Traduction par Jean-Baptiste de Montgrand.
Garnier (p. 180-193).


CHAPITRE XIII.


Le malheureux vicaire était en ce moment à faire un chyle qui tournait à l’aigre dans la pénible digestion d’un dîner grignoté sans appétit et sans pain frais ; et il se demandait, plein d’inquiétude, comment finirait cet orage, bien éloigné cependant de penser qu’il dût venir tomber si épouvantablement sur sa tête. Quelque brave homme, qui se trouvait dans la foule, courut à toutes jambes pour la devancer et aller donner avis à la maison menacée de l’imminence du péril. Les domestiques, que déjà le bruit avait attirés sur la porte, regardaient tout effrayés le long de la rue, vers le côté d’où ce bruit venait et s’approchait. Pendant qu’ils écoutent ce que leur dit l’homme, ils voient paraître l’avant-garde ; l’un aussitôt se précipite pour porter l’avis à son maître ; tandis que celui-ci songe à fuir et en cherche le moyen, un autre vient dire qu’il n’en a plus le temps. À peine les domestiques en ont-ils assez pour fermer la porte. Ils mettent la barre, ils mettent des étais, ils courent fermer les fenêtres, comme lorsqu’on voit arriver un temps bien noir et qu’on attend la grêle d’un moment à l’autre. La furieuse clameur toujours plus forte, venant d’en haut comme un tonnerre, retentit dans le vide de la cour ; elle gronde par chaque ouverture ; et, du milieu de l’immense et confuse rumeur, se font entendre, violents et précipités, les coups de pierre contre la porte.

« Le vicaire ! le tyran ! l’affameur ! nous le voulons ! mort ou vif ! »

L’infortuné errait de chambre en chambre, pâle, sans haleine, frappant ses mains l’une dans l’autre, se recommandant à Dieu et conjurant ses domestiques de tenir bon et de lui trouver quelque moyen de se sauver. Mais comment et par où ? Il monte au galetas ; d’une lucarne il jette en tremblant un regard sur la rue et la voit farcie de furieux ; il entend les voix qui demandent sa mort, et, plus terrifié que jamais, il se retire et va chercher le recoin le plus sûr et le plus caché. Là, blotti et ramassé sur lui-même, il écoutait ; il écoutait si le terrible bruit ne diminuait pas, s’il ne se faisait pas quelque relâche dans le tumulte ; mais, entendant au contraire les rugissements s’élever plus féroces et plus assourdissants, et les coups redoubler d’activité, le cœur saisi d’un nouvel assaut d’épouvante, il se bouchait bien vite les oreilles. Puis, comme hors de lui-même, les dents serrées, le visage contracté, il tendait les bras et portait ses poings en avant, comme s’il voulait appuyer la porte… Du reste on ne peut savoir précisément ce qu’il faisait, puisqu’il était seul ; et l’histoire est obligée de deviner, heureusement qu’elle en a l’habitude.

Renzo cette fois se trouvait au fort de la bagarre, et non poussé là par la foule, mais pour s’y être mis de sa propre volonté. À ces premières paroles de sang qui s’étaient fait entendre, il avait senti tout le sien se troubler ; quant au saccagement, il n’aurait pas trop su dire si c’était bien ou mal dans cette circonstance ; mais l’idée du meurtre lui causa une subite horreur. Et quoique par cette funeste docilité des esprits passionnés pour les assertions passionnées du plus grand nombre, il fût très-convaincu que le vicaire était la cause principale de la disette et l’ennemi des pauvres, cependant, ayant, dès les premiers mouvements de la foule, entendu par hasard quelques mots qui indiquaient la volonté de faire tous les efforts possibles pour le sauver, il s’était aussitôt proposé de prêter la main à cette œuvre. Telle était l’intention dans laquelle, se fourrant parmi les autres, il s’était avancé presque jusqu’à cette porte que par toutes sortes de moyens on s’efforçait d’ouvrir. Les uns, avec des cailloux, frappaient sur les clous de la serrure pour l’enfoncer ; d’autres, munis de ciseaux, de crochets, de marteaux, cherchaient à faire l’ouvrage plus en règle ; d’autres, en même temps, avec des pierres, des couteaux dépointés, des clous, des bâtons, leurs ongles, faute de mieux, s’attaquaient au mur, en détachaient le mortier et s’industriaient à enlever les briques pour faire une brèche. Ceux qui ne pouvaient opérer eux-mêmes animaient les assaillants par leurs cris ; mais aussi, restant là les mains oisives, ils gênaient d’autant plus le travail, embarrassé déjà par la concurrence empressée et le peu d’ordre des ouvriers ; car, grâce au ciel, il arrive quelquefois dans le mal, ce qui se voit trop souvent dans le bien, que ceux qui s’y donnent avec le plus d’ardeur deviennent un obstacle.

