qu’il y eût plusieurs prétendants à l’héritage du Révérend ab intestat, je fus bien aise de voir que l’impopularité de Théodore Judson disposerait probablement ses parents à prêter assistance à tout étranger susceptible de mettre ce gentleman hors de la liste des compétiteurs. Ce fut sur cette donnée que je crus devoir me diriger dans mon entrevue avec le vieux drapier.

« — Je regrette de ne pas être libre de vous expliquer la nature de mon affaire, dis-je d’un ton tout à la fois insinuant et confidentiel ; mais je pense pouvoir prendre sur moi, sans manquer à la confiance de celui qui m’emploie, de vous assurer que, quelle que soit la personne à laquelle reviendra l’argent du Révérend John Haygarth, ni M. Judson, l’avocat, ni son fils, ne mettront le doigt sur un sou.

« — Je ne suis pas fâché d’entendre cela, répondit Judson enchanté, non que j’en veuille le moins du monde au jeune homme, comprenez-le bien ; mais parce qu’il est complètement indigne d’une pareille bonne fortune. Un jeune homme qui passe à côté de ses parents dans les rues de sa ville natale sans avoir la simple courtoisie due à l’âge et à la respectabilité, un jeune homme qui se moque d’une fortune acquise dans un honnête commerce, un jeune homme qui appelle ses cousins sauteurs de comptoir et ses tante et oncle momies, un tel jeune homme n’est pas digne de devenir riche, et je vous dirai franchement que j’aimerais mieux voir n’importe qui hériter de cette fortune, plutôt que Théodore. Croiriez-vous, mon cher monsieur, qu’on l’a vu dans cette même rue se promener en tandem. Je voudrais bien savoir quel nombre de chevaux il mettrait à son tilbury ou quelles avanies il ne ferait pas à ses parents s’il avait à sa disposition cent mille livres.

« Pour la seconde fois Judson s’était indigné. La conversation fut interrompue pendant quelques minutes. Il se remit un peu.

« — Je vais vous dire ce que je ferai pour vous, mons… monsieur Haukesell, dit-il, mêlant ensemble mon nom et celui de Sheldon, je vais vous donner un mot d’introduction pour ma sœur. S’il est quelqu’un qui puisse vous aider à chercher dans le passé, c’est bien elle. Elle est plus jeune que moi de deux ans, étant âgée de soixante ans, et aussi vive et aussi active qu’une jeune fille. Elle a passé toute sa vie à Ullerton ; c’est une femme qui fait collection de tous les bouts de papier qui lui tombent dans les mains. Si de vieilles lettres ou de vieux journaux peuvent vous servir, elle en a beaucoup en magasin.

« Sur ce, le bonhomme écrivit un billet qu’il sécha avec de la poudre renfermée dans une bouteille dont le dessus était percé de trous.

« Pourvu de cette épître antique, écrite sur beau papier et scellée avec un grand cachet carré formé d’un petit monument en cornaline que le drapier portait à la chaîne de sa montre, je partis pour aller trouver Mlle Hezekiah Judson.