Les Nicandres, ou Les Menteurs qui ne mentent point/Acte V
ACTE V
SCENE PREMIERE.
A voir de mon amour l’aventure bizarre,
On diroit que le sort contre moi se déclare :
Moi, coucher en Prison ! Moi, qui sçai le moyen…
Moi qui crois vous valoir, Monsieur, j’y couche bien !
Dites-moi ; votre gîte, est-ce un gîte passable ?
On n’a dans la Prison point de chambre agréable ;
Mais l’endroit où je couche est pourtant assez beau.
C’est dans la chambre neuve.
Le bon peste de gîte ! On diroit d’une cave ;
D’une vieille muraille on ramasse la bave ;
Et de soin tout pourri les petits brins épars
Sont sans cesse traînés par Messieurs les Piquars.
Mais d’où vient que si tard ta personne est si nue ?
On m’a pris mes habits pour ma bonne venuë ;
Et tous mes compagnons, les filoux de céans,
(Qu’au filoutage prés je trouve braves gens ;
Car ils sont si benins que de peur de rancune,
Ils ont pris mon bagage au défaut de pécune.)
Tes habits sont mangés ?
Oüi, Monsieur.
Est-ce ainsi…
S’ils m’avoient pû manger, ils l’auroient fait aussi :
Peste ! ces affamés sont de vrais fripe-sausses.
Quoi, tu n’as ni pourpoint, ni casaque, ni chausses ?
Ils ont tout avalé sans rien mettre à l’écart ?
Nenni pas tout à fait ; j’en ai mangé ma part.
Mais ce qui me contente, ils ont l’ame assez franche.
Outre qu’ils m’ont promis que j’aurois ma revanche,
Ils souffrent bonnement que je rie avec eux ;
Et j’ai déjà la boëte à quêter pour les gueux.
J’y ferai bien mon compte.
Et comment, ridicule ?
Et par le petit trou quand on ferre la mule.
Ah ! que j’aurai bientôt regagné mon habit.
On n’y met rien.
Mais si l’on m’y mettoit, c’étoit bien mon affaire.
Ce n’est certes qu’à moi que le sort est contraire.
Mais sortons de ce lieu ; je vais faire un écrit…
N’en sortons point, Monsieur, que je n’aye un habit,
Je vous en prie.
Tu viendras me querir, & diras qu’on m’attende,
Ou du moins si tu veux tu pourras m’appeler.
SCENE II.
Il a le Diable au corps de vouloir s’en aller.
Du fidéle Crispin le bonheur l’importune.
Il mourroit de regret si je faisois fortune ;
Et de sortir d’ici le bourreau n’a dessein,
Qu’à cause qu’à présent il me voit dans le gain.
Mais l’on ouvre ; l’on entre, allons faire la quête.
SCENE III.
Mettez vîte, Monsieur, de l’argent dans la boëte.
Une autre fois.
Mettez ; on n’a point de crédit.
Mais l’ami…
Monsieur.
Quel es-tu ?
Receveur ; (il est vrai qu’à ne vous celer rien,
La recette est petite, & ne va pas trop bien ;
Mais faut-il de regret que je m’en aille pendre ?)
Je t’ai vû dans Lyon souvent suivre Nicandre.
Si vous m’avez vû là, vous me voyez ici.
Tu ne me connois pas ?
Il me semble que si.
A remettre vos traits j’ai pourtant de la peine ;
Ne vous nommez-vous pas, Monsieur, Madame Isméne ?
Oui, Crispin, c’est Isméne. Et ton maître, l’ingrat ?
Le perfide ?
J’ai peur dans la prison qu’il n’amasse du rhume.
Va, sa flamme l’échauffe, & l’amour le consume ;
Mais voilà deux louis, reçois-les de ma main ;
Et du traître Nicandre apprens-moi le dessein.
N’a-t-il point de regret de ce qu’il m’a perduë ?
Ne veut-il pas me rendre une foi qui m’est duë ?
Agis. Par ton moyen si l’ingrat se résout…
Je suis trop malheureux pour en venir à bout.
