Les Historiettes/Tome 3/38

Texte établi par Monmerqué, de Chateaugiron, Taschereau, 
A. Levavasseur
(Tome 3p. 245-256).


LA COMTESSE DE LA SUZE[1]
ET SA SŒUR, LA PRINCESSE DE WIRTEMBERG.


La fille aînée du maréchal de Châtillon fut mariée en premières noces avec un jeune garçon de la maison des Hamilton. Ses parents, car il étoit orphelin, l’avoient envoyé étudier au collége de Châtillon : le maréchal y entretenoit un petit collége pour ceux de la religion. Là, étant encore enfant, il vit mademoiselle de Châtillon et en devint amoureux ; quand il eut dix-huit ans, il retourna dans son pays ; il fit trouver bon à ses tuteurs qu’il recherchât cette fille. Le nom de Châtillon fait bien du bruit, et surtout en pays d’huguenots ; les tuteurs écrivent au maréchal ; le maréchal y consent. Il avoit alors cent mille livres d’argent comptant qu’il vouloit donner ; mais on ne le lui conseilla pas, car en Écosse les maris ne rendent point le mariage de leurs femmes, si elles viennent à mourir sans enfants, et puis les tuteurs dirent que leur pupille avoit assez de bien, et demandèrent seulement que le maréchal fît les frais des noces.

Ce jeune seigneur étoit comte d’Adington, et sa femme avoit le tabouret chez la Reine ; il emmène sa femme ; mais il ne dura qu’un an, car il étoit pulmonique, et je crois qu’elle ne l’épargna guère. Il lui fit en mourant tous les avantages qu’il lui pouvoit faire.

Au bout de quelque temps la voilà de retour à Paris, avec quelque somme d’argent, quelques pierreries, et dix mille livres de douaire. La reine d’Angleterre étoit déjà à Saint-Germain ; notre jeune veuve la visitoit souvent, parce qu’elle y avoit le tabouret, et qu’on lui faisoit force caresses.

Cette Reine, toujours zélée pour la propagation de la foi, pense incontinent à gagner cette âme à Dieu et à la faire épouser à quelqu’un de ceux qui avoient suivi sa fortune ; elle tâche donc à la marier avec le fils de la comtesse d’Arondel. Cette dame logeoit assez près de madame de Châtillon, au faubourg Saint-Germain ; elle visite la veuve, la cajole, et se met fort en ses bonnes grâces : mais un jeune Écossois, nommé Esbron[2], neveu du colonel Esbron, qui étoit mort au service de la France, avoit déjà fait un grand progrès auprès de la comtesse d’Adington. La maréchale, sa mère, car le père étoit déjà mort, eut avis de tout, et tâchoit d’empêcher que ces étrangers ne vissent sa fille. Un jour il y eut bien du désordre, car la comtesse d’Arondel et madame de Châtillon la jeune avoient mené la comtesse d’Adington entendre les Ténèbres. La maréchale, qui, d’ailleurs, savoit bien des choses, lui donna un soufflet et l’emmena à La Boulaye chez sa sœur de La Force, où, de peur qu’elle ne changeât de religion, elle la maria au comte de La Suze, tout borgne, tout ivrogne, et tout endetté qu’il étoit ; mais c’étoit à faute d’autre ; et puis il est parent de madame de La Force. Durant qu’on parloit de l’affaire, Esbron lui écrit, elle fait réponse. Il va à La Boulaye pour tâcher à se battre contre La Suze ; il n’en peut venir à bout ; il écrit encore ; on ne lui fait point de réponse ; il se dépite, montre toutes les lettres de la dame et s’en rit partout.

Nous reprendrons la comtesse de La Suze après que nous aurons parlé de sa sœur ; car ce qui est arrivé à sa sœur lui est arrivé durant la vie de la mère, et la mère morte, nous verrons les beaux exploits de la comtesse.

Mademoiselle de Coligny, en son enfance, avoit eu une maladie la plus étrange du monde ; elle gravissoit, quand son mal lui prenoit, le long d’une tapisserie, comme un chat, et faisoit des choses si extraordinaires qu’on ne savoit qu’en croire. À cet âge-là la mère[3] ne fait point de si prodigieux effets. La maréchale croyoit que c’étoit un sort, et sa fille, quand elle fut guérie, dit qu’une femme de Châtillon, en colère de ce qu’elle ne vouloit pas qu’elle allât librement dans le parc, lui avoit donné un sort, et qu’il lui avoit semblé qu’elle avaloit un boulet de feu[4].

