Les Métamorphoses (Apulée)/Traduction Bastien, 1787/I/Remarques sur le Livre II


REMARQUES

SUR

LE SECOND LIVRE.


(1) D’autant plus que j’étois dans le milieu de la Thessalie, d’où l’on croit par tout le monde que l’art magique a tiré son origine. Pline, contre l’opinion des autres, tient que la magie a été inventée en Perse par Zoroaste, et que de-là elle est passée en Thessalie ; mais la plupart des anciens étoient persuadés que la Thessalie étoit abondante en herbes propres aux enchantemens et aux poisons ; que la magie y avoit pris naissance, et s’y étoit perfectionnée plus qu’en aucun lieu du monde. Aussi l’on trouve souvent dans les auteurs, Mulier Thessala, une femme de Thessalie, pour dire une magicienne ou une sorcière. Horace, Epod. 5.

Quæ sidera excantatâ voce Thessalâ
Lunamque cœlo deripit.

Ainsi Menander avoit donné le nom de Thessalienne à sa comédie qui contenoit tous les traits que faisoit cette espèce de gens pour arracher la lune du ciel. Plaute appelle aussi Thessalien, cet enchanteur qui savoit tous les prestiges et toutes les illusions de la magie.

(2) Broderies. Attale, roi de Pergame, extrêmement riche en argent et meubles précieux, a le premier trouvé la façon des broderies et tissures d’or. Ce roi n’ayant point d’enfans, fit le peuple Romain son héritier. Ses richesses furent apportées dans Rome, et on appelle les habits brodés Attalèques, comme qui diroit, riches et somptueux.

(3) Voilà, dit-elle, le même air de bonté de Salvia, sa très-vertueuse mère. Apulée prend ici occasion assez adroitement de nous faire son portrait, et de nous apprendre qu’il étoit fort beau et fort bien fait.

(4) Sa taille. C’est celle qu’on appelle communément riche ou modérée et séante ; les doctes la nomment quarrée, telles qu’on loue en Vespasien, et ces personnes sont plus adroites.

(5) Les cheveux blonds. Galien, entre les signes d’une bonne et saine disposition, loue la couleur entremêlée de rouge et de bleue, les cheveux tirant sur le jaune et quelque peu crêpus. Apulée témoigne lui-même dans son apologie, qu’il n’avoit pas le poil efféminé, ni délicat, et qu’il ne le portoit pas long comme une amorce à dissolution, et comme ceux qui emploient leur temps à la toilette. Archigenas, médecin, enseignoit à ces efféminés de jaunir et friser leurs cheveux avec de l’écume de sel et de la mirrhe mêlées ensemble ; mais avec ses drogues, il faisoit périr beaucoup de personnes jalouses de leurs poils, en leur réfroidissant trop la tête.

(6) L’aigle. Cet oiseau a la pointe de la vue merveilleusement vive et pénétrante ; elle passe aussi pour très-claire et très-aigue. Pour connoître si sa race ne dégenère pas de sa vivacité de vue, elle tourne ses petits, encore sans plumes, en face des rayons du soleil ; s’il n’en peuvent supporter la force, elle les précipite de son nid comme bâtards et dégénérés.

(7) Sa démarche. Sénèque dit qu’on connoît l’impudicité de l’homme à sa démarche. Saint Augustin prétend qu’on peut juger de la qualité de l’esprit de l’homme par la mauvaise position de son corps. Saluste, entre autres reproches à Catelin, lui fait celui-ci : Que sa démarche étoit tantôt précipitée, tantôt tardive. La démarche la plus louable donc ne sera point méditée, ni affectée, ni suspendue comme celle de ceux qui ont les pléiades en leur horoscope, si nous croyons Julius Firanicus.

(8) Aux dieux ne plaise, Madame. Le texte dit, parens, ma mère. C’étoit un terme d’honnêteté en ce temps-là, qui seroit trop familier aujourd’hui, et qui ne plairoit pas. Je me suis servi du mot de Madame, qui est plus respectueux et selon nos manières.

(9) Le vestibule en étoit magnifique. C’est ainsi que j’ai traduit, Atria longe pulcherrima. Je sais qu’Atrium se met quelquefois pour exprimer tout le dedans des maisons. Virgile a pris ce terme dans cette signification, aussi-bien que Vitruve, quand il a écrit dans le 2 liv. de l’Ænéide.

Porricibus longis fugit et vacua atria lustrat.

Et dans la suite du même livre :

Apparet domus intus, et atria longa patescunt.

Il est aisé de voir que Virgile entend par atria tout ce qui se peut voir au-dedans d’une maison par la porte, quand elle est ouverte, qui est la cour et les vestibules, ou les grandes salles.

Ainsi, comme on ne peut marquer précisément ce qu’atrium signifie, j’ai suivi Monsieur Perrault, qui dit qu’il a cru pouvoir hasarder le mot de vestibule pour signifier celui d’atrium, en avertissant qu’il n’entend pas précisément par vestibule ce que les anciens entendoient par vestibulum, mais seulement ce qu’il signifie en notre langue.

