Les Grandes Chroniques de France/VIII/Introduction

Texte établi par Jules ViardHonoré Champion, libraire de la Société de l’histoire de France (8p. i-xvi).
Introduction


INTRODUCTION


Guillaume de Nangis, qui, à la fin du xiiie siècle, était l’historiographe officiel de la couronne[1], avait à peine achevé sa Vie de saint Louis que Philippe le Hardi s’éteignait à son tour. Si, pour retracer la vie du père, il avait pu copieusement puiser dans les travaux de nombreux historiens et biographes, tels que Vincent de Beauvais, Gilon de Reims, Geoffroi de Beaulieu, Primat ; pour le fils, les sources étaient moins abondantes ; son règne fut moins agité, ses vertus furent moins éclatantes ; il n’attira pas sur lui les regards de ses contemporains avec autant de force que son prédécesseur. On peut dire de sa personne et de son règne qu’ils furent comme le crépuscule de la sainte et glorieuse existence qui venait de s’éteindre.

Au reste, de tous les auteurs que nous avons cités, seul Primat prolongea sa vie plusieurs années encore après Philippe le Hardi[2] ; les autres étaient décédés soit avant saint Louis, comme Gilon de Reims et Vincent de Beauvais, soit peu d’années après lui, comme Geoffroi de Beaulieu. Jusqu’à la découverte, par Paul Meyer, du manuscrit de Jean du Vignay, Guillaume de Nangis était regardé comme le « premier historien » du règne de Philippe III[3]. En dehors de ses Gesta Philippi Regis[4] et de sa Chronique on n’avait, en effet, pour étudier ce règne que les renseignements recueillis dans de brèves chroniques contemporaines ou composées peu après[5], auxquels on devait ajouter ceux que l’on pouvait glaner dans quelques chroniques locales ou étrangères.

La découverte de Paul Meyer non seulement fit sortir de l’ombre un nouvel historien de saint Louis et de Philippe le Hardi, mais révéla encore une des principales sources à laquelle Guillaume de Nangis avait puisé pour composer ses Gesta Ludovici et ses Gesta Philippi Regis. Nous avons déjà indiqué dans le volume précédent[6] ce qu’il avait emprunté à Primat pour composer sa Vie de saint Louis. L’étude attentive et comparée des vies de Philippe le Hardi écrites par ces deux historiographes mettra bien en lumière les parties des Gesta Philippi Regis que Guillaume de Nangis puisa dans Primat. Dans cette étude il ne faudra pas oublier que l’auteur des Gesta fut un contemporain de Philippe III et qu’il put soit avoir vu certains faits, soit les avoir entendu rapporter par des témoins ; on ne devra donc pas rejeter a priori ce qu’il sera le seul à nous faire connaître[7].

Si la Vie de saint Louis fut terminée du vivant de son fils et successeur, puisqu’elle lui fut dédiée[8], celle de Philippe le Hardi, que Guillaume de Nangis dédia à Philippe le Bel, en même temps que la précédente, fut achevée certainement avant 1297, date de la canonisation de saint Louis[9]. D’après Hermann Brosien, elle aurait été composée entre 1286 et 1294[10].

Comme nous l’avons dit[11], la rédaction des Grandes Chroniques, dans leur première forme, avait donné pour l’histoire de saint Louis simplement la traduction des Gesta Ludovici IX. Pour l’histoire de Philippe le Hardi, elle procède généralement de même, et, ainsi que l’on pourra s’en rendre compte, elle offre « une traduction quelquefois littérale, plus souvent libre[12] », des Gesta Philippi Regis. Ainsi que nous l’avons signalé au cours de notre publication, quelques passages du texte latin ont été omis, d’autres ont été développés ; mais, dans l’ensemble, la leçon des Grandes Chroniques est bien le reflet de celle du texte latin. Nous pourrons donc, d’une façon générale, nous servir du texte français pour mettre en parallèle Guillaume de Nangis et Primat. Au reste, la concordance entre les deux auteurs n’existe que de l’année 1270 à l’année 1277, chapitre lxxii de Primat[13]. À partir de cette date, chacun de leurs ouvrages prend son caractère propre. Si l’on compare, en particulier, les chapitres iii à vi, ix à xv, xvii, xxi, xxiii et xxiv des Grandes Chroniques aux chapitres l, lii, liii, lvii à lxii, lxiv, lxvi à lxix de Primat, on se rendra compte que Guillaume de Nangis, dans les chapitres qui correspondent, a suivi presque littéralement Primat[14]. Au commencement de ses Gesta Philippi Regis, il l’a beaucoup abrégé. Dans ses chapitres xli à xlix en particulier, Primat s’étend sur les derniers moments de saint Louis, sur plusieurs miracles, sur l’avènement de Philippe III ; Guillaume de Nangis a complètement laissé de côté toute cette partie et s’est contenté, pour les débuts des Gesta, d’emprunter seulement quelques passages aux chapitres xxxix et xl de son prédécesseur. Si l’on peut signaler encore, au cours de son ouvrage, quelques additions, telles que celles qui correspondent aux chapitres xvi, xx et xxii des Grandes Chroniques, ou quelques omissions[15], il n’en est pas moins évident que, jusqu’à l’année 1277, Primat est la source principale dans laquelle Guillaume de Nangis puisa pour écrire ses Gesta Philippi[16].

