Les Dieux antiques/Tantale
TANTALE, DIEU GREC ET LATIN.
(Grec : Tantalos.)
antale était un roi de Lydie, qui
avait un palais flamboyant d’or,
sous le Xipylos, mont où les larmes
de Niobé changèrent en pierre
cette mère malheureuse, Il était aussi
connu pour sa sagesse et son pouvoir,
que sa femme Euryanassé l’était pour
sa beauté. Oui, Tantale était admis à
participer aux conseils secrets de Zeus ;
et, de la sorte, il acquit un savoir supérieur
au degré atteint par les meilleurs
des mortels. Mais dans le cours des
temps il vola quelque peu de la nourriture et du breuvage
des dieux, et les donna à son peuple. Il refusa aussi d’abandonner
le chien Pandarée, qui avait gardé Zeus dans la
caverne de Dicté. Zeus et tous les dieux venant festoyer
dans la salle du banquet, il découpa enfin son propre fils
Pélops, un enfant, et en plaça les membres rôtis devant eux comme un mets d’un repas. Zeus rendit Pélops à la
vie, et condamna Tantale à contempler de beaux fruits
auxquels il ne pouvait pas toucher, et des eaux claires
qu’il ne pouvait goûter : s’il avançait la main pour prendre
le fruit, les branches s’évanouissaient, et un vaste rocher
paraissant au-dessus de sa tête, menaçait de l’écraser et
de le réduire en poussière. Voilà une des légendes grecques
les plus transparentes. Le palais de Tantale n’est autre
chose que la maison d’or d’Hélios, d’où s’élance aussi
Phaéthon, dans sa course infortunée. Sa sagesse est la
sagesse de Phoïbos, d’Œdipe et d’Odyssée (l’Ulysse latin).
Les rapports fréquents avec Zeus représentent les visites
d’Hélios aux hauteurs du ciel. Le vol du nectar et
de l’ambroisie répond au vol du feu par Prométhée, et
l’abondance dont Tantale comble le peuple est la richesse
que la chaleur du soleil fait sortir de la terre. Comme le
soleil, sa chaleur devenue trop forte, brûle les fruits, et
les hommes, dans le mal de la sécheresse, dirent : « Tantale
tue et rôtit son propre enfant ». Pélops rendu à la vie,
voilà l’action de la vertu puissante qui rend à la terre la
fraîcheur après des temps arides : elle se trouve aux
mains d’Asclépios et de Médée. La sentence édictée contre
Tantale se rapporte parfaitement à la même idée : quand
l’infortuné se penche pour boire l’eau et manger les fruits
qui l’environnent, c’est la dessiccation des cours d’eau et
les herbages flétris sous les violents rayons du soleil. Le
rocher qui va écraser le dieu représente la sombre nuit
d’orage qui s’appesantit comme le sphinx au-dessus de la
terre, ou la menace à la façon de Polyphème et d’Odyssée.
Et comme la terre est brûlée à proportion que le soleil
semble s’y abaisser, l’expression « souffrir comme Tantale » s’applique à tous les désappointements éprouvés lorsque
la récompense qu’on désire semble tout près de notre
étreinte. Euryanassé signifie le jour qui règne au loin —
nom qui correspond à Euryméduse, Euryphassa, Europe,
et à tous les noms du matin de la journée.