CHAPITRE IV

Lorsque Berthe et moi fûmes rentrés au Château, nous trouvâmes la table mise. Mais ma mère et ma tante n’avaient pas encore complètement terminé l’installation de la salle. Pendant que ma sœur les aidait, je lus dans le journal que mon père nous envoyait un fait divers parlant d’un monsieur X*** qui avait violé une demoiselle A***, je cherchai la signification du mot « violé » dans le dictionnaire et trouvai : déflorer. Je n’étais pas plus avancé qu’avant, mais j’avais un sujet de pensée de plus.

Ensuite on se mit à table et, contre notre habitude, Berthe et moi nous ne disions rien, ce qui étonna ma mère et ma tante, qui dirent : « Ils doivent encore s’être battus. » Il nous semblait préférable de cacher nos nouvelles intimités sous le manteau factice de la rancune.

Ma mère raconta comment elles avaient disposé les chambres pour elle et son mari et pour ma tante. Les chambres étaient au premier étage où se trouvait aussi la chambre destinée à Kate et à Berthe.

Au rez-de-chaussée, derrière un escalier qui conduisait à une bibliothèque, se trouvait la mienne. Je montai dans la bibliothèque qui contenait beaucoup de vieux livres et aussi quelques ouvrages modernes.

Auprès se trouvait la chambre préparée pour le religieux. Cette pièce était séparée de la chapelle par un corridor. Dans la chapelle, près de l’autel, se trouvaient deux larges loges dans lesquelles les propriétaires précédents venaient entendre la messe. Dans le fond d’une des loges se trouvait un confessionnal pour les maîtres, tandis qu’un autre, pour les domestiques, se trouvait au fond de la chapelle.

J’avais pu remarquer cela dans le courant de l’après-midi, Berthe, après le dîner, ayant dû aider ces dames, et j’avais à peine eu le temps de lui donner un baiser en venant proposer mes services.

Plusieurs jours s’écoulèrent sans que rien se passât.

Berthe était toujours occupée avec les dames qui n’avaient pas encore terminé leur installation.

Comme il faisait mauvais temps, je me tenais le plus souvent dans la bibliothèque, où j’avais été agréablement surpris de découvrir un atlas anatomique dans lequel je trouvai la description illustrée des parties naturelles de l’homme et de la femme. J’y trouvai aussi l’explication de la grossesse et de toutes les phases de la maternité que je ne connaissais pas encore.

Cela m’intéressait d’autant plus que la femme du régisseur était enceinte en ce moment et que son gros ventre avait vivement excité ma curiosité.

Je l’avais entendue parler de cela avec son mari. Leur appartement était au rez-de-chaussée, juste auprès de ma chambre, du côté du jardin.

Il est évident que les événements de la journée mémorable où j’avais vu la nudité de ma sœur, des servantes et des valets, ne m’étaient pas sortis de l’esprit. J’y pensais sans cesse et mon membre bandait constamment. Je le regardais souvent et jouais avec lui. Le plaisir que je trouvais à le tripoter m’incitait à continuer.

Dans le lit, je m’amusais encore à me mettre sur le ventre et me frotter contre les draps. Mes sensations se raffinaient de jour en jour. Une semaine se passa ainsi.

Un jour que j’étais assis dans le vieux fauteuil de cuir de la bibliothèque, l’atlas ouvert tout grand devant moi, à la page des parties génitales de la femme, je sentis une telle érection que je me déboutonnai et sortis ma pine. À force d’avoir tiré dessus, mon membre décalottait maintenant facilement. J’avais d’ailleurs seize ans et je me sentais complètement homme. Mes poils, devenus plus épais, ressemblaient maintenant à une belle moustache. Ce jour-là, à force de frotter, je sentis une volupté inconnue si profonde, que ma respiration en devint haletante. Je serrai plus fort mon membre à pleine main, je le relâchai, je frottai d’avant en arrière, je décalottai complètement, chatouillai mes couilles et mon trou du cul, puis je regardai mon gland décalotté, il était rouge sombre et luisait comme de la laque.

Cela me causait un plaisir inexprimable, je finis par découvrir les règles de l’art du branlage et frottai ma pine régulièrement et en mesure, si bien qu’il arriva une chose que je ne connaissais pas encore.

C’était une sensation de volupté indicible qui me força à étendre mes jambes devant moi et à les pousser contre les pieds de la table, tandis que mon corps, renversé en arrière, se pressait contre le dossier du fauteuil.

Je sentis que le sang me montait au visage. Ma respiration devint oppressée, je dus fermer les yeux et ouvrir la bouche. Dans l’espace d’une seconde, mille pensées me traversèrent la cervelle.

Ma tante, devant qui je m’étais tenu tout nu, ma sœur, les deux servantes avec leurs cuisses puissantes, tout cela défila devant mes yeux. Ma main frotta plus rapidement sur la pine, une secousse électrique me traversa le corps.

Ma tante ! Berthe ! Ursule ! Hélène !… Je sentis mon membre se gonfler et, du gland rouge sombre, gicla une matière blanchâtre, d’abord en un grand jet, suivi d’autres moins puissants. J’avais déchargé pour la première fois.

Mon engin se ramollit rapidement. Je regardais maintenant avec curiosité et intérêt le sperme qui m’était tombé sur la main droite, car il sentait le blanc d’œuf et en avait l’apparence. Il était épais comme de la colle. Je le léchai et lui trouvai une saveur d’œuf cru. Finalement, je secouai les dernières gouttes qui pendaient au bout de mon membre complètement endormi et que j’essuyai avec ma chemise.

Je savais, par mes lectures précédentes, que je venais de me livrer à l’onanisme. Je cherchai ce mot dans le dictionnaire et trouvai un long article là-dessus, si détaillé que quiconque n’en aurait pas connu la pratique l’aurait infailliblement apprise.

Cette lecture m’excita de nouveau, la fatigue qui avait suivi ma première éjaculation était passée. Une faim dévorante avait été le seul fruit de cette action. À table, ma mère et ma tante s’aperçurent de mon appétit, mais l’attribuèrent à la croissance.

Je remarquai, dans la suite, que l’onanisme ressemblait à la boisson, car plus on boit, plus on a soif…

Ma pine ne cessait de bander et je ne cessais de penser à la volupté, mais les plaisirs d’Onan ne pouvaient me satisfaire éternellement. Je pensais aux femmes et cela me semblait dommage de gâcher mon sperme en me branlant.

Ma bitte devint plus brune, mes poils formèrent une jolie barbiche, ma voix était devenue profonde et quelques poils, encore microscopiques, commençaient à paraître au-dessus de ma lèvre supérieure. Je m’aperçus que rien de l’homme ne me manquait plus, sauf le coït — c’est le mot que les livres donnaient à cette chose encore inconnue pour moi.

Toutes les femmes de la maison s’étaient aperçues des changements qui avaient eu lieu dans ma personne et je n’étais plus traité en gamin.