Les magistrats qui les premiers eurent avis de ce qui se passait firent aussitôt demander du secours au commandant du château dit alors de Porta-Giovia, et ce commandant envoya sur les lieux un certain nombre de soldats. Mais, avec le temps qu’il fallut pour porter l’avis, donner l’ordre, réunir la troupe, et à celle-ci pour se mettre en marche et faire le chemin, un vaste siège était déjà établi devant la maison lorsque le détachement arriva et fit halte loin de la maison même, sur les derniers rangs de la foule. L’officier qui les commandait ne savait trop quel parti prendre. En cet endroit il n’y avait qu’un amas de gens de tout âge et de tout sexe qui se tenaient là pour voir. Aux sommations qui leur étaient faites de se disperser et de laisser le passage libre, ils répondaient par un long et sourd murmure, et personne ne bougeait. Faire feu sur de telles gens, semblait à l’officier agir d’une manière non-seulement cruelle, mais pleine de dangers, parce que, en attaquant ceux qui étaient le moins à craindre, on irriterait le grand nombre chez qui était la violence ; et du reste, telles n’étaient pas ses instructions. Se faire jour dans cette première foule, la renverser à droite et à gauche, et aller en avant porter la guerre à ceux qui la faisaient, eût été le mieux sans doute ; mais le difficile était d’y réussir. Savait-on si les soldats pourraient marcher unis et en bon ordre ? Et si, au lieu de rompre la foule, ils allaient s’y trouver éparpillés eux-mêmes, ils seraient à sa discrétion, après l’avoir provoquée. L’irrésolution du commandant et l’immobilité des soldats furent prises, à tort ou à raison, pour de la peur. Ceux qui se trouvaient le plus près d’eux, se contentaient de les regarder au visage, avec l’air d’en rire : un peu plus loin, on ne se gênait pas pour les narguer par des mines et des cris de moquerie ; plus loin encore, peu de gens savaient qu’ils fussent là ou en prenaient souci ; les démolisseurs continuaient à démanteler le mur, sans autre pensée que de venir bientôt à bout de leur entreprise : les spectateurs ne cessaient de les y pousser par leurs cris.

Parmi ces derniers se faisait remarquer, et devenait lui-même spectacle, un vieillard de méchante vie, qui, écarquillant deux yeux creux et enflammés, contractant ses rides dans le sourire d’une joie infernale, les mains levées au-dessus de ses indignes cheveux blancs, agitait en l’air un marteau, une corde et quatre grands clous, avec quoi il voulait, disait-il, attacher le vicaire contre un battant de sa porte, après qu’on l’aurait mis à mort.

« Que dites-vous là ? Fi donc ! » dit subitement Renzo, saisi d’horreur en entendant ces paroles, et à la vue de bien des gens qui paraissaient les approuver, mais encouragé par la vue de certains autres, chez qui, bien qu’ils gardassent le silence, se faisait deviner un sentiment semblable à celui dont il laissait éclater l’expression. « Fi donc ! Est-ce que nous voulons voler au bourreau son métier ? assassiner un chrétien ? Comment voulez-vous que Dieu nous donne du pain, si nous faisons des atrocités semblables ? Il nous enverra son tonnerre, et non du pain !

— Ah ! chien ! ah ! traître envers la patrie ! » cria, en se tournant vers Renzo et avec un visage de possédé, l’un de ceux qui avaient pu, au milieu du tapage, entendre ces saintes paroles. « Attends, attends ! C’est un valet du vicaire déguisé en paysan : c’est un mouchard : frappez, frappez ! » Cent bruits se répandent à l’entour. « Qu’est-ce que c’est ? où est-il ? qui est-ce ? Un valet du vicaire. Un mouchard. Le vicaire déguisé en paysan, qui se sauve. Où est-il ? où est-il ? donnez dessus ! donnez dessus ! »

Renzo se tait, se fait petit, voudrait disparaître ; quelques-uns près de lui le prennent au milieu d’eux ; et, poussés par divers cris bien forts, cherchent à couvrir ces voix ennemies et homicides. Mais, ce qui le servit mieux que toute autre chose fut le mot : « Place ! place ! » que l’on entendit crier près de là : « Place ! Voici de l’aide. Hé ! là ! place ! »

Qu’est-ce que c’était ? une longue échelle que l’on apportait pour la dresser contre la maison et y entrer par une fenêtre. Mais, par bonheur, ce moyen qui aurait rendu la chose facile, n’était pas aisé lui-même à mettre en œuvre. Les porteurs, aux deux bouts de la machine, et çà et là sur sa longueur, heurtés, ballottés, séparés l’un de l’autre par la foule, marchaient par ondulations : l’un, ayant la tête entre deux barreaux et les montants sur les épaules, mugissait oppressé comme sous un joug agité par saccades ; un autre se voyait tout à coup détaché de son fardeau par une poussée ; l’échelle abandonnée frappait dans sa chute sur des épaules, des bras, des côtes, et je vous laisse à penser ce que devaient dire ceux à qui ces membres appartenaient. D’autres la relevaient des deux mains, se glissaient dessous, la mettaient sur leur dos, en criant : « Courage ! marchons ! » La fatale machine s’avançait par soubresauts et en serpentant. Elle arriva tout à temps pour distraire et déranger les ennemis de Renzo, qui profita de la confusion née dans la confusion même, et tout doucement d’abord, puis en jouant des coudes de toute sa force, s’éloigna de ce lieu où il ne faisait pas bon pour lui, avec l’intention même de sortir le plus tôt qu’il pourrait du tumulte, et d’aller tout de bon trouver où attendre le père Bonaventure.

