Paul Lacomblez, éditeur (p. 211-212).


V

Extrait
des « Époques » de Beaumarchais.


« Au commencement de mars dernier, un étranger m’écrit et me demande un rendez-vous au nom de mon patriotisme, pour une affaire, me disait-il, très importante pour la France ; il insista, se présenta chez moi, et me dit :

» Je suis propriétaire de soixante mille fusils et je puis, avant six mois, vous en procurer deux cent mille. Je sais que ce pays en a très grand besoin. — Expliquez-moi, lui dis-je, com­ment un particulier comme vous peut être possesseur d’une telle quantité d’armes ? — Mon­sieur, dit-il, dans les derniers orages du Brabant, attaché au parti de l’empereur, j’ai eu mes biens incendiés et fait des pertes considérables ; l’em­pereur Léopold, après la réunion, pour me dédommager, m’a concédé l’octroi et le droit exclusif d’acheter toutes les armes des Braban­çons, soumis à la seule condition de les sortir toutes du pays où elles portaient de l’ombrage. »

(T. V. Première Époque, pp. 138 et 139.
Œuvres complètes de Beaumarchais,
Paris, chez Léopold Collin, 1809.)