(10) Sur lesquels on voyoit des statues de la déesse Victoire. Il y a dans le latin, Palmaris Deæ, de la Déesse portant la palme. La description que notre auteur en fait ici revient assez à ces vers de Claudien :

Ipsa duci sacras Victoria panderet alas,
Et palmâ viridi gaudens et amicta tropheis.

La Victoire elle-même chargée de trophées, et tenant en main une palme verte, étendoit ses ailes en faveur de ce grand capitaine. Les Athéniens, au rapport de Pausanias, représentoient cette Déesse sans ailes, afin qu’elle ne pût s’envoler, et qu’elle restât toujours chez eux.

(11) L’art qui imite la nature. Il y a dans le texte singe de la nature. La réponse du peintre Eumope est remarquable ; interrogé sur quel modèle de ses prédécesseurs il façonnoit ses ouvrages, il répondit, en montrant une multitude d’hommes, qu’il falloit imiter la nature, et non l’ouvrier. Platon, au 10e des loix, dit que tout se fait par nature et par art, et que l’art même a engendré les nuages de la vérité.

(12) La lumière. Les Platoniques enseignent que les pierres et les herbes ont quelque participation avec les lumières surnaturelles. Proclus écrit que, par certaine sympathie et mutuelle alliance entre les choses terrestres et célestes, un mélange de plusieurs pierres, herbes et autres drogues dont les magiciens se servent, peut attirer sur terre les influences célestes, certaines herbes ou pierres pouvant produire quelque effet merveilleux.

(13) Aussi-tôt qu’elle voit. L’œil est le garde et la source de l’amour, il annonce ordinairement l’intention. Les yeux, dit Quintilien, nous précipitent en toutes sortes de vices, ils admirent, ils aiment, ils convoitent.

(14) Insensé. L’habitude de l’esprit se découvre au mouvement du corps ; nous voyons ordinairement marcher d’un pas hatif ceux qui sont atteint de folie ou de fureur.

(15) J’arrivai chez Milon entièrement déterminé. A Rome, lorsque quelqu’un proposoit un avis dans le Sénat, sur quelque affaire pressante, et qu’on n’avoit pas le temps de recueillir les voix à l’ordinaire, il disoit, à la fin de son discours : Quibus hæc salutaria videntur agite dum, in dextram partem pedibus transite : Que ceux à qui ce que je propose paroît bon et salutaire, passent tous du côté droit, et l’on appeloit ce que faisoient ceux qui s’alloient ainsi mettre du même côté, pedibus ire in sententiam alicujus : se ranger de l’avis de quelqu’un. Apulée se sert en badinant de cette façon de parler, parce qu’il étoit accouru avec empressement chez Milon, pour exécuter ce qu’il s’étoit mis dans la tête.

(16) Naturelles. La beauté et la netteté des cheveux font honneur à la personne. S. Ambroise dit que la chevelure est honorable aux vieillards, vénérable aux prêtres, terrible aux gens d’armes, séante aux jeunes gens, de bonne grace aux femmes, et mignonne aux enfans. Un arbre dépouillé de ses feuilles est désagréable à voir. Les cheveux de l’homme font toute sa parure ; c’est l’ornement qui garantit son chef du froid et du chaud. Il n’y a rien de si désagréable à l’œil qu’une femme chauve.

(17) Qui n’arrive jamais. Je ne souhaite pas, dit Apulée, que l’on trouve jamais une femme chauve ; en effet, les femmes ne deviennent pas volontiers chauves. Sénèque, au 15e liv. de ses épîtres morales, dit, en blâmant le luxe, que l’intempérance fait venir les femmes chauves et podagres. Hyppocrates dit dans ses aphorismes, que les cheveux ne tombent point aux femmes, et qu’elles ne sont pas sujettes au mal de jambe. La vie dissolue que mène la plupart des femmes actuellement, les expose cependant à ces deux maladies.

(18) Engendrée de la mer. Saturne ayant taillé les génitoires de son père, les jeta dans la mer, et d’iceux avec l’écume marine naquit Vénus. Aristote, au 2e liv. de la génération des animaux, dit que la semence est immense, et que, par cette cause, la Déesse qui préside en telle besogne est en grec appelée Aphrodite.

(19) Quand ce seroit Vénus elle-même. On distinguoit de la Vénus née de la mer, une autre Vénus qu’on appeloit Uranie ou Céleste ; celle-ci n’inspiroit que des amours purs et chastes, qui élevoient les cœurs au ciel ; elle avoit des temples en plusieurs endroits de la Grèce, où elle étoit représentée armée, et son sacerdoce n’étoit exercé que par des Vierges. Xénophon distingue cette Vénus-Uranie de l’autre Vénus, en donnant à celle-ci l’amour des esprits et des vertus ; et à l’autre, l’amour des corps. Apulée, dans son apologie, fait voir que cette Vénus Céleste, distinguée de la vulgaire, ne nous permet d’aimer que des beautés qui peuvent renouveller dans nos ames l’idée et l’amour des beautés célestes.

