Les Fusillés de Malines/10
VI
Extraits des « Conscrits belges en 1798 et 1799, »
par Augustin Thys.
Ce qui manquait à l’insurrection, c’était des chefs doués d’intelligence et de circonspection, des hommes d’élite qui, dans les circonstances révolutionnaires, dominent la foule par leur prestige, leur caractère, leur énergie. La Vendée avait les Henri La Rochejacquelein, les Gigot d’Elbée, les de Lescure, de Bonchamp, Stofflet, Charette, d’Autrichamp, de Bourmont, de Chatillon, Georges Cadoudal, et tant d’autres encore, moins connus ; nos pauvres villageois se trouvaient entièrement abandonnés à eux-mêmes, tandis que les habitants des villes étaient comme pétrifiés par la crainte et la terreur et n’osaient souvent même pas montrer leur sympathie envers ces vaillants et glorieux patriotes qui défendaient au péril de leur vie la cause nationale. D’autre part, le défaut d’organisation, le manque de munitions et surtout de canons, constituèrent une grande cause d’infériorité pour la révolte. C’est à ces diverses circonstances qu’il faut attribuer l’insuccès de Malines… »
J’emprunte aussi à l’intéressant livre de M. Augustin Thys, ces appels aux armes, rimés en la langue originale et d’une naïveté presque intraduisible, dont je me suis efforcé de donner un équivalent dans la complainte de Rik le Schalk, à la page 56.
Regeerders van dorpen en sté,
Waren de Franschen eens wech, hoe had u daermé ?
Nederlanders blijft nu bij een
Wij moeten standvastig wezen
Om te waegen ons lijf en bloed,
Voor de Franschen zijn wij te goed,
Om met schelmen en dieven te strijden
Dat zijn wij niet van zin :
Liever den kogel of te guillotien.
Et cette autre proclamation non moins savoureuse :
Brabantsche jongers, schept nu weer moet,
Om voor ’t geloof te strijen
Gaet gij naer Vlaendren toe
En wilt u niet vermeyden