Tout à coup un mouvement extraordinaire se fait à l’une des extrémités de la foule et vient se propageant ; un nom est prononcé et s’avance de bouche en bouche. « Ferrer ! Ferrer ! » Surprise, joie, colère, sympathie, répugnance, tout cela éclate partout où ce nom arrive. Qui s’égosille à le crier, qui veut l’étouffer sous d’autres cris, qui affirme, qui nie, qui bénit ce nom, qui l’accueille en jurant.

« Voici Ferrer ! — Ce n’est pas vrai ! ce n’est pas vrai ! — Si, si ; vive Ferrer ! celui qui a mis le pain à bon marché. — Non, non ! — Le voici, le voici en carrosse. — Qu’importe ? Qu’a-t-il à y voir ? Nous ne voulons personne ! — Ferrer ! vive Ferrer ! L’ami des pauvres gens ! il vient pour mener le vicaire en prison. — Non, non : nous voulons faire justice nous-mêmes : qu’il s’en aille, qu’il s’en aille ! — Oui, oui : Ferrer ! Vienne Ferrer ! en prison le vicaire ! »

Et tous, se dressant sur la pointe des pieds, se tournent pour regarder du côté d’où s’annonçait cette arrivée inattendue. Tous, se dressant, n’y voyaient ni plus ni moins que si tous étaient restés les talons à terre ; mais n’importe, tous se dressaient.

À l’extrémité de la foule, en effet, du côté opposé à celui où stationnaient les soldats, venait d’arriver en carrosse Antonin Ferrer, le grand chancelier ; lequel, se reprochant probablement d’avoir été, par ses bévues et son obstination, la cause ou au moins l’occasion de cette émeute, venait maintenant tâcher de la calmer et d’en empêcher, faute de mieux, l’effet le plus terrible et le plus irréparable : il venait bien employer une popularité mal acquise.

Dans les soulèvements populaires, il y a toujours un certain nombre d’hommes qui, soit par le feu de la passion qui les emporte, soit par une conviction fanatique, soit par un projet criminel et barbare qui les guide, soit enfin par un détestable goût de ruine et de destruction, font tout ce qu’ils peuvent pour pousser les choses au pire : ils proposent ou suscitent les conseils les plus inhumains ; ils soufflent au feu toutes les fois qu’il commence à languir ; rien pour eux n’est jamais trop fort ; ils voudraient que le tumulte n’eût ni mesure ni terme. Mais, pour contre-poids, il y a toujours aussi un certain nombre d’autres hommes qui, avec une même ardeur et une égale insistance, travaillent à produire l’effet contraire : les uns mus par un sentiment d’amitié ou de partialité pour les personnes menacées ; d’autres, sous la seule impression d’une sainte horreur spontanée pour le crime et le sang. Que le ciel les bénisse. Dans chacun de ces deux partis opposés, sans même qu’il y ait concert antérieur, l’uniformité des volontés crée un accord subit dans les opérations. Ce qui forme ensuite la masse et comme le matériel du tumulte est un mélange accidentel d’hommes qui, plus ou moins, par gradations infinies, tiennent de l’une et de l’autre de ces deux dispositions extrêmes ; gens qui ont un peu de passion, un peu de malice, un peu de penchant pour une certaine justice, comme ils l’entendent, un peu d’envie de voir quelque gros méfait ; prêts à la cruauté comme à la miséricorde, à détester comme à adorer, selon que l’occasion se présente d’éprouver à plein l’un ou l’autre de ces sentiments ; avides à tout moment de savoir, de croire quelque chose d’extraordinaire, éprouvant le besoin de crier, d’applaudir quelqu’un ou de hurler après lui. Qu’il vive et qu’il meure sont les mots qu’ils aiment le mieux à faire entendre ; et celui qui est parvenu à leur persuader qu’un tel ne mérite pas d’être écartelé n’a pas besoin d’en dire plus pour les convaincre qu’il est digne d’être porté en triomphe. Vous les voyez acteurs, spectateurs, instruments, obstacles, selon le vent ; prêts aussi à se taire, lorsqu’ils n’entendent plus de cris à répéter, à finir lorsque les instigateurs leur manquent, à se disperser lorsque plusieurs voix d’accord, et qui ne sont pas contredites, ont dit : « Allons-nous-en, » et à s’en retourner chez eux en se demandant l’un à l’autre : « Qu’est-ce qu’il y a eu ? » Comme cependant cette masse, étant celle qui a le plus de force, peut prêter à qui elle veut, il s’ensuit que chacun des deux partis agissants emploie tous les moyens possibles pour la mettre de son côté, pour s’en rendre maître : ils sont là comme deux armées ennemies qui combattent pour entrer dans ce grand corps et le faire mouvoir. C’est entre eux à qui saura répandre les bruits les plus propres à exciter les passions, à diriger les mouvements en faveur de l’un ou de l’autre dessein ; à qui saura le plus à propos inventer les nouvelles qui pourront rallumer la colère ou l’attiédir, réveiller les craintes ou les espérances ; à qui saura imaginer le cri qui, répété par le plus grand nombre de voix et du ton le plus fort, pourra exprimer, attester et créer en même temps le vœu de la majorité pour l’un ou pour l’autre parti. Tout ce long babillage a pour objet d’en venir à dire que, dans la lutte des deux partis qui se disputaient le vœu de la foule assemblée devant la maison du vicaire, l’apparition d’Antonio Ferrer donna presque à l’instant un grand avantage au parti des hommes humains, qui jusqu’alors avait été visiblement le plus faible, et n’aurait plus eu, pour peu que ce secours eût tardé, ni force ni but pour combattre. L’homme était agréable à la multitude pour ce tarif de son invention si favorable aux acheteurs, et pour son héroïque résistance à tous raisonnements contraires. Les esprits déjà disposés en sa faveur étaient en ce moment encore plus portés à lui vouloir du bien pour la généreuse confiance avec laquelle ce vieillard venait ainsi, sans gardes, sans appareil, se présenter à une multitude irritée et dans le moment de sa plus grande agitation. Ce qui faisait ensuite un effet merveilleux, était ce bruit répandu qu’il venait pour mener en prison le vicaire. Ainsi, la fureur contre celui-ci, qui se serait encore augmentée si on l’eût attaquée par les moyens violents et sans lui rien concéder, s’apaisait un peu par cette promesse de satisfaction, par cet os qu’on lui jetait pour pâture, et faisait place aux sentiments d’une nature opposée qui s’élevaient dans bien des cœurs.

