Les Lundis d’un chercheur/Texte entier

Vicomte de Spoelberch de Lovenjoul ()
Calmann Lévy, éditeur (p. --TdM2).

LES LUNDIS
D’UN CHERCHEUR

CALMANN LÉVY ; ÉDITEUR

DU MÊME AUTEUR

Format grand in-8o
HISTOIRE DES ŒUVRES DE H. DE BALZAC (ouvrage couronné par l’Académie française
 1 vol.

EN PRÉPARATION

  AUTOUR D’HONORÉ DE BALZAC.
  UN ROMAN D’AMOUR.
  HISTOIRE DES ŒUVRES DE GEORGE SAND.


Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays,
y compris la Suède et la Norvège.

PARIS. IMPRIMERIE CHAIX. 6664-5-94. (Encre Lorilleux).

Les Lundis
d’un chercheur
Deuxième édition
PARIS
CALMANN LÉVY, ÉDITEUR
ANCIENNE MAISON MICHEL LÉVY FRÈRES
3, RUE AUBER, 3

1894

AVANT-PROPOS


Le public, si nous ne l’amusons pas, il lui reste une ressource dont il use quelquefois, et qui est de ne pas nous lire. Mais il est bien rare qu’on n’amuse pas le public quand on s’intéresse soi-même aux objets dont on lui parle. L’intérêt des choses n’est pas dans leur valeur propre, mais dans la passion que l’on y porte.
F. Sarcey.
(Le Temps, 14 novembre 1892.)

Ces pages sont en quelque sorte les entr’actes de travaux beaucoup plus étendus. Entre nos Histoires des œuvres d’Honoré de Balzac, de Théophile Gautier et de George Sand, — celle-ci encore inachevée, mais ébauchée bien avant les deux autres, — une trouvaille heureuse, un filon rencontré par hasard, nous ont souvent retenu. Ce sont ces découvertes imprévues, ces bonnes fortunes du chercheur, dont nous réunissons aujourd’hui presque tout l’ensemble.

Quelques-unes touchent de près ou de loin à nos précédents sujets de recherches. Elles en reproduisent même deux ou trois passages très courts. Il eût été impossible de les effacer ici sans créer dans ces études particulières d’inexplicables lacunes.

Les Causeries du Lundi de Sainte-Beuve, le trouveur sagace, le pénétrant scrutateur d’âmes, le maître critique du dix-neuvième siècle, ont inspiré notre titre. Théophile Gautier, du reste, nous avait précédé dans cette voie, en prenant celui des Vacances du Lundi pour ses vacances de journaliste, quand il oubliait les feuilletons du lundi et son esclavage hebdomadaire au sommet de quelque montagne de Suisse, ou bien au fond de quelque vallée d’Espagne.

Mais nous sera-t-il pardonné d’abriter notre modeste gerbe à l’ombre de ces grands noms et de leur grand souvenir ?

Il nous faut rappeler aussi qu’un chercheur n’est pas un auteur, et qu’il ne prétend nullement se placer à ce rang. Son seul rôle consiste à sauver de l’oubli, ou même de la destruction, des pages et parfois des œuvres très supérieures à celles qu’il pourrait produire lui-même. Donc, si modeste que soit ce genre de labeur, il a du moins sa raison d’être, et cette excuse peut être invoquée à propos des incessantes citations dont tous les travaux analogues aux nôtres sont émaillés.

Nos publications antérieures nous ont valu des approbations et des suffrages dont nous avons été et demeurons on ne peut plus touché. Puisse ce nouveau volume être accueilli avec la même indulgence et la même bonne grâce

Villa Close, 24 septembre 1893.
LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR

I

LES PROJETS LITTÉRAIRES
DE
THÉOPHILE GAUTIER.

À propos des œuvres
qu'il n'a pas écrites ou qu'il n'a pas terminées

I

Peu d’écrivains contemporains ont laissé un monument littéraire aussi important que celui de Théophile Gautier, et pas un seul, peut-être, parmi les plus célèbres, ne possède à son actif un ensemble de travaux plus colossal. Les œuvres réellement écrites par Alexandre Dumas, celles de Victor Hugo, de Lamartine, de George Sand et de Balzac, ces cinq autres grands producteurs littéraires français de notre temps, ne sont pas plus considérables. Néanmoins l’auteur de Fortunio est bien loin encore d’avoir écrit tous les ouvrages qu’il a projetés ou rêvés et dont nous avons entrepris de retrouver la trace. Voici le résultat de nos longues et patientes recherches. C’est la première fois, pensons-nous, que dans une étude bibliographique on dresse le tableau des œuvres qu’un auteur n’a pas écrites. Si cette initiative nous était reprochée, nous nous excuserions en faisant remarquer combien serait précieux aujourd’hui un document de ce genre relatif à Molière, à Racine ou à Corneille, et provenant d’un de leurs contemporains.

C’est, du reste, une histoire curieuse que celle des projets littéraires de Théophile Gautier, projets entravés le plus souvent par les circonstances. Il lui fallait écrire des articles, en écrire toujours ! Ne faut-il pas déplorer que, par suite de cette incessante production forcée, vingt œuvres plus personnelles et plus fortement pensées soient restées ensevelies dans le cerveau qui les avait conçues ? Il serait impossible à cette heure de retrouver les traces de toutes, mais nous allons indiquer, du moins, les principales. Déjà M. Emile Bergerat, le gendre du poète, dans le volume qu’il a consacré à son beau-père, a parlé de quelques-unes, sur lesquelles nous ne reviendrons pas, ne faisant exception que pour une seule, le Vieux de la montagne, dont la conception remonte à une époque beaucoup plus ancienne qu’on ne le croit généralement.

Le nom de Théophile Gautier fut connu de bonne heure, et ses productions furent recherchées dès 1833 par les éditeurs et par les directeurs de journaux de cette époque. S’ils avaient obtenu livraison d’un manuscrit, ou seulement la promesse vague d’une œuvre à peine née encore dans l’imagination de l’écrivain, ils s’empressaient aussitôt de l’annoncer dans leurs catalogues, au revers des couvertures de leurs publications nouvelles, ou parmi les travaux promis à leurs lecteurs.

Ses premiers balbutiements littéraires consistèrent en Poésies écrites en langue provençale, ou dans le patois gascon, que le poète avait parlé à Tarbes étant enfant, et qu’il eut, raconte-t-il lui-même, quelque peine à désapprendre. Sans parler ensuite de traductions et d’imitations de Musée et de l’Anthologie grecque, telles qu’un Béro et Léandre, ni même d’une traduction d’un Chant d’Ugolin, œuvres disparues, citons du moins deux poèmes perdus aussi, essais exécutés quand l’auteur était encore au collège : le Fleuve Scamandre et l’Enlèvement d’Hélène, ce dernier écrit en vers de dix pieds. La première trace, à notre connaissance, de livres du grand écrivain restés à l’état de projet se trouve inscrite sur la couverture des Rhapsodies, par Petrus Borel, volume daté de 1832, mais dont la première édition fut publiée en décembre 1831[1]. On y voit indiqué « Sous presse pour paraître incessamment, Odes artistiques, par Théophile Gautier, » et, sur la couverture de la deuxième édition, datée de 1833, mais parue à la fin de 1832 « pour paraître le 15 janvier [1833], Contes du Bousingot, par une camaraderie. In-octavos, ornés de vignettes de Célestin Nanteuil. Les deux premiers volumes sont sous presse. »

Du premier de ces ouvrages, on ne connaît aujourd’hui que deux odes : À Jean Duseigneur, insérée dans le Mercure de France au XIXe siècle du 22 octobre 1831, et Notre-Dame. Cette dernière pièce, croyons-nous, ne vit le jour qu’en décembre 1833, dans les Annales romantiques pour 1834 ; mais le manuscrit autographe porte la date d’octobre 1831. L’auteur ne plaça pas ces deux pièces l’année suivante dans son volume d’Albertus, ce qui prouve qu’à cette date il n’avait pas encore renoncé aux Odes artistiques.

Les Contes du Bousingot, dont Renduel devait être l’éditeur, auraient été écrits par Théophile Gautier en collaboration avec ses amis de cette époque Gérard (G. de Nerval), Augustus Mac-Keat (Auguste Maquet), etc., et l’ouvrage aurait été publié sans noms d’auteurs. Ce recueil est inscrit aussi sur la couverture de son volume d’Albertus (paru en octobre 1832), toujours édité chez Renduel, sous le titre un peu modifié de Contes du Bouzingo, sans aucune autre indication quelconque, ni aucun nom d’auteur.

Deux nouvelles au moins, destinées à ce livre, ont été écrites et publiées. La première, la Main de gloire, histoire macaronique, par Gérard (G. de Nerval), fut imprimée dans le Cabinet de lecture du 24 septembre 1832, accompagnée de cette note « Extrait des Contes du Bousingo, par une camaraderie. Deux volumes in-octavo, qui paraîtront vers le 15 novembre. » Elle fait aujourd’hui partie de la Bohème galante, sous le titre de : la Main enchantée. La seconde n’est autre qu’Onuphrius Wphly, par Théophile Gautier. Ce récit, publié dans la France littéraire d’août 1832, fut reproduit dans le Cabinet de lecture du 4 octobre suivant, portant pour titre : « l’Homme vexé ; Onuphrius Wphly », et accompagné de ces mots : « Cet article est un deuxième extrait des Contes du Bousingot, qui seront publiés très prochainement en deux volumes in-octavo. La Main de gloire, insérée dans notre numéro du 24 septembre, doit en faire partie. » Ces Contes fameux ne parurent jamais, et Théophile Gautier inséra dans les Jeunes-France ceux qu’il destinait à cet ouvrage.

II

Ce ne fut pas là, du reste, son seul projet de collaboration avec Gérard de Nerval. Plus d’une œuvre fut entreprise avec ce cher compagnon de ses jeunes années, pour lequel il garda toujours une si vive affection. L’auteur d’Albertus a raconté lui-même qu’il mit un Prologue rimé au Mystère de Gérard, écrit en vers de huit pieds : le Prince des Sots, et qu’ils firent ensemble une pièce en prose intitulée : la Dame de Carouge, dont Alexandre Dumas utilisa plus tard l’idée dans Charles VII chez ses grands vassaux. Outre cinq actes commencés pour Spontini, traduction de la Fiancée d’Abydos de Byron, — et non de la Fiancée de Corinthe, ainsi que le dit par erreur Gérard de Nerval lui-même[2], — un autre drame, dont le sujet était tiré de la Parisina du même auteur, et portait ce même titre, fut aussi projeté par le poète vers 1830, en collaboration avec son ami Augustus Mac-Keat. Un fragment en a même été cité il y a quelques années. Toutes ces œuvres, détruites sans doute, sont en tout cas demeurées inédites.

Nous tenons enfin d’un des plus anciens amis du maître, M. Charles Ménétrier, qui signe ses écrits : Listener, que Gautier songea pendant l’été de 1830, avant l’apparition de ses Poésies, à composer un drame tiré de l’histoire de la Belle Ferronnière, dont Alfred de Musset et Félix Arvers s’occupèrent aussi peu de temps après. Il voulait en faire une œuvre truculente, pour employer un terme de l’époque, et la jouer seulement entre camarades. Voici comment il comptait traiter ce sujet, et l’on verra qu’il n’eût pas été facile, en effet, de faire accepter par le public d’alors une pièce de ce genre.

Le mari de la belle Ferronnière, un bon bourgeois de Paris, découvrait que sa femme le trompait avec le roi François Ier. Pour se venger à la fois de tous deux sans s’exposer lui-même, il s’informait à la pensionnaire la plus mal portante d’une maison interlope, du nom de son dernier amant. Elle lui désignait un moine dont les remords, augmentés encore par la maladie que son péché lui avait valu, devaient être exprimés en longues tirades abracadabrantes. Par une suite de combinaisons adroitement amenées, ce moine devenait alors l’amant de la belle Ferronnière ; puis, celle-ci mourait, emportée par l’horrible maladie qu’il lui donnait. On devait voir enfin, au dénouement, son mari remarié avec la créature cause physiologique première de tous ces maux, — mais guérie, heureuse, et dont les bons instincts s’étaient réveillés et développés, — passer, sa seconde femme au bras, dans une rue de Paris. Il assistait ainsi, sa vengeance satisfaite, au cortège des obsèques du roi François Ier, mort à son tour pour avoir aimé la belle Ferronnière.

Ce dénouement curieux et les outrances de l’intrigue n’eussent pas manqué de couleur romantique certain de ne pouvoir faire représenter son drame sur un théâtre public, Gautier, s’il l’eût écrit, s’était promis de jouer le rôle du moine, auquel son embonpoint déjà naissant semblait le destiner ; Auguste Maquet eût fait François Ier, et le personnage du mari eût été tenu par M. Listener. Mais ce beau projet n’eut pas de suite, et la pièce ne sortit jamais du cerveau de son auteur.

III

Le 1er décembre 1833, un traité fut signé par le poète et par Charles Malo, directeur de la France littéraire, pour la publication dans ce recueil d’une série de portraits d’écrivains oubliés, sous le titre général d’Exhumations littéraires. Ceux qu’il y publia sont entrés en 1844 dans les Grotesques. Mais il en manque plusieurs, indiqués dans ce traité, que nous avons sous les yeux, et les biographies de : « Tabourot, d’Aubigny, Hardy, Dubartas », ne furent jamais écrites.

Plus tard, Gautier songea encore, paraît-il, à un ouvrage du même genre. Mais nous laissons parler ici M. Maxime Du Camp, qui raconte ainsi le fait dans son volume intitulé : Théophile Gautier, paru en 1890 :

« Quelques années après avoir publié les Grotesques en librairie, il eut l’intention de leur donner une suite en faisant une série d’études détachées sur les prédécesseurs de Corneille, sur Desmazures, Grévin, Jean de La Taille, sur Robert Garnier, dont il aimait à citer un vers emprunté à la Bradamante :

Vivant mes libres jours en libre pauvreté.
et principalement sur Montchrétien…

» Bien souvent nous dissertâmes ensemble de cette série de sujets qui, traités par lui, eussent été d’un haut intérêt, et qui devaient former une suite d’articles destinés à la nouvelle Revue de Paris (1851). En 1852, Théophile Gautier partit pour Constantinople, et les prédécesseurs de Corneille s’en allèrent rejoindre tant de rêves qui jamais ne furent réalisés. »

Citons ici, pour mémoire, une Lysistrata destinée en 1835 au Monde dramatique, dont nous n’avons retrouvé aucune autre trace. C’est peut-être le premier embryon de la Chaîne d’or, qu’il publia en 1837 dans la Chronique de Paris, après avoir changé, en ce cas, le nom de l’héroine primitive, ou, plus probablement encore, un ressouvenir du théâtre d’Aristophane, qu’il ne fixa jamais sur le papier.

IV

Une de ses œuvres les plus remarquables, le Capitaine Fracasse, fut bien près aussi de ne jamais voir le jour. Annoncé pour la première fois en 1835 sur les couvertures de Mademoiselle de Maupin, puis ensuite, en 1836, sur les catalogues de Renduel, ce roman fut inscrit comme sous presse, pendant près de vingt ans, aux faux-titres ou sur les couvertures de presque tous les ouvrages de Théophile Gautier. Environ dix ans après (1846), cette annonce se retrouve aussi, pendant une dizaine d’années, parmi les promesses des Revues des Deux Mondes et de Paris. Elle est imprimée en même temps à partir de 1834, sur la couverture de la plupart des volumes édités par la Librairie nouvelle, dirigée alors par MM. Jacottet et Bourdilliat.

Après avoir été cause en 1853 d’un procès que la Revue des Deux Mondes intenta à son auteur pour en obtenir livraison, le Capitaine Fracasse fut enfin commencé vers 1854 ou 1855. Le premier chapitre, le Château de la Misère, fut écrit et composé en placards pour être inséré dans la Revue de Paris. Mais l’œuvre devait encore s’arrêter ; la Revue fut supprimée, et le grand Théo, avec son insouciance habituelle, oublia son héros, et l’abandonna au seuil de son manoir délabré. Pourtant ce merveilleux chapitre était connu de quelques personnes, qui poussèrent Gautier à continuer son roman. En mars 1861, un traité fut enfin signé entre l’éditeur Charpentier, qui publiait alors la Revue nationale, et les directeurs de la défunte Revue de Paris. Ceux-ci lui cédèrent le début de l’ouvrage pour l’insérer dans son recueil, tandis que l’auteur s’engageait de son côté à continuer son œuvre. Chose curieuse, celle-ci fut dès lors écrite page à page, dont chacune lui était payée à part, et lorsqu’il reprenait son travail, parfois après une longue interruption, il n’hésitait pas un instant en commençant le feuillet nouveau, quoique le précédent, resté souvent au milieu d’un mot, ne fût jamais sous ses yeux. Le sujet de ce roman est bien celui que Théophile Gautier devait concevoir après Mademoiselle de Maupin, dont la première édition fut mise en vente en novembre 1835, avec le sous-titre de : Double amour, aujourd’hui disparu. Fracasse est par quelques côtés la contre-partie de sa première héroïne, et les deux œuvres se complètent l’une par l’autre.

Cependant le plan de l’ouvrage ne fut jamais absolument arrêté dans l’esprit du maître, car il hésita jusqu’au dernier moment au sujet de la destinée finale des principaux personnages de son œuvre. M. Arnold Mortier (un monsieur de l’orchestre) a recueilli dans le Figaro du 3 juillet 1878 (à propos de la représentation de l’opéra-comique : le Capitaine Fracasse), ces intéressants détails :

« On me raconte le fait suivant, connu seulement de ceux qui ont vécu dans l’intimité du grand poète.

» Vous savez, — tout le monde sait, - quel est le dénouement du Capitaine Fracasse ?

» Sigognac s’est battu avec Vallombreuse, frère d’Isabelle, et il l’a grièvement blessé ; mais Vallombreuse guérit de sa blessure. Sigognac épouse Isabelle et rentre triomphalement dans son château restauré, qui a été le Château de la Misère et qui est devenu le Château du Bonheur.

» Tel est le dénouement heureux qui termine le roman à la satisfaction de tous.

» Eh bien, cette fin satisfaisante n’est point celle qu’avait conçue Théophile Gautier.

» Dans la pensée première de l’illustre écrivain, Vallombreuse ne guérissait pas, Sigognac ne pouvait épouser la sœur de celui qu’il avait tué, et le triste capitaine Fracasse rentrait seul dans le Château de la Misère, où il retrouvait plus mornes, plus maigres, le vieux chien Miraut, le vieux chat Belzébuth, le vieux maître d’armes Pierre !

» Sûr de son admirable palette, le poète peintre reprenait la description déjà si désolée du Château de la Misère.

» Il mettait plus de toiles d’araignée dans les angles, plus de poussière sur les meubles rompus, plus de tristesse dans les yeux des ancêtres peints.

» Les jours se passaient horriblement moroses. Le chien mourait, le chat mourait ; un matin, le vieux serviteur ne se relevait plus de son grabat dans la salle basse, et Sigognac, pauvre, délaissé, oublié par Isabelle elle-même, se mourait d’inanition dans le Château de la Misère devenu le Château de la Famine.

» Pourquoi Gautier a-t-il changé son dénouement primitif ? A-t-il été vaincu par le préjugé des dénouements heureux ? A-t-il cédé à quelques conseils ? Je l’ignore.

» Quant à dire s’il a eu raison ou tort, si la version publiée est préférable à la version rêvée, cela me paraît bien inutile. L’œuvre est lancée, l’ouvrier est mort. »

Ces renseignements sont parfaitement exacts et nous en tenons la confirmation d’un des plus intimes amis du grand poète. Du reste, madame Judith Gautier, sa fille aînée, a reproduit aussi la plupart de ces détails dans son intéressante Notice, intitulée : le Manuscrit du Capitaine Fracasse, notice écrite pour l’édition si artistique de ce roman, formant trois volumes illustrés, qui fut publiée en 1884 par l’éditeur Jouaust.

En songeant qu’un ouvrage de cette valeur doit son existence plus au hasard des circonstances qu’à la volonté de son auteur, combien ne faut-il pas regretter ses autres œuvres perdues à jamais !…

V

Sur le même catalogue de Renduel, paru en 1836, où le titre du Capitaine Fracasse se trouve imprimé pour la seconde fois, à notre connaissance, nous voyons annoncé aussi un autre ouvrage qui, moins heureux, ne parut jamais « les Confessions de deux Gentilshommes périgourdins (en collaboration avec Gérard Labrunie). Deux volumes in-octavo. » On sait que Gérard Labrunie était le véritable nom de Gérard de Nerval.

L’Ariel, journal du monde élégant, publia en mars et avril 1836 sept articles sur le Salon de 1836, par notre écrivain ; ce recueil eu annonçait un dernier, au moment où la mort subite de cette rarissime petite feuille décida l’auteur à ne point l’écrire. Ajoutons ici que ses Salons de 1867 et de 1872 sont aussi restés inachevés.

La Chronique de Paris, du 16 juin de la même année 1836, promit une nouvelle du poète intitulée : les Amours d’une Morte. Elle y parut sous le titre qu’elle a toujours porté depuis : la Morte amoureuse.

En 1837, Arsène Houssaye dirigeait un petit journal hebdomadaire intitulé : Don Quichotte. Il avait publié chez Souverain, l’année précédente, son roman : la Couronne de Bluets, qu’une Eau-forte et une Moralité de Théophile Gautier ont fait si ardemment rechercher depuis quelques années. Ce dernier donna quelques vers au journal de son ami, et il venait de lui promettre une nouvelle intitulée : Madeleine, lorsque le Don Quichotte mourut. Cette Madeleine devint la Toison d’Or, et parut dans la Presse en 1839.

VI

La même année 1837 vit naître le premier plan de ballet du maître, qui n’est pas Giselle, comme on l’a cru jusqu’ici, mais bien une Cléopâtre, destinée à Fanny Elssler. Il en rédigea le scénario, et choisit dès lors son ami Xavier Boisselot, le futur auteur de Ne touchez pas à la Reine, pour en écrire la partition.

Celui-ci semblait tout désigné pour cette tâche, car il avait composé récemment la musique d’une Jota Aragonesa, dansée à l’Opéra par mademoiselle Nathalie Fitz-James. Cette Jota Aragonesa était une imitation des pas de caractère que Fanny Elssler venait d’y introduire avec l’immense succès dont le souvenir n’est pas encore entièrement effacé aujourd’hui.

Les lenteurs, habituelles pour tout début sur cette scène, se reproduisirent sans doute, car à la fin de mai 1838 notre auteur écrivait à sa mère ces lignes inédites :

 « Ma chère maman,

» Je suis très pauvre, mais très gras. La misère me rend énorme.

» Je t’écris afin que tu saches que mon ballet a reparu sur l’eau. Ayant échiné ces messieurs de l’Opéra, ils ont senti le besoin de m’être agréable. On m’a donné Scribe pour collaborateur et l’on jouera mon affaire pour la rentrée d’Elssler qui va partir en congé. Voilllà ! Le tour est fait !

» Je te remercie beaucoup du gigot, qui vient on ne peut mieux. Ne t’inquiète pas, tout ira bien. Avec trois sous de papier, un liard de plume, un liard d’encre, on fait des billets de mille. Et zut, bran pour les Prussiens ! J’ai pas la croix d’honneur, je la mérite !

» Je t’embrasse, ainsi que les autres.

» THÉOPHILE GAUTIER. »

En attendant le départ de Fanny Elssler, dont le congé commençait le 1er juin, le bon Théo, alors plein de jeunesse et de. gaieté, avait en effet échiné l’Opéra dans la Presse du 21 mai. Voici de quelle façon gouailleuse s’achève son article :

« Nous terminerons en faisant observer à M. Simon, premier diable vert (et décoré), que, dans l’acte de la Tentation joué dernièrement, il avait des ailes en plumes vertes éraillées, rongées par les mites, et qui auraient déshonoré le plus chétif balai les diables secondaires, empaquetés dans des maillots trop larges et tout géographiés de taches d’huile, avaient l’air de portiers perclus de rhumatismes, enveloppés dans des gilets de flanelle, costume déplacé, car ce n’est pas en Enfer que l’on attrape des fraîcheurs. »

Comme les flots, les projets sont changeants, surtout au théâtre. Aussi, malgré l’empressement officiel de l’Opéra à satisfaire le critique mécontent, le bon vouloir apparent de la direction demeura sans effet, car Fanny Elssler, son congé terminé, fit d’abord une reprise de la Sylphide et de la Fille du Danube, créations de la grande Taglioni, que personne après elle n’avait encore osé aborder. Il y eut tumulte et même coups de sifflets, les fanatiques de la danseuse absente ayant formé une sorte de clan pour interdire à toute autre les rôles de leur idole. La ballerine viennoise commença ensuite les études de la Gypsy, dont la première représentation fut seulement donnée en janvier 1839. Les mois succédèrent aux mois, et le départ de Fanny Elssler, qui quitta définitivement Paris et l’Opéra en mars 1840, parut ôter désormais à Cléopâtre toute chance de représentation. De plus, il faut le dire, dès le mois de novembre 1838, Théophile Gautier, lassé sans doute de tous ces retards, s’était décidé à tirer parti de son sujet dans la Presse sous forme de nouvelle, avec ce titre : une Nuit de Cléopâtre.

Enfin, 1841 vit apparaitre la Giselle du poète, expressément composée pour Carlotta Grisi, après ses triomphants débuts sur la scène de la rue Lepelletier dans un pas de deux ajouté à la Favorite, et dansé avec Perrot. Mais la Giselle primitive n’était pas tout à fait celle du ballet représenté. Le second acte ne s’y passait point dans l’empire des Willis. Giselle, au contraire, reparaissait sur la terre, au milieu des siens, invisible pour tous, excepté pour Albert, et le contraste de la lutte amoureuse entre elle et Bathilde, entre la morte et la vivante, eût été saisissant, s’il faut en croire feu M. Paul Dalloz, de qui nous tenons ces intéressants détails. Mais le théâtre refusa d’accepter ce mélange de réel et de fantastique, dont le roman de Spirite offrit plus tard un si curieux exemple. Il fallut donc se contenter du royaume des ombres, et faire danser seulement dans la vapeur indécise du soir les dangereuses sirènes du lac enchanté. Carlotta Grisi fut incomparable dans ce rôle de Giselle. La délicieuse artiste créa ensuite pour notre auteur, avec l’éclatant succès que l’on sait, celui de Leila, dans la Péri. Pendant ce temps, sa Cléopâtre, — personnage pas assez immatériel pour être incarné par l’exquise et idéale interprète de ses deux autres ballets, — sa Cléopâtre dormait toujours dans les cartons du théâtre.

Vers l847 pourtant, Théophile Gautier pensa de nouveau à sa reine d’Égypte, si longtemps délaissée. Madame Émile de Girardin préparait alors pour mademoiselle Rachel une pièce en vers sous le même titre, qui allait donner à Cléopâtre un regain d’actualité. Plus d’une tirade de cet ouvrage passe même pour être due à la plumé de notre poète. Certains reproches, entre autres, adressés au soleil d’Afrique, dont les rayons incandescents avaient récemment laissé sur son visage hâlé les traces de leurs flèches de feu (août 1845), lui furent unanimement attribués quand mademoiselle Rachel les laissa tomber pour la première fois de ses lèvres inspirées. Gautier adressa donc cette lettre, inédite aussi, à M. Duponchel, pour la seconde fois directeur de l’Académie royale de musique :

  « Mon cher maître,

» Ayez la bonté de remettre mon ami Boisselot le manuscrit du ballet de Cléopâtre, dont il veut prendre connaissance à tout hasard. Vous m’obligeriez beaucoup de vous donner ce petit tracas de le chercher parmi vos paperasses. Je vous demande pardon de cet ennui, mais je n’en possède qu’un brouillon tout raturé et parfaitement illisible.

» Acceptez mes remerciements d’avance.

» Tout à vous.

 » THÉOPHILE GAUTIER. »
Malgré cette nouvelle tentative, Cléopâtre ne devait jamais voir le feu de la rampe, et le livret inédit de ce ballet, — qui n’existe pas aux archives de l’Opéra, — est probablement à tout jamais perdu. Xavier Boisselot se souvenait parfaitement de l’avoir conservé longtemps dans ses papiers. Mais il n’a pu l’y retrouver. Rappelons, à ce sujet, que l’opéra de Victor Massé, joué depuis avec succès à l’Opéra-Comique, a été tiré par M. Jules Barbier de la nouvelle du maître.

VI

Nous lisons, en 1839, au faux-titre de son livre : Une Larme du Diable, édité par Desessart, l’annonce, parmi ses œuvres sous presse, de l’ouvrage suivant : « Promenades de deux Voyageurs enthousiastes, première livraison, un volume. » Nous soupçonnons que la part de Théophile Gautier dans ce livre devait se limiter seulement à son Tour en Belgique, paru en 4836 dans la Chronique de Paris, et qui ne fit partie qu’en 1845 de ses Zigzags. Le complément de ces Promenades eût été sans doute fourni par Gérard de Nerval, l’autre « voyageur enthousiaste », qui s’est souvent servi de ce qualificatif aux titres de ses récits de voyages.

En 1839 toujours, une publication satirique, fondée en 1838 : la Caricature provisoire, prit une certaine extension. L’auteur de la Comédie de la Mort y collabora assez activement. Il y publia : le Garde national réfractaire, le 26 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Portrait de Madame Jabulot t, et promit en outre toute une série de travaux qu’il n’écrivit jamais. re Il août, ce journal annonce de lui le Rapin ; puis, quelques jours après, sous le titre général de les Bourgeois et les Artistes, il promet I. le Rapin ; II. Mademoiselle Zinzo- line III. la Famille du Modèle enfin, à pro- pos de cette série, il publie, dans un prospectus paru en décembre 1839, les lignes suivantes « Dans ces articles, M. Gautier mettra aux prises deux races si bien faites pour s’estimer et ne jamais se comprendre. Ni l’esprit ni la verve pittoresque ne manqueront à la peinture de ces mœurs excentriques, décrites par un écri- vain dont la plume est si souvent un pinceau. Il D’autres articles encore furent promis à ce journal sous les titres suivants Mes Cachots (pour faire suite azlx Prisons de.Silvio Pellico) les Cachots du quai d’Austerlitz Mon Spielberg. Ces trois derniers ne durent jamais être qu’un unique et même article dont l’en-tête seul varia. Aucun d’eux ne fut, du reste, écrit ; les derniers .1. La Tribune dramatique des 4 juin 1842 et juillet 1843 an- nonce encore 1— la Famille Jabcndot 2° les Jabulot, qui nepu- jurent jamais. N’était-ce qu’une réimpression de ce morceau ? PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 27 furent annoncés dans la Caricature jusqu’en avril 1840. Alais l’auteur partit pour l’Espagne le 5 mai, et son départ coupa court à sa colla- boration. Les premiers chapitres de son Voyage en Espagne, qui fut terminé, celui-là, parurent dans la Presse sous le titre de Sur les che- mins, lettres d’un feuilletoniste. Il y promet, dans la huitième, un travail sur le Vlusée de Madrid qu’il n’écrivit pas. Cette promesse est suppri-- mée dans le volume, mais en voici le texte même tel qu’il se trouve dans la Presse « Nous ne parlerons pas ici du l1fusée, nous en ferons l’objet d’un travail particulier. Les bornes d’une lettre ne nous permettent pas de nous y arrêter, etc. Ajoutons aussi que deux feuillets de sa troi- sième lettre à la Presse ont été égarés en route, ainsi que le constate cette note parue dans le journal du 7 avril 1840 « Deux feuillets de cette troisième lettre, sur lesquels étaient écrites deux pièces de vers, ont été égarés ; c’est le motif qui en a retardé .28 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. si longtemps la publication. Nous nous sommes empressés d’en informer notre voyageur pour qu il nous renvoyât un double de ses vers ; mais, les ayant plutôt improvisés que composés, il nous répond œ qu’il n’en a pas gardé copie ». Un livre dont le texte ne fut point perdu du moins pour les lecteurs, c’est les Poésies espa- gnole.s, un volume in-octavo, que nous trouvons inscrit, en 1842, sur la couverture des Capri- ces, par M. L.-G. des Rogues, ouvrage publié par Desessart, et, en 1843, sur celle des livraisons des Actrices de Paris, publiées chez Delavigne. Il forma, en 1845, sous le titre d’Es- pana, la partie inédite des Poésies complètes de Théophile Gautier réunies pour la première fois. En revanche, le portrait de Madame Da- moreau Cinti, promis par lui aux Actrices de Paris, ne fut jamais imprimé dans cette col- lection. Ce n’était peut-être du reste qu’une réimpression de son article du Figaro de 1837, article recueilli aujourd’hui dans ses Portraits contemporains. La Tauraumachie, parue dans le Musée des familles en août 1843, fut d’abord annoncée PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 29 2_ dans ce recueil sous le titre de le Tauréador. Le sujet du ballet la Péri, représenté l’Opéra le 17 juillet 1843, fut à l’origine traité en poème dont les premiers vers, les seuls écrits, ont même été recueillis par l’auteur dans Je compte rendu de sa pièce, publié dans la Presse du 25 juillet 1843 sous forme de lettre à Gé- rard de Nerval, alors en Orient. 11 en fit en- suite une nouvelle, qui parut dans le Musée des familles d’août 1842 sous le titre de la Mille et Deuxième Nuit, puis, enfin, un plan de ballet qu’il soumit au danseur Perrot dans une lettre, lettre insérée en 1877 dans la deuxième édition de son Théâtre. Cette fois la Péri était née, et elle faisait, peu de temps après, ainsi que nous l’avons déjà dit, sa première apparition sur la scène de l’Opéra, sous les traits charmants de Carlotta Grisi. On lit aussi, dans le Messager du 20 dé- cembre 1843, l’annonce d’une nouvelle promise à ce journal où elle ne fut jamais publiée ; elle porte le titre de l’Obsession, et nous igno- rons absolument de quel récit il pouvait être question. 30 LES LUNDIS D’UN cnERC.HEU il YIII La plupart des promesses faites par l’écri- vain en 1844 ne furent— pas exécutées. Un seul des ouvrages projetés fut publié plus tard ; ce sont les Roués innocents, que nous trou- vons au nombre des œuvres annoncées par la Presse à ses lecteurs dans son numéro du 21 juin 1844, sous le titre de Sénange et Lucinde, ou les Roués innocents. En revanche, VAvcbe de Noé, deux volumes in-octavo annoncés chez Desessart aux faux-titres des Grotesques, ne vit point le jour. Ce n’était là sans doute qu’une série de nouvelles et de mélanges, qui sont entrés en 1852 dans la Peau de tigre, dont, soit dit en passant, une édition in-douze, qui n’a jamais paru, fut annoncée longtemps sur les catalogues de la Librairie nouvelle. La seule édition in-douze de cet ouvrage fut pu- bliée plus tard, en 1865, chez Michel Lévy. Du reste, nous trouvons pour la première fois ce titre de la Pèau de tigre inscrit en 1845 au PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GACTIER. 31 revers de la couverture de Valence de Simian, par Henri de Lacretelle, volume également publié chez l’éditeur Desessart. La première livraison du Diable à Paris fut mise en vente au commencement d’avril 184i. Le Prospectus, que nous avons sous les yeux, annonce trois articles de Théophile Gautier Aurea mediocritas, les Jours et les fruits d’un peintre et Paris futur. Seul, le second de ces morceaux fait partie de l’ouvrage, sous le titre de Feuillets d’album d’un jeune mpin. Le premier ne fut jamais écrit, et Paris /’utur ne fut publié qu’en décembre 1851 dans le Pays. Dans les Feuillets d’album d’un jeune rapin, l’auteur parle d’un traité Ars natandi, qu’on lui a souvent attribué comme étant un de ses propres livres. Nous trouvons même la phrase sui- vante à ce sujet dans le tome quatre de la Litté- rature française contemporaine, suite de la France littéraire, de Quérard M. Gautier est auteur d’un traité De arte natanti, qu’il a composé étant encore au collège et qui n’a point été publié. » Et aussi cette autre note dans la biographie 32 LES LUNDIS D’UN CHERCIIEUR. du poète par Nadar, biographie publiée dans le Journal amusant du 6 novembre 1858 « Citons seulement dans les moins connus [de ses ouvrages], un poème latin : De arle na- tandi, et un Traité du combat sans Inutile d’ajouter qu’aucun des deux n’a ja- mais vu le jour et n’a sans doute jamais été écrit. IX Mis en rapport avec M. Hetzel par le Diable Paris, l’écrivain lui promit encore, en 4844, pour sa collection naissante, le Nouveau Maga- sin des en fants, un volume qui devait être in- titulé Histoire d’un moutard. Nous en trouvons la première indication sur la couverture de la première livraison de Trésor des fèves et Fleur des pois, par Charles Nodier, volume faisant partie de la même collection, dont ce fascicule parut en septembre 1844. Nous la retrouvons encore sur une page de catalogue du même éditeur qui termine le volume d’Eugène Briffault, Paris à table, publié en 1844, daté de 1845, quoique la première livraison et le titre, qui porte le millésime de 1844, aient paru en effet cette année-là. Sur ces deux imprimés le nom de l’auteur est orthographié Théophile Gauthier », ce qui lui causait une vive contrariété. Il eut plus d’une fois l’occasion de l’éprouver, car cette faute s’étale même au dos de la couverture de l’édition si artistique des Émaux et Camées, publiée par M. Poulet-Malassis en décembre 1858. Une autre falsification de ses deux noms, qui ne lui était pas plus agréable, consistait dans l’interversion des deux dernières syllabes Théotier Gauphile. Jules Lecomte passe pour en avoir été l’inventeur.