À partir de l’année 1278, les deux historiens continuent à faire le récit des mêmes événements ; mais, dans Guillaume de Nangis, ils sont retracés avec une abondance de détails qui n’existe pas dans Primat. On trouve ainsi dans les Gesta Philippi un tableau beaucoup plus complet de l’expédition de Charles d’Anjou en Sicile, de celle de Philippe III en Aragon, de la prise d’Elne, du siège et de la prise de Girone, du passage de l’armée française à travers les Pyrénées, et enfin des derniers jours de Philippe le Hardi. Si Guillaume de Nangis nous expose encore comme Primat le différend qui surgit entre les Frères Prêcheurs et l’abbaye de Saint-Denis au sujet du cœur de Philippe III, il s’arrête là et ne donne pas les derniers paragraphes dans lesquels Primat décrit son tombeau et fait connaître sa postérité. Ces paragraphes, au contraire, n’ont pas été négligés par les Grandes Chroniques qui les ont soigneusement transcrits à la fin du dernier chapitre de l’histoire de Philippe III le Hardi[17].

Pour écrire ses Gesta Ludovici IX, Guillaume de Nangis fit de larges emprunts à la Vita et sancta conversatio piæ memoriæ Ludovici Regis de Geoffroi de Beaulieu[18]. Dans ses Gesta Philippi III, il ne la négligea pas complètement, mais son emprunt est des plus modiques. A Molinier[19] dit qu’il y a reproduit « avec sa négligence habituelle » les chapitres xlv à l, dans lesquels le confesseur du saint roi, après avoir annoncé l’arrivée du roi de Sicile devant Tunis, dit comment fut traité le corps de saint Louis après sa mort, et comment ses ossements furent apportés à Saint-Denis. Or, si de ces chapitres nous rapprochons le premier des Gesta Philippi tertii[20] qui expose les mêmes faits, nous ne pouvons relever qu’un emprunt évident fait à Geoffroi de Beaulieu, celui des cinq premières lignes de son chapitre xlvii[21].

Ceux qu’il fit à Martin de Troppau[22] sont plus nombreux. Hermann Brosien[23] avait déjà relevé un emprunt littéral des Gesta Philippi III à la continuation de Martin de Troppau[24] ; nous pouvons en relever encore plusieurs autres. Ainsi Guillaume de Nangis puisa dans cette œuvre une partie de ce qui concerne le concile de Lyon[25]. Il lui emprunte les premières lignes de l’incidence dans laquelle il parle de la capture d’un poisson semblable à un lion, ainsi que la fin de cette incidence[26] ; ce qui est relatif au soulèvement d’Orvieto contre les Français[27] et à la mort du pape Martin IV[28]. Enfin, il y copie textuellement le passage sur la mort du pape Jean XXI[29].

Maintenant que nous avons passé en revue au moins les principales sources auxquelles puisa Guillaume de Nangis pour composer ses Gesta Philippi III, nous examinerons la manière dont les Grandes Chroniques les ont traités. Nous pouvons dire que si généralement elles en donnent la substance, elles ne les traduisent pas toujours. Ainsi que nous l’avons relevé au cours de la publication du texte, souvent elles suppriment des phrases ou des passages, ou au contraire développent et amplifient le récit de Guillaume de Nangis. Sur les quarante-cinq chapitres consacrés à Philippe le Hardi, nous pouvons en relever seulement douze qui sont la traduction des Gesta, et encore quelquefois traduction très libre[30]. Dans la plupart des autres, des phrases ou des passages plus ou moins étendus furent supprimés[31] ; dans quelques-uns seulement, le texte de Guillaume de Nangis fut amplifié[32].