Les partisans de la paix, ayant repris courage, secondaient Ferrer de toutes sortes de manières ; ceux qui étaient près de lui, en excitant par leurs mille exclamations l’acclamation générale, et en tâchant en même temps de faire ranger le monde pour donner passage à la voiture ; les autres, en applaudissant, répétant et faisant circuler ses paroles ou celles qui leur semblaient les meilleures qu’il pût dire, en faisant taire les furieux obstinés, et tournant contre eux la nouvelle passion de la mobile et turbulente foule. « Qui est-ce qui ne veut pas qu’on dise : Vive Ferrer ? Tu serais fâché, n’est-ce pas, que le pain fût à bon marché ? Ce sont des coquins, ceux qui ne veulent pas d’une justice de chrétiens ; et certaines gens ici ne font plus de bruit que les autres que pour faire sauver le vicaire. En prison le vicaire ! Vive Ferrer ! Place à Ferrer ! » Et, tandis que le nombre de ceux qui parlaient ainsi allait toujours croissant, on voyait baisser d’autant la hardiesse du parti contraire ; de sorte que les premiers en vinrent des paroles aux faits, et à donner sur les doigts de ceux qui continuaient la démolition, à les pousser en arrière, à leur ôter des mains leurs outils. Ceux-ci frémissaient, menaçaient même encore et cherchaient à reprendre leurs avantages ; mais la cause du sang était perdue : le cri qui dominait était : « Prison ! justice ! Ferrer ! » Après un peu de lutte, les assiégeants furent repoussés : les autres s’emparèrent de la porte, tant pour la défendre contre de nouveaux assauts que pour y préparer l’entrée à Ferrer ; et l’un d’eux, jetant sa voix vers ceux de la maison (il ne manquait pas de brèches pour laisser passer cette voix), les avertit qu’il arrivait du secours, et qu’ils eussent à faire tenir prêt le vicaire, « pour aller tout de suite… en prison : hein ! avez-vous entendu ?

— C’est ce Ferrer qui aide à faire les ordonnances ? demanda à l’un de ses nouveaux voisins notre ami Renzo qui se rappela ce Vidit Ferrer que le docteur lui avait crié dans l’oreille, en le lui faisant voir au bas de cette ordonnance que vous savez bien.

— Oui ; le grand chancelier, lui fut-il répondu.

— C’est un brave homme, n’est-ce pas ?

— Certes, si c’est un brave homme ! C’est celui qui avait mis le pain à bon marché, et les autres n’ont pas voulu ; et maintenant il vient pour mener en prison le vicaire, qui n’a pas fait les choses en règle. »

Il n’est pas besoin de dire que Renzo fut aussitôt pour Ferrer. Il voulut aller droit à sa rencontre ; la chose n’était pas facile ; mais, par certaines poussées et certain jeu de coudes dont il usait en habitant des Alpes, il parvint à se faire faire place et à se porter au premier rang, tout à côté du carrosse.