La Vénus née de l’écume des flots, mère des amours et des plaisirs, a toujours eu pour le moins autant d’adorateurs que l’autre.

(20) Accompagnée des Graces. Les Graces appelées Charites par les Grecs, étoient filles de Jupiter et d’Eurinome, selon quelques-uns, et selon d’autres, de Bacchus et de Vénus. Elles étoient trois, Aglaïe ou Pasithée, Euphrosine et Thalia. Ce sont des noms grecs, dont le premier signifie gaieté : Euphrosine veut dire agrément, et Thalia beauté. Lorsque les poëtes les mettoient en la compagnie de Vénus, ils les regardoient comme les Déesses de la beauté et de la bonne grace. Ils disent que la première rend les yeux fins et brillans ; que la seconde embellit la bouche, et que la troisième remplit le cœur de tendresse et de bonté. On les fait aussi quelquefois compagnes des Muses et de Mercure, Dieu de l’éloquence.

(21) Parée de sa ceinture. Homère, dans le 4e liv. de l’Illiade, représente Vénus avec une ceinture de diverses couleurs, qui rendoit aimables ceux qui la portoient. Junon l’emprunta de cette Déesse pour se faire aimer de Jupiter.

(22) Son Vulcain même la trouvera désagréable. C’est-à-dire, que Vénus sans cheveux, loin de pouvoir plaire à qui que ce soit, ne plairoit pas même à Vulcain qui en étoit fort amoureux, et qui, boiteux et enfumé comme il étoit, ne devoit pas être si difficile et si délicat qu’un autre en amour.

Vénus est avec raison mariée à Vulcain, parce que sans chaleur, il est impossible de marcher sous ses drapeaux.

(23) Corbeau. Les dames recherchent le poil brun ; cette couleur en effet embellit et donne de la grace au teint blanc. Apulée, au démon de Socrates, dit qu’attendu que deux couleurs devancent les autres celle de la poix et de la neige, par lesquelles le jour et la nuit diffèrent entre eux ; Apollon a donné le blanc au cigne, et le noir au corbeau.

(24) Essences précieuses. Il y a dans le texte, de gouttes arabiques, comme onguent de Nard, ou plutôt larme de myrrhe qui est très-bonne en Arabie. La myrrhe sue d’elle-même, avant qu’on la taille. Une goutte qu’ils appellent stacté, à savoir goutte ou larme de liqueur. Ce mot signifie aussi fleur de myrrhe. Les plus efféminées se frottoient les cheveux d’onguent de myrrhe. Les drogues odorantes et propres à faire onguent, qui sont particulières à l’Arabie, la font appeler en grec eudæmon, qui veut dire heureuse.

(25) Amertume. L’amour, dit Plaute, est très-fécond en miel et en fiel ; ce qu’il donne à goûter est fort doux ; mais il vous donne aussi de l’amer tout votre saoul.

(26) Présens. Avant que les hôtelleries et les cabarets fussent en usage, les anciens faisoient des amis réciproques, chez lesquels ils logeoient en leurs voyages. Ils cultivoient fort religieusement ce droit d’hospitalité, préparant des chambres et tout ce qui étoit nécessaire. Le premier jour, ils les invitoient à leur table, et le lendemain leur envoyoient de la viande, des volailles et autres denrées champêtres qu’ils appeloient xonies, comme qui diroit, présent d’hôte ; car xenos signifie hôte, tant celui qu’on reçoit, que celui qui reçoit : Jupiter Xénien étoit estimé conservateur des hôtes.

(27) Bacchus. Il y a dans le texte, Liber. Liber n’est autre chose que Bacchus, et se prend pour le vin, portant aiguillon à luxure. C’est donc à bon droit qu’on le nomme Piqueur de Venus. Liber et Vénus ont engendré Priape, d’autant que ceux qui sont adonnés au vin, sont ordinairement enclins à la luxure. Les Latins l’ont appelé Liber, comme qui diroit franc et libre, parce que le vin ôte tout souci et toute peine, ou parce que l’ivresse rend les personnes plus licentieuses et pétulantes, et plus libres à parler.

(28) Huile et vin. Le vin aiguillonne la volupté, et l’huile nourrit la lumière de la lampe, dont les amoureux aiment la clarté, trouvant plus de contentement dans les plaisirs nocturnes ; lesquels, à la lueur de la lumière, ils reçoivent aussi par les yeux ; car, comme dit le poëte, les yeux servent de guide en amour, et l’épigrammatiste : O quels duels ! O quelles luttes cet heureux lit et cette lumière ont vu.