Pour en revenir à l’Histoire d’un moutard, il est permis peut-être d’en soupçonner le sujet ou du moins l’esprit, en lisant les lignes suivantes que l’auteur — alors que son livre était toujours annoncé sur les catalogues d’Hetzel, — écrivit en 1845, à propos des Enfants terribles par Gavarni 34 LES LUNDIS D’UN CHERCIIEUR.- Les poètes et les peintres, ces menteurs involontaires, ont prodigieusement flatté les enfants ; ils les ont représentés comme de petits chérubins qui ont laissé leurs ailes dans les cieux, comme des âmes de lait et de crème que le contact du monde n’a pas encore fait tourner à l’aigre. Victor Hugo, entre autres, a fait sur eux une foule de vers adorables, où les métaphores gracieuses sont épuisées ce sont des fleurs à peine épanouies où ne bourdonne nulle abeille au dard venimeux, des yeux in- génus où le bleu d’en haut se réfléchit sans nuage ; des lèvres de cerise que l’on voudrait manger et qui ne connaissent pas le mensonge ; des cheveux palpitants, soie lumineuse et blonde que soulève le souffle de l’ange gardien ou la respiration contenue de la mère— penchée avec amour, tout ce qu’on peut imaginer de coquet- tement tendre et de paternellement anacréon- tique Quelle peau de camélia, de papier de riz, quel teint de cœur de clochette s’ouvrant dans la rosée, les peintres et surtout Lawrence ont donné à l’enfince Quel regard intelligent déjà dans sa moite profondeur, dans son étonPROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 33 nement lustré ! Quel frais sourire errant, comme le reflet d’une source sur une fleur, sur cette bouche qu’on croirait faite de pulpe de fram- boise Quel charmant embonpoint troué de fossettes ! Quelles épaules grassouillettes, fris- sonnantes de luisants satinés ! Quels pieds mi- gnons à désespérer Tom-Pouce, non celui qui se montre et qui vit sur nos théàtres pour de l’argent, mais l’aérien, l’imperceptible. l’impal- pable Tom-Pouce, dont Slahl nous a raconté la merveilleuse histoire » Oh ! peintres et poètes, ce que vous en faites est pour flatter les mères mais vous n’en êtes pas moins des imposteurs fieffés ; vous peignez les enfants tels qu’ils devraient être et non pas comme ils sont. Vos enfants sont des enfants de keepsake, bons pour regarder la mer du haut d’une roche, comme le jeune Lambton, ou pour figurer sur le devant d’une calèche entre une gouvernante anglaise et un king’s charles. Vous avez créé une enfanee de convention qui n’a, aucun rapport avec le moutard pur sang. Par vos récits et vos peintures, vous induisez frauduleusement les gens en paternité, ce qui est un délit que le 36 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. code a oublié de punir. Mais à quoi pense le codel » Par malheur, l’en fan t réel ne e ressemble guère à tous ces portraits de fantaisie c’est un simple bimane à grosse tête, à bedaine proéminente, à membres grêles, à genoux cagneux, qui lèche les confitures de sa tarline, fourre ses doigts dans son nez, et bien souvent, vu la ri- gueur de la saison, fait de sa langue ou de son coude un mouchoir, comme le gamin moyen- âge don il est question dans Notre-Dame de Paris. s Un homme d’esprit, nous ne disons pas son nom de peur de lui nuire, à qui une femme demandait s’il aimait les enfants, répondit a Oh oui madame, beaucoup, — à huit heures du soir, parce qu’on les couche, ou quand ils sont très méchants, parce qu’on les emporte » Quel trouble, quel désordre jettent dans un intérieur ces démons baptisés ! Avec eux, plus de rêverie, plus de travail, plus de con- versation possible. Ils choisissent le moment où vous cherchez une rime à oncle pour exé- 1. Cest à Sainte-Beuve que ce propos était attribué à cette époque. 11 s’en est défendu depuis dans une lettre adressée en 1868àM.LouisRatisbonne. (Voir sa Nouvelle Correspondance.). PROJETS LITTÉRAIRES DE TII. GAUTIER. 37 3 cuter la plus stridente fanfare de trompette en fer-blanc ; ils battent du tambour, juste quand vous alliez trouver la solution de votre pro- blème ils égratignent vos meubles et prennent, à écouter le bruit que font en tombant les porcelaines de la Chine et du Japon, le même plaisir que les singes, dont ils sont une famille non encore classée. Si vous avez un beau por- trait de femme auquel vous teniez beaucoup, ils n’ont rien de plus pressé que d’y dessiner des moustaches avec du cirage ; pour faire une galiote en papier, ils sauront bien trouver au fond de votre tiroir le titre d’où le gain de votre procès dépend ; et, malgré votre surveil-. lance, ils finissent par accrocher une casserole à la queue de votre chat ou de votre épagneul favori. » Mais ce ne sont là que de faibles incon- vénients. Les enfants sont nos espions, nos ennemis, nos dénonciateurs ; ils nous observent d’un œil inquiet, furtif et jaloux ; ils ne cherchent qu’à nous prendre en faute ; ils nous haïssent de toute la haine du domestique pour le maître, du petit pour le grand, de l’animal pour le cornac ; ils nous rendent en trahisons, en ava38 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. nies de toutes sortes, les leçons de grammaire et de civilité puérile et honnête que nous leur faisons subir. Gavarni, ce profond philosophe, a le premier constaté ce penchant dans sa série de dessins, les Enpcnts terribles, le plus éloquent plaidoyer qu’on ait jamais fait en faveur du célibat. En feuilletant ces tableaux d’uue vérité si grande, on se sent des envies de laisser finir le monde ! Car ils n’épargnent rien, ces monstres, avec leur candeur sournoise et leur naïveté machiavélique ils trahissent la mère et l’amant, le père et la maîtresse, le domestique et l’ami ; leur cruauté tenace s’en prend à tout. Les se-’ crets du boudoir, du cabinet de toilette et de la cuisine, rien n’est sacré pour eux. Ils dé- couvrent à l’amoureux désenchanté les men- songes cotonneux du corsage de madame ; ils apportent en plein salon le casque à mèche de monsieur. Chaque visiteur apprend par leur entremise le mot désobligeant qui a été dit sur lui. A celui-ci, l’enfant terrible demande pour- quoi il a des yeux comme des lanternes de ca- briolet ; à celui-là, pourquoi on n’a pas tiré de feu d’artifice à sa naissance. Que de catas- trophes, que de duels, que de séparations ont PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. —GAUTIER. 39 amenés ces bandits en jaquette et en pantalon à la matelotte, par leurs révélations inattendues, par leurs caquets scélérats Et le mal qu’ils font, ils en ont la conscience, quoi qu’on en dise ; leur air bête n’est qu’un masque. Les enfants sont féroces par caractère ; ils se plai- sent à faire le mal, à plumer des oiseaux vifs, à causer des scènes et des querelles car ja- mais ils ne rapportent une chose indifférente ; c’est toujours la phrase dangereuse qu’ils vont redire, tout en se balançant sur les genoux de la victime 1 j> Ouf ! quelle tirade, quel dithyrambe Mais ne nous laissons pas aller par réaction à un paradoxe inverse. Certes, les enfants ne sont pas des anges, mais ce ne sont pas non plus des diables. Il n’y a qu’à les débarbouiller sou- vent et à les fouetter quelquefois pour en faire de petits êtres fort gentils, fort mignons et fort poupins, très dignes d’être trouvés charmants par d’autres même que par leurs mères. » 40 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. X Le Siècle du 9 septembre 1844 insère, à ses annonces, la promesse d’une biographie de Chateaubriand par Théophile Gaulier, destinée au Sièclc de Napoléon. Cette publication, entre- prise d’abord par l’éditeur Curmer, ne fut pas achevée. Pourtant, la partie publiée contient une notice sur Ch2teaubriand ; mais, elle est de M. André Delrieu. Celle de Théophile Gautier ne parut jamais. Ce même ouvrage contient une intéressante étude de Léon Gozlan sur Madame de Staël. Nous touchons ici à l’un des projets les plus curieux de Théophile Gautier, une traduction en vers de.l’Orestie. Demandée vers 1844 par M. Buloz, alors directeur de la Ilevue des Deux Mondes, et Commissaire royal auprès du Théâtre- Français, cette pièce projetée valut à son auteur une prime de cinq mille francs, payée d’avance. Il la regretta bien souvent depuis, car cette prime fut en réalité la véritable et PROJETS LITTÉRAIRES DE TII. GAUTIER. M première origine de tous les dissentiments nés entre la Revue des Deux Mondes et le poète. L’Orestie fut à peine commencée par lui, et le monologue du début de la pièce, recueilli dans ses Poésies complètes, édition de 1876, est la seule trace qui reste aujourd’hui de ce projet. Le 22 avril 1845, l’auteur de Mademoiselle de Illaupin conclut un traité avec l’éditeur Dela- vigne, au sujet d’un roman qui l’occupa toute sa vie, et voici ce que nous y relevons « M. Théophile Gautier vend et cède le droit à M. Delavigne de réimprimer et d’exploiter pendant deux ans, à partir de la mise en vente, le livre qu’il doit publier dans le jour- nal la Presse, ayant pour titre le Vieux de la Montagne, devant former deux volumes in- octavo. Le Vieux de la Montagne devra être livré audit sieur Delavigne dans un an, à partir de la signature du présent. L’année s’écoula et le roman ne fut ni livré ni publié dans ia Presse, ni surtout écrit. Puis une pièce de M.— Latour de Saint-Ybars, com42 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. posée pour mademoiselle Rachel et portant le même titre, fut jouée en 4847. Le sujet se trouva ainsi défloré, si bien que le 15 décembre 1850, dans un nouveau traité passé avec le même éditeur, nous trouvons cette clause a M. Gau- tier reconnaît, de plus, devoir à M. Delavigne la somme de cinq cents francs pour la non-li- vraison du Vieux de la Montagne, qu’il s’engage lui payer de la manière suivante, etc. » Pen- dant bien des années, l’œuvre sembla donc aban- donnée. Un jour cependant, l’écrivain se sen- tit attiré de nouveau par ce projet presque oublié, et promit formellement le Vieux de la Montagne au Moniteur universel du Soir. Une lettre inédite de l’auteur à M. Paul Dalloz, l’ai- mable et regretté directeur du Moniteur Univer- sel et du Moniteur universel du Soir, lettre écrite de Genève et datée du 8 novembre 1866, fixe même le moment précis de ce réveil. La voici : « Mon cher Paul, » Je te remercie de ta bonne et charmante lettre qui, loin de me troubler dans ma retraite, a été pour moi un agréable souvenir de Paris et des amis que j’y ai laissés. PROJETS LITTÉRAIRES DE TII. GAUTIER. 43 » Si cela peut te servir à quelque chose, annonce le Vieux de la Montagne d’un clairon sonore, mais non avec le cornet à bouquin du Petit Journal. Du reste, tu es homme du monde et homme de goût, et je m’en remets à toi pour la juste mesure. » Je serai à Paris la semaine qui vient et nous causerons de tout cela. Crois que je ferai tout mon possible pour procurer un succès au Petit Moniteur, et montrer qu’on peut être amu- sant sans cesser d’écrire en français. A Tout à toi de cœur et de plume. THÉOPHILE GAUTIER. » « Remercie ce brave Aubryet de la peine qu’il prend de faire un article sur mon Voyage en Russie. » En conséquence, M. Paul Dalloz fit insérer cette annonce dans le ltoniteur unizersei du Soir du 10 novembre 1866 « Nous avons une bonne nouvelle à annoncer à nos lecteurs. » M. Théophile Gautier a bien voulu nous 44 LES LUNDIS D*UN CHERCHEUR. promettre un grand roman d’aventures pour le Moniteur du Soir. p Cette œuvre du célèbre écrivain sera pu- bliée dans le courant de 1867, et aura pour titre le Vieux de la Montagne. 1) Nous devons, en outre, à M. Paul Dalloz quelques renseignements sur le sujet de cet ouvrage, tel que Théophile Gautier rêvait de le traiter. Il faisait du Roi des Assassins une sorte de Juif-Errant doublé de Méphistophélès, exploitant l’humanité tout entière par la satis- faction de ses vices et arrivant par ce moyen au pouvoir absolu. Il léguait après lui cette puissance à ses fils qui, répandus eux-mêmes sur tout l’univers, corrompaient à leur tour les races qui les accueillaient. Le poète eût fait passer ainsi sous les yeux du lecteur, en épisodes distincts, depuis le onzième siècle jusqu’à nos jours, les manifestations de cette puissance encadrées dans une action spéciale pour chaque époque. Un tel plan explique comment ce livre de- vait, ainsi que le raconte M. Bergerat, — devenir le roman type, et comment il eût pu former PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 45 3. d’innombrables volumes auxquels tous les noir- cisseurs de blanc de bonne volonté eussent pu apporter leur tribut. Mais il était dit que cette ceuvre ne verrait pas le jour, quoique Théophile Gautier n’ait cessé, on le voit, d’y songer jusqu’à la fin de sa vie. Elle avait dû certainement naître en son esprit à la suite de conversations sur l’Orient avec Gérard de Nerval, qui était précisément revenu du Liban vers l’époque où nous trouvons la première trace du Vieux de la Montagne1. Par contre, il n’existe, croyons-nous, aucune indication imprimée d’un roman sur Caglioslro, dans lequel devaient paraître aussi Mesmer et Saint-Martin. Un souvenir de ce sujet se re- trouve dans le ballet de Gemma. Peut-être devait-il encore être utilisé dans Magnétisme, dont nous parlerons pins loin. 1. Au mcment où nous corrigeons la première épreuve de cette page, ma lame Judith Gautier commence dans le Temps (27 décembre 1892), la publication d’un roman portant le même titre. 46 LES LUNDIS D’UN CF.ERCHEUR. XI En juilletd84§, e poète partit pour l’Afrique, où il passa deux mois. Il devait résulter de cette absence une œuvre des plus importantes ; mais, elle aussi, était destinée à rester inachevée, et voici comment Gérard de Nerval en parlait dans son Courrier de Paris, publié dans le nu- méro de la Presse du 7 juillet « Grâce à la facilité actuelle des rela- tions d’un peuple à l’autre, il n’y a plus de raison pour négliger l’observation vraie, l’ana- lyse exacte. Les poètes n’ont plus besoin de rêver les choses lointaines la vapeur a établi une transition toute-puissante entre la réalité immobile et l’idéal souvent trompeur. M. Théophile Gautier est de cet avis ; il ne veut plus parler de l’Orient sans le con- naître —par lui-même. Il a quitté Paris cette semaine et vogue en ce moment vers l’Algérie. Il va étudier et saisir dans ses derniers aspects PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 47 d’originalité locale cette seconde France con- quise sur la barbarie et sur le désert. De ce voyage doit résulter un livre pour l’heureux et intelligent éditeur du Diable ci Paris. La Presse aura seule le droit d’y puiser d’avance de curieux chapitres, d’ingénieuses et riches descriptions. Pour nous, qui tiendrons pendant quelques semaines la place de notre ami et collaborateur, nous nous voyons obligé de sus- pendre momentanément le Courrier de Paris, ou du moins la partie de ce feuilleton qui nous a été confiée. a Il s’agit du et Voyage pittoresque en Algérie : Alger, Oran, Constantine, la Kabylie. Un vo- lume grand in-octavo, illustré d’après nature par MM. Benjamin Roubaud, Théophile Gautier, Français, Baccuet, etc., publié en trente li- vraisons à cinquante centimes. A Paris, chez J. Hetzel, rue Richelieu, 76. » Nous le trouvons annoncé ainsi dans l’Almanach clu jour de l’an, mis en vente chez le même éditeur le 1er jan- vier 4846, et sur les couvertures des Œuvres choisies de Gavarni (Hetzel, 4846). Cette der- nière promesse l’indique comme devant se com48 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. poser de vingt-quatre livraisons à cinquante centimes, l’ouvrage complet étant coté douze francs. Ce livre fut encore inscrit à la dernière page des Guêpes illustrées, par Alphonse Karr, numéro d’avril 1847, et, la même année, sur la couverture du Budget des Chenzins de fer, par Bertall, sous le titre de Tableau d’Alger, un volume in-octavo, du prix de quinze francs. Malgré toutes ces belles promesses, l’ouvrage ne parut jamais. Mais nous en voyons encore annoncer des fragments à la fin de 1852, sur les catalogues d’Eugène Didier, le pre- mier éditeur des Émaux et Camées, sous le titre de Scènes d’Afrique, puis chez Michel Lévy, en mars 1853, sous celui d’En Grèce et en Afrique. En 1865, enfin, la partie de cet ou- vrage écrite en 1845-184G, jointe à différents fragments nouveaux, fut imprimée dans Loin de Paris, chez ce dernier éditeur. Disons pourtant que le livre primitif avait reçu un commencement d’exécution. La première li- vraison de l’ouvrage fut tirée, et pendant long- temps l’éditeur Hetzel espéra en terminer la publication. Gautier introduisit en 1851-1853 -quelques fragments de ce début dans la Rebue PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 49 de Paris, en y ajoutant même une ou deux pages complémentaires. Mais il avait oublié la fin de sa rédaction de 1846, les dernières lignes écrites autrefois par lui et qui sont res- tées inédites. Nous avons eu la bonne fortune de les retrouver, et nous allons les citer ici, conformes à l’autographe. Elle doivent prendre place à la page 73 de Loin de Paris, après le paragraphe terminé parle mot « commerce » « A propos de bergers, faisons cette re- marque que les Arabes ne se servent pas de chiens pour conduire les troupeaux. Dans les idées mahométanes, le chien est un animal impur, et c’est sans doute ce motif qui em- pêche là-bas de les associer à la garde du bé- tail. L’absence de cet utile auxiliaire n’a pas l’air de gêner le moins du monde les pâtres arabes qui, au moyen de certains cris, de cer- tains sifflements gutturaux et d’un bâton à tête recourbée, comme ceux des bergers d’Ar- cadie, n’en conduisent pas moins très aisément un nombre considérable de bêtes à travers toutes sortes d’obstacles. Ce sont les pasteurs par excellence. 30 LES LUNDIS D’UN CHEACIIEUE. Il La colonne de sauterelles que nous avions rencontrée dans la campagne passait sur la ville en ce moment, poussée par le vent du côté de la mer, où il s’en noyait par millions. Elles tombaient sur nos chapeaux avec un bruit de grêlons ; nos poches s’en remplissaient ; nous voulions prendre un sou, nous tirions une sauterelle par la cuisse ; elles nous en- traient dans le dos par l’hiatus de nos cra^ vates elles se cognaient à notre fi-ure comme des hannetons contre le carreau de la boîte qui les enferme. On aurait dit qu’on vidait du haut des maisons des milliers de paillasses, à voir voltiger en tourbillons ces fétus jau- nâtres, et rien n’était plus drôle que tous les passants qui se donnaient à eux-mêmes des multitudes de soufflets pour écarter ces essaims importuns. Nous prions nos lecteurs de croire que nous n’exagérons rien. Cela serait im- possible. Qu’il nous suffise de dire qu’une prime de quelques centimes par hectolitre de sauterelles détruites, étant accordée par le gouvernement, trente-trois mille francs avaient été payés déjà, sans diminuer en rien l’in- tensité du fléau. PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. Si Les invasions de sauterelles obéissent à des lois inconnues. Aujourd’hui le ciel en est obscurci, la terre en est jonchée, et demain tout a disparu. Un souffle les apporte, un souffle les emporte. Mais en voilà assez sur ce sujet. En longeant les arcades, nous vîmes un jeune gamin français, une espèce d’apprenti quelconque de quatorze ou quinze ans, qui marchait derrière un Mozabite de grande taille et de proportions herculéennes, s’amusait à lui tirer le capuchon, et lui faisait toutes sortes d’avanies. L’Arabe se retournait de temps en temps et jetait un regard de colère sur le mau- vais drôle qu’il eût écrasé d’une chiquenaude, puis reprenait sa route avec une placidité mé- prisante. Le gamin, enhardi par l’impunité, recommençait de plus belle. Impatienté de ce manège, nous crûmes qu’il était bon d’inter- venir, et nous entrâmes en conversation avec ce petit misérable par un coup de pied au derrière assez bien détaché, le menaçant de réitérer s’il continuait. p Quand l’Arabe vit cela, il se mit à rire, montrant jusqu’aux molaires ses dents aiguës et blanches, clignant les yeux et se frottant 52 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. les mains d’un air de jubilation extrême ; puis il nous fit le salut oriental en répétant : Bono Bono ! » Le mauvais petit drôle s’éloigna, assez confus et grommelant quelques invectives contre nous. Il faut dire que les gamins français sont assez Turcs à l’égard des Arabes et ne leur épargnent guère les avanies. Et même ils sont imités en cela par des gens qui devraient être plus raisonnables et plus humains. On acquiert vite en Algérie une très grande légè- reté de main et de bâton. Ce sont ces petites injures de détail, aussitôt oubliées de ceux qui les font, qui fomentent dans le cœur de ceux qui les ont reçues des haines irréconciliables. La paix entendue ainsi nous fait plus d’enne- mis que la guerre. La plupart de ces bru- talités ont presque toutes le même motif. Le Français, et surtout le Parisien, ne peut jamais s’imaginer qu’on ne comprenne pas sa langue ; il donne avec cet idiome un ordre quelconque à un indigène qui, naturellement, prend un air rêveur et stupide, cherchant dans sa tête ce que le Roumi lui commande, et fait quelque chose au hasard pour lui prouver sa bonne volonté. Le Français élève alors le PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 53 ton et répète sa phrase d’une voix de tonnerre, croyant se faire mieux entendre en criant comme un sourd. L’Arabe, ahuri, s’arrête, et roule de grands yeux blancs pleins d’inlerroga- tion. L’Européen, furieux, fait de son discours une traduction libre avec le pied ou la main. Nous autres Français, nous n’avons pas le don des langues. Il y a force gens établis en Afrique depuis la conquête qui ne savent pas encore un mot d’arabe et qui n’en appren- dront jamais davantage ; ils mènent exactement, là-bas, la vie qu’ils mèneraient à Paris, per- sistant à n’admettre l’idiome des naturels que comme un grognement indistinct qu’ils em- ploient pour contrarier les vainqueurs. Ne se- rait-il pas sage que le gouvernement, puisque l’Algérie est tout à fait française, substituât dans les collèges, à l’étude parfaitement inutile du latin et à celle encore plus fantastique du grec, l’enseignement de l’arabe, qui ouvrirait aux élèves mille carrières dans cet Orient pro- fond et mystérieux que la civilisation doit fatalement envahir d’ici à un temps très court ? Que d’erreurs, que de fautes, que de trahisons on eût évitées avec la connaissance 54 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. de la langue Beaucoup de cruautés, de part et d’autre, n’auraient pas été commises si l’on avait pu s’entendre. 1) Une sorte de malchance s’est attachée aux récits de voyages de l’écrivain, qui, pour la plupart, ne sont pas terminés. Sauf l’Espagne et la Russie, d’où le lecteur revient en France avec l’auteur, ses excursions en Afrique, en Italie, en Grèce, en Suisse et en Egypte sont toutes res- tées inachevées, et les lecteurs des Trésors d’art de la Russie n’ont pas vu non plus le mot fin, écrit au bas de la dernière page de l’œuvre. XII La France musicale du Il octobre 1846 pro- mit un article intitulé Promené, ou la musique imaginaire, qui ne parut jamais et dont nous ne connaissons nulle autre trace. Cette même année, un journal illustré, le Journal du Di- manche, avait promis aussi le Bal, et la Presse du 14 décembre 1846, renchérissant sur ce 1 PROJETS LITTÉRAIRES DE TII. GAUTIER. 55 premier avis, indiqua le Bal comme inséré déjà dans les numéros parus. L’important dossier des erreurs littéraires commises à propos de l’au- teur de Militona s’augmenta donc d’un chapitre de plus, car ce morceau ne fut jamais publié. Nous trouvons, en 1847, l’indication suivante sur la couverture de la deuxième série des Romans, contes et voyages, par Arsène Houssaye, volume paru, en mars, chez Sartorius les Ar- tistes contemporains, par Théophile Gautier, un volume, trois francs cinquante. m Ce livre, qui devait paraître format Charpentier, n’a jamais été livré au public. L’article intitulé Marilhat, inséré dans la Revue des Deux fondes du 1er juillet 1848, après avoir été promis long- temps sous le titre de « Vie et correspondance de Marilhat était peut-être destiné à ce volume. En cette même année 1847, on vit annoncer sur la couverture de l’Artiste du 22 août une étude sur les Sculptures de Ninive, par Théo- phile —Gautier, qui devait paraître sans retard dans ce recueil. Mais cette promesse ne fut pas mieux tenue que toutes celles dont nous avons déjà parlé. Un travail plus intéressant encore eût été 56 LES LUNDIS D’UN CIIERCHEÜR. la Plastique de la civilisation, dont nous trouvons la première mention, ainsi que celle de les A teliers de peintres et de sculpteurs, dans le spécimen du journal de Viclor Hugo, l’Événe- ment, spécimen portant la date des 30-31 juillet 4848. C’est Charles Hugo qui fut chargé d’en- cadrer les promesses du feuilleton dans un commentaire à sensation. Il le fit dans un article intitulé : les Premières Hirondelles Nous ne résistons pas au plaisir d’en citer ici la par- tie relative à ces deux œuvres, car elle donne le plan de.la principale a Les Ateliers des peintres et des sculpteurs se- ront souvent visités pour nous par Théophile Gautier, le statuaire du vers, et par Auguste Préault, le poète du marbre. L’auteur du Roi Candaule nous parlera, dès la semaine prochaine, de la nouvelle Vénus Anadyomène d’Ingres, et l’au- teur de la Clémence Isaure des Peintures murales d’Eugène Delacroix à l’Assemblée nationalei. Théophile Gautier ne s’en tiendra pas là. Il nous a promis la Plastique de la civilisation, 1. Cet article de Préault, promis par tÊvénement, n’y parut jamais. PROJETS LITTÉRAIRES DE TII. GACTIER. 57 tout un livre ! le livre des élégances, l’histoire des formes nouvelles dont l’art actuel relève les choses de la vie, le bulletin de la mode agrandi jusqu’aux proportions de l’idéal. Sculptures extérieures des maisons, meubles et tentures des appartements, toilettes des femmes, costume des hommes, bijoux, usten- siles, Théophile Gautier va fixer en types ma- gnifiques et populaires, à l’usage du pauvre et du riche, tout ce qui peut devenir la poésie de chaque lieu et le charme de chaque jour. Il dira ce que.doit être le salon du million- naire et ce que peut être la chambrette de l’ouvrier. Avec un plâtre, une fleur, une gra- vure, une cage d’oiseau, il fera briller pour quelques francs dans la plus humble mansarde les chefs-d’œuvre de l’art et les merveilles de Dieu. L’art autrefois pouvait n’être que le luxe de quelques-uns ; il faut, sous la démocratie, qu’il soit le besoin de tous. » Le 1er novembre suivant, l’Événement, énu- mérant de nouveau les œuvres qu’il compte publier et qui toutes sont destinées au peuple, dit encore 58 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. C’est à lui [le peuple] que Théophile Gau- tier, dans sa Plastique de la civilisation, parlera de Delacroix. Quel malheur que ces belles promesses n’aient pas— été tenues, et qu’il n’existe aujour- d’hui que le premier chapitre de chacune des deux séries annoncées, chapitres insérés dans l’Événement des 2 et 8 août 1848, le premier sous le titre de : les Ateliers de peintres et de sculpteurs I. 31. Ingres ; et le second sous celui de : Plastique de la civilisation : du Beauantique et du Beau moderne. XIII C’est en 1849 que parut le prospectus d’une publication devenue très importante, dans le- quel l’auteur de l’Art moderne est nommé parmi les collaborateurs de l’ouvrage, bien qu’il n’yait, croyons-nous, jamais écrit une ligne. En voici le titre exact, tel que l’indique ce prospectus PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 59 Histoire des peintres de toutes les écoles depuis la Ilenaissance jusqu’à nos jours, par MM. Cliarles Blanc, Théophile Gautier et P. A. Jeanuon. Le Magasin des familles de janvier 1850 publia la Physiologie de l’homme du monde : le Parfait Gentleman, et l’écrivain annonça comme pendant la Physiologie de la femme comme il faut. Mais ce complément, promis pendant longtemps dans les réclames de ce journal, n’y fut jamais imprimé. En 1850, Arsène Houssaye, alors directeur du Théâtre-Français, décida son ancien ami à donner à son théâtre une œuvre digne de lui. Une prime lui fut de nouveau offerte, un traité fut signé le 2 février, s’il faut en croire M. Georges Boyer dans le Figaro du 16 août 1890, et Théophile Gautier promit d’écrire une pièce en vers. Il commença la Perle du Rialto, dont nous parlerons plus loin, à propos de l’Amour souffle où il veut. Mais au lieu des trois actes promis, l’œuvre demeura toujours à l’état d’ébauche, et le premier acte seul fut mené à bonne fin. C’est en 1850 aussi que l’auteur d’Avatar, accompagné de son ami Louis de Cormenin, visita l’Italie. La Presse inséra ses impressions de voyage sous les titres de Loin ctc Paris, notes de voyage, et : la Vie à Venise, mais l’ouvrage ne fut jamais terminé dans ce journal ni ailleurs.

Deux ans plus tard, le Pays en publia à son tour un ou deux chapitres complémentaires, sous le titre de Loin de Paris, notes de voyage, et annonça la prochaine apparition de ceux sur Borne et sur Naples, qui auraient terminé le volume. Voici ce que nous trouvons au sujet de ces pages dans le Pays du 11 décembre 1851

« Sous ce titre Loin de Paris, notes de Voyage, sans frontière et sans horizon, M. Théophile Gautier donnera d’abord, dans le Pays, les impressions et les souvenir, de son récent voyage en Italie. L’auteur de Forlunio n’est pas seulement le poète par excellence de la forme et de la couleur, il est encore le plus spirituel et le plus curieux des touristes. Ses récits entremêlent aux splendides descriptions de l’artiste les fantaisies et les aventures de la flânerie humoristique. ROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 61 4 Loin de Paris nous conduira successivement à Pise, à Florence, à Rome, à Naples et nous révélera, par-dessous l’Ilalie monumentale et pittoresque, l’Italie intime et familière, que presque tous les voyageurs ont négligée. Cette promesse ne fut malheureusement pas tenue, et l’intéressant récit de son excursion à Rome et à Naples ne fut jamais écrit. La partie publiée de son voyage en Italie, parue successivement en volumes sous ces titres Italia et Voyage en Italie, porte celui de Yoyage de Paris à Venise, dans son traité de cession à l’éditeur Lecou. A la fin de ISol, le. même éditeur annonça successivement aussi sur les couvertures de ses nouveaux volumes, —entre autres sur celles des Œuvres humoristiques les Jeunes-France, une Larme du Diable, —deux autres ouvrages par Théophile Gautier lfouvelles Nouvelles, puis -Contes et Nouvelles. Bien : qu’ils n’aient jamais été publiés, l’éditeur ne les y fit même pas suivre de la mention sous presse, et tous deux furent remplacés par Un trio de romans, volume mis en vente au commencement de 1852 ; D’autre part, la Revue orientale et algérienne de février 62 LES LUNDIS D’UN CHERCIIEUR. 1852 annonça un souvenir, de son voyage en Afrique, intitulé M’Bita, danse moresque, qui ne vit pas le jour, ou devint la Danse des Djinns, publiée dans la Revue de Paris du mois de novembre suivant. Le Pays du 13 juin promit, de son côté, une série d’Études et fan- taisies qui ne lui fut jamais livrée. La nouvelle, annoncée d’abord dans la Revue de Paris sous ces deux titres Pompeia et Mammia Marcella, fut définitivement publiée sous celui d’Arria Jlarcella, dans le numéro de mars 1832. Théophile Gautier partit au mois de juin 1852 pour Constantinople, où lui vint l’idée de Dénouement turc, ou :.le Dénouement turc, nou- velle qu’il n’a pas écrite, mais à laquelle il songea jusqu’à sa mort. Voici un fragment inédit d’une lettre adressée par lui de Constan- tinople à Louis de Cormenin, en juillet 1852, qui prouve ce que nous avançons PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 63 « Aussitôt que j’aurai fini les articles d’im- pressions nécessaires à mon retour, je gri- bouillerai une nouvelle. intitulée Dénouement turc, pour la Revue, d’une vingtaine de pages, mais chouette. » C’était à la Revue de Paris que Gautier destinait alors ce récit puis il le promit à l’Artiste, où il est déjà annoncé sur la couver- ture du numéro du 5 avril 1857. La Revue du xixc siècle imprima à son tour ce titre en sep- tembre 1866, parmi ceux des œuvres qu’elle devait publier, et, dans son numéro d’octobre, la promet même pour celui de novembre. Cette revue se fondit ensuite avec r A,.tiste. Le numéro d’avril 1867 de ce dernier recueil fait espérer de nouveau l’ouvrage à ses abonnés, à propos d’ui. extrait du Paris-Guide, qu’il publie accompagné de cette note « Ce travail considérable [le Musée du Louvre], nous a fait attendre le Dénouement turc. Il était bien naturel que la Librairie internatio- nale nous donnât la primeur de ces pages colorées et lumineuses, pour que nos lecteurs 64 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. attendissent plus patiemment le roman de de M. Théophile Gautier. Enfin, la Gazette de Paris l’annonçait encore, à partir du 49 mai 1872, jusqu’au moment de la mort du grand poète. Cette nouvelle devait avoir quelque analogie avec ses deux récits antérieurs Laquelle des deux ? — et les Roués in- nocents, si nous en croyons certain article ano- nyme du Journal des Débats du’17 7 novembre 1880, que, sans crainte d’erreur, nous croyons pouvoir attribuer à M. Henry Houssaye, fils du directeur de l’Artiste, de là Revue du xixc siècle et de la Gazette de Paris. L’article a trait au roman de la comtesse Julie Apraxin l’Une ou l’autre, et débute ainsi L’Une ou l’autre ! Le héros du Dénouement turc, cette nouvelle que Théophile Gautier n’a pas écrite quoiqu’il y ait souvent sonaé, aurait dit l’une et l’autre ! Gautier voulait mettre en scène un Parisien du meilleur monde qui, amoureux de deux jeunes filles, se faisait Turc pour les épouser toutes les deux. » Si la Revue de Paris ne publia pas cette PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 65 4.. œuvre, elle annonça sans plus de succès, de septembre 1852 au 15 septembre 1853, un travail intitulé le Séraï, qui finit par être im- primé dans la Presse, où parut, en somme, tout le voyage à Constantinople, le début sous le titre de De Paris à Constantinople ; promenades d’été, et la suite sous celui de Constantino p le. Ce volume fut annoncé dès 1852 chez ce jeune éditeur dont nous avons déjà parlé, M. Eugène Didier, qui se retira trop tôt du mou- vement littéraire, car, les Émaux et Camées en font foi, ses éditions étaient charmantes. Cons- taniinople fut promis d’abord sous le titre de Voyage en Orient, puis sous celui-ci De Paris à Constanlinople, qu’il porte encore en 1853 sur les catalogues de Michel Lévy. Ce fut cet éditeur qui le mit enfin en vente sous son titre actuel. Eugène Didier annonça encore deux autres volumes Scènes d’Afrique et Voyage en Grèce, nous avons déjà parlé de l’un, àpropos du Voyage pittoresque en Algérie, qui ne furent jamais publiés non plus. Ils reparurent pendant plusieurs années, à partir de 1853, sur. le cata- logue de Michel Lévy, réunis en un seul ouvrage, sous le titre de En Grèceet en Afrique. 66 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Mais les trop courts fragments rédigés de ces deux voyages ne furent définitivement livrés au public qu’en 1865, dans Loin de Paris, et en 1877, dans l’Orient. Les six chapitres du Voyage en Grèce, les seuls écrits, furent donc imprimés, pour la première fois en volumes, à douze ans d’intervalle, formant ainsi deux séries de trois articles, incomplètes chacune. Ces chapitres sont en réalité la suite de Constanti- nople. On sait que l’écrivain se rendit en Grèce en quittant Stamboul, et revint d’Athènes en France en passant par Venise. Toute la fin de ce voyage ne fut donc jamais écrite. Les six chapitres dont nous venons de parler avaient paru en 1852 et en 1854 dans le Moniteur uni- versel, les trois premiers sous le titre général d’Excursion en Grèce, et les trois autres seule- ment sous celui que.chaque chapitre porte dans le volume. XV Le 1er octobre 1853, d’accord avec Meyerbeer, Théophile Gautier signa, avec M. Brandus, PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 67 l’éditeur du musicien, un traité par lequel il s’engageait à traduire en vers le drame alle- mand Struensée, pour lequel l’auteur des Hu- guenots avait écrit la remarquable musique symphonique que l’on sait. Voici les clauses les plus intéressantes de cet acte a M. Théophile Gautier s’engage à faire pour MM. Brandus et Cie, à l’aide de la version litté- rale qu’ils lui ont remise, la traduction libre ou imitative en vers français du poème alle- mand de Struensée, fait par M. Sternau pour la musique de M. Meyerbeer. » M. Théophile Gautier promet de livrer la traduction dans deux mois, c’est-à-dire au 1er novembre au plus tard, et d’y faire toutes les corrections que M. Meyerbeer jugerait utiles.

/) Il pourra s’adjoindre pour ce travail

3i. Gérard de Nerval, mais sans augmentation du prix ci-dessous fixé, l’obligation d’indem- niser son collaborateur lui restant toute per- sonnelle. » Pour prix de la cession absolue faite à MM. Brandus et Cie de l’œuvre à composer, M. Théophile Gautier aura droit à la somme 68 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. de quinze cents francs, qui lui sera payée trois mois après la livraison du manuscrit. » La cession ainsi faite est absolue ; MM. Brandus et Cie pourront, tant en France que dans les pays étrangers, imprimer, graver, vendre et faire exécuter Struensée avec la ver- sion de M. Théophile Gautier et en disposer comme de chose leur appartenant. M. Théophile Gautier s’engage à faire, s’il y a lieu, les changements que M. Meyerbeer jugerait utiles. » Vers la même date, Meyerbeer écrivait au. poète cette curieuse lettre inédite « Monsieur, x M. Br’andus est venu deux fois pour avoir l’honneur de vous rencontrer. Il voulait vous amener un pianiste prêt à vous jouer les mor- ceaux mélodramatiques, pour savoir sous quelles mesures de la musique il faut placer les paroles déclamées. J’ai eu également l’honneur de passer deux fois chez vous pour vous prier de vouloir bien me donner (ainsi que nous en étions conPROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 69 venus), la partition de, piano de Struensée, afin de vous indiquer le sens des paroles alle- mandes qui doivent être déclamées sous la musique. Votre concierge me dit que vous ha- bitez la campagne, et que je ne puis pas es- pérer de vous trouver à Paris. Comme je ne possède pas un autre exemplaire de la parti- tion de piano de Struensée, j’ose donc vous prier d’avoir l’extrême bonté de m’envoyer le vôtre ; j’y ferai ce travail en vingt-quatre heures ; et je vous renverrai la partition pour que vous puissiez continuer votre travail poé- tique. » Veuillez agréer, Monsieur, l’expression des sentiments les plus distingués de votre très dévoué, » MEYERBEER. « Samedi écrit dans la loge de votre concierge. Le d2 octobre 1854, les choses n’étaient guère plus avancées, ainsi que le prouve cette lettre adressée par MM. Brandus et Cie à Meyerbeer « Monsieur, b Je m’empresse de vous confirmer ce que 70 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. vous a dit ce matin M. L. Brandus au sujet de Struensée. Non seulement nous n’avons pas mis un instant sa publication en question, mais en- core nous attachons un très grand prix à cette œuvre, et conséquemment nous nous charge- rons de payer à M. Théophile Gautier les quinze cents francs qu’il a demandés pour le poème. p Quant à la nouvelle forme qu’il avait l’in- tention d’y donner et dont il vous a commu- niqué le projet, nous ne partageons pas ses idées, et nous aimons mieux nous en tenir au plan déterminé primitivement entre vous et b. Brandus. Permettez-nous, Monsieur, de profiter de cette occasion pour vous renouveler l’assu- rance de notre respectueux dévouement. J> G. BRANDCS, DUFO.üR ET Cic. Malgré tous ces projets et tous ces pourparlers, le traité ne fut pas exécuté, et le Prologue seul de l’ouvrage, œuvre originale et non pas tra- duction, fut écrit par l’auteur de Pierrot posthume. Ce morceau inédit a été recueilli en 1872 dans son Théâtre. PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GARTIER. —71 XVI Nous trouvons ensuite, dans la Presse du 14 décembre —1853, l’annonce d’un roman intitulé le Jettalore, roman qui continua jusqu’en 1855 à faire partie des promesses du journal, sous le titre légèrement modifié de le Jetlalor. Théophile Gautier ayant à cette date quitté la, Presse pour le Moniteur universel, l’ouvrage fut effacé de la liste des promesses du premier de ces journaux et ne parut dans le second qu’en 1856, sous le titre de Paul d’Aspremont, qu’il quitta définitivement pour celui de : Jettatura, en prenant l’année suivante la forme de livre. L’auteur avait d’abord voulu traiter ce sujet en poème, et le début en fut même écrit ; il a été publié en 1870 dans le Parnasse contemporain, sous le titre de Marine, puis en 1876 dans le tome deux de ses Poésies complètes, sous celui de Jeltalura. C’est au début de 1853 que l’éditeur Gabriel de Gonet entreprit une Collection illustrée des 72 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. romans nouveaux et inédits, dans laquelle pa- rurent Raphaël et la Fornarine, par Méry, les Amours d’un Hercule, parSavinien Lapointe, etc. Aucune de ces publications n’est inscrite dans la Bibliographie de la France, ce qui nous empêche de mieux préciser le moment de leur apparition. Le prospectus de celte collection, que nous avons sous les yeux, porte le titre d’un roman de Théophile Gautier, Eveline, qui, nous en sommes convaincu, n’a même jamais été projeté par lui. Le 22 septembre 1854, l’auteur de Portunio passa un traité avec les directeurs de la Librairie nouvelle, MM. Jacottet et Bourdilliat, pour la publication de son théâtre. Le titre indiqué dans l’acte fut ?’héCtre bleu, mais l’ouvrage parut en 1855 sous celui de Théâtre de poche. Aujourd’hui ce livre n’en porte plus d’autre que Théâtre. Disons aussi que le manuscrit autographe de la pièce intitulée le Tricorne enchanté, dont l’idée est empruntée à une parade de l’ancien boulevard le Chapeau de Fortunalus, porte pour titre le Dernier Frontin. Nous trouvons ensuite, sur.le catalogue de PROJETS LITTÉRAIRES DE TU. GAUTIER. 73 5 Michel Lévy de décembre 1854, l’indication d’un autre livre qui n’a jamais vu le jour Études sur les arts. 11 y fut remplacé en 1855 par les Beaux-Arts en Europe, I8o3, qui for- mèrent deux volumes au lieu d’un. Ils compo- sent, avec un autre ouvrage VArt moderne, toute la série des livres d’art publiés par Théophile Gautier à la librairie Lévy. Le 30 mars 1855, un nouveau traité fut passé entre l’écrivain et son ancien éditeur, M. Hetzel, pour la publication d’un ouvrage resté malheureusement inachevé aussi. Il s’agit de l’Art et le TMàlre en France depuis vingt ans », que nous voyons annoncé sous ce titre, de 1855 à 1858, en deux volumes in-trente-deux ( ! I), sur les catalogues de Michel Lévy, collection Lévy-Hetzel. Cette réunion des feuilletons critiques du poète, dont six volumes in-douze ont seuls été publiés, c’est-à-dire une très faible partie de l’œuvre totale, parut défini- tivement en 1858-1859, sous le titre de Histoire de l’art dramatique en France depuis vingt-cinq ans. Le Siècle annonce, le 30 septembre 1855, l’apparition prochaine d’une nouvelle inédite de Théophile Gautier dans l’un des trois premiers numéros de la deuxième année du Messager des Dames et des Demoiselles, commençant le 1er octobre suivant. Inutile d’ajouter qu’elle n’y parut jamais.

Un autre traité fut encore passé avec M. Hetzel, le 1er avril 1856, pour la publication en volume, dans sa collection in-trente-deux, du roman : Avatar. Nous y lisons cette adjonction, datée du 15 novembre 1856, qui n’a jamais eu de suite ni d’effet, en dehors de la publication de : Jettatura dans la même collection : Il est entendu que le présent traité s’appliquera à la Jettatura et aux deux petits romans que M. Gautier fera sous le titre de le Haschich et le Magnétisme. Ces deux romans n’ont jamais été écrits, mais peut-être faut-il reconnaître l’idée première de Magnétisme dans Spirite, mise au jour en 1865 seulement.