Toi qui sers cet ingrat, ne peux-tu faire en sorte,
Crispin…
Si je le puis, que le diable m’emporte !
Tu ne le peux ? Le traître a donc bien du mépris !
D’un amour réciproque il dédaigne le prix ;
Croyant à son départ qu’il m’adoroit dans l’ame,
J’ai mis tous mes plaisirs à répondre à sa flamme,
J’ai mis tous mes plaisirs au bonheur d’être unis ;
J’ai mis…
Où diable aussi les avez-vous là mis ?
Que veux-tu, je l’aimois ; il me sembloit sincere ;
A son volage cœur je croyais être chere ;
J’avois en sa faveur des sentimens si doux,
Crispin…
Vous voulez voir mon Maître, ayez soin de m’attendre.
Non, ne m’attendez pas ; je l’appelle. Nicandre !
Qui m’appelle ?
C’est moi.
Qui ?
C’est moi.
Qui toi ?
Moi.
Et qui donc est-ce là que je vois avec toi ?
C’est elle.
Qui ?
C’est elle.
Et qui donc ? Di.
C’est elle.
Qui que ce soit, n’importe ; il suffit qu’on m’appelle.
Je descens.
Que dis-tu de la peine qu’il a ? N’as-tu pas apperçû… Mais l’ingrat le voilà.</poem>
SCENE IV.
Hé bien, Nicandre ?
lasse
De me jouer des tours de si mauvaise grace ?
Quels appas avez-vous qui puissent me charmer ?
Et par quel privilege ai-je dû vous aimer ?
Y suis-je obligé, moi ? Voulez-vous m’y contraindre ?
Si tu n’as pû m’aimer volage, as-tu dû feindre ?
Et ne falloit-il pas pour le bien de mes jours,
Ou ne m’aimer jamais, ou bien m’aimer toujours ?
Mais écoute, il est temps que tu m’ouvres ton ame ;
Je t’ai fait mettre ici, tu le sçais ?
Et sans perdre un moment en propos superflus,
Sçachez…
Notre cher ?
Dis-tu moi ? J’ai plutôt de la haine…
Que diable dites vous, étourdi ? C’est Isméne,
Que vous aimez tant.
Moi ? Je n’ai jamais pensé…
C’est Isméne, vous dis-je ; êtes-vous insensé ?
Elle qui dans Lyon arrêta votre course…
Moi, qui de son bonheur voulois être la source.
De publier sa honte on m’épargne le soin,
Dans son propre valet je rencontre un témoin.
Et par un procédé qui sent l’ame de bouë,
Il fait un désaveu qu’un valet désavouë.
Poursuis, Crispin, poursuis ; & d’un Maître pareil…
Il a suivi, Madame un si rare conseil.
Vous l’aviez bien payé pour m’appeler son Maître,
Mais par malheur pour vous je n’ai pû le connoître.
L’artifice était foible ; & je suis délicat,
Madame.
C’est donc quand il vous plaît, que vous êtes mon Maître ?
Jamais je ne le fus, & ne veux jamais l’être.
J’aurois trop de regret si la moindre union…
Et qui donc te servoit quand tu vins à Lyon ?
Mais tu n’y fus jamais, tu le vas faire accroire.
J’ai trop peu de foiblesse, & trop bonne memoire.
On m’a vû dans Lyon faire assez de séjour :
Mais ce n’est qu’à Paris que j’ai pris de l’amour.
Ah, méchant !
Moi, méchant ! c’est me faire injustice.
Renier un valet, c’est un beau petit vice !
Il appelle cela des chansons.
Résous-toi ;
Vois qui tu veux aimer d’Hipolite ou de moi ;
Epargne à mon amour le regret de te nuire,
J’oublierai ton forfait si tu veux t’en dédire ;
Et pour mieux te contraindre à paroître surpris,
J’aurai plus de bonté que tu n’as de mépris.
Et moi qui suis sensible, & qui vois qu’on m’abuse,
J’aurai plus de mépris que vous n’aurez de ruse ;
De ce lâche coquin je fuirai l’entretien ;
Il me dira son maître, & je n’en croirai rien ;
Dédaignant les défauts, honorant le merite,
Je sçaurai vous haïr comme j’aime Hipolite ;
Et n’étoit votre sexe, eût-on dû m’en blâmer,
Vous seriez en état de jamais ne m’aimer.