Pour les règnes de Philippe le Bel et de ses fils, les Grandes Chroniques n’avaient plus à leur disposition des œuvres telles que les Gesta Ludovici IX ou les Gesta Philippi III. Guillaume de Nangis, mort entre le commencement de juin et le 22 juillet 1300[33], laissait sa Chronique universelle[34], qu’il avait pu pousser jusqu’à l’an 1300, comme le dit son premier continuateur[35]. Ce fut donc principalement à cet ouvrage et à sa continuation que les auteurs des Grandes Chroniques eurent recours pour faire connaître l’histoire du règne de Philippe IV le Bel et de ses fils. Nous disons principalement, car on pourra se rendre compte, en comparant, pour la période comprise dans ce tome VIII, le texte des Grandes Chroniques au texte de Guillaume de Nangis et de ses continuateurs, ainsi qu’au texte de la continuation de Géraud de Frachet, que, tout en les suivant, elles les abrègent ou les développent en certains points[36] et insèrent souvent des chapitres ou des paragraphes tirés d’autres chroniques, ou dans lesquels sont donnés des faits survenus depuis peu, que les auteurs des Grandes Chroniques purent voir, apprendre par des témoins, ou sur lesquels ils eurent des documents[37].

La Chronique latine de Guillaume de Nangis est une histoire universelle qui commence à la Création et s’étend jusqu’à l’an 1300. Divers continuateurs appartenant à l’abbaye de Saint-Denis, comme Guillaume de Nangis, poussèrent après lui le récit des événements jusqu’à 1340, et, après cette date, le carme Jean de Venette continua cette Chronique jusqu’à l’an 1368[38]. Dans la partie antérieure à 1113, Guillaume de Nangis n’ayant donné qu’une copie d’Eusèbe, de saint Jérôme et de Sigebert de Gembloux[39], dom Luc d’Achery, son premier éditeur[40], ne la publia qu’à partir de cette date. Après l’année 1113, Guillaume de Nangis, tout en puisant le récit des événements chez les historiens qui le précédèrent, n’en fit pas moins une œuvre personnelle par la manière de les présenter[41]. Pour l’époque où il vécut, il raconte les faits dont il fut témoin ou qui lui avaient été rapportés ; aussi peut-on dire qu’il est une des principales sources à laquelle on devra recourir pour écrire l’histoire des premières années du règne de Philippe le Bel.

Après la mort de Guillaume de Nangis, les religieux de Saint-Denis, investis de la mission de recueillir et de conserver sous forme d’annales les faits qui se déroulaient dans le royaume, s’attachèrent à continuer sa Chronique[42]. Ils le firent régulièrement jusqu’à l’année 1340. Les calamités qui bouleversèrent alors notre pays interrompirent leur œuvre[43], que Jean de Venette reprit ensuite. Cette Chronique, écrite en latin, c’est-à-dire dans la langue officielle, devint ainsi comme la base et la première forme des Grandes Chroniques destinées, suivant l’esprit de saint Louis, leur initiateur, à faire connaître au grand public ignorant le latin les événements de notre histoire[44].

Tout en travaillant à la continuation de la Chronique de Guillaume de Nangis, les religieux de Saint-Denis voulurent également assurer la continuation d’une œuvre analogue qui jouissait alors d’une grande vogue : la Chronique de Géraud de Frachet[45]. S’ils s’occupèrent de cette Chronique, c’est que Guillaume de Nangis l’avait déjà mise à profit tant pour sa Vie de saint Louis que pour sa Chronique universelle[46].