C’est dans l’Artiste de 1808, dont il fut directeur de la fin de 1856 à la fin de 1858, que Théophile Gautier, commença la publication d’un travail intitulé : les Douze Dieux de la peinture. La première de ces biographies : Léonard de Vinci, fut seule écrite ; la seconde : Fra PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 75 Angelico, longtemps promise à l’Artiste, puis à la Revue nationale, n’a point été publiée, et lorsqu’en 1864 l’écrivain plaça son étude sur Léonard de Vinci dans le volume collectif inti- tulé les Dieux et les Demi-Dieux de la peinture, celle sur Fra Angelico fut rédigée par Paul de Saint-Victor. Pendant la direction du maître l’Artiste annonça plusieurs articles de lui qui ne virent jamais le jour. Ainsi, une biographie d’Alfred de Musset, promise par Gautier, fut écrite par M. Louis Ratisbonne, et celle de M. Frédéric de Mercey, annoncée dans les mêmes conditions sur la couverture du numéro du 7 février ne le fut jamais par personne. Des articles intitulés : les Fresques de Kaulbach de l’escalier du Musée de Berlin, Sainte-Beuve, Henri Lehmann, promis, soit dans le texte, soit sur la couverture du numéro du 19 septembre 18S8, ne parurent pas davantage. Le 16 mai 18S9, un traité, qui ne fut pas suivi d’exécution, fut conclu avec l’éditeur Amyot pour la publication d’un volume in- douze, intitulé Saint-Pétersbourg. Les éléments de cet ouvrage n’entrèrent qu’en 1866 dans le Voyage en Russie de Théophile Gautier, paru chez —Charpentier. Une autre œuvre, des 76 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. plus importantes, entreprise par lui en 1859 sous le titre de les Trésors d’art de la Russie, ne fut jamais terminée non plus ; il n’en écrivit que cinq livraisons, et le texte de la cinquième qui, bien qu’imprimée, ne fut pas mise en vente, est presque introuvable. Fort heureuse- ment encore se termine-t-elle par un chapitre complet. Le 18 avril 1860, un traité, resté aussi sans effet, fut signé par Gautier et par l’éditeur Charpentier pour la publication dans le Ma- gasin de librairie, depuis ; la Revue nationale, d’une <c Revue des tableaux qui existent dans le palais du Louvre, à Paris. Cette œuvre d’ap- préciation et de critique formera quatre grandes divisions École italienne École fran- çaise École flamande, hollandaise et —alle- mande École espagnole ». C’est peut-être à ce projet, non exécuté alors, que l’on doit le beau travail de Théophile Gautier sur le Musée dzi Louvre, inséré dans le Paris-Guide en 1867. Le Moniteur universel du 2 janvier 1862 annonça la publication d’un conte Spirit, qu’il n’inséra qu’en 1865 sous le titre, un peu modifié, de Spirite. La Chronique des arts et PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 77 de la curiosité (annexe de la Gazette de.s Beaux- Arts), du 25 mai de la même année 1862, promettait aussi pour la Gazette un travail intitulé le Cabinet de M. le comte de Morny. Il n’a jamais été écrit. XVII Après Madame Bovary, Gustave Flaubert hé- sitait à traiter de nouveau un sujet français contemporain. Théophile Gautier, consulté par lui, lui conseilla Salammbo, et, s’il faut en croire les Confessions de M. Arsène Houssaye, lui traça même, à grandes lignes, le plan de l’œuvre. Quand Salammbo parut, Flaubert dé- sira vivement en voir tirer par la poète un poème d’opéra pour leur ami commun, M. Er- nest Reyer. Ce dernier a lui-même raconté le fait, pensons-nous, dans un de ses feuilletons du Journal des Débats. Toutefois, ce travail res- tait pour Flaubert à l’état de désir, quand le Figaro-Programme du 1er avril 1863 lança, 78 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. sous la signature de Timothée Trimm, dans un article intitulé Ce qu’on dit au foyer, cette nouvelle à sensation « On parle plus sérieusement de l’opéra in- titulé Salammbo, paroles de MM. Théophile Gau- tier et Gustave Flaubert, musique de Verdi. » A la lecture de ces lignes, où le nom de Verdi était substitué à.celui du compositeur déjà choisi, Flaubert s’empressa d’adresser de Croisset à Théophile Gautier, le 3 avril, une lettre publiée dans le tome trois de sa Corres- pondance. En voici le début « Comment vas-tu, cher vieux maître ? Le Fracasse avance-t-il ? Penses-tu à Salamncbo ? Est-ce qu’il y a quelque chose de nouveau re- lativement à cette jeune personne ? Le Figaro- Programme en reparle, et Verdi est à Paris. Dès que tu auras fini ton roman, viens dans ma cabane passer une huitaine (ou plus), selon ta promesse, et nous réglerons le scénario. Je t’attends au mois de mai. Préviens-moi de ton arrivée deux jours à l’avance. » PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 79 Mais Salammbo ne devait jamais sortir de la plume du vieux maître, et les deux amis tentèrent en vain d’accomplir ce projet caressé. Flaubert rédigea même dans ce but un plan sommaire de l’œuvre et l’envoya à Théophile Gautier avec la lettre suivante. Cette lettre et cet embryon de plan si curieux sont inédits. et Mon cher vieux maître, » Voici l’embryon de scénario que tu m’as clemandé. Il est fait depuis un mois, mais je n’ai pu te le remettre primo, parce que tu as manqué deux Magny ; secundo, j’ignore ton adresse à Montrouge. » Tâche donc de venir de lundi prochain en huit au banquet Magny Adieu, je t’embrasse. » Ton GUSTAVE FLAUBERT. Mardi matin. [Avril 1866.1 80 LES LUNDIS D’Ur CHERCHEUR. SALAMMBO ACTE PREMIER Banquet des Mercenaires dans les jardins d’Hamilcar. Les Mercenaires vont partir le lendemain. C’est une orgie d’adieu qu’ils se donnent. Le second chœur, composé de Carthaginois, chante « Il est temps qu’ils parlent. Nous en avons assez, ou sinon. » Menaces vagues. Les Mercenaires, s’exaltant de plus en plus, commettent un sacrilège. Ils veulent prendre le voile de Tanit, et vont aller briser les portes du temple qui le contient. Apparition de Salammbo. Elle les arrête. Matho et Narr’havas. Jet du javelot. Tous se retirent, sauf Matho et Taanach. Taanach propose à Matho ce que, dans le roman, Spendius lui a proposé. Elle peut lui donner le voile et en expliquer les vertus. Quel intérêt y as-tu ? » dit Matho. Je PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 81 5. te regarderais alors comme un maître du monde. » Matho ne répond pas d’une manière précise. Puis, quand Taanach est partie « Ce n’est pas pour toi, mais pour elle ! (Il se tourne vers la terrasse). C’est pour celle-là ! Pour la voir, pour l’obtenir, je ferais tout Je tra- verserais les airs, l’océan, la terre ! » En ré- sumé Je prendrai le voile. ACTE DEUXIÈME La chambre de Salammbo. SALAMMBO ET LE GRAND-PRÊTRE, Le Grand-Prêtre lui propose, comme moyen d’alliance politique, de se marier à Narr’havns. Mais Salammbo préfère la déesse. Invocation à la lune. Salammbo rêvasse aux ordres du Prêtre, et s’endort sur un chant doux et vague, tandis que Taanach, à part, pense à Matho, tout en lui frottant les pieds. S2 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Salammbo endormie est seule ; Matho entre. Elle se réveille. Déclaration de Matho. Horreur de Salammbo. Fureur de Taana.ch « Quoi, ce n’était pas moi qu’il aimait » Au cri terrible de Salammbo, la foule ac- conrt et veut prendre Matho. Il rejette son premier burnous et montre en dessous, sur lui, le zaïmph. La foule se recule. Dialogue en a parte de Taanach, qui fait en- core des propositions à Matho <c Emporte- moi dans ses plis de feu a Je n’emporte pas les esclaves », répond Matho. Elle tombe éva- nouie, ce qu’on attribue à la terreur religieuse. Matho passe au milieu de la foule qui s’écarte. Bien marquer qu’on ne le suivra pas et qu’on a peur de lui. Salammbo est furieuse de la lâcheté du peuple. Elle chasse tous ces misérables, puis se penche sur Taanach qui se réveille en hur- lant de vengeance, tandis que la foule, au loin, en fait autant. Oh 1 comment faire ? Qui sauvera Car- thage ? », dit Salammbo. Le Grand-Prêtre survenant C’est toi ! » PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 83 ACTE TROISIÈME La tente. Matho, Spendius, Narr’havas. Celui-ci vient offrir son alliance. Elle est acceptée. « Méfie-toi de lui, dit Spendius, car il est fiancé à Salammbo. » Les deux amis s’épanchent. Énergie de l’un, mélancolie de l’autre. « Pourquoi te tour- menter pour une femme que tu ne verras jamais ? » Salammbo entre avec Taanach. Spendius, plein de méfiance, tire son épée. Matho lui ordonne de s’en aller. « Que viens-tu faire ? » dit Matho. [Je viens] parce que je t’aime. » Ah elle l’aime, se dit Taanach. Ce n’est pas là ce qu’elle m’avait dit. Nous devions nous glisser jusqu’à lui comme des serpents, et le tuer. » Puis, se tournant vers Salammbo a Vous oubliez ! Malheur à vous 84 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Matho la fait sortir. Elle sort en méditant une vengeance. Scène d’amour entre Salammbo et Matho. Elle le cajole, tout en regardant où peut être le voile. Matho prend ses avances au sérieux Mais, tout à coup, l’incendie éclate. Cris. Spendius arrive l’avertir. Matho sort en lui donnant un baiser [à Sa- lammbo] a Rien à craindre, je reviens. » Une fois seule, elle se précipite sur le voile, et elle le tient quand Taanach rentre en disant C’est moi qui [ai] allumé l’incendie » SALAMMBO a Partons vite. » TAANACH cr Comment, vous ne l’aimez donc pas ? » SALAMMBO Non. Je voulais le voile seulement. » a Comment a-t-elle pu l’obtenir ? se demande Taauach. Vous n’avez [pas] été souillée ? » Si je l’étais, c’est toi qui porterais le voile et non pas moi. » Elle le met sur ses épaules. Le Prêtre, ve- nant les prendre, dit que la route est libre. Vue du camp qui brtile et des femmes qui s’enfuient, à l’horizon. PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 85 ACTE QUATRIÈME Dans le carni, des Mercenaires, battus et mourants de faim. Spendius et Matho, avec quelques braves, s’en vont pour attaquer Hamilcar. Mais, par défiance de Narr’havas, on le laisse confiné dans le camp avec les siens. Il s’y était attendu, et a donné rendez-vous à ses espions. Arrivée du Prêtre et de Taanach, déguisés. Taanach est chargée par Salammbo d’un mes- sage pour Narr’havas. Mais elle a, en outre, l’espoir de rencontrer Matho, de le sauver et de s’en faire aimer, puisque Salammbo ne l’aime pas. Le Prêtre, instruit du plan de la bataille, ou d’un défilé, par Narr’havas, sort pour aller le dire à Hamilcar. Taanach vou- drait suivre le Prêtre pour se rapprocher de Matho mais Narr’havas la retient. (Trouver moyen d’occuper la scérte jusqu’au re- tour de Matho, Spendius et les autres.) S6 LES LUNDIS D’ON CHERCHEUR. Ils reviennent enchaînés. Chant de triomphe des Carthaginois et des auxiliaires de Narr’- havas. Taanach se glisse près de Matho « Si tu veux m’aimer, je te sauve. Réponse amère de Matho. oc Je t’abandonne. (Trouver quel est le moyen que Taanach aurait de sauver Matho.) Recrudescence de fureur contre Matho,. On le hisse sur un éléphant. On voudrait en manger. ACTE CINQUIÈME Mariage de Salammbo. Processions, danses, etc. Sur la terrasse à gauche, au premier plan, le banquet de noces. Narr’havas, Hamilcar, Salammbo. Taanach, sinistre et avide. Arrivée de Matho, insulté et déchiré. Il tombe de faiblesse. « Ne le tuez pas encore, crie la foule. PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GACTIER. sÎ Mais Taanach descend avec un couteau et le tue. Mort de Salammbo. Lamentations de toute la foule. C’est M. Du Locle, on le sait, qui composa plus tard, pour M. Ernest Reyer, le livret de l’opéra de Salammbo, dont la superbe parti- tion fut exécutée d’abord à Bruxelles. L’émi- nent auteur de Sigurd a pu, lui, du moins, réaliser sa part de ce projet inexécuté. XVIII Une œuvre non moins curieuse, dont il ne reste aucune trace imprimée ou manuscrite, eût été le Feuilleton du.Ciel. Cette composition, des- tinée par le poète au feuilleton du Moniteur uni- versel, ainsi que nous l’a raconté aussi M. Paul Dalloz, fut l’un de ses projets les plus ca- ressés. 11 voulait, dans un roman astrono- mique, animer les étoiles, donner à Jupiter, 88 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. à Vénus, et aux autres planètes, un rôle actif dans une nouvelle sidérale, ce qui eût ex- pliqué son titre. Il y rêva longtemps et passa de longues heures sur la terrasse de sa maison de Neuilly, absorbé dans la contemplation des astres, car il voulait décrire jusqu’aux senti- ments même de ses personnages ( ? ). Muni d’un télescope, il songeait sans doute à créer une action dans le genre de Chea les Étoiles, sorte de poème dialogué, déchiffré si difficilement par nous sur son autographe écrit au crayon, et publié en 1876 dans ses Poésies posihuw.es 1. Mais jamais ce rêve ne prit corps ici-bas, et le Feuilleton du Ciel, s’il paraît dans un monde meilleur, charmera sans doute les hôtes d’une des planètes même où le poète voulait, lorsqu’il était sur terre, placer les épisodes de sa fan- taisie astrale. 1. Tome deux des Poésies complètes. PROJETS LITTÉRAIRES DE TI1. GAUTIER. 89 XIX Nous voici arrivés à la dernière œuvre d’imagination conçue par le grand écrivain ; le Moniteur universel du 16 avril 1866 annonça pour paraître « prochainement dans ses co- lonnes « le Secret de Georgette, nouvelle, par M. Théophile Gautier. j) Ce titre se retrouve souvent ensuite parmi les promesses du jour- nal le 8 octobre 1867, il reparaît ainsi modiûé « l’Idéal de Georgette ». Voici le résumé succinct du sujet de cette œuvre, tel que l’auteur nous l’a lui-même raconté Dans un souper qui réunissait l’élite de l’élégance masculine parisienne, mais où n’as- sistait qu’une seule femme, Georgetle, l’une des reines de la mode du jour, célèbre aussi par son esprit, quelques-uns des convives la pressaient si vivement de dire quel était son désir le plus vif et son rêve d’existence, qu’elle finissait par céder à ce caprice d’un groupe choisi. Elle expliquait alors devant tous ces LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. hommes surpris, que le seul bonheur de sa vie eût consisté en une existence simple, bour- geoise même, et cette femme, qui avait épuisé tous les raffinements du plaisir et toutes les jouissances du luxe et de l’argent, rêvait comme suprême idéal une vie ignorée et passée dans la médiocrité. C’était là le secret de Geor- gette. Théophile Gautier avait songé, en ima- ginant cette nouvelle, à mademoiselle Geor- gette 0. l’une des plus séduisantes pension- naires du Palais-Royal à cette époque. Ce récit, réuni au Dénouement turc et à Made- moiselle Dafné, devait former un volume vendu d’avance à Michel Lévy qui, malheureusement, ne put jamais le faire paraître. Mademoiselle Dafné, dont le manuscrit porte pour titre Mademoiselle Da fné de Boisfleury, eau-forte dans la manière de Piranèse, fut publiée sous celui de Mademoiselle Da fné de Montbriand, eau-forte, etc., dans la Revue du XIXe siècle d’avril 1866, Arsène Houssaye, le directeur de ce recueil, ayant —trouvé ce dernier nom plus à son gré. PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 9i XX Vers 4866 aussi, Théophile Gautier promit à l’Univers illustré, journal publié par la mai- son Lévy, une série d’articles sous le titre de les Grotesques de la peinture, titre qui fut changé en celui de les Excentriques de Ia peinture, annoncé dans les numéros des 29 mai et 1er juin 1867. Ils ne furent pas livrés, non plus qu’une étude sur Saintc-Beuve pour laquelle il traita encore, le 27 mars 4868, avec la même maison. En 1867, le grand écrivain promit une pré-. face pour l’ouvrage de M. Auguste Millot avec photographies de Mieusement, intitulé le Châ- teau de Chambord, dont la première livraison porte cette indication au titre. Pourtant, cette préface ne fut jamais publiée ni même écrite. C’est en 1869 que le Moniteur universel im- prima les Vacances du lundi I, le Mont Blanc, II, le Mont Cervin. L’auteur comptait continuer ses excursions en Suisse et réunir ensuite en un volume les récits de ces explorations. Ce 92 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. projet n’ayant pas été exécuté, il a fallu com- pléter l’ouvrage par des morceaux antérieurs. Disons à ce propos que nous trouvons, dans un article de M. John Grand-Carteret, intitulé A la Montagne, et publié dans l’Estafette du 14 septembre 1881, cette phrase Il En 4870, pendant le terrible été qu’on ne peut oublier, Théophile Gautier vint y chercher le repos rà La Saisiaz, près Collonge, Haute-Savoie], et il en a chanté les beautés dans les Lettres à un absent, dans cette charmante petite nouvelle intitulée le Chalet du docteur, etc. » Nous ne connaissons rien de tout cela, et nous croyons à une erreur de l’auteur de l’article. En octobre 1869, l’auteur des Tableaux de siège partit pour l’Egypte, et le récit de ce voyage, dont il ne fut publié que six articles, réim- primés depuis dans l’Orient, commencé en 1870 dans le Journal officiel, y fut interrompu par les événements. Toute la partie relative au voyage à Suez, pour l’inauguration du canal, ne fut jamais écrite, et c’est là une perte irré- parable, lorsqu’il s’agit d’un styliste si particu- lièrement doué pour comprendre et exprimer la poésie des paysages orientaux. PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 93 XXI Pendant le siège de Paris, l’auteur de Constantinople avait renoué avec la Revue des Deux Mondes des relations, rompues, on s’en souvient, à la suite du procès relatif au Capitaine Fracasse dont nous avons déjà parlé. Nous lisons dans une lettre du poète qu’il son- geait en 1871 à collaborer de nouveau à ce recueil, et qu’il avait même commencé un tra- vail qu’il lui destinait. Nous tenons de M. Ch. Buloz lui-même que ces pages devaient être intitulées les Vlalheurs de la guerre, et encadrer une étude sur l’album de Callot portant le même titre. Si nous en croyons M. Charles Asselineau’, un chapitre des Tableaux de siège serait perdu voici ses propres paroles a.un de ses plus beaux livres, les Tableaux de siège. Encore n’eut-il pas toujours la chance 1. Bulletin du Bibliophile, septembre-octobre 1872. 94 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. de faire accepter ses peintures si impartiales et si naïvement pittoresques. J’ai mémoire no- tamment d’un article sur la Neuvaine de sainte Geneviève, qui lui fut laissé pour compte par ménagement pour les passions anticléricales. Il n’avait voulu que varier ses tableaux en introduisant un intérieur d’église parmi ses tableaux de rempart et de la navigation séqua- naise. « Me voilà, me disait-il en redescendant l’escalier du journal, me voilà réduit à faire des articles comme un commençant, avec la crainte de me les voir refuser 1 » Nous ne savons si ce détail est exact, ou s’il s’agit non d’un morceau rédigé, mais seulement d’un projet soumis d’abord au Journal officiel et qui ne fut pas suivi d’exécution. Aussitôt après la guerre, Théophile Gautier songea sérieusement à écrire un livre sur l’Alsace. Gustave Doré l’eût illustré, et l’ou- vrage aurait paru chez Berger-Levrault, à Strasbourg. Mais ce ne fut là qu’un projet sans commencement d’exécution. Nous en devons la connaissance à l’un des meilleurs amis du poète, M. Arthur Kratz. PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 95- Les dernières préoccupations littéraires du maître furent relatives à une série critique destinée, en 1872, à l’Illustration. Tl s’agissait de rendre compte du Salon de cette année-là, sous le titre de Ceux qui seront connus. Les ar- tistes célèbres auraient été négligés au profit des débutants d’avenir. L’idée était originale ; il n’en reste malheureusement d’autre trace que le premier article sur le Salon de 1872 publié dans l’Illustration du 8 juin 1872. XXII Nous voici arrivés maintenant au fragment dramatique publié pour la première fois en octobre 1872, dans le Thédtre de Théophile Gautier, , quelques jours avant sa mort, et dont nous avons déjà parlé. Cette pièce en vers, dont il s’occupa pendant vingt ans au moins et qui ne fut jamais terminée, quoi qu’en dise la note qui l’accompagne, fut intitulée d’abord, 96 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. nous l’avons déjà dit, la Perle du Rialto. Le premier acte de cette version, absolument dif- férente de l’œuvre imprimée, a été recueilli en 1876 dans ses Poésies complètes. La pièce reçut successivement ensuite les titres de le Nouvel Arnolphe, le Tuteur, l’Amour est comme la grdce, pour prendre enfin celui qu’elle porte aujourd’hui fAmour souffle où il veut. L’œuvre était restée interrompue, lorsqu’en 1854 Mario Uchard s’éprit des beaux vers du premier acte. Il proposa au poète de lui agencer un nouveau plan de pièce où pourrait être uti- lisée la partie déjà écrite. Ce plan fut même la première œuvre dramatique de l’auteur de la Fiammina. Gautier accepta, et se remit de nouveau au travail. Mais il était écrit que le mot fin, ne serait jamais placé au bas du manuscrit de l’Amour souffle où il veut. Voici, s’il faut en croire M. Henri de La Pommeraye, qui analyse la pièce dans le Bien public du 28 octobre 1872, quel était Je plan primitif des scènes non écrites. Après avoir constaté qu’il manque à l’ouvrage une partie du second acte et tout le troisième, le critique continue ainsi PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 97 Des confidences nous mettent à même de combler en prose, et quelle prose cette lacune. Agnès devait montrer à Arnolphe que le cœur de la jeune fille ne s’échauffe que pour les images lointaines, qui ne se reflètent pas tous les jours dans le lac le plus souvent uni- forme de la vie en commun. Georges est adoré comme un frère, mais voilà tout. D Le tuteur de trente ans prend alors un parti héroïque il quitte sa pupille, va courir les aventures fertiles en dangers, devient, sous un nom d’emprunt, un Jules Gérard, un Bom- bonel, remplit les journaux du récit de ses prouesses courageuses, a bien soin que l’écho en arrive aux oreilles de Lavinia, persuadé que la vierge romanesque aura quelque penchant instinctif, quelque caprice fantasque pour ce héros séduisant, et finit ainsi par attirer dans ses filets, grâce au chatoiement de l’inconnu, cette alouette un peu légère, dont l’imagination voletait au dehors du nid paisible et sûr. Tel est le canevas ; la broderie ne peut plus être faite par l’artiste délicat dont la main est glacée. » Delaunay, le ravissant sociétaire de la Comédie-Française, auiavait appris par cœur 98 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. les premières scènes, pressa bien souvent Gau- tier de lui donner l’occasion de jouer un aussi gracieux rôle. Le poète n’aimait pas chanter deux fois la même chanson ; le vent, comme l’amour, souffle où il veut ; il a emporté les feuillets épars, bon voyage 1 Alles, partes, mes vers, s’est écrié Théophile, ainsi que Boileau, et voilà pourquoi les scènes suivantes sont muettes. » C’est une véritable perte pour les lettrés que l’absence des dernières scènes de cette pièce, car les parties. écrites sont absolument délicieuses, d’une versification tout à fait su- périeure, et dignes en tous points du grand écrivain qui les a signées. Sa dernière œuvre est cette intéressante et malheureusement incomplète Histoire du roman- tisme, que lui seul pouvait écrire. La mort brisa sa plume après la publication de quelques chapitres seulement, dont le dernier n’est même pas terminé. Le Bien Public, où tout ce qui existe de l’ouvrage fut imprimé en 1872, ne publia cette page inachevée qu’après la mort de l’auteur. PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 99 XXIII Il ne nous reste plus à mentionner, pour terminer ce travail, qu’une préface de Théo- phile Gautier annoncée en 1876 chez Sagnier, en tête d’un volume de M. Alfred Aubert, inti- tulé Histoire du théâtre Miniature, introduc- tion de Théophile Gautier, dessins de Draner, un volume in-douze. Un franc. » Nous en trouvons l’indication sur la couverture d’un ouvrage de M. Louis Durieu Poèmes couronnés, suicis d’autres opuscules en vers et en prose joyeuse, paru chez Sagnier, en février 1876. Ajoutons que cette introduction d’un volume qui ne vit jamais le jour, n’était autre que l’article publié dans la Gazette de Paris du 18 décembre 1871, sous le titre de : Théâtre Miniature. Puissent ces recherches toutes spéciales et bien incomplètes sans doute sur un des plus remarquables écrivains de notre temps, dont le nom grandit chaque jour davantage, avoir 100 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. quelque intérêt pour les lecteurs ; puissent-elles aussi engager les curieux d’aujourd’hui à en- treprendre, tandis qu’il n’est pas trop tard en- core, des travaux analogues à propos d’autres écrivains du dix-neuvième siècle 1881-1893 6. II ALFRED DE VIGNY. NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.-PAGES OUBLIÉES. Parmi les auteurs contemporains aucun n’a essayé avec plus de persévérance qu’Alfred de Vigny d’imprimer à ses ouvrages le caractère de perfection dans la forme, qui seul conserve une valeur aux œuvres de l’esprit et leur as- sure à jamais un rang dans la hiérarchie litté- raire de tous les temps. Cette recherche, qui fut la préoccupation et le labeur de toute sa vie, explique pourquoi, après plus de quarante ans de travail, ses œuvres complètes ne forment que cinq ou six volumes. C’est peu, surtout si 102 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. l’on compare ce chiffre modeste à celui des nom- breux ouvrages d’Eugène Sue ou de Frédéric Soulié. En revanche, longtemps après que les écrits et peut-être même les noms de ces féconds auteurs seront pour jamais oubliés, Alfred de Vigny leur survivra encore, placé à côté des écrivains qui représenteront dans l’a- venir avec le plus de pureté et d’éclat la poésie française du dix-neuvième siècle. Ce souci perpétuel du mieux, qui le poussait a corriger sans cesse ses ouvrages, a rendu l’auteur de Stello plus sévère envers lui-même que ne l’eût été le plus rigoureux de ses cri- tiques. Il apportait aux réimpressions de ses livres les mêmes scrupules que Balzac, et nous voyons, en comparant entre elles les différentes éditions de ses poésies, qu’il a supprimé de ses œuvres un poème entier, et diminué con- sidérablement plusieurs autres morceaux qui, tout remarquables qu’ils sont restés, n’ont peut-être, pas gagné pourtant à ces modifica- tions. M. Safinte-Beuve, dans un article de la Revue des Deux Mondes du 15 octobre 4835, réim- primé dans ses Portraits contemporains, signalait, ALFRED DE VIGNY. 103 dès lors, comme très regrettables, la dispa- rition de l’Ode au Malheur et les suppres- sions faites dans la pièce intitulée la Femme adultère il renvoyait le lecteur, pour bien juger ce dernier morceau, à l’édition de 1822, qui, très rare déjà à cette époque, est aujour- d’hui absolument introuvable. Les suppressions signalées par M. Sainte-Beuve ne sont pas les seules ; d’autres, tout aussi importantes, et qui n’ont, pensons-nous, été relevées par personne jusqu’ici, ont été faites encore par Alfred de Vigny. Sans nous occuper de leurs nombreuses variantes, c’est seulement au sujet des modifica- tions accomplies par lui dans les différentes édi- tions de ses œuvres poétiques que nous prenons la plume, afin d’en examiner ici la valeur et l’étendue. Le premier recueil de vers d’Alfred de Vigny (celui auquel renvoie M. Sainte-Beuve) parut sans nom d’auteur en —1822, chez Pélicier sousr- le simple titre de Poèmes, un volume in-octavo ; il s’ouvre par une note-préface, de quelques li- gnes seulement, suivié d’Béléna, poème en trois chants, supprimé dans toutes les autres édi- tions de ses vers. Ensuite vient une seconde 104 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. préface, servant d’introduction à la dernière partie du volume, partie composée ainsi Poèmes ANTIQUES la Dryade, Symêtha, le Somnambule. Poèmes JUDAÏQUES : la fille de Jephté, le Bain (fragment d’un poèmes de Suzanne), la Femme adultère. PoÈMES MODERNES la Prison, le Bal, le Malheur, ode. Le Trapiste (sic), pièce de vers publiée en une brochure in-quarto, anonyme aussi, parut éga- lement en 1822, chez Guiraudet, imprimeur, mais postérieurement aux Poèmes. Elle eut trois éditions la première, en octobre 4822 (la pièce datée alors, sur le titre, du 7 juil- let) la deuxième, en décembre 1822 ; et la -troisième, enfin, en mars 1823, toutes trois intitulées le Trapiste (sic). Cette dernière version fut augmentée d’une longue note inédite, fort curieuse, qui depuis 1823 n’a jamais été remise sous les yeux des lecteurs. La voici DOCUMENS SUR LES TRAPISTES(sicJd’eSPAGNE. « C’est du couvent de Sainte-Suzanne, en Aragon, qu’est sorti le Trapiste célèbre. » Plusieurs fois (les religieux, ses frères, le ALFRED DE VIGhY. 105 racontent ainsi) il fut averti par des songes, et vint trouver le vieil abbé de la commu- nauté, lui disant, comme autrefois Samuel à Héli Me voici, car le Seigneur vient de m’ap- peler. Mais l’abbé croyait d’abord que c’était un souvenir de son ancien métier des armes rai. lui donnait ces pensées de guerre duraut la nuit, et lui disait aussi Mon fils, reto’rnez et dormes. n Cependant, comme il revint encore, disant toujours Qu’il savait bien qu’on se battait pour le roi, et qu’il y devait être, l’abbé ne douta plus que ce ne fût, comme ils le disent, la sainte volonté de Dieu ; et sur les économies du couvent, il lui fut acheté un cheval. Il partit comme Bayard, armé et aourné par sa famille, pour bien servir soit roi naturel, et il a combattu comme lui. D Ces détails, et ceux que je vais dire en- core, on les peut entendre de la bouche même de plusieurs de ces bons père ?, qui sont main- tenant à Paris. Voici leur histoire entière et comment ils y sont venus. Il arriva qu’en l’hiver de l’année 1796 106 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. une colonie de Trapistes partit du monastère de la Val-Sainte, en Suisse, que notre révolu- tion avait comblé de malheureux, et peut-être de pénitens. On les vit marcher deux à deux et en silence à travers des peuples révoltés et des armées, ne sachant pas bien où la provi- dence les arrêterait, et passant parmi les na- tions comme Pierre l’Ermite et sa croisade, sans autre guide que la croix. « Partout on refusait le passage à nos fondateurs, m’écri- vait un de ces religieux ; mais ayant recours » à Dieu, partout il leur fut ouvert. En Sa- voie, comme ils se présentèrent à une ville où il y avait [une] sentinelle, elle leur dit Mes pères, quand vous seriez des anges du ciel ; vous ne passerez pas. Et ils se trouvaient dans un grand embarras, quand il se montra tout à coup, et comme par miracle, un, colonel qui avait été à la Trappe de Mortagne, et reçu par le même supérieur de la colonie qui parlait pour tous, et qu’il reconnut de suite. Il se jeta à son cou, et le conduisit chez lui avec les autres, leur fit mille amitiés, et leur donna le passage en les accompagnant lui-même. s Lorsqu’on leur interdisait l’entrée d’une ALFRED DE VIGNY. 107 ville, il fallait passer la nuit exposés à un froid très cruel. Alors, comme les cabanes étaient révolutionnaires et se fermaient à des moines, ils se retiraient dans quelque cime- tière, demandant l’hospitalité et un abri sous leur tombe, à ces morts auxquels ils étaient aussi semblables par l’abandon et l’oubli du monde entier, que par leur pâleur et ces longues robes blanches qui les faisaient pa- raître comme des ombres errantes. Là, ils priaient et se félicitaient dans leurs cœurs de ce que Dieu leur donnait des misères plus grandes encore que celles qu’ils avaient inven- tées pour eux-mêmes. A Malgré tant de fatigues, la colonie silen- cieuse parvint jusqu’au royaume d’Espagne, alors paisible. Le peuple-moine baisa la robe des Trapistes ; et le roi Charles IV, se souve- nant qu’un vêtement semblable avait en vain tenté de contenir l’empereur Charles-Quint, et pensant que cette robe plus pesante l’eût pu faire, de peur qu’elle ne manquât à quelqu’un de ses descendans, s’il savait jeter le manteau royal, laissa vivre dans son royaume ceux chez qui l’on va mourir, voulut être le patron 108 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. de leur maison, leur donna un peu de cette terre qu’il devait quitter plus tôt qu’eux ; et le souvenir de Saint-Just créa Sainte-Suzanne. » Là s’arrêtèrent enfin les bons religieux, quand on leur eut dit, comme au peuple de Dieu Israël. habitera sur cette terre dans une pleine assurance, et y habitera seul. Ils reprirent avec joie leurs travaux douloureux. Un grand nombre d’Espagnols vinrent chercher l’oubli de la vie et la paix de l’âme dans ce continuel souvenir de la mort et ces fatigues assidues du corps. Dom Gerasime d’Alcantara remplit le premier cette dignité d’abbé, où l’on n’a d’autre privilège (selon leurs expressions) que de se lever plus tôt et de se coucher plus tard, c’est-à-dire quelques peines de plus. Tout en vivant dans les pratiques de la régularité pri- mitive, la république muette marchait à son but de se suffire à elle-même. Les frères labou- raient, semaient et moissonnaient eux-mêmes, afin d’acquérir de quoi donner l’hospitalité à des voyageurs, qui souvent sont venus chercher dans leur cloître un aliment à de lâches plai- santeries et à des récits ironiques et menson- gers. Ce couvent, le seul de l’ordre qui fût en ALFRED DE VIGNY. 109 7 Espagne, y inspirait cependant une admiration universelle. En 1808, les troupes françaises, toujours généreuses quand on les laisse à la pente naturelle de leur caractère, ont respecté l’enceinte du monastère, et des soldats furent placés à toutes les portes pour le garantir des insultes. p Mais une invasion vaut mieux que la prudence d’une révolution. p Un décret des Cortès de 1821 a déclaré utile le terrain que les Trapistes occupaient des commissaires aux portes, des clés saisies, les scellés de la nation partout, et le bannis- sement, rien ne leur a manqué, pour leur malheur, des sages mesures du bien public et maintenant les voilà qui se présentent au seuil de nos maisons, pour demander un troisième tombeau, après qu’on les a dépouillés des deux premiers. p Heureux du moins sont les Français qui se trouvent parmi eux, que leur bouche si longtemps muette ne se soit ouverte que pour prononcer le langage de France. Aucun mot- étranger n’a séparé leur adieu à la patrie des nouvelles paroles qu’ils lui viennent adresser HO LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. mais c’est un langage bien douloureux qu’ils lui tiennent a Comment se peut-il, viennent- » ils nous dire, que des vieillards ne puissent » pas trouver un coin de terre pour mourir, » sans qu’une révolution ne la vienne labourer ? » Hélas ! elle la dit plus féconde dans ses mains ; mais elle n’y sème que du sang, et p nous y faisions germer de saints exemples » de repentir et de désintéressement. A notre » entrée à la Val-Sainte, notre oreille fut A longtemps poursuivie dans le silence du » cloître par les gémissements de vos guerres s civiles c’était la dernière voix de la terre ̃ » que nous eussions entendue, et elle nous i avait paru comme son dernier cri. Et cepen- » dant voilà que vingt ans après, au sortir » de Sainte-Suzanne, les premiers bruits du » monde que nous entendons sont tout sem- ̃ » blables à ces bruits ; la même liberté fait » couler les mêmes larmes et le même sang. » Vos révolutions n’ont donc pas cessé leur » cours ? Comment existe-t-il encore des » peuples, et comment se trouve-t-il encore » quelques rois à leur jeter ? » » Oh, que n’ai-je acquis plus de gloirel ALFRED DE VIGNY. 111 J’emploierais à-être utile à ces hommes véné- rables le crédit miraculeux qu’elle donne sur les âmes, et j’ajouterais mon nom à leur éloge, comme pour le sceller de toute son autorité ; mais si je suis trop jeune pour avoir le droit de faire tant de bien, j’ai du moins celui de rappeler pour eux l’intérêt qu’un homme illustre leur a porté. » La main qui nous a donné le Génie du Christianisme n’a pas dédaigné de transcrire à la suite d’un si beau livre les lettres naïves d’un Trapiste’de Sainte-Suzanne, qui forment comme une histoire complète, où l’on voit son entrée au couvent, ses pieuses souffrances et sa fin. » Une dernière lettre, qui annonce la mort précieuse qu’il a faite, et engage son frère à ne le point pleurer, est du révérend père Jean- Baptiste de Martres, prieur des Trapistes d’Espagne, Français de naissance, et mainte- nant à Paris, où Monseigneur l’Archevêque l’a reçu dans son palais. » Ce religieux vieillard vient chercher 1. M. de Clanzel, frère de M. de Clauzel de Coussergaes. (Note de Fauteur.) 112 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. quelques secours pour ses frères qui ont re- passé les Pyrénées avec lui. » Il m’a fait l’honneur de me visiter, et je n’ai rien vu dans toute sa personne qui ne fût digne de l’idée que l’on se fait de ces austères cénobites il unit la simplicité d’un enfant aux traits souffrants d’un anachorète, et dit avec naïveté de ces belles choses qui transportent d’admiration dans les hautes pro- ductions du génie. Ces âmes épurées vivent si loin du monde, que son langage ordinaire n’est guère compris par elles, et que le sublime est devenu la nature de leurs pensées. Puissent leurs prières faire sur beaucoup de cœurs l’impression que fit sur le mien leur simple vue. Quant à moi, voici sans doute la dernière fois qu’il m’est permis d’élever ma voix en leur faveur. Destiné à prêter une autre arme aux émigrés espagnols, je penserai du moins que personne n’aura acquis, sans leur avoir fait un peu de bien 1, ce livre où je parlais de leur infortune 2. 1. Cet ouvrage se vendra an profit des Trapistes espagnols. (Note de (auteur.) 2. Voici l’explicalion de ees derniers mots, empruntée, pages ALFRED DE VIGNY. U3 Éloa, un volume in-octavo, parut chez Boul- land en 1824. C’est le premier ouvrage d’Alfred de Vigny qui porte son nom ; depuis lors il a signé tous ses écrits. Les Poèmes antiques et modernes datent de 1826, et parurent en un volume in-oclavo, chez Urbain Canel. La première édition’de ce recueil, dont le titre est resté acquis plus tard à toute l’œuvre poétique de l’auteur, conte- nait le Déluge, Moïse, Dolorida, le Trapiste (réimpression de la brochure anonyme de 1822), la Neige, le Cor. Enfin, en 1829, parut chez Gosselin, encore 33 et 34, au petit volume de M. Anatole France, dont nous parlons en note, plus loin c Au mois de juillet 1822, Alfred de Vigny fut promu au grade de lieutenant. La fièvre inter- mittente de l’action le tenait encore. On n’a pas eu impuné- ment quinze ans aux Cent-Jours. Enfin une occasion de gloire s’offrait à l’armée française, qui s’ennuyait dans l’oisiveté depuis la chute de Napoléon on allait se battre en Espagne.. Alfred de Vigny permuta pour faire campagne et entra, en mars 1823, au 55’de ligne, avec le grade de capitaine. Son espoir fut déçu le 55* de ligne ne franchit pas les PyTénérs. Or, la troisième édition du Trapistc parut précisément en ce même mois de mars 1823. Nous la trouvons inscrite, sous le numéro 1270 de la Bibliographie de la France du 22 de ce moi·. 1893. H4 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. 4 sous le titre de Poèmes, la réunion définitive en un volume in-octavo de tous les poèmes précédents (moins Héléna et l’Ode au Malheur), complétés par 1° Madame de Soubise ; 2° le Bain d’une dame romaine ; 3° la Frégate la Sé- rieuse Depuis cette édition, les versions n’ont plus varié. Seulement, pour la réimpression de ses Œuvres complètes chez Delloye et Lc- cou, où ses poésies prirent définitivement le titre de Poémes antiques et modernes, Alfred de Vigny ajouta, en 1837, deux pièces nouvelles à ce dernier volume Paris, élévation, poésie qu’il avait publiée déjà chez Gosselin (une brochure in-octavo, 1831), et les Amants de Montmorency. Paris, élévation, était précédé, en 1831, de ces quelques lignes, enlevées aussi de toutes ses réimpressions « Ce poème, sorte de rêve symbolique, est détaché d’un recueil, incomplet encore, inti- tulé Élévations. Le temps emporte si vite les événements, les impressions, les pressentiments qu’ils font naître, qu’il peut être bon de donner sa date à la moindre chose, quoique cette feuille soit du nombre de celles que ALFRED DE VIGNY. 115 le vent emporte sans qu’on les ait vues passer. » Paris et les Amants de Montmorency devaient être les onzième et douzième pièces du recueil projeté par le poète sous ce titre Elévations. Les dix premières n’ont jamais vu le jour, du moins avec leur intitulé primitif. Mais revenons au volume des Poèmes. L’édition de 1829, précédée d’une préface, (qui n’est pas celle de 1822), présente cette particularité que la même année, trois mois après la première mise en vente, il en fut fait une réimpression, pour laquelle Alfred de Vigny écrivit une seconde préface. Cette dernière s’y trouve imprimée après celle de la précédente édition, que nous indiquions plus haut, et c’est la première préface de 4829 qui, à peu de chose près, existe encore aujour- d’hui en tête des Poésies complètes de l’écrivain. L’Ode au Malheur, qui avait seulement paru dans l’édition de 1822, ne fut rétablie qu’en 1842 parmi les œuvres de l’auteur, dans la première édition de ses Poésies complètes, for- mat in-douze, chez Charpentier ; elle y fut H6 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. replacée grâce aux observations de M. Sainte- Beuve dont nous avons parlé, et, depuis lors, elle a fait partie de toutes les réimpressions de cet ouvrage Revenons maintenant sur nos pas ; aussi bien avons-nous terminé la partie bibliogra- phique de ce travail, puisque, à l’exception des Destinées, poésies posthumes publiées en un volume in-octavo chez Michel Lévy en 1864, lesquelles, pour la plupart, avaient paru an- térieurement dans la Revue des Deux Mondes et n’ont pas subi de changements, nous avons parlé de toutes les œuvres poétiques de l’au- teur de Cinq-Mars. Retournons à l’édition de 1822, et reprenons nos citations de ses œuvres disparues par les quelques lignes de préface 1. SI. Anatole France nous a fait, sans qu’il s’en soit douté, un bien vif plaisir en parlant avec éloge de nos pages, anonymes alors, dans sa charmante étude sur Alfred de Vigny, (in-dix-huit, Bachelin Deflorenne, 1868), son premier ouvrage, et en y citant même, en note, les paragraphes qu’on vient de lire. Il avait emprunté ceux-ci à la Petite Revue de février et mars 1866, qui, elle-même, donnait seulement une réimpression anonyme de notre travail, paru pour la première fois, sous ce pseudonyme : Biblio- phile Isaac, en septembre 1865, dans une publication belge. Ce sont aussi nos premières lignes livrées à l’impression. ALFRED DE VIGNY. 117 7. qui ouvrent le volume et précèdent le poème d’Héléna, poème qu’il est impossible de réim- primer ici à cause de son étendue PREMIÈRE PRÉFACE DE 1822. « Dans quelques instants de loisir, j’ai fait des vers inutiles ; on les lira peut-être, mais on n’en retirera aucune leçon pour nos temps. Tous plaignent des infortunes qui tiennent aux peines du cœur, et peu d’entre mes ou- vrages se rattacheront à des intérêts politiques. Puisse du moins le premier de ces poèmes n’être pas sorti infructueusement de ma plume 1 Je serai content s’il échauffe un cœur de plus pour une cause. sacrée. Défenseur de toute lé- gitimité, je nie et je combats celle du pouvoir ottoman. » Il faut remarquer, en lisant ces lignes, com- bien les appréciations de l’auteur ont dû chan- ger depuis l’époque où il les écrivit, puisque Héléna, le seul de ses poèmes qu’il y pro- pose à l’attention de ses lecteurs, a été plus tard jugé par lui-même indigne de figurer 118 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. dans ses œuvres. Hélénà méritait mieux que cet ostracisme, justifié peut-être aux yeux d’Alfred de Vigny par une certaine obscurité répandue dans le plan et dans les détails. Le sujet est un. épisode de la révolte de la Grèce, et son caractère politique fut aussi, sans doute, au nombre des causes qui décidèrent un jour le poète à le supprimer de ses œuvres. Cette sévérité est regrettable, car il s’y trouve des parties très bien traitées et tout à fait réussies. Dans l’impossibilité où nous sommes de repro- duire en entier ce poème, nous croyons ne pouvoir mieux faire que d’en donner au moins un fragment, digne en tous points du chantre d’Éloa Si de grands bœufs errants sur les bords d’un marais Combattent le loup noir sorti de ses forets, Longtemps en cercle étroit leur foule ramassée Présente à ses assauts une corne abaissée, Et, reculant ainsi jusque dans les roseaux, Cherche un abri fangeux sous les dormantes eaux. Le loup rôde en hurlant autour du marécage II arrache les joncs, seule proie à sa rage, Car, au lieu du poil jaune et des flancs impuissants, Il voit nager des fronts armés et mugissants. Mais que les aboiements d’une meute lointaine Rendent sûrs ses dangers et sa faite incertaine, ALFRED DE VIGNY. 119 Il s’éloigne à regret ; son œil menace, et luit Sur l’ennemi sauvé que lui rendra la nuit. Tandis que, ranimé dans sa retraite humide, Le troupeau laboureur, devenu moins timide, Sortant des eaux ses pieds fourchus et limoneux, Contemple le combat des limiers généreux. Tels les Athéniens du haut de leurs murailles, Écoutaient, regardaient les poudreuses bistailles. Nous regrettons de ne pouvoir citer davan- tage, car en plus d’un endroit nous retrouve- rions encore ce talent pur et sobre qui carac- térise Alfred de Vigny et donne à ses œuvres un accent à part au milieu de ses contemporains. Voici maintenant la préface placée avant la dernière partie du volume, et qui, elle aussi, a disparu dans toutes les éditions suivantes DEUXIÈME PRÉFACE DE 1822. <c On éprouve un grand charme à remonter par la pensée jusqu’aux temps antiques c’est peut-être le même qui entraîne un vieillard à se rappeler ses premières années d’abord, puis le cours entier de sa vie. La poésie, dans les âges de simplicité, fut tout entière vouée aux beautés des formes physiques de la nature et 120 LES LUNDIS D’UN_ CHERCHEUR. de l’homme ; chaque pas qu’elle a fait ensuite avec les sociétés, vers nos temps de civilisa- tion et de douleurs, a semblé la mêler à nos arts ainsi qu’aux souffrances de nos âmes ; à présent, enfin, sérieuse comme notre religion et la destinée, elle leur emprunte ses plus grandes— beautés sàns’jamais se décourager, elle a suivi l’homme dans son grand voyage, comme une belle et douce compagne. » J’ai tenté dans notre langue quelques-unes de ses couleurs, en suivant aussi sa marche vers nos jours. » D’après l’ordre des suppressions, il nous faut donner ici les vers enlevés, au grand re- gret de M. Sainte-Beuve, dans la Femme adultère il faut les intercaler dans le poème, tel qu’il est aujourd’hui, après le vers sui- vant, le cent huitième de la pièce <t Et l’acier des miroirs que souhaitaient vos yeux. et continuer ainsi c Mais quelle est cette femme étendue à la porte ?. » Dieu de Jacob ! c’est elle ! accourez 1 elle est mortel. » n dit, les serviteurs s’empressent. Sur son cœur, H l’enlève en ses bras ; sa voix, avec douceur, ALFRED DE VIGNY. 121 L’invite la lumière, et par une eau glacée, Veut voir de son beau front la pâleur effacée. Mais son fils, d’une épouse ignorant le danger, L’appelle et dans ses pleurs accuse l’étranger. a L’étranger ! quel est-il ? Parcourons la demeure, n Dit le maître irrité que cet assassin meure Des suivantes alors le cortège appelé, Se tait ; mais le désordre et leur trouble ont parlé. 11 revient, arrachant ses cheveux et sa robe ; Sous la cendre du deuil sa honte se dérobe ; Ses pieds sont nus ; il dit : a Malheur ! Malheur à vous ! p Venez, femme,’à l’autel rassurer votre époux, n Ou, par le Dieu vivant qui déjà vous contemple » Elle dit, en tremblant : « Seigneur, allons au temple. On marche. De l’époux les amis empressés L’entourent tristement, et, tous, les yeux baissés, Se disaient « Nous verrons si, dans la grande épreuve, Sa bouche de l’eau sainte impunément s’abreuve. » On arrive en silence au pied des hauts degrés Où s’élève un autel Couvert d’habits sacrés Et croisant ses deux bras sur sa poitrine sainte. Le prêtre monte seul dans la pieuse enceinte. La poussière de l’orge, holocauste jaloux Est d’une main tremblante offerte par l’époux. Le pontife la jette à la femme interdite, Lui découvre la tête, et tenant l’eau bénite a Si l’étranger jamais n’a su vous approcher, D Que l’eau, qui de ce vase en vous va s’épancher, D Devienne d’heureux jours une source féconde ; )1 Mais si, l’horreur du peuple et le mépris du monde, 1. L’autel des holocaustes. Le peuple ne pouvait pas entrer dans le temple, il restait dans une cour où était cet autel. (Mœurs des Israélites, chap. xx.) 2. Voyez les Nombres, chap. V. v, 15, 16, etc. 122 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Par un profane amour votre cœur s’est souillé, Que flétri par ces eaux, votre front dépouillé Porte de son péché l’abominable signe, Et que, juste instrument d’une vengeance insigne, s Leur poison poursuivant l’adultère larcin En dévore le fruit jusque dans votre sein. s Il dit, écrit ces mots, les consume, et leur cendre Parait, avec la mort, au fond des eaux descendre ; Puis, il offre la coupe un bras mal assuré La reçoit ; on se tait : « Par ce vase épuré, Dit l’épouse, mon cœur. De poursuivre incapable Grâce ! dit-elle enfin, grâce je suis coupable. » La foule la saisit. Son époux furieux S’éloigne avec les siens, en détournant les yeux, Et du sang de l’amant sa colère altérée Laisse au peuple vengeur l’adultère livrée. Par la suppression de ces vers, Alfred de Vigny a créé une lacune sensible dans son poème, lacune, qui, toute curiosité littéraire mise à part, en rend le sujet très obscur ; il n’y a guère porté remède en remplaçant le fragment annulé par les deux vers suivants Voilà ce qu’il disait, et de Sion la sainte. Traversait à grands pas la tortueuse enceinte. qui sont insignifiants et ne peuvent tenir lieu de ceux qu’il a rayés. Dans la pièce intitulée la Prison, il a con- damné aussi quelques vers, qui se trouvaient ALFRED DE VIGNY.. 123 après le quarante-huitième du poème et com- plétaient la réponse du mourant ; les voici Vous m’appelez ; mon fils ? Si vous étiez mon père, D Vos pas seraient tardifs en ces lieux. Et ma mère » Ne viendra-t-elle pas me regarder mourir ? u Aujourd’hui que leur fils va cesser de souffrir, s Qu’ils viennent tous les deux voir ma reconnaissance.

0 Mais ne les a-t-on pas punis de ma naissance

i Ils ont dû l’expier, car, devant votre loi, s Si je suis criminel ils le sont plus que moi. La dernière élimination du recueil a eu pour objet quelques vers du poème intitulé le Bal ; ils se. trouvaient après le dixième, et ont été remplacés par ces deux vers nou- veaux Au bras qui la soutient se livre, et, pâlissant, Tourne, les yeux baissés sur un sein frémissant. Voici maintenant ceux qui ont été sup- primés Mais, dans les airs émus, la musique a cessé La danseuse est as.sise en un cercle pressé ; Tout se tait. Et pourquoi, graves, mais ingénues, Ces trois jeunes beautés vers un homme venues ? Cette douleur secrète, errante dans ses yeux, N’a pas déconcerté l’abord mystérieux ; 124 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR Elles ont supplié ; puis, s’aidant d’un sourire, Elles ont dit « Les vers ont sur nous tant d’empire 1 Ils manquaient à la fête et le bal les attend. Le sujet est donné, c’est la danse ; on entend De plus, la conclusion de cette même pièce a été effacée, et si l’on veut reconstituer la version primitive dans son ensemble, il faut replacer les vers que nous allons citer après la fin du poème tel qu’il est aujourd’hui O.ù donc est la gaieté de la danse légère ? Ces mots ont-ils détruit sa grâce passagère ? Au lieu du rire éteint qui n’ose plus s’offrir, L’éventail déployé nous dérobe un soupir. Hélas Lorsqu’un serpent est mort dans une source, D’une eau vive et limpide elle poursuit sa course ; Mais son matin n’a plus de fécondes vapeurs, Et le gazon s’abreuve des trésors trompeurs La reine marguerite a perdu sa couronne, Le bluet incliné de pâleur s’environne, Et l’enfant qui, joyeux, vient et s’y rafraîchit, Pleure et crie en fuyant, car son genou fléchit, Son cœur traîne un feu sourd, une torture amère, Et des maux dont jamais n’avait parlé sa mère.. La première préface de l’édition de 1829, bien qu’à peu près semblable à celle qui se trouve maintenant en tête des Poésies, mérite, nous samble-t-il, d’être transcrite ici à cause ALFRED DE VIGNY. 125 des légères différences qu’elle présente avec la version actuelle elle est datée de mai 1829. PREMIÈRE PRÉFACE DE 1829. a Nous réunissons ici, pour la première fois, des poèmes qui furent composés et publiés de temps à autres, çà et là, à travers la vie errante et militaire de l’auteur. Plusieurs nou- veaux poèmes en remplacent d’autres, qui ont été jugés sévèrement par lui-même et re- tranchés de l’élite de ses œuvres. p Le seul mérite qu’on n’ait jamais disputé à ces compositions, c’est d’avoir devancé en France toutes celles de ce genre, dans les- quelles presque toujours une pensée philoso- phique est mise en scène sous une forme épique ou dramatique. » Ces poèmes portent chacun leur date : cette date peut être à la fois un titre pour tous, et une excuse pour plusieurs car, dans cette route d’innovations, l’auteur se mit en marche bien jeune, mais le premier. » Une remarque à faire à propos de ces lignes, c’est qu’Alfred de Vigny dit ici, en faisant 126 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. allusion à la suppression des deux pièces, Béléna et l’Ode au Malheur, que « plusieurs nouveaux poèmes en remplacent d’autres » jugés sévèrement par lui. Cette assertion, exacte dans celte édition et dans celle de 1837, est devenue fautive depuis celle de 1842, où l’Ode au Malheur— fut rétablie la préface, qui avait subi lors de la réimpression des Œuvres cornplètes, en 1837, les quelques changements qu’on y constate encore aujourd’hui, ne fut plus modifiée, et par suite garda le mot « autres au pluriel, tandis qu’en réalité il n’y eut plus d’autre suppression totale que celle d’Béléna. Nous donnons maintenant la préface écrite pour la deuxième édition de 1 829 elle est datée de juillet, et a disparu aussi dans toutes les réimpressions suivanles DEUXIÈME PRÉFACE DE 1829. « Ces poèmes viennent d’être réimprimés, et voilà qu’on les imprime encore peu de jours après. Lorsqu’ils parurent il y a neuf ans1, ils furent presque inaperçus du public. 1. Il y avait sept ans (1822), et non pas neuf ans.

» Tout cela devait être. Les choses se sont bien passées. De part et d’autre on peut être content. Chaque idée a son heure.

» C’est bien peu de chose qu’un livre comme celui-ci mais s’il plaît aujourd’hui, c’est qu’alors il étonna ; c’est peut-être qu’il prévenait un désir de l’esprit général, et qu’en le prévenant il acheva de le développer ; c’est qu’une goutte d’eau est remarquée lorsqu’elle jaillit au delà d’une mer ou d’un torrent, une étincelle lorsqu’elle dépasse les flammes d’un grand foyer.

» Si ce n’était appliquer de trop vastes idées à un humble sujet, on pourrait dire encore que la marche de l’humanité dans la région des pensées ressemble à celle d’une grande armée dans le désert. D’abord la multitude s’avance et n’aperçoit ni ses éclaireurs perdus en avant d’elle, au delà de l’horizon, ni les traînards qu’elle sème en arrière sur sa route ; elle sent bien le besoin du mouvement, mais elle en ignore le terme ; chaque nouvel aspect, elle croit l’avoir découvert ; elle prend possession de l’espace ; et quoiqu’elle ne porte sa vue qu’à une étendue très bornée, elle 128 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. marche incessamment dans des régions sans bornes elle s’aperçoit qu’on l’a précédée seu- lement lorsqu’elle trouve l’empreinte des pas sur le sable, et un nom d’homme gravé sur quelque pierre alors elle s’arrête un moment pour lire ce nom, et continue sa marche avec plus d’assurance. Elle dépasse bientôt les traces du devancier, mais ne les efface jamais. Que ce pas ait été rencontré à une grande ou courte distance, sur la montagne ou dans la vallée, qu’il ait fait découvrir un grand fleuve ou un humble puits, une vaste contrée ou une petite plante, une pyramide ou le bracelet d’une momie, on en tient compte à l’homme qui l’osa faire. Ce faible pas peut suffire à créer une haute renommée, tant la destinée de chacun dépend de tous. Dans cette rapide et continuelle traversée vers l’infini, aller en avant de la foule c’est la gloire, aller avec elle c’est la vie, rester en arrière, c’est la mort même. » 11 ne nous reste plus maintenant, pour com- pléter ce travail, qu’à citer quelques pièces de vers d’Alfred de Vigny, qui n’ont été réunies ALFRED DE VIGNY. 129 à aucune édition de ses œuvres ; nous les don- nerons d’après l’ordre chronologique de leur publication. CHANT DE SUZANNE AU BAIN De l’époux bien-aimé n’entends-je pas la voix ? Oui, pareil au chevreuil, le voici, je le voie. Il reparaît joyeux sur le haut des montagnes, Bondit sur la colline et passe les campagnes. Oli 1 fortifiiez— m i mêlez des fruits aux fleurs 1 Car je languis d’amour et j’ai versé des pleurs. J’ai cherché dans les nuits, à l’aide de la flamme, Celui qui fait ma joie et que chérit mjn âme. Oh comment à ma couche est-il donc enlevé Je l’ai cherché partout et ne l’ai pas trouvé. Mon époux est pour moi comme un collier de myvrhe ; Qu’il dorm. : sur mon sein, je l’aime et je l’admire. Il est blanc entre mille et brille le premier ; Ses cheveux sont pareils aux rameaux du palmier ; A l’ombre du palmier je me suis reposée, Et d’un nard précieux ma tête est arrosée. Je préfère sa bouche aux grappes d’Engaddi. Qui tempèrent, dans l’or, le soleil de midi. Qu’à m’entourer d’amour son bras gauche s’apprête, Et que de sa main droite il soutienne ma tête 1 Quand son cœur sur le mien bat dans un doux transport, Je me meurs, car l’amour est fort comme la mort. Si ses cheveux sont noirs, moi je suis blanche et belle, Et jamais à sa voix mon âme n’est rebelle. 130 LES LUNDIS D’ON CHERCHEUR. Je sais que la sagesse est plus que la beauté, Je sais que le sourire est plein de vanité, Je sais la femme forte et veux suivre sa voie « Elle a cherché la laine, et le lin et la soie. m Ses doigts ingénieux ont travaillé longtemps ; Elle partage à tous et l’ouvrage et le temps ; m Ses fuseaux ont tissé la toile d’Idumée ; » Le passant dans la nuit voit sa lampe allumée. » Sa main est pleine d’or et s’ouvre à l’indigent ; Elle a de la bonté le langage indulgent ; p Ses fils l’ont dite heureuse et de force douée ; Ils se sont levés tous, et tous ils l’ont louée. » Sa bouche sourira lors de son dernier jour. » Lorsque j’ai dit ces mots, plein d’un nouvel amour, De ses bras parfumés mon époux m’environne, Il m’appelle sa sœur, sa gloire et sa couronne ! (31USE française du 15 avril 18W.) SUR LA MORT DE BYRON Son génie était las des gloires de la lyre, Et déjà dédaignant cet impuissant délire, Quittant le luth divin qu’il vouait à l’enfer, Sa main impatiente avait saisi le fer. Deux couronnes sont tout dans les fastes du monde Orné de la première, il voulait la seconde ; Il allait la chercher au pays du laurier, Et le poète en lui faisait place au guerrier. 1 Ces strophes sont une paraphrase presque littérale d’un passage du Cantique des cantiques. ALFRED DE VIGNY. 131 11 tombe au premier pas, mais ce pas est immense ; Heureux celui qui tombe aussitôt qu’il commence ! Heureux celui qui meurt et qui ferme des yeux Tout éblouis encor de rêves glorieux ! Il n’a pas vu des siens la perte ou la défaite ; Il rend au milieu d’eux une âme satisfaite ; Et s’exhalant en paix dans son dernier adieu, Le feu qui l’anima retourne au sein de Dieu. A l’éternel foyer Dieu rappelle ton âme ; Tu le sais à présent d’où venait cette flamme Qui, prenant dans ton cœur un essor trop puissant, A dévoré ton corps et brûlé tout ton sang. Peut-être, parvenue à l’âge des douleurs, Vierge encore au berceau, née entre deux malheurs, Connaissant tout son père et fuyant sa famille, Devant ce cœur brisé viendra tomber sa fille Et quand le lulh muet et le fer paternel Auront reçu les pleurs de son deuil éternel, Sa voix douce, évoquant une mémoire amère, Y chantera l’adieu qu’il chanta pour sa mère. Poète conquérant, adieu pour cette vie 1 Je regarde ta mort et je te porte envie ; Car tu meurs à cet âge où le cœur, jeune encor, De ses illusions conserve le trésor. Tel, aux yeux du marin, le soleil des tropiques Se plonge tout ardent sous les Ilots pacifiques, Et, sans pâlir, descend à son nouveau séjour Aussi fort qu’il était dans le milieu du jour. (MUSE française du 13 juin i824.) 1. Ada, cette jeune fille dont il a parlé dans l’élégie inti- tulé ddieu, et dans Child-Harold. (Note de l’anteur.) FATUITÉ

Parfois, mes doigts distraits, de ma langue moustache,
Aiment à caresser le contour gracieux ;
Et c’est avec plaisir que mon regard s’attache
Au miroir complaisant où se peignent mes yeux.

1835.

(LE CORSAIRE, 18 juillet 1801)[3].