Cette fille, étant grande, n’étoit pas si bien faite que sa sœur ; mais elle avoit bonne mine, et la qualité y fait. Sa mère lui donna trop de liberté, elle qui n’en vouloit pas donner à ses garçons, et qui leur fit haïr les sermons à force de les y faire aller. Elle eut grand tort de la laisser aller de son chef chez madame la Princesse.

Vineuil, qu’on appeloit à la cour M. le marquis de Vineuil, secrétaire du Roi, garçon qui a pourtant de l’esprit, et qui est bien fait, dès le vivant du maréchal avoit gagné une madame de Briquemaut, qui étoit pauvre et qui étoit familière chez le maréchal. Cette femme leur fournissoit des rendez-vous. Boccace, capitaine des gardes du maréchal, s’aperçut de l’affaire, et dit à la demoiselle que si elle continuoit il en avertiroit monsieur son père. Elle le prévint, dit au maréchal que Boccace étoit amoureux d’elle, et que s’il dit quelque chose, c’est à cause qu’elle ne l’a pas voulu écouter. Le maréchal la croit, et brutalement il dit en présence de Boccace : « Qu’il donnera de l’épée dans le ventre à quiconque lui fera des contes de sa fille[5]. »

Après que le père fut mort, la maréchale étant logée auprès de la Foire chez une madame Cousin, marchande de bois, qui leur louoit une grande maison et logeoit dans un petit corps-de-logis séparé, cette fille faisoit semblant d’être catholique, et disoit à sa mère qu’elle étoit malade quand il falloit aller à Charenton. Madame Cousin, croyant que ce fût tout de bon que mademoiselle de Coligny se vouloit convertir, faisoit entrer Vineuil, déguisé en prêtre, qui, tout à son aise, catéchisoit la demoiselle. Une demoiselle de madame de La Force, qui, par hasard, étoit demeurée chez madame de Châtillon pour se faire traiter de quelque incommodité, découvrit tout le mystère, et en avertit la maréchale, qui étoit alors à La Boulaye pour marier sa fille aînée, car la demoiselle, pour un mal d’yeux, étoit demeurée à Paris. La marquise de La Force vint à Paris et emmena la demoiselle à La Boulaye, et crut qu’elle étoit grosse. La mère lui donna à son arrivée quatre soufflets et un coup de pied dans le ventre, et lui fit mille reproches ; car cette pauvre femme lui avoit fait confidence des sottises de l’aînée, et lui avoit dit : « Vous êtes ma seule consolation. » Peu après on fut assuré qu’elle n’étoit point grosse. De La Boulaye madame de Châtillon fut à Béfort, où elle alloit pour mettre ordre à cette petite ville que le feu Roi avoit donnée au feu comte de La Suze. Jamais voyage ne fut plus heureux que celui-là pour la maréchale, car elle trouva là ce qu’elle n’eût pas trouvé en France. Un comte Georges, frère du comte de Montbelliard, de la maison de Wirtemberg, qui a vingt mille livres de rente, prit cette fille avec ses droits.

La maréchale étant morte, ce prince Georges et sa princesse Georgette vinrent à Paris pour voir s’il n’y auroit rien à recueillir : ce bon Tudesque ne la perdoit pas de vue. Toute la consolation de la pauvre chrétienne étoit de parler de son chancelier : elle étoit fort éveillée en sa jeunesse ; elle ne voulut point voir Vineuil. On dit qu’elle a plus de sens que l’autre.

