Les Jeux rustiques et divins/La Maison

Les Jeux rustiques et divins. Les Roseaux de la flûte
Mercure de France (p. 136).


LA MAISON


La maison sur les eaux, pour s’y mirer, se penche,
Elle est fleurie ; elle est fragile et toute blanche
Sous la vigne obstinée et le lierre fidèle.
Le ciel est beau ; les fleurs sont douces ; l’hirondelle
Noue et dénoue autour son vol qui s’enchevêtre,
Et dans l’eau singulière on la voit apparaître
Au miroir assombri que sa gaîté traverse,
Chauve-souris soudain d’un crépuscule inverse,
Avec la maison pâle et le ciel terne et sombre ;
Et les deux cygnes blancs au-dessus de leur ombre
Qui se reflète noire et ne les quitte plus,
Mystérieux jumeaux l’un à l’autre apparus,
Semblent, doubles sur l’onde où leur spectre les suit,
Unir l’heure du jour à l’heure de la nuit.