A l’exception de quelques articles en prose, publiés dans la Revue des Deux Mondes et la Muse française, nous avons indiqué ou cité dans ce travail toutes les œuvres oubliées d’Alfred de Vigny [4]. Nous aurons rempli notre tâche et atteint notre but, si ces pages peuvent occuper ou intéresser quelques instants les vrais amis des lettres, et ramener l’attention sur les écrits de ce poète remarquable, si tôt et si facilement oublié de la foule, absorbée, comme toujours, par les œuvres médiocres, et vouée à la littérature vulgaire, aux succès éphémères et aux réputations surfaites. AEFRED DE VIGNY. 133 8 NOTE. Voici, pour quelques curieux, le relevé des articles écrits en prose dont nous n’avons point parlé jusqu’ici Œuvres du baron de Sorsum. MUSE FRAN- ÇAISE, 15 janvier 1824 1. Amour, à elle, par un anonyme. Muse fran- çAisE, 15 mars 4824. Scènes du désert, fragments de VAlmeh. roman. REVUE DES DEUX MONDES, tome II, de 1831. Lettre, à propos d’Antony. REVUF DES DEUX MONDES, tome II, de 1831. Anecdotes sur Alger. Revue DES DEUx Mox- DES, tome III, de 1832. Ces deux derniers articles, anonymes dans la Itevue, sont signés à la table générale de la collection. Retour à Paris, par E. Deschamps. MERCURE DU dix-neuvième SIÈCLE, tome XXXVI, 1832. Chanabord en 4639. MUSÉE DES FAMILLES, tome Ier, 1833-34 (numéro de mai 1834). 1. Il est fait allusion à cet article dans une note de la pré- face du More de Venise. 134 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Nous donnons ici ces lignes curieuses « A quatre lieues de Blois, à une lieue de la Loire, dans une petite vallée fort basse, entre des marais fangeux et un bois de grands chênes, loin de toutes les routes, on rencontre tout à coup un château royal, ou plutôt magique. On dirait que, contraint par quelque lampe mer- veilleuse, un génie d’Orient l’a enlevé pendant une des mille et une nuits, et l’a dérobé au pays du soleil, pour le cacher dans ceux des brouillards avec les amours d’un beau princej Ce palais est enfoui comme un trésor ; mais à ces dômes bleus, à ces élégants minarets, ar- rondis sur de larges murs ou élancés dans l’air, à ces longues terrasses qui dominent les bois, à ces flèches légères que le vent balance, à ces croissants entrelacés partout sur les colonnades, on se croirait dans les royaumes de Bagdad ou de Cachemire, si les murs noircis, leur ta- pis de mousse et de lierre et la couleur pâle et mélancolique du ciel n’attestaient un pays pluvieux. Ce fut bien un génie qui —éleva ces bâtiments, mais il vint d’Italie et se nomma le Primatice ; ce fut bien un beau prince dont les ALFRED DE VIGNY. 135 amours s’y cachèrent, mais il était roi, et se nommait François Ier. Sa salamandre y jette ses flammes partout ; elle étincelle mille fois sur les voûtes comme feraient les étoiles d’un ciel ; elle soutient les chapiteaux avec sa cou- ronne ardente ; elle colore les vitraux de ses feux ; elle serpente avec les escaliers secrets, et partout, semble dévorer de ses regards flam- boyants les triples croissants d’une Diane mys- térieuse. » Mais la base de cet étrange monument est comme lui pleine d’élégance et de mystère c’est un double escalier qui s’élève en deux spirales, entrelacées depuis les fondements les plus lointains de l’édifice, jusqu’au-dessus des plus hauts clochers, et se termine par une lan- terne ou cabinet à jour, couronné d’une fleur de lys colossale, aperçue de bien loin ; deux hommes peuvent y monter ensemble sans se voir. » Cet escalier lui seul semble un petit tem- ple isolé ; comme nos églises, il est soutenu et protégé par les arcades de ses ailes minces, transparentes, et pour ainsi dire brodées à jour. On croirait que la pierre docile s’est ployée i36 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. sous les doigts de l’architecte ; elle parait, si l’on peut le dire, pétrie selon les caprices de son imagination. On conçoit à peine comment les plans en furent tracés, et dans quels termes les ordres furent expliqués aux ouvriers ; cela semble une pensée fugitive, une rêverie brillante, qui aurait pris tout à coup un corps durable, un songe réalisé. » La suite de la FRANCE LITTÉRAIRE de Qué- rard fait erreur en citant comme l’auteur de Paris comme Napoléon le voulait, dans le LIVRE DES CENT ET UN, Alfred de Vigny, qui n’a pas écrit une ligne dans ce recueil, où ne se trouve, du reste, aucun article portant le titre cité par le continuateur de Quérard. Londerzeel, août 1865. POST-SCRIPTUM. Depuis l’apparition de ces lignes, écrites il y a près de trente ans, Alfred de Vigny a retrouvé tout son prestige et toute sa renom- mée. Les jeunes hommes d’aujourd’hui l’ont adopté, attirés par sa désespérance et par son ALFRED DE VIGNY. i37 8. pessimisme marmoréen. Isolé dans sa tour d’ivoire, jugeant que le silence est la plus noble règle pour une âme élevée, déçue et meurtrie, le poète semble avoir traversé, ou tout au moins pressenti, nos temps découragés. C’est sans doute l’ancêtre et le précurseur du siècle qui s’annonce, et ce méconnu d’hier pourrait bien être le triomphateur de demain. Quelques pièces de vers et beaucoup de lettres du poète ont passé dans la publicité depuis 1865. Mais le morceau inconnu le plus important, mis au jour cette année même (1892), est un Conte arabe, publié en Amérique dans un volume anglais intitulé Four private librai- ries of New-York, par M. H. Pène du Bois, lequel contient l’analyse de quatre bibliothèques célèbres à New-York. Il s’agit d’une lettre ren- fermant, en effet, une anecdote arabe, lettres adressée à une dame dont le nom n’est pas prononcé. L’autographe fait partie de la célèbre collection romantique de M. Jolly-Bavoillot. Le JOURNAL D’UN PoÈTE, œuvre posthume d’Alfred de Vigny, ci été publié, en 1867, par les soins de son héritier littéraire, M. Louis Ratisbonne. On trouve à sa suite, avec d’autres 138 LES LUNDIS D’UN CIIERCHFUR. vers inédits, et quelques fragments d’Héléna, ces trois.pièces, dont deux (la première et la troisième), avaient été citées par nous en 1865 dans la première version de notre travail Le Bateau, barcarolle improvisée, avec la musique de madame Ménessier-Nodier. Revue DES Deux MONDES, 15 a0tit 1531. L’Esprit parisien, sonnet. l’Ariel, 19 mars 1836. La Poésie des Nombres, dédiée à Henri Mon- deux, le jeune pâtre calculateur. REVUE DES DEUX MONDES. Page 504 du tome 2 de l’an- née 1841. Pièce non indiquée à la table. Voici enfin les quelques pièces de vers, signées du nom d’Alfred de Vigny, mises au jour en ces dernières années. Nous les citons, bien entendu, sans garantir aucunement leur au- thenticité, car deux ou trois d’entre elles nous semblent même fort sujettes à caution.

À MADAME DORVAL

SONNET[5]

Si des siècles mon nom perce la nuit obscure,
Ce livre, écrit pour vous, sous votre nom vivra.
Ce que le temps présent tout bas déjà murmure,
Quelqu’un, dans l’avenir, tout haut le redira.
D’autres yeux ont versé vos pleurs. Une autre bouche
Dit des mots que j’avais sur vos lèvres rangés.
Et qui vers l’avenir (cette perte vous touche),
Iront de voix en voix moins purs et tout changés.
Mais qu’importe ! Après nous ce sera pire chose ;
La source en jaillissant est belle, et puis arrose
Un désert, de grands bois, un étang, dés roseaux ;
Ainsi jusqu’à la mer où va mourir sa course.
Ici, destin pareil. Hais toujours à la source,
Votre nom bien gravé se lira sous les eaux.

26 juillet 1831.

Marie Dorval, un volume anonyme. In-douze, 1868. (Par M. E. Coupy.) 140 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR.. SUR UN ALBUM Pourquoi, demandez-vous, nous peindre la justice Boiteuse et cheminant sans jamais se presser C’est (ainsi l’a voulu le Dieu bon, même au vice, ) Pour que le repentir la puisse devancer. Le morde illustré, du 24 février 1872. (Dans le Courrier de Paris. de M. Pierre véron.) ROMANCE SUR R L’A1 R dJ6 sœur, te souvient-il encore ? 1 Doux souvenir de la patrie, Doux souvenir de mon amie ! Charmez du rêve des beaux jours Ma vie, Et rappelez-moi mes amours Toujours. II Ah quand reviendra l’aoustage Je veux retourner au village, Aux Iieux que l’aubépine en fleur Ombrage, Où l’amour ouvrit au bonheur Mon cœur. ALFRED DE VIGNY. 14 fil Je reverrai l’humble colline Où fleurit la blanche églantine, Qu’un bois, dans nn lointain obscur, Domine, Et que couronne un ciel d’azur, Si pur. VI 0 lieux de douce souvenancel C’est là qu’aux jours de mon enfance A l’heure où l’hymne du matin Commence, J’entendais retentir l’airain, Lointain. V Avant que le coteau jaunisse Je reverrai l’humble édifice Où, rappelée au sein de Dieu, Clarisse En mourant vint dire à ce lien Adieu. VI Au tombeau que l’Authie arrose J’offrirai le lys et la rose, L’anémone aux douces couleurs Mi-close, Et là je baignerai de pleurs Mes fleurs. 142 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. vII Je reverrai la verte allée Que foulait la jeune exilée Quand des longs soupirs de son sein Troublée, Elle abandonna dans ma main Sa main. VIII C’est là qu’auprès d’une onde pure Le saule, à la pâle verdure, Parmi les joncs et les roseaux Murmure Et couvre de ses longs rameaux Les eaux. IX Là, sur la tremblante nacelle, Je fendais les flots auprès d’elle ; La lune à notre rendez-vous Fidèle, Versait ses rayons les plus doux Sur nous. X Combien de fois, u mon amie, Le cœur plein de ta rêverie, J’entendais tomber à longs flots La pluie, Qui rendait encor nos berceaux Plus beanx. ALFRED DE VIGNY. iVÎ XI C’est là qu’auprès de son vieux chêne Je respirais sa douce haleine, Et caressant ses longs cheveux D’ébène, Je voyais s’ouvrir dans ses yeux Les cieux. XII Là, dans la dernière soirée, M’offrant la pâle germandrée, Ce dernier gage d’une foi Sacrée, Elle me dit a Ressouviens-toi De moi. » XIII An sein du vallon solitaire Je reverrai le monastère Où nos deux noms qu’a désunis La terre Sont au moins sur ces froids débris Unis. XIV Ah 1 quand reviendra l’aonstage Je reverrai mon beau village Et le vallon qu’un bois si frais Ombrage. Mais la beauté que tant j’aimais, Jamais 1 144 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. c Cette chansou a été improvisée, un soir, il y a longtemps, autour d’une table de famille, pour fournir des paroles à l’air que fredonnait un enfant. LA Renaissance littéraire ET aktistiqoe, 7 septembre 1873. A DAVID D’ANGERS (Écrit sur un exemplaire de Cinq-Mars.) A vous qui soufflez une âme Sur les flots du bronze en flamme ; Vous, dont la puissante main N’eut jamais d’étreintes vaines Vous, dont le marbre a des veines Où coule le sang humain. VEHT-VEaT. n août 1837, et David d’Angers, etc., par Henri Jouin (tome ior, p. 241, Deux volumes, 1878. SIXAIN En ce siècle, qu’on dit siècle d’égalité, Et que j’appelle, moi, siècle de vanité, Chacun, pour y pouvoir trouver la particule, Travaille sur son nom et le désarticule, Et le vainqueur de Tyr, s’il existait encor, Signerait, j’en suis snr, Nabucho de N’ozor. L’Évékemest, 10 avril 1882’; LE VOLEUR, 27 novembre 188* et 6 août 188 : LE FIGARO, 10 novembre 1890. 1. D’après ce journal, l’autographe aurait été vendu la veille à la salle Drouot. ALFRED DE VIGNY. 145 9 A JULES JANIN (Pour le jour de sa fètc.) Merci, mon cher poète, il ton fifre charmanl ; Harmonieux et tendre, il captivait mon âme, Les flots n’ont pas noyé tes sons, et l’océan Ne les a pas couverts d’une oublieuse lame. Comme un parfum de fleurs, comme un aimable encens, l’s sont montés, pieux, vers la céleste voûte. D’illustres morts suivaient tes i-êves et tes chants. Béranger te sourit, Chateaubriand t’écoute. Et moi je viens, l’un des derniers, Près de ces noms prendre ma place. Je te couronne de lauriers Que pour toi m’a remis Horace. LE Forez mttérjikz ET artistique, numéro deux, p. 28. Décembre-janvier 1888-1889. Nous n’aurions pas pris la responsabilité de remettre au jour toutes ces citations, tant quel- ques-unes d’entre elles nous semblent faibles, si nous n’avions trouvé ces pièces, signées, dans les recueils indiqués. Notre désir de cher- cheur qui veut être complet nous a donc engagé à les recueillir néanmoins ici, uniquement à titre de curiosités. La gloire d’Alfred de Vigny ne saurait en souffrir, et, pour conclure, nous allons du reste retrouver tout entier le poète dans 146 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. cette belle lettre inédite, adressée à Victor Hugo au moment de la mort de sa fille Léopoldine, disparue sous les flots avec son mari, peu de temps après leur mariage. On n’a pas oublié cet horrible drame. Paris, 30 novembre 1863. « Si vos larmes vous ont permis de lire les noms de vos anciens amis, Victor, vous avez vu le mien à votre porte en revenant à Paris. » Devant de telles infortunes toute parole est faible ou cruelle. Tout ce qu’on peut dire est trop pour le cœur que l’on déchire, ou trop peu devant l’horreur de l’événement. n Si je vous avais vu, je ne vous aurais pas parlé ; mais ma main, qui signa votre contrat de mariage, aurait serré la vôtre, comme lorsque nous avions dix-huit ans, quand nous allions ensemble regarder le jardin de celle qui devait être votre compagne, et dont vous seul pouvez à présent appaiser (sic) la douleur. » ALF[RED] DE v[igny]. j> D’intéressants vers inédits du poète, sorte d iambe enthousiaste certainement adressé à madame Dorval, — sont joints aux manuscrits autographes des poèmes : Paris, et : les Amants de Montmorency. Ce précieux recueil est coté huit cents francs dans la première partie du Répertoire méthodique de la librairie Damascène Morgand, parue au commencement de 1893.

Enfin, un article anonyme, inséré page 397 de la Revue des Deux Mondes du 1er février 1832, et relatif à Jeanne Vaubernier, pièce jouée par madame Dorval, est aussi d’Alfred de Vigny.

1892-1893. m A PROPOS DE LETTRES INÉDITES DE GEORGE SAND 1. 1 La copie de ces lettres inédites de George Sand, exécutée seulement à quelques exem- plaires, et destinée en ce moment non à la publicité immédiate et absolue, mais unique- ment au demi-jour de quelques archives d’élite, n’a d’autre but que d’assurer dans l’avenir l’existence de cette correspondance, en préve- nant pour elle les chances de destruction et 1. Les pages suivantes étaient destinées à servir de préface à des copies manuscrites de ces lettres. Mais il n’a pas été donné suite à ce travail projeté. de dispersion, toujours à craindre pour les autographes et pour les collections de documents originaux.

Pendant près d’un demi-siècle (1832-187(5), George Sand a occupé une place si considérable dans la littérature ; au cours de cette longue période de production non interrompue, l’apparition de ses œuvres nouvelles a toujours été accueillie avec un si vif intérêt, que les documents relatifs à ce grand écrivain ne sauraient être rassemblés avec assez de soin, tant qu’il n’est pas trop tard encore pour en retrouver la trace. Ses écrits n’ont pas seulement tenu ses compatriotes sous le charme, ils se sont imposés à toutes les intelligences qui goûtent et apprécient les dons littéraires les plus élevés ; ceux-là même qui ne partageaient pas les idées.de l’auteur, n’ont pu néanmoins se sous- traire au prestige de la langue admirable dans laquelle elles sont exprimées. De plus, la personnalité de l’auteur d’Indiana est aussi peu connue que ses œuvres furent longtemps familières à tous les lecteurs. Au début même de sa carrière, la légende s’empara de sa vie et de son nom, et malgré tout LETTRES INÉDITES DE G. SAND. 151 ce qu’on.a, depuis cette époque, écrit sur sa pensée et ses sentiments, nul n’est, en somme, resté plus inconnu. Apologies passionnées, attaques systématiques, se sont succédé en vain autour du nom de George Sand sans faire sortir sérieusement l’écrivain de sa dédaigneuse indif- férence, et l’Histoire de ma vie elle-même ne fit guère connaître son auteur. Il en effaça presque complètement, en effet, tout ce qui pouvait révéler, non ses idées, mais sa per- sonne, son caractère, et surtout les événements intimes de sa vie. C’est donc dans ses lettres à ses amis, plus que partout ailleurs, qu’il faut chercher aujour- d’hui la femme célèbre qui restera l’une des individualités les plus extraordinaires de tous les temps, et qui garda jusqu’à la fin de sa carrière l’horreur de la foule et des curieux. Si, comme on l’a dit souvent, après la vie la vérité seule est due aux hommes, même aux plus illustres, la mort leur doit en revanche de faire connaître leur existence et leur ca- ractère vrais. Elle affranchit leur mémoire des fables mensongères que tant de causes diverses font naître et se développer à propos d’eux sur i52 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. la terre, et qu’ils sont fréquemment forcés par les circonstances d’accepter sans protestation. On connaît alors pour la première fois leur véritable destinée, celle de l’humanité tout entière, en réalité, et l’on voit qu’ils ont aussi porté en luttant le poids de la vie, mêlée pour eux, comme pour tous, de joies et de douleurs, de vertus et de fautes. Mais de ces révélations, presque toujours amères dans leur ensemble, et souvent même désespérées, se dégage un mérite suprême la sincérité. C’est ainsi que parfois un chef-d’œuvre surgit d’un tombeau sous l’inspiration de la Vérité, la plus belle des muses qui posent des couronnes sur les fronts humains 1. Cependant, même en sauvant de la destruc- tion les pages dont nous allons parler, on ne pourra faire absolument connaître George Sànd sous.tous ses aspects. Mais, grâce à elles, les coins du voile qui dérobe aux yeux du plus grand nombre sa physionomie réelle seront du moins soulevés dans l’avenir, et pour peu que d’autres recueils de même nature soient préparés sans délai et conservés avec soin, on peut espérer qu’un jour le voile tombera tout entier. LETTRES INÉDITES DE G. SAND. 153 9. Et qu’importe, après tout, s’il découvre en se couchant au pied de la statue quelque im- perfection inconnue, quelque tache ineffacée sur le marbre resplendissant Un semblable spec- tacle ne donne-t-il pas aux hommes un utile enseignement ? Ne leur apprend-il pas que ces grandes figures, en apparence supérieures à l’humanité lorsqu’on les contemple du sein de la foule, furent cependant pétries du même limon que notre race imparfaite ? Et ne vaut-il pas mieux les montrer avec leurs erreurs, et même avec leurs fautes, que de les envelopper éternellement d’un faux nuage de grandeur surhumaine, impénétrable aux yeux de tous ? George Sand, d’ailleurs, en se faisant con- naître tout entier, n’a rien à redouter du juge- ment des esprits impartiaux. Sa vie et son cœur ont assez de côtés inattaquables pour n’avoir pas à fuir la lumière à propos des faiblesses qu’on peut justement reprocher à la femme, et sa bonté exceptionnelle, son dévoue- ment, sa générosité, sont assez présents encore au souvenir de tous, pour qu’il soit superflu d’insister sur ces points. Mais, puisque le mot de t faiblesses » vient 154 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. d’être écrit ici n’est-il pas juste de faire à ce propos la part équitable de chacun, et de rappeler à la louange de celle qui fut tou- jours une mère irréprochable, que, lors de son procès avec son mari, ce fut George Sand qui de.manda et obtint la séparation de corps ? Le jugement fut prononcé contre lui, en laissant à l’écrivain la garde de ses deux enfants, Maurice et Solange. Et pourtant ce jugement a été rendu en 1836, après le voyage d’Italie et bien d’autres événements qui, semble-t-il à première vue, eussent pu motiver une décision contraire. Il ne faudra pas oublier ces faits en lisant un jour les lettres en question. On comprendra mieux alors ce que cette remarquable femme dit de sa triste vie, à la date du 25 août 1833 on comprendra mieux aussi qu’elle n’est pas seule responsable d’une destinée où les torts de la plupart de ceux qui y furent mêlés rempla- cèrent pour elle la Fatalité des Anciens. Ces torts sont en grande partie ignorés du public, et George Sand, dont le grand cœur dédaignait de se défendre, se laissa trop souvent calomnier plutôt que de se justifier en disant la vérité sur les autres. LETTRES INÉDITES DE G. SAND. 155 Les conditions exceptionnellement doulou- reuses de ses débuts dans la vie furent, il est permis de le croire, la cause première des fautes éclatantes qui en marquèrent la suite. Cette illustre femme, si diversement jugée, ne connut pas même les quelques années de paix et de bonheur dont presque toutes les créatures, jusqu’aux moins heureuses ici-bas, jouissent cependant à l’aurore de leur existence. Aussi l’apaisement et le calme ne vinrent-ils que bien tard pour cette nature si longtemps atteinte et meurtrie.. N’est-il pas frappant, qu’après les heures mauvaises, ce soit au foyer de la famille que George Sand ait cherché et trouvé peu à peu la sérénité et l’oubli ? En effet, malgré de cruelles souffrances physiques, cette révoltée qui, à un moment de sa vie, fut réellement Lélia, elle l’écrivait elle-même en juillet 1833, s’éteignit doucement, en aïeule bénie et vénérée, entourée de ses enfants et petits- enfants. De son côté, l’Église n’a pas repoussé après sa mort celle qui pourtant, à sa dernière heure, n’avait point sollicité son suprême par- don. Il est vrai que George Sand fut toujours 156 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. en quelque sorte, et bien entendu malgré sa propre appréciation contraire, une catholique inconsciente, ainsi qu’on l’a déjà fait remarquer ailleurs plusieurs fois 1. Du reste, ne viendra-t-il pas un jour, moins éloigné peut-être qu’on ne pourrait le supposer, où les noms de George Sand et de l’abbé de Lamennais, ces grands esprits chrétiens sinon catholiques, ne seront plus repoussés sans merci par certains fidèles, dont le rigorisme exagéré dépasse étrangement ce qu’exige la plus rigoureuse orthodoxie ? Déjà M. Spuller, dont chacun sait pourtant l’indépendance absolue en matière de foi reli- gieuse, observait le premier, il y a peu de temps, dans son remarquable livre sur l’auteur des Paroles d’un croyant, combien le programme social de ce vaincu d’autrefois lui semblait tendre à s’établir aujourd’hui jusqu’au sommet même de la chrétienté. Dans un autre ouvrage important, écrit par 1. Voir, entre autres, dans ie Bien Public du 11 juin 1877, l’article de M. Émile Zola, et celui de la Revue britan- nique d’août 1877, extrait des travaux de différents publicistes anglais. LETTRES INÉDITES DE G. SAND. 137 un ecclésiastique, celui-là’, l’auteur, tout en blâmant sévèrement l’insoumission du prêtre, rappelle aussi ses tendances humanitaires, et rêve pour leur premier apôtre, malgré sa rébel- lion, le salut éternel. Les aspirations de George Sand se rappro- chaient de celles de Lamennais. Sa pitié pour les faibles et les humbles, son infatigable cba- rité, son ardeur de prosélytisme en faveur de la fraternité universelle, sont connues de tous. Quant à son spiritualisme élevé, à sa croyance en un Dieu bon et miséricordieux, à son espoir en une vie meilleure après les angoisses de la terre, ils se sont toujours réveillés après ses crises de désespoir et de doute. Aussi, à pro- pos de certaines pages spéciales de l’auteur de Lélia, de certains appels au Créateur pleins d’éloquence et de foi, avons-nous entendu sans surprise un membre distingué du clergé fran- 1. Lamennais, d’aprés des documents inédils, par Alfred Roussel, de l’Oratoire de Rennes. Rennes, 2 volumes, parus en décembre 1892. datés 1893. Voir, au sujet des ouvrages de M. Spnller et de l’abbé Roussel, un très intéressant article de M. L. S. (Léon Séché) dans le deuxième numéro de l’drchiviste, portant la date du 10 janvier 1893. 158 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. çais nous exprimer l’opinion, qu’à son avis, l’avenir réservait à ces élans enflammés, à ces supplications entraînantes, l’étonnant retour de fortune d’être un jour cités en chaire comme d’admirables exemples de prière ardente et chrétienne. Comme preuves de cet espoir en Dieu toujours renaissant, voici quelques pages inédites bien curieuses, dont l’ensemble ne pourrait être choisi pourtant dans la circonstance que nous venons d’indiquer. Mais, ces notes personnelles, fragments d’une sorte de journal intime écrit uniquement pour son auteur, sans aucune arrière-pensée de publicité, n’en ont peut-être ainsi que plus de prix à nos yeux Mai 1847. a 1° Dieu bon, vous avez permis que cette âme froissée retrouvât un peu de vraie force, et des jours de calme. Le mal qui me rongeait les entrailles a disparu. Quand je pense qu’un médecin intelligent eût pu, avec un régime si simple, m’ôter, dix ans plus tôt, cet amas de bile qui me rongeait le foie ! 1 Il est vrai que je n’aurais peut-être pas eu la raison et la paLETTRES INÉDITES DE G. SAND. 159 tience de me soumettre à ce régime. Il a fallu pour cela qu’un de mes meilleurs amis devînt un docteur habile, et que l’amitié me fit croire à la science. p Me voilà donc arrivée à quarante-trois ans avec une santé de fer, traversée par des indis- positions périodiques douloureuses, mais qui ne me donnent que quelques heures de spleen désespéré. Le lendemain, je remercie la Provi- dence de m’avoir laissé guérir de cette sombre misanthropie 1 La souffrance physique, je l’ac- cepte de grand, cœur ; elle n’est pas mau- vaise, quand elle ne nous rend pas mauvais. » Cependant, je suis condamnée à périr par le foie. Celui qui est mort et qui était savant aussi 1, et qui me connaissait bien, me l’a prédit. Que cela arrive demain ou dans vingt ans, peu importe. J’aimerais assez que ce fût dans un an, encore mieux que ce fût dans un mois, si dans un mois Solange et Augustine sont mariées 2, car je ne peux pas dire que j’aie jamais aimé la vie. Je crois que je suis née 1. Le docteur Gaubert. 2. Sa fille et sa cousine. 160 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. avec l’impatience d’arriver à la mort. J’étais contente quand je me sentais mourir il y a dix ans. C’était la seule joie, la seule force qui me fussent restées mais mon âme se mourait la première, et j’ai consenti à sauver mon corps pour sauver mon âme. » Mon âme se porte bien aujourd’hui et mon corps aussi. Je suis prête à mourir si l’on veut. Mais, mon Dieu, je te demande de ne pas mourir en colère, et d’avoir un autre mal que celui du foie 1 » C’est pour cela que l’idée et l’envie du sui- cide me reviennent si fort depuis quelque temps. Il serait si bon de mourir dans le calme Est-il certain que nous n’ayons pas ce droit-là ? Je croyais l’avoir, ce droit inaliénable, au temps de mon scepticisme, et si je n’en ai point usé, c’est que l’amour maternel me pres- crivait d’élever mes enfants. Les voilà bientôt qui n’ont plus besoin de moi. Qui sait même si ma mort ne leur serait pas plus utile aujourd’hui que ma vie ? Mais.Dieu, auquel j’ai toujours cru, même dans le temps où je ne l’aimais plus, que j’aime aujourd’hui qu’il m’apparaît sous l’idée LETTRES INÉDITES DE G. SA.ND. 161 de bonté infinie, Dieu, dans le sein de qui je veux retourner pour qu’il me fasse renaître meilleure, ne me rejettera-t-il pas dans une sorte de néant provisoire, si je dispose moi- même des jours qu’il m’a comptés ? Dieu ré- compense et punit. Il ne connaît pas notre Code. Il n’y a point à son tribunal de peine de mort, ni de travaux forcés à perpétuité. Mais, pourtant, il récompense et punit, j’en ai la con- viction. Je n’aurais pas peur d’un peu de néant c’est si bon et si désirable, le repos Mais il ne s’agit pas de ce que je crains ou désire dans ce qu’on appelle l’autre vie. II s’agit de ne pas déplaire à ce Dieu qui est bon et que j’aime. Oh ! éclaire-moi, lumière in- finie Pourquoi as-tu permis que dès l’âge le plus tendre, la mort me soit toujours apparue si belle et si riante 7 mai 1347. » 2° —de suis, par le fait tout aussi malheu- reuse que je l’ai toujours été, et je le sens tou aussi vivement. Mais j’ai cessé de me plaindre à Dieu et aux hommes de mes souffrances. Je ne me révolte plus. Je ne crois plus à l’insensibilité 162 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. du ciel et à l’incurable perversité des hommes. Je ne suis plus mécontente de moi-même. J’ai tout expié, tout réparé, autant qu’il était en moi de le faire. Je me sens docile et résignée, ce qui ne m’empêche pas d’être très malheu- reuse, mais ce qui empêche ma souffrance d’être amère et nuisible. Dieu a donc fait pour moi tout ce qui lui était possible de faire pour une créature de mon espèce, car il est la loi vivante, et cette loi, qu’il ne nous appartient pas d’expliquer et de justifier, nous condamne à souffrir D. II Au surplus, quelle que doive être l’appré- ciation de l’avenir sur ses doctrines religieuses, George Sand repose dès aujourd’hui en terre bénite, dans l’humble cimetière de son vil- lage, auprès des compagnons de son enfance, des. amis de toute sa vie. Les arbres de son Nohant bien-aimé semblent, en signe de douleur, incliner doucement leurs branches accablées au-dessus de son cercueil, et la na-LETTRES INÉDITES DE G. SAND. 163 ture, qu’elle a tant aimée et si bien comprise, veille seule et pour toujours sur sa tombe si- lencieuse et respectée. Elle échappe ainsi à la bruyante banalité des nécropoles parisiennes et de leurs funèbres allées, rendez-vous des curieux, des oisifs et des indifférents, qui res- semblent bien plus à des lieux de plaisir qu’à des asiles de douleur et de repos. Placée, au commencement de sa carrière, dans d’autres conditions d’existence, avec ses qua- lités et l’élévation de sa nature appréciées et bien dirigées par son mari, sa destinée eût été, sans doute, très différente. Elle attaqua constam- ment le mariage mal assorti et ses cruelles conséquences, mais non, comme on l’a si sou- vent et si injustement répété, le mariage en lui-même. Il suffit pour s’en convaincre de ne pas lire seulement certains de ses ouvrages, Jacques par exemple. Celui-ci semble, en effet, une cri- tique absolue du lien conjugal. Mais il faut se rendre compte, par la connaissance d’un plus grand nombre de ses écrits, de la tendance générale de son œuvre, tendance tout à fait à l’opposé des conclusions que l’on peut tirer de la seule lecture de Jacques. 164 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. A ce propos, et justement dans l’intention de faire connaître, sur ce point, les véritables théories sociales de George Sand, telles que l’auteur les expliquait lui-même à l’occasion, nous ne résistons pas au désir de citer une de ses lettres dont nous possédons l’autographe. Elle est adressée de Paris au Dr Guépin, de Nantes, et date de l’automne de 1840, au mo- ment où le célèbre romancier achevait le Com- pagnon du Tour de France « Je vous serai très reconnaissante, monsieur, si vous voulez bien me donner les renseigne- ments que vous m’indiquez, relativement à la réunion des Compagnons de 4820. Je n’ai point la prétention d’être un jour aussi utile que vous me le dites par politesse ; mais j’ai celle d’avoir été moins nuisible que vous ne pensez, en ne cherchant à détruire que des choses menteuses et impies, le faux amour, la fausse piété, le faux mariage, la fausse vertu, etc. Pierre Leroux, dont vous semblez reconnaître la haute sagesse, ne juge pas comme vous sur mon œuvre. Il ne me faut pas moins que la sympathie d’un homme tel que lui, pour me LETTRES INÉDITES DE G. SAND. 165 consoler d’avoir encouru le blâme d’un esprit tel que le vôtre ; mais je me flatte encore que vous n’avez pas lu les livres dont vous me parlez, et je vous conseille’de ne pas les lire, car ils ont le tort inexcusable d’être fort en- nuyeux. » Quoi qu’il en soit du passé, dont je vous ferai très bon marché littérairement parlant, je désire que le présent effarouche moins votre respectable intolérance, et je répondrai avec confiance aux questions que vous avez la con- fiance de m’adresser. Je ne sais faire que des romans, et c’est un roman encore que je fais. Un compagnon menuisier en est le héros. C’est vous dire que je ne suis pas sortie des idées, des sentiments et des convictions sous l’empire desquels j’écri- vis plusieurs romans dont la tendance démo- cratique m’a été assez reprochée par le beau monde. De plus en plus attachée à Pierre Le- roux, et de plus en plus éclairée par ses croyances, peut-être nia préoccupation en ce sens est-elle devenue plus assidue ; mais elle a toujours été vive, et je n’ai d’autre garantie à vous offrir pour vous en convaincre que les 166 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR.- preuves que j’en ai données dans un bon nombre de pages, et l’intérêt bienveillant que mon noble ami accorde au croquis que je trace maintenant., » Je crois que vous pouvez donc sans mé- fiance aucune me fournir tous les documents possibles sur la vie et les actes qui sont à votre connaissance. Le roman que j’écris —est presque fini mais il n’est que le frontispice d’un recueil plus étendu et qui paraîtra en plusieurs séries (toujours sous forme de ro- man), et marquant une succession de senti- ments et d’idées chez le prolétaire. Je n’ai eu ici pour guide que le petit livre d’Agricol Per- diguier sur le compagnonnage, et j’y ai trouvé assez de poésie forte et vraie, assez de vues droites et d’assez généreux sentiments pour défrayer des volumes d’imagination. Cet homme, respectable à tous égards, m’a quelquefois parlé des cloutiers de Nantes et d’une associa- tion modèle qui, grâce à vous, existerait parmi eux. Leroux m’a parlé de vous, monsieur, commé vous le méritez, et je suis certaine que vous pouvez m’apprendre beaucoup de choses dont j’essayerai de faire bon usage. Ce que LETTRES INÉDITES DE G. SAND. 167 Perdiguier, qui est encore assez jeune, n’a pu m’apprendre, c’est l’histoire des tentatives faites par les ouvriers pour s’éclairer et se moraliser sous la forme des Devoirs ou Sociétés, durant les années écoulées depuis l’Empire jusqu’à nos jours. Par exemple, j’ignore jus- qu’à quel point les idées émises par lui dans son livre, et répandues encore un peu plus aujourd’hui par la mission qu’il s’est imposée de parcourir la France et de tenter de nou- veau la réunion des divers Devoirs, j’ignore, dis-je, jusqu’à quel point ces idées sont an- ciennes parmi les ouvriers, et il m’importe beaucoup de le savoir. D’une part, l’éditeur me presse de finir mon premier roman de l’autre, je ne voudrais pas abuser de votre extrême obligeance. Il me semble donc, mon- sieur, que vous pourriez en quelques pages résumer pour moi l’histoire de la morale sociale chez les ouvriers sous la Restauration et dans les premières années du règne glorieux que nous subissons aujourd’hui. Ce serait me don- ner la certitude que je n’ai point rêvé en at- tribuant à mon héros une intelligence et une vertu que beaucoup de lecteurs déclarent im168 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. possibles et invraisemblables. Je m’inquiète fort peu des jugements portés sur moi en haine des idées que j’exprime. Mais j’ai trop l’amour de la vérité pour vouloir, même à bonne in- tention, farder la vérité. On peut idéaliser, je crois, une réalité dont la grandeur ne s’est présentée à nous que sous des formes vul- gaires c’est le rôle de ce qu’on appelle la poésie. Mais la poésie n’a pas le droit de filer sa toile dans le vide. Il lui faut quelque branche où s’attacher. En traçant le person- nage que j’ai dans l’âme maintenant, j’ai pro- cédé un peu au hasard et n’écoutant qu’un instinct secret. Le peu de lignes que vous m’écrivez sur cette réunion de 1820 me prouve que je n’ai pas été égarée par une fantaisie d’artiste, et qu’il a pu exister dès lors un homme comme je l’ai conçu. 4-réez, monsieur, l’expression de ma bien vive gratitude pour l’aide que vous m’of- frez, et celle de ma haute considération. » GEORGE SAND. s Rue Pigalle, 16. j> LETTRES INÉDITES DE G. SAND. 169 10 Le début de cette lettre prouve que, mieux guidée, l’auteur d’Indiana eût été sans doute un des exemples les plus complets à citer en faveur des institutions dont on l’a sans cesse ac- cusée, à tort selon nous, d’attaquer et de vouloir détruire systématiquement les bases. On trouve dans les correspondances dont nous allons parler les plus intéressants détails sur la trans- formation qui changea insensiblement l’héroïne aigrie et amère des orages de 1833 en la bonne et tendre grand’mère des dernières années de sa vie. Et maintenant si, dans l’avenir, à propos de la mise au jour de ces pages intimes, le mot d’indiscrétion était prononcé après leur publi- cation, il suffirait pour en prouver l’injustice, et sans citer aucune autre des bonnes rai- sons à invoquer, de prendre George Sand lui- même comme juge et défenseur, et de rappeler ce qu’il dit à ce sujet dans ces lettres mêmes, entre autres dans celles de juillet et du 25 août 1833. On y verra s’il redoutait que tous les faits de sa vie fussent connus, et s’il réclamait la discrétion de ceux à qui il les racontait 170 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. III Toutes les lettres dont nous allons nous occu- per ici sont adressées à Sainte-Beuve, ou sortent de ses cartons. Les extraits qu’il en donna, en 1869, du vivant même de leur auteur, dans le tome premier des Portraits contemporaine (der- nière édition publiée par le critique ayant sa mort), et, la même année, dans l’appendice de la nouvelle édition de Volupté, peuvent faire pressentir l’extrême intérêt qu’offre la réunion de toutes celles qu’il a reçues du célèbre ro- mancier pendant une période de trente-sept ans, de 1833 à 1869. A part les quelques fragments cités dans ces deux ouvrages, l’en- semble de cette correspondance est donc inédit. De plus, Sainte-Beuve y a fait, dans les frag- ments publiés par lui, d’importantes suppres- sions. Un autre document des plus précieux est la lettre que l’illustre femme écrivit à son mari en 1825. Lorsque l’heure en sera venue, on appréciera certainement aussi toute l’im- portance et tout l’intérêt de cette pièce. SainteLETTRES INÉDITES’DE G. SAND. 171 Beuve l’avait précieusement conservée, et l’a fait suivre de la note autographe que voici a Lettre curieuse de madame Sand. Com- parer avec le début de Marianna. « Cette lettre a été produite par M. Dude- vant. dans l’un de ses procès avec sa femme. Le greffier du tribunal l’ayant trouvée cu- rieuse, en a pris copie, et je l’ai eue de lui !. Pendant toute sa vie, l’auteur de Joseph Delorme exerça, du reste, sur George Sand une très sérieuse influence, malgré des refroidisse- ments temporaires, dus, comme il l’a dit lui- même dans les Portraits contemporains, à des interpositions étrangères. La lettre que madame Dudevant lui adressa, en décembre 1845, donne les plus intéressants détails sur cette influence, dont on retrouve partout la trace dans sa correspondance avec le critique. Bien des années après, en 4861, elle se révèle encore dans cet ex dono inscrit en tête d’un exem- plaire de Valvèdre A mon ami Sainte- 1. L’aulographe de cette lettre est aujourd’hui entre nos mains. 172 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Beuve, chère et précieuse lumière dans ma vie » Sainte-Beuve, de son côté, appréciait à sa valeur cette sincère et noble affection, et la façon dont il en parle dans l’ouvrage déjà fré- quemment rappelé ici, le prouve éloquemment. Il avait toujours soigneusement réservé les lettres en question, se contentant de les prêter parfois à des personnes qu’il jugeait dignes de les connaître. Ainsi, en juillet 4845, il communiqua les trente premières à madame d’Arbouville, ac- compagnées de deux lettres d’Alfred de Musset, pour les lire au comte Molé et à madame de la Ferté. Il joignit à cet envoi la note autographe suivante, restée annexée depuis lors à cette précieuse correspondance INDICATION INDISPENSABLE. « Ces lettres, de madame Sand, se rapportent aux années 1833, 1834, etc. 1. Cet ex-dono a été recueilli par M. Alexis Martin et publié par lui dans son intéressant volume Étude sur tes ex-dono et dédicaces autographes ; in-8’, Baur, 1877. LETTRES INÉDITES DE G. SAND. 173 10. » Je dois l’avoir connue au commencement de 1833. p Elle était alors seule, quai Malaquais, encore liée avec Jules Sandeau, mais près de rompre. p Quelques mois après, elle rompait. n Elle écrivait alors Lélia ; moi, mon roman ( Volupté). Nous nous en lisions. » Rompant avec Sandeau, elle essaya d’autres liaisons qui turent malheureuses ou vaines, telles que celles avec Mérimée et Gustave Planche. » Puis vint Musset ; elle crut y trouver le bonheur. Ils partirent pour l’Italie. Il revint de Venise sans elle (4834), après une espèce de rupture. » Une lettre de lui se rapporte à ces temps. » Lorsqu’elle revint à Paris peu après, Musset et elle se revirent, se reprirent ; cette reprise fut sans bonheur, et bientôt vint le der- nier déchirement. La fin de cette correspon- dance se rapporte à ce moment, dont je fus témoin et confident. Il sera aisé, en lisant chaque lettre, de voir à quel moment de ces années la lettre se rapporte. » 174 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Madame d’Arbouville, en renvoyant les auto- graphes à Sainte-Beuve, les accompagna d’un billet de sa main où elle lui rendit compte de la lecture. On y trouve la phrase suivante, que lé critique a curieusement soulignée « Si ja- mais, dans longtemps, ces lettres devaient pa- raître, je voudrais qu’elles eussent pour épigra- phe cette phrase du psaume, belle en latin Dieu l’a voulu ainsi pour qu’une dme désordonnée fût à elle-même son Propre supplice ! » L’auteur des Causeries du Lundi eut aussi, plus tard, communication de la correspondance absolument inconnue jusqu’ici, et déjà célèbre pourtant, échangée entre Alfred de Musset et George Sand. Nous avons trouvé dans ses pa- piers cette épigraphe choisie par lui pour être placée en tête de leurs lettres, si elles parais- saient jamais « Non, non, j’en jure par ma jeunesse et par mon génie, il ne poussera sur ta tombe que des lis sans tache 1 » ALFRED DE MUSSET. Or, cette épigraphe est tirée d’une des lettres d’adieu d’Alfred de Musset, écrite en 1834, et LETTRES INÉDITES DE G. SAND. 173 la lettre entière d’où cette phrase est extraite a été publiée, depuis la mort de Sainte-Beuve, par M. (sous le pseudonyme d’Yorick) dans le numéro de l’Honzme libre du 13 avril 1877. Les deux lettres de Musset, jointes à cette correspondance, sont adressées aussi à Sainte- Beuve. Elles sont des plus importantes pour la défense de George Sand dans ce grand drame mal connu. Leur intérêt de premier ordre les a fait réunir à tous ces documents, comme une sorte de complément naturel. Elles jettent quel- que lumière sur l’immortelle passion des deux grands écrivains, passion entrée aujourd’hui dans la poésie de l’époque, et qui sera pour l’avenir, a dit M. Jules Claretie, le grand roman d’amour du dix-neuvième siècle Le même écrivain indique aussi que leur liaison, com- mencée en août 1833, se rompit à Venise en avril 1834. Il n’y eut au mois de septembre suivant qu’une réconciliation de deux se- maines2. Alfred de Musset, revenant seul de 1. Voir la Presse du 16 avril 1877. 2. Ceci est inexact. Cette reprise, mêlée de cruels orages, dura de septembre 1834 an 9 mars 1835, date précise de la rupture définitive. 176 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Venise, était rentré à Paris le 10 avril 1834. On trouve encore annexé à ces lettres un bil- let de M. Alfred Tattet à Sainte-Beuve, écrit de Florence en mars 1834, billet plein de détails intéressants sur la maladie du poète en Italie, et d’autant plus curieux à recueillir qu’il émane, on le sait, d’un des plus intimes amis de l’auteur du Caprice, auquel celui-ci, on s’en souvient, adressa plus d’une pièce de vers. Avant de terminer ces lignes, il faut encore dire ici que, depuis l’apparition d’Elle et lui au commencement de 1859, depuis les violentes protestations soulevées par cette œuvre, George Sand eut toujours l’intention et le désir de livrer un jour à la publicité la correspondance échangée entre elle et lui. Ses lettres des 20 jan- vier et 6 février 1861 adressées à Sainte-Beuve, en donnent les preuves les plus irrécusables. On a trop oublié lors de ces attaques qu’Al- fred de Musset, en publiant le 5 février 1836 son roman allusionnel la Confession d’un En- fant du siècle, dont un important extrait avait déjà paru dans la Revue des Deux Mondes du 15 septembre 183S, six mois seulement après la rupture avait commencé à livrer au public LETTRES INÉDITES DE G. SAND. 177’ de demi-confidences, tandis que George Sand ne fit que suivre son exemple en publiant à son tour le romin d’Elle et Lui. Et dans quelles conditions différentes ! Vingt-quatre ans après le déchirement final, et deux ans après la mort du poète ! Ici, le beau rôle appartient sans con- testation possible à l’auteur de Vakntine. S’il faut l’en croire, du reste, leurs lettres à tous deux prouveront un jour, absolument, la fausseté des accusations si fréquemment portées contre elle depuis cette époque, et la Pré face de Jean de la Roche, datée de Noha.nt, 1er octobre 48 ? >9, con- tient déjà l’allusion suivante à leur mise au jour : Et nous disons, nous, que le mort il- lustre renfermé dans cette tombe se relèvera indigné quand le moment sera venu. Il reven- diquera sa véritable pensée, ses propres senti- ments, le droit de faire lui-même la fière con- fession de ses souffrances et de jeter encore une fois vers le ciel les grands cris de justice et de vérité qui résument la meilleure partie de son âme et la plus vivante phase de sa vie. Ceci ne sera ni un roman, ni un pamphlet, ni une délation. Ce sera un monument écrit de ses propres mains et consacré à sa mémoire par 178 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. des mains toujours amies. Le monument sera élevé quand les insulteurs se seront assez compromis. Les laisser aller dans leur voie est la seule punition qu’on veuille leur infliger. Laissons-les donc blasphémer, divaguer et pas- ser, » Il est juste de reconnaître que les lettres iné- dites du poète à Sainte-Beuve dont nous avons parlé, sont tout à fait conformes à ce juge- ment, et semblent justifier complètement George Sand des reproches dont on l’a si souvent accablé à propos d’Alfred de Musset. Le désir de livrer à la publicité les documents intimes d’une période si délicate de sa vie, prouve, une fois de plus, que l’auteur de Lélia ne désapprouvait pas, dans l’intérêt de la vérité, la production de pièces de cette nature. Les détails donnés par lui-même à Sainte-Beuve sur cette émouvante phase de sa jeunesse ne sont pas le moindre intérêt de ces pages iné- dites. Les réponses aux lettres du grand romancier font malheureusement défaut. On voit cepen- dant par les lettres elles-mêmes que le critique, consulté par l’écrivain, conseilla de produire un LETTRES INÉDITES DE 0. SAND. i ? 9 jour cette correspondance intime, et trouva même, paraît-il, le moyen d’en assurer dans l’avenir l’existence et la liberté de publication. IV Mais, nous demandera-t-on peut-être quand ces admirables lettres à Sainte-Beuve, point de départ de cette étude, verront-elles donc le jour ? Quand ces cris de douleur et de déses- poir, ces éloquents appels au bonheur, seront- ils donc livrés à l’admiration de tous ? Sauf le petit’nombre d’extraits que nous comptons en donner, si le texte en est encore inédit, dans cette Histoire des œuvres de George Sand dont nous rassemblons les éléments depuis tant d’an- nées, nous l’ignorons absolument, car il ne dé- pend pas de nous de choisir le moment de leur publication. S’il en était autrement, nous ne ferions pas longtemps attendre cette correspon- dance, dont l’ensemble, par sa sincérité, par sa loyauté, ajoutera encore, nous en sommes per- suadé, au prestige du grand nom de George 180 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Sand, sans rien dérober à la paix dont jouit dé- sormais sa mémoire. Celle-ci est enfin entrée dans cette période d’apaisement et d’équité qui succède toujours, après un stage plus ou moins long, aux terribles luttes des cœurs inassouvis, et à l’éternel et stérile assaut de toutes les opi- nions humaines contradictoires. Peut-être même ce dernier combat n’est-il ni le moins prolongé ni le moins acharné des deux !’ 1877-1893. 1. Voici la note que Sainte-Beuve imprimait déjà, en 1869, an sujet de la correspondance inédite de George Sand et d’Al- fred de Musset (Portraits contemporains, t. II, p. 213) .Au fond, il est bien clair aujourd’hui que cette Confession [d’un enfant du siècle] n’est que le récit, un peu voilé et dépaysé, du roman réel qui a fourni depuis le sujet de ces autres ro- mans, à peine voilés et déguisés, Elle et Lui, par George Sand, Lui et Elle, par M. Paul de Musset, Lui, par madame Louise Colet. m Il ne reste plns à présent, pour déméler le vrai dans ce conflit de récits passionnés et même envenimés, qu’à attendre la publication des lettres écrites par les deux acteurs en jeu, lettres contemporaines des événements, et dont quelques-unes -au moins ont été conservées soit par la personne survivante in- téressée, soit par des tiers. P 11 IV MADEMOISELLE DE MAUPIN ET SES PRINCIPALES ÉDITIONS. Ce roman célèbre, dont d’innombrables réim- pressions n’ont point diminué le retentissement, eut une naissance presque modeste, ne faisant nullement prévoir le grand succès qu’il devait obtenir un jour. Le titre de Mademoiselle de Maupin Double amour, existe, imprimé pour la première fois, croyons-nous, sur le catalogue que Renduel joignit à la Vie d’Hoffmann par Loeve-Weimars, et qui parut en octobre 1833, annonçant sous presse » l’œuvre nouvelle de Théophile Gautier. 182 LES LUXDIS D « l » CIIERCIIEGR. Renduel avait connu l’écrivain chez Victor Hugo, et avait publié en août 1833 son pre- mier volume de prose les Jeunes-France. Mais, cette fois, il s’agissait de lancer un ouvrage en deux volumes, réelle témérité pour vn éditeur de cette époque, surtout à propos d’un auteur peu connu encore, et âgé seulement de vingt- deux ans ! Mademoiselle de lllaupin pourtant ne devait pas voir le jour de sitôt. Pendant deux ans Théophile Gautier, plus épris de liberté que de travail, ou préférant la recherche de deux rimes bien assorties à toutes les perfections de sa prose savante et rythmée, abandonna et re- prit sans cesse l’œuvre promise. Une tradition conservée dans sa famille raconte qu’à cette époque le père du poète l’enferma souvent dans sa chambre, avec interdiction d’en sortir avant d’avoir achevé un nombre de pages dé- terminé des Grotesques ou de Mademoiselle de Maupin. Quand la bonté maternelle ne venait pas à son secours, l’espiègle —écrivain, qui de- meurait alors avec ses parents place Royale, trouvait souvent moyen de s’enfuir par la fe- nêtre, et d’échapper ainsi au pensum paternel. MADEMOISELLE DE MAUPIX ET SES ÉDITIONS. 183 Grâce à de pareilles évasions, fréquemment re- nouvelées, le roman n’avançait guère, on le conçoit. L’année 1834 allait finir, le premier des deux volumes était seul terminé, et l’auteur essayait d’attendrir l’éditeur qui se plaignait, en lui adressant des billets du genre de celui-ci « Je viens de découvrir, chez un marchand de bric-à-brac, un délicieux tableau de Bou- cher de la plus belle conservation c’est une occasion que je ne veux manquer, et, n’ayant pas assez d’argent, je prends sur moi de vous demander mon reste i. Vous me feriez sincère- ment plaisir de me le remettre. p Je suis attelé à la Maupin, et c’est ce qui m’empèche de rôder et d’aller vous voir. » Je vous salue cordialement. THÉOPHILE GAUTIER. » Enfin, en 1835, le second volume fut écrit en six semaines, rue du Doyenné, où le poète, quittant le nid paternel, était allé s’installer, et le manuscrit fut livré à Renduel. Nous li- 1. De ses droits d’auteur des Jeunes-France. 184 LES LUNDIS D’Uh CHERCHEUR. sons dans le Monde dramatique du 20 sep- tembre la note suivante, à propos de la biogra- phie de la créature étrange qui porta réellement le nom de Maupin, biographie signée Roche- fort, et publiée dans ce numéro sous le titre de Mademoiselle d’Aubigny-Maupin « Un de nos collaborateurs, M. Théophile Gautier, s’occupe en effet depuis longtemps d’un roman qui porte pour titre Mademoiselle (de) Cette fois l’œuvre allait bientôt paraître ; elle fut mise en vente au mois de novembre 1835, en deux volumes in-octavo, imprimés chez madame Poussin, sous ce titre Mademoi- selle de Maupin Double amour. Le premier volume porte le millésime de 1835, le second celui de 1836, et la préface’est datée de mai 1834. C’est un fait acquis, que rarement les œuvres littéraires les plus remarquables obtiennent d’emblée la place qui leur revient légitime- ment. La plupart même sont souvent si com- plètement méconnues à leur naissance, qu’à MADEMOISELLE DE MACPIN ET SES ÉDITIONS. 185 ce, moment rien ne réussit à attirer sur elles l’attention des lecteurs. Le nouvel ouvrage ne fit donc pas sensation, et. si un certain nombre de journaux en par- lèrent, la publicité n’étant pas alors organisée comme elle le fut depuis, sauf quelques rares lettrés et le petit groupe romantique des amis de l’auteur, bientôt plus personne ne garda sou- venir de Mademoiselle de Maupin. Notons cepen- dant qu’aussitôt son apparition, Honoré de Balzac avait écrit à Renduel, pour lui demander ce livre, un billet que nous avons eu sous les yeux, et que nous pouvons citer ici grâce à l’aimable communication de M. Adolphe Jullien 18 décembre 1835. « Monsieur de Balzac prie M. Renduel de lui donner un exemplaire de Mademoiselle de Maupin au prix libraire, et il lui offre ses sa- lutations. » DE BALZAC. » L’admiration que Balzac a toujours professée ensuite pour le romancier-poète date de ce mo- ment. Une autre bonne fortune non moins exceptionnelle advint encore à l’œuvre de Théophile Gautier. Victor Hugo écrivit pour la recommander un article critique, don les pages ignorées, si remarquables de forme et si élevées de pensée, auraient été sans doute perdues à jamais, si par le plus heureux des hasards l’autographe même n’en était tombé entre les mains du fidèle ami du maître, M. Paul Meurice. Ce document précieux provenait d’Anténor Joly, le fondateur du Vert-Vert, journal introuvable, dont la collection n’existe dans aucune archive connue, qui fut plus tard directeur de ce théâtre de la Renaissance, où, en 1838, fut joué pour la première fois Ruy Blas.