Madame de La Suze, qui paroissoit stupide en son enfance, et qui en conversation ne disoit quasi rien il n’y a pas trop long-temps encore, fit des vers dès qu’elle fut en Écosse ; elle en laissa voir, dès qu’elle fut remariée, qui n’étoient bons qu’à brûler. Depuis elle a fait des élégies les plus tendres et les plus amoureuses du monde, qui courent partout. Le premier dont on a parlé fut un garçon de notre religion, nommé Laeger ; il est à cette heure conseiller à Castres : il a de l’esprit et fait des vers, mais médiocres. D’ailleurs, c’est un gros tout rond, et qui n’est nullement honnête homme. Il étoit allé à Lumigny avec un de ses amis qui connoissoit madame de La Suze. Là cette folle s’éprit de Laeger ; on le lui dit. Elle lui a écrit un million de lettres et des vers les plus passionnés qu’on puisse voir ; mais ses belles-sœurs les empêchoient de se joindre. Elle vint ici ; il alloit la voir et portoit une lettre ; elle se tenoit sur le lit, lui auprès, et mettoit cette lettre dans sa mule de chambre droite, et en prenoit une autre dans la gauche. Il la vit, déguisé sur les chemins, et une autre fois comme il faisoit semblant d’aller à la chasse. Il se ruinoit en laquais et en messagers qu’il a fallu quelquefois envoyer jusqu’à Béfort. Ce galant homme avoit conté cette histoire à Frémont, qui ne le croyoit pas, car c’est un des plus grands menteurs du monde ; mais il n’en douta plus par une aventure assez plaisante que voici :

Comme il étoit en Champagne, un Anglois lui demanda la passade. « J’avois, lui dit-il en mauvais françois, une attestation de M. l’agent du roi d’Angleterre ; mais on me l’a déchirée à Lumigny. » Frémont, qui étoit peut-être le seul homme en Champagne qui sut cette affaire, lui demanda comment cela étoit arrivé. « Comme je fus à Lumigny, deux demoiselles me demandèrent si j’avois des lettres de M. Laeger, j’entendis M. l’agent ; je tire mon attestation ; elles se jettent dessus, et en se l’arrachant l’une à l’autre, la déchirent ; après cela la plus jeune (on l’appeloit mademoiselle de Nermanville) vint à moi avec une lettre, et me dit : — C’est de Laeger et non de l’agent que je vous demande une lettre, donnez-la-moi ; en voilà une pour lui (elle faisoit cela pour voir s’il n’en avoit point). — Je lui jurai que je ne savois ce que c’étoit. » La comtesse, après, trouva moyen de lui parler ; elle lui parla en anglois, lui donna une lettre pour Laeger, lui enseigna son logis, et lui jura qu’il l’assisteroit. Il les servit depuis, et porta quelque temps leurs lettres. Déjà Laeger s’étoit servi de ces pauvres Anglois qui vont demandant leur vie, et c’est pourquoi les deux filles demandèrent des lettres à celui-ci.

Le comte de La Suze est un homme où jamais il n’y a eu ni rime ni raison. Lui et sa femme avoient plus de quatre-vingt mille livres de rente. Pour s’acquitter, on lui proposa de se contenter de douze mille écus par an pour quelques années ; jamais il n’y voulut entendre. Il avoit cent personnes chez lui, cent cinquante chiens avec lesquels il n’a jamais rien pris, grand nombre de méchants chevaux. Là-dedans on n’est point surpris quand on vous annonce de vous coucher sans souper, tant toutes choses y sont bien réglées. Il buvoit un temps du vin, un autre de la bierre, en un autre de l’eau. On dit qu’il est assez plaisant en débauche : « Quand je n’aurai plus rien, disoit-il, j’irai avec les Allemands. » Béfort lui valoit quarante mille livres de rente ; mais ayant pris le parti de M. le Prince, il a tout perdu.

Après une ivrognerie célèbre à Brissac, comme il s’en retournoit, un troupeau de cochons l’ayant renversé sur le pont, lui passa sur le corps, et il crioit : « Quartier, cavalerie, quartier ! »

L’aînée de La Suze se retira avec une sœur qu’elle a mariée en Bretagne. La cadette demeura encore quelque temps ; mais elle quitta sa belle-sœur, et mourut bientôt après. Elle étoit fort aimable.

On parla ensuite d’un greffier du conseil, nommé Potet, garçon fort médiocre ; mais il fit de la dépense pour elle, et la suivit au Maine. Je crois qu’il n’en a rien eu : mais le comte Du Lude, qui parut après sur les rangs, en eut apparemment tout ce qu’il voulut.

