Éditions Édouard Garand (p. 155).

AU TEMPS DES BLUETS


Au fond de la savane ombreuse et solitaire,
Ayant aux défricheurs apporté le repas
Du midi, Jeanne et Jean s’enfoncent à grands pas ;
Tels des amants heureux voyageant vers Cythère.

C’est le temps des bluets. Pieds nus parmi les tas
Des branches, des cailloux dispersés sur la terre,
Ils choisiront l’endroit où l’herbe avec mystère
Cache les fruits aussi gros que des atocas.

Et tout le jour durant s’exerçant aux prodiges.
Attentifs, les cueilleurs se penchent sur les tiges
Et glanent les beaux fruits d’un geste preste et sûr.

Puis quand le soir, au ciel, s’annonce plein d’arôme,
Avec, au bout des doigts, comme un reste d’azur,
Riches de leur butin, ils regagnent leur chaume.