Composée, surtout pour la partie antérieure aux premières années du xiiie siècle, à l’aide de la compilation de Robert d’Auxerre[47], dont il donne un résumé avec quelques maigres additions, la Chroniques de Géraud de Frachet n’a pas non plus, dans sa dernière partie, de 1211 à 1268[48], une grande valeur ; elle n’offre qu’une courte histoire du xiiie siècle. Néanmoins, les religieux de Saint-Denis, la possédant et la voyant appréciée par l’historiographe officiel, Guillaume de Nangis, se mirent en peine de la continuer de la même manière que celle de leur confrère. La première continuation de Géraud de Frachet, de 1268 à 1285, fut même effectuée du vivant de Guillaume de Nangis, soit entre 1285 et 1293[49]. La partie de la seconde continuation qui s’étend de 1285 à 1300 aurait été rédigée plus tard, peut-être après la mort de Louis X le Hutin[50], et en tout cas serait postérieure à la Chronique de Guillaume de Nangis. Ces continuations, qui s’étendent jusqu’au milieu du xive siècle, et dont une notable partie fut rédigée par Richard Lescot, moine de Saint-Denis, peu avant 1360, sont, dit M. Delisle[51], des « œuvres originales d’une réelle valeur et très utiles à étudier pour une critique des récits de Guillaume de Nangis et des Grandes Chroniques de France ». Au reste, on se rendra compte, en comparant la partie des Grandes Chroniques comprise dans ce volume à la continuation de Géraud de Frachet, qu’elles l’ont souvent suivi de préférence à la Chronique de Guillaume de Nangis et à ses continuations[52].

Cependant, comme nous l’avons signalé dans les notes[53], plusieurs chapitres et paragraphes des Grandes Chroniques ont été tirés d’une autre source. Ainsi le récit de la bataille de Woeringen[54] ; le passage relatif au défi d’Adolphe de Nassau et à la réponse de Philippe le Bel[55] ; enfin, le paragraphe dans lequel les Grandes Chroniques retracent la campagne d’Henri VII en Italie après son couronnement[56] semblent tirés de la même source que celle à laquelle puisèrent la Chronographia regum Francorum, les Anciennes Chroniques de Flandre[57] et Istore et croniques de Flandres[58]. Cela ne surprendra pas, car la Chronographia fut écrite à l’abbaye de Saint-Denis, ainsi que les Grandes Chroniques[59], et les Chroniques de Flandre donnent de ces faits un récit identique à celui de la Chronographia.

Dans le volume précédent[60], nous avons déjà fait remarquer qu’en continuant l’œuvre de Primat ses successeurs avaient abandonné sa méthode. Ils ne se contentent plus de traduire un texte latin, mais souvent ils font une œuvre personnelle. Si déjà, pour le règne de Philippe le Bel, les auteurs des Grandes Chroniques montrent plus de personnalité que pour les règnes antérieurs, cette personnalité ne fait que s’accentuer dans la suite. Dans les chapitres consacrés à Louis X et à Philippe le Long, ils suivent encore quelquefois Guillaume de Nangis ou Géraud de Frachet, mais ils les traduisent rarement ; souvent ils les résument, ajoutent des faits, tels que les détails qu’ils donnent sur la campagne de Flandre de 1315[61], sur la paix conclue avec la Flandre en 1316[62], sur l’abondante chute de neige qui eut lieu à Paris en 1322[63], ou puisent chez d’autres chroniqueurs. Ainsi la mention du retour des Juifs en 1315[64], qui n’est ni dans la continuation de Guillaume de Nangis, ni dans celle de Géraud de Frachet, se trouve dans les Flores chronicorum et les Reges Francorum de Bernard Gui[65].

Pour le règne de Philippe le Long, ils font de nombreux emprunts au Memoriale historiarum de Jean de Saint-Victor, tels que : chapitre i, l’avènement du roi[66] ; chapitre iii, le paragraphe relatif au comte de Nevers[67] ; chapitre v, la conclusion de la paix avec le comte de Flandre[68]. Enfin, les dernières pages du règne de Philippe le Long sont presque entièrement occupées par le récit d’un miracle obtenu par l’intercession de saint Denis en faveur du valet d’un écolier suédois. Ce récit est traduit de la Chronique d’Yves, moine de Saint-Denis, que le Recueil des historiens des Gaules et de la France[69] a mis à tort sous le nom du copiste Guillaume Lescot[70].

On peut se rendre ainsi compte qu’à partir du commencement du xive siècle les Grandes Chroniques deviennent une œuvre historique de plus en plus originale, dans laquelle on pourra même puiser des renseignements que l’on chercherait vainement ailleurs.

