Les Doïnas/XVIII
XVIII
LA JOLIE FILLE DES MONTAGNES
Montagnarde, jeune et belle, que ne passes-tu le ruisseau pour que je puisse te presser tendrement sur mon cœur… Vrai Dieu ! je te ferais quitter pour toujours la maison de ton père et oublier tout, jusqu’au Seigneur Dieu lui-même.
N’es-tu point lasse de toujours filer devant ta porte ! jette ta quenouille dans les hautes herbes et saute légèrement par dessus le ruisseau, afin que nous allions cueillir ensemble, toi des fraises dans la prairie, et moi des fleurs sur ton beau sein.
Ici tout près, dans le bois couvert de feuilles vertes, il est une herbe abondante et fleurie qui lutine un petit ruisseau ; viens t’asseoir avec moi sur l’herbe, ô jeune et belle montagnarde ; viens, je chanterai pour toi une doïna, doïnitza, qui te feront verser de douces larmes d’amour.