Les Lions de mer/Chapitre 17

Traduction par A. J. B. Defauconpret.
Furne, Perrotin, Pagnerre (Œuvres, tome 28p. 184-192).


CHAPITRE XVII.


L’air du matin lui envie sa fraîche haleine ; les vagues dansent joyeusement sous ses yeux ; les oiseaux de la mer s’appellent en voltigeant. Ô lumière bénie du matin !
Dana.



Le lendemain même de l’arrivée du Lion de Mer du Vineyard, Dagget entreprit la chasse des veaux marins. On tua un beaucoup plus grand nombre de ces animaux, mais si tranquillement, qu’on n’excita que peu d’alarme parmi eux. Dagget avait apporté dans son schooner un chariot, dont on reconnut bientôt la grande utilité comme moyen de transport pour l’huile et les peaux de veaux marins. Ce chariot avança ainsi l’opération d’au moins un mois. Les deux équipages, ayant moins de travail, n’en furent que de meilleure humeur.

Un mois après, Dagget disait à Roswell : — Voici le 1er de février, vous partirez bientôt, sans doute, et dès que votre cargaison sera complète ?

— Non, capitaine Dagget, je ne puis songer à laisser un autre homme, un compatriote dans cet endroit isolé, ne sachant s’il pourra jamais en sortir.

Dagget, étonné de la générosité de Roswell, voulut lui offrir une part dans ses profits ; mais Roswell refusa en lui disant de s’entendre avec les hommes de l’équipage d’Oyster-Pond, et que, pour les officiers, ils étaient tous déterminés à ne lui rien demander pour un concours tout fraternel. Quant à Roswell sa meilleure récompense, celle sur laquelle il comptait, était l’approbation de Marie.

Dagget accepta de grand cœur, comme on le pense bien, l’offre de Roswell. Ils s’étaient proposé ce jour-là de gravir la haute montagne qui se trouvait au centre de l’île, et, après deux heures de marche à travers les fragments de rochers dont l’île était comme semée, ils arrivèrent à la base du cône qui formait le dernier piton de la montagne. Là ils se reposèrent et prirent quelques rafraîchissements.

— Quoiqu’il n’y ait point de neige sur les rochers, nous aurons de la peine à faire cette ascension, dit Gardiner.

— Nous sommes dans la canicule du pôle Antarctique, dit Dagget en riant ; et il faut en profiter de notre mieux. J’ai entendu dire que dans la région où nous sommes il y a quelquefois de la glace dans les baies, même au milieu de l’été.

— Cette latitude n’est pas assez élevée pour cela, Dieu merci quoique nous soyons bien au sud.

Tandis que Gardiner parlait ainsi, leurs yeux étaient fixés sur le spectacle de stérilité qui les entourait.

Cette île ne se trouvait pas tout à fait privée de végétation, comme cela se voit à quelques degrés plus loin au sud, mais on pouvait à peu près dire qu’il en était ainsi. On remarquait quelques plantes rabougries dans les fissures des rochers. Quant à la montagne, elle était presque nue, et lorsque Dagget et Roswell, accompagnés de Stimson, commencèrent à gravir le sommet de cette montagne, ils en trouvèrent certains endroits non-seulement difficiles, mais dangereux. C’est ce que Roswell avait prévu, et il avait pris ses précautions en conséquence.

Les trois marins s’étaient pourvus de lances et de piques pour s’aider dans leur marche, et même de cordes dans la prévision des difficultés qu’ils rencontreraient en descendant. L’ascension d’une montagne qui a mille pieds de haut n’a rien de surprenant dans les circonstances ordinaires ; même lorsqu’il faut traverser des gorges, des ravins, des fragments, brisés de rochers, il n’y a rien là dont ne puissent triompher l’activité, la jeunesse et le courage. C’est ce qui arriva à nos trois chasseurs de veaux marins, qui se trouvèrent tous sur la cime nue de la montagne après une ascension hasardeuse.