Sortez.
Au reste agonisant d’un amitié mourante ;
Qui pour ton intérêt augmentant de moitié,
Arrachoit un avis à ma lâche pitié.
Tu ne m’écoutes pas, mais redoute mon pere ;
Adieu, je vais moi-même irriter sa colere ;
Dans assez peu de temps nous serons en ce lieu.
SCENE V.
Vous voilà justement, comme il plaît au bon Dieu.
Vous venez là de faire un bon chien de menage.
Continuez, l’ami.
Tais-toi, traître, ou…
Et je souhaiterois que chacun souhaitât
Qu’au milieu de la gréve on vous décapitât.
Un tendron l’idolâtre, & Monsieur le neglige !
Une Isméne l’adore, & Monsieur…
Ou bien si de ta voix rien n’arrête le cours,
Dis le nom d’Hipolite, & m’en parle toujours :
Su tu veux que pour toi mon courroux se désarme
Detruis un nom haï, par un nom qui me charme ;
Et pour l’un & pour l’autre agissant tour à tour,
En approuvant ma haine applaudis mon amour.
Là-dessus, cher ami, le Seigneur te console ;
Jusqu’au revoir.
SCENE VI.
Et toi, le bourreau te décole,
Fou des plus achevés, dont les sens abêtis
Pensent… Mais des verroux j’entends le cliquetis ;
Quelqu’un entre.
SCENE VII.
Bon jour.
Ah c’est toi !
Belle bête ;
A voir ce que je porte on connoît que je quête ;
Tout questeur que je sois, si tu fais un souhait
Tu peux tendre ta boëte, & je donne mon fait :
J’ai deux louis ; je t’aime.
Je viens voir…
Et qui pour t’avoir vûe un peu plus qu’il ne faut,
N’est vêtu que de toile, & s’il brûle de chaud.
Je viens dire…
Si l’on peut long-temps vivre, & brûler comme un Diable ;
Et si tu n’agis pas d’une ingrate façon,
De me voir être braise, & que tu sois glaçon.
Je viens faire…
Il ne tiendra qu’à toi de me faire bien aise ;
Ou du moins connoissant que tu m’aimes si peu,
Souffre glace pour glace, ou me rens feu pour feu.
Je viens pour…
Viens-tu pour m’obliger, ou viens-tu pour me nuire ?
Et puisqu’assurément dans ce lieu tu viens pour,
Dis-moi si c’est pour haine, ou si c’est pour amour.
C’est pour amour. Ton Maître en a-t-il l’âme atteinte.
Le Maître aime Hipolite, & le Valet Iacinte.
Tu te railles, peut-être, & te moques de nous ;
Car Isméne…
Elle vient de sortir qui déteste Nicandre :
De lui-même à lui-même elle a dit pis que pendre ;
Il avoit le dessein de lui rompre le cou.
Aime-t-il Hipolite ?
Quand on parle d’Isméne, on le choque, on l’irrite ;
On le touche, on le charme en parlant d’Hipolite ;
Et ce nom par lui-même est si fort répété…
Attens, mon cher Crispin, tu seras contenté.
Voyons dans la geole, Hipolite y doit être ;
Elle m’a fait entrer pour pressentir ton Maître ;
Et puis qu’enfin Nicandre à l’aimer se résout,
Disons-lui qu’elle vienne & l’informe de tout.
Hipolite ! Hipolite !
SCENE VIII.
Allons donc, paresseuse ;
Nicandre est amoureux, comme vous amoureuse ;
Et Crispin que voilà qui soupire pour moi,
M’en répond corps pour corps, & m’en jure sa foi.
C’est vous seule qu’il aime, & qu’il trouve d’aimable.
En est-il bien certain ?
Oüi, je me donne au Diable !
Mais Isméne l’adore, elle veut recouvrer…
En ma propre présence il la vient de sevrer.
