Les Muses françaises/Hélène de Zuylen de Nyevelt

Les Muses françaises : anthologie des femmes-poètesLouis-MichaudII (XXe Siècle) (p. 350-354).




HÉLÈNE DE ZUYLEN DE NYEVELT




Mme La baronne Hélène de Zuylen de Nyevelt, née de Rothschild, naquit en 1868, à Paris.

Le talent de Mme de Zuylen est à la fois précis et compliqué. Décritelle un paysage, une aurore, un soleil couchant, une minute de la journée, elle le fait incontestablement avec un art subtil et délicat, un sens de la couleur, une hardiesse de touche qui révèlent une personnalité déjà sûre de sa maîtrise et de sa palette. La même recherche des nuances, de l’expression rare, avec quelquefois une pointe de mièvrerie, une sorte de morbidesse, se retrouve lorsqu’elle analyse une sensation ou transpose un sentiment. Le talent de Mme do 2uylen s’apparente alors à la mélancolie amère, au désenchantement résigné et douloureux d’un Baudelaire ûj d’un Verlaine. On devine qu’elle a lu ces maîtres, qu’elle les possède et les subit. Mais lorsqu’elle parvient à les oublier, à redevenir elle-même, elle découvre souvent des alliances de mots heureuses, des expressions poétiques d’une qualité originale et personnelle. La phrase se rythme, la rime jaillit, colorée et juste, et comme presque toujours les poèmes sont composés avec soin, il n’est pas rare que l’on découvre des vers remarquables et çà et là des strophes voisines de la perfection… une perfection toujours un peu trop précieuse, un peu trop déliquescente, mais enfin, étrange et jolie malgré tout. Aussi bien, comme l’écrit M. Boyer d’Agen, Il faut applaudir « au départ cette femme et ce poète qui semble préférer à la plus enviable des fortunes le laurier que Palla" » a planté, pour le soir de la vie, dans les îles lointaines… »

BIBLIOGRAPHIE. — Effeuillements. A. Lemerrc, Paris, 1904, in-18.

CONSULTER. — Boyer d’AoEX, La Femme contemporaine, mars 1904. — Alcanter de Brahm, L’Evénement, 8 mars 1904. — AxDRlî AVBZE, La Vie de Paris, fi juillet 190.’). — Roger Desmarquoy, Revue Mauve, octobre 1905.


LE HAAR


L’ombre laisse flotter sa chevelure noire
Sur le château qui rêve, orgueilleux de ses tours :
Les créneaux ont gardé dans leur vague mémoire
Le spectacle fuyant des ondes et des jours.

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