Une vue magnifique, d’un éclat extraordinaire, vint récompenser nos aventuriers de leurs fatigues, et ils purent contempler un panorama incomparable. On apercevait de tous côtés des montagnes de glace, excepté dans les grandes baies ; le groupe d’îles s’en trouvait entouré d’une manière qui semblait annoncer comme prochain un véritable blocus. En ce moment les vents du sud régnaient, quoiqu’il y eût des changements fréquents de température, Gardiner voyait que la passe à travers laquelle il était entré était presque entièrement fermée, et qu’on n’en pouvait sortir que par une issue qui était au nord.

Au nord, il restait donc une issue. Gardiner et Dagget pensèrent tous les deux, en jetant les yeux de ce côté, qu’il serait aisé de diriger le vaisseau de ce côté, et qu’au bout de quarante-huit heures on serait sorti des glaces. Cette vue excita quelques regrets chez les deux capitaines.

— Chaque minute, dit Dagget, a du prix pour des hommes qui se trouvent dans notre situation.

— Chaque minute a du prix pour tous les hommes, capitaine Dagget, dit Stimson avec une grande franchise de zèle et cette liberté chrétienne qui lui était ordinaire.

— Je vous comprends, Stephen, dit Dagget, et je ne veux pas vous contredire. Mais les chasseurs de veaux marins ne se préoccupent pas beaucoup ordinairement de l’observation du dimanche et des pratiques religieuses.

— On peut, Monsieur, observer partout le dimanche. Dieu est sur le rocher nu comme il est au Vineyard, et une pensée en son honneur sur cette montagne peut lui être aussi agréable que dans une église.

— Je crois qu’on aurait tort de ne pas donner aux hommes d’équipage quelques instants de repos, reprit Roswell et quoique je ne porte pas les choses aussi loin que Stimson, je suis entièrement de son avis à cet égard.

— Et vous ne croyez pas, Monsieur, que l’esprit de Dieu soit dans cette île ?

— Je le crois ; ni Dagget, ni moi, ne sommes disposés à repousser de telles opinions. S’il y a aucun endroit de la terre ou l’on soit disposé à honorer Dieu, s’écria-t-il, assurément c’est ici ! Jamais de ma vie mes yeux n’ont rien vu de si grand ni de si beau !

Notre jeune marin avait mille fois raison de s’exprimer ainsi. Il faisait beau temps pour cette région, mais on remarquait cependant cette lumière capricieuse et changeante des latitudes élevées.

Il y avait du brouillard dans certains endroits, et au sud on apercevait quelques tourbillons de neige, quoique l’Océan au nord du groupe d’îles où l’on se trouvait, étincelât de l’éclat d’un soleil brillant. C’était le caractère mixte de cette vue qui lui donnait quelque chose de spécial, tandis que sa grandeur, sa sublimité, et même sa beauté, consistaient dans son étendue immense, ses montagnes de glaces flottantes reflétant la vive lumière du soleil, et l’été mêlé à la nature polaire.

— C’est un endroit remarquable, je ne puis le nier, dit Dagget, mais je ne puis dire que j’aime beaucoup les paysages, à moins qu’ils ne me donnent l’espoir d’un gain quelconque.

— Servez Dieu et révérez son saint nom, dit Stimson, et vous aimerez tous les endroits ; j’ai été au Vineyard, et je n’ai point pensé à l’endroit où je me trouvais, dès que mon cœur était pur.

— Il faut qu’un pauvre homme travaille, dit Dagget en reportant ses regards des plus brillantes montagnes de glace sur le rivage rocailleux qui était fréquenté par des milliers de veaux marins.