  1. « Il estoit notable homme ordonné croniqueur de France. » H.-F. Delaborde, La vraie Chronique du religieux de Saint-Denis, dans Bibl. Éc. des chartes, t. LI (1890), p. 98.
  2. On pense qu’il vivait encore en 1289 (Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 5).
  3. Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XX, Introduction, p. l.
  4. Les éditions des Gesta Philippi III sont celles de Pithou dans les Historiae Francorum scriptores veteres XI. Francfort, 1596, p. 471-504. — Duchesne dans ses Historiae Francorum scriptores, t. V, p. 516-548. — Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 466-538, avec, en face du texte latin, la partie des Grandes Chroniques qui correspond aux années 1270-1285. Enfin, des fragments en ont été publiés par H. Brosien dans les Monumenta Germaniae historica, Scriptores, t. XXVI, p. 667-674.
  5. Telles sont principalement : La Chronique anonyme des rois de France finissant en M CC LXXXVI, dans Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 81 à 102. La partie intéressant le règne de Philippe III commence à la page 91. — Les Flores chronicorum de Bernard Gui, dont des extraits sont publiés Ibid., p. 691-734. Le règne de Philippe III va de la page 701 à la page 708. Bernard Gui le nomme « Philippus quartus », car il compte au nombre des rois de ce nom, Philippe, fils de Louis VI, qui, associé au trône, mourut du vivant de son père. — La Continuation de Géraud de Frachet. Ibid., p. 3-70 ; ce qui se rapporte au règne de Philippe III est compris dans les pages 5-7. — La Branche des royaus lingnages de Guillaume Guiart. Ibid., t. XXII, p. 173-300. Le règne de Philippe III va de la page 207 à la page 216. — Cf. Ch.-V. Langlois, Le règne de Philippe III le Hardi. Introduction, p. iii à v.
  6. Grandes Chroniques, t. VII, Introduction, p. ix à xiii.
  7. « Pour la vie de Philippe le Hardi, Guillaume de Nangis a beaucoup ajouté au texte de Primat et a disposé de renseignements plus nombreux, dont la source nous est encore inconnue » (Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 3). — Cf. Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. H. Géraud, Introduction, p. v : « La vie de Philippe III mérite peut-être encore plus de confiance. Ici l’auteur n’avait pas besoin de guide ni de témoignages ; il écrivait ce qui se passait de son temps, autour de lui, et, pour ainsi dire, sous ses yeux. »
  8. L. Delisle, Notes sur quelques manuscrits du Musée britannique, dans Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. IV, p. 217.
  9. L. Delisle, Mémoire sur les ouvrages de Guillaume de Nangis, dans Mémoires de l’Institut. Académie des inscriptions et belles-lettres, t. XXVII, 2e partie, p. 291.
  10. Monumenta Germaniae historica, Scriptores, t. XXVI, p. 625.
  11. Grandes Chroniques, t. VII, Introduction, p. xvii.
  12. Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. lii.
  13. H. Brosien, Wilhelm von Nangis und Primat, dans Neues Archiv, t. IV, p. 453, et A. Molinier, Les sources de l’histoire de France, t. III, p. 102, no 2534.
  14. Dans le Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XXIII, p. ii, on constate également que l’ouvrage de Primat « offre plus d’un passage qui se lit textuellement dans Guillaume de Nangis ». Ainsi pour la mort d’Isabelle, femme de Thibaut, roi de Navarre (Rec. des hist., t. XX, p. 482). G. de Nangis emploie la même image que Primat, chap. lviii (Ibid., t. XXIII, p. 85), et dit qu’Atropos coupa le fil de sa vie.
  15. Cf. les chapitres lv et lvi de Primat avec les passages de Guillaume de Nangis qui correspondent aux chapitres vii et viii des Grandes Chroniques. On peut également signaler que ce que G. de Nangis dit sur Pierre de la Broce (chapitre xxvi des Grandes Chroniques) est tiré d’une source différente de celle de Primat.
