Les Muses françaises/Mme A. Penquer

Les Muses françaisesLouis-MichaudI (p. 346-353).
Mme AUGUSTE PENQUER

Léocadie Hersent, qui épousa M. Auguste Penquer, médecin à Brest, naquit au cliàtcau de Keroartz (Finistère), près de Lannilis, en 1817. Elle était la petite-fille du baron Vabre.qui fut général sous le 1*"^ Empire. Elle fut élevée par ses parents dans l’admiration de Chateaubriand et des poètes romantiques. Son esprit reçut de cette éducation au sein d’une nature demi-sauvage, une empreinte ineffaçable.

A seize ans, ainsi qu’elle l’a dit elle-même, la solitude lui dicta ses premiers vers :

L’amour des vers naquit en moi dans le silence
Soudain je l’ai senti palpiter dans mon sein :
J’avais seize ans alors, la beauté, l’innocence.
Le front pur et serein.

De caractère timide et réservé, Mine Penquer composait pour ses amis seulement. Lamartine ayant eu connaissance de ses essais et ayant sans doute reconnu dans la jeune femme un de ses plus fervents disciples, lui conseilla d’affronter le grand public.

Mme Penquer se décida alors il publier son premier livre, les Chants du Foyer, qui, pour n’être pas le plus ach ? vé, le plus parfait, n’en est pas moins, malgré son inspiration lamartinienne, le plus personnel de la poétesse bretonne. On y trouve, exprimées avec sentiment et harmonie les pensées de la jeune fille, de la jeune femme et de la jeune mère. A côté d’une grande foi spiritualiste il y a, dans ce livre, un sentiment profond de la nature, qui fait songer au panthéisme de Mme de Noailles, mais c’est plus sain et moins déliquescent.

Le second livre de Mme Penquer, les Révélations Poétiques, fut écrit sous l’influence d’Hugo. C’est un livre d’une tonalité plus grave que le précédent, et qui contient moins de sentiments et plus d’idées. D’autre part, la langue y est plus souple et plus imagée et l’inspiration harmonieuse et brillante.

L’ouvrage le plus considérable et le plus vraiment personnel aussi de Mme Penquer est son poème de Velléda dans lequel elle glorifie la Bretagne et l’idée clirétienne. C’est une véritable épopée. Mais pourquoi n’avoir pas choisi un sujet qui fut bien sien, au lieu d’aller prendre celui que Chateaubriand avait illustré ?

Dans ses diverses œuvres, Mme Penquer, témoigne d’une inspiration élevée et, surtout, d’une passion débordante et qui s’exi)rime avec une sincérité remarquable. On peut citer d’elle des cris admirables et qui permettent de la placer iinmédiateinent à côté de Mme Desbordes-Valmore. Son renom serait incontestablement égal à celui de cette dernière si, dans son œuvre, qui est importante sans être considérable, il y avait moins de faiblesses, c’est-à-dire si les belles pièces étaient en plus grand nombre et si la forme laissait moins souvent à désirer. Mais, la forme, n’est-ce pas le point faible de presque toutes les femmes poètes ?

Quoi qu’il en soit, il faut s’étonner de l’oubli dans lequel est tenu son nom : l’auteur de Velléda mérite de sortir de son obscurité. Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/349 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/350 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/351 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/352 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/353 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/354 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/355