G. Charpentier, éditeur (p. 147-148).

XXVII

L’Angleterre est le pays de l’Europe qui, dans la matérialité brute d’un tour de force, a inventé d’introduire l’esprit. Là, la gymnastique s’est transformée en pantomime ; là, un déploiement bête de muscles et de nerfs est devenu quelque chose de plaisant, de mélancolique, quelquefois de tragique ; là, les souplesses, les agilités, les adresses d’un corps se sont appliquées à faire rire, à faire peur, à faire rêver, ainsi que font les scènes de théâtre. Et en cette Grande-Bretagne, et par des créateurs inconnus, dont il reste à peine quelques noms du dix-huitième siècle, épars sur les feuillets d’émargement du Cirque Astley, a eu lieu la trouvaille d’une toute nouvelle comédie satirique. Ç’a été comme une rénovation de la farce italienne, où le clown, ce niais de campagne, ce gymnaste-acteur faisait revivre en lui à la fois Pierrot et Arlequin, projetant l’ironie de ces deux types entre ciel et terre ; — la grimace du blanc enfariné, comme étendue et promenée sur toute la musculature de sa raillarde académie.

Et, — fait curieux, — il est arrivé en la patrie d’Hamlet, que cette création toute anglaise, le génie de la nation l’a marquée à son caractère de flegme et d’ennui noir, et qu’il en a façonné la gaieté, si l’on peut le dire, avec une espèce de comique splénétique.