  16. Voir dans Neues Archiv, t. IV, p. 448-452, les points de ressemblance entre Primat et les Gesta Philippi que Brosien fait ressortir.
  17. P. 120-122.
  18. Voir t. VII, Introduction, p. vi-vii.
  19. Les sources de l’histoire de France, t. III, p. 117.
  20. Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 466-468. — Cf. Grandes Chroniques, t. VIII, p. 6.
  21. Rec. des hist. Ibid., p. 24.
  22. Voir la note déja donnée sur lui t. VII, Introduction, p. xiv, note 5.
  23. Neues Archiv, t. IV, p. 454, note 1.
  24. Cf. Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 516. — Grandes Chroniques, t. VIII, p. 83, et Monumenta Germaniae historica, t. XXII, p. 478. — L. Weiland (Ibid., p. 395), dans l’étude qui précède son édition de Martin de Troppau, avait déjà signalé, parmi ceux qui lui firent des emprunts, « Guillelmus de Nangiaco et in Chronico et in Gestis Philippi III Regis ».
  25. Rec. des hist., t. XX, p. 494. — Monumenta Germaniae, t. XXII, p. 441. — Grandes Chroniques, t. VIII, p. 47-49.
  26. Depuis « Anno Domini M CC LXXXII » jusqu’à « Solemnis inquisitio ». Rec. des hist., t. XX, p. 520. — Monumenta Germaniae, t. XXII, p. 477 et 478, lignes 15-24 et 29-31. — Les Grandes Chroniques ne donnent qu’une partie de cette incidence.
  27. Rec. des hist., t. XX, p. 516. — Monumenta Germaniae, t. XXII, p. 477, lignes 28-35. — Les Grandes Chroniques, p. 81-82, l’ont omis.
  28. Rec. des hist., t. XX, p. 526-528. — Monumenta Germaniae, t. XXII, p. 481, lignes 29-35. — Grandes Chroniques, p. 102.
  29. Rec. des hist., t. XX, p. 510. — Monumenta Germaniae, t. XXII, p. 443. — Grandes Chroniques, p. 75.
  30. Ce sont les chapitres iv, vii, x, xi, xiii, xvi, xvii, xxvi, xxxix à xlii.
  31. Chapitres i à iii, v, vi, xxi à xxv, xxvii à xxix, xxxi à xxxviii.
  32. Chapitres viii, ix, xii, xx, xliii à xlv. Dans les chapitres xiv, xv, xviii, xix et xxx, on trouve des parties amplifiées et d’autres supprimées.
  33. H.-F. Delaborde, Notes sur Guillaume de Nangis, dans Bibl. Éc. des chartes, t. XLIV (1883), p. 196.
  34. Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. H. Géraud, 2 vol. in-8o.
  35. « Usque ad annum Domini millesimum trecentesimum inclusive » (Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. H. Géraud, t. I, p. 327. Cf. Introduction, p. iii).
  36. Voici les principaux passages dans lesquels les Grandes Chroniques ont résumé les continuations de Guillaume de Nangis et de Géraud de Frachet : p. 245, le sacre de Clément V ; p. 256, arrestation des Templiers ; p. 272-273, exécutions des Templiers et de Marguerite Porete ; p. 285, concile de Vienne ; p. 286, couronnement d’Henri VII ; chapitres lxx et lxxii ; p. 320-321, temps pluvieux, etc. Elles les ont moins souvent amplifiées, comme p. 240-242, dans une partie du récit de la bataille de Mons-en-Pévèle, et p. 322-325, dans l’exposé de la campagne de Flandre.
  37. Ainsi : p. 138, la mention de la mort de deux évêque de Paris ; p. 144, le miracle des Billettes ; p. 200, l’incendie de la rue de l’École-Saint-Germain ; p. 229-233, la bataille du convers et du diable. « Si raconte cesti qui fist ceste cronique qui fu present quant ledit convers fist foy et serement » (p. 232) ; p. 250, l’émeute qui éclata à Paris en 1306. Le relevé des accusations portées contre les Templiers (p. 274-276) et contre Enguerrand de Marigny (p. 308-313) fut certainement fait à l’aide de documents.
  38. H. Géraud, Chronique latine de Guillaume de Nangis, t. I, Introduction, p. xvi-xl.
  39. H. Géraud, Ibid., Prologue, t. I, p. 1-2.
  40. Spicilège, in-4o, t. XI, p. 405 ; in-fol., t. III, p. 1. — Le Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 544 à 646, donne la Chronique et ses continuations de 1226 à 1328. H. Géraud la donne avec ses continuations jusqu’en 1368.