Voici ces lignes inconnues, qui n’ont pas été réimprimées, croyons-nous, depuis leur insertion anonyme dans le Vert-Vert du 15 décembre 1835.

MADEMOISELLE DE MAUPIN.

« Voici de belle prose d’un homme qui fait de beaux vers. Cela est en général ainsi dans MADEMOISELLE DE MACP1N ET SES ÉDITIONS. 187 notre époque nos excellents poètes sont pres- que tous d’excellents prosateurs. M. Alexandre Dumas a écrit les vers de Christine et la prose d’Angèle ; M. de Lamartine chante les Harmonies et dicte le Voyage en Orient ; M. Alfred de Vigny a rêvé Éloa et a pensé Stello. » Mademoiselle de Maupin est un livre qu’il faut lire, et surtout qu’il faut relire. Qui le lit peut en être mécontent, qui le relit en est charmé. A la première lecture, en effet, ce que saisissent les intelligences superficielles, c’est l’aventure, l’événement, l’anecdote, la machine, chose importante et sérieuse à notre avis, mais que M. Théophile Gautier néglige et dédaigne, comme l’ont négligée et dédai- gnée d’ailleurs beaucoup de grands esprits, llolière et La Fontaine en tête. Ce qui appa- raît à la seconde lecture, ce sont les qualités- qui font l’exquise valeur du livre de M. Théo-, phile Gautier, c’est le style charmant, c’est l’exécution parfaite, et l’abondance des idées, des images, des sentiments, bien plus amu- sante pour les esprits délicats que l’abondance des événements ; c’est le développement de chaque chose dans sa proportion ; c’est la ri188 LES LUNDIS D’UN CTIERCIIEUR. chesse infinie des ciselures ; c’est l’invention originale de l’expression ; c’est la pensée qui circule chaudement dans les plus petits détails, comme le sang dans les plus petites veines ; secret de la vie pour le livre comme pour l’homme. n Le style de M. Théophile Gautier en est des meilleurs que nous connaissions, ferme, fin, souple, solide, faisant d’excellents plis, flottants parfois, jamais lâchés. Il a l’ampleur et il a la précision, comme la belle langue du temps de Louis XIII. On sent à tout moment, dans ce romancier, les hautes et idéales facul- tés du poète ; on sent ses ailes dans sa marche et sa poésie dans sa prose. La poésie ne gêne pas plus le poète quand il écrit en prose, que les ailes ne gênent l’oiseau. L’esprit de M. Gautier est doué d’une originalité vraie et qui le met à part. En toutes choses, il a horreur du banal, du com- mun, du convenu. En toutes choses, il cherche le côté choisi, élégant, spirituel, para- doxal, singulier, quelquefois étrange, la face aperçue de peu de regards. Il incline au fan- tastique, mais au fantastique lumineux, en MADEMOISELLE DE 5IAUPIX ET SES ÉDITIONS. 1S9 11. relief, en ronde-bosse, au fantastique rabe- laisien, au fantastique de l’ancienne comédie italienne, et non au fantastique allemand ; plutôt vers Callot que vers Hoffmann. » La préface de Mademoiselle de Maupin con- tribuera beaucoup au succès du livre. C’est une réclamation énergique, amusante et spirituelle, parfois joyeusement folle et exagérée dans la forme, toujours sensée au fond, où M. Gautier venge noblement la littérature contemporaine de ces niaises fureurs de feuilleton qui, main- tenant, ne font plus de mal qu’aux journaux. Que M. Gautier continue, qu’il nous donne de sa prose et qu’il nous donne de ses vers ; nous l’applaudirons. Nous nous sentons tou- jours au fond du cœur une profonde sympa- thie pour ces souffrants poètes de Paris, gre- lottants dans notre hideux climat, pauvres têtes rayonnantes et tristes, sur lesquelles notre gracieuse année verse trois cent qua- rante jours de pluie ou de brouillard ; malheu- reux esprits exilés qui font leur belle poésie sous un vilain ciel, et qui n’ont pas la mer tiède, la voûte bleue, l’éternel été, les belles lignes de l’horizon, l’éblouissant soleil, l’atmo190 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. sphère chaude et parfumée, pour faire éclore dans leur cerveau de ces vers éclatants, heu- reux et doux, comme Naples en inspirait à Virgile, comme Marseille en inspire à Méry ! » Malgré de telles approbations, l’indifférence du public ne se démentit pas, et nous tenons de M. Arsène Houssaye, l’ancien et fidèle ami du poète, que l’insuccès de vente de l’œuvre décida Renduel à ne plus rien éditer de l’au- teur. En effet, la Comédie de la Mort, annoncée déjà sur les couvertures de l’ouvrage ainsi que le Capitaane Fracasse, fut rendue à l’é- crivain, et ne parut qu’en 1838, chez Deses- srirt, l’un des éditeurs d’Arsène Houssaye à cette époque. Ce fut l’auteur de la Couronne de Bluels qui présenta son ami à Desessart et fit accueillir favorablement par lui le recueil de ses vers. Telle est l’ordinaire justice des générations pour leurs contemporains Combien d’exemples n’existe-t-il pas, démontrant ce dédain de. la masse des lecteurs pour les esprits les plus remarquables de leur époque Stendhal, Baudelaire, Barbey d’Aurevilly et bien d’autres, MADEMOISELLE DE MAUPIN ET SES ÉDITIONS. 191 n’ont-ils pas été, pendant leur vie, complète- ment ignorés du grand public, tandis qu’en ce même siècle, Paul de Kock, pour ne citer que lui, était populaire dans toute l’Europe, et lu par le monde entier ? Mais, en revanche, les œuvres et les hommes ainsi dé- daignés gardent presque toujours une place et un rôle dans l’histoire de la littérature de leur temps. Les gros tirages et les succès re- tentissants conquis par un livre dès son appa- rition en font, au contraire, présager le plus souvent la valeur secondaire et l’oubli définitif dans l’avenir. Que tout cela est loin de nous et semble même invraisemblable, si l’on se rappelle les prix excessifs auxquels sont montés depuis quelques années les rares exemplaires brochés et en parfait état de la première édition du livre qui nous occupe 1 Plusieurs ont atteint chacun la somme de quinze cents francs, c’est-à-dire le chiffre total des droits touchés par l’auteur pour le premier tirage de son œuvre, chiffre établi par ses reçus à Renduel, qui sont au- jourd’hui entre nos mains. Une curieuse aventure advint à Mademoiselle 192 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. de Maupin. Après son apparition, tout le début du onzième chapitre fut inséré dans le Monde dramatique du 9 janvier 1836, sans indication d’origine, sous le titre de la Comédie roma- nesque. Depuis cette époque ces pages ont été fort souvent réimprimées, mais pas une seule de ces reproductions n’indique leur première incarnation. Il faut reconnaître que Théophile Gautier lui-même créa cette erreur dans la Presse du 17 décembre 1838, en y citant de nouveau ces lignes, encadrées dans un com- mentaire inédit, comme un article isolé re- tombé par hasard sous ses yeux. Il avait ou- blié ce morceau, et croyait de bonne foi n’avoir retrouvé dans le Monde dramatique qu’une improvisation de journal. Cette première mé- prise fut le point de départ de toutes les sui- vantes, dont la plus piquante consiste en l’inser- tion de ce fragment de Mademoiselle de Maupin en 1858 dans le tome premier de l’ouvrage de Théophile Gautier Histoire de Fart drama- tique en France depuis vingt-cinq ans. Inutile d’a- jouter que personne ne s’aperçut du fait. Le temps s’écoulait cependant et le nom du poète allait grandissant ; son entrée à la Presse, MADEMOISELLE DE MAUPIN ET SES ÉDITIONS. 193 en 1836, et ses travaux critiques l’avaient fait connaître à de nouveaux lecteurs. Puis, Fortunio, la Comédie de la Mort, une Larme du Diable, Tra los Montès, les Grotesyues, etc., etc., avaient augmenté considérablement son bagage littéraire. Aussi, lorsque M. Charpentier, le père de l’éditeur actuel des œuvres complètes de Théophile Gautier, eut fondé cette collection à laquelle il a donné son nom, il songea bien- tôt à y réimprimer les principaux ouvrages de notre écrivain. M. Charpentier, qui réussit à grouper sur son catalogue l’élite des produc- tions marquantes de son époque, était un fin lettré. Il occupait parmi les éditeurs de son temps la même place que M. Buloz tenait alors de son côté comme directeur de la Revue des Deux Mondes. Avoir accès chez l’un et chez l’autre était difficile, et se voir imprimé dans leurs collections était considéré comme une sorte de consécration. Ce fut en 1845 que quatre volumes de Théophile Gautier prirent place dans la Biblio- thèque Charpentier : ce sont ses Poésies com- plètes, ses Nouvelles, son Voyage en Espagne et Mademoiselle de Maupin. Pour cette réimpres194 LES I.U.NDIS D’UX CHERCHEUR. sion, la première depuis l’édition originale i, l’auteur modifia, très légèrement du reste, quel- ques phrases de son œuvre, dont, à partir de cette époque, le texte est demeuré le même. Ici finit en réalité l’histoire de ce livre. Depuis 184S le nombre de ses éditions a toujours été en augmentant. Nous en citerons seulement deux, parues en 1878 l’une en deux volumes in-vingt-quatre, ornée de quatre dessins par Eugène Giraud ; l’autre en un volume grand in-douze, sur papier de Hol- lande, enrichie d’un portrait de l’héroïne par Théophile Gautier lui-même, portrait daté d’octobre 1834. Enfin, en 1880, un nouveau tirage de cette édition fut augmenté de la re- production du médaillon de l’auteur par David d’Angers, reproduction qui porte par erreur la date de 1834 au lieu de 1845, année réelle de son exécution. Faut-il croire, comme on l’a dit souvent, que cette œuvre dont le style incomparable eût 1. Le Figaro du 26 mai 1837 et d’autres journaux annoncent la mise en vente, chez Renduel, d’une seconde édition de ce livre. Mais c’est toujours la première que l’éditeur cherchait à écouler par ce moyen. MADEMOISELLE DE MAUPIN ET SES ÉDITIONS. i9i mérité d’ouvrir un jour à son auteur les portes de l’Académie française, fut en partie la cause pour laquelle elles restèrent, au contraire, obs- tinément fermées devant lui ?. Nous ne savons ; mais il résulterait d’une autre tradition con- servée dans la famille du poète, que son père lui-même, lorsqu’il connut l’ouvrage complet (le premier volume seul, on l’a vu, avait été écrit’sous ses yeux), malgré son admiration pour la façon dont l’œuvre était exécutée, n’aurait pas été sans inquiétude sur le rôle que ce livre devait jouer dans la vie de son fils, et aurait souvent exprimé la crainte que le se- cond volume ne pesât parfois sur son avenir. En tout cas, la renommée de Théophile Gautier, comme celle de son illustre ami H. de Balzac, qui, lui non plus, ne fut jamais de l’Académie française, n’a fait que grandir depuis sa mort, et les noms de ces deux rares esprits manquent vraiment parmi ceux des membres de cette illustre compagnie. Pour Théophile Gautier du moins l’Académie elle- même exprima un jour, par la bouche de l’un des siens, ses regrets de ne l’avoir point accueilli. Le 25 octobre 1872, en effet, dans i96 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. sa séance publique, et à l’heure même des obsèques du grand écrivain, M. Camille Doucet prononçait les paroles suivantes, qui honorent leur auteur et que nous sommes heureux de recueillirici « Souffrez que je m’interrompe un moment. Quand je parle de la fraternité des Lettres, j’y manquerais, messieurs, si je paraissais plus longtemps oublier qu’à cette heure même, sur le seuil d’une tombe dont je ne me suis éloigné qu’à regret pour venir ici remplir un autre devoir, les Lettres déso- lées pleurent un vrai poète cher à tous, un brillant écrivain dont l’esprit était si français et le cœur plus français encore. De nombreux suffrages lui avaient prouvé que sa place était marquée parmi nous, et nous déplorons d’au- tant plus le coup rapide auquel Théophile Gautier succombe. » Nous n’ajouterons rien à ces lignes émues, sinon qu’en 1887 l’Académie française a mis au concours l’éloge d’Honoré de Balzac, mani- festant ainsi son regret de l’avoir jadis écarté, lui aussi, de ses rang ?, et nous terminerons simplement ces notes en disant quelques mots de l’édition illustrée de Mademoiselle de Maupin, MADEMOISELLE DE MAUPIN ET SES ÉDITIONS. 197 en préparation chez l’éditeur Conquet. Ce sera la première réimpression de l’ouvrage absolu- ment conforme au texte original qui reparaî- tra, en deux volumes grand in-octavo, divisés comme ceux de 1835. L’éditeur a fait tous ses efforts pour satisfaire les bibliophiles désireux d’en posséder une version aussi parfaite que possible, tant au point de vue de la correction du texte que de l’exécution matérielle de l’œuvre. En tête du roman sera placé le por- trait de l’auteur, gravé par Burney d’après celui que Célestin Nanteuil exécuta en 1838 pour la Galerie de la Presse. Ceux des deux héros seront reproduits par le même graveur, d’après des types de Jeanniot composés tout exprès. Enfin, des dessins de Toudouze, entre- pris spécialement, et publiés à part, complète- ront encore cette réimpression de Mademoiselle de Maupin, qui prendra rang, pensons-nous, parmi les plus appréciées de cet ouvrage 1882-1893. 1. Cette édition a para en 1883. Depuis lors, Mademoiselle de hlaupin est entrée aussi, en deux volumes in-dix-huit, dans la collection Lemerre, faisant partie d7un choix des œuvres de Théophile Gautier. 1303. LA PREMIÈRE ÉDITION DES ŒUVRES COMPLÈTES D’ALFRED DE MUSSET. NOTES ET DOCUMENTS. Les pages suivantes ont une origine assez particulière. Elles sont nées de la réunion des notes demandées jadis par la Petite Remce (suite de la Revue Anecdotique), à l’occasion de la pre- mière édition des Œuvres complète d’Alfred de Musset, parue en 1865-1866, édition dite des amis du poète. Cette Petite Revue, et la Petite Revue anecdo- tique qui lui succéda, publications anonymes qui vécurent avec quelques intermittences de 1863 à 1870, s’adressaient avant tout aux lettrés 200 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. et aux curieux. Aussi les notes en question se composaient-elles uniquement de renseigne- ments bibliographiques sur Musset, relatifs sur- tout à ses Œuvres complètes, à leurs lacunes et à leurs erreurs. On peut donc imaginer notre surprise quand parut, en 1867, formée de l’ensemble de tous nos commentaires, une brochure anonyme, pom- peusement intitulée Étude critique et bibliogra- phique des œuvres de Al fred de Musset, pouvant ser- vir d’appendice à l’édition dite de souscription Nos communications, déjà totalement défi- gurées et transformées dans la Petite Revue, y furent encore dénaturées davantage. Tous les renseignements donnés prirent une allure agressive, et se colorèrent d’une teinte d’aigreur commerciale tout à fait étrangère à nos recher- ches et à notre but. Nous ne nous en serions guère soucié cepen- dant, l’opuscule étant anonyme, si, peu à peu, cette brochure n’avait fini, nous ne savons com- ment, par nous être absolument attribuée. Sans parler des nombreuses erreurs qu’elle contient par notre fait, — erreurs corrigées ici, nous ne fûmes guère tenté, on le comprend, d’en LES ŒUVRES COMPLÈTES D’A. DE MUSSET. 201 dosser la responsabilité d’un texte si mal inten- tionné, et tout à fait différent du nôtre. Aussi, n’étant pas l’auteur de cette brochure, telle qu’elle était publiée, protestâmes-nous dès lors, le plus souvent qu’il nous fut possible, contre son attribution, et notamment à la page quarante- quatre de l’intéressante Bibliographie des œuvres d’Alfred de Musset, par M. Maurice Clouard, parue en 1883. Nous nous sommes contenté ici, à défaut de notre texte primitif, de ramener la version im- primée à une forme qui fût moins en opposition avec notre façon habituelle de traiter les sujets de ce genre. Sans les circonstances rapportées plus haut, nous n’aurions sans doute jamais songé à réim- primer ces pages. Nous nous y sommes décidé surtout en ne retrouvant dans aucun travail sur Alfred de Musset ces renseignements et ces dates, qui offrent pourtant quelque intérêt, nous semble-t-il, par rapport à la genèse de son œuvre toute entière. Octobre 1893. L’édition en dix volumes, petit in-qu arto, 2(B LES LUNDIS D’UN CIIERCHËOR. des QEuvres complètes d’Alfred de Musset, édition dite de souscription, en cours de publication depuis un an et demi, vient enfin d’être ter- minée. Remarquons d’abord que les articles non réunis jusqu’à ce jour aux œuvres du poète, n’ont pas tous été, quelle que fût leur authen- ticité, recueillis dans ces volumes. C’est là, pour les bibliophiles, une fort regrettable lacune. La plus fâcheuse de toutes consiste dans l’omission de l’Anglais mangeur d’opium, car, sans parler des quelques mots que M. Paul de Musset lui a consacrés dans une note de sa notice sur son frère (voir le volume des Œuvres posthumes), il en est encore fait men- tion à la fin du tome neuf, en tête de la liste chronologique des œuvres d’Alfred de Musset. L’Anglais mangeur d’opium est le premier livre d’un, des plus grand poètes de ce siècle, et ses œuvres complètes devaient le contenir. Aussi, quelle qu’en soit la valeur, faut-il déplorer sa suppression, car rien ne la justifie, surtout après que son existence et son authenticité, d’ailleurs incontestables, ont été reconnues par deux fois, et quoique l’œuvre, imitée de l’anLES ŒUVRES COMPLÈTES D’A. DE 31USSET. 203 glais, soit signée seulement des initiales de l’auteur. La nouvelle les Frères Yan Buck, et le pro- verbe l’Babit vert ; sont aussi condamnés, bien que signés pourtant en toutes lettres. M. Paul de Musset doit se souvenir de l’Habit vert cepen- dant, car il a rendu compte de sa première représentation dans le National du 5 mars 1849. A quel mobile peut-on avoir obéi en excluant ces deux morceaux ? Un avis, placé en tête du tome premier, annonce que l’édition comprend toutes les œuvres d’Alfred de Musset, « moins cepen- dant deux ou trois écrits de sa première jeunesse, qui n’ont été publiés qu’une fois, et que l’au- teur n’a jamais consenti à laisser réimprimer n. Or, l’Habit vert datant de 1849, et les Frères Van Buck de 1844, ce renseignement ne peut les concerner. Le même avis informe aussi les lecteurs que les Œuvres complètes contiennent : un volume entier composé des morceaux de littérature, de critique et de fantaisie que l’au- teur avait oubliés ou négligés ». Ceci n’est guère exact non plus, car les Lettres de Dupuis et Cotonet, formant quatre-vingt-dix pages, presque le quart de ce volume, sont impri204 LES LUNDIS D’UN CHERCDEUH- mées depuis douze ans à la suite des Contes. L’omission des Derniers moments de Fran- çois Ia a du moins pour excuse la lettre de l’auteur ayant trait à ces vers, et faisant partie des Œuvres posthumes. Mais il faut faire encore une autre remarque, celle-ci relative à la varia- bilité des informations données en notes. Après avoir fait observer, tome trois, page 403, en par- lant de la nouvelle liarberine, qu’on y retrouve d’ailleurs le texte primitif, puisque l’auteur ne l’a retouché que pour l’enrichir », on rétablit dans le tome neuf Mélanges de critique et de littérature, le deuxième acte de la première ver- sion, parce qu’ « une petite scène, un couplet de chanson et un monologue » ont disparu dans la version définitive. Il faut pourtant rappeler ici que le premier acte de la première Barbe- rine n’est pas conforme non plus à celui de la pièce remaniée. Il a été exclu cependant, et les lettrés devront donc se passer de la version complète de ce premier texte. Disons aussi, à titre de renseignement que les remaniements de cette pièce, et sa mise en trois actes au lieu de deux, ont été exécutés en 1851, en vue de sa représentation au LES ŒUVRES COMPLÈTES D’A. DE MUSSET. 205 12 Théâtre-Français. Elle ne fut reçue qu’à cor- rection dans la maison de Molière, et l’auteur, mécontent de cet accueil, retira sa pièce. Lais- sons, du reste, à ce sujet, la parole à M. Paul de Musset lui-même, qui rendit compte de l’in- cident dans le National du 23 août 1851 « La façon dont on a raconté l’échec de la Quenouille de Barberine devant le comité de lec- ture de la Comédie-Française n’est pas tout à fait exacte. Ce n’est pas précisément un refus. La pièce avait été reçue correction. L’auteur, qui avait su accommoder pour la scène les Caprices. de Marianne, ouvrage réputé injouable, n’a pas trouvé que le comité, dont pas un membre n’a seulement fait un quart de vau- deville, eût qualité pour corrigeur sa pièce et lui donner des avis utiles. Il ne pouvait ré- pondre à cette prétention que par un silence dédaigneux. Mais, quelque jour peut-être, s’il y a lieu, les détails curieux de cette séance de lecture seront racontés au public. Ils en vau- draient la peine. » J> PAUL DE MUSSET. » N’était-ce pas justement le cas de donner ces 206 LES LUNDIS D’UN CUERCHEUR. détails dans l’édition qui nous occupe ? On peut voir d’après cette citation combien est contes- table la note qui attribue la transformation de Barberine au désir de l’améliorer plutôt qu’à celui de la voir représenter. (Tome III, p. 403.) Une note de la notice désavoue certains travaux critiques sur Victor Hugo attribués à Alfred de Musset et parus dans le Temps des 31 mai et 17 juillet 1831. En tout cas, si l’ab- sence de signature autorise cette allégation’, comment justifier la légèreté avec laquelle les articles extraits de ce même journal le TemPs ont été relevés ? Ainsi, dans le volume des Mélanges, le premier article sur l’Exposition du Luxembourg au profil des blessés est seul réim- primé, tandis qu’il s’en trouve un deuxième dans le Temps du le, janvier 1831 de plus, plu- sieurs Revues fantastisques, parues à diverses dates, ne sont pas imprimées dans l’ouvrage à leur numéro d’ordre chronologique ; elles y sont sautées et définitivement omises. La pièce intitulée le Songe du reviewer, dont 1. Voir, page 239, notre travail à leur sujet. Ces articles ne sont positivement pas d’Alfred de Musset. Note de 1303. LES ŒUVRES COMPLÈTES D’A. DE MUSSET. 207 M. Paul de Musset a lui-même-parlé dans une lettre insérée dans le Courrier de Paris du 25 juin 1857, lors de la publication d’une satire en vers sur l’Académie, attribuée aussi à son frère, mais dont l’origine était niée par lui dans cette lettre, n’a pas non plus trouvé place dans l’édition. Voici ces strophes’ Buloz est sur la grève P : lle et défiguré ; 11 voit passer en rêve Gerdès’tout effaré La matière abonnable Se meurt du choléra ; L’épreuve est détestable, Il faut un errata. Il voit son typographe Transposer ses placards. Des fautes d’orthographe Errent de toutes parts. Des lettres retournées Flottent en se heurtant ; Des lignes avinées Dansent en tremblotant. 1. Nous les reproduisons d’après l’Intermédiaire des cher- cheurs et des curieux du 10 octobre 1891 c’est la seule ver- sion publiée complète jusqu’ici. Note de 1893. 2. Caissier de la Bévue des Deux Mondes. 208 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. De tous côtés aboient Des contre-sens obscurs, Et les marges se noient Dans les déléaturs. Il pleut des caractères ; Le b manque dans tous, Et des pages entières Boivent comme des trous Lœwe a fait héritage De quatre millions ; Dumas meurt en voyage Faute d’Impressions. Dans les filles de joie Musset s’est abruti ; Ampère, en bas de soie, Pour l’Afrique est parti. Brizeux est à la Morgue, Sainte-Beuve au lutrin ; Quinet est joueur d’orgue A Quimper-Corentin. Delécluse est modèle A l’atelier de Gros ; Roulin est infidèle A ses choux les plus beauz’. George Sand est abbesse Dans un pays lointain ; Fontaney sert la messe A Saint-Thomas d’Aquin ; 1. Roulin avait fait dans la fievue des Deux Jfondes plu- sieurs articles d’histoire naturelle où il était question de choux. LES ŒUVRES COMPLÈTES D’A. DE MUSSENT. 209 12. Fournier’aux inodores Présente le papier ; Et quatre métaphores Ont étouffé Barbier. Cette nuit Lacordaire A tué de Vigny ; Lerminier vent se faire Grotesque à Franconi ; Planche est gendarme en Chine ; Magnin vend de l’onguent ; Le monde est en rnine, Bonnaire’est sans argent !  ! On sait que le mot anglais reviewer, signi- fie celui qui examine de nouveau, revoit, critique ». Voici, du reste, la liste détaillée des pages définitivement supprimées, que tous les ama- teurs devront ajouter à cette édition pour avoir un Alfred de Musset complet La Branche de Ifyrte, poésie.LAPsYCHÉ, 18263. Thèse latine, imprimée en 1827. Lettre à Paul Foucher, 1827. L’AMATEUR D’AUTOGRAPHES, 1er janvier 1867. 1. Imprimeur de la Reuue des Deux Afondes. 2. Le plus fort actionnaire de la Revue, à cette époque. 3. Voir, au sujet de ces vers, un article de M. Philibert Aude- brand dans le Grand lournal du 23 septembre 1866. La Psyché ne les contient pas. Ce doit être une erreur. 210 LES LUNDIS D’eN CHERCHEUR. Un Rêve, poésie. LE Provincial DE Dijon, page 193, n° 42, 1828 1. L’Anglais mangeur d’opium. Traduction, très modifiée, de l’anglais. Volume signé A. D. M. Chez Mame et Delaunay-Vallée ; in-18, 1828 2. Exposition du Luxembourg au profit des blessés. Deuxième article. LE TEMPS, 1-janvier 1831. Revues Fantastiques. LE Temps, 1er, 21, 28 fé- vrier, 18 avril et 30 mai 1831. Derniers moments de François Ier. (Réimprimé dans le Monde dramatique et dans l’Artiste, sous le titre d’Ango.) KEEPSAKE FRANÇAIS, Giraldon-Bovinet, 2me année, 4831. Le 3 mai 1814, poésie, datée de 1831. MA- GASIN DE LIBRAIRIE, 10 décembre l£59. Le Songe du Reviewer, poésie, 1833. Cour- RIER DE PARIS, 19 mai 1857 (incomplète), REVUE ANECDOTIQUE, 15 août 1857 (idem), plus complète dans LA PETITE REYUE, du 13 mai 1865. 1. Un Réce a été imprimé depuis en une brochure chez Rou- qnette in-S*, 1875. Note de i893. 2. A été imprimé aussi, en 1878, par le Moreitrur du Biblio- phile [petit in-quarto). Note de i893. LES CEUVUES COMPLÈTES D’A. DE MUSSENT. 211 La Quenouille de Barberine, premier acte de la première version. REVUE DES DeuxMondes, ler août 183S. Les Frères Van Buclc, nouvelle, accompagnée d’une lettre. LE CONSTITUTIONNEL, 27 juillet 1844. Lettre, sur sa démission de bibliothécaire. LE COMMERCE, 20 juin 1848. Le Chant des Aniis, cantate écrite pour Lille. LE PAYS, 23 juin d852. Voici ces vers De ta source pure et limpide Élance-toi, Neuve argenté : Porte trois mots, coursier rapide Honneur, patrie et liberté ! Quelle voile au vent déployée Trace dans Tonde un vert sillon ? Qui t’a jusqu’à nous envoyée ? Quel est ton nom, ton pavillon ? » » J’ai porté la céleste flamme En tous lieux où Dieu l’a permis. Mon pavillon, c est l’oriflamme ; 3lon nom, c’est celui des amis. Fils des Saxons, fils de la France, Vous souvient-il du sang versé ? Près dn soleil de l’espérance, Voyez-vous l’ombre dn passé ? » 212 LES LUNDIS VON CHEJRCHECR. Le Rhin n’est plus une frontière Amis, c est notre grand chemin, Et maintenant l’Europe entière Sur les deux bords se tend la main L’Habit vert, proverbe en un acte, avec Emile Augier. Représenté aux Variétés. In-12, chez Michel Lévy, 1849. Il s’agit ici de la J1ontre, proverbe qui fut annoncé successive- ment, sous ce titre, dans la Revue des Deux Mondes et le Constitutionnel. Il fut retouché et terminé par Émile Augier, qui le signa avec Alfred de Musset. Promenade au Jardin des Plantes, sonnet de 1852. MONDE ILLUSTRÉ, 9 mai 4851. A une Muse, poésie. LE Figaro, n° 34, 1855. L’Académie française, satire, fort probable- ment apocryphe. REVUE ANECDOTIQUE, juin Venise, variantes écrites pour être mises en musique par M. Charles Gounod. Ces variantes ont dû être ignorées de M. Paul de Musset, malgré les éloges que leur avait dé- 1. Il ne faut pas oublier, en lisant ces strophes, qu’elles ont été écrites en 1852. Note de is93. LES ŒUVRES COMPLÈTES D’A. DE MUSSENT. 213 cernés M. Ludovic Lalanne dans la Correspon- dance littéraire du 20 mars 4859. C’est la seule excuse qu’on pourrait invoquer pour expliquer leur omission dans les œuvres du poète, car elles sont charmantes. Nous les transcrivons ici d’après la Petite Revue du 15 juillet 1865 Sous la brise amoureuse, La Vanina rêveuse Dans son berceau flottant Passe en chantant ; Tandis que pour la fête, Narcisa qui s’apprête, Met, devant son miroir Le masque noir. Sur la mer nonchalante Venise l’indolente Ne compte ni ses jours, Ni ses amours. Car Venise est si belle, Qu’une chaîne, sur elle, Semble un collier jeté Sur la beauté. Il faut noter encore une autre lacune inex- plicable. Il n’est fait mention nulle part du Voyage où il vous plaira, qui, bien qu’écrit en entier par P.-J. Stahl (J. Hetzel), ne se vend pas moins signé de ce nom et de celui d’Alfred 214 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. de Musset. N’était-il pas nécessaire de dire au moins que la part de collaboration de ce der- nier ne fut pas écrite, et que tout se borna pour lui, dans cet ouvrage, à deux pièces de vers réimprimées dans ses Poésies ? Il y a une curieuse remarque à faire sur Rolla. A propos de ce vers Son nom était Marie et non pas Marion Alfred de Musset publia, dans le numéro même de la Ilevue des Deux Mondes du 15 août 1833 où paraissait son poème, la lettre suivante, dont il ne tint ensuite aucun compte, car le vers n’a pas été modifié a Au moment de la publication de ces feuilles, un ami me fait apercevoir que ce vers appartient à peu de chose près à un drame représenté à l’Odéon et à la Porte-Saint-Martin. Le lecteur me pardonnera une erreur de mé- moire, qui sera remplacée dans le recueil dont le poème de Bolla fait partie. J> ALFRED DE MUSSET » La pièce intitulée le Rideau de ma voisine a été LES ŒUVRES COMPLÈTES D’A. DE. MUSSET. 215 rejetée par erreur à la fin du tome deux des Poésies ; elle devait être placée bien avant, puisque ces vers ont paru pour la première fois dans le journal VAriel, numéro du 2 mars 1S36, sous le titre de Chanson de Gœthe, tra- rluction. On sait qu’Alfred de Musset passe pour être l’auteur de la pièce de vers, Inno Ebbrioso, qui se trouve dans la Lélia de George Sand, édition de 1833. Elle est diminuée dans toutes les réimpressions de l’ouvrage. Denise, nouvelle par Paul de Musset, a été attribuée à tort à son frère dans diverses repro- ductions. (Revue pittoresque, année 1844, etc.). Le premier numéro de la Ga=-ette de la No- blesse et des châteaux d’Europe (16 octobre 1856 ; a publié sous le titre de : les Amours du petit Job et de la belle Blandina, une nouvelle signée Alfred de Musset. Ce récit n’est pas inédit et n’est pas de lui. Il est extrait du Voyage où il vous plaira, et appartient donc exclusivement à P.-J. Stahl (J. Hetzel). Voici maintenant la note, volume par volume, des erreurs et des lapsus de l’édition, que les cartons promis n’ont pas rectifiés 216 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Tome I. La Saule pour Le Saule (A la table). Tome II. Même faute, et A Alric (pour Ulric) Guttinguer. (A la table du premier volume, jointe aussi au tome second.) Tome III. Pages 43 et 120, il est donné comme date de la reprise d’André del Sarto à l’Odéon le 21 octobre 1850. C’est 1851 qu’il faut lire. On s’est trompé parce que l’édition origi- nale de cette version jouée porte la même faute. Elle a été signalée sur-le-champ, d’ail- leurs, lors de son insertion dans la Bibliogra- phie de la France (voir numéro 6765 de 1851). Il y a aussi erreur pour la date de la représen- tation de cette même pièce au Théâtre-Français (page 120). C’est le 21 novembre 1848, et non 1849, qu’il faut lire. Cette première version modifiée ne fut pas imprimée, mais le dénoue- ment primitif avait déjà été changé pour cette première adaptation scénique, bien que le contraire semble résulter des notes ajoutées ici à la pièce. On peut lire à ce sujet, dans l’His- toire de Part dramatique en France depuis vingt- cinq ans, de Théophile Gautier, son feuilleton de la Presse du 4 décembre 1848. LES ŒUVRES COMPLÈTES D’A. DE MUSSET. 217 13 La date du Rhin allemand est inexacte aussi. Au lieu de février 1841 (page 239), il faut lire juin 1841. De plus, les assertions relatives aux deux versions de liarberine (page 403) sont erronées, on s’en souvient. Enfin, l’ordre chro- nologique est interverti. Au lieu de Lorenzacdo, paru en 1834, c’est Barberine, parue en 1835, qui devrait terminer le volume. Tome V. Le Caprice a été découvert et joué à Saint-Pétersbourg, après dix ans de pu- blicité (page 51). Le Caprice ayant été publié en 1837 et joué à Paris en 1847, quand a-t-il pu être joué à Saint-Pétersbourg (avant de l’être à Paris), après dix ans de publicité ? Mademoiselle Bonval crée le rôle de Victoire dans On ns sâurait penser à tout. (Ce rensei- gnement manque, page 140.) On a omis aussi (page 139) la date de la première représen- tation (30 mai 1849), ainsi que l’indication a d’après Carmontelle » que porta la première édition de la pièce publiée dans rOrdre, et l’affiche du Théâtre-Français à toutes les re- présentations de ce proverbe, qui ne fut pas imprimé en brochure séparée. Le mot sonnet est mis pour rondeau, ces deux 218 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. mots n’ayant jamais, pensons-nous, été syno- nymes (page 438). Carmosine est indiquée (page 364) comme imprimée pour la première fois en 1852, tan- dis qu’elle parut dans le Constitutionnel en 1850, L’ordre chronologique, violé déjà pour Loren- zaccio, est donc interverti de nouveau, puisque Bettine eût dû être placée après Carmosine et terminer le volume. Tome IX. 11 manque le deuxième article sur l’ExPosition du Luxembourg au profit des blessés, et plusieurs Reuues fantastiques. Tome X. Il manque, à la table, l’indi- cation de la deuxième Chanson, et de la pièce A Taglioni (page 66-67). Le dernier vers en est inexactement imprimé ; le voici rectifié Et tâchez de nons la laisser. En outre, la pagination indiquée à la table est fautive pour plusieurs pièces. Enfin, voici l’indication des articles qui sont, dans cette édition, réunis pour la première fois à l’ensemble des œuvres de l’auteur Tome 1er. Variantes des Poésies. Tome H. La Loi sur la presse (Revue DES LES ŒUVRES COMPLÈTES D’A. DE MUSSET. 219 Deux MONDES, 1835). Sur une 3forte (RE- VUE DES DEUX MONDES, 1842), poésies. Tome III. Avânt-Propos de la première édition du Spectacle dans un Fauteuil, prose, 1834. Variantes des Proverbes, mis à la scène ; dans ce volume et les deux suivants. Tome V. Rondeau à mademoiselle Andis, précédant Louison. (Dédicace de ce proverbe, 1819.) Tome VILI. Fragments de la Confession d’un enfant du siècle, supprimés depuis la pre- mière édition. Tome IX. Préface de la première édition des Contes d’Espagne et d’Italie, 1830. Le Tableau d’Église (REVUE DE PARIS, 1830). Mélanges extraits du TEMPS (1830-1831). Une Matinée de Don Juan (FRANCE littéraire, 1833). Un ? Ilot sur l’art moderne (REVUE DES DEUX MONDES, 1833). Salon de 1836 (RE- VUE DES DEUX MONDES, 1836). Faire sans dire, proverbe (DODÉCATON, ou LE LIVRE DES ’DouzE, deux volumes in-octavo par divers, 1837). De la Tragédie (REVUE DES DEUX MONDES, 1838). Reprise de Bajazet (REVUE DES DEUX MONDES, 1838). Concert démode220 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. moiselle PaulineGarcia (REVUE DES DEUx MoN- DES, 1839). Débuts de la même [dans OtelloJ (REVUE DES DEUX MONDES, 4839). Lettre au NATIONAL (numéro du 21 août 1848). Discours de réception à l’Académie française (Brochure, chez Didot, 18D2). Discours pro- noncé au Havre (RECUEIL DES DISCOURS DE l’Académie, chez Didot, 1852). La Que- nouille de Barberine, deuxième acte de la pre- mière version (REVUE des DEUX Mondes, 1835). On ne badine pas avec l’amour, variante en vers, 1834 (REVUE NATIONALE, 1861). Tome X. A Taglioni, l814 (LA PRESSE, 24 octobre 1858). Vers inscrits dans la prison de la. Garde nationale (ALMANACH DU JOUR DE L’AN, Hetzel, 1er janvier 1846). A Au- gustine Brohan (Album OFFENBACH, 1855). Aux Artistes du Gymnase (après Bettine) (LE Figaro, 22 novembre 1857). Correspon- dance. Comme conclusion de ce travail, nous don- nerons ici la liste chronologique des éditions originales des livres d’Alfred de Musset. L’édi- tion nouvelle ne contient ce catalogue que par articles et non par volumes, ce qui rend les LES ŒUVRES COMPLÈTES D’A. DE MUSSET. 221 recherches bibliographiques presque impos- sibles. 1827. Thèse latine. 48 ? 8. L’Anglais mangeur d’opium, in- dix-huit. 18° ? 9 (daté 1830). Contes d’Espagne et d’Italie. In-octavo, chez Urbain Canel. Con- tient Préface en prose. Don Paez. Les Marrons du feu. Portia. Mardoche, etc. •1832 (daté 1833). Un Spectacle dans un fauteuil, première livraison (en vers). In- oclavo, chez Renduel. Contient Au lecteur. Dédicace à Alfred T. (Tattet). Introduc- tion. La Coupe et les Lèvres. A quoi rêvent les jeunes filles. Namouna. 1834. Un Spectacle dans un fauteuil, deuxième livraison, en prose. Deux volumes in-octavo, rue des Beaux-Arts, 6 (Au bureau de. la Revue des Deux Mondes). Contient (tome Ier) —Avant-propos. LorenNaccio (inédit). Les Caprices de JIarianne (REVUE DES DEUX MONDES, 1833. Première représen- tation, 14 juin 1851). (Tome II) André del Sarto (REVUE DES DEUX MONDES, 1833. Première représentation, 21 novembre 1848 222 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. (version non imprimée). Reprise, 21 octobre 1851 (première version scénique imprimée) ; Fantasio (Revue DES DEUX MONDES, 1834. Première représentation, posthume, 18 août 1866). l On ne badine pas avec l’Anaour (RE- VUE DES Deux Mondes, 1834. Première repré- sentation, posthume, le 18 novembre 1861). La Nuit vénitienne (Première représentation, 1er décembre 1830. REVUE DE PARis, 1830). 1836. La Confession d’un enfant du siècle. Deux volumes in-octavo, chez Bonnaire. Parus le S février 1836. Un extrait de l’ou- vrage avait été public déjà dans LA REVUE DES DEUX MONDES du 15 septembre 1835. Première édition in-douze, 1840. 1840. Les Deux Maîtresses. Frédéric et Bernerette. Deux volumes in-octavo, chez Dumont. Contient : tome Ier Les Deux Maî- tresses (REVUE DES DEUX MONDES, 1837). Et7 ? meline(REVUE DES DEUX MONDES, 1837)". Le Fils du Titien (REVUE DES DEUX MONDES, 1838 ). Tome II Frédéric et Berneretle 1. La.ersion de cette pièce arrangée en opéra-comique, ma- tique d’Offënbacb, représentée en 1872, n’a pas été imprimée. Noie de 1893. LES ŒUVRES COMPLÈTES D’A. DE MUSSET. 223 (REVUE DES DEUX ONDES, (REVUE DES DEUX MozrnES, Margot (REVUE DES DEUX MONDES,’1838). —Première édition in-douze, sous le titre de Nouvelles, 1841. Poésies complètes. Un volume in- douze, chez Charpentier. Contient Contes d’Espagne et Un Spectacle dans un ftzuteuil, première livraison. Poésies 1831. Poésies nouvelles, 183D-1840. Comédies et Proverbes. Un volume in- douze, chez Charpentier, contient Un Spectacle dans un fauteuil, deuxième livraison. Plus la Que- nouille de DES DEUX n’IONDES, 1835, arrangée pour la scène en Le 1. La Quenouille de a été jouée enfin au Théâtre- Français le 27 février En voici la distribution Laroche : PoLACCO Coquclin cadet. Truffier, ULADISLAS Joliet. PREMIER COURTISA Richard. COURTISA, Dawigny. Du Il SOLDAT. Tronchet. Lloyd. Feyghine. Note de 224 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Chandelier (REVUE DES DEUX MONDES, 4835. Première représentation, —10 août 1848) 2. Il ne faut jurer de rien (REVUE DES DEUX MONDES, 1836. Première représentation, 22 juin 1848). -UnCaprice (REVUE DES DEUX Mondes, 1837. Première représentation, 27 novembre 1847). 1842-1843. Voyage où il vous plaira, en collaboration avec P.-J. Stahl (J. Hetzel). In-quarto, chez Hetzel. Ne contient d’Alfred de Musset que deux pièces de vers, ainsi que nous l’avons déjà dit. 1848. Nouvelles, par Alfred et Paul de Musset. In-octavo, chez Magen. Contient d’Al- fred de Musset Pierre et Camille. Le Se- ci-et de Javotte. Ces deux récits avaient paru l’un et l’autre, en, 1844, dans LE CONSTITUTIONNEL. 1. Voici la distribution de la première représentation de la pièce an Théâtre-Historique. On lui a substitué, dans les centres complètes, celle de la reprise au Théâtre-Français Maître André, notaire M. Malis. Clavaroche, sa femme M. Naillet. officier de dragons. M. peupin. FoitTumo, clero Debrou. clerc.. 0 M. Guillaume, clerc. UNE servante UN jardinier vote de 1893. LES ŒUVRES COMPLÈTES D’A, DE MUSSET. 223 13. n faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, proverbe (REVUE DES Deux Mondes, 4845. Première représentation, 7 avril 1848). Brochure in-douze, chez Charpentier. 1849. Louison, comédie en deux actes et en vers, avec rondeau-dédicace à mademoiselle Anaïs. Première représentation, 22 février 1848. Brochure in-douze, chez Charpentier. L’Habit vert, proverbe en un acte, avec Emile Augier. (Première représentation, 23 fé- vrier 1848). Brochure in-douze, chez Michel Lévy. 1850.– Poésies nouvelles. 1840-1849. In- douze, chez Charpentier. Réimprimé plusieurs fois, ainsi que les Premières Poésies (ex-Poé- sies complètes), avec des divisions différentes et des augmentations. 1851. Bettine, proverbe (REvuE DES Deux MONDES, le surlendemain de la pre- mière représentation, 30 octobre 1851). Bro- chure in-douze, chez Charpentier. 1852. Discours de réception à l’Aca- démie française. Brochure in-quarto, chez Didot. 1853. Histoire d’un Merle blanc 2i6 LES LUNDIS d’UXCHEKCHEUR. (JOURNAL DES DÉBATS, 14 octobre et SCÈNES DE LA VIE PRIVÉE DES ANIMAUX, deux volumes grand in-oclavo, par divers, chez Hetzel, 1844). In-vingt-quatre, chez Blanchard. Mademoiselle Mimi Pinson (LE Dia- BLE A PARIS, deux volumes grand in-octavo, par Divers, chez Helzel, 1845). ln-vingt-quatre, chez Eugène Didier. Comédies et Proverbes, deux volumes in-douze, chez Charpentier. Nouvelle édition augmentée de : Il faut gu’une porte soit ouverte ou fermée. Louison. On ne saurait penser tout (Première représentation, salle Pleyel, le 3 mai 1849 ; reprise, au Théâtre-Français, le 30 du même mois. Imprimé pour la première fois dans L’0 RDRE des 6, 7, S, 9 et 10 juin 1849).– Carmosine (LE Constitutionnel, 22 octobre au 6 novembre 1850. Première représentation, posthume, 7 novembre 1868). Bettine. C’est dans cette édition que fat imprimée pour la première fois Barberme remaniée. 1854. Contes, in-douze, chez Charpentier. Contient la Mouche (MONITEUR, 1853). l’ierre et Camille. Le Secret de Javotte. Mademoiselle Mimi Pinson. Le Merle blanc. LES-ŒUVBES COMPLÈTES D’A. DE MUSSET. Sl2" Lettres sur la littérature (REVUE DES DEUX MONDES, 1836-1838, non signées dans ce re- cueil). 1860. Œuvres posthumes, in-douze, chez Charpentier. Sauf Faustine, fragment iné- dit, le contenu de ce volume avait paru en entier dans le MAGASIN DE LIBRAIRIE et la REVUE NATIONALE. On y trouve, données comme étant inédites, les quatre pièces de vers A Taglioni, A Au- gustine Brohan, Vers inscrits dans une cellule de la prison de la Garde nationale, et Aux Artistes du Gymnase (après Beltine), publiées antérieu- rement, nous l’avons déjà dit. 1867. Mélanges de littérature et de cri- tique’, in-douze, chez Charpentier. Contient : Un mot sur l’art moderne. Salon de 1836. De la Tragédie. Reprise de Bajazet. Concert de Mademoiselle Pauline Garcia. 1. B : en que l’édition originale de ce volume fasse partie de la première édition des Œuvres complètes d’Alfred de Musset dont nous venons de parler, nous ajoutons ici le détail de l’édition in-douze qui complète les œuvres du poète, dans ce format. Note de 1393228 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Débuts a’e la même (dans Otello). Le tableau d’église. Faire sans dire. Une Matinée de D » n Juan. Mélanges publiés dans le Temps. Lettre au National. Discours ci l’Académie. Discours au Havre.