Il était déjà, ce carrosse, un peu avant dans la foule, et dans ce moment il se trouvait arrêté par l’un de ces obstacles inévitables et fréquents dans une marche de cette espèce. Le vieux Ferrer présentait, tantôt à l’une, tantôt à l’autre des deux portières, une figure toute douce, toute riante, tout aimable, une figure qu’il avait toujours tenue en réserve pour le jour où il pourrait se trouver en présence de don Philippe IV, mais dont la circonstance actuelle l’obligea de faire usage. Il parlait, aussi ; mais l’immense rumeur et les vivat mêmes qui s’adressaient à lui, faisaient que bien peu de ses paroles pouvaient être entendues et l’étaient de bien peu de gens. Il lui fallait donc s’aider du geste, et c’est ce qu’il faisait, tantôt en mettant le bout de ses doigts sur ses lèvres pour y prendre un baiser que ses doigts, aussitôt rouverts, distribuaient à droite et à gauche en retour de la bienveillance qu’on lui montrait : tantôt en étendant ses mains et les balançant lentement hors des portières, pour demander un peu de place, tantôt en les baissant d’un air gracieux pour solliciter un peu de silence. Lorsqu’il en avait obtenu quelque peu, ceux qui étaient le plus près de lui entendaient et répétaient ses paroles : « Du pain ; l’abondance ; je viens faire justice ; un peu de place, s’il vous plaît. » Puis n’en pouvant plus et comme suffoqué par le vacarme de tant de voix, par la vue de tant de visages l’un à côté de l’autre, de tant de regards fixés sur lui, il se retirait un moment en arrière, gonflait ses joues, soufflait bien fort et disait en lui-même : — Por mi vida, que de gente[1] !

« Vive Ferrer ! Ne craignez rien. Vous êtes un brave homme, vous. Du pain, du pain !

— Oui ; du pain, du pain, répondait Ferrer ; l’abondance, c’est moi qui le promets, et il posait la main sur son cœur.

— Un peu de place, ajoutait-il aussitôt ; je viens pour le mener en prison, pour lui appliquer le châtiment qu’il mérite ; et il ajoutait tout bas : « Si es culpable[2]. » Puis, se penchant en avant vers le cocher, il lui disait rapidement : « Adelante, Pedro, se puedes[3]. »

Le cocher souriait lui-même à la multitude, avec une grâce affectueuse, comme aurait fait un grand personnage ; et, d’un air d’ineffable politesse, il portait bien doucement son fouet à droite et à gauche pour demander à ses incommodes voisins de se serrer, de se ranger un peu : « S’il vous plaît, messieurs, disait-il aussi, un peu de place, un petit peu ; tout ce qu’il en faut pour passer. »

Cependant les plus actifs du parti des bienveillants travaillaient de leur mieux à faire ouvrir ce passage demandé avec tant de courtoisie. Quelques-uns, à la tête des chevaux, faisaient ranger le monde par des paroles tout engageantes, en mettant leur main sur la poitrine de ceux qu’ils avaient devant eux et les poussant avec douceur : « Là, là, messieurs, retirez-vous un peu ; un peu de place. » D’autres en faisaient de même sur les côtés de la voiture, pour qu’elle pût avancer sans rogner des pieds ni aplatir des moustaches ; ce qui, en outre du mal des personnes atteintes, aurait grandement compromis la faveur avec laquelle on accueillait Antonio Ferrer.

Renzo, après avoir, pendant quelques moments, considéré avec complaisance cette noble vieillesse, un peu troublée par l’inquiétude, fatiguée par la peine du jour, mais animée par le désir, embellie, pour ainsi dire, par l’espérance d’arracher un homme à de mortelles angoisses, Renzo, dis-je, mit de côté toute idée de retraite et résolut d’assister Ferrer, de ne pas l’abandonner jusqu’à ce que le but fût atteint. Donnant suite aussitôt à cette détermination, il se mit avec les autres à faire faire place et n’était certes pas l’un des moins actifs. Le passage s’ouvrit enfin : « Avancez, avancez, » disaient plusieurs de ces hommes au cocher, en se rangeant de côté ou en passant devant pour ouvrir la voie un peu plus loin. « Adelante, presto, con juicio[4], » lui dit aussi son maître, et le carrosse se mit en mouvement. Ferrer, au milieu des saluts qu’il prodiguait au public en masse, en avait de particuliers qu’il faisait en signe de remercîment, et avec un sourire d’intelligence, à ceux qu’il voyait travailler pour lui ; et plus d’un de ces sourires échut en partage à Renzo, qui véritablement les méritait et servait mieux dans ce jour le grand chancelier que ne l’aurait fait le plus habile de ses secrétaires. Le jeune montagnard, charmé de tant de bonne grâce, se croyait en quelque sorte devenu l’ami d’Antonio Ferrer.