  41. « Subjungens que ab aliis quidem digesta erant, sed non eodem modo ordinata, composui et alia mei temporis compilavi » (H. Géraud, op. cit., t. I, p. 2).
  42. H. Géraud, op. cit., t. I, Introduction, p. xv-xviii.
  43. Les continuateurs de Guillaume de Nangis disent que 1340 fut une année de calamités, de misère, de honte et de confusion. « Hoc anno calamitatis et miseriæ, ignominiæ et confusionis » (H. Géraud, op. cit., t. II, p. 166).
  44. Geoffroi de Beaulieu (Vita sancti Ludovici, dans Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 15) nous apprend que saint Louis prenait le soin de traduire en français les livres qu’il lisait pour ceux de son entourage qui ignoraient le latin. « Quando studebat in libris et aliqui de familiaribus suis erant præsentes qui litteras ignorabant, quod intelligebat legendo, proprie et optime noverat coram illis transferre in gallicum de latino. »
  45. Voir, sur Géraud de Frachet, la note déjà publiée au t. VII, p. xiv, note 8, et surtout : Quetif et Échard, Scriptores ordinis Prædicatorum, p. 259-260. — Histoire littéraire de la France, t. XIX, p. 174-176 ; t. XXI, p. 720-721, et t. XXXII, p. 550-567. — Molinier, Les sources de l’histoire de France, t. III, nos 2508 et 2529. — Le P. Reichert, Monumenta ordinis Fratrum Prædicatorum : Fratris Gerardi de Fracheto, O. P. vitæ fratrum ordinis Prædicatorum necnon Cronica ordinis ab anno M CC III usque ad M CC LIV. Louvain, 1896, in-8o, et Jean Lemoine, Chronique de Richard Lescot, Introduction, p. xvi et suiv.
    Des fragments de la Chronique de Géraud de Frachet et de ses continuations ont été publiés dans Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. X, p. 292 ; t. XXI, p. 1 à 70 ; t. XXIII, p. 178 à 183 ; dans Monumenta Germaniae historica, t. XXVI, p. 588 à 589 ; par le comte Charles de l’Escalopier, dans un petit volume intitulé : Notice sur un manuscrit intitulé : « Annales mundi ad annum 1264 ». Paris, Techener, 1842, in-8o de 30 p. — M. Jean Lemoine, dans la Chronique de Richard Lescot, qui, elle-même n’est « qu’une partie dse Continuations de Géraud de Frachet rédigées à Saint-Denis », a publié, de la p. 179 à la p. 202, la Continuation de la Chronique de Géraud de Frachet correspondant aux années 1268-1285.
  46. Jean Lemoine, Chronique de Richard Lescot, Introduction, p. xxiii à xxv.
  47. Mort en 1212.
  48. La Chronique de Géraud de Frachet s’arrête à 1266 dans une première rédaction ; elle fut continuée dans une seconde jusqu’à 1268 par l’auteur lui-même, qui mourut en 1271 (J. Lemoine, op. cit., Introduction, p. xvii).
  49. J. Lemoine, Ibid., p. xxix.
  50. J. Lemoine, Ibid., p. xxxiv.
  51. Histoire littéraire de la France, t. XXXII, p. 566.
  52. Ainsi sont traduits de la Continuation de Géraud de Frachet, plutôt que de la Chronique de Guillaume de Nangis ou de sa continuation, les passages suivants : p. 136 et 137, la prise de Tripoli et la guerre de Sicile ; p. 140, les menaces du sultan contre la ville d’Acre ; p. 144, la mention du mariage de Charles de Valois ; p. 147, les paragraphes relatifs à Jeanne de Blois et à Nicolas IV ; p. 154, le chapitre xi ; p. 157, le paragraphe relatif à Raoul de Grandville ; le chapitre xiii ; p. 163 et 164, les paragraphes relatifs à l’attaque de Douvres et à Jacques, roi d’Aragon ; p. 165, le paragraphe sur les Écossais ; les chapitres xvii, xxiv, xxvii, xxviii, xxix, xxxiv ; p. 236, le paragraphe relatif au monastère de Poissy ; p. 252, … à Robert Bruce ; p. 254-255, … à Dulcin ; p. 257-258, … à Bertaut de Saint-Denis ; p. 269-270, … à Boniface VIII et à l’éclipse ; p. 278, … à la révolte de Lyon ; p. 294, … à la guerre de Lorraine ; p. 296, … à l’exaction ; p. 338-339, … à l’hérésie de Matteo Visconti ; p. 349, … à Louis de Bavière et Frédéric Ier ; p. 356-357, … à Galeas Visconti et à Philippe de Valois.
  53. P. 131, note 2 ; p. 158, note 3 ; p. 266, note 4.
  54. P. 131 à 135.