1866-1867.
VI


UNE PAGE INÉDITE DE M. THIERS.


Un chercheur, ou un collectionneur vraiment digne de ce nom, se lasse-t-il jamais de fouiller les archives, de guetter les portefeuilles remplis d’autographes et de documents ? S’il a réellement le feu sacré, rien n’éteint son ardeur, et la moindre découverte suffit pour entretenir cette flamme, ce culte, si longtemps ignorés de la foule ou méconnus par elle.

Mais, en revanche, que d’adeptes, que de fervents disciples sont nés à cette foi nouvelle ! Chaque jour leur nombre augmente, et si ce développement ne s’arrête point, le dix-neu230 LES LUXDIS D’UN’CHERCHEUR. vième siècle laissera bien peu de choses à glaner sur lui-même. Le vingtième n’aura pas même les reliefs du repas, car, jusqu’aux miettes, tout est recueilli sur-le-champ. Puisqu’il en est ainsi, devons-nous nous excu- ser de mettre au jour une page inédite de M. Thiers, dont l’histoire est vraiment bizarre ? Écrite en 1821, peu de temps après son ar- rivée à Paris, quand rien ne faisait prévoir encore l’éclatante destinée qui l’y attendait, cette improvisation était restée enfouie dans les papiers de Sainte-Beuve, où nous l’avons découverte. Elle faisait partie du dossier relatif au travail que le grand critique a publié en 1845 dans la Revue des Deux Mondes sur M. Thiers, étude réimprimée aujourd’hui dans ses Portraits contemporains. Voici cette page inconnue, dont quelques lignes seulement sont citées dans le travail de Sainte-Beuve. Elle est intitulée ARRIVÉE D’UN MÉRIDIONAL A PARIS. « On vante beaucoup, dans le fond des provinces, les beautés de la capitale, et on USE PAGE DE M. TIIIERS. 231 soutient qu’on n’a rien vu si on n’a vu Paris. Sous un beau ciel, en présence des sites les plus variés et les plus pittoresques, dans ses villes propres et bien bâties, sur les bords de la plus belle mer du monde, le Méridional dédaigne tout ce qu’il voit et aspire ardem- ment après le séjour de Paris. Il part enfin, il franchit monts et vallées, il avance plein de curiosité et d’émotion. Cependant, le sol s’abaisse et s’aplanit, le ciel devient terne, le voyageur n’aperçoit plus ces perspectives si étendues et si variées, ces changements d’aspect si continuels dans les pays montagneux ; des plaines interminables se succèdent à ses yeux, et, pour tout horizon, il n’a devant lui qu’une ligne droite, sèche, coupée quelquefois par une flèche gothique. Néanmoins, il se résigne, car on lui a dit que le sol était moins pittoresque, et le ciel moins beau. Il approche, il est près d’arriver sur le grand théâtre de la vie hu-, maine la toile va se lever, son cœur bat ! Le Panthéon ! les Invalides ! Notre-Dame ! » s’écrie un compagnon de voyage, et dans ùn lointain vaporeux apparaissent des dômes brillants d’or, des galeries de colonnes, de 232 LES LUNDIS D’EN CHERCHEUR. sublimes faîtes et, au-dessous, pullulent mille toits sombres et innombrables. Encore une heure Le postillon presse les chevaux, la voiture est emportée avec rapidité ; voilà le faubourgl On arrive au palais des rois par des chaumières Que de pauvres pour un riche Tout à coup la voiture s’arrête ; des commis s’élancent. Voilà les barrières, les droits du fisc ; on dispute, on compose, on entre enfin. On longe les boulevards ! Quelle confusion, quelle foule empressée de jouir d’un rayon de soleil échappé par hasard au sein des nuages ! Bientôt, courant dans les rues, l’impatient étranger ne sait où passer. Il demande sa route, et, tandis qu’on lui répond, une voiture fond sur lui ; il fuit, mais une autre le menace. Enfermé entre deux roues, il se glisse et se sauve par miracle. Impatient de tout voir, et avec la meilleure volonté d’admirer, il courut çà et là. Chacun le presse, l’excite en lui recommandant un objet ; il voit pêle-mêle des tableaux noircis ; d’autres, tout brillants, mais qui offusquent de leur éclat ; des statues CXE PAGE DE.31. TH1ERS. 233 antiques, mais dévorées par le temps ; d’autres, conservées et peut-être belles, mais point estimées par un public superstitieux ; des palais immenses mais non achevés ; des tom- beaux qu’on dépouille de leur vénérable dépôt, ou dont on efface les inscriptions ; des plantes ; des animaux vivants ou empaillés ; des milliers de volumes poudreux, entassés comme le sable ; des tragédiens, des grimaciers, des danseurs. Au milieu de ses courses, il rencontre une colonnade, chef-d’œuvre de grandeur et d’har- monie. c’est celle du Louvre. Il recule pour pouvoir la contempler, mais il [se ? ] heurte contre des buttes sales et noires, et ne peut prendre du champ pour jouir de ce magnifique aspect. c On déblaiera ce terrain », lui dit-on. C’est-à-dire que l’État ruinera vingt familles, ou se ruinera lui-même, pour rendre un édifice visible 1. » Le malheureux voyageur rentre dans sa demeure, exténué de fatigue. On le demande de toutes parts ; vingt adresses ont été remises chez lui par des compatriotes qui, longtemps absents, demandent des nouvelles de la com- mune patrie. .234 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. » Quoi, se dit-l’enfant nourri sous un ciel » toujours serein, sur un sol ferme et sec, et » au milieu des flots d’une lumière toujours » brillante, c’est ici le centre des arts et de » la civilisation Quelle folie aux hommes de » se réunir ainsi dans un espace trop vaste » pour ceux qui ont à le parcourir, trop étroit pour ceux qui doivent l’habiter, où ils » fondent les uns sur les autres, s’étouffent, s’écrasent, avec la boue sous les pieds et » l’eau sur la tête. Comment veulent-ils peindre » sous un ciel sans couleur, parler dans un » pays où le sang est sans feu, méditer au milieu du bruit ? » Mais on arrête l’imprudent discoureur. Les hommes, lui dit-on, n’ont pas plus voulu s’amonceler ici, qu’ils n’ont voulu naître en Europe dans le dix-neuvième siècle, et sous le règne fortuné des Bourbons ! Tout se fait de soi, petit à petit un homme est venu sur le bord de cette rivière, un second l’a suivi, puis un troisième, puis un quatrième, puis des princes, des marchands, des artistes, il y a eu foule. Toute la puissance humaine s’est portée là ; on a ajouté des rues à la cité, des USE PAGE DE JI. TIIIERS. 235 ailes aux édifices, comme des mots à la langue, des articles aux lois. Ainsi vont les choses humaines empires, institutions, villes, langues et arts, tout se fait par alluvûm. » Il faut donc se taire et souffrir l’accom- plissement des lois de ce monde. Il faut être où l’on est, et remplir sa tâche où Dieu veut. En attendant, un regret pour cet heureux pays où s’écoula l’enfance et la jeunesse du voyageur. Adieu, beau ciel, pure lumière, superbes monts, beaux pins, vaste mer ; adieu, rives fortunées, qui renfermez la mère et les amis du jeune exilé » A. THIERS. » <r Paris, en septembre 16-1. D Si le grand historien, le profond politique n’apparaissent pas encore dans ces lignes, elles nous livrent en revanche la première impres- sion produite par la grande ville sur l’esprit de M. Thiers. Aussi Sainte-Beuve ne manque- t-il pas de dire à ce propos a Patience ! lorsque M. Thiers sera un jour Ministre de l’Intérieur et des Travaux publics, il saura 236 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. bien mettre ordre à cela. Il serait piquant d’écrire, en regard de cette page de jeunesse, le résumé de son budget de ces années (1832-1834) concernant les embellissements de Paris. » Cette Arrivée à Paris fut composée, nous apprend Sainte-Beuve, pour un album, où le grand critique la découvrit. Quel est cet album ? en quelles mains se trouve-t-il aujour- d’hui ? Autant d’énigmes irritantes pour le chercheur. Notre texte n’est donc point im- primé sur l’original. C’est seulement la repro- duction minutieuse d’une copie manuscrite, écrite tout entière de la main de Sainte-Beuve. Mais pour qui sait le scrupule, le soin sans pareil que prenait l’écrivain au sujet de toutes les citations contenues dans ses articles, il ne peut exister aucun doute sur la parfaite exac- titude de cette transcription. De plus, l’auteur des Portraas coutemporains a joint lui-même à sa copie la note suivante, qui précise nette- ment qu’il eut, lui du moins, l’autographe du morceau à sa disposition « Il y a sur le ma- nuscrit diverses ratures qui semblent indiquer que M. Thiers composa et improvisa ce morUNE PAGE DE aI. TIIIERS. 237 ceau pour l’al6um qu’on lui présentait, et que cette page est un premier jet. Ce sont ses Embarras de Paris ; quand il fut ministre de l’Intérieur et des Travaux publics, il mit ordre à cela. p Il nous a semblé intéressant de livrer tout entière aux curieux cette page de jeunesse, tombée de la plume d’un homme dont le rôle et l’influence furent ensuite si considérables. Ce n’est, il est vrai, qu’une des miettes dont nous parlions au début, mais nous avons compté sur les gourmets littéraires pour en apprécier la saveur relative.

Novembre 1888.
VII


ALFRED DE MUSSET ET SES PRÉTENDUES ATTAQUES CONTRE VICTOR HUGO EN 1831.


Rien n’est plus difficile à détruire qu’une légende établie sur une personnalité en vue, surtout quand elle met en cause un écrivain ou un artiste. C’est en vain que l’intéressé lui-même tente parfois de se défendre, car on a toujours tort aux yeux des autres quand on plaide sa propre cause. En conséquence, les faits faux sont, le plus souvent, irrévocablement admis comme vrais, le jour où, par exception, une voix sincère s’élève contre eux pour soutenir l’innocent.

C’est une de ces légendes, et l’une des plus 240 LES LUNDIS D’CN CHERCHEUR. accréditées, que nous allons essayer ici de ré- duire à néant. Nous voulons parler de préten- dues attaques dirigées en 1831 par Alfred de’ Musset contre Victor Hugo. Cette accusation est si bien admise comme fondée que M. Paul de Musset, dans la notice qu’il a consacrée à son frère, en 1866 (en tête de l’édition in-quarto de ses Œuvres posihumes), a cru devoir, à la page 15 de son travail, impri- mer en note ce qui suit « On a dit qu’il (Alfred de Musset) avait proûté de la liberté d’écrire des articles ano- nymes, pour attaquer M. Victor Hugo cette accusation n’a aucun fondement ; il n’a publié dans le Temps que deux morceaux de critique littéraire, l’un sur les Pensées de Jean-Paul, l’autre sur les Mémoires de Casanova. Ses autres articles sont des Revues fantastiques, sur des sujets de circonstance, et qui ne renferment d’attaques contre personne, comme on peut le vérifier par la lecture du volume de Mélanges. Heu- reusement Alfred de. Musset a conservé les numéros du Temps dans lesquels il avait écrit. » A. DE MUSSENT ET V. HUGO EN 1831. 241 14 Disons incidemment que cette note rédigée par M. Paul de Musset n’est pas tout à fait exacte, car son frère n’avait pas gardé tous les numéros du Temps dans lesquels il avait écrit. En effet plusieurs morceaux de cette série d’articles sont omis dans le volume des llTé- langes. M. Paul de Musset, d’ailleurs, reconnut lui-même son manque d’exactitude, lorsqu’il avoua plus tard, dans le livre qu’il a publié sur son frère en 1877 (page 99 de l’édition Char- pentier), que les articles d’Alfred de Musset au Temps ont été réimprimés en 4866, sauf deux ou trois qu’il a été impossible de retrouver » C’est, pensons-nous, dans la France littéraire que l’accusation qui nous occupe a passé pour la première— fois. On y trouve, à.la page 126 du numéro de juillet 1834, les lignes suivantes, qui font partie d’un article intitulé Les iour- naux, dans lequel Alphonse Esquiros combat l’infaillibilité de la critique et Geoffroy, le critique à la mode de son temps, se déchaînait, en 1812, contre le génie de Talma ; en 1827, le grani comédien meurt, et voilà que tous les journaux, sans exception, 2j2 LES LUNDIS D’UX CHERCHEUR. s’écrient que la gloire du théâtre s’en est allée avec lui. Voulez-vous des exemples plus récents ? M. Alfred de Musset, à la fin d’une critique visionnaire et fantastique qui servait de feuilleton à un numéro du Temps, voyait la couverture jaune de la Notre-Dame de Paris éternellement pendue à la fenêtre des libraires. Le succès a prouvé que si M. de Musset peut mettre à sa disposition un talent de poète ; il n’a pas le don de prophète. » Nous allons trouver peut-être dans cette pre- mière attaque, l’explication et le sens de toutes celles qui l’ont suivie. M. Paul de Musset dit positivement que son frère ne travailla au Temps que de janvier à mai 1831 En effet, le dernier morceau extrait de ce journal recueilli dans ses œuvres, est tiré du numéro du 6 juin. Mais il existe dans le Temps des 31 mai et 17 juillet de la même année, deux feuilletons critiques sur Notre- 1. Il oublie cepend int que son premier article a paru dans le numéro du 27 octobre 1830. Le récit que fait M. Paul de Mus- set de l’entrée de son frère au Temps ne saurait donc être com- plètement exact non plus. A. DE 31USSET ET V. HUGO EN 1831. 2&$ Dame de Paris, dont le second seul est signé Rd. Peut-être en a-t-on attribué la paternité à Alfred de Musset, quoiqu’ils ne portent à aucun degré l’empreinte de son talent primesautier et original. Ainsi s’expliqueraient les reproches injustes qui lui furent adressés, et dont l’attaque d’Alphonse Esquiros n’est sans doute qu’un écho déjà lointain. Toutefois cela ne suffit pas pour en prouver la légitimité, bien qu’Esquiros paraisse avoir eu sous les yeux les pages mêmes d’Alfred de Musset. 11 cite, en effet, certains détails avec tant de précision, qu’il n’est plus question d’insinuations ou de suppositions plus ou moins vagues, mises dès longtemps en cir- culation, mais bien d’une accusation en due forme, basée sur un fait, et appuyée, sem- blerait-il, sur des preuves réelles. C’était donc là une nouvelle énigme dont nous pensons avoir réussi à trouver le mot. On a vu qu’Esquiros parle d’une critique visionnaire et fantastique. Précisément nous trou- vons dans les Mélanges d’Alfred de Musset une Revue fantastique publiée dans le Temps du 21 mars 1831, qui semble se rapporter parfai- tement à cette appréciation. 2H LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. iVotre-Dame de Paris venait d’être publiée, et la fin de cette Itezue fantastique est conforme à ce qu’en dit Esquiros, sauf que, d’une part, elle ne désigne pas explicitement l’œuvre de Victor Hugo, et que, de l’autre, elle n’a point paru en feuilleton, mais dans le corps du jour- nal. Voici du reste cette conclusion où, chose bizarre, le mot reliure qui se trouve dans le Temps est remplacé dans le volume par celui de brochure Ce fut en ce moment que quelques oisifs, qui se miraient dans les glaces de la galerie d’Orléans aperçurent derrière une vitre, dans l’étalage d’un libraire, une brochure jaune qui y demeura clouée jusqu’à l’éternité. On voit que le nom de Victor Hugo n’est même pas prononcé, et qu’on ne parle ni de lui, ni de son roman dans tout l’article en question ; celui-ci n’est qu’une sorte de tableau de Paris, étudié du haut des tours de Notre- Dame, en vue de guetter et de surprendre une minute d’attention de la foule, afin de lancer les œuvres d’un auteur qui, tout en A. DE MUSSET ET Y. HUGO EN 1831. 245 14. regardant la grande ville s’agiter à ses pieds, discute avec son éditeur le moment favorable pour cette publication. Quant à la reliure ou brochure jaune, bien d’autres volumes que la première édition de Notre-Dame de Paris ont porté, en 1831, une couverture de cette couleur. Cette raison n’est donc point suffisante pour accuser l’auteur de Bolla d’avoir voulu désigner cet ouvrage Peut-être la plate-forme de Notre-Dame de Paris choisie pour cadre de cette Revue fantas- tique, au moment où l’œuvre de Victor Hugo venait de paraître, a-t-elle fait supposer chez Musset une intention railleuse, à laquelle les noms d’Hernani et de Don Carlos, cités dans cet article, ont pu faire croire davantage encore. Quoi qu’il en soit, nous croyons, nous, qu’il est juste de défendre la mémoire du poète contre une accusation sans preuves. Si, plus tard, Alfred de Musset s’éloigna de ses premiers camarades, et railla même certains de leurs procédés littéraires, il n’eut jamais pourtant les étroites rancunes et les mesquines préoccupations des petits hommes de lettres qui se croient des écrivains. Aussi, loin d’atLES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. taquer en’1831 celui qui passe à juste titre pour le chef et le maître de cette école roman- tique dont Musset fut au début l’un des plus glorieux représentants, l’auteur de Lorenzaccio serait à coup sûr venu se ranger alors sous sa bannière, si le cor d’Hernani, comme celui de Roland, s’était fait entendre pour appeler à sa défense les féaux et les preux de son armée les Théophile Gautier, les Gérard de Nerval, et tous les combattants de cette brillante pléiade qui tiendra une si grande place dans l’histoire littéraire du dix-neuvième siècle. 18 février 1878. P.-S. Une lettre d’Alfred de Musset dont il nous semble piquant de donner copie ici, vient précisément de passer dans une vente d’autographes. Quoique le destinataire soit inconnu, on comprend facilement que le nom d’Alphonse Esquiros ne fût pas bien agréable à écrire pour l’auteur de Namouna. Paris, le 29 août 1854. « Monsieur, Il m’est absolument impossible de rien A. DE MUSSET ET Y. HUGO EX 1831. 247 comprendre à l’erreur singulière qui a motivé vos deux lettres. Je ne connais pas M. Esquiros, je n’ai aucune raison pour demander son adresse. Vous-même, monsieur, je n’ai pas l’honneur de vous connaître, et je ne vous ai jamais écrit. Si l’on vous a adressé une lettre sous mon nom, il faut que quelqu’un ait trouvé plaisant d’imaginer ce quiproquo, dont je ne devine pas le motif. Dans tous les cas, si ce n’est pas simplement une erreur, c’est une plaisanterie d’assez mauvais goût, vous en con-- viendrez. » J’ai l’honneur de vous saluer. « ALFRED DE MUSSET. »

c 6, rue du Mont-Thabor. m
VIII


ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES ŒUVRES DE CHARLES BAUDELAIRE.


PREMIÈRE PARTIE. LIVRES.


Salon de 1845, par Baudelaire Dufays. Labitte, 1845 ; in-12 de 72 pages. Annoncé sur la couverture sous presse du même auteur 10 De la peinture moderne ; 2° De la caricature ; 3° David, Guérin et Girodet. » Aucun de ces ouvrages n’a paru.

Salon de 1846, par Baudelaire Dufays. Lévy, 1846 ; in-12 de 132 pages. Annoncé sur la couverture pour paraître prochainement, du même auteur do Les Lesbiennes, poésies ; 2° Le Catéchisme de la femme aimée. Ces deux ouvrages sont encore annoncés sur la couverture de la deuxième édition des Sta- lactites, par Théodore de Banville, 1846, in-8° ; et sur celle de Chien-Caillou, fantaisies d’hizer, par Champfleury, 1847, in-12 ; seulement, sur cette dernière, ils sont indiqués sous le nom de Pierre de Fayis, et le Catéchisme de la femme aimée y porte le sous-titre de romans physiologiques sur l’amour moderne. Aucun de ces ouvrages n’a paru.

Histoires extraordinaires, traduites d’Edgar Poe, par Charles Baudelaire. Lévy, 4856. ; in-12 de XXXII-332 pages. Ce volume contient

Edgar Poe, sa vie et ses œuvres. En partie, dans LE PAYS ; 25 février 4856.

Double assassinat dans la rue Morgue. (Facultés divinatoires d’.Auguste Dupin. I.) LE PaYS ; 25, 26 février ; 1, 2, 3, 5, 6 et 7 mars 1855.

La Lettre volée. (Facultés divinatoires d’Auguste Dupin. IL) LE Pats ; 7, 8, 12 et U mars 18S5.

Le Scarabée d’or. CHARALES BAUDELAIRE. 251 Le Canard au ballon. LE PAYS ; 31 janvier, 2 et 3 février 1855. Aventure sans pareille d’un certain Bans Pfaal. LE Pays ; 44, 15, 16, 22, 27, 31 mars ; 1, 2, U, 17 et 20 avril 1855. Manuscrit trouve dans une bouteille. LE PAYS ; 21 et 22 janvier 1855. Une descente dans le Maelstrom. LE Pays ; 5, 6 et 7 février 1855. La Yérité sur le cas de M. Valdemar. (Mort ou vivant.) LE PAYS ; 26 septembre 1S54 Révélation magnétique. La LIBERTÉ DE pen- SER du 15 juillet 1848, et LE Pays du 30 juil- let 1854. Les Souvenirs de M. A. Bedloe. (Une A venture dans les Montagnes Rocheuses.) LE PAYS ; 25 et 26 juillet 1854. Morella. LE PAYS ; 18 septembre 1854. Ligei.a. LE PAYS ; 3 et 4 février 1855. Jlfetzengerstein. LE PAYS ; 17 septembre 1854. Nouvelles histoires extraordinaires, traduites d’Edgar Poe, par Charles Baude- laire. Lévy, 1857 ; in-12 de XXIV-288 pages. Ce volume contient Notes nouuelles sur Edgar Poe. 252 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Le Démon de la perversité. LE PAYS ; 14 sep- tembre 1854. Le Chat noir. LE PAYS ; 31 juillet et 1er août 1854. William Wilson. LE PAYS ; 14, 15, 18 et 19 février 1855. V Homme des foules. LE Pays ; 27 et 28 janvier 1855. Le Cœur révélaieur. LE PAYS ; 29 juillet 1854. Bérénice. LE PAYS ; 2 août 18i ; 4. La Chute de la maison Usher. LE PAYS ; 7, 9 et 13 février 1855. Le Puits et le Pendule. REVUE DE PARIS ; (non signé) octobre 1852, et LE PAYS, 3 et 4 août 1854. Hop-Frog. LE PAYS ; 23, 24 et 25 fé- vrier 185-5. La Barrique d’Amontillado. LE Pays ; 13 sep- tembre 1854. Le Masque de la mort rouge. LE PAYS ; 22 et 23 février 1855. Le Iloi peste. LE PAYS ; 23, 26 et 27 jan- vier 1855. Le Diable dans le beffrois LE PAYS ; 20 sep- tembre 1854. CHARLES BAUDELAIRE. 253 15 Lionnerie. (Être un lion, conte moral.) LE PaYS ; 19 et 22 février 1855. Quatre bêtes en une (L’homme caméléopard, ou). LE PAYS ; 28 juillet 1854. Petite discussion avec une momie. Lk PAYS ; H et 12 décembre 1854. Puissance de la parole. LE Pays ; S août ! 854. Culloque entre Monos et Una. LE PAYS ; 22 et 23 janvier 1855. Conventions d’Eiros avec Channion. LE PAYS ; - 27 juillet 1854. Ombre. LE PAYS ; 5 août 1854. Silence. LE PAYS ; 22 février 1855. Vile de la fée. LE PAYS ; 28 et 30 jan- vier 1855. Le Portrait ovale. LE PAYS ; 28 janvier 1855. Les Fleurs du Mal, par Charles Baudelaire. Poulet-Malassis et de Broise, 1857 grand in-12, de 252 pages. Cette édition annonce sur sa couverture « Pour paraître en juin 1857 Curiosités esthétiques, par Charles Baudelaire, » ouvrage qui n’a jamais paru. Elle contient six pièces qui ont été condamnées par un arrêt qui devenu célèbre les Bijoux ; le Léthé ; A celle est trop gaie ; Lesbos ; Femmes damnées (A la pâle 254 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. clarté ) ; les Métamorphoses du vampire. La pièce condamnée, intitulée Lesbos, parue pour la première fois, en 1850, dans les Poètes de l’amour, anthologie publiée par Julien Lemer, enlevée en 1858 dans la nouvelle édition de ce recueil, fut rétablie, après sa condamnation, dans l’édition suivante, parue sans date chez Garnier en 1865, sans avoir été poursuivie depuis. Une deuxième édition des Fleurs du Mal, diminuée des six pièces condamnées et aug- mentée de trente-cinq morceaux, a paru chez les mêmes éditeurs en 1861, grand in-12 de 320 pages. Comme on le verra plus loin, plu- sieurs des pièces de ce volume avaient été publiées d’abord, en 1851, dans le Messager de l’Assemblée ; elles y sont annoncées comme extraites des Limbes, volume de Charles Bau- delaire, sous presse (Il chez Michel Lévy. Le titre de Fleurs du Mal fut trouvé par M. Hip- polyte Babou. La Reuue des Deux Mondes, si jalouse de ne publier que de l’inédit, a donné, dans son numéro du le, juin 1855, plusieurs pièces de Charles Baudelaire déjà connues. Les trente-cinq pièces ajoutées à la seconde édition CHARLES BAUDELAIRE. 235 des Fleurs du Mal, dont voici le contenu, sont précédées ici d’un astérisque Dédicace à Théophile Gautier (en prose). A26 lecteur. REVUE des DEUX Mondes ; 1er juin 1855. Spleen et idéal. Bénédiction. L’Albatros. REVUE FRANÇAISE ; 10 avril 1859. Élévation. Correspondances. J’aime le souvenir de ces époyues nues. a Les Phares. La Muse malade. La Muse vénale. Le Mauvais Moine. LE MESSAGER DE l’As- SEMBLÉE ; 9 avril 1851. L’Ennemi. REVUE DES DEUX MONDES ; 1cr juin 1855. Le Guignon. REVUE DES DEUX Mondes ; 1er juin 1855. La Vie antérieure. REVUE DES DEUX MONDES ; 1er juin 1855. 256 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Bohémiens en voyage. L’flomme libre et la mer. REVUE DE PARIS ; octobre 1852. Don Juan aux en fers. (L’Impénitent.) L’Ar- TISTE ; 6 septembre 1846. Châtiment de l’orgueil. MAGASIN DES FA- MILLES juin 1850’. LaBeauté. REVUE FRANÇAISE ; 20 avril 1857. L’Idéal. LE MESSAGER DE L’ASSEMBLÉE ; 9 avril 1851. La Géante. REVUE FRANÇAISE ; 20 avril 1857. Le Masque. REVUE contemporaine ; 30no- vembre 1859. Hymne à la beauté. L’ARTISTE ; 15 oc- tobre 1860. Parfum exotique. La, Chevelure. REVUE FRANÇAISE ; 20 mai 1859. « Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne. 1. Cette pièce parut dans ce recueil en même temps que l’Ame du vin (le Vin des honnêtes gens), avec la note sui- vante « Ces deux morceaux inédits sont tirés d’un livre in- titulé les Limbes, qui paraîtra très prochainement, et qui est destiné à représenter les agitations et les méïaneoîies de la jeunesse moderne, = « Tu mettrais l’univers entier dans ta ruelle. »

Sed non satiata.

« Avec ses vêtements ondoyants et nacrés. »

REVUE FRANÇAISE ; 30 avril 1857.

Le Serpent qui danse.

Une Charogne.

De profundis clamaci. (La Beatirx) LE MESSAGER DE l’Assemblée ; 9 avril 1851 Le Spleen. REVUE des DEUX MonDES ; 1er Juin 1855

Le Vampire.

« Une nuit que j’étais près d’une affreuse juive. »

Remords posthume. REVUE DES DEUX MonDES ; 1er juin 1855.

Le Chat.

Duellum. L’ARTISTE ; 19 septembre 1858.

Le Balcon.

Le Possédé. REVUE française ; 20 janvier 1859.

Un Fantôme. L’ARTISTE ; 4, -) octobre 1860-

Contient 1° les Ténèbres ; 2° le Parfum ; 3° le Cadre ; 4° le Portrait.

« Je te donne ces vers, afinque si mon nom.

REVUE FRANÇAISE ; 20 avril 1857.

Semper eadem. REVUE contemporaine ; 15 mai 1860. 258 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Tout entière. Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire ? » Le Flambeau vivant. RIVUE FRANÇAISE ; 20 avril 1857. Réversibilité. REVUE DES DEUX Mondes 1 « * juin 1855. Confession. REVUE DES DEUX MONDES Ier juin 4855. L’Aube spirituelle. REVUE DES DEUX MON- DES 1er juin 1855. Harmonie clu soir. REVUE FRANÇAISE ; 20 avril 1857. Le Flacon. REVUE FRANCAISE ; 20 avril 1857. Le Poison. REVUE FRANÇAISE ; 20 avril 1857. Ciel brouillé. Le Chat. Le Beau Navire. L’Invitation au voyage. REVUE DES DEUX MONDES ; 1er juin 1855. L’Irréparable. (A la belle. aux checeux d’or.) REVUE DES DEUX MONDES ; 1er juin 1855. Causerie. Chant d’automne. REVU¡’; contemporaine ; 30 novembre 1859. CHARLES BADDELAIRE. 259 A une Madone. LA CAUSERIE ; 22 jan- vier 1860. L’ARTISTE ; 1er février 1861. Chanson d’après-midi. L’ARTISTE 15 oc- tobre 1860. Sisina. REVUE FRANÇAISE ; 10 avril 1859. Franciscœ meœ laudes. L’ARTISTE ;’10 mai 1837. A une dame créole. L’ARTISTE ; 2S mai 1845. Mœsla et wrabunda. REVUE DES DEUx MoN- DES 1er juin 1855. Le Revenant. Sonnet d’automne. REVUE CONTEMPO- RAINE ; 30 novembre 1859. Tristesse de la lune. Les Chats. Cité, sans nom d’auteur, dans un feuilleton de Champfleury, publié par LE CORSAIRE, no du 14 novembre 1847 ; reparu dans LE MESSAGER DE l’Assemblée, 9 avril 1851, et dans les Aventures de Mademoiselle Ma- riette, roman de Champfleury. Les Hiboux. LE MESSAGER DE L’AsSEM- blée ; 9 avril 1851. La Pipe. La Musique. Sépulture. 260 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Une gravure fantastique. (Unz gravure de Mortimer.) LE PRÉSENT ; 15 novembre 1857. Le Mort joyeux. (Le Spleen.) LE MESSAGER DE L’ASSEMBLÉE ; 9 avril 1851. Le Tonneau de la haine. LE MESSAGER DE L’ASSEMBLÉE ; 9 avril ! 851. REVUE DES DEUX Mondes ; 1er juin 1855. La Cloche fêlée. (Le Spleen.) LE MESSAGER DE L’ASSEMBLÉE ; 9 avril 1851. La Cloche. Rr- VUE DES DEUX MONDES ; le, , juin 1855. Spleen. Pl2rviôse irnté, etc. » LE Messager DE L’ASSEMBLÉE ; 9 av.il 1851. Spleen. « J’ai plus de souveni-rs, etc. Spleen. « Je suis comme le roi, etc. » Spleen. Quand le ciel bas et lourd, etc. » Obsession Revue contemporaine ; 15 mai 1860. Le Goût du néant. REVUE française ; 20 janvier 1859. Alchimie de ca douleur. L’ARTISTE ; 15 oc- tobre 1860. Horreur sympathique. L’Artiste ; 15 oc- tobre 1860. L’Beautontimoroumenos. L’ARTISTE ; 10 mai 1857. CHARALES BAUDELAIRE. 261 15. L’lrrémédiable. L’ARTISTE ; 10 mai 4857. L’Horloge. L’ARTISTE ; 15 octobre 1860. Tableaux parisiens. Paysage parisien. LE PRÉSENT ; 15 no- vembre 1857. Le Soleil. A une Mendiante rousse. Le Cygne. LA GAUSERIE ; 22 janvier 1860. (Fantômes parisiens.) Les Sept Vieillards. REVUE CONTEMPORAINE ; 15 septembre 1859. L’ARTISTE ; 15 janvier 1861. (Fantômes parisiens.) Les Petites Vieilles. REVUE CONTEMPORAINE ; 15 septembre 1859. Les Aveugles. L’ARTISTE ; 15 octobre 1860. « A une passante. L’ARTISTE ; 15 octobre 1860. Le Squelette laboureur. LA Causerie ; 22 janvier 1860. L’Almanach parisiex, année 1861. Le Crépuscule du soir. (Les Deux Crépuscules.) SEMAINE théâtrale ; 1er février 1S52. Le Soir. FONTAINEBLEAU, 1 vol., par divers ; 1855. 262 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Le Jeu. Danse macabre. REVUE CONTEÜPORAINE ; 13 mars 1859. L’Almanach PARISIEN, année 1860. L’Amour du mensonge. REVUE CONTEMPO- raine ; 15 mai 1860. <n Je n’ai pas oublié, voisine de la ville. » « La semante au grand cceur, dont vous étiez jalouse. » Brumes et Pluies. Rêve parisien. REVUE contemporaine ; 15 mai 1860. Le Crépuscule du matin. (Les Deux Crépuscules.) Semaine THÉATRALE ; 4er février 4852. Le Matin. Fontainebleau ; 1 vol., par divers, Le vin. L’Ame du vin. (Le Yin des honnêtes gens.) MAGASIN— DES FAMILLES ; juin 1850. Sous le titre de L’Ame du vin, dans LA RÉPUBLIQUE DU PEUPLE, ALMANACH DÉMOCRATIQUE, année 1852. Le Vin des chiffonniers. CHARLES BAUDELAIRE. 263 Le Vin de l’assassin. L’ÉCHO DES marchands DE vins ; 4848. Le Vin du solitaire. Le Vin des amants. Fleurs du Mal. La Destruction. (La Volupté.) Revue DES Deux MONDES ; 1er juin 18o5. Une Martyre. Femmes damnées. Les Deux Bonnes Sœurs. La Fontaine de sang. Allégorie. La Béatrice. REVUE DES DEUX Mondes ; lcrjuin 1855. Un Voyage à Cythèrc. REVUE DES DEUX Mondes ; 1er juin L’Amour et le Crâne.’Revue DES Deux MONDES ; 1er juin 1855. Révolte. Le Reniement de Saint-Pierre. REVUE de PARIS ; octobre 1852. Abel et Câin. Les Litanies de Satan. 264 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. La Mort. LaMort des amants. LE MESSAGER DE L’As- SEMBLÉE 9 avril 1851. La.Mort des pauvres. La Mort des artistes. LE MESSAGER DE l’As- SEMBLÉE 9 avril 1851. La Fin de la journée. Le Sève d’un curieux. REVUE CONTEMPO- RAINE ; 15 mai 1860. Le Voyage. REVUE FRANÇAISR ; 10 avril 4859. Aventures d’Arthur Gordon Pym. Annoncées au faux-titre des Nouvelles His- toires extraordinaires, sous le titre de Der- nière Histoire extraordinaire. Traduit d’Edgar Poe, par Charles Baudelaire. Lévy, 1858 ; in-12 de 280 pages. A paru dans LE MoNi- TEUR UNIVERSEL, 25 février 1857 et jours suivants. Théophile Gautier, par Charles Baude- laire, notice littéraire, précédée d’une lettre de Victor Hugo. Poulet-Malassis et de Broise, 1859 ; in-12 de yiu-68 pages ; travail paru d’abord dans L’ARTISTE du 43 mars 1859. Annoncé sur la couverture « 1° Notices littéraires ; 2° Machiavel et Condorcet, dialogue philosophique. » Ces deux ouvrages n’ont pas paru.

Les Paradis artificiels ; Opium et Haschich, par Charles Baudelaire. Poulet-Malassis et de Broise, 1860 ; grand in-12 de 306 pages. Annoncé sur la couverture « Sous presse, du même auteur Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains ; un volume contenant Edgar Poe, Théophile Garder, Pierre Dupont, Richard Wagner, Auguste Barbier, Leconte de Lisle, Régésippe Moreau, Pétrtcs Borel, Marceline Desbordes-Valmore, Gustave Le Vavasseur, Gustave Flaubert, Philibert Routière, et la famille des Dandies, ou Chateaubriand, de Custine, Paul de Molènes et Barbey d’Aurevilly. » Ce volume n’a jamais paru ; cependant tous les articles qui devaient le composer existent, sauf le dernier, pensons-nous.

Les Paradis artificiels contiennent

Dédicace à J. G. F.

Le Poème du haschich (De l’idéal artificiel. Le Haschich). REVUE CONTEMPORAINE ; 30 septembre 1838.