La voiture, une fois en train, poursuivit ensuite sa marche plus ou moins lentement, et non sans quelques autres petites pauses. Le trajet n’était guère que d’une portée de fusil ; mais, par le temps qu’il fallut y mettre, il aurait pu sembler un petit voyage, même à qui n’aurait pas eu la sainte hâte de Ferrer. Le peuple s’agitait en avant et en arrière, à droite et à gauche de la voiture, comme les vagues moutonnées autour d’un navire qui vogue au fort de la tempête ; et le bruit de la tempête est moins perçant, moins discordant, moins assourdissant que celui qui se faisait entendre. Ferrer, regardant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, se composant et gesticulant tout à la fois, cherchait à saisir quelque chose de ce qui se disait, pour arranger ses réponses en conséquence ; il voulait de son mieux faire un peu de colloque avec cette troupe d’amis qui l’entourait ; mais la chose était difficile, la plus difficile peut-être qu’il eût encore rencontrée depuis tant d’années qu’il occupait sa grande chancellerie. De temps à autre cependant, quelque mot, quelque phrase même, répétée par un groupe à son passage, arrivait à ses oreilles, comme l’éclat d’une fusée plus forte se fait distinguer parmi les milliers d’éclats d’un feu d’artifice. S’ingéniant pour répondre à ces cris d’une manière satisfaisante, ou bien disant au hasard, mais sans crainte d’erreur, les mots qu’il savait devoir être les mieux reçus ou que quelque nécessité subite semblait réclamer, il ne cessa lui-même de parler tout le long du chemin. « Oui, messieurs ; du pain, l’abondance. Je le mènerai en prison ; il sera châtié Si es culpable[5]. Oui, oui, ce sera moi qui commanderai ; le pain à bon marché. Asi es[6]… C’est ainsi, veux-je dire ; le roi notre seigneur n’entend pas que ses fidèles sujets pâtissent de la faim. Ox ! ox ! guardaos[7] ; ne vous faites pas de mal, messieurs. Pedro, adelante con juicio[8]. L’abondance, l’abondance. Un peu de place, je vous en supplie. Du pain, du pain. En prison, en prison. Quoi ? » demandait-il ensuite à l’un d’eux qui s’était jeté de la moitié du corps en dedans de la portière, pour hurler quelque chose à ses oreilles, un conseil peut-être, un applaudissement, une prière. Mais celui-ci, avant même d’avoir pu recueillir ce quoi, avait été saisi à deux mains et retiré par un autre qui le voyait prêt à être moulu sous la roue. Avec cet échange bien ou mal ordonné de mots criés et de réponses, au milieu des continuelles acclamations, et à travers aussi quelque frémissement d’opposition qui se faisait entendre çà et là, mais était aussitôt étouffé par la clameur bienveillante, voilà Ferrer enfin arrivé devant la maison, grâce surtout à ses braves auxiliaires.

Les autres qui, comme nous l’avons dit, étaient déjà là dans les mêmes bonnes intentions, avaient en attendant travaillé à faire et à refaire un peu de vide. À force de prières, d’exhortations, de menaces, à force de pousser, de presser, d’entasser çà et là leur monde, avec ce redoublement de zèle et de forces que donne la vue du terme à qui est près de l’atteindre, ils étaient enfin parvenus à diviser la foule en deux, et ensuite à faire reculer un peu les deux foules, si bien qu’entre la porte et la voiture qui vint s’y arrêter, il y avait un petit espace libre. Renzo, qui, en se faisant tantôt éclaireur, tantôt escorte, était arrivé avec la voiture, put se mettre sur le front de l’une des deux rangées de bienveillants, qui formaient tout à la fois une haie d’honneur pour le carrosse et une digue contre la pression des deux flots de peuple ; et, en aidant de ses puissantes épaules à contenir l’un des deux, il se trouva en même temps bien placé pour voir.

Ferrer respira d’aise en voyant ce petit espace dégagé de monde et la porte encore fermée. Fermée veut dire ici pas tout à fait ouverte ; car, du reste, les gonds étaient à peu près arrachés hors des pilastres : les battants, marqués de mille coups entamés, forcés et entre-bâillés dans le milieu, laissaient voir par une large ouverture un bout de verrou tordu, branlant et presque détaché qui, si l’on veut, les tenait joints ensemble. Un honnête homme s’était placé devant ce vide pour crier que l’on vînt ouvrir. Un autre ouvrit rapidement la portière de la voiture ; le vieillard mit la tête dehors, se leva, et, s’appuyant de la main droite sur le bras de ce brave homme, sortit et descendit d’un pas sur le marchepied.

La foule, de l’un et de l’autre côté, était tout entière sur la pointe des pieds pour voir : mille visages, mille barbes en l’air ; la curiosité et l’attention de tous firent naître un moment de silence général. Ferrer, pendant ce moment, arrêté sur le marchepied, jeta un coup d’œil tout à l’entour, salua d’une inclination la multitude, comme du haut d’une chaire ; et, mettant sa main gauche sur sa poitrine, il cria : « Pain et justice. » Puis, droit, ferme, paré de sa toge, il descendit à terre, au milieu des acclamations qui s’élevaient jusqu’au ciel.