(29) Comme si j’eusse vu l’Enfer. Le texte dit, Avernum lacum. Ce lac que les Italiens nomment encore Averno, est dans le royaume de Naples, proche de Baye, de Cumes et de Pouzzole. Les anciens auteurs disent que ce lac exhaloit des vapeurs si corrompues, que les oiseaux qui voloient par-dessus, tomboient morts et qu’on n’en pouvoit trouver le fond. Ce qui a fait dire aux Poëtes que c’étoit une descente aux Enfers : Souvent même pour les exprimer, on se servoit du nom de ce lac, Avernus, comme a fait Apulée en cet endroit.

Ce lac est entouré de montagnes qui étoient autrefois couvertes d’une épaisse forêt, ce qui contribuoit à rendre ce lieu vénérable, selon la superstition des Payens qui l’avoient consacré à Pluton. L’empereur Auguste fit abattre ces bois, ce qui a rendu les environs de ce lac autant agréables qu’ils étoient affreux auparavant. On y voit quelques fontaines d’eau tiède, où l’on trouve de petits poissons noirs, qui ont un très-mauvais goût. Ceux du lac sont de la même couleur et sentent le soufre. L’illustre Antoine Doria eut la curiosité de le sonder lui-même, pour voir s’il étoit d’une si immense profondeur, que cela eût donné lieu à l’opinion des anciens qui le croyoient sans fond : il trouva que sa profondeur n’étoit que de deux cent trente-huit pas.

(30) Que de pluie. C’est la façon de deviner, que les Grecs appellent Lychnomatie, d’autant qu’elle se fait à l’inspection des mêches de lumière. Les présages et pronostics sont tels. Si le lumignon laisse quelque petit amas autour de la mêche, en brûlant, c’est signe de pluie : si la flamme vole en tournoyant, c’est signe de vent : quand la lumière pétille, et qu’elle jette des étincelles contre bas, ou bien, lorsqu’il reste quelque charbon au col des marmites et chaudières en les levant, et quand le charbon allumé produit une grande et vive lueur.

(31) Grande sibylle de lampe. Milon, en riant, donne le nom de sibylle à la lampe qui les éclairoit, parce que, selon ce que disoit Pamphile, elle donnoit à connoître quel temps il devoit faire le lendemain. Les Sibylles étoient des filles Payennes qui prédisoient l’avenir, et qui même, à ce qu’on dit, ont prophétisé la venue du Fils de Dieu ou quelqu’action de sa vie. Ce nom de Sibylle est tiré de deux mots grecs qui signifient conseil de Dieu. La plus commune opinion est, qu’il y a eu des Sibylles de différens pays. La première et la plus ancienne est la Delphique, que quelques-uns appellent Artemis. Elle prophétisa long-temps avant la guerre de Troye. Il y en a qui croient qu’Homère a inséré plusieurs de ses vers dans son Illiade.

Les livres des Sibylles étoient conservés à Rome dans le Capitole, comme des choses sacrées. Ils furent brûlés avec ce superbe édifice, du temps de Sylla, 83 ans avant la venue de Jésus-Christ. Le sénat eut soin de recouvrer tout ce qui se pouvoit trouver des vers des Sibylles ; il envoya même, pour cet effet, des ambassadeurs en Grèce et en Asie qui en rapportèrent environ mille qu’on leur attribuoit. On nomma quinze personnes pour les examiner, ensuite on les mit dans le Capitole qu’on avoit rebâti. Du temps d’Auguste, on brûla jusqu’à deux mille vers attribués aux Sibylles, et l’on enferma dans deux cassettes d’or dans le temple d’Apollon, ceux qu’on crut être véritablement des Sibylles. Tant qu’il y a eu des Empereurs payens à Rome, on a toujours gardé avec grand soin ces prétendus Oracles que l’on consultoit dans les pressans besoins de l’état.

Nous avons présentement plusieurs vers grecs divisés en huit livres, qu’on prétend être des Sibylles ; mais beaucoup de savans croient qu’ils ont été supposés dans le deuxième siècle.

Monsieur Petit a donné au public, il y a quelques années, une dissertation fort curieuse touchant les Sibylles, où il prétend prouver qu’il n’y a jamais eu qu’une seule femme qui se mêla de prophétiser, à qui les anciens auteurs grecs aient donné ce nom de Sibylle.

(32) Feu terrien. Le feu terrien que nous avons en usage, uni par certaine alliance avec le feu céleste et aërien, nous peut annoncer ce que présage le feu céleste. Les philosophes tiennent unanimement que ce monde inférieur dépend des mouvemens supérieurs, et que ces corps pesans et grossiers sont régis et se meuvent par d’autres plus subtiles. Il ne faut donc pas douter que ce feu terrien et élémentaire ne soit comme dépendant du feu céleste ; les anciens autorisent cette opinion. Ils n’éteignoient pas la lumière de leurs lampes, dit Plutarque, mais ils la laissoient languir et mourir d’elle-même, comme ayant une liaison intime avec le feu aërien qui ne s’éteint jamais. Prochus, philosophe platonique écrit finement de la sympathie et concorde que les choses terriennes ont avec les célestes.