Un mangeur d’opium (Enchantements et Tor- 266 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. tures d’un mangeur d’opium). REVUE CONTEM- PORAINE 15 et 31 janvier 1860. Cette dernière partie du livre est une con- densation de l’ouvrage d’un littérateur anglais, De Quincey Confessions of an english opium- eater, being an extract from the li fe o f a scholar. Richard Wagner et Tannhauser à Paris, par Charles Baudelaire. Dentu, 1861 ; brochure in-12 de 70 pages. Ce travail avait paru d’abord dans la REVUE européenne du 1er avril 1861 l’auteur y ajouta une post-face sous ce titre Encore quelques mots. Eureka, traduit d’Edgar Poe, par Charles Baudelaire. Lévy, 1861 ; in-12 de 252 pages. Cet ouvrage, dont le commencement parût dans les nos 2 à 5 de la REVUE internationale octobre 1859 à janvier 1860 publiée en Suisse, n’y fut pas terminé. Histoires grotesques et sérieuses, tra- duites d’Edgar Poe, par Charles Baudelaire. Lévy, 1865 ; in-12 de 372 pages. Ce volume contient Le Mystère de Marie Roget. Le Joueur d’échecs de Maelsël. LE M ONDE ILLUSTRÉ ; 12, 19, 26 juillet et 2-août 1862. CHARLES BAUDELAIRE. 267 Éléonora. REVUE FRANÇAISE ; 10 mars 1859, REVUE FANTAISISTE ; 15 novembre 1861. UnÉvénementàJérusalem. REVUE Française : 20 mars 1859. L’Ange du bizarre. LA Presse : 17 février 1860, et LE MONDE ILLUSTRÉ, février 1863. Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume. LE MONDE illustré : î, 14, 21 et 28 janvier 1865. Le Domaine oVArnheim. Le Cottage Landor. Réimprimé dans LA VIE PARISIENNE du 24 juin 1865, après sa publication en volume ;’la mise en vente des Histoires grotesques et sérieuses avait eu lieu en mars 1865. Philosophie de l’ameublement. LE MAGAStN DES FAMILLES, octobre 1852 ; LE MONDE LIT- TÉRAIRE, 27 mars 1853 ; LE PAYS, 14 sep- tembre 1854. Tirage à vingt exemplaires, en une brochure in-8° de 16 pages ; Alençon, veuve Poulet-Malassis, 1854. La Genèse d’un poème. (Le Corbeau.) L’AR- TISTE, lermarsl853 ; LE PAYS, 29 juillet 1854 ; REVUE FRANÇAISE, 20 avril 1859. Les Épaves de Charles Baudelaire,. Ce 268 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. livre a été publié, en même temps, à 280 exem- plaires papier vergé et 10 chine, sans nom d’im- primeur, sous la désignation de : Amsterdam, à fenseigne du Coq, avec une eau-forte fron- tispice de Félicien Rops ; 1866, grand in-12 de 164 pages ; et à cinq cents exemplaires papier vélin, sans eau-forte, avec le nom de l’impri- meur Briard, à Bruxelles, et l’adresse : Bruxelles, chez tous les li6raires. Il contient, outre les six pièces condamnées, qui parurent dans la pre- mière édition des Fleurs du Mal : Le Coucher du soleil romantique. LE BOULE- vaRD, 12 janvier 1862. Soleil couché, sonnet- épilogue, dans les MÉLANGES TIRÉS D’UNE PETITE BIBLIOTHÈQUE ROMANTIQUE, par Ch. Asselineau, in-8°, René Pincebourde, 186ï. Le Jet d’eau. La PETITE REVUE ; 8juilletl865, avec cette variante au refrain La gerbe d’eau qui verse Ses mille fleurs, Que la lune traverse De ses lueurs, Tombe comme une averse De larges pleurs. Les Yeux de Berthe. REVUE NOUVELLE ; 1 « mars 1864. CHARLES BAUDELAIRE. 269 Eymne. LE PRÉSENT ; 15 novembre 1857. LA PETITE REVUE ; 16 décembre 1868. Promesses d’un visage. Le Monstre. Franciscœ meœ laudes. Se trouve dans les Fleurs du Mal ; reproduit ici avec la dédicace et la note supprimées dans la seconde édition de ce livre. Vers pour le portrait de M. Honoré Daumier. HISTOIRE DE LA CARICATURE MODERNE, par Champfleury, 1865 ; in-12, page 64. Lola de Yalence. Au bas d’un portrait à l’eau-forte de cette artiste, par M. Manet, à l’Exposition de Paris, 1863. Sur le Tasse en prison, d’Eugène Delacroix. REVUE NOUVELLE ; Ier mars 1864. La Voix. REVUE contemporaine ; 28 fé- vrier 1861. L’ARTISTE ; 1er mars 1862. L’Imprévu. LE BOULEVARD ; 23 janvier 1863. La Rançon. LE PRÉSENT ; 15 novembre 1857. LA PETITE REVUE ; 16 décembre 1865. A une Malabaraise. (A une Indienne.) Signe Pierre de Fayis. L’ARTISTE ; 13 décembre 18iO. A une lllalabaraise. LE PRÉSENT ; 15 novembre -1857, —et LA PETITE REVUE ; 14 octobre 1865. 270 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Les six derniers vers manquent dans toutes les réimpressions ; ils ne se trouvent que dans l’Artiste du 13 décembre 1846. Les voici Amour de l’inconnu, jus de l’antique pomme, Vieille perdition de la femme et de l’homme, 0 curiosité, toujours tu leur feras Déserter, comme font les oiseaux, ces ingrats, Pour un lointain mirage et des cieux moins prospères Le toit qu’ont parfumé les cercueils de leurs pères. Sur les clébuts (à Bruxelles) de mademoi- selle Amina Boschetti. LA PETITE REVUE ; 13 mai 1865. A propos d’un importun. Un cabaret folâtre1. 1868. Post-scriptum de la première partie. Une édition des Œuvres complèles de Charles Baudelaire a paru ; elle contient un Sonnet à Théodore de Banville, daté de 1842, et un 1. Nous avions mis ici cette note, qui fut omise dans la pre- mière édition La circulation des Épaves étant interdite en France, nous avons renseigné de nouveau, parmi les poésies à réimprimer à Paris (voir plus loin, dans la deuxième partie de ce travail), celles de ces pièces dont la publication y serait possible. » CHARLES BAUDELAIRE. 271 article intitulé l’Art philosophique, qui sont inédits, ainsi que les poèmes en prose sui- vants Mademoiselle Bistouri ; le Galant Tireur ; la Soupe et les nuages Perte d’auréole Assom- mons Les pauvres ; Épilogue (en vers). Les pièces des Épaves qu’il était possible de réimprimer ont été intercalées, peut-être arbi- trairement, dans les Fleurs du Mal ; et un complément, contenant les six pièces condam- nées et celles difficiles à faire paraître dans les œuvres complètes, a paru à Bruxelles, en 1869, sous le titre de Complément des Fleurs dzc Mal, édition définitive. M. Émile Deschanel, dans un article du Journal des Débats du 15 octobre 186i, a cité quelques vers inédits de Ch. Baudelaire. 1869. DEUXIÈME PARTIE’. ARTICLES Nouvelles. Le Jeune enchanteur, histoire tirée d’un pa- limpsrste d’Herculanum. L’ESPRIT PUBLIC ; 20, 21 et 22 février 1846. LE MAGASIN LITTF- RAiRE ; no 61, juillet 1846. La Fanfarlo. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES ; janvier 1847 ; signé Charles Dufayis. LES Veillées LITTÉRAIRES ILLUSTRÉES ; livraison 15, 1849. Travaux sur Edgar Poe. .Voie accompagnant Révélation magnétique ; non réimprimée. LA LIBERTÉ DE PENSER ; 15 juillet 1848. 1. Les morceaux précèdes ici d’un astérisque ont reparu au- jourd’hui dans les œuvres complètes de Ch. Baudelaire ; Maison Lévy, années 1868 et suivantes ; sept votumes in-12. CHARLES BAUDELAIRE. 273 Edgar Allan Poe ; sa vie et ses ouvrages. REVUE DE PARis ; mars et avril 1852. Cette notice est différente de celles qui ont été impri- mées en tète des deux séries d’Histoires extraor- dinaires elle contient, entre autres curiosités, une appréciation critique de Charles Baude- laire sur la plupart des ouvrages de Poe. C’est cette notice qu’il faudrait placer dans l’ouvrage : Réflexions sur quelques-uns de mes contempo- rains. (Voir plus loin Études littéraires.) Le Cœur révélateur ; traduit de Poe. PARIS- Journal ; 4 février 1853. Autre version que celle des Nouuelles histoires extraordinaires. Dédicace des Histoires extraordinaires, tra- duite d’Edgar Poe ; non réimprimée. LE PAYS ; 25 juillet 1854. Note de Aventure sanc pareille d’un certain Bans P faal, traduit de Poe. Longue et in- téressante, supprimée en.volume. Le Pays ; 20 avril 1855. Études sur les Beaux-Ar ts. Le Musée classique du bazar Bonne-Nouvelle, LE CORSAIRE-SATAN ; 21 janvier 1846. 274 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Sur le Prométhée délivré de M. de Senneville (Louis Ménard). LE CORSAIRE-SATAN ; 3 fé- vrier 1846. Exposition universelle de 4855. Méthode de critique, Ingres, Delacroix. LE PAys ; 26 mai et 3 juin 1855. L’article sur Ingres n’a jamais paru ; il n’existe qu’en épreuves. Les Caricaturistes français. LE PRÉSENT ; ler octobre 1857. L’ARTISTE ; 24 et 31 octobre 1858 Les Carieaturistes étrangers. LE PRÉSENT ; 15 octobre 1857. L’ARTISTE ; 26 septembre 1858. Salon de 4859. REVUE FRANÇAISE ; 10, 20 juin ; 1er et 20 juillet 1859. Peintures murales d’Eugène Delacroix. Revue FANTAISISTE ; 15 septembre 1861. Peintres et Aqua-f or listes. LE BOULEVARD ; 14 septembre 1862. A propos d’Eugène Delacroix. L’Opinion NATIONALE ; 2 septembre, 14 et 22 novembre 1863. Le peintre de la vie moderne (M. Constantin Guys). LE Figaro ; 26, 29 novembre et 3 dé- cembre 1863. CHARLES BAUDELAIRE. 275 Vente du cabinet d’Eugène Piot. LE FirARo ; 24 avril 1864. Études diverses. Choix de maximes eonsolantes Sur LE Corsaire-Satan ; 3 mars 4846 1. C dttseils aux jeunes littérateurs. L’Esprit T PUBLIC ; 15 avril 1846. Du vin et du haschich. LE MESSAGER DE L’ASSEMBLÉE ; 7, 8, 11 et 12 mars 1851. Très curieux première ébauche du livre les Para- dis artificiels. Morale du joujou. LE MONDE LITTÉRAIRE ; avril 1853. LeTriboulet-Rabelais ; 13 juin 1857. De l’es.sence du rire. Publié en 1853 dans un journal qui n’a pu être retrouvé. (Note de M. de laFizelière.) LE PRÉSENT ; Ier septembre 1857. Poésies. •1° Pièces réunies sous le titre de : - Nauvelles fleurs du mal, dans le Parnasse contemporain ; in-8°, par divers ; 1866 : 1. Réimprimé depuis dans le supplément littéraire de l’Écho de Paris des’24 et 31 mai 1891. Note de 4893. 276 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Épigraphe pour un livre condamné. REVUE EUROPÉENNE ; 15 septembre 1861. LE BOULE- YARD ; 12 janvier 1862. L’Examen de minuit. LE BOULEVARD ; 1er février 1863. Madrigal triste. REVUE FANTAISISTE 15 mai 1861. A une Malabaraise. (Voir LES ÉPAVES.) L’Artiste ; 13 décembre 1846, etc. L’Avertisseur. REVUE EUROPÉENNE ; 15 sep- tembre 1861. LE BOULEVARD ; 12 janvier 1862. Hymne. (Voir LES Épaves.) La Voix. (Voir LES ÉPAVES.) La Rebellé. REVUE EUROPÉENNE ; 15 sep- tembre 1861. LE BouLEVARD ; 12 janvier 1862. Le Jet d’eau. (Voir les Épaves.) Les Yeux de Berthe. (Voir LES ÉPAVES.) La Rançon. (Voir LES ÉPAVES.) Bien loin d’ici. REVUE NOUVELLE ; 1er mars 1864. Recueillement. REVUE européenne ; 1er no- vembre 1861. LE BOULEVARD 12 janvier 1862. Le Gouffre. L’ARTISTE ; 1er mars 1862. REVUE NOUVELLE ; lor mars 1864. CHÀRLES BAUDELAIRE. 277 16 Les Plaintes d’un Icare LE Boulevard ; 28 décembre 1862. 2° Pièces qui n’ont jamais été recueillies en France : Le Calumet de paix. REVUE contempo- RAINE, 28 février 1861. La Prière d’un païen. REVUE EUROPÉENNE ; 15 septembre 1861. LEBOULEVARD ; 12janvier 1862. Le Couvercle. LE BOULEVARD 12 janvier 1862. LE PARNASSE CONTEMPORAIN ; page278, 1 vol., 1866. La Lune offensée. L’ARTISTE ; 1er mars 1862. Fers laissés chez un ami absent. LA PETITE REVUE ; 29 avril 1865. Pour ne pas aller à Nanaur. LA PETITE RE- vuE ; 29 avril 1865. Yenus beiga. Pièce gaillarde. NouvEAU PAR- NASSE SATYRIQUE DU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE ; Bruxelles, 4866 i. Sonnet. LA SILHOUETTE ; 1er juin 1845. LA 1. Pièce réimprimée, en 1881, dans la seconde édition du même ouvrage, et, en 1890, dans l’édition française des Épaves, publiée par M. Lemerre. Note de 1893. 278 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. PETITE REVUE ;  ? 4juin 1865. NouvEAU PAR- NASSE SATYRIQUE DU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE ; Bruxelles, i866. Le Coucher du soleil romantique. (Voir i, Es Épaves.) Vcrs pour le portrait d’Honoré Daumier. (Voir LES Épaves.) Sur le Tasse en prison d’Eugène Delacroix. (Voir LES Épaves.) L’Imprévu. (Voir LES ÉPAVES.) Sur les débuts Bruxelles) de mademoiselle Amina Boschetti. (Voir LES Épaves.) A propos d’un imrortun. (Voir LES Épaves.) Un Cabaret folâtre. (Voir LES ÉPAVES.) Études littéraires. 1° Morceaux qui devaient composer l’ouvrage Réflexions sur quelques-uns de mes contem- porains Théophile Gautier. 1°. (Voir dans la première partie la brochure publiée sous ce titre.) Théophile Causer. 2°. (Écrit pour l’Aratholo- gieCrépet.) Revue fantaisiste ; 18 juillet 1861. Edgar Poe. REVUE DE PARIS ; mars et avril 1852. (Voir plus haut Travaux sur Poe.) CHARLES BAUDELAIRE. 279 Pierre Dupont. 1°. (Notice parue en tête de ses ŒUVRES, 18S2.) Pierre Dupont. 2°. (Écrit pour l’Anthologie Crépet.) REVUE fantaisiste ; 1 5 août 1861. Richard Wagner. (Voir dans la première partie la brochure publiée sous ce titre.) Auguste Barbier. REVUE fantaisiste ; ̃15 juillet 1861. Leconte de Lisle. (Écrit pour l’Anthologie Crépct.) REVUE fantaisiste ; 15 août 1861. Régésippe Moreau. (Écrit pour ¡ ; Anthologie Crépet) ; n’y a pas paru. Existe en épreuve. Pétrus Bord. REVUE FANTAISISTE ; 15 juil- let —1861. Marceline Desbordes— Valmore. (Écrit pour l’Anthologie Crépet.) REVUE FANTAISISTE 1er juillet 1861. Gustave Le Vavassmr. (Écrit pour r Antho- logi : e Crépet.) REVUE fantaisiste : —le, août 1861. Gustave Flaubert. L’ARTISTE ; 18 octobre 1857. Philibert Bouvière, 1". NOUVELLE biogra- phie des ARTISTES DRAMATIQUES. N° 61 1855. L’ARTISTE ; 1er décembre 1869. 280 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Le Comédien Routière. 2°. Signé Ch. B. LA Petite REVUE ; 28 octobre 1865. 2° Autres études littéraires et lettres, non-recueillies Comment on paie ses dettes quand on a du génie. L’Écho DES Théâtres ; 23 août 1846. Contes de Champfleury. LE CORSAIRE-SATAN ; 18 janvier 4848. Les Drames et les Romans honnêtes. SE- MAINE THÉÂTRALE ; 27 novembre 1851. L’École païenne. SEMAINE THÉATRALE ; 22 janvier 1852. REVUE DE POCHE ; 25 décembre 1866. Lettre à Fernand Dzsnoyers. FONTAINEBLEAU ; 1855, in-12, par divers. Lettre à Jean Rousseau sur Victor Hugo ; etc. LE FIGARO 13 juin 1858. Victor Hugo. (Écrit pour V Anthologie Crépet ) REVUE fantaisiste ; 15 juin 1861. Charles Asselineau. La Double Vie. L’Ar- TISTE ; 9 janvier 1869. Théodore de Banville. (Écrit pour l’Anlholo- gie Crépel). REVUE fantaisiste ; 1— août 1861. ̃ Léon Cladel. Préface des Martyrs idicules, CHARLES BAUDELAIRE. 281 16. par lion Cladel. REVUE FANTAISISTE ; 15 oc- tobre 1861. Les Misérables, par Victor Hugo. LE Boule- YARD 20 avril 1862. Note biographique. BIBLIOGRAPHIE, etc., par A. de la Fizelière ; 1868, page vi. Lettre à Auguste Yacquerie. LE. TEMPS ; 43 fé- vrier 1869. Lettre à Armand Fraisse. Paris— Journal ; 26 mai 18691. Lettre à Charles Asselineau. CHARLES BAU- delaire, etc., par Asselineau, 1869, page 92. Poèmes en prose. Ils devaient d’abord être réunis sous le titre de Le spleen de Paris. Les deux Crépuscules. Fontaine- bleau ; 1855, in-12, par divers. Contient : Le Crépuscule du soir. Reparu dans LE PRÉSENT ; 24 août 1857. REVUE FANTAISISTE ; 1er novembre 1861. LE FIGARO ; 7 février 1864. Cette dernière version très augmentée. 1. Citée par M. Crépet dans l’onvrage dont nous parlerons plus loin. Note de 4893. 282 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. La Solitude. Reparu dans : LE PRÉSENT ; 24 août 1857. REVUE FANTAISISTE ; 1er no- vembre 1861. REVUE DE PARIS ; 25 décembre 1864. Cette dernière version très changée. Poèmes nocturnes. LE Présent : 24 août 1857. Contient, outre les deux pièces précé- dentes Le.s Projets. Reparu dans la REVUE FAN- taisiste ; 1er novembre 1861. Autre version, très changée, dans :. LA VIE PARISIENNE ; 13 août 1864 ; et REVUE DE PARIS ; 25 décembre 1864. L’Horloge. Avec note supprimée dans toutes les réimpressions. Reparu dans la REVUE FAN- TAISISTE ; 1er novembre 1861 et dans LA PRESSE ; 24 septembre 1862. La Chevelure. Reparu dans la Revue FANTAISISTE ; 1er novembre 1861 ; et, sous le titre de Un Hémisphère dans une chevelure, poème exotique, dans la Presse ; 24 septembre 1862. L’inuitation au voyage. Reparu dans la RE- VUE fantaisiste ; 1er novembre 1861 et dans LA PRESSE ; 24 septembre 1862. Poèmes en prose. REVUE FANTAISISTE ; CHARALES BAUDELAIRE. 283 1er novembre 1861. Contient, outre les six pièces précédentes Les Foules. Reparu dans la PRESSE 27 août 1862. Les Veuves. Reparu dans la PRESSE 27 août 1862. Le Vieux Saltimbanque. Reparu dans La PRESSE ; 27 août 1862. Poèmes en prose. LA PRESSE 26, 27 août et 24 septembre —18G2. Contient, outre les poèmes désignés plus haut A Arsène Houssaye. Dédicace. ° L’Étranger. Le Désespoir de la vieille. Le Confiteor de l’artiste. Un Plaisant. La Chambre double Chacun la sienne (chacun sa chimère). Le Fou et la Vénus. Le Chien et le Flacon. Le Mauvais Vitrier. A une Heure du matin. La Femme sauvage et la Petite Maîtresse. Le Gâteau. Le Joujou du pauvre. 284 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Le Don des fées. Petits poèmes en prose. REVUE natio- nale ; 10juin, 10 octobre et 10 décembre 1863. Contient Les Tentations, ou Éros, Plutus et la Gloire. ̃* La Belle Dorothée. UneMort héroïque. Reparu dans L’ARTISTE ; 1er novembre 1864. Le Désir de peindre. Le Thyrse. A Franz Liszt. Les Fenêtres. Déjà. Poèmes en prose. LE BOULEVARD ; 14jutn 1863. Contient Sans titre. Reparu sous le titre de Les liienfaits de la Lune, dans la REVUE NATIO- nale ; 14 septembre 4867. Laquelle est la vraie ? Reparu sous le titre de L’Idéal et le Réel, dans la REVUE NATIO- SALE ; 7 septembre 1867. Le Spleen de Paris, poèmes en prose. LE Figaro ; 7 et 14 février 1864. Contient, outre le Crépuscule du soir La Corde. A Édouard Manet. Reparu dans i,’ARTISTE ; 1er novembre 1864. CHARLES BAUDELAIRE. 285 Le Joueur généreux. Reparu sons ce titre : Petits poèmes lycanthropes le Diable dans la REVUE au dix-neuvième SIÈCLE : juin 1866. Enivrez-vous. Les Vocations. Un Cheval de race. Petits poèmes en prose. L’ARTISTE ; 1er novembre —1 864. Contient, outre la Corde et une Mort héroïque La Fausse Monnaie. Reparu dans la REV UE DE PARIS ; 25 décembre 1864 ; aussi dans la REVUE DU dix-neuvième SIÈCLE ; juin 1866, sous le titre général de Petits Poèmes lycan- Ihropes. Le Spleen de Paris, poèmes en prose. REVUE DE PARIS ; 25 décembre 1864. Con- tient, outre les Projets et la Fausse Monnaie 1° Les Yeux des pauvres. 2° Le Port. 3° Le Miroir. Les Bons chiens, poème en prose. A Joseph Stevens. L’INDÉPENDANCE BELGE ; 21 juin 1865. La PETITE REVUE ; 27 octobre 1866. LE GRAND Journal ; 4 novembre 1866. RE- VUE NATIONALE 31 août 1867. 286 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Portraits de maîtresses. REVUE nationale ; 21 septembre 1867. Any whzre out o f the world. (N’importe où hors du monde.) REVUE NATIONALE ; 28 sep- tembre 1867. Le Tir et le Cimetière. REVUE nationale ; 12 octobre 1867. Ici se termine notre travail. Il ne nous reste plus que quelques mots à dire. Dans le Mémoire publié en 1887 pour la défense des Fleurs du Mal, deux notes signées appartiennent encore à Charles Baudelaire. Il a collaboré aussi au journal le Salut public, dont deux numéros, parus les 27 et 28 février 1848, for- ment à eux seuls la collection complète. Quoi- que les articles y soient anonymes, on lui attri- bue le premier de chaque numéro. L’un est intitulé Au Peuple, et l’autre : Les Chdtiments de Dieu. D’après une autre opinion, le mor- ceau inlitulé Aicx chefs du gouvernement pro- visoire, lui appartiendrait seul dans le pre- mier numéro ; tel est du moins l’avis exprimé par MM. de là Fizelière et Decaux, dans un CHARLES BAUDELAIRE. 287 opuscule dont nous parlerons tout à l’heure’. Nous laissons à ces messieurs la responsabilité d’attribution à Charles Baudelaire de quelques travaux anonymes ou signés des initiales C.B., que nous nous contentons d’indiquer Contes normands de Jean de l’alaise (le mar- quisde Chennevières-Pointel). Anonyme. LE COR- SAiRE-SATAN 4 novembre 1845. Sapho. Fragment anonyme de tragédie, en collaboration. LE Corsaire-Satan ; 25 no- vembre 1845. Causeries, du Tintamarre en collaboration et sous pseudonyme. LE Tintamarre ; 1er sep- tembre 1846 à mars 1847. Note de M. Auguste Vitu, dans la brochure de MM. de la Fizelière et Decaux. Chanson. Publiée sous le nom de M. Privat d’Anglemont dans son petit livre LA CLO- SERIE DES LILAS ; 1848. Une Réforme à V Académie. Anonyme. REVUE anecdotique ; numéro deux’de janvier 1862. Paul Gascon de Molènes. Antonyme. REVUE 1. Essais de bibliographie contemporaine. Charles Baude- la ire, par JIM. A. de la Fizelière et Gborges Decaux. Paris, 1868, in-18. i 288 LES LCNDISjD’CN CHERCHEUR. anecdotique ; numéro deux de mars 1862. L’Eau-forte est à la mode. Anonyme. Revue ANECDOTIQUE ; numéro deux d’avril 1862. Anniversaire de la naissance de Shakespeare, lettre anonyme. LE FIGARO, 14 avril 1864. Lettre sur Proudhon, signée C. B. PETITE REVUE ; 11 mars 1865. Amœnitates belgicœ. Brochure signée C. B., 1868. Détruite avant publication 1. 1868. 1. M. Poulet-Malassis nous a confirmé l’attribution à Charles Baudelaire de quelques articles et du recueil d’épigrammes dont il est question dans la note précédente. Il était rédacteur-propriétaire de la Revue anecdotique en 1862, l’année où les articles : Une Réforme à F Académie Paul G. de Molènes ; L’Eau-forte est à la mode, y parurent. Il possède une lettre de M. Sainte-Beuve à propos du premier de ces articles. Baudelaire a corrigé de sa main, sur un exemplaire du Par- nasse satyrique du siècle, la publiée sous le nom de Privat d’Anglemont dans le petit livre la Closerie des lilas, en 1848. Le recueil Amœnitates belgicœ (in-8° de 16 p.) n’a pas été détruit jusqu’au dernier exemplaire, comme le suppose notre collaborateur. Il en est resté un, sur peau de vélin, auquel nous avons pu emprunter trois épigrammes pour notre appendice. Les autographes existent d’ailleurs en double, entre les mains de M. Poulet-Malassis et de M. Charles Asselineau. Enfin, comme propriétaire de la Petite Revue en 1865, nous- même avons eu sous les yeux l’autographe de la Lettre sur Proudhon, signée C. B. (numéro du 11 mars). Sur tous ces points, MM. de la Fizelière et Decaux étaient parfaitement renseignées. CHARLES BAUDELAIItE. 289 17 Appendice. 1 Le texte de cette étude bibliographique est absolument conforme ici à celui de sa première édition. On verra tout à l’heure pourquoi nous avons voulu n’y rien changer. Nous avons seulement fait quelques corrections indispen- sables, interverti l’ordre de publication d’une phrase relative aux vers A une Malabaraise, et intercalé certains titres de divisions de séries et trois ou quatre citations, que le peu de place dont nous disposions nous avait forcé de supprimer à l’origine. Ces pages furent publiées pour la pre- mière fois, non signées, en 1872, dans le volume collectif et anonyme intitulé Charles Baude- laire, Souvenirs, Correspondances, Bibliographie, paru chez Pincebourde ; elles nous avaient été demandées, plus de quatre ans auparavant, par M. Charles Asselineau. Les événements de 1870 empêchèrent d’abord l’apparition de l’ouvrage, pourtant presque achevé ; puis, les conséquences de cette terrible 290 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. guerre la retardèrent encore pendant près de deux ans. Quand le livre fut enfin mis en vente, grande fut notre surprise d’y trouver annexée la note finale, dont le véritable auteur, d’après les termes mêmes de cette note, semblait être l’éditeur du livre. Nous constatâmes en même temps la suppression de toute la troisième partie de notre travail, relative aux lacunes et aux erreurs d’une Bibliographie de Baudelaire, très intéressante pourtant, par MM. de la Fizelière et Decaux, (in-18, 1868), parue avant la nôtre, et dont nous promettions au lecteur de parler (voir page 287). Il en résulta ce fait au moins bizarre qu’après avoir annoncé l’in- tention de revenir sur cette publication, qui contient plus d’une citation curieuse, il n’en est plus question, et cela, comme on peut le voir, sans aucune explication. Nous pourrions rétablir ici ce chapitre inédit, car le hasard nous a fait retrouver dernièrement le manuscrit de toute cette étude, qui porte les stigmates ordinaires des écrits passés à l’imprimerie. Mais cette partie, arbitrairement coupée jadis, n’aurait plus, pensons-nous, le même intérêt à présent. CHARLES BAUDELAIRE. 291 Nous ne la publierons donc pas aujourd’hui pour la première fois, après qu’elle a dormi vingt ans dans nos cartons. En revanche, nous avons tenu à maintenir ici, comme pièce à l’appui, la note dont nous avons parlé, à cause du nom de son véritable auteur, feu M. Poulet-Malassis, le premier édi- teur des Fleurs du Mal, comme on sait. On va voir comment nous avons appris ce détail longtemps après la mort de ce libraire, et quelles surprises plus vives encore nous réservait cette découverte. En tête de son exemplaire de ce livre col- lectif sur Charles Baudelaire, exemplaire passé d’abord à sa vente après décès (1-4 juillet 1878), puis ensuite à celle du très vivant et très ai- mable M. Charles Cousin (7-11 avril 1891, N° 810 du Catalogue, publié par M. Durel), M. Poulet-Malassis a placé un long commentaire autographe, daté du 11 septembre 1874, dans lequel se trouve indiqué l’apport de deux des collaborateurs anonymes de l’ouvrage. Puis il ajoute « Le surplus du travail littéraire a été fait par moi », traitant ainsi notre Biblio- graphie comme son œuvre personnelle. Il suffit 292 LES LUNDIS D ON CHERCHEUR. de lire les lignes ajoutées en note par lui, et à notre insu, à nos propres pages, pour reconnaître, par leur rédaction même, l’inexac- titude de cette affirmation. Sur un feuillet de garde du recueil auto- graphe et inédit des Amœnilates belgicœ, par Charles Baudelaire, ayant fait aussi partie de sa vente après décès, M. Poulet-Malassis avait encore écrit ceci a Ce recueil n’a jamais été imprimé, bien que j’aie dit le contraire dans le livre de Charles Baudelaire (page 184). C’était pour faire de la peine au bibliophile belge, le vicomte de Spoelberg (sic), et lui faire désirer, en vain, ma vente après décès. » Nous aurions sans doute éternellement ignoré tous ces détails, sans intérêt d’ail- leurs pour personne, hormis pour nous-même relativement à notre probité littéraire, si le manuscrit en question n’avait reparu à la’ vente de M. J. Noilly (15-20 mars 1886, No 511 du Catalogue, chez madame veuve Labitte). Le commentaire que nous venons de CHARLES BAUDELAIRE. 293 citer y fut imprimé en toutes lettres’. Nous apprîmes ainsi, seulement alors, le nom du véritable auteur de la note et des renseigne- ments inexacts fournis aux pages 184 et 185 du volume Charles Baudelaire, renseigne- ments maintenus, on sait maintenant pour- quoi, à la fin de notre premier travail. Il est vrai qu’à l’origine, nous ne nous étions guère enquis ni occupé de ces faits, et, nous devons avouer que, sans les circonstances qui précèdent, nous ne nous en serions jamais soucié davantage. Du reste, à la page sui- vante de ce même catalogue de la vente Noilly, en donnant le détail des morceaux recueillis dans Charles Baudelaire, son rédacteur cite a La bibliographie de Baudelaire, rédigée, croyons-nous, par MM. de Spoelberg (sic) et Poulet-Malassis. » On sait aujourd’hui quelle est la seule part de collaboration ( ? ) qui revient à ce dernier dans nolre œuvre. 1. M. Eugène Crépet a reproduit aussi cette note, d’après le Catalogue Noilly, à la page cm de l’introduction de son re- marquable volume Œuvres posthumes et Correspondances inédites de Charles Baudelaire, sur lequel, nous l’avons déjà dit, nous reviendrons plus loin. 294 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. M. Poulet-Malassis usait, on le voit, à notre égard, de procédés plus que singuliers, dont l’origine et le but nous échappent également. Inconnus de nous pendant sa vie, ces agis- sements nous demeurent incompréhensibles après sa mort, nos relations avec lui s’étant bornées à une seule rencontre, survenue à Bruxelles, vers 1864 ou 1865. Mais terminons ce petit épisode de certaines mœurs littéraires de ce temps, pour arriver à des détails plus intéressants, c’est-à-dire à la suite de nos recherches sur Baudelaire depuis 1869 jusqu’à ce jour. II Les sept volumes de l’édition des Œuvres complètes, édités par la maison Lévy, de 1868 à 1870, contiennent, comme nous l’avons in- diqué, presque tous les écrits de Baudelaire retrouvés à cette date. On leur a joint, à la fin des Fleurs du Mal, la brochure imprimée en 1857 pour la défense de ce livre. Elle contient, on s’en souvient, deux courtes notes de l’auCHARLES BAUDELAIRE. 295 teur mais l’article de M-. Dulamon (extrait de la Presse) en a été éliminé, bien qu’il soit ren- seigné au début comme faisant partie de l’opuscule ajouté. En revanche, on y trouve, pour la première fois, quelques lettres très curieuses écrites à Baudelaire, par MM. Victor Hugo, Sainte-Beuve, etc., etc., à l’occasion du procès en question fait au poète. Le Complément des Fleurs du Mal, tiré, comme nous l’avons indiqué, des Épaves, a pu récem- ment reparaître aussi en France. En 1890, l’éditeur Lemerre a donc terminé son édition des Œuures complètes, identique comme contenu à celle de la maison Lévy, par la réimpression de toutes les pièces qui faisaient. partie de ce Complément. Elle forme une jolie plaquette, intitulée de nouveau les Épaves, et son texte est tout à fait conforme à la brochure origi- nale. On y a seulement ajouté Y Épilogue àeY Art romantique (tome trois des Œuvrcs), et trois pièces nouvelles, imprimées seulement, jusqu’alors, l’une Vénus Belge, en 1866, dans la pre- mière édition du Nouveau Parnasse satyriqûe du dix-neuvième siècle, et les deux autres Opi- nion de M. Hetzel sur le Faro, et les Belges 296 LRS LUNDIS D’UN CHERCHEUR. et la Lune, en 1881, dans la seconde édition du même ouvrage, ainsi que nous l’indiquons plus loin. Il a paru, de plus, publié par un érudit des plus distingués, M. Eugène Crépet, un ou- vrage important Œuvres posthumes et Corres- pondances inédites de Charles Baudelaire (in-8°, 1887), qui devait être suivi d’un autre livre réunissant encore beaucoup de pages inédites ou non réimprimées de Baudelaire. Mais la mort regrettable de M. Crépet empêchera mal- heureusement, sans doute, l’apparition de ce second travail, dont les éléments seuls étaient rassemblés, croyons-nous. Outre ses lettres à Sainte-Beuve, communi- quées par nous, et une partie de celles écrites à M. Poulet-Malassis, ces Œuvres posthumes et Correspondances inédites de Charles Baudelaire ont fait connaître certains travaux du plus grand intérêt. Le recueil où parut d’abord notre Étude bibliographique en contient d’autres, et M. Charles Asselineau, dans ce livre person- nel sur son ami, intitulé Charles Baudelaire, sa vie et son œuvre (in-12, 1869), a cité encore, en plus de la lettre indiquée dans notre étude, CHARLES BAUDELAIRE. 297 17. quelques fragments inconnus. Puis M. Etienne Charavay, dans son remarquable et intéres- sant volume Alfred de Pigny et Clzarles Bau- defaire (in-12, 1879), a publié pour la pre- mière fois nombre de lettres inédites de ces deux écrivains. Enfin, M. A. Hignard, compa- gnon de collège de Baudelaire, à Lyon, rap- porte, dans la Revue du Lyonnais de juin 1892, de très intéressants souvenirs sur son ancien condisciple, où se trouvent cités de vers inédits datant de sa jeunesse. Après MM. de la Fizelière et Decaux, dont l’ouvrage contient, nous le répétons, plusieurs pages inconnues ou même inédites, M. Crépet a recueilli aussi dans son livre la note dont la Revue des Deux Mondes, dans son numéro du 1er juin 185o, accompagna l’insertion des premières Fleurs du Mal. Cette note passe pour avoir été rédigée par M. Emile Montégut. Sauf erreur ou double emploi, voici, comme complément de nos recherches, l’indication de tous les morceaux de Baudelaire mis au jour, à notre connaissance, depuis la publication de notre étude. Nous faisons précéder d’un astérisque celles de ces pièces qui sont réim298 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. primées dans l’ouvrage de M. Crépet. Nous n’affirmons en rien l’authenticité de toutes les autres, plusieurs poésies apocryphes publiées sous le nom de l’auteur des Fleurs du Mal, dont nous formons plus loin une division à part, nous ayant inspiré la plus grande défiance sur ce point. Études sur les Beaux-Arts. Notes sur la collectwn Crabbe. LE ( ; IL BLAS, 14 juin 1889. Études et fragments divers. Baudelaire inédit, par Octave Uzanne. LE Fi- GARO ; 30 août 1880. Le Livre ; 10 mars 1881 et 10 septembre 1884. Ces articles n’en forment guère qu’un seul, en réalité. Celui du Figaro est réimprimé en entier dans le Livre du 10 sep- tembre 1884, avec adjonction seulement de notes sur le journal projeté le Hibou philosophe, Presque tout cela se retrouve dans le livre de M. Crépet. Argument du lizrre sur la Belgique. Revue D’AUJOURD’HUI ; 13 mars 1890. Tout n’est pas CHARLES BAUDELAIRE. 299 inédit. M. Crépet en a cité quelques passages. La suite annoncée n’a jamais paru. Pensée. L’ÉCHO DE PARIS ; 19 juillet 1890. Voici cette pensée, extraite, dit le journal, de l’album de Philoxène Boyer Parmi les droits dont on a parlé dans ces derniers temps, il y en a un qu’on a oublié, à la démonstration duquel tout le monde est intéressé, le droit de se contredire. » Poésies. Sonnet (4840). LE MONDE ILLUSTRÉ 4 no- vembre et 2 décembre 1871. Vers inédits. PARIS A L’EAU-FORTE ; 17 oc- tobre 1875. Épigrammes. LE Nouveau PARNASSE SA- TYRIQUE DU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.Deuxième édition. Bruxelles, 1881. Contient La Propreté des Demoiselles belges. Une Eau salutaire. Un Nom de bon augure. Opinion de M. Betzel sur le Faro. Les Belges et la Lune. 300 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Épitaphe pour l’atelier de M. Rops. L’Esprit conforme. La Civilisation belge. La quatrième et la cinquième de ces épi- grammes ont reparu en 1890 dans l’édition parisienne des Épaves publiée par M. Lemerre. Chanson du scieur de long (Extraite du drame : l’Ivrogne). LE CHAT NOIR ; 31 juillet 1886. Vers inédits. LA Jeune FRANCE ; page 553. janvier-février 1884. LE VOLTAIRE ; 9 juin1887. Sonnet. SOUVENIRS ET ANECDOTES DES FRÈRES Lionnet, 1 vol. pages 228 et-229.1888. Élégie refusée aux jeux floraux (i85i). LA GIRONDE LITTÉRAIRE ; 15 avril 1888. Deux poésies de jeunesse. REVUE Du LYON- NAIS juin 1892. Poésies apocryphes. A l’Amphithéâtre. Lt : FIGARO ; 8 janvier 1869. Le Chien mort. LA LIBERTÉ ; il’février 1872. LE Gil BLAS ; 15 août 1880. LA LAN- TERNE 20 avril 1883. 1. Par Am. Clous, s’il faut en croire le Reveil du 20 avril 1883. Ce n’est peut-être que la pièce précédente A V Amphi- théàtre. CHARLES BAUDELAIRE. 301 Le Potage aux hannetons. LE FIGARO ; 9 juin 1875. Lettres et billets. A Armand Fraisse (19 janvier 1860). Alma- NACH DU SONNET pour 1874, page 4, et REVUE DU MONDE LATIN, page 106 ; 25 janvier 1884. A Soulary (12 juillet 1860). Fac-similé. TROUVAILLES D’UN CHIFFONNIER LITTÉRAIRE, par Alexis Rousset. 1 volume in-8°, Lyon, 1880. A Carjat. L’Événement ; 28 mars 1882. A*(Poulet-Malassis). Non daté. ANNUAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES LIVRES ; année -1883. M. Crépet n’en a cité qu’un très court fragment. A Théophile Gautier, 1866. L’ÉVÉNEMENT 16 juillet 1884. A Chaix-d1 Est— Ange. L’ILLUSTRATION ; 6 février 1886. A Poulet-Malassisl. LE GIL BLAS ; 20 mars 1886. 1. Nous n’avons pu vérifier si cette lettre et les suivantes adressées à M. Poulet-Malassis se retrouvent dans le volnme de M. Crépet, lequel contient, nous l’avons dit, une grande partie de cette correspondance de Baudelaire. 302 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. A Paul de Molènes. LE GAULOIS ; 27 septem- bre 1886. A Simon Racon. RACONTARS D’UN VIEUX COL- LECTIONNEUR, par M. Charles Cousin. Page 142. In-4°, 1888. A Julien Lemer. Huit lettres, et un billet à Marcelin. LE LIVRE ; —10 mai 1888. Ces lettres sont encadrées dans un curieux article de M. Julien Lemer, intitulé Quelques autographes intimes de Charles Baudelaire. A Poulet-Maliassis. JOURNAL DES DÉBATS ; 8 décembre 1889. Au ntême. LE LIVRE MODERNE, page 276 ; Avril 1890. A Champfleury (Fragment). LE TEMPS ; 27 janvier 1891. L’AMATEUR D’AUTOGRA- PHES ; janvier 1891. A Arsène Houssaye. Fac-similé. LES CONFES- sions^d’Arsène HOUSSAYE. Tome V, page 6, 1891. LE GAULOIS 25 octobre 1892. A la Présidente. Sept lettres. LE LiVRE MO- DERNE novembre 1891. A la même. LE XI xe SIÈCLE ; 20 janvier 1892. A Manet, etc. L’ÉCHO DE PARIS ; 29 et 30 septembre 4892. CHARLES BAUDELAIRE. 303 A Théophile Thoré. LA Revue ROUGE (belge) ; juin-juillet 4S93. Pages 146-147. A M. Autard de B7-agard (184 1). La PLUUE ; 15 août 1893. Le numéro spécimen du Mouvement, journal projeté par B. Saint-Edme, numéro qui a paru en mai 1846, annonçait CI— les Amours et la mort de Lucain », par Baudelaire-Dufays. Ce travail n’a jamais paru.

Octobre 1893.
IX


HENRI MONNIER ET SES ÉPAVES.


Parmi les figures artistiques et littéraires du dix-neuvième siècle, la physionomie d’Henri Monnier, quoique seulement de second plan, n’en demeure pas moins l’une des plus originales.

S’il faut en croire le meilleur biographe d’Henri Monnier [6], Balzac se serait fréquemment souvenu de sa personne et de ses œuvres en écrivant la Comédie humaine. Le personnage 306 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. de Bixiou devrait ainsi plus d’un trait de caractère à ce modèle, et les types des Employés auraient été souvent inspirés par les scènes de la vie bureaucratique si bien décrite par l’au- teur de Joseph Prudhomme. La personnalité si complexe d’Henri Mon- nier, tour à tour caricaturiste, acteur, écrivain, auteur dramatique, et surtout créa- teur des célèbres Scènes populaires, est des plus curieuses à étudier. Aussi divers écrivains se sont-ils déjà attachés à l’examen de son œuvre. M. Champfleury surtout s’est préoccupé de l’auteur du Roman chez la Portière, puisqu’il lui a consacré tout un volume, travail proba- blement définitif, car il est enrichi d’une bi- bliographie des plus intéressantes et des plus détaillées des œuvres complètes d’Henri Mon- nier. Mais, tout en parlant dans son ouvrage de certaines d’entre elles, M. Champfleury a omis d’y joindre la liste des pages de Monnier non rassemblées en volumes et dispersées dans les journaux et recueils du temps : Cette fâ- cheuse lacune a été signalée déjà par plu- sieurs bons juges, et tout particulièrement par M. F. Sarcey. A diverses reprises, le critique H. MONNIER ET SES ÉPAVES. 307 dramatique du TemPs a exprimé le désir de la voir comblée, et il réclamait de nouveau, dans le XIXE Siècle du 27 avril 1890, ce chapitre absent de l’étude de M. Champfleury. Nous avons tenté d’en rassembler les élé- ments, et nous espérons rendre service aax amateurs de ce genre de recherches, en indi- quant ici toute une série de travaux d’Henri Monnier non reparus en librairie. Peut-être se trouvera-t-il ensuite un ami des lettres dis- posé à réunir ces épaves pour les publier en volumes. Les lecteurs feraient certainement bon accueil à cette résurrection d’œuvres tout à fait inconnues aujourd’hui, et très dignes pourtant d’échapper à l’oubli. Il y a de tout dans ces mélanges non recueil- lis. Aussi, toutes réserves faites cependant au sujet des erreurs et des doubles emplois que peut contenir notre catalogue, nous espérons et pensons qu’en dehors de lui, il ne doit pas rester grand’chose à retrouver des pages per- dues de l’écrivain. Lettre sur le Salon. REVUE DES DEUx Mon- DES, p. 33S, t. II. 1831. 308 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Une Maison du Marais. PARIS ou LE LIVRE DES CENT ET UN, t. Ier. 1831. La manie des Albums. PARIS ou LE LIVRE DES CENT ET UN, t. II. 4832. Hoffmann. MUSÉE DES FAMILLES, p. 73, il. 1834-1835. Le Bagne et lesForçats. MUSÉE DES FAMILLES, p. 201, t. II. 1834-1835. L’Héritage du Cousin (proverbe). LE Chari- vARi, 12 novembre 4835. Le Correspondant dramatique (scène). LA CA- RICATURE, 15 décembre 1839. LesMécontents (proverbe). BABEL, t. II. 4840. Scènes de la vie administrative Introduction. LA FRANCE ADMINISTRATIVE, t. Ier, p. 51. 1840-1841. Scènes de la vie administrative le Garçon de bureau. LA FRANCE ADMINISTRATIVE, t. Ier, p. 90. 4840-1841. Scènes de la vie administrative l’Expédition- naire. LA FRANCE ADMINISTRATIVE, t. 1er, p. 116. 1840-1841. Scènes de la vie administrative le Directeur. LA FRANCE ADMINISTRATIVE, t. 1er, p. 185. 1840-1841. Il. MONNIER ET SES ÉPAVES. 309 Scènes de la vie administrative le Commis prin- cipal. LA FRANCE ADMINISTRATIVE, t. II, p. 80. 1841-1842. Le Pauvre Diable. MUSÉE DES FAMILLES, t. IX, p. 65. 1841-1842. La partie de spectacle (scène populaire). ScÉ- NES POPULAIRES (édition belge), t. IV. 1841. Le Premier de l’An d’un Sergent-Major (scène). Paris-Élégant ET LONGCHAMP RÉUNIS, p. 410, 20 septembre 1841. Un Souvenir. ALMANACH POPULAIRE DE FRANCE, 1842. Un Mariage manqué (nouvelle). LE Siècle, 21 et 22 janvier 1843. Soùvenirs de la Hollande. L’ILLUSTRATION, n° 99. Janvier 1845. Les Deux Professeurs (nouvelle). REVUE Du LYONNAIS, t. XXI, p. 352. 1845. L’École et la Pension (nouvelle). BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES, p.173. 1845. Ce que. femme veut (scène). ALMANACH CO- mique, 1846. Les Embarras d’une demoiselle (scène). JouR- NAL Du Dimanche, 6 septembre 1846. 310 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Le Parrain de la future (scène). BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES GEhS DE LETTRES, p. 43. 48S0. A Sam.son (poésie). LA SEMAINE, n° 32, 5e année. 1850. Voyages d’un comédien. LE SIÈCLE, 11 mars, 28 mai, 13 juillet 1851 et 1er février 1852. Les Diseurs de riens (scène). LE SIÈCLE, 15 juillet 1852. Les Diseurs de riens (scène). LE SIÈCLE, 27 mai 1854. Distribution des prix (scène). LE SIÈCLE, 19 décembre 1854. Des bêtes d’habitudes (scène). Almanach co- MIQUE, 1855. Les Diseurs de riens (scène). LE Siècle, 20 septembre 1855. Les Tueurs de temps (scène). ALMANACH co- miQuE, 1856. Types disparus. LE SIÈCLE, 18 décembre 1856. Bonnes et Patronnes 1. ALMANACH COMIQUE, 1857. 1. Paru aussi dans le Siècle en 1857. H. HONMER ET SES ÉPAVES. 311 Tempéraments spongieux. ALMANACH co- mique, 4857. Un Projet avorté. ALMANACII comique, 1858. La Joie et l’orgueil de ses parents. ALMANACH COMIQUE, —1858. Un Souvenir. JOURNAL DES Enfants, p. 63. 1858. Physionomie de certains Salons Aristocratie financière (scène)1. LES Salons DE PARIS, nos 36 à 40. lro année. 1858. Souvenirs d’un Comédien. LE CHARIVARI, 1, 2, 4, 6, 7, 8 et 10 Décembre 1858. lntérieurs de ména.ges (scène). ALMANACH co- mique, 1859. Papa Yerdier. ALMANACH COMIQUE,’1859. Lettre. (Relative aux Souuenirs d’un Comé- dien). LE CHARIVARI, 20 avril 1859. Le Roman chez la Portière (scène inédite), LE Charivari, 8 juin 1859. Correspondance (lettres de Joseph Prud’homme). LE CHARIVARI, 4 juillet et 8 août 1859. Scènes populaires A la Halle ( scène ). Le CHARIVABI, 10 juillet 1859. 1. Aussi dans Thédtre des Salons, etc. i." série. in-18, chez Jouaust, 1859. 312 LES LUNDIS D’UN CHERCIIEUR. Un Souveniu d’hier (scène). LE CHARIVARI, 22 août 1859. Les Diseurs de riens (scène). LE CHARIVARI, 13 septembre 1859. Guerresintestines. ALMANACH COMIQUE, 1860. Dans un atelier. Almanach COMIQUE, 1860. Lettre, à propos de madame Albert. LE FIGARO, n° 535. 1er avril 1860. Encore un diseur de riens (scène). LE TEMPS illustré), n° 2. 1er juillet 1860. La Manie des bëtes (scène). Almanach co- mique, 1861. Les Diseurs de riens (scène). LE FIGARO, n » 645, 8e année. 1861-1862. Les Moutons de Panurge. Almanach COMI- QUE, 1862. A bâtons rompus. Almanach comique, 1862. Des Commères (scène). Almanach COMIQUE, 1863. Un Café militaire. LES Plumes D’OR, i vol. par divers. Dentu, 1865. Existences problématiques. LE NOUVEAU Jour- N AL, 4 mars 1865. Un Bel Homme (scène). LE Nouveau JOUR- NAL, Il mars 1865. Il. MONNIER ET SES ÉPAVES. 313 18 Turcaret. LE NOUVEAU JOURNAL, 15 avril 1865. Les Gamins et les Vieux Beaux. LE Nouveau Journal, 13 janvier 4866. Père et Mère (scène). ALMANACH COMIQUE, ’1867. L’Hôtel des Invalides. PARIS-GûIDE, t. II 1867. Un Habit neuf (scène). ALMANACH comique, 1868. Projet de réforme (scène). Almanach POUR RIRE, 1868. Projets avortés. LE PILORI, 18 juillet 1868. Un Guêpier (scène). LE PILORI, 1er août 1868. Souvenirs d’un enfant de Paris1. LE CHARIVARI, 2, 8, 18 juillet, 8 août, 15, 23 septembre, 5, 19 octobre 1868. Une Rencontre. ALMANACH COMIQUE, 1869. Choses inutiles à dire et à faire. ALMANACH COMIQUE, 1870. La Cage du lion, Almanach POUR RIRE, 1870. 1. Ce seraient, dit-on, les Mémoires de l’auteur. 314 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Le Grand Clérambole (scène). LA VIE PARI- SIENNE, 9 juillet 1870. Les Étrennes (scène). ALMANACH COMIQUE, 1871. Doléances. ALMANACH COMIQUE, 1873. Impressions de Joseph Prudhomme au Salon. PETIT MONITEUR UNIVERSEL, 15 mai au.2 1873. Une Culbute. ALMANACH COMIQUE, 1874. Types sur nature. (Deux articles.) ALMANACH COMIQUE, 1875 et 1876. La Gloriole. ALMANACH COMIQUE, 1877. POSTHUME. Monsieur Prudhomme, Joseph. L’UNIVERS ILLUSTRÉ, 13 janvier 1877. Un Veuf. L’UNIVERS ILLUSTRÉ, 13 janvier 1877. Un Port de reine. L’Univers ILLUSTRÉ, 20 janvier 1877. Le Gobe-Mouches. L’UNIVERS ILLUSTRÉ, 20 janvier 1877. H. MONNIER ET SES ÉPAVES.’315 Une Vieille Moustache. L’UNIVERS illustré, 27 janvier 1877. Les Diseurs de riens. L’UNIVERS ILLUSTRÉ, 27 janvier 1877. Les deux Tourtereaux. L’Univers ILLUSTRf :, 10 février 1877. Il faut y ajouter les biographies d’Henri Monnier et de Dressant, dans la Nouvelle Gale- rie des artistes dramatiques (nos 13 et 18, chez Barbré), et la Pré face des Scènes populaires, édition de 1830 (chez Urbain Canel) non réim- primée dans les suivantes. Enfin, en septembre 1860, Henri Monnier fit jouer Joseph Prudhomme, chef de brigands, au théâtre des Variétés, et, en 1865, à celui des Folies-Dramatiques ( ? ), la Victime du Cor- ridor, arrangée pour la scène ; ces pièces n’ont pas été publiées. 11 écrivit en 1867, deux mo- nologues la Journée de Mademoiselle Liline et Philoclès et sa bonne, pour mademoiselle Camille Clément, qui créa en 1865 le rôle de Fanfan Benoîton dans la Famille Benoîton de Victorien Sardou. Ces monologues sont également de316 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. meurés inédits, mais l’artiste qui les interpréta doit sûrement en posséder le texte’. Septembre 1890. 1. On a vendu, le 24 mars 1893, sous les numéros 169 à 172 du catalogue de la vente de livres faite à la salle Drouot, sous la direction de MM. Emile Paul, L. Huard et Guillemin, quatre manuscrits autographes d’œuvres plus ou moins scéniques d’Henri Pionnier : les Compatriotes, M. Pacaret (deux actes), la Partie de Campagne, et les Propos. M. Pacaret et les Propos n’ont, sauf erreur, jamais été imprimés.

Noie de <8M.
X


L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL.


CATALOGUE CHRONOLOGIQUE.


Paul Féval, bien que placé littérairement à distance respectueuse du grand Alexandre Dumas, demeure cependant l’un des maîtres du roman d’aventures de ce siècle.

Par son imagination fertile, la puissance de ses conceptions et l’étonnante variété de ses inspirations, il est certes de la race de l’inépuisable auteur de Monte-Cristo et des Mousquetaires, s’il n’est pas son égal. Tous deux demeureront pendant longtemps les meilleurs amuseurs des générations tristes et moroses qui leur ont succédé.