Mais voyez, on diroit que le Ciel nous l’envoye.
Si tu penses…
Je le sçai de science, & je t’en donne avis ;
Jamais nul amoureux n’eut les sens si ravis ;
Et tu vas voir.
SCENE IX.
Ma lettre à la fin est écrite ;
Mais que vois-je ? ô bons Dieux ! n’est-ce pas Hipolite ?
Hipolite elle-même ; avancez, mal émû.
à Iacinte.
Que disois-je ? De joye il est si prévenu,
Qu’il a changé de notte au moment qu’il a vuë.
Madame à votre aspect je me sens l’âme émuë…
L’âme émûë ! Entens-tu ? Sans amour l’auroit-on ?
Que t’en semble ?
Il le dit d’un assez vilain ton.
Si d’un cœur qui vous aime on vous fait une offrande.
Je veux dans une fille une vertu plus grande ;
Et quand d’autres que vous ne me charmeroient pas,
Votre extrême foiblesse avilit vos appas.
A ne pas vous connoître & voir votre visage,
J’aurais pû vous aimer, si j’eusse été volage ;
Mais fussai-je volage, à vous connoître mieux,
Vous seriez la derniere à surprendre mes yeux.
Je vous fais par pitié d’équitables reproches.
Crispin !
Je suis penaud comme un fondeur de cloches.
Tu disois…
Je disois ; mais je ne dis plus rien.
Quoi, le traître !…
Il fait bon se fier à de semblables drilles !
Est-ce comme cela que l’on traite des filles ?
Le perfide !…
Il est fou ; je te l’ai déjà dit…
Ton brutal procedé rend mon cœur interdit…
Et le vôtre me choque, & le vôtre m’étonne ;
Je suis honteux pour vous de ce qu’on m’emprisonne.
Je ne suis dans ce lieu que par votre moyen,
Mais aussi…
Quoi, mais ?
Mais…
Mais vous ne valez rien.
J’ai, de la quereller un sujet raisonnable,
Tu sçais…
Et pour cette raison je vous fais à sçavoir
Que Monsieur votre pere est un pere fort noir ;
C’est Ismene en ce lieu qui vous a fait conduire,
Menteur.
Loin de le déguiser j’en demeure d’accord.
Un habile fauteur, pour le craindre si fort !
Ma foi !
Perfide.
Mon sort est déplorable, & mon sort seroit doux
Si c’étoit mon Isméne aussi bien que c’est vous,
Méchante.
Qu’il est traître ! & qu’il a de malice !
Feu Judas, près de lui, n’eût été qu’un novice ;
S’ils se fussent connus, celui-ci l’eût forcé
A venir de sa bouche écouter l’A, B, C.
Il a fait tout son cours à l’Ecole traîtresse.
D’autres nomment trahir ce qu’il appelle adresse ;
Et si de ce qu’il sçait je sçavois les trois quarts,
Au plus tard dans trois jours je serois Maître-ès-Arts.
Il est sçavant.
Apprens-moi…
En redouter la chûte, en sentir les éclats,
Et la peur de périr ne m’ébranleroit pas :
J’aime Isméne, je l’aime, & non pas Hipolite ;
J’aime Isméne…
Traître. Tu sçais, Iacinte, où mon pere m’attend.
Oüi je le sçai, Madame, & je vais à l’instant…
Il prévient mon voyage, & le voilà qu’il entre.
Voyez.
SCENE X.
Le second NICANDRE, IACINTE.
Des forfaicteurs c’est donc ici le centre ?
Nicandre…
A toute ma tendresse il est indifferent.
De son perfide cœur la fierté me ravale ;
Et vous devez… Mais Dieux ! j’apperçois ma Rivale ;
Elle vient.
SCENE XI.
CRISPIN, IACINTE, RAGOTIN.
Infidele, il est temps de parler.
Volage, il n’est plus temps de rien dissimuler.
S’il s’en peut démêler, il n’est pas mal-habile.
Monsieur…
Tu n’abuseras plus ni mon pere ni moi.
Votre pere, Madame ! Est-ce vous que je voi ?
Est-ce Isméne ?