(33) Un certain Chaldéen. Les Chaldéens habitoient cette partie de l’Asie qui confine à l’Arabie, dont la ville capitale étoit Babylone. Ils étoient fort adonnés à l’astrologie judiciaire ; ils interprétoient aussi les songes, et pratiquoient toutes les superstitions de la magie, ce qui a fait appeler Chaldéens dans la suite tous ceux qui se mêloient de ces sortes de sciences. Les Assyriens appeloient Chaldéens leurs mages et docteurs.

(34) Jours heureux pour se marier. Ces jours s’appellent égyphaques, et sont défendus dans les décrets, can. 6, quest. 7. Les anciens, par une vaine superstition, se faisoient accroire que le mois de mai étoit malencontreux pour les nôces, celui de Juin au contraire heureux et commode, peut-être parce que les latins ont nommé le mois de Mai Major, et Juin, de Junior, et de fait, les jeunes gens sont plus capables de nôces que les gens avancés en âge, car le vieillard est plus froid à l’endroit de Vénus, dit le poète.

(35) Fondemens des murailles. Les villes ont leurs destinées aussi bien que les hommes, et les anciens consultoient pour savoir non-seulement le jour, mais aussi l’heure et les momens pour jetter les premiers fondemens d’une place. Appien dit dans ses Syriaques, en parlant du roi Seleucus, que ce roi ayant dessein de bâtir la ville de Séleucie, envoya chercher les mages pour choisir le jour et l’heure favorables à en poser les premières pierres ; mais ils se trompèrent dans leur avis, et l’heure fatale arrivant, à laquelle on devoit commencer, les ouvriers se mirent d’eux-mêmes à l’ouvrage. Les mages connoissant que la force du destin est inévitable, demandèrent pardon au roi, en lui disant qu’il n’étoit pas permis de changer le sort fatal bon ou mauvais, soit d’une personne, soit d’une ville.

(36) Il lui arriva un accident un peu fâcheux. Le texte dit, Fortunam scævam an sævam verius dixerim ; une fortune sinistre, ou pour mieux dire, cruelle. On eût pu employer les mots senestre et sinistre, l’un signifie malencontreux, et l’autre gauche. Cette conformité de cadence en vocales, fait une figure qui s’appelle annomination, pour exprimer celle du latin, scævam, et sævam.

(37) Un voyage aussi funeste que le nôtre, ou plutôt que celui d’Ulisse. Ulisse, après la prise de Troye, voulant retourner à Itaque, essuya, comme tout le monde sait, plusieurs naufrages, et toutes les disgraces d’un voyage très-malheureux. Mais il est très plaisant que ce Devin, entouré de peuple, transporté du plaisir de revoir son ami, lui conte sans réflexion tout haut les circonstances d’un voyage qu’il vient de faire, où à la mort près, il a essuyé tout ce qu’on peut imaginer de plus affreux, dans le temps justement qu’un homme le consultoit sur le jour qu’il devoit partir, afin qu’il ne lui arrivât aucun accident fâcheux dans un voyage qu’il avoit à faire.

(38) Elle prend un verre de vin, et ayant versé dessus un peu d’eau tiède. Cet usage de mettre de l’eau tiède dans le vin pour le boire, est bien contraire au nôtre, qui est de le boire à la glace. Les anciens croyoient que la chaleur réveilloit les esprits du vin. Dans le Levant, c’est encore un usage assez ordinaire de boire un peu chaud, quoiqu’on s’y lave les mains dans de l’eau rafraîchie avec de la neige, quand on en peut avoir.

(39) Il y a dans le texte : deux, trois et plusieurs fois. Le premier verre de vin étanche la soif, le deuxième réjouit, le troisième est voluptueux, le quatrième abrutit, et les autres tiennent de la folie. Le vin échauffe singulièrement, et il est très-pernicieux si l’on en boit outre mesure. Aurelian disoit de Bonosus, qu’il étoit né non pour vivre, mais pour être ivre. On a remarqué de ce prince une chose fort étrange qu’autant il buvoit, autant il urinoit ; et ce malheureux s’étant enfin étranglé, quelqu’un se mit à dire, par plaisanterie, que c’étoit une bouteille, et non un homme qui étoit pendu.

(40) Etranger. On porte ordinairement plus de faveur à ses compatriotes qu’aux étrangers ; l’exemple d’Agoracrit, Parien, et d’Aléamus, Athénien, en font foi : Ces deux habiles sculpteurs ayant fait une Vénus de pierre à l’envi l’un de l’autre ; Aléamus remporta la victoire sur son compagnon, plus par les voix et la faveur de ses compatriotes, que par l’excellence de son ouvrage.

(41) Convives. L’ordonnance des festins porte qu’il n’y ait jamais moins de trois, ni plus de neuf personnes ; il faut que le nombre des conviés commence par celui des Graces, et finisse par celui des Muses : Car, dit Varron, il ne faut jamais un trop grand nombre de convives ; là où est la multitude, là est la confusion.