  55. P. 158 à 160.
  56. P. 266 à 269.
  57. Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XXII, p. 329-429.
  58. Éd. Kervyn de Lettenhove, 2 vol. in-4o, dans la Collection des Chroniques belges.
  59. L’abbaye de Saint-Denis était un grand centre de travaux historiques. H Moranvillé, Chronographia regum Francorum, Avant-Propos, p. xlvi.
  60. T. VII, Introduction, p. xix.
  61. P. 322-324.
  62. P. 330.
  63. P. 363.
  64. P. 320.
  65. Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 725. Bernard Gui, né en 1261 ou 1262, fit profession chez les Dominicains de Limoges en 1280, devint évêque de Lodève en 1324 et mourut le 30 décembre 1331. Il écrivit de nombreux ouvrages, parmi lesquels nous signalerons, comme ayant pu être utilisés par les historiographes français, une histoire des papes : Flores chronicorum seu Cathalogus pontificum Romanorum, et des opuscules sur les rois de France : Reges Francorum. Nomina regum Francorum et Arbor genealogie regum Francorum. Des extraits des Flores chronicorum et des Reges Francorum, fondus ensemble par leur éditeur Natalis de Wailly, ont été publiés dans le Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 690-734. Voir sur lui et ses ouvrages : Histoire littéraire de la France, t. XXXV, p. 189-232, et L. Delisle, Notice sur les manuscrits de Bernard Gui, dans Notices et extraits des manuscrits, t. XXVII, 2e partie, p. 169-455.
  66. P. 333-335.
  67. P. 340-341.
  68. P. 350-352. Dans ce chapitre, ils ont un peu abrégé le récit de Jean de Saint-Victor, tout en le suivant ; quelques paragraphes du chapitre vii ont été aussi tirés du Memoriale ; cf. p. 360-362. — On ne sait rien de la vie de Jean de Paris ou de Saint-Victor. Suivant le P. Lelong (Bibliothèque historique de la France, t. II, p. 166, no 16985), il se serait appelé Jean Bouin ou Bovin, serait entré à Saint-Victor en 1327 et mort en 1351 (cf. Rec. des hist. de France, t. XXI, p. 631) ; mais, dit Molinier (Les sources de l’histoire de France, t. III, p. 193, no 2854), ces dates paraissent peu admissibles. On a sous le nom de Jean de Saint-Victor un Memoriale temporum allant de la Création à 1322. Jusqu’à l’an 1300, l’auteur, qui avait commencé à écrire en 1308, copie la Chronique de Guillaume de Nangis ; mais, après cette date jusqu’en 1322, où son travail est brusquement interrompu, « il devient un auteur original qui a connu personnellement la vérité et qui n’a pas manqué d’indépendance pour la reproduire dans ses récits » (Rec. des hist., t. XXI, p. xiv). Suivant Molinier, son ouvrage constitue l’une des meilleures chroniques du temps. Des fragments en ont été publiés dans Duchesne, Historiae Francorum scriptores, t. I, p. 128-133, et les années 1289 à 1322 dans Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 630-676.
  69. T. XXI, p. 208.
  70. Frère Yves, moine de Saint-Denis, est l’auteur d’une compilation historique sur la vie de saint Denis et les miracles obtenus au cours des siècles par son intercession. Cette compilation, qui, outre la vie et les actes du saint, comprend une histoire de France abrégée jusqu’au règne de Philippe V le Long, fut commandée à l’auteur à la requête de Philippe le Bel, par Gilles de Pontoise, abbé de Saint-Denis, et présentée à Philippe le Long en 1317. Des fragments de l’œuvre de frère Yves ont été publiés par Duchesne : Historiae Francorum scriptores, t. V, p. 287-288, 395, 549. — Le Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 45, 540 ; t. XXI, p. 202-211. — Delisle, dans Bib. Éc. des chartes, t. XXXVIII, p. 466-476. — Holder-Egger, Neues Archiv, t. VIII, p. 184-187. — Voir sur lui : Darenberg et Renan, Archives des missions, t. I (1850), p. 429-434. — Delisle, Notices et extraits des manuscrits, t. XXI, 2e part., p. 349-365, et surtout Hauréau, Histoire littéraire de la France, t. XXXI, p. 143-151.