Traduction par Edmondo Fazio alias Edmond Fazy.
E. Sansot (p. 41-42).

23. — FIANÇAILLES RUSTIQUES[1]

Un jeune homme courtisait une fille accorte et délurée. Il la serrait de près et elle riait volontiers avec lui. Mais elle finissait toujours par l’envoyer promener.

Un jour, en la lutinant, il constate qu’elle se défend plus mollement. Cela lui donne de l’espoir, et une idée. La brune venue, il se glisse en tapinois dans la chambre de sa mie, et se cache sous le lit.

La fille monte pour se coucher, et se déshabille. Lorsqu’elle est en chemise, l’amoureux se montre.

Elle se met à le gronder, d’une voix assez haute.

Il a peur qu’elle ne réveille son père. Il sent déjà la fourche du vieux paysan :

— « Je t’en prie, ne crie pas comme çà. Si tu ne veux pas de moi, je suis prêt à m’en aller !… »

— « Non, par exemple ! Ce qui me fâche, c’est que tu aies eu l’insolence d’entrer dans ma chambre. Mais, maintenant que tu y es… »

Ce disant, elle lui empoigne la braguette.

Cette même nuit, la fille fut engrossée. Ils se marièrent six semaines après.

C’est le jeune homme qui nous a conté l’aventure, un soir que nous étions une douzaine, à l’auberge de l’Ours, et qu’on arrosait du boudin avec des lampées de vin de Bourgogne.

  1. Livre II, 57. De puella et amatore historia vera.