(42) Plaisante. Ciceron, au premier livre des Offices, nous apprend qu’il y a deux manières de traiter ; l’une illicite, pétulante et outrageuse ; l’autre, élégante, gaillarde, ingénieuse et plaisante : on peut, sans offenser personne, employer la seconde, mais éviter toujours la première.

(43) Ongles. Ainsi cette magicienne de Lucain, Erichtzo, arrache des os ardens du milieu des bûchers, recueille des haillons charmés, lutte à l’encontre des cadavres, leur tire les yeux de la tête, et prend la rognure de leurs ongles ; les mages, dit Pline, assurent que les rognures des ongles des pieds et des mains, mêlés avec de la cire, servent contre les fièvres tierces et quartes. Il enseigne lui-même de jeter les rognures d’ongles dans les fourmillières, que l’on prenne la première qui commencera de les emporter, qu’on la pende au col, et qu’ainsi la fièvre se perdra. Artemon dit que l’eau bue dans le crâne d’un mort, guérit le mal caduc. Quelques-uns boivent dans le crâne d’un pendu pour guérir la morsure d’un chien enragé.

(44) A la manière des orateurs. Les mains de l’orateur sans lesquelles, comme dit fort bien Quintilien, l’action est manchotte et foible, ont une infinité de mouvemens qui accompagnent la parole, ou, pour mieux dire, elles parlent elles-mêmes. Son plus gracieux geste est celui par lequel il ramène le doigt du milieu vers le pouce, en déployant les autres trois. On joint aussi les doigts du milieu avec le pouce ; ce geste est encore plus pressant que l’autre, propre au commencement et à la narration. Quelquefois on en ploie trois par dessus le pouce, et on étend le doigt qu’on appele indice, duquel on se sert ordinairement pour montrer, rapprocher, menacer. Ciceron dit que Crassus s’en servoit fort bien.

(45) Du pouce. Les Latins nomment ce doigt d’un mot par lequel ils montrent que c’est le plus primant et le plus utile de tous. Les Romains ne recevoient jamais sous leurs drapeaux ceux auxquels le pouce manquoit, comme gens inutiles à la guerre. Ammien Marcellin dit que jamais aucun Gaulois ne se coupa le pouce pour éviter les fatigues de la guerre. Les Athéniens voulant affoiblir les Æginetes qui, pour lors, étoient puissans sur mer, firent couper les pouces à leurs mariniers pour les rendre inhabiles à la marine.

(46) Milet. Ville capitale d’Ionie, mère de quatre-vingt villes. Elle donna naissance à Thalès, Anaximènes, Anaximander, Hécatée l’historien, et à Æschine l’orateur ; mais ses habitans s’étant amollis par le luxe, ils donnèrent lieu à ce proverbe d’Aristophane : Jadis les Milésiens étoient vaillans. Aristagoras, député vers les Lacédémoniens, pour demander des secours aux Perses, se présenta vêtu richement et somptueusement, ce qui donna occasion aux Ephores de lui dire par une ironie qui passa depuis en proverbe, au logis des Milésiens, comme voulant dire que ces délices et que ce luxe ne conviennent nullement à des gens qui étoient dans la peine, et qui alloient demander des secours aux autres.

(47) Aux jeux Olimpiques. Ces jeux étoient fort fameux dans la Grèce, ils se célébroient de quatre en quatre ans, en l’honneur de Jupiter, vers le solstice d’été sur les bords du fleuve Alphée, proche la ville de Pise dans l’Elide, qui est une partie du Péloponèse. On n’a rien de fort certain sur leur première institution ; quelques-uns l’attribuent à Hercule. Iphitus les rétablit vingt-deux ou vingt-trois ans avant la fondation de Rome ; ils devinrent si solemnels, que la Grèce en fit son époque, et compta ses années par les Olimpiades.

Ces jeux duroient cinq jours ; toute la jeunesse de la Grèce s’y trouvoit pour y disputer les prix par cinq sortes d’exercices, qui sont le ceste ou les gantelets, la course, le saut, le disque ou le palet, et la lutte. On y ajouta dans la suite un sixième exercice, qui étoit la course des chariots. Ceux qui remportoient quelqu’un des prix, étoient tellement honorés, que quand ils retournoient en leur patrie, on abattoit un pan de muraille de la ville, pour les y faire entrer sur un char de triomphe, aux acclamations de tout le peuple.

(48) Qu’elles tromperoient aisément les yeux du soleil et de la justice. Comme c’est par le soleil que tout est éclairé, et peut-être vu sur la terre, ce n’est pas sans raison que les Grecs l’appeloient Pant’horon, tout voyant ; et notre auteur, dans le premier livre, l’appelle aussi Deum videntem, Dieu qui voit tout.

Selon Aulu-Gelle, on représentoit la justice avec des yeux vifs et perçans, pour montrer que les juges doivent examiner avec la dernière exactitude les choses sur lesquelles ils doivent prononcer. On la représente aujourd’hui avec un bandeau sur les yeux, pour marquer qu’on doit rendre la justice sans acceptation de personne, et sans rien envisager que la raison.