Cependant ceux de l’intérieur avaient ouvert ou fini d’ouvrir en tirant à eux tout à la fois le verrou et ses anneaux déjà à demi détachés, et en élargissant le passage tout juste autant que c’était nécessaire pour faire entrer le plus désiré de tous les hôtes. « Vite, vite ! disait celui-ci. Ouvrez bien que je puisse entrer ; et vous autres, prenez bien garde à retenir le monde ; ne me laissez pas venir sur le corps… pour l’amour de Dieu ! Conservez un peu de place pour tout à l’heure… Eh ! eh ! Messieurs, un moment, disait-il ensuite à ceux du dedans, doucement avec cette porte, laissez-moi passer : eh ! mes côtes, je vous recommande mes côtes. Fermez maintenant : non ; eh ! eh ! la toge ! la toge ! » Elle serait en effet restée prise entre les battants, si Ferrer, avec beaucoup d’adresse, n’en eût retiré la queue qui disparut comme celle d’une couleuvre qui rentre dans son trou, venant d’être poursuivie.

Les battants rapprochés, on les barricada de nouveau par derrière, le mieux que l’on put. Au dehors, ceux qui s’étaient constitués gardes du corps de Ferrer, travaillaient des épaules, des bras et de leurs cris, à maintenir la place vide, en priant Dieu, dans le fond de leur cœur, qu’il le fît se dépêcher.

« Vite, vite, disait aussi Ferrer, au dedans, sous le portique, aux domestiques qui s’étaient mis autour de lui tout essoufflés et lui criaient : Oh ! Excellence, que Dieu vous bénisse ! oh ! Excellence ! ah ! Excellence !

— Vite, vite, répétait Ferrer, où est ce bienheureux homme ? »

Le vicaire descendait l’escalier, moitié traîné, moitié porté par d’autres de ses gens, pâle comme un linge que l’on vient de blanchir. Quand il vit celui qui venait à son aide, il respira d’un large souffle ; le pouls lui revint, un peu de vie se répandit dans ses jambes, un peu de couleur sur ses joues ; et il courut, comme il put, vers Ferrer, en disant : « Je suis dans les mains de Dieu et de Votre Excellence. Mais comment sortir d’ici ? Partout sont des gens qui veulent ma mort.

Venga usted conmigo[9], et prenez courage : ma voiture est là dehors ; vite, vite. » Il le prit par la main et le mena vers la porte, en l’encourageant de son mieux ; mais il n’en disait pas moins en lui-même : « Aqui está el busilis ; Dios nos valga[10] ! »

La porte s’ouvre ; Ferrer sort le premier, l’autre le suit, plié en deux, attaché, collé à la toge protectrice, comme un enfant aux jupes de sa mère. Ceux qui avaient maintenu la place vide, font alors, de leurs mains et de leurs chapeaux élevés en l’air, comme un réseau, un nuage, pour soustraire le vicaire à la vue périlleuse de la multitude ; il entra le premier dans la voiture et s’y blottit dans un coin. Ferrer monte après lui ; la portière se ferme. La multitude entrevit, devina, sut d’écho en écho ce qui se passait, et lança une énorme clameur d’applaudissements et d’imprécations.

La partie du chemin qui restait à faire pouvait paraître la plus difficile et la plus dangereuse. Mais le vœu public pour laisser aller en prison le vicaire s’était suffisamment prononcé ; et, pendant la station qui venait d’avoir lieu, plusieurs de ceux qui avaient facilité l’arrivée de Ferrer, avaient si bien fait pour préparer et conserver une allée dans le milieu de la foule, que le carrosse put, cette seconde fois, marcher un peu plus librement et de suite. À mesure qu’il avançait, les deux foules, retenues sur les côtés, retombaient l’une sur l’autre et se mêlaient derrière.

Ferrer, à peine assis, s’était baissé pour avertir le vicaire qu’il eût à se tenir bien rencoigné dans le fond et, pour Dieu ! ne pas se laisser voir ; mais l’avis était superflu. Le grand chancelier, au contraire, devait se montrer pour occuper et attirer sur lui toute l’attention du public ; et pendant tout ce trajet, comme dans le premier, il fit à son changeant auditoire un discours, le plus continu quant au temps, et le moins suivi quant au sens, qui jamais eût été fait, non toutefois sans l’interrompre de temps en temps par quelques petits mots espagnols que, vite vite, se tournant vers son immobile compagnon, il lui lâchait à l’oreille. « Oui, messieurs ; pain et justice : au château, en prison, sous ma garde. Merci, merci, mille grâces. Non, non : il n’échappera pas ! Por ablandarlos[11]. C’est trop juste ; on examinera, on verra. Moi aussi, messieurs, je vous veux du bien. Un châtiment sévère. Esto lo digo per su bien[12]. Une taxe juste, une taxe honnête, et châtiments pour les affameurs. Rangez-vous de côté, s’il vous plaît. Oui, oui ; je suis un honnête homme, ami du peuple. Il sera puni : c’est vrai, c’est un coquin, un scélérat. Perdone usted[13]. Il s’en tirera mal, il s’en tirera mal… Si es culpable[14]. Oui, oui, nous les ferons marcher droit, les boulangers. Vive le Roi, et vive les bons Milanais, ses très-fidèles sujets ! Il est dans de beaux draps, dans de beaux draps. Animo ; estamos ya quasi fuera[15]. »

