Les Guerres contemporaines/Résumé des pertes matérielles des guerres contemporaines

Pichon-Lamy (p. 91-93).

RÉSUMÉ DES PERTES MATÉRIELLES DES GUERRES CONTEMPORAINES.

1o Pertes d’hommes :

Hommes tués sur les champs de bataille ou morts, soit de leurs blessures, soit de maladies :

Crimée 
784,991
Italie 
45,000
Schleswig-Holstein 
3,500
Amérique. Nord
281,000
Sud
519,000
Guerre de 1866 
45,000
Expéditions lointaines et guerres diverses : Mexique, Cochinchine, Maroc, Saint-Domingue, guerre du Paraguay, etc. 
65,000

Total
1,743,491 tués par les guerres.

C’est un total de 1,750,000 hommes environ, enlevés par la guerre aux peuples civilisés, de 1853 à 1866, c’est-à-dire dans l’espace de 14 ans. 1,750,000 hommes, c’est un chiffre égal à celui de la population masculine entière de la Hollande : c’est encore un chiffre égal à celui des individus occupés en France comme ouvriers, par les professions industrielles ou commerciales. (Audiganne, Les Ouvriers d’à présent, page 405). Et cependant cette quantité immense de vies, de forces et d’intelligences humaines, dans le siècle de la civilisation, de l’industrie et de la démocratie, la guerre l’a dévorée en 14 ans.

2o Pertes financières :
Guerre de Crimée 
8
milliards
500
millions.
Guerre d’Amérique.
Guerre d’Amérique.
Nord
23
500
Guerre d’Amérique.
Sud
11
500
Guerre d’Italie 
1
500
Guerre du Holstein 
00
180
Guerre de 1866 
1
650
Guerres lointaines 
1
000

47
milliards
830
millions.

Ce ne sont là que les dépenses immédiates et positives des guerres : encore ne sont-elles pas complètes ; nous n’avons pas les dépenses de l’Espagne dans les guerres de Cochinchine, du Pérou et du Chili et de Saint-Domingue ; nous n’avons pas davantage celles des républiques de l’Amérique du Sud, dans leur lutte contre l’Espagne ; ni celles du Brésil, de la Plata, du Paraguay dans cette guerre éternelle qui les désole avec tant de fureur, ni celles du Mexique, dans la guerre de l’indépendance contre la France ; et cependant, avec toutes ces lacunes, nous sommes parvenus au chiffre effroyable de 48 milliards. 48 milliards, mais c’est plus du tiers de la richesse tant mobilière qu’immobilière de la France ; c’est le montant de l’épargne française pendant près d’un demi-siècle ; c’est six fois plus qu’il n’a fallu pour faire tous nos réseaux de chemins de fer français. Et cependant cette somme immense de 48 milliards, qui, employée aux œuvres de la paix, eût transformé les conditions matérielles de la vie des peuples civilisés, le mauvais génie de la guerre l’a dévorée en quatorze années, pour faire disparaître de la face du monde près de 1,800,000 hommes.