G. Charpentier, éditeur (p. 353-354).

LXXVIII

Il y eut ainsi dans le pavillon de musique six ou sept séances, pleines du bonheur du moment et de confiance dans le lendemain. Mais au bout d’une semaine, Nello s’apercevait qu’il ne marchait guère mieux que le premier jour. Et une quinzaine s’écoulait sans qu’il lui vînt la conscience d’avoir gagné plus de solidité, plus d’assurance. Il voulait par moments se passer de ses béquilles, mais à l’instant saisi d’une terreur, de cet effroi trouble et un peu hagard, qu’on voit sur les visages des petits enfants allant vers deux bras tendus, et soudainement n’osant plus avancer et prêts à pleurer : un effroi qui, aussitôt qu’il les avait quittées, ses béquilles, les lui faisait ressaisir avec l’empoignement d’un homme qui se noie attrapant une perche.

À mesure que le mois où il avait commencé à marcher s’avançait, les quotidiens essais de marche de Nello devenaient plus sérieux, plus silencieux, plus tristes.