Les Muses françaises/Mme d’Hautpoul

Les Muses françaisesLouis-MichaudI (p. 173-179).

Mme D’HAUTPOUL


Anne-Marie de Montgeroult, fille d’un trésorier général de la maison du roi, était née à Paris le 9 mai 1763. Elle avait reçu une instruction très soignée et, grâce à l’auteur dramatique Marsollier des Vivetières, son oncle, elle avait été mise de bonne heure en rapport avec les poètes et les écrivains les meilleurs de son temps. Mariée à dix-sept ans au comte de Beaufort, elle se remaria ensuite avec le comte d’Haupoul, colonel du génie, lorsque son premier mari eut trouvé la mort à Quiberon.Sa réputation qui fut réelle à la fin du XVIIIe et au commencement du XIXe siècle, reposait sur un grand nombre d’ouvrages d’ordres divers : romans, poésies, théâtre de société, livres d’éducation…..

Il faut citer : Zilia, roman pastoral en prose et en vers, Séverine, roman en six volumes ; manuel de littérature à l’usage des deux sexes ; cours de littérature ancienne et moderne à l’usage des jeunes demoiselles ; Charades mises en action, mêlées de couplets et de vaudevilles ou Nouveau Théâtre de société ; etc., etc…

Ses œuvres poétique.— ont été réunies en un volume sous le titre de : Poésies diverses, Paris, 1821, in-8o. Elles se divisent en poèmes, fables et romances.

La Mort de Sapho, que nous reproduisons fut couronnée par l’Académie des Jeux Floraux.

Le style de Mme d’Haupoul est clair et harmonieux. Outre ses dons littéraires, Mme d’Haupoul avait beaucoup d’esprit, sa conversation était recherchée. Ses divers mérites inspirèrent ces vers à sa louange.

D’Hautpoul sait plaire autant que les plus beaux esprits.
Quand sa pensée, et noble et tendre,
S’écoule de sa lèvre, ou règne en ses écrits :
Heureux qui peut la lire, heureux qui peut l’entendre !

C’est à Mme d’Hautpoul que nous devons l’édition en trois volumes des œuvres de Marsollier des Vivotières, parues en 1825. Elle mourut à Paris le 20 octobre 1837.

CONSULTER : MOLLVAUT. notice, dans Biographie des femmes auteurs d’ALF. DE.MONTFERRAND. Paris, 1836.


LA MORT DE SAPHO


Phaon ! reçois encor ces tristes caractères.
Des soupirs de l’amour tendres dépositaires ;
Prends pitié de mes maux, partage mes douleurs.
Et pour dernier tribut accorde-moi des pleurs.

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Par un baiser je fanerais la rose, Et ce serait un outrage au printemps. Je dois laisser à la vive jeunesse Ces biens si doux, elle a droit d’en jouir ; De vos plaisirs il reste à ma vieillesse Moins un regret qu’un heureux souvenir. Pour un refus, ne croyez pas, bergère, Que l’âge rende un cœur indifférent , Mais un baiser pourrait-il satisfaire. Ne causant plus le plaisir que l’on sent ? Je m’en souviens, j’avais une maîtresse. Belle, modeste ; et fraîche comme vous ; Elle eut vos traits, j’avais votre jeunesse, Et c’est alors que les plaisirs sont doux.