(49) Et y ayant fait entrer sept personnes, &c. Elle les prit tous à témoin. Ce nombre est celui que l’on pouvoit desirer pour les choses les plus importantes, et le même que les loix romaines demandoient pour la validité des testamens.

(50) Bêlette, c’est-à-dire une magicienne transformée en bêlette. Les magiciens croyoient et le peuple aussi que, par la force de la magie, les femmes sur-tout pouvoient être transformées en bêlettes, en rats, chats, &c. S. Augustin dit qu’il est impossible de changer la figure de l’homme ; il n’appartient qu’aux gens simples d’ajouter foi à de pareilles sottises. Les auteurs ecclésiastiques rapportent à ceci tout ce que l’on raconte de Circé qui changea tous les compagnons d’Ulysse en bêtes ; et les Arcadiens qui se transformoient en loups, et de ceux qui, changés en chevaux, portoient les munitions de guerre.

(51) Les coqs. Le coq connoît les saisons de la nuit, il en distingue les heures, et réveille l’homme pour qu’il retourne à ses travaux. Le chant du coq, dit S. Ambroise, est agréable la nuit et utile ; il éveille celui qui dort, avertit celui qui a du souci, et console le voyageur en lui annonçant l’avancement de la nuit.

(52) Détestant le mauvais augure de mes paroles. Ce mauvais augure consistoit en ce qu’il sembloit, par l’offre de ses services, souhaiter qu’il mourût bientôt quelqu’un dans la famille, pour le garder, comme il avoit fait à ce dernier mort.

(53) Cérémonies du deuil. Les anciens appeloient autrefois les morts à haute voix par plusieurs fois, et après le dernier appel, ils emportoient leurs cadavres pour les brûler.

(54) Voici l’Egyptien Zachlas, prophête de grande réputation. Les Egyptiens étoient fort renommés pour toutes les sciences, et sur-tout pour l’astrologie et la magie. Nous apprenons de Diodore de Sicile, qu’Homère, Licurgue, Solon, Pythagore et plusieurs autres grands hommes, avoient voyagé exprès en Égypte, pour conférer avec les prêtres de cette contrée, et profiter de leur conversation et de leurs lumières. Strabon assure qu’on y montroit long-temps depuis le logis où Platon et Eudoxe avoient demeuré treize années ensemble.

(55) La tête rasée. Pline dit que les prêtres d’Ægypte portent la tête rasée en signe du deuil qu’ils ont de la mort d’Apis. S. Paul étant à Cenchrées, se fit raser, et marcha les pieds nuds. S. Jérôme dit que la rasure et la tonsure des prêtres, montrent qu’ils doivent quitter le soin des choses temporelles, et les cheveux qui leur demeurent, qu’ils peuvent retenir quelque chose pour leur entretennement.

(56) Les genoux. Comme consacrés à la miséricorde, les genoux de l’homme, dit Pline, ont quelque religion que toutes les nations observent ; ceux qui supplient les embrassent, ils leur tendent les mains, ils les adorent comme des autels.

(57) Silence de la nuit. Aristote dit, dans ses problêmes, que l’on entend plus aisément la nuit que le jour, et que l’air qui est plus agité dans le jour, par la chaleur du soleil, se repose la nuit.

(58) Coptos. Les hirondelles dressoient des remparts près de la ville de Copton en Égypte. Elles y travailloient avec tant d’affection que l’on en voyoit plusieurs mourir à la peine. C’étoient leur exercice du printemps, et tous les ans elles travailloient après. Les mêmes hirondelles faisoient une chaussée sur le Nil, attachant leurs nids l’un à l’autre, de la longueur d’une stade (125 pas) si forte, dit Pline, qu’il eût été impossible à l’homme d’en faire une semblable.

(59) Par les accroissemens du Nil. Les Ægyptiens regardoient les inondations du Nil comme quelque chose de divin, parce qu’elles arrivoient régulièrement tous les ans pendant l’été, et qu’elles rendoient leurs terres fertiles au défaut de la pluie. Le Nil se déborde tous les ans depuis le solstice. D’abord il croît tout doucement, puis un peu plus fort tandis que le soleil est au signe du lion ; il commence ensuite à se retirer, quand le soleil est passé dans le signe de la vierge, ensuite il rentre dans ses bornes au signe de la balance. Au centième jour, on apperçoit ses accroissemens à certaines marques et mesures. Sa juste croissance est de seize coudées, si l’eau est au-dessous de cette mesure, elle ne sauroit tout arroser. Si l’eau reste à douze coudées, les Ægyptiens craignent la famine, à treize encore, quatorze les font rire, quinze les assurent, seize les mettent à leur aise. Les grands accroissemens dénoncent rapport, les moindres stérilité. Les raisons les plus vraisemblables de cet accroissement sont qu’il se fait par-là répercussion des étésites qui sont vents anniversaires. Hérodote, Diodore, Pline, Strabon, Sénèque et Lucain disent ce qu’ils ont pu en apprendre, mais il vaut mieux admirer leurs recherches que de s’y arrêter. Quelques-uns disent que la source du Nil est une zône qui nous est opposée, que l’hiver est là quand nous avons l’été, et que, pour cette cause, la grande quantité d’eaux qui viennent en ce temps-là, occasionne cet accroissement.