Dagget ne songeait qu’aux profits qu’il espérait tirer du voyage, tandis que Roswell songeait à Oyster-Pond et à Marie. Il la voyait toujours, simple de cœur, avec sa modestie et sa beauté de jeune fille. Il la voyait toujours pieuse ; car il est étrange de dire que Gardiner estimait encore plus sa maîtresse à cause de cette même foi qu’il ne partageait point lui-même. Il n’était pas irréligieux par système, mais sceptique. Quant à Marie, il trouvait juste qu’elle crût ce qu’on lui avait enseigné avec tant de persévérance ; car il n’admirait point l’esprit d’examen chez les femmes qui aiment les nouveautés et les paradoxes. Si Marie avait été moins pieuse, qu’elle eût moins cru en Jésus-Christ fils de Dieu, ce jeune homme sceptique l’aurait moins aimée.

Après une heure passée sur cette cime toute nue, un changement de temps eut lieu tout à coup et décida nos trois aventuriers à descendre de la montagne. Déjà l’on n’apercevait plus le volcan, mais une nuée de neige passa au-dessus de la montagne, qui devint toute blanche en un instant. La chute de la neige était si abondante que bientôt il fut impossible de voir à une douzaine de mètres, et que toute la plaine de l’île disparut sous la même couche. C’est dans ce moment peu propice que nos aventuriers entreprirent de quitter la montagne.

Il est toujours moins dangereux de gravir une montagne que d’en redescendre. Roswell le sentait bien, et il aurait proposé d’attendre que l’atmosphère s’éclaircît, mais il craignait qu’il ne fallût attendre trop longtemps.

Il résolut donc de suivre Dagget, quoique à contre-cœur, et avec toute la prudence possible. Stimson fermait la marche.

Pendant les dix premières minutes, nos aventuriers s’avancèrent sans beaucoup de difficulté. Ils observèrent le point exact ou ils avaient gravi la montagne, et ils commencèrent à la redescendre. On vit bientôt combien la prudence était nécessaire, car la neige rendait les sentiers glissants. Dagget était plein de hardiesse, et il marchait en-tête de ses compagnons, leur disant de le suivre et de ne rien craindre. C’est ce qu’ils firent, quoique avec beaucoup plus de prudence que celui qui les conduisait. Ils arrivèrent enfin tous les trois dans un endroit où il sembla qu’il leur était impossible de triompher des obstacles qu’ils rencontraient. Au-dessous d’eux était la surface unie d’un rocher déjà couverte de neige tandis qu’ils ne pouvaient voir assez loin devant eux pour découvrir où menait cette surface inclinée. Dagget, cependant, prétendit qu’il connaissait l’endroit, et qu’ils venaient tous de le traverser, il y avait, suivant lui, un grand banc de rochers au-dessous d’eux, et une fois sur ce banc, il y aurait un long détour à faire pour atteindre certain ravin qui offrirait une route assez facile. Ils se rappelaient bien le banc de rochers et le ravin ; toute la question était de savoir si le premier se trouvait au-dessous d’eux, et aussi près que Dagget le supposait. Celui-ci se laissa entraîner par un excès d’audace, et il refusa même une corde que lui tendit Roswell, s’asseyant sur la neige, et se laissant glisser en avant. Il eut bientôt disparu.

— Qu’est-il devenu ? s’écria Roswell s’efforçant de percer l’espace du regard : on ne le voit pas !

— Tenez la corde et donnez-moi l’autre bout, dit Stimson ; j’irai à la découverte.

Comme il était évidemment plus dangereux de rester le dernier et de descendre sans de secours de personne, Roswell acquiesça à cette proposition et fit descendre le patron au bas du rocher jusqu’à ce qu’il l’eût perdu de vue. Mais quoiqu’il eût disparu au milieu de cet orage de neige, Stimson ne se trouvait pas hors de la portée de la voix.

— Allez plus à droite, Monsieur, dit le marin, et soutenez-moi avec cette corde.

C’est ce que fit Roswell, qui, au degré d’élévation où il se trouvait, rencontrait sous ses pieds un terrain assez égal. Au bout de quelques instants, Stimson agita la corde et adressa encore la parole à Gardiner.

— Capitaine Gar’ner, dit-il, je suis maintenant sur le banc de rocher, et le chemin n’est pas mauvais. Laissez aller la corde sur la neige, Monsieur, et glissez aussi doucement que vous pourrez. Tenez-vous bien de ce côté, je serai là pour vous ramasser.

