Les Jeunes Croyances/II/Aquarelle.

Alphonse Lemerre, éditeur (p. 52-53).



VI

AQUARELLE.

À V. Courdouan.



L’ombre est lumineuse : à travers les branches
Le bon Dieu sourit et le ciel descend ;
Le vent du matin cueille les fleurs blanches ;
La nature parle et l’âme comprend !

Tout semble pensif : la terre travaille ;
Le bourgeon gonflé boit les feux du jour,
Et le lierre tresse un pan de muraille
Où va, gracieux, se nicher l’amour !


L’insecte s’éveille au sein de la rose,
Dont l’air embaumé fait un doux berceau ;
Le divin secret sort de toute chose ;
La chanson du nid vole avec l’oiseau ;

Et le ruisseau bleu joint à ce mystère
Le bruit éternel et mystérieux,
Le bruit du baiser qu’il donne à la terre,
Qu’il jette aux amants, qu’il envoie aux cieux !

La Crau d’Hyères, 1865.