(60) Par les mystères de Memphis. Memphis étoit la capitale de l’Ægypte, la même que le grand Caïre d’aujourd’hui. On y adoroit Osiris et Isis, par des cérémonies secrettes, qu’il n’étoit pas permis de révéler aux profanes, c’est-à-dire à ceux qui n’étoient pas initiés dans les mystères sacrés ; et pour cela les prêtres de Memphis étoient appelés incommunicables.

(61) Par les sistres de Pharos. Par Pharos qui est une isle d’Ægypte, l’auteur entend l’Ægypte entière. Les sistres étoient des instrumens pour faire du bruit, consacrés au culte d’Isis. On en voit un tout de cuivre dans la bibliothèque de sainte Geneviève à Paris, c’étoit leur matière ordinaire ; il y en avoit cependant d’or et d’argent, comme il paroît dans l’onzième livre de ces Métamorphoses. Pharos est une place qui a été peuplée de Romains par César, dictateur. Là étoit une haute tour de même nom, bâtie par le roi Ptolomée, dans laquelle brûloit toutes les nuits grand nombre de flambeaux pour éclairer aux vaisseaux qui venoient aborder. On voyoit anciennement plusieurs tours dans les havres et ports de mer, que du nom de celle-ci on appeloit Pharos.

(62) Trois fois. Les Pythagoriens enseignent que le nombre ternaire a beaucoup d’efficace, ils s’en servoient aux cérémonies de leurs Dieux, aussi faisoient les magiciens dans leurs opérations.

(63) Herbe. L’historien Xantus a dit qu’un dragon fit revivre ses petits par le moyen d’une herbe nommée balis, et que par elle-même, Chilo qui avoit été tué par un dragon, fut ressuscité. Juba dit aussi qu’en Arabie un homme fut ressuscité par la vertu d’une certaine herbe qu’il n’a pas nommée.

(64) Laissez-moi jouir de mon repos. Le séjour des Enfers étoit considéré par les anciens comme le centre et le lieu de repos des ombres des morts. Celles qu’on en évoquoit par la force des enchantemens, marquoient un grand empressement d’y retourner. L’ombre même de Samuel, ou le phantôme qui parut à sa place, marqua à Saül son indignation de ce qu’il troubloit son repos : Quare inquietasti me ut suscitarer.

(65) Et comme ils demandoient encore du vin pour boire des santés. Cet usage de boire des santés, ou ce qui est la même chose de souhaiter du bien à quelqu’un en buvant, est aussi ancien que les banquets. La formule la plus ordinaire de boire ces santés, étoit de se servir du mot benè avec le nom, comme benè te, benè me, benè nos, où l’on sous-entendoit toujours valere opto ; je vous souhaite une bonne santé. Dans Plaute, un valet buvant avec un de ses camarades, dit, benè nos, benè te, benè nostram etiam Stephaniam : à notre santé, à la tienne, à la mienne, à la santé aussi de notre Stephania ; c’étoit leur maîtresse commune. On poussoit quelquefois la galanterie jusqu’à boire autant de coups à la santé de sa maîtresse, qu’il y avoit de lettres dans son nom, comme on le voit par les vers d’un épigramme de Martial.

Nævia sex cyathis, septem Justina bibatur,
Quinque Lycas, Lyde quatuor, Ida tribus,
Omnis ab infuso numeretur amica Falerno.

Buvons six coups à la santé de Nævia, sept à celle de Justine, cinq à celle de Lycus, quatre à celle de Lydé, et trois à celle d’Ida, et qu’on connoisse le nombre des lettres du nom de nos maîtresses par celui des coups que nous aurons bu à leur santé.

(66) Le dieu Ris propice et favorable. Pausanias fait mention de la fête qu’on célébroit en l’honneur du dieu Ris chez les Hypathéens ; et Plutarque parle d’un temple consacré à cette divinité, et rapporte que Lycurgue lui fit dresser une statue. Les Romains célébroient certains jours de fête qu’ils appeloient hilares, qui veut dire gaillards, quand, après le solstice d’hiver, les jours commençoient à être plus longs que les nuits.

(67) Que le fut Hercule après la défaite du triple Gerion. On met au nombre des travaux d’Hercule, la défaite de Gerion, roi des trois isles Majorque, Minorque et Ivique, ce qui a donné lieu aux poètes de feindre qu’il avoit trois corps. Quelques-uns disent qu’ils étoient trois frères de ce nom-là, si unis entre eux qu’ils sembloient n’être animés tous trois que d’une seule ame.


Fin des Remarques du second Livre.