Éditions Édouard Garand (p. 170).

NUIT BLANCHE


Le soir, tel un mourant, lentement agonise.
De givres festonnés scintillent les sarments,
Où quelques nids déserts pleins de frémissements
S’effondrent dans l’oubli que la mort éternise.

Il neige.    À pas pressés cheminent les amants.
Sous la ouate tombant, la ville s’harmonise
Aux tons que le linceul lumineux solennise ;
Le moineau-franc qui passe est tout épanchements.

Et seul, en ma chambrette, aux indiscrets fermée,
Où mon rêve se perd comme un peu de fumée,
Je songe aux miséreux aspirant au printemps.

La neige maintenant s’abat en avalanche ;
Au loin, sur les sommets, les coteaux, les étangs,
Entre deux firmaments palpite la nuit blanche.