Gardiner comprit tout cela parfaitement. En se tenant près de la corde il atteignit le banc de rochers précisement à l’endroit où Stimson était prêt à le recevoir, ce dernier arrêtant l’impulsion imprimée à Roswell par la pente sur laquelle il glissait, en se jetant au-devant de son officier. Grâce à cette précaution, Roswell fut arrêté à temps ; sans cela il aurait passé par-dessus le banc de rochers et sur une pente qui était presque perpendiculaire.

— Et qu’est-il arrivé à Dagget ? demanda Gardiner dès qu’il se retrouva sur ses pieds.

— Je crois, Monsieur, qu’il a passé par-dessus le rocher. À l’endroit où j’ai atteint ce banc de rochers, il y avait si peu d’espace que j’ai eu beaucoup de peine à marcher, et que je n’aurais pu y réussir si la corde ne m’avait soutenu ; à en juger par les traces qui sont dans la neige, il faut croire que le pauvre homme a roulé en bas.

C’était là une bien triste nouvelle, surtout dans un tel moment. Mais Roswell n’en fut point découragé. Il sonda d’abord le précipice avec la corde jusqu’à ce qu’il fût sûr d’en toucher le fond à une distance d’environ six brasses. Il se fit ensuite fortement attacher par Stimson, et il descendit ainsi hardiment au fond de ce précipice, dont il atteignit la base à peu près à la distance qu’il avait calculée.

Il neigeait avec beaucoup de violence, les flocons étaient épais, et tourbillonnaient aux angles des rochers, quelquefois avec une une telle impétuosité, que les sens du jeune homme en étaient confondus. Il était résolu cependant, et il obéissait à un sentiment d’humanité en ce moment. Mort ou vif, il fallait que Dagget se trouvât quelque part, et, plein d’inquiétude, Roswell se mit à marcher, au milieu des fragments de rochers.

Le rugissement des vents l’empêchait presque d’entendre d’autres sons ; cependant une fois ou deux il entendit ou crut entendre les cris de Stimson, qui se trouvait au-dessus de lui. Tout à coup le vent tomba, la neige devint moins abondante et cessa presque entièrement, et les rayons du soleil jetèrent un vif éclat sur les parois du rocher. Au bout d’un instant, les yeux de Roswell rencontrèrent l’objet qu’ils cherchaient.

Dagget avait été entraîné par-dessus le banc de rochers où Stimson avait d’abord mis le pied, n’ayant aucun moyen de s’arrêter dans sa chute. Il mit la lance en avant, mais la pointe ne rencontra que l’air. La chute, cependant, ne fut point perpendiculaire, plusieurs saillies de rocher aidèrent à l’amortir, quoiqu’il soit probable que l’infortuné chasseur de veaux marins parvînt à se sauver au moyen de sa lance. Il la tenait au-dessous de lui au moment où il acheva de descendre, et glissa toujours le long de cette lance jusqu’à ce qu’il fut arrivé dans un endroit où se trouvait le seul vestige de végétation rabougrie qu’on pût voir à une grande distance. Il tomba sur une mousse assez épaisse, et sa chute en fut moins violente.

Lorsque Roswell eut enfin trouvé son malheureux compagnon, ce dernier avait toute sa connaissance et possédait tout son sang-froid.

— Grâce à Dieu, vous m’avez trouvé, Gar’ner, dit-il ; j’en ai désespéré un instant.

— Dieu merci, vous vivez, mon ami, répondit Roswell ; je croyais ne trouver que votre corps, mais il ne paraît pas que vous soyez dangereusement blessé.

— Plus qu’il ne paraît, Gar’ner, plus qu’il ne paraît. J’ai certainement la jambe gauche cassée, et une de mes épaules me fait beaucoup de mal, quoiqu’elle ne soit ni cassée ni démise. C’est un bien grand contre-temps dans un voyage entrepris pour la chasse des veaux marins.