De Vannes Matharel, qui étoit familier chez le maréchal de Châtillon, lui fit un jour des reproches de sa façon de vivre, car elle avoit fait cent sottises. Elle lui dit : « Vois-tu, ce n’est pas ce que tu penses ; ce n’est que pour tâter, que pour baiser, pour badiner ; du reste, je ne m’en soucie point. Mon mari me le fit douze fois ; c’étoit comme s’il l’eût fait à une bûche. Si on m’avoit mariée comme j’eusse voulu, je ne ferois pas ce que je fais. » Elle lui confessa que le comte Du Lude en avoit tout eu ; depuis, elle le lui nia, et lui dit : « Que c’étoit un coureur qui avoit eu la v....., s’il ne l’avoit encore. » Mais ce que je sais de mieux, c’est ce qu’elle a fait à Rambouillet, celui qu’on appela depuis Rambouillet-Candale. Elle lui dit une fois qu’elle étoit entièrement persuadée de son mérite ; depuis elle lui écrivit cent extravagances. Il ne lui fit aucune réponse ; mais il y fut un jour qu’elle l’en avoit fort prié : elle étoit au lit. Elle fit si bien qu’en présence de ses demoiselles qui ne sortoient jamais de la chambre (elles étoient un peu espionnes), elle mit le rideau sur lui, de sorte qu’elle se fit voir à lui toute nue. Elle a le corps beau ; mais pour le visage il y a de la moue de son père.

Elle fut après pour le voir, et le pressa de se trouver en un lieu où ils pussent être en liberté. Lui, qui croyoit qu’il n’y faisoit pas trop sûr, et qui étoit engagé ailleurs, fut long-temps sans s’y pouvoir résoudre. Enfin il fallut pourtant cesser de faire le cruel : il n’alla point un dimanche à Charenton, et il s’assura de la cour de derrière du logis de son père. Après avoir fermé soigneusement toutes les fenêtres et toutes les portes qui donnoient sur cette cour, et avoir fait dire qu’il n’y étoit pas, il prit ensuite des porteurs affidés dont la chaise étoit marquée 20[6], et les envoya chez madame de Revel, veuve d’un avocat-général de Grenoble. Or, la comtesse devoit aller chez cette dame en chaise, et renvoyer tout son monde, faisant semblant d’y vouloir passer l’après-dînée ; ce qu’elle fit. Après avoir été un moment en haut, elle dit à madame de Revel : « Qu’elle étoit montée plutôt pour savoir si elle la retrouveroit dans deux heures que pour lui faire une visite ; car, dit-elle, j’ai une affaire qui presse. »

Après elle descend et crie : Mes porteurs ; c’étoit le mot ; elle entre dans la chaise, va chez Rambouillet : on la porte jusque sur l’escalier, car l’appartement du galant répond sur le derrière, et est par bas. Il la caressa tant qu’il put. Dans le déduit il lui disoit : « Voilà le sang de Coligny bien humilié ! » Il dit qu’elle n’est point badine, et qu’elle ne lui sut jamais dire que : « Ah ! mon cher, que je vous aime ! » Il lui dit : « Qu’il ne lui avoit pas autrement d’obligation de ce qu’elle avoit fait pour lui, et que le comte Du Lude en avoit eu autant. » Elle souffrit cela sans se fâcher. Elle ne lui avoua pourtant rien, et lui dit seulement qu’en causant de l’amour avec sa belle-sœur de Nermanville, la pucelle lui disoit : « Mais, ma sœur, à vous ouïr, je pense que si vous vous trouviez avec un homme que vous aimassiez, vous lui permettriez toute chose. Peut-être, disoit-elle ; je n’en voudrois pas répondre. » Rambouillet fut quinze jours sans y aller : il lui dit qu’il y avoit été trois fois. Elle le crut bonnement, car on lui fait accroire tout ce qu’on veut ; mais il ne lui fit rien, et, ce qui est étonnant, ils se sont vus cent fois depuis, et elle n’a jamais fait semblant de se souvenir de ce qui s’étoit passé entre eux.