Nenni, c’est une autre. Ah, le traître !
Est-ce Isméne ?
Lâche !
C’est un fin Merle : il sçait bien d’autres tours.
Parlez ; souffrirez-vous qu’il lui parle toujours ?
Sois mon Gener, Immond ; ou descens au sépulcre.
Tu vois bien que ma fille est passablement pulcre ;
Sois mon Gener ; sinon…
Mais ma fille a sa foi.
L’ai-je pas, volage ?
Oüi.
L’ai-je pas aussi, moi ?
Non.
Non, traître ! Oses-tu…
Je le sçai.
Vous ?
Moi.
Vous ?
Effronté.
Vous, Madame ? ô grands Dieux ! qu’est-ce ci !…
Je le sçai aussi, moi.
Moi, je le sçai aussi.
Si pas un de ceux là ne vous semble croyable,
Je le sçai aussi, moi, témoin irréprochable ;
Je le sçai.
Quoi, Crispin ! quoi j’aurois consenti !…
C’est dire en mots couverts, tout le monde a menti.
Tu n’as point de raison, car tu dois faire entendre…
J’aurai tort si ce lieu loge plus d’un Nicandre ;
Voyons.
Mais…
Comme il répond. Nicandre ! est-ce pas assez fort ?
Ho, Nicandre ! écoutez catereuse cervelle ;
J’ai tort.
SCENE DERNIERE.
Qui donc encore est-ce là qui m’appelle ?
Qui, Diable, est celui-ci qui s’en vient droit à nous ?
Que vois-je ?
Qu’apperçois-je ?
Est-ce vous ?
Est-ce vous ?
Quoi ! mon frere est ici !
Quoi ! je vous vois paroître !
Dites-moi, s’il vous plaît, qui des deux est mon Maître ?
Dites-moi qui des deux m’a fait don de sa foi ?
Dites-moi qui des deux s’est pû donner à moi ?
Est-ce vous ? Est-ce vous ? Rendez-m’en plus instruite,
Qui des deux ?…
C’est moi qui dans l’espoir de me voir vôtre époux…
Hé bien ! suis-je, Madame, infidéle pour vous ?
Rendez-moi votre amour ; reprenez votre haine.
Mais lorsqu’on vous a pris dans le Cours de la Reine…
Lui, Madame ? C’est moi qu’on a pris dans ce lieu.
Tout va le mieux du monde, ou je me donne à Dieu ;
Car aucun contre aucun n’aura sujet de plainte.
Puisqu’Isméne est aimée, Hipolite, & Iacinte,
Sans nous embarrasser d’aucune autre raison,
Prenons chacun la nôtre, & sortons de prison.
Que dis-tu de l’avis ? Di-moi donc, ma petite ?
Pour moi, j’adore Isméne.
Et j’adore Hipolite.
Pourrons-nous être à vous, & souffrirez-vous bien ?…
Demandez à mon pere.
Et demandez au mien.
Puis qu’il est si sincere, il a droit de prétendre
Et le nom de mon fils, & le nom de mon gendre ;
Et si touchant sa fille Isidore m’en croit,
Envers l’autre Nicandre il fera ce qu’il doit.
Que Nicandre la sponde, & foi de Philosophe,
Je serai benevole envers sa catastrophe ;
C’est le cœur qui le dit, & s’il est trop obscur,
Ex abundantia cordis os loquitur.
Quelles graces vous rendre ! Une gloire parfaite…
Tournez-moi les talons, votre besogne est faite,
Monsieur. Toi, que dis-tu ?
Moi ? ce que tu voudras.
Je t’aime bien, & toi ?
Moi ? je ne te hais pas.
Je me veux marier aussi bien que mon Maître.
Et toi, di ?
Dis-tu moi ? Je voudrois déjà l’être.
Je te veux, me veux-tu ? Concluons tout ici.
Ma foi ! si tu me veux, je te veux bien aussi.
Tocque-là.
Tiens.
Allez dans une chambre y conter votre vie ;
Et faites qu’en tous lieux on vous louë en ce point
Qu’on vous a crû Menteurs, & vous ne Mentiez point.