D’ailleurs, Paul Féval n’est pas seulement un romancier romanesque, s’il est permis de s’exprimer ainsi. Son bon sens breton, son humour particulier, où se rencontre souvent 318 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. comme un écho de la tournure d’esprit spé- ciale à Charles Dickens, lui dictèrent des œu- vres, telles que le Drame de la Jeunesse, Annette Laïs, Aimée, les Parvenus, le Tueur de Tigres, la Province ; de Paris, et bien d’autres encore, très supérieures à certains de ses romans plus vantés. Et cela, sans parler de nombreuses nouvelles, pleines de verve et d’imprévu, comme le Premier amour de Charles Nodier. Tous ces travaux lui gardent un rang littéraire des plus distingués, parmi les écrivains de ce temps. Enfin, et cet éloge a bien son prix par le genre de littérature qui sévit de nos jours, tous ses ouvrages sont écrits d’une plume hon- nête, décente et patriotique. Son inspiration s’est heureusement ressentie de la bonne santé morale de son cœur et de son cerveau. Aussi, la plupart de ses livres peuvent-ils être placés dans toutes les mains. C’est ce qui assure et assurera longtemps leur vogue à la table de famille, et au chevet de tous ceux que ne sa- tisfont pas le spectacle et la description mi- nutieuse des côtés les plus bas et les plus ré- pugnants de l’humanité. L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 319 PREMIÈRE PARTIE. ÉDITIONS ORIGINALES DE LIBRAIRIE1. 1. Le Capitaine Spartaous. 2 vol. in-8°, de Potter, 1843, contient Le Capitaine Spartacus (le Ravin de la Ga- cilly). Rollan Pied-de-fer (Mademoiselle des Vertus). LE PARISIEN, 17 au 26 décembre 1842. Réim- primé en 1848, à la suite du Fils du Diable, in-12, chez Michel Lévy, et en un volume, in-12 aussi, chez Palmé en 1879. (Voir n° 112). Les (et aussi : le) Bourgeois de Vitré. REVUE DE PARIS, 1841. (Voir n° SI). La Gemmna. LA Législature’, 1842. Le Club des Phoques. REVUE D E Paris, 1841. 2. Contes de Bretagne. 1 vol. in-12. Waille, 1844, contient La Femme blanche des Marais (la Dame Blanche). L’ÉCHO FRANÇAIS, juin 1843. Anne des îles. L’UNION CATHOLIQUE, 1842. Le Joli Château (La Tour du Diable). 1. Toutes les œuvres dont les titres sont précédés ici d’un astérisque n’ont pas reparu en édition in-12 ou format plus petit. 320 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Job Misère. Ce volume a reparu en 1853, daté 1854, en deux volumes in-8°, sous ce titre Job le Rôdeur. Il avait été annoncé en 1848, in-12, chez Michel Lévy, sous celui de le Père Job ; en 1857, cet ouvrage (inscrit en 1858 seulement dans LA BIBLIOGRAPHIE DE LA FRANCE) a re- paru, in-12, chez ce même éditeur, sous le titre de les Dernières fées, et, sous son pre- mier titre, en 1877, chez Palmé. 3. Les Mystères de Londres. 11 vol. in-8°, signés du pseudonyme de Sir Francis Trolopp, Comon, 1844. Cet ouvrage avait paru d’abord dans LE COURRIER FRANÇAIS, à la fin de 1843, et en 1844. Sa première réim- pression in-12 (la seule complète), a paru en 1848-1849, chez Michel Lévy, en trois volumes ; la seconde, chez Faure, en deux volumes, en 1866, et la troisième, en deux volumes aussi, chez Dentu, en 1876. 4. La Forêt de Rennes (Le Loup blanc). 3 vol. in-8°, signés du pseudonyme de Sir Francis Trolopp, Chlendowski, 1844 (datés 1845). Paru dans LE COURRIER FRAN- çais en 1843. L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 321 L’ouvrage est terminé par Le Banquier de cire. L’ÉTAT, octobre 1843. Ce dernier récit avait fait partie déjà, au commencement de 1844, de la publication in- titulée LES MILLE ET UN ROMANS. Le Loup blanc a reparu d’abord, in-18, chez Cadot, en 1857, puis, in-12, chez Dentu en 1874, et, chez Palmé, en 1875. 5. Les Fanfarons du roi. 4 vol. in-8°, Chlendowski, 1845. Paru dans r, n LÉGISLA- TURE en 1843. A porté aussi ce titre les Chevaliers du Firmament en 1844, dans LES MILLE ET UN ROMANS. Complété par La Dague du roi Pélage (les Armuriers de Tolède). Favas el Bois-Rosé. LA SYLPHIDE, 184 ?. La Madonna del Fuocco. Les deux premiers volumes de cette édition ont seuls été enregistrés dans LA BIBLIO- GRAPHIE DE LA FRANCE, et seulement en 1848. Les Fanfarons du roi ont reparu, in-12, à la Librairie nouvelle, en 1860, chez Dentu en 1876, et chez Palmé en 1879. 6. Les Amours de Paris. 6 vol. in-8°, 322 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Comon, 1845. Paru d’abord, la même année, dans LE COURRIER FRANÇAIS. Les Amours de Paris ont reparu en deux volumes in-12, chez Michel Lévy en 1848 (en- registrés seulement en 1850 dans LA BIBLIO- GRAPHIE DE LA FRANCE), et chez Dentu en 1887. 7. Contes de nos pères, 1 vol. in-8°, illustré. Chlendowski, 1845. Contient Le Petit Gars. LA QUOTIDIENNE, 1843. J ouverte de la Tour. LA MODE, 1843. Le Val aux fées. LA QUOTIDIENNE, 1843. Force et Faiblesse. LA QUOTIDIENNE, 1843. Le Médecin Bleu. JOURNAL DES ENFANTS, 1842-1843. La Mort de César. LA QUOTIDIENNE, 1843. A reparu, sous le même titre et chez le même éditeur, en 2 vol. in-8°, en 1847, et in-12, chez Dentu, en 1869, sous le titre de Contes bretons. Cette dernière édition est diminuée et augmentée. (Voir n° 86.) 8. Fontaine aux perles. 3 vol. in-8. Chlendowski, 1846. Paru dans L’ESPRIT PU- BLIC en 1845. Complété par Le. Lion d’Or. LE COMMERCE, 1842. L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 323 Fontaine aux perles a reparu in-12, chez de Vresse en 4858 (daté 1859), chez Dentu en 1874, et chez Palmé en 1880. 9. La Quittance de Minuit, suivie de la Fille des Rois. 7 vol. in-8°, Chlendowski, 1846. Paru d’abord, la même année, dans le JOURNAL des DÉBATS. Complété par -Il— Taumi. LA PATRIE, 184 ?. Voyage autour du Monde. La Quittance de Minuit a reparu in-12, chez Dentu, en 1872 (enregistré dans la Biblio- GRAPHIE DE LA FRANCE seulement en 1873), et chez Palmé en 1883. Le tome premier est intitulé l’Héritière, et le tome second la Ga- lerie du Géant. 10. Le Fils du Diable. 14 vol. in-8°, Chlendowski, 1846-1847. Paru d’abord, en 1846, dans L’EPOQUE. Complété par Le Docteur Bousseau. LA LECTURE, 1843. Quandoquidem. BULLETIN DE LA Société DES GENS DE LETTRES, 1845. Le Fils du Diable a reparu, in-12, en quatre volumes, chez Michel Lévy, en 1848. 11. Le Fils du Diable, drame, avec Saint-Yves. In-12, Michel Lévy, 1847i 324 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. 12. Les Bandits. 2 vol. in-8°. Permain, 1847. Paru en 1844, dans LA QUOTIDIENNE, sous le titre de Aventures d’un Emigré. L’ou- vrage a porté aussi celui de les Bandits de Londres. Complété par Le Docteur Thomas. (Le vulnéraire du docteur Thomas). LE GLOBE, 1843. Les Bandits, sous le titre de la Fille de l’Fmigré, ont reparu in-12 à la Librairie nou- velle, en 1858, avec le Capitaine Simon (Voir n° 36), puis ensuite chez Palmé, en 1883. 13. Le Mendiant noir. 3 vol. in-8°, Roux et Cassanet, 1847. Paru d’abord, la même année, dans le JOURNAL DU DIMANCHE, et enregistré seulement en 1848 dans la Bi- BLIOGRAPHIE DE LA FRANCE, cet ouvrage a porté aussi le titre de la Créole. Complété par Deux Don Juan. LE COMMERCE, 1841. Le Marin et la Novice (Signé Daniel Sol). LE PARISIEN, Octobre 1841. Imprimé aussi dans la France Maritime, p. 251, t. IV, 1841-1842 (lre édition), sous le titre de Marthe la Novice. Le Mendiant noir a reparu d’abord, in-18, chez Cadot, en 1857, puis in-12, chez Palmé, en 1878. 14. La Mort de lord Byron, drame en L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 325 19 un acte et en vers, avec Pierre Zaccone. In-12, Willermy. Joué en décembre 1847. Non in- diqué dans la BIBLIOGRAPHIE DE la France. Manque à la Bibliothèque Nationale. Nous n’a- vons jamais vu que notre seul exemplaire. 15. Le Vingt-quatre février, scène dra- matique en un acte et en vers, avec Pierre Zaccone.. In-12, Michel Lévy, 1848. 16. Le Château de Croiat. Inédit. 2 vol. in-8o, Permain, 1848 (daté’1849). Complété par La Joute Bretonne. LA QUOTIDIENNE, —1843, 17. Alizia Pauli. 4 vol. in-8°, Permain, 1849. Paru dans LA Semaine, en 1848. L’E pilogue de l’édition in-8° n’a jamais été réim- primé. Complété par Les Jumeaux de Foix. L’édition in-12 a paru en 1860, à la Librairie nouvelle. 18. Les Mystères de Londres, drame. In-12, Michel Lévy, 1849. 19. Mauvais Cœur, drame, tiré des Con- fessions générales, de Frédéric Soulié. In-12, Michel Lévy, 1849. 20. Un drôle de Corps. 2 vol. in-80, Permain, 1849. 326 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. 21. Les Puritains d’Écosse, drame. In—’2, Michel Lévy, 1849. 22. Le jeu de la Mort. 8 vol. in-8°, Per- main, 1849-1850. Paru dans LE DIx-DÉCEV- bre, en 1849. Le numéro du 20 septembre contient une Préface non conservée dans les volumes. Cet ouvrage a porté aussi ces titres la Tirelire, Histoire d’une Nuit. Complété par La Tapisserie. LA SYLPHIDE, 184 ?. Le Jeu de la Mort a reparu in-12, en deux volumes, d’abord chez Boisgard en 1858, puis chez Dentu, en 1869. Le premier volume de cette dernière édition porte pour titre le Jeu de la Mort, et le second la Tontine infernale. 23. Les Ouvriers de Paris et les Ou- vriers de Londres. 2 vol. in-8°, Permain, 1849 (daté 1850). Écrit en collaboration avec Pierre Zaccone. Ces volumes contiennent Les Ouvriers de Londres (Rosy Kate). MUSÉE DES FAMILLES, 184 ? Post Face. Les Ouvriers de Paris (par Pierre Zaccone). La Post-Face n’a jamais reparu à la suite de Gavotte, où Rosy Kale fut réimprimée, en 1876. L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 327 24. Les Belles de Nuit, ou les An- ges de la Famille, drame. In-12, Michel Lévy, 4849. 25. Les Belles de Nuit. 8 vol. in-S°, Cadot, 1850. Paru dans l’Assemblée NA- tionale, en 1849, avec ce sous-titre ou les Anges de la famille. Complété par Miss Olivia. LE CORRESPONDANT, 1843. Les Belles de Nuit ont reparu in-12, en deux volumes, chez Dentu, en 1866 ; le premier vo- lume porte pour titre l’Aventurier, et le second : les Filles de Penhoël ; puis, en, 1886, chez Palmé, sous le titre de l’Onde Louis, les deux volumes gardant leurs sous-titres précédents. 26. Le Bonhomme Jacques, drame. In-12, Michel Lévy, 1850. 27. Beau Démon. 2 vol. in-8°, Permain, 1850 (daté 1851). Paru dans LE PAYS, en 1850, sous le titre de BeL Démonio. 28. Les Tribunaux secrets. 8 vol. grand in-8°, Penaud, 1851- ?. 29. La Fée des Grèves. 3 vol. in-8°, Cadot, 1851. Paru dans LA GAZETTE DE FRANCE, en 4850. Complété par Amel et— Penhor. 328 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Les Razaumofski. LE COMMERCE, 4841. La Fée des Grèves a reparu pour la première fois, in-12, accompagnée des Razaumofski, en 1853, chez Giraud et Dagneau, puis chez Palmé en 1877. 30. Les Nuits de Paris. 4 vol., grand in-8°. Rue Richelieu, 27, 1851-1852. Voici le contenu de l’ouvrage Tome Ier, Introduction, l’Esclave de César, le Palais des Thermes, Sige- froy le manchot. —Tome II Les Filles de Char- lemagne, la Tour de Bois (Odolin le rameur), le Maçon de Notre-Dame (les Deux Femmes du Roi). Tome III Frère Tranquille (la Duchesse de. Nemours). Tome IV Le Baron de Vitteaux (l’Hôtel Carnavalet). Le Palais des Thermes, Sigefroy le Manchot, et Odolin le rameur ont reparu in-12 d’abord, en 1860, à la Librairie nouvelle, sous le titre de le Berceau de Paris, puis, en 1866, chez Michel Lévy, sous celui de : les Nuits de Paris. Le Maçon de Notre-Dame a reparu, in-12 en 1865, chez Dentu, sous le titre de les Deux Femmes du Roi. Frère Tranquille a reparu d’abord, en 1858, en cinq volumes in-8°, chez Cadot, puis en 1859, en trois volumes in-12, chez le L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL.’329 même éditeur ; ensuite, en 1865, en un seul volume in-12, chez Dentu, sous le titre de la Duchesse cie Nemours enfin, sous son premier titre, chez Palmé en 1878. Le Baron de Vit- teaux a reparu en un volume in-12, chez Dentu, en 1866, sous le titre de l’Hôtel Carnavalet. Cette édition est complétée par PèreCamarade. LE MONDE ILLUSTRÉ, 1862. Favas et Bois-Rosé. Tous les autres fragments des Nuits de Paris n’ont jamais été réimprimés. 31. La Femme du Banquier. 4 vol. in-8°, Ledoyen et Giret, i85l. Paru dans LA SEMAINE, en 1849, sous le titre de La Péche- resse, que l’ouvrage a repris en paraissant in-12, chez Dentu, en 1867. 32. Le Château de Velours. 2 vol. in- 8°, Permain, 4852. Paru d’abord, la même année, dans LA PATRIE. L’ouvrage est divisé en deux parties le Mal d’enfer et le Comte Barbe- Bleue. Il a reparu, in-12, chez Dentu, en 1867, et chez Palmé, en 1878. 33. La Forêt Noire. 3 vol. in-8°, Permain, 1853. Paru dans L’ASSEMBLÉE NATIONALE. en d852. 330 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. La Forêt Noire a pris pour titre La jReme des Épées, en reparaissant in-12, en 1857, à la Librairie nouvelle, puis chez Dentu en 1877, et chez Palmé, en 1880. 34. Les Parvenus. In-12, Lecou, 1853. Paru dans LA REVUE CONTEMPORAINE, en 1852. L’édition in-8°, en trois volumes, n’a paru qu’en 1854, chez Cadot. La deuxième édition in-12 fut publiée chez Dentu en 1869, et la troisième chez Palmé en 1880. 35. Le Volontaire. Inédit. 2 vol. in-24, Boisgard, 18">4. Reparu in-1 2, chez Dentu, en 1868. 36. Le Capitaine Simon. 2 vol. in-8°, Cadot, 1853. Paru dans L’ASSEMBLÉE NATIO- NALE en 1851. Complété par Mademoiselle de Presmes. La Mode, 1849. Le Capitaine Simon, accompagné de La Fille de l’Émigré (voir n° 12), a reparu in-12, en 1858, à la Librairie nouvelle, et chez Palmé, en 1883. 37. La Sœur des Fantômes. 3 vol. in-8°, Cadot, 1853. Paru dans LE PAYS, en 1852, sous le titre de Le Livre des Mystères. La Sœur des Fantômes a reparu in-12, chez L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 331 Dentu, sous ce titre Les Revenants, en 1867, puis, chez Palmé, en 1881, sous celui de Une Histoire de Revenants. 38. Le Tueur de Tigres. 2 vol. in-8°, Cadot, 1854. Paru dans LA REVUE DE PARIS en 1853. La première édition in-12 a paru, en 4856, chez Michel Lévy. 39. Frère Tranquille, drame. In-4°. Librairie théâtrale, 1854. 40. Le Paradis des Femmes. 7 vol. in-8°, Chappe, 1854-1855. Paru d’abord dans LA PRESSE, en 1854. Le Paradis des Femmes, a reparu, en deux volumes in-12, chez Dentu en 1873, le tome second portant le titre de Paris. 41. Mémoires d’une pièce de cinq francs. (Avec Emile Chevalet). 8 vol. in-8°, De Potter, 1854-1855. Contient Roch Farelli, deux volumes (LA VÉRITÉ, ancien JOURNAL DES F aits, 1854). —Madame Pistache (Quadruple pictole et pistolet double), deux volumes. (LA VÉRITÉ, ler-ll avril 1854). Le Roi de la Barrière, quatre volumes. (LA VÉRITÉ, 14avril- 19 mai 1854). 332 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. De tous ces récits Madame Pistache est le seul écrit par Paul Féval. 42. Blanchefleur. 2 vol. in-8°, Baudry, 1854. Paru d’abord, la même année dans le Constitutionnel, sous le titre de Le Champ de Bacaille. La préface de cette édition n’a jamais été réimprimée. Blanchefleur a reparu in-12, en —1858, à la Librairie nouvelle. 43. Il La Bourgeoise, drame. In-4°. Li- brairie théâtrale, 4854. Représenté le 6 dé- cembre 1854, ce drame fut inscrit seulement en 4855 dans la Bibliographie DE LA FRANCE, sous le n° 3221. 44. La Ville aux Oiseaux. (Avec Emile Chevalet). 4 vol. in-8°, De Potter, 1856. 45. L’homme de Fer. 5 vol. in-8°, De Potter, 1856. Paru dans le JOURNAL POUR Tous, en 1855-1856. L’Homme de Fer a reparu in-12, chez Faure, en 4866, et chez Palmé, en 1877. 46. Les Couteaux d’Or. 2 vol. in-80, et aussi 1 vol. in-12. Cadot, 1856 (daté 1857). Les deux éditions ont été mises en vente en L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 333 19. même temps. Paru d’abord en 1856 dans le JOURNAL POUR ToûS. Les Couteaux d’Or ont encore reparu in- 12, chez Dentu, en 1875, et chez Palmé en 1879. 47. Madame Gil Blas. 22 vol. in-8°, Cadot, 4856-1857. Paru d’abord en 1856 dans LA PRESSE, divisé en trois parties Iles Vingt- ans, La Princesse Maxime, Ales Amours. Cette édition in-octavo est la seule complète. La ré- impression en deux volumes in-12, publiée chez Dentu en 1864 est fort abrégée. 48. Fleur des Batailles (Avec Émile Chevalet). 4 vol. in-8°, De Potter, 1857. Ce récit, paru dans LES BEAUx-ARTS en 1843, est la seule part de collaboration de Paul Féval à ces quatre volumes de nouvelles. Toutes les autres sont par Émile Chevalet. 49. La Louve, 6 vol. in-8°, De Potter, 1857. Paru dans LE PAYS en 1855. La Louve a reparu en deux volumes in-12, chez Cadot, en 1862, puis chez Palmé en 1878. Le second volume de cette dernière édition porte pour titre Valentine de Rohan. 50. Les Compagnons du Silence. 9 vol. 334 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. in-8°, Cadot, 1857. Paru d’abord, la même année, dans le JOURNAL POUR Tous. Les Compagnons du Silence ont reparu en trois volumes in-12, chez Michel Lévy, en 1861, puis en deux volumes, chez Palmé, en 1880. Le tome second de cette dernière édition porte pour titre Le Prince Coriolani. 51. Les Errants de Nuit. 1) vol. in-8°, Cadot, 1857. Paru d’abord, la même année, dans LE PAYS. Complété par Les Bourgeois de Vitré. (Déjà réimprimés à la suite de : Le Capitaine Spartacus. Voir n° 1.) Les Errauts de nuit ont reparu in-12, chez Dentu, en 1865, puis chez Palmé, en 1880. 52. Le Bossu, ou le Petit Parisien. 12 vol. in-8°, De Potter, 1858-1859. Paru dans LE SIÈCLE, en 1857. La deuxième partie y portait pour titre L’Hôtel Saint-Magloire. Le Bossu a reparu d’abord, en trois volumes in-12, chez Michel Lévy, en 1861, puis, en deux, chez Dentu, en 1872. 53. La Fabrique de Mariages. 8 vol. in-8°, Cadot, 1858. Paru dans LA Gazette DE FRANCE, en 1857-1858. Complété par : Miettes d’Aventures et —petites. Photographies, L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 335 La Fabrique’de Mariages a reparu in-12, chez Dentu, en 1865, et Miettes d’Aventures et petites Photographies, est entré, très modifié, en 1878, chez Palmé, dans le volume intitulé : Yeillées de Famille (voir n° HO), sous le titre de Maclame Desgibcières. 54. Aimée. 2 vol. in-80. et aussi 1 vol. in-12, Cadot, 1859. Les deux éditions ont été publiées en même temps. Paru dans LE Monde ILLUSTRÉ, en 1858. Aimée a reparu in-12, chez Dentu, en 1862. 55. Le Roi des Gueux, suivi de la Maison de Pilate. 13 vol. in-8°, De Potter, 1860. Paru dans LE SIÈCLE, en 1859. Cet ouvrage a reparu in-12, chez Michel Lévy, en 1872, formant quatre volumes, publiés par séries de deux, sous les titres de le Roi dis Gueux, et la Maison de Pilate, sans que rien indique qu’il s’agit d’un seul et même ouvrage pour les quatre volumes. 56. La Littérature au Sénat. (Inédit). In-8°, Dentu, 1860. 57. Le Drame de la Jeunesse. In-12, Dentu, 1861. Paru d’abord, la même année, dans : L’OPINION NATIONALE. 336 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. 58. Quatre Femmes et un Homme. In-12, Michel Lévy, 1862. Ce volume ne con- tient qu’une seule nouvelle inédite en librairie. C’est : Corinne Lerouge, publiée d’abord dans le PARIS-JOURNAL (illustré), en 1859. 59. La Garde noire. Le Chevalier Ténèbre. In-12, Dentu, 1862. Ces récits ont d’abord paru tous deux dans le MUSÉE DES FAMILLES, le premier en 1861, et le second en 1860. Ils ont encore reparu in-12, chez Palmé, en 1879, chacun en un volume, et La Garde noire portant pour titre Le Régiment des Géants. 60. Le Capitaine Fantôme, suivi de les Filles de Cabanil. 2 vol. in-12, Dentu, 1862. Parus d’abord, la même année, dans : LE PAYS, ne formant qu’un seul et même ouvrage. En 1891, le Capitaine Fantôme re- parut, encore chez Dentu, en trois volumes, dont le dernier porte pour titre Talavera de la Reine. 61. Romans enfantins. 1 vol. grand in-8°, Ducrocq, 1862. Ce volume inédit contient Les Mémoires du Diable. Le Fils du Diable (Les Trois Hommes rouges) Les Belles de Nuit. l’ceutre DE PAUL FÉVAL. 337 Un Mystère de Paris. Cet ouvrage, spécialement écrit pour la jeu- nesse, a été réimprimé in-12, chez Palmé, en 4878, moins le premier récit. 62. Le Bossu, drame. Avec Anicet Bour- geois (et Victorien Sardou). In-12, Michel Lévy, 4862. Enregistré seulement, en 1863, dans la BIBLIOGRAPHIE DE LA FRANCE, sous le n° 34. 63. Bouche-de-Fer. 1 vol. in-12, Dentu, 1863. Paru dans LA PRESSE, en 1861-1862. 64. Jean Diable. 2 vol. in-12. Dentu, 1863. Paru dans LE SiÈCLE, en 1862. 65. Le Poisson d’or. 1 vol. in-12, Hachette, 1863. Paru dans le MUSÉE DES FAMILLES, en 1862. Reparu chez Palmé, en 1878. 66. Les Habits noirs. 2 vol. in-12, Ha- chette, 1863. Paru d’abord, la même année, dans LE CONSTITUTIONNEL. 67. Le Capitaine Fantôme, drame. Avec Anicet Bourgeois. In-12, Michel Lévy, 1864. 68. Annette Lais. In-12, Hachette, 1864. Paru dans L’OPINION NATIONALE, en 1863. 338 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. C’est la deuxième série de Le Drame de la Jeunesse. 69. Roger Bontemps. In-12, Hachette, 18U4. Paru d’abord, la même année, dans le JOURNAL POUR Tous, sous le titre de : His- toire d’un Notaire et (Hune Tonne de poudre d’or. Reparu chez Palmé, portant son double titre, en 1881. 70. Les Soirées de la Marquise. In-24. Vanier, 1864. Ne contient qu’un seul récit inédit en librairie. C’est Le Premier Amour de Charles Nodier, publié d’abord, en 1859, dans LE MONDE ILLUSTRÉ. Ce récit a encore été réimprimé dans Douze Femmes (voir n° 108). Les Soirées de la Mar- quise n’ont pas été enregistrées dans la BIBLIO- GRAPHIE DE LA FRANCE. 71. Le Mousquetaire du roi, drame. Avec Anicet Bourgeois. Iu-12. Michel Lévy, 1865. 72. Les Gens de la Noce. In-12. Ha- chette, 1865. Paru dans LE PROGRÈS DE PARIS, en 1864. 73. Jean qui rit drame. Avec Adrien Robert. In-12. Dentu, 1865. 74. Les Drames de la Mort. Tomes 1 et L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 339 H, grand in-80. Boulevard Sébastopol, 3S. Re- parus in-12, à la Librairie centrale en 1866 et 1867, le tome 1er sous le titre de La Chambre des Amours, et le tome II sous celui de Le Vampire. 75. Cœur d’Acier. 2 vol. in-12. Hachette, 1865 (daté 1866). Ce roman, la deuxième série de Les Habits noirs, avait paru dans LE CONSTITUTIONNEL, en 1865. 76. La Cosaque. Le Roman de mi- nuit (Episode de la vie de M. Martin). In-12, Dentu, 1866. Ces deux récits ont paru dans LA NATION, le premier en 1865, le second en 1862. 77. Le Mari embaumé. 2 vol. in-12. Ha- chette, 1866. Paru d’abord, la même année, dans l’Événement. 78. La Cavalière. 2 vol. in-12. Dentu, 1866. Le premier volume porte pour sous- titre Le Rival de Cartouche, et le second La Treizième femme. Paru d’abord dans LE PETIT MONITEUR UNIVERSEL DU Soir en 1865-1866. Reparu en 1881, chez Palmé, le- tome premier portant pour titre la Chasse au Roi. 340 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. 79. La Reine Cotillon, drame. Avec Anicet Bourgeois. In-12, Michel Lévy, —1867. 80. La Chouanne, drame. (Tiré de Bouche-de-Fer). Avec Henri Crisafulli. In-12. Lacour, 1867. 81. L’Avaleur de sabres, suivi de Ma- demoiselle Saphir. 2 vol. in-12. Dentu, 1867. Ce roman, la quatrième série de Les Habits noirs, avait paru d’abord, la même an- née dans L’ÉPOQuE, sous le seul titre de L’Avaleur de sabres. (Voir le numéro suivant.) 82. La Rue de Jérusalem, suivie de Les Demoiselles de Champmas. 2 vol. in-12. Dentu, 1868. Ce roman, la troisième série de Les. Habits noirs, avait paru dans LE Cons- TITUTIOPTNEL, en 1867-1868. 83. Le Cavalier Fortune. 2 vol. in-12. Dentu, 1869-1870. Le premier volume porte pour sous-titre Chisac le Riche, et le second Le Duc de Richelieu. Paru dans l’Époque, en 1868-1869. Un drame tiré de ce roman par son auteur a été représenté sous le même titre à New- York, en décembre 1874. Il n’a pas été imprimé. Nous ne savons s’il s’agit du L’ŒUVRE DE pauc FÉVAL. 3U Héros du jour, drame par Paul Féval et Charles Chincholle, joué aussi en Amérique, dont ce dernier a fait connaître l’existence dans LE GAULOIS du 21 août 1892. 84. La Province de Paris ; Amourette et Marie. In-12. Dentu, 1869. Paru dans le journal PARis, en 1868-1869. 85. L’Arme invisible, ou le Secret des Habits noirs, suivi de Maman Léo. 2 vol. in-12. Dentu, 1869-1870. Ce roman, la cinquième série de Les Habits noirs, avait paru dans LE NATIONAL, en 1869. 86. Contes bretons. In-12. Dentu, 1869. Composé en partie des Contes de nos pères, (voir n° 7), ce volume ne contient d’inédit en librairie que Bas-de-Cuir et le Houlan. La Grenouille. Le Fouet. Le Papegault. (Fragments de La Joute bretonne.) LA QUOTIDIENnE, La Chanson du poirier. JEAN DIABLE, n°19, 1863. 87. Le Quai de la ferraille. 2 vol. in-12. Dentu, 1869. Paru d’abord, la même année, dans LE PETIT Journal OFFICIEL. Le tome 342 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. premier porte pour sous-titre Mariotte la Basquaise, et le second Messieurs de l’A venture. 88. La Tache rouge. 2 vol. in-12. Dentu, 1870-1871. Enregistré seulement en 1871 dans la BIBLIOGRAPHIE DE LA FRANCE. Paru d’abord, en 1870, dans PARIS-JOURNAL (quotidien). Le premier volume porte pour sous-titre Maman Marquis, et le second Le Fantôme. 89. Les Compagnons du trésor. 2 vol. in-12, Dentu, 1972. Paru dans LE NATIO- NAL en 1870-1872. Le premier volume porte pour sous-titre L’Aventure de Vincent Carpen- tier, et le second Histoire d’Irène. 90. L’Homme du gaz. In-12. Dentu, 1872. Enregistré seulement en 1873 dans la Bi- BLIOGRAPHIE DE LA FRANCE. Paru d’abord, la même année (1872) dans LE XIXe SIÈCLE. Reparu chez Palmé, en 1884. 91. Le Vicomte Paul. In-12. Michel Lévy, 1872. Enregistré seulement en 1873 dans la BIBLIOGRAPHIE DE LA FRANCE ; contient Le Vicomte Paul (Le Juif-Errant). Musée DES FAMILLES, 1863-1864. L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL.’343 La Reine Margot et le Mousquetaire. MUSÉE DES FAMILLES, 1862— J 863. [Le Chevalier] Tourterelle. LE Voleur. 1 5 juil- let 1843. Les deux premières nouvelles de ce volume ont reparu chez Palmé, en 1878, en un volume in-12, intitulé La Fille du Juif Errant ; c’est le titre donné, dans cette édition, au Vicomte Paul. La Reine Margot et le Mousquetaire y portent celui de Le Carnaval des enfants. 92. Le Théâtre-Femme. (Conférence). In-12. Dentu, 1873. 93. Le Dernier vivant. 2 vol. in-12. Dentu, 1873. Paru dans LE COURRIER DE FRANCE, en 1872-1873. Le premier volume porte pour sous-titre Les Ciseaux de l’accusée, et le second Le Défenseur de sa femme. 94. Le Chevalier de Kéramour (La Bague de chanvre). In-12. Dentu, 1874. Paru dans LE TEMPS, en 1873. Reparu chez Palmé, en 1883. 95. Le Théâtre moral. (Conférence). In-12. Dentu, 1874. 96. La Ville Vampire. In-12. Dentu, 1874. Enregistré seulement en 4875 dans la Bi BLIOGRAPHIE DE LA FRANCE. Paru d’abord, la même année (1874), dans LE MONITEUR UNIVERSEL.

97. La Bande Cadet. 2 vol. in-12. Dentu, 1873. Paru dans l’Événement, en 1874- 1875. Le premier volume porle pour sous- titre Une Évasion et un Contrat, et le second Clément le Manchot.

98. Les Cinq. 2 vol. in-12. Dentu, 1875. Paru d’abord la même année dans LE FIGARO. Le premier volume porte pour sous-titre Laura Maria, et le second Princesse Charlotte.

99. Gavotte. In-12. Dentu, 1876. Paru dans LE JOURNAL DES DÉBATS en 1874. C’est la seule nouvelle inédite en librairie que contienne ce volume.

100.* Belle Rose, drame, avec Hippolyte Hostein. Tiré du roman de Belle Rose, par Amédée Achard. In-4°. Michel Lévy, 1876.

101. La Première Aventure de Corentin Quimper. In-12. Dentu, 1876. Paru d’abord la même année dans LE BULLETIN FRANÇAIS. Réimprimé chez Palmé en 1879.

102. La Belle Étoile. In-12. Lecoffre, 1877. Paru dans LA SEMAINE des FAMILLES L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 345 en 1876-1877. Reparu chez Palmé en 1880. 103. Châteaupauvre. In-12. Palmé, 1877. Paru dans LE CORRESPONDANT, en 1876. A partir de la cinquième édition, également parue en 1877, l’ouvrage est entièrement modifié et augmenté. 104. Les Étapes d’une Conversion. Tome Ier. In-12. Palmé, 1877. Paru d’abord la même année dans la REVUE du Monde ca- THOLIQUE. 105. Le Dernier Chevalier. In-12. Palmé, 1877. Enregistré seulement en 1878 dans la BIBLIOGRAPHIE DE LA FRANCE. Paru d’abord la même année (1877) dans LA FRANCE ILLUS- TRÉE. 106. Jésuites (Inédit ? ). In-12. Palmé, 1877. Enregistré en 1878 seulement dans la BIBLIOGRAPHIE DE LA FRANCE. 107. Les Étapes d’une Conversion. Tome II. Pierre Blot. In-12. Palmé, 1878. Paru dans la REVUE DU MONDE CATHOLIQUE en 1877. 108. Douze Femmes. In-12. Dentu, 1878. Ne contient que les récits suivants inédits en librairie 346 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Éva le Tour du Monde [en cinq lettres] Gaïte la Chanson du Rouge-Gorge. LE DIABLE, 22 mai J 870. Francine la Légende du f de la Vierge. NI u- sée des FAMILLES, octobre 1863. Marina le Sourire de la Vierge (ou de la Mariole : MAGASIN DES la Moïse. L’Événe- Mariole : le Château de la MENT, 18 août 1875. Juliette : Le Tribunal d’honneur. L’II lus tu a- TION, 1866. Il faut noter aussi que la version du Pre- mier Amour de Charles Nodier, insérée dans ce volume est augmentée. Cette nouvelle est réimprimée, différemment encore, dans les CONFÉRENCLS DE L’ASSOCIATION POLYTECH- NIQUE, un volume in-12, Victor Masson, 1866. Elle y porte pour titre Charles Norlier et ses Œuvres. 109. Les Étapes d’une Conversion. Tome III. La Première Communion. In-12. Palmé, 1878. Paru d’abord, la même année, dans la REVUE DU MONDE CATHOLIQUE. 110. [Les] Veillées de Famille. In-12. Palmé, 1878. Sur les neuf récits dont se comL’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 347 pose ce volume, cinq paraissent pour la pre- mière fois en librairie, croyons-nous. Les voici : L’Enfant de la punition. La Croix-Miracle. Le Bonhomme Jacques. Le Saint-Diot. La Lettre de Jean. LE Borr GRAIN, 48 ?  ?. 111. Notre-Dame de Sion. In-24. Palmé, 1878. Paru d’abord dans L’UNIVERS. 112. Rollan Pied-de-Fer. In-12. Palmé, 1879. Nous n’aurions pas inscrit ici cet ou- vrage, qui n’est qu’une réimpression (voir n° 4) s’il n’était complété par -La Tour du Loup. REVUE générale (belge), 1877. 113. Le Pèlerinage de Tours. In-24. Palmé, 1879. 114. Montmartre et le Sacré-Cœur. In-24. Palmé, 1879. 115. L’Outrage au Sacré-Cœur. In-24. Palmé, 1879. 116. Vieux Mensonges. In-24. Palmé, 1879. 117. Les Merveilles du Mont Saint- Michel. In-12. Palmé, 1879. 348 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. 118. Corbeille d’Histoires. In-12. Palmé, ’1880. Le contenu de ce volume a paru tout entier d’abord dans L’UNIVERS. Le voici Lrne Légende préliminaire la Mer à boire. L’Oisange. Patron-Marguerite. Côte-de-Cuir. 119. Pas de Divorce. (Inédit ? ). In-12. Palmé, 1880. 120. Le Glaive des Désarmés. In-24. Palmé, 1880. 121. La France s’éveille. In-24. Palmé, 1880. 122. Cri d’appel. In-24. Palmé, 1881. Non enregistré dans la BIBLIOGRAPHIE DE LA FRANCE. 123. Les Etapes d’une Conversion. Tome IV. Le Coup de Grâce. In-12. Palmé, 1881. Comme les tomes précédents, ce volume a paru d’abord dans la REVUE Du Monde CATHOLIQUE. Il faut remarquer que toutes les réimpressions des ouvrages de Paul Féval publiées chez Palmé, sont profondément modifiées et contiennent des dédicaces, des notes et des préfaces, imŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 349 20 primées seulement dans ces éditions. Nous les avons indiquées toutes, sauf Chouans et Bleus, volume paru en 1879, parce qu’il ne contient rien d’inédit. Sous ce titre, l’auteur a rassemblé les nouvelles suivantes, publiées précédemment le Petit Gars, le Docteur Bous- seau, le Citoyen Capitaine Spartacus et la Mort de César. Nous n’avons pas tenu compte non plus des tirages à part des journaux, des éditions popu- laires, ni de celles dites à quatre sous. Paul Féval a aussi collaboré anonymement, en 1875, au drame Cocagne, par MM. Dugué et Anicet Bourgeois. DEUXIÈME PARTIE. TRAVAUX

NON RÉIMPRIMÉS EN VOLUMES.


Pierre Michel. Souvenirs HISTORIQUES, par divers. 1 vol. petit in-18. Janet, 1839. (Livre d’étrennes pour 1840.)

Il ne faut pas jouer avec l’amour. LE CABINET DE LECTURE. 2o, 29 février 1840.

Le Bonhomme Jacques. LA FRANCE MARITIME, p. 228, t. IV, 1841-1842 (ire édition).

Ancone ; coup de main de 1832. La France maritime, p. 390, t. IV, 1841-1842 (lre édition).

La Bretagne. L’ARTISTE. 1843.

Le Sherry du Commodore. LA QUOTIDIENNE. 15 février 1843.

Thérésa. Le Diadème, par divers. 1 vol. in-4° VEUVE JANET, 1847. (Livre d’étrennes pour 1848). L ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 351 Aux Électeurs du Finistère. LE Salut pu- BLIC. 30 mars 1848. Monsieur Cangrel (roman inachevé). L’ÈRE NOUVELLE. 25 mai 1er. juin 1848. Un Duel sur l’eau. LA FRANCE maritime, p. 103, t. Ier (édition de 1848). Les Joueurs de Boule. Almanach DU Plaisir (pour 1852). 1 vol. in-18. GARNIER, 1851. Le Palais Gymnastique. LA PRESSE. 30 oc- tobre 1852. Les Deux Médecin.s (5e épisode des Mémoires d’une pièce de cent sous). La Vérité. 19 au 30 mai 1854. Inauguration du chemin de fer de Rennes. LE MONDE ILLUSTRÉ n° 3. 18Y7. La Dame Blanche de Monter. an. Le Cor- sairk. 4 et 5 octobre 1858. Sainte Anne d’Auray. PARIS-JOURNAL. 21 avril 1859. La Santé. LE Monde ILLUSTRÉ. n° 92, 94, 96, 98 et 99. 1859. Veillées chez la marquise Trois Aventures. LE MONDE ILLUSTItÉ. nos 151, 1S2 et 153. 1860. Veillées chez la marquise Histoires swnatu352 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. relies. LE MONDE ILLUSTRÉ. nos 182 et 183. 1860. Yeillées chez la marquise M. et madame De- nis. LE MONDE ILLUSTRÉ. n° 192 à 196.1860- 1861. Assurances contre le Macadam. L’OPINION NATIONALE. 29 novembre 1861. Les Échasses parisiennes. L’OPINION NATIO- NALE. 11 janvier 1862. La Phrénologie spiritualiste. LE PAys. 13 mai 1862. Préface de : LE COMBAT DE L’HONNEUR, par Adrien Robert. 1 vol. in-12. HACHETTE 1862. Primevère. JEAN DIABLE. n° 1. 1862. Les Caresses de Louzs VeuiUot. Jean DIABLE, n° 7 et 23. 1863. Les Joyeuses Excentricités de Londres. JEAN DIABLE, n° 9. 1863. Le Bourreau des Évêques. JeanDiable. nM I. 1863. Lettre. JEAN DIABLE, n° 11.1863. ( Veillées chez la marquise : ) Mémoires d’Botel- lot. LE MONDE ILLUSTRÉ, n°305 à 308. 1863. Noces et festins homéopathiques. JEAN DIABLE, n° 21. 1863. Louis Lucas. JEAN DIABLE. n° 25, 1863.

Pitre Chevalier. JEAN DIABLE. n° 31, 1863.

L’homme mort. L’UNION, 1863.

Le Bonhomme Chopine. L’obole DES CONTEURS, par divers. 1 vol. in-12. HACHETTE 1864.

Préface à : LASANTÉPAR LA GYMNASTIQUE, par E. Paz. 1 vol. in-12. Au PETIT JourNAL. 1865.

Préface de : LES PLUMES D’OR, par divers. 1 vol. in-12, DENTU, 1865.

La Chanson des Belles de Nuit, poème en prose.

BIOGRAPHIE DE PAUL FÉVAL. 1865.

Salapian est dàns nos murs. LE Nain jaune 19 août 1865.

La Parole, la Plume et le Roman. LE GRAND JOURNAL, 10 décembre 1865.

La Fabrique de crimes (roman). LE GRAND JOURNAL, 1866.

Ma Première aux Parisiennes. L’ÉVÉNEMENT. 2 mars 1866.

Un Homme à la mer. L’Événement. 2 avril 1866.

Le Besoin de parler. LE FIGARO, n° 1169, 1171, 1173, 1175, 1176 et 1179 1866 354 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Un Souvenir d’Aix-la-Chapelle.MoxiTEUR DES EAux, 10 juin 1866. L’Homme qui voit. L’ÉTENDARD. 25juillet1866. L’Ame en peine. L’ËTENDARD. 20-21 sep- tembre 1866. A propos de : LES Bleus ET LES BLANCS. LE MousQUETAiRE, 29 décembre 1866. La Question littéraire. La— Liberté, 12 jan- vier 1867. Discours prononcé aux obsèques de Félix Mor- nand. L’ÉpoQUE, 19 mai 1867. Le Dernier Barde. LE Soleil. 30 mai 1867. La Vie à Paris. PARIS-GUIDE, par divers (tome II). Grand in-12. LACROIX, 1867. Rapport sur le Roman (avec d’autres rapports, par divers auteurs). Grand in-8°. IIACHETTE. 1868. Femme du’meilleur monde. LE GAULOIS, 8 sep- tembre 1868. Les Élections dans le 90e déPartempnt. PARis- JOURNAL, 15 décembre 1868. L’Esprit public en Fr.ince. Paris-Journal, 22 décembre 1868. Choses anglaises Pauvre Malcolm. PARIS- Journal, 29 décembre 1868. L’CEUVRE DE PAUL FÉVAL. 355 , En retard. PARIS-CAPRICE, d3 janvierl869. Le 90e département (suite). PARIS-JOURNAL, 5, 19 janvier, 2 février, 6, 27 avril, 4, 11, 18, 23 mai, 15 juin, 6, 20 juillet, 10 août, 28 septembre, 5 octobre et 16 novembre 1869. Pensées d’un naïf sur les révolutions. Paris- Journal, 12 janvier 1869. Les Primes splendides. Paris-Journal, 26 janvier 1869. Maguelonne. PARIS-JOURNAL, 9 février 1869. La Foi politique. Paris-Journal, 16 fé- vrier 1869. La Ville de Paris. Paris-Journal, 23 fé- vrier 1869. Maisonnet jeune. PARIS-JouRNAL, 2 mars 1869. Tristia. PARIS-JOURNAL, 9 mars 1869. Fragment de mes Mémoires. Paris-Journal, 16 mars 1869. Gustaee.Doré. Paris— Journal, 23 mars 1869. De certains trafics au théâtre. Paris-Jour- NAL, 30 mars 1869. Lettre. LE NATIONAL, 10 avril 1869. Guerre à Sérapion. Paris-Journal, 13 avril 1869. 356 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Ad hominem. PARIS-JOURNAL, 20 avril 1869. Odes, par Th. de Banville. PARIS-JOURNAL, 8 juin 1869. La Médiocratie. Pakis-Journal, 22 juin 4869. L’Ouverture de la session. Paris-Journal, 29 juin 4869. Le l’oète de la grande paroisse. PARIS-JOUR- NAL, 13 juillet 1869. Deux Jambons de notaire. PARIS-JOURNAL, 27 juillet 1869. Paris port de mer. PARIS-JOURNAL, 3, 31 août 1869. Joyeux profil d’un joyeux fils de la joyeuse An- gleterre. PARIS-JOURNAL, 26 octobre 1869. Aux députés radicaux. Paris— Journal, 2 novembre 1869. Nommons Peyruel. Paris-Journal, 23 no- vembre 1869. Semper Augusta. Paris-Journal, 30 no- vembre 1869. Les Arts, par Paul Lacroix. LE NATIONAL, 21 décembre 1869. Le : TENNYSSON de Gustave Doré. PARIS- Journal, 2 janvier 1870. l’œuvre DE PAUL FÉVAL. 337 Lettre sur : Notre-Damedes Arts. LE Siècle, 19 janvier 1870. Le Mariage de Figaro, conférence. L’ÉCHO DES LECTURES ET DES CONFÉRENCES, 30 avril 1870. Charles Dickens. LE GAULOIS, 12, 13 juin 1870. Quinzaine parisienne. L’UNION, 7, 23 juil- let 1870. LeThéâtre Moral. L’ASSEMBLÉE Nationale, 4 mai 1871. LETTRES D’UN ABSENT, par A. Daudet. LE COURRIER DE FRANCE, 5 décembre 1871. Les Diffamés. LE FIGARO, 11 avril 1872. Les Jeunes. LE FIGARO, 22 avril 1872. Madame Joyeux (nouvelle). LE Gaulois, 12 avril 1873, et L’OFFRANDE, 1 volume, par divers, in-8°. SOCIÉTÉ DES GENS DE LET- TRES, 1873. Discours sur la trnnbe d’E. Gaboriau. L’Evé- NEMENT, 3 octobre’1873. Nous sommes mûrs ! LE MONITEUR UNIVER- seL, 23 juin 1874. LaManie de la mort. LE MONITEUR UNIVER- SEL, 24 juillet 1874. 358 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Mathelin Kermor. LE MONITEUR universel, 31 juillet 1874. Discours sur la tombe de P. Séjour. LE Mow- TEUR universel, 24 septembre 1874. L’Ogresse (roman). LE PETIT MONITEUR UNIVERSEL, 24 novembre 1874, à ( ? ) Les Livres d’étrennes de la maison Hachette. L’ÉVÉNEMENT, 13 décembre 1874. Discours à l’inauguration du tombeau de Frédéric SouliiL L’Événement, 22 février 1875. Lettres à propos de LE CAVALIER FoR- TUNE, drame inédit en France, mais joué en Amérique. LE GAULOIS, 26, 28 février 1875 Discours aux obsèques de Raymond Brucker. ’L'UNION, 9 mars 1875. Discours aux obsèques d’Amédée Achard. LE XIXE SIÈCLE, 29 mars 1875. Lettre à propos du titre des CINQ. LA PETITE PRESSE, 22 avril 1875. Lettre au directeur. Scapin, 11 juillet 1875. Discours aux obsèdues d’Albert Blanguet. LA LIBERTÉ, 14 juillet 1 la. L’ŒUVRE DE PAUL FÉVAL. 359 Discours sur latimbe de Chateaubriand. L’EvÉ- nement, 7 septembre 1875. Deuxième Conférence sur le théâtre moral. LA France, 20 décembre 4873. Discours sur la tombe de M. de Saint-Georges. L’ENTR’ACTE, 28 décembre 1875. Lettre de conversion. BULLETIN DU Vœu NATIONAL, 40 juin 1876. La Société protectrice des animaux. LE Fi- GARO, 18 août 1876. Henri Monnier. LE GAULOIS, 6 janvier 1877. Lettre (sur l’Homme aux fraises). Paris- Journal, 12 juin 1877. Lettre au journal V « Univers ». LE National, 29 août 4877. L’Avocat Géraud (roman). L’Assemblée NATIONALE, 18 septembre au 17 décembre 1877. Lettre sur la mort de mademoiselle JRaimbaux (fragment). LE Gaulois, 4 décembre 1877. La Charité du Pommier. PARIS-JOURNAL, 26 décembre 4877. Laudate pueri dominum. Revue DU MONDE CATHOLIQUE, 25 février 4878. 360 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Portrait de Yoltaire ; lettre au vicomte de Ma- rolles. LA DÉFEN SE, 30 mai 1878. Préface de LE COMTE DE Tréazek, par Antonin Dupuy, 1 vol. in-12. PALMÉ, 1878. Lettre à propos d’un procès. PARIS-JOÜRNAL, 5 février 1879. Préface aux CONTES A L’EAU DE kose, par Charles Buet. 1 vol. in-12. PALMÉ, 1879. Préface à La Comédie POLITIQUE, par Vindex (Ch. Buet). 1 vol. in-12. REICHEL, 1879, daté 1880. Préface à PETITE LETTRE A GAMBETTA. par Edouard Alexandre. Brochure in-18. Le Havre, AL. Mignot, 1880. Lettres sur Les DEMOISELLES DE RON- çay, par Al. Second. L’UNION, 14 juillet 1880. Lettre Henri de Pène. Paris-Journal, 28 juillet 1880. Lettre. Paris-Journal ( ? ), août 1880. Le Carrefour où ils étaient (nouvelle). LE CIVILISATEUR, 29 avril 188J. Lettre sur le curé de Donzac. LE CIVILISA- TEUR, 24 juin 1881. Lettre. LE CIVILISATEUR, 9 septembre 1881.

Lettre à Charles Buel. LE FIGARO, 11 octobre 1881.

Lettre en tête de LE Commencement DE LA FIN, par Lucien Darville. Brochure in-8°. BléRIOT, 1881. La couverture porte le millésime de 1880, et le titre celui de 1879.

Notes sur l’impuissance littéraire. L’ÉvkneMENT, 7 décembre 1882.

Lettres à M. Oscar de Poli. Revue DU Monde CATHOLIQUE, 1887.

Lettres à M. Charles Buet [Voir aussi PAUL Féval, par M. Charles Buet, 1 vol. in-12, LÉTOUZEF ET ANÉ (1888)]. LE Feu FOLLET, 15 juillet 1887.

Le Libéralisme (extrait d’une lettre à M. André Chadourne). LE GauLOIS, 13 juin 1893.

Une conférence sur Figaro, faite le 16 mars 1873, n’a pas été imprimée, croyons-nous. Nous craignons aussi de ne pas connaître un certain nombre des travaux de Paul Féval, écrits à la fin de sa vie, et publiés dans des feuilles religieuses spéciales.

Enfin, Paul Féval a dirigé lui-même trois journaux : le Bon Sens du Peuple (26 mars-15 avril 1848 ; dix numéros, s’il faut en croire Hatin) ; l’Avenir National (4 juillet-15 septembre 1848), et Jean Diable (27 novembre 1862-8 août 1863).


Juillet 1890 — Juin 1893.


FIN
TABLE

Pages
II. — 
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PARIS. — IMPRIMERIE CHAIX. — 6664-5-94. - (Encre Lorilleur).
  1. N° 6153 de la Bibliographie de la France, du 31 décembre 1831.
  2. Dans le catalogue de ses œuvres imprimé dans l’Intermédiaire des chercheurs et des curieux du 25 décembre 1869, et publié par le bibliophile Jacob.
  3. Ces vers, écrits, dit-on, sur un album, nous semblent absolument apocryphes.
  4. Sans parler, bien entendu, des corrections qu’il a faites dans ses volumes de prose ; Cinq-Mars, notamment, a été remanié presque à chaque édition nouvelle.
  5. Ce sonnet accompagnait l’envoi du manuscrit autographe et de la brochure imprimée de la Maréchale d’Ancre, pièce écrite pour madame Dorval, et crée pourtant par mademoiselle Georges. Une autre pièce de vers adressée à madame Dorval, écrite par Alfred de Vigny sur un exemplaire du More de Venise, est encore. citée dans le livre de M. Coupy. Mais elle est empruntée par lui au Journal d’un Poète.
  6. Henri Monnier, sa vie, son œuvre, par Champfleury, 1 vol. in-8. Dentu, 1889, 2e édition.