Les Muses françaises/Mme Bourdic-Viot

Les Muses françaisesLouis-MichaudI (p. 157-162).




Mme BOURDIC-VIOT




Marie-Anne-Henriette Payan de l’Estang naquit à Dresde en 1746. Sa famille était sans fortune. À l’âge de quatre ans, elle fut amenée en France, sans qu’on sache bien comment. Toujours est-il qu’à douze ans, elle épousait le marquis de Ribère-d’Autremont, qui la laissa veuve après quatre années de mariage. Ce fut sans doute pour se dédommager de n’avoir guère eu le temps de jouer à la poupée, que la jeune femme se mit à faire des vers ! Elle était d’ailleurs, paraît-il, fort instruite, parlant parfaitement le latin, l’allemand, l’anglais et l’italien. Ajoutez à cela, qu’elle était excellente musicienne. Il ne lui manquait qu’une chose pour être parfaite : être belle. Du moins, sa taille était-elle bien tournée, et, comme l’esprit ne lui faisait pas défaut, elle disait, en parlant d’elle : « L’architecte n’a manqué que la façade ! »

Madame d’Autrement devait se remarier par deux fois ; la première avec le baron de Bourdic, major de la ville de Nîmes ; la deuxième, après la mort de son second mari, avec M. Viot, administrateur des domaines.

Les poésies de Mme Bourdic-Viot, n’ont pas été publiées en volume, elles ont paru pour la plupart dans l’Almanach des Muses. Elles se composent d’épitres, de fables, de romances… qui s’apparentent aux petites pièces de Voltaire et de Gresset.

Lors de sa réception à l’Académie de Nîmes, en 1782, Mme Bourdic-Viot prononça l’éloge de Montaigne. Cet estimable écrit en prose nous a été conservé, il fut imprimé à Paris, en 1800. L’Éloge du Tasse et celui de Ninon de Lenclos n’eurent pas la même fortune.

Mme Viot avait aussi composé un opéra : La Forêt de Brama, qui ne fut pas représenté.

Mme Viot est morte à la Ramière, près Bagnols (Gard), le 7 août 1802. On a dit d’elle que la plume de Pline le Jeune et la lyre de Sapho n’eussent pas été déplacées dans ses mains. — Cela est peut-être exagéré, mais, il est vrai, l’exagération est de mise dans le compliment !…


LE PINÇON


ROMANCE


Dans le cristal d’une eau claire
Un jour Pinçon se mira :
Que d’attraits ! connue il a plaire !
Quelle beauté sera fière.
Quand Pinçon se montrera ?

Pour qui sera son hommage ?
Pour lui, dit-il ? Quelle erreur !

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