Un Saint-d’Hierry, fils de feu Roques, écuyer du cardinal de Richelieu, a été son galant ensuite. Les demoiselles se relâchoient, et tout alloit à l’abandon. De Vannes se tourmenta tant qu’il lui fit donner l’ordre de se retirer. Depuis, ses parents la pressant d’aller trouver son mari, qui avoit passé en Allemagne, elle dit à madame de La Force qu’elle avoit du mal. Regardez quelle effronterie ! Cela pouvoit être vrai. On disoit qu’elle avoit donné une vache à lait à l’abbé d’Effiat. Elle a dit depuis à Rambouillet qu’elle avoit dit cela pour ne pas aller avec son mari, et au même temps elle lui avoua qu’elle avoit couché avec le comte Du Lude.

Enfin elle changea de religion, afin qu’on ne la fît point sortir de Paris. Elle fut quelque temps aux Carmélites, à condition de ne point quitter ses mouches, et de sortir deux fois la semaine. Un nommé Hacqueville[7] étoit alors son galant. Les dévotes, voyant qu’elle ne prioit point Dieu les matins, et qu’elle ne faisoit que se mirer, lui ôtèrent ses miroirs. Le lendemain elle n’en trouva pas un ; on lui dit qu’elle n’en auroit qu’après avoir prié Dieu.

J’ai oublié de dire qu’on trouva dans la cassette de mademoiselle de Nermanville cent lettres d’amour de la comtesse que ses belles-sœurs gardoient pour tâcher à faire rompre le mariage ; c’est pour cela qu’elles vouloient avoir des lettres de Laeger. Ce fou se vante qu’il a couché avec elle. Elle dit qu’il avoit été assez impertinent pour lui dire qu’il avoit été cruel à la reine de Suède pour lui être fidèle. Il a été quelque temps en Suède.

La meilleure aventure qui soit arrivée à la comtesse, ce fut quand Bertaut, l’incommode[8], à la première visite, après maints beaux propos sur ses mérites, lui sauta au cou, et lui voulut lever la jupe. Elle appelle ses gens tout en colère ; mais, à leur vue, elle se retint, et leur dit seulement : « Raccommodez ce feu. » C’étoit l’hiver. Quand ils se furent retirés : « Ne vous repentez-vous point ? lui dit-elle. Sans la considération de madame de Motteville, je vous perdrois. » Après, elle alla conter sa déconvenue à madame de Revel, qui lui dit : « Voilà bien de quoi ! Madame de Savoie a bien été colletée[9]. »

M. de Guise lui en conta huit mois durant ; mais ils sont si visionnaires l’un et l’autre, qu’on ne sauroit dire s’il en est rien arrivé. Rambouillet l’avertit que dès qu’elle lui auroit fait quelque faveur, il la laisseroit là. Le maréchal d’Albret y alla ensuite.

Un nommé Des Colombys, grand brutal, lui en conta et lui donna sur les oreilles une fois. L’abbé de Bruc, frère de madame Du Plessis-Bellièvre et de Montplaisir[10], s’y attacha ensuite. Il y va tant de gens, que c’est une vraie cohue. Elle devient fort grosse ; elle a des affectations insupportables. Elle ne parle qu’à certaines gens ; ailleurs, elle dit les choses si languissamment, et avec une telle négligence, qu’elle ne daigne pas former les paroles.

Le reste est dans les Mémoires de la régence.

  1. Henriette de Coligny, comtesse de La Suze, née en 1618, morte en 1673.
  2. Le vrai nom est Hailbrun. (T.)
  3. Mère est pris ici dans le sens de l’organe de la femme où se forme le fœtus. (Voyez le Dict. de Trévoux.)
  4. La mère croyoit que sa fille avoit été délivrée par ses prières. (T.)
  5. Il vouloit que ses filles fussent comme des garçons. (T.)
  6. Toutes les chaises ont leur numéro. (T.)
  7. Il est vraisemblable que ce d’Hacqueville est l’ami du cardinal de Retz et de madame de Sévigné, celui qui se multiplioit si bien pour ses amis qu’on l’appeloit les d’Hacqueville.
  8. On a vu plus haut, p. 177, l’article de Bertaut, le frère de madame de Motteville.
  9. Allusion à l’anecdote de ce fou de président Toré, fils du surintendant d’Émery. (Voyez plus haut, p. 120.)
  10. René de Bruc, marquis de Montplaisir, poète assez distingué, passe pour avoir eu quelque part aux ouvrages de la comtesse de La Suze.