Les Oiseaux de passage (Ségalas)/03/09

Les Oiseaux de passage : PoésiesMoutardier, libraire-éditeur (p. 293-298).

LE PORTRAIT.

à madame palmyre ségalas.

Les portraits sont des traductions.
Frédéric Fayot.

Le peintre ingénieux nous fait comprendre les pensées qui les animent.
Delestre.
à madame palmyre ségalas.

Ô mon gracieux peintre, oh ! mille fois merci !
Mais quel portrait fidèle ! oui, c’est bien moi ; voici
Mon front mes yeux, mes traits : de ta riche palette
Je sors toute vivante. Ô sœur ! je doute encor

Qu’un portrait soit tracé dans ce beau cadre d’or ;
Je n’y vois qu’un miroir, et c’est moi qu’il reflète.


Sous mon front transparent, ton art tout merveilleux
Fait voir mes rêves, peint mon âme avec mes yeux.
Qui t’apprit ce secret ? Mon peintre poétique,
Peintre de la pensée, oh ! sais-tu que c’est beau
De tenir ainsi l’âme au bout de ton pinceau,
Et puis de la poser sur ta toile magique !


C’est prodige ! es-tu fée ? oui, je l’ai bien vu, moi ;
Ta baguette enchantée est ton pinceau ; pour toi,
Les sylphes, les follets, qui te font un cortége,
Rassemblent des couleurs ; prennent ton or si pur
Dans le soleil, le bleu dans ce haut ciel d’azur,
L’incarnat dans la rose, et le blanc dans la neige.



Qu’il est grand d’imiter la forme et la couleur
Des visages moulés par la main du Seigneur ;
De placer comme lui, dans l’œil des étincelles,
Sur les dents de l’émail, dans les veines du sang ;
Et d’oser copier ainsi le Tout-Puissant,
Votre grand maître à tous qui vous fait vos modèles !