Traduction par Edmondo Fazio alias Edmond Fazy.
E. Sansot (p. 70-72).

42. — UN TOUR DE FRANÇAIS[1]

La France est une nation de fins matois.

Un beau jour, à Pavie, un de ces Français emprunte à un bourgeois cent florins, et lui remet en gage une chaîne d’or.

Là-dessus, notre Français va trouver la femme du prêteur, jouvencelle fort appétissante, et lui dit :

— « Je t’aime. Ton mari est absent jusqu’à demain. Prends les cent florins que voici, et laisse-moi veiller cette nuit, en ta gracieuse compagnie ! »

L’argent est un corrupteur irrésistible. La belle consent. Le Français passe une nuit charmante.

Le lendemain, vers midi, le bourgeois revient des champs. Alors, notre coquin de Français, qui sort du lit de la grasse Lombarde, se présente chez son prêteur, et, d’un air innocent :

— « Rends-moi ma chaîne d’or. J’ai remboursé tout à l’heure à ta femme les cent florins. »

La jouvencelle, qui ne tient pas à recevoir un coup de stylet au cœur, se garde bien de dire à son jaloux les contingences du remboursement.

Le malin Français empoche sa chaîne d’or, tire sa révérence, et part en riant sous cape : il a eu pour rien la plus jolie femme de Pavie !

  1. Livre III, 49. Factum cuiusdam Francigenæ.