— Ne songez pas à cela, Dagget ; je me charge de votre affaire.

— Veillerez-vous au schooner, Gar’ner ? promettez-moi cela, et mon esprit sera en paix.

— Je vous le promets ; les deux vaisseaux resteront à côté l’un de l’autre, jusqu’à ce que nous nous soyons débarrassés des glaces.

— Oui, mais ce n’est pas tout, il faut que mon Lion de Mer ait sa cargaison aussi bien que le vôtre. Promettez-moi cela.

— Cela sera, s’il plaît à Dieu. Mais voilà Stimson. La première chose à faire est de vous tirer d’ici.

Les promesses de Roswell tranquillisèrent Dagget, car, au milieu des angoisses de la douleur, ses pensées se reportaient sur son vaisseau et sa cargaison. Maintenant qu’il éprouvait moins d’inquiétude à cet égard, il devenait plus sensible aux souffrances du corps. Mais, comment transporter Dagget ? Il avait la jambe cassée un peu au-dessus de la cheville et des contusions en plusieurs endroits, il était impossible de lui donner du secours sur le rocher où il se trouvait étendu, et la première chose qu’il y eût à faire, était de le transporter dans un lieu où l’on pourrait le soigner. Heureusement, on n’était pas à une grande distance du pied de la montagne, et, avec des précautions et de la vigueur de jarret, l’on pouvait arriver à une partie basse du rocher. Roswell et Stimson soulevèrent Dagget et le tinrent assis, en lui faisant passer un bras autour du cou de chacun d’eux. Le blessé dut à cette circonstance le succès d’une opération de chirurgie tout à fait accidentelle, qui fut très-heureuse pour lui. Tandis qu’il était suspendu de cette manière, l’os se remit en place, et Dagget s’aperçut de ce fait important, dont il donna aussitôt connaissance à Roswell.

Les matelots ont souvent à remplir les fonctions de médecins, de chirurgiens et de prêtres. Il était déjà arrivé à Roswell, en deux occasions, de remettre des membres, et il savait à peu près ce qu’il avait à faire. Dagget se trouvait maintenant assis sur un rocher, au bas de la montagne, les jambes pendantes et le dos appuyé contre un autre rocher. À peine l’avait-on placé ainsi, qu’on envoya Stimson en toute hâte chercher du secours.

Quant à Roswell, il se disposa à remplir la partie la plus importante de ses fonctions. Dagget l’aida de ses conseils, et même un peu de ses propres efforts ; car un marin ne reste point passif lorsqu’il peut prêter son concours à ce qu’on fait pour lui.

En découvrant le membre, Roswell se convainquit bientôt que l’os s’était remis à sa place. Il y appliqua des bandages, tandis qu’on faisait des éclisses.

Il est remarquable que Dagget prit son couteau et aida à effiler les éclisses pour leur donner la forme et l’épaisseur convenables. Au bout d’une demi-heure, Roswell eut terminé l’opération avant qu’il y eût beaucoup, d’enflure. Dès qu’il eut donné ses soins à la jambe cassée de Dagget, il la souleva doucement et la plaça sur le rocher, à côté de l’autre jambe, dans une position horizontale.

Il y eut quatre pénibles heures à passer avant que les hommes qu’on était allé chercher arrivassent au bas de la montagne. Ils parurent enfin, amenant une charrette à bras dont on s’était servi pour convoyer les peaux de veaux marins à travers les rochers, et qui allait servir à transporter Dagget.

On eut bientôt placé Dagget dans cette charrette ; quatre hommes le soulevèrent et le portèrent à quelques centaines de mètres ; d’autres les relayèrent, et de cette manière on arriva à la maison. Là on mit le patient dans son lit, et on lui donna tous les soins possibles dans les circonstances. Comme les hommes d’équipage ne se trouvaient guère que la nuit dans le dortoir, il pouvait dormir, et Roswell avait l’espoir, comme il le dit à Stimson, que Dagget serait debout dans un mois ou six semaines.