Ils avaient en effet traversé le plus gros de la foule et allaient bientôt se trouver pleinement au large. Là Ferrer, lorsqu’il commençait à donner un peu de repos à ses poumons, vit le secours de Pise[16], les soldats espagnols que nous avons laissés l’arme au bras, et qui pourtant sur la fin n’avaient pas été tout à fait inutiles ; soutenus et dirigés par quelques bourgeois, ils avaient aidé à faire déguerpir un peu de monde, et à tenir le passage libre à l’extrémité du rassemblement. À l’arrivée du carrosse, ils formèrent la haie et présentèrent les armes au grand chancelier, qui fit encore ici un salut à droite, un salut à gauche ; et l’officier s’étant approché pour lui faire le sien, Ferrer lui dit, accompagnant ces paroles d’un geste de la main droite : « Beso á usted las manos[17]. Compliment que l’officier prit pour ce qu’il signifiait en effet, c’est-à-dire : Vous m’avez été d’un grand secours ! Celui-ci, pour réponse, fit un autre salut et plia les épaules. C’était vraiment le cas de dire : Cedant arma togæ ; mais Ferrer n’avait pas dans ce moment la tête aux citations : et du reste c’eût été des paroles perdues ; car l’officier n’entendait pas le latin.

Pedro, en passant entre ces deux rangs de miquelets, entre ces mousquets si respectueusement présentés, retrouva son ancien cœur. Il revint tout à fait de son étourdissement, se rappela qui il était et qui il conduisait ; et criant : « Ohé ! ohé ! » sans plus de façon, aux gens qui gênaient son passage, désormais assez rares pour pouvoir être traités ainsi, fouettant en même temps ses chevaux, il les lança bon train vers la citadelle.

« Levantese, levantese ; estamos ya fuera[18], » dit Ferrer au vicaire, qui, rassuré par la cessation des cris, par le mouvement rapide de la voiture et par ces paroles, se tira de son coin, se redressa, se déploya, et, un peu revenu à lui-même, commença des actions de grâces sans nombre envers son libérateur. Celui-ci, après lui avoir témoigné sa peine du danger qu’il avait couru et sa joie de l’en voir sauvé : « Ah ! s’écria-t-il en frappant de sa main sa tête chauve : Que dirá de esto su excelencia[19], qui a déjà l’esprit sens dessus dessous pour ce maudit Casal qui ne veut pas se rendre ? Que dira el conde duque[20], qui s’inquiète si une feuille fait plus de bruit que de coutume ? Que dirá el rey nuestro señor[21], qui ne peut manquer de savoir quelque chose d’un tel vacarme ? Et puis ce sera-t-il fini ? Dios lo sabe[22].

— Ah ! pour moi, je ne veux plus m’en mêler, disait le vicaire : je quitte la partie. Je remets ma charge entre les mains de Votre Excellence, et je vais vivre dans une grotte, sur une montagne, en ermite, loin, bien loin de ce peuple féroce.

Usted[23] fera ce qui sera le plus convenable por el servicio de Su Majestad[24], répondit gravement le grand chancelier.

— Sa Majesté ne voudra pas ma mort, répliquait le vicaire ; dans une grotte, dans une grotte, loin de ces terribles gens. »

Qu’advint-il ensuite de ce projet ? c’est ce que ne dit point notre auteur, qui, après avoir accompagné le pauvre homme au château, ne fait plus mention de ce qui le regarde.


  1. Par ma vie, que de monde ! (le texte est espagnol). (N. du T.)
  2. S’il est coupable.
  3. Avance, Pedro, si tu peux.
  4. Avance, vite, avec précaution.
  5. S’il est coupable.
  6. C’est ainsi.
  7. Eh ! eh ! prenez garde.
  8. Pedro, avance avec précaution.
  9. Venez avec moi, monsieur.
  10. C’est ici qu’est l’embarras : Dieu nous soit en aide !
  11. Pour les amadouer.
  12. Je dis cela pour votre bien.
  13. Pardon, monsieur.
  14. S’il est coupable.
  15. Courage, nous voilà presque dehors.
  16. Secours tardif, ainsi qu’il a été dit dans une note antérieure. (N. du T.)
  17. Je baise les mains à votre seigneurie.
  18. Levez-vous, levez-vous, nous en voilà dehors.
  19. Que dira de ceci Son Excellence ?
  20. Que dira le comte-duc ?
  21. Que dira le roi notre seigneur ?
  22. Dieu le sait.
  23. Votre Seigneurie.
  24